4 minute read

294 La préposition

L’énonciation et ses marques

Le rhume est une maladie infectieuse qui affecte les voies respiratoires. « Je ne peux pas te parler maintenant car j’ai encore un patient en salle d’attente. »

Advertisement

Le premier énoncé se comprend de lui-même, mais pas le second. Il comporte en effet des expressions qu’on ne peut interpréter que dans une situation bien précise : je, te, maintenant… Ces expressions sont des marques de l’énonciation.

LES MARQUES DE L’ÉNONCIATION

410 Énonciation et énoncé

• L’énonciation ➜ 19 est l’acte individuel par lequel un locuteur adresse un message, appelé énoncé, à un ou plusieurs destinataires (ou allocutaires), dans un cadre spatio-temporel précis.

Viens vite, le fi lm commence ! • On appelle situation d’énonciation la situation concrète dans laquelle un énoncé est produit. Cette situation comprend : – le locuteur et son (ses) destinataire(s) ; – le lieu et le moment de l’énonciation ; – les objets présents qui peuvent être perçus par le locuteur et son (ses) destinataire(s).

411 Qu’est-ce qu’une marque d’énonciation ?

• Un énoncé comporte souvent des expressions qui renvoient à la situation d’énonciation : je, ici, maintenant, etc. Ces expressions sont des marques de l’énonciation. L’interlocuteur a besoin de connaître la situation d’énonciation pour les interpréter correctement.

• Les marques de l’énonciation sont : – les déictiques (je, tu, ici, maintenant…) ; – les termes subjectifs (magnifique, effrayant…) ; – les modalisateurs (sans doute, peut-être…) ; – le choix du type de phrase.

412

413

Les déictiques

• Les déictiques désignent un élément de la situation d’énonciation. On ne peut les interpréter que si l’on connaît précisément cette situation d’énonciation.

• On distingue plusieurs sortes de déictiques : – les pronoms personnels ➜248 de première et de deuxième personne (je, tu, nous, vous), ainsi que les déterminants possessifs et les pronoms possessifs qui leur sont associés (mon projet, le vôtre…) ; – certaines indications spatio-temporelles (ici, là, aujourd’hui, demain…) ; – les déterminants et pronoms démonstratifs et l’article défini quand ils visent un objet présent dans la situation d’énonciation ; – le temps des verbes. En effet, le choix d’un temps passé, présent ou futur dépend du moment où parle le locuteur.

Tu termineras ton travail demain.

Cet énoncé contient plusieurs expressions déictiques : le pronom tu et le déterminant possessif ton, qui renvoient au destinataire, le verbe au futur de l’indicatif et l’adverbe demain. J’ai bien fait d’acheter ce veston.

Cet énoncé contient des expressions déictiques : le pronom je, le verbe au passé composé et le groupe nominal ce veston, qui désigne un objet présent dans la situation d’énonciation.

REMARQUE À la différence des pronoms déictiques de première et de deuxième personne, qui sont des pronoms de l’interlocution, le pronom de troisième personne désigne une personne ou une chose qui n’est pas un protagoniste de l’énonciation. Il représente le délocuté, c’est-à-dire la personne ou la chose dont parle le locuteur. C’est en général un pronom représentant, que ce locuteur utilise pour remplacer une autre expression dans son énoncé.

La cantatrice fait des vocalises. Elle doit entrer en scène dans cinq minutes.

Le pronom elle remplace le groupe nominal La cantatrice.

Les termes subjectifs

• Les termes subjectifs traduisent ce qu’un locuteur pense à propos de quelqu’un ou de quelque chose ou ce qu’il ressent : magnifique, étonnant, détestable, grand, petit… Ces termes ont une signification floue, étroitement liée aux appréciations ou aux évaluations d’un individu. Ils se distinguent des termes objectifs sur le sens desquels, en général, tout le monde s’entend : rectangulaire, célibataire…

Je trouve que la table carrée est trop petite.

L’adjectif petite est subjectif, à la différence de carrée qui renvoie à une caractéristique objective.

• Le locuteur, en utilisant un terme subjectif, peut exprimer : – son émotion : étonnant, effrayant… ; – une évaluation esthétique, morale… : magnifique, beau, mauvais… ; – une évaluation simplement quantitative ou qualitative : petit, grand, long… • La catégorie de mots la plus directement liée à la subjectivité est l’adjectif qualificatif, mais d’autres mots peuvent être subjectifs : – des noms : chef-d’œuvre, délice, plaisir… ; – des verbes : échouer, mériter, risquer (de)… ; – des adverbes : merveilleusement, incroyablement… ; – des interjections ➜ 348 : aïe ! ouf !…

L'ORAL ET L'ÉCRIT Tu as acheté une voiture !

L’intonation peut aussi exprimer, à l’oral, le point de vue ou la réaction affective du locuteur, en particulier dans la phrase exclamative ➜ 320.

Il a neigé cette nuit !

414 Les modalisateurs

Les énoncés comportent parfois des expressions indiquant le degré d’adhésion du locuteur à ce qu’il dit. Ces expressions sont des modalisateurs. • Ainsi, certains temps de l’indicatif ont une valeur non pas temporelle mais modale quand ils servent à présenter le fait comme une hypothèse probable ou simplement possible.

Marie n’est pas encore rentrée : le train aura eu du retard.

Le futur antérieur à valeur modale ➜ 175 signifie que la cause présentée par le locuteur est seulement probable. L’assassin aurait été retrouvé dans un hôtel du centre-ville.

Le conditionnel nuance la vérité contenue dans la phrase déclarative. Le locuteur ne prend pas à son compte l’information qu’il tient manifestement d’un tiers.

• D’autres expressions peuvent servir de modalisateurs : – des verbes : prétendre, s’imaginer… ; – des adverbes : évidemment, naturellement, peut-être… ; – des tours appréciatifs : il est évident / probable / possible que… ; – certaines propositions incidentes ➜ 360 : je le crois, je le suppose…

Il a prétendu avoir oublié notre rendez-vous.

Le locuteur, en employant le verbe prétendre, indique que, selon lui, il est faux qu’il ait oublié leur rendez-vous. Ce verbe est employé comme modalisateur.

This article is from: