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139 Le participe

171 Les emplois du plus-que-parfait

❚ Les emplois temporels et aspectuels • Le plus-que-parfait, comme tout temps composé, a d’abord une valeur d’accompli. Son auxiliaire étant conjugué à l’imparfait, temps du passé, il signifie que l’action est achevée dans le passé. • Il fonctionne le plus souvent en relation avec d’autres temps du passé (imparfait, passé simple, passé composé) pour exprimer l’antériorité.

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Repassant à Padoue vers la fin de 1830, je courus à la maison du bon chanoine : il n’était plus, je le savais, mais je voulais revoir le salon où nous avions passé tant de soirées aimables, et, depuis, si souvent regrettées.

Stendhal, La Chartreuse de Parme. L’action désignée par le plus-que-parfait précède toutes les autres actions qui sont au passé simple (courus) ou à l’imparfait.

❚ Les emplois modaux • Dans une proposition subordonnée hypothétique introduite par si, et en association avec le conditionnel passé ➜ 181, 390, le plus-que-parfait désigne une action qui aurait pu avoir lieu dans le passé mais qui ne s’est pas produite (valeur d’irréel du passé).

S’il avait eu un ordinateur et une webcam, il aurait pu suivre les cours avec nous.

Le plus-que-parfait (avait eu) renvoie à une action qui aurait pu avoir lieu mais qui ne s’est pas réalisée.

• Plus rarement, il permet d’envisager une action comme possible dans l’avenir.

Si, demain, vous aviez perdu toute votre fortune, que feriez-vous ?

LE PASSÉ ANTÉRIEUR

172 Les formes du passé antérieur

• Le passé antérieur est formé : – de l’auxiliaire être ou avoir conjugué au passé simple ; – du participe passé du verbe.

Il fut arrivé. Il eut écrit.

173 Les emplois du passé antérieur

• Il a, comme tout temps composé, une valeur d’accompli. Son auxiliaire étant conjugué au passé simple, temps du passé, il signifie que l’action est achevée dans le passé. Il fonctionne le plus souvent en relation avec le passé simple pour exprimer l’antériorité.

Quand il eut repris ses sens, il raconta ce qu’il avait vu là-bas.

L’action évoquée par le passé antérieur précède l’action de raconter (passé simple).

LE FUTUR ANTÉRIEUR

174 Les formes du futur antérieur

• Le futur antérieur est formé de l’auxiliaire être ou avoir conjugué au futur simple et du participe passé du verbe.

Il sera arrivé. Il aura écrit.

175 Les emplois du futur antérieur

❚ Les emplois temporels et aspectuels • Comme tout temps composé, le futur antérieur a une valeur d’accompli.

Son auxiliaire étant conjugué au futur, il signifie que l’action est présentée comme accomplie dans le futur.

Je serai rentré dans une heure. • En relation avec le futur simple, il exprime souvent l’antériorité.

Il remboursera son prêt quand il aura terminé ses études.

Pour souligner l’antériorité, on peut remplacer la conjonction quand par après que : après qu’il aura terminé ses études.

❚ L’emploi modal • Comme le futur simple, le futur antérieur peut avoir une valeur modale (futur conjectural). Il exprime alors une supposition à propos d’une action qui est peut-être accomplie.

Elle aura manqué son train !

l’essentiel

• L’indicatif est un mode personnel et temporel : il permet de faire la distinction entre le passé, le présent et le futur. Il comporte quatre temps simples et quatre temps composés, qui se distinguent par leurs valeurs temporelles et aspectuelles. En contexte, un temps de l’indicatif peut faire apparaître sa valeur de base, mais il peut aussi glisser vers une valeur stylistique ou vers une valeur modale.

Le conditionnel

Les sondages avaient prévu que le candidat serait réélu. L’événement évoqué par le conditionnel – la réélection du candidat – était situé dans le futur au moment où les sondeurs interrogeaient les électeurs.

QU’EST-CE QUE LE CONDITIONNEL ?

