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289 Les degrés de signification de l’adjectif

La cohésion de ce texte, véritable petit « tableau » descriptif, repose notamment sur deux progressions à thèmes dérivés. – Le thème principal de la première est fourni par le quartier, les thèmes secondaires par des passants et les cochers. – Le thème principal de la seconde est fourni par la rue, les thèmes secondaires par les garçons de l’épicier, la fruitière et la tripière, Mmes Cudorge et le petit bijoutier. Le passage du quartier à la rue sert à resserrer, en un eff et de « zoom », la description sur les proches voisins.

400 La combinaison des diff érents types

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• Dans les faits, un texte combine souvent des progressions thématiques différentes.

Le commandant partit, convaincu qu’il lui restait deux lieux à faire.

Néanmoins il aperçut bientôt à travers quelques arbres un premier groupe de maisons, puis enfi n les toits du bourg ramassés autour d’un clocher qui s’élève en cône et dont les ardoises sont arrêtées sur les angles de la charpente par des lames de fer-blanc étincelant au soleil. Cette toiture, d’un effet original, annonce les frontières de la Savoie, où elle est en usage.

Honoré de Balzac, Le Médecin de campagne. Le texte fait apparaître une progression à thème constant (Le commandant → il), puis une progression linéaire (cette toiture est un thème extrait du propos de la phrase précédente).

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ANAPHORE

401 Qu’est-ce qu’une anaphore ?

• Pour qu’un texte progresse correctement, il faut qu’il apporte régulièrement un certain nombre d’informations nouvelles. Mais cette progression repose aussi sur la reprise d’éléments déjà mentionnés, qui assurent au texte une sorte de fi l conducteur. Un équilibre s’établit ainsi entre la progression de l’information, qui fait « avancer » le texte, et la répétition d’éléments connus.

Å L’anaphore L’anaphore est à l’origine une fi gure de style qui consiste à répéter le même mot ou groupe de mots au début de plusieurs phrases ou membres de phrases : Madame se meurt, Madame est morte (Bossuet). L’anaphore grammaticale, elle, ne répète pas (ou pas intégralement) l’expression.

• L’anaphore consiste à reprendre par un mot ou un groupe de mots (pronom, groupe nominal, etc.) un élément déjà mentionné.

Manon est malade. Elle doit prendre du repos. Elle retournera au travail la semaine prochaine.

Le nom propre Manon est repris par le pronom personnel elle dans les deuxième et troisième phrases. Ce pronom est anaphorique de Manon.

• Les expressions anaphoriques font partie d’une chaîne de référence. On désigne par ce terme l’ensemble des expressions renvoyant, dans un texte, à la même personne ou à la même chose.

Ainsi, dans l’exemple donné ci-dessus, la chaîne de référence qui renvoie à Manon est composée du nom propre Manon (qui n’est pas un mot anaphorique) et des deux pronoms personnels de troisième personne elle.

• L’anaphore, lorsqu’elle porte sur plusieurs phrases, participe à la cohésion du texte. Mais l’anaphore est aussi fréquente à l’intérieur d’une phrase.

Manon est malade et elle doit donc se reposer. • On distingue l’anaphore de la cataphore. Une expression est anaphorique quand elle rappelle un élément de la phrase ou du texte. Elle est cataphorique quand elle annonce un élément qui est donné après.

Elle retournera au travail la semaine prochaine, Manon.

Le pronom personnel elle est cataphorique du nom propre Manon. L’anaphore constitue cependant le procédé le plus courant et c’est sur elle principalement que repose la cohésion du texte. • Différentes catégories de mots peuvent avoir un emploi anaphorique. On distingue : les anaphores pronominales, les anaphores nominales, les anaphores adverbiales, adjectivales et verbales.

402 L’anaphore pronominale

• Elle est la plus employée. Elle repose sur l’emploi de pronoms représentants ➜ 239. Les pronoms représentants sont, le plus souvent, des pronoms personnels de troisième personne, mais on rencontre aussi des pronoms démonstratifs, possessifs, indéfinis, etc. • Le plus souvent, le pronom anaphorique et le groupe de mots remplacé désignent la même personne ou la même chose. L’anaphore est alors dite totale.

Jacques a téléphoné. Il sera en retard.

Le pronom personnel il et le nom propre Jacques désignent la même personne.

• Cependant, le pronom anaphorique peut renvoyer à une partie seulement de ce que désigne le groupe de mots remplacé. L’anaphore est alors dite partielle.

Les plages de cette île sont magnifiques mais certaines sont vraiment trop fréquentées.

Le pronom indéfini certaines est anaphorique du groupe nominal Les plages de cette île mais il désigne une partie seulement des plages.

• Le pronom anaphorique peut renvoyer seulement au sens du nom qui n’est pas répété.

Ton gâteau est plus réussi que le mien.

Le pronom possessif le mien est anaphorique du groupe nominal Ton gâteau mais il ne désigne pas le même gâteau. Il reprend uniquement l’idée de gâteau pour l’appliquer à un autre objet.

• Le pronom peut aussi représenter une phrase entière ou une partie de texte. On parle alors d’anaphore résomptive .

Est-il acceptable de se résigner à un taux de chômage aussi élevé ?

Je ne le crois pas.

Le pronom personnel neutre le résume la phrase précédente : Je ne crois pas qu’il soit acceptable de se résigner à un taux de chômage aussi élevé. Å L’anaphore résomptive L’anaphore est résomptive quand elle porte sur une phrase entière ou sur une partie de texte.

403 L’anaphore nominale

• L’anaphore nominale intervient aussi régulièrement pour renforcer la cohésion du texte. Elle est formée d’un groupe nominal construit avec un article défi ni ou un déterminant démonstratif.