176 Le conditionnel est-il un mode ?

• La tradition grammaticale fait du conditionnel un mode à part entière. Sa valeur de base serait liée, comme son nom l’indique, à l’idée de condition. De fait, le conditionnel a souvent pour rôle d’indiquer que l’action est la conséquence d’une condition.

S’il faisait moins chaud, nous irions à la plage.

La première proposition exprime à l’imparfait une condition, la seconde exprime au conditionnel la conséquence de cette condition.

177 Le conditionnel, classé parmi les temps de l’indicatif

Néanmoins, l’idée que le conditionnel est un mode à part entière doit être remise en cause.

• Le conditionnel ne dépend pas toujours d’une condition. Un accident se serait produit ce matin sur l’autoroute A4.

Le conditionnel n’indique pas que l’accident est la conséquence d’une condition, mais que l’information n’est pas absolument certaine.

• Le conditionnel partage plusieurs caractéristiques avec le futur : – les deux formes de conditionnel, le conditionnel présent et le conditionnel passé , sont symétriques du futur simple et du futur antérieur de l’indicatif ;

je chanterai (futur) / je chanterais (conditionnel présent) j’aurai chanté (futur antérieur) / j’aurais chanté (conditionnel passé) – le conditionnel peut avoir une valeur temporelle qui le rapproche du futur de l’indicatif. Parallèlement au futur qui exprime l’avenir à partir du présent de l’énonciation, le conditionnel permet d’exprimer l’avenir à partir d’un moment du passé.

Le journaliste dit qu’il pleuvra pour la fête de la Musique. Le journaliste a dit qu’il pleuvrait pour la fête de la Musique.

Que le temps utilisé soit le futur ou le conditionnel, le fait envisagé – qu’il pleuve – est postérieur au moment où le journaliste prend la parole. La différence entre le futur et le conditionnel tient au fait qu’avec le futur, c’est le présent de l’énonciation qui sert de repère (première phrase), alors que le conditionnel a pour repère un temps exprimant le passé (deuxième phrase). Le conditionnel peut donc être classé parmi les temps de l’indicatif, à la suite du futur.

LES FORMES DU CONDITIONNEL

178 Les formes du conditionnel présent

• Le conditionnel présent combine : – le radical du futur simple ; – les terminaisons : -rais, -rais, -rait, -rions, -riez, -raient. Dans ces terminaisons, l’élément r est emprunté au futur simple et l’élément ais… à l’imparfait de l’indicatif : je chanterais, tu chanterais, il chanterait, nous chanterions, vous chanteriez, ils chanteraient. • Cette formation indique que, fondamentalement, le conditionnel « présent » n’est pas un présent mais un futur situé dans le passé.

POUR MIEUX ÉCRIRE Il ne faut pas confondre le futur simple et le conditionnel présent !

Les terminaisons des premières personnes du singulier du futur simple et du conditionnel présent sont très proches.

Si je trouvais des blettes au marché, je pourrais préparer un pounti auvergnat.

Cette phrase comporte un conditionnel. Comme je n’ai pas trouvé de blettes au marché, je ne pourrai pas préparer de pounti auvergnat.

Cette phrase comporte un futur. La substitution d’une deuxième personne indique bien qu’un futur est requis, non un conditionnel : Comme je n’ai pas trouvé de blettes au marché, tu ne pourras pas (et non l tu ne pourrais pas) préparer un pounti auvergnat.

179 Les formes du conditionnel passé

• Le conditionnel passé est formé : – de l’auxiliaire être ou avoir conjugué au conditionnel ; – du participe passé du verbe.

Il serait arrivé. Il aurait écrit.

REMARQUE Selon la grammaire traditionnelle, il existe, à côté d’un « conditionnel passé première forme » (il aurait dit) un « conditionnel passé deuxième forme » (il eût dit) : Qui eût dit (= qui aurait dit) qu’il en serait ainsi ? Cette distinction entre deux conditionnels passés doit être abandonnée : eût dit est un plus-que-parfait du subjonctif employé avec une valeur de conditionnel passé ➜ 152.

LES EMPLOIS DU CONDITIONNEL

Le conditionnel présent et le conditionnel passé sont employés : – soit avec une valeur temporelle de futur dans le passé ; – soit avec une valeur modale hypothétique.

180 La valeur temporelle de futur dans le passé

• Le conditionnel sert à transposer le futur dans le passé. Il exprime l’avenir vu du passé.

Zoé pense qu’elle arrivera en retard. → Zoé pensait qu’elle arriverait en retard.

Le futur simple arrivera est remplacé par le conditionnel arriverait en contexte passé. Ce conditionnel exprime l’avenir à partir de l’imparfait pensait.

• Le conditionnel présent et le conditionnel passé se distinguent par l’aspect

➜ 126 : – le conditionnel présent, comme tout temps simple, envisage l’action en cours d’accomplissement (aspect inaccompli) ;

Elle disait qu’elle rentrerait à 16heures. – le conditionnel passé, comme tout temps composé, envisage l’action comme accomplie (aspect accompli).

Elle disait qu’elle serait rentrée à 16heures. • En raison de cette valeur d’accompli, le conditionnel passé peut fonctionner en relation avec le conditionnel présent pour exprimer l’antériorité.

Camille avait dit qu’elle l’appellerait dès qu’elle serait rentrée de Toulouse.

Les deux conditionnels appellerait et serait rentrée expriment des futurs vus du passé. Mais le conditionnel passé serait rentrée indique que le retour de Camille est censé précéder son appel téléphonique.

181 La valeur modale hypothétique

Le conditionnel abandonne toute valeur temporelle quand il a une valeur modale. Il a alors une signification hypothétique. La grammaire traditionnelle privilégie cette signification quand elle fait du conditionnel un mode.

❚ Le conditionnel dans le système hypothétique • Le conditionnel présent peut exprimer, en association avec si + imparfait : – le potentiel (le fait est possible dans le présent ou dans l’avenir) ; – l’irréel du présent (le fait est impossible dans le présent).

Dans cette construction, l’imparfait de l’indicatif, comme le conditionnel, n’a pas une valeur temporelle mais modale ➜ 161.

Si nous partions plus tôt demain, nous éviterions les embouteillages.

La condition exprimée par la proposition subordonnée introduite par si relève du potentiel : comme l’indique l’adverbe demain, le fait est possible dans l’avenir. Si j’étais arbre […], je porterais des fruits, j’aurais un feuillage, des oiseaux, je serais vert. Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine.

La condition exprimée par la proposition subordonnée introduite par si relève de l’irréel du présent : nous savons qu’il est impossible pour le locuteur de devenir un arbre.

• Le conditionnel passé exprime, en association avec si + plus-que-parfait, l’irréel du passé. Il désigne une action qui aurait pu se réaliser dans le passé mais qui n’a pas eu lieu. Dans cette construction, le plus-que-parfait de l’indicatif, comme le conditionnel, n’a pas une valeur temporelle mais modale.

Si nous étions partis plus tôt, nous aurions évité les embouteillages.

❚ Le conditionnel en dehors du système hypothétique • En dehors du système hypothétique, le conditionnel présent ou passé peut être utilisé pour présenter un fait dont la vérité n’est pas garantie.

Selon des sources bien informées, les négociations auraient lieu après la fin de la conférence ministérielle. • Le conditionnel peut encore exprimer : – l’éventualité ;

Ils cherchent une jeune étudiante qui pourrait garder leurs enfants deux soirs par semaine. – ce qui est rêvé, imaginé ;

Tu serais le papa et moi je serais la maman. J’aurais pris un congé et nous serions partis pour San Francisco. – la demande polie.

Pourriez-vous m’indiquer où trouver une boulangerie ?

l’essentiel

• Les conditionnels présent et passé constituent moins un mode que deux temps de l’indicatif. • Ils peuvent avoir une valeur temporelle et évoquer le futur vu du passé. • Ils peuvent aussi prendre une valeur modale, en particulier dans les systèmes hypothétiques.

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