• On distingue quatre anaphores nominales : l’anaphore fi dèle, l’anaphore infi dèle, l’anaphore nominale résomptive et l’anaphore associative.

❚ L’anaphore nominale fi dèle • Dans le cas de l’anaphore fi dèle, le groupe nominal anaphorique répète le nom mais modifi e le déterminant.

Le village de Carville s’étend au milieu des prairies dans une vallée presque parallèle à la mer, que l’on aperçoit dès que l’on s’élève de quelques pieds.

Cette vallée fort agréable est dominée par le château, mais ce n’était que de jour que mon âme pouvait être sensible aux beautés tranquilles de ce paysage. Stendhal, Lamiel.

Le groupe nominal Cette vallée fort agréable est anaphorique du groupe nominal une vallée presque parallèle à la mer… La reprise du noyau nominal du groupe s’accompagne de la modifi cation du déterminant : l’article indéfi ni une est remplacé par le déterminant démonstratif cette.

❚ L’anaphore nominale infi dèle

Dans le cas de l’anaphore infi dèle, le groupe nominal anaphorique modifi e le noyau du groupe nominal qu’il remplace. • Le groupe nominal anaphorique peut remplacer un nom propre. Il indique alors une caractéristique de la personne ou de la chose désignée par le nom propre.

En 1851, Victor Hugo quitte la France. Après être passé par Jersey, l’écrivain s’installe en 1856 dans une grande maison, à Guernesey.

• Quand il remplace un groupe nominal formé à partir d’un nom commun, le groupe nominal anaphorique peut utiliser : – un synonyme ;

Vincent a acheté sa bicyclette à Tourcoing. C’est grâce à ce vélo qu’il a remporté de nombreuses courses.

Le groupe nominal ce vélo est anaphorique du groupe nominal sa bicyclette. Le nom vélo est un synonyme de bicyclette. – un mot générique.

Le thon rouge vit en pleine mer. Nageant en petits bancs, ce poisson fuit les températures trop froides.

Le groupe nominal ce poisson est anaphorique du groupe nominal Le thon rouge. Le nom poisson est le mot générique qui correspond au nom spécifique thon rouge.

• L’anaphore nominale infidèle est en fait possible avec toutes sortes de groupes nominaux fondés sur des métaphores, des termes subjectifs ➜ 413, etc.

L’aîné des voisins ne travaille pas assez. Ce paresseux n’arrivera à rien ! ❚ L’anaphore nominale résomptive • Elle représente, comme le pronom résomptif ➜ 402, une phrase entière ou une partie de texte.

La voiture a glissé sur la chaussée et est entrée en collision avec un camion.

Blessé dans l’accident, le conducteur du camion a été transporté à l’hôpital.

Le groupe nominal l’accident résume toute la phrase qui précède.

❚ L’anaphore nominale associative • Le groupe nominal anaphorique renvoie à une personne ou à une chose qu’on peut associer à ce qui vient d’être mentionné.

Nous arrivâmes enfin au village. Les rues étaient désertes. L’horloge de l’église sonna onze heures.

Il s’agit d’une anaphore associative : les rues et l’église sont des « parties » du village et renvoient donc au village mentionné dans la première phrase.

404 Les autres anaphores

• D’autres catégories que le pronom et le nom peuvent, parfois, être en emploi anaphorique : – un adverbe (ainsi, pareillement, là…) ;

Nadine est allée ensuite aux États-Unis. C’est là qu’elle a rencontré son mari. – un adjectif (précédent, suivant, pareil, tel…) ;

Ce collègue a été odieux. Un tel comportement n’est pas admissible. – un verbe (faire, éventuellement accompagné du pronom neutre le).

Dans une vingtaine d’années, la technologie aidera les pilotes mieux qu’elle ne le fait aujourd’hui.

LES CONNECTEURS

405 Qu’est-ce qu’un connecteur ?

• Un connecteur est un mot de liaison . Il contribue à la cohésion et à la structuration du texte en précisant la relation qui existe entre des propositions, des phrases ou des ensembles de phrases. • Deux catégories de mots jouent le rôle de connecteur : – les conjonctions de coordination ➜298 : mais, ou, et, or, ni, car ; – certains adverbes, appelés adverbes de liaison (dits aussi conjonctifs) ➜ 302 : ainsi, aussi, ensuite, puis, enfi n… Certains de ces adverbes de liaison sont des groupes prépositionnels fi gés en locutions : en effet, par conséquent, d’une part, d’autre part… • On distingue différents connecteurs du point de vue du sens : les connecteurs temporels, les connecteurs spatiaux, les connecteurs logiques et les connecteurs de reformulation. REMARQUE Beaucoup de connecteurs peuvent avoir plusieurs emplois. Le connecteur alors, par exemple, peut, selon les contextes, avoir un sens temporel ou simplement logique (consécutif). Å Le terme « connecteur » Ce terme s’applique à des mots assurant la liaison des phrases dans un texte mais aussi à des mots assurant la liaison des propositions à l’intérieur d’une phrase complexe (conjonctions de coordination ou adverbes de liaison, mais aussi conjonctions de subordination, notamment parce que, de sorte que, etc.). Les connecteurs examinés ici relient des phrases ou des propositions indépendantes ➜355.

406 Les connecteurs temporels

• Ils précisent le déroulement chronologique : et, alors, après, ensuite, puis, enfi n, fi nalement… Le plus souvent, ils ordonnent les différentes étapes d’un récit.

Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. Voltaire, Candide.

L'ORAL ET L'ÉCRIT Le connecteur alors.

Le récit oral utilise fréquemment le connecteur alors.

Alors il est arrivé et il m’a dit : « On part en vacances ». Alors on a préparé les valises et on est partis.

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