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297 La conjonction de subordination

Il est évident que les abeilles auront disparu avant la fin du siècle.

Le tour appréciatif il est évident que renforce la vérité de la proposition les abeilles auront disparu avant la fin du siècle. C’est un modalisateur de cette proposition.

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415 Les types de phrases et les actes de langage

• Chaque phrase relève d’un type fondamental. Le type de phrase constitue aussi une marque de l’énonciation. Il indique en effet le point de vue du locuteur sur ce qu’il dit.

Il fait beau aujourd’hui. (phrase déclarative)

Est-ce qu’il fait beau aujourd’hui ? (phrase interrogative)

Ouvre la fenêtre ! (phrase injonctive)

Quelle chaleur ! (phrase exclamative) Pour les types de phrases et les actes de langage ➜305.

DEUX GRANDS TYPES D’ÉNONCÉS

416 Énoncé ancré, énoncé coupé de la situation d’énonciation

On distingue deux grands types d’énoncés. • L’énoncé ancré dans la situation d’énonciation maintient la relation avec la situation d’énonciation et comporte des déictiques, des termes subjectifs et/ou des modalisateurs.

Puis-je vous inviter à dîner ce soir ?

Cet énoncé contient des expressions déictiques : les pronoms personnels je et vous, le complément circonstanciel de temps ce soir et le verbe au présent. Le locuteur utilise par ailleurs l’interrogation, qui n’a pas sa valeur habituelle de demande d’information, pour inviter poliment la personne à dîner. C’est un acte de langage indirect.

• L’énoncé coupé de la situation d’énonciation efface toute indication relative à la situation d’énonciation et se comprend donc indépendamment de cette situation d’énonciation. Relèvent de ce type, en particulier, les énoncés délivrant un savoir scientifique ou moral, les textes scientifiques, les maximes, les sentences, etc.

La Terre tourne autour du Soleil.

POUR MIEUX ÉCRIRE Désigner le temps et l’espace.

La localisation spatio-temporelle n’est pas la même dans les deux types d’énoncé. • L’énoncé ancré dans la situation d’énonciation peut utiliser des expressions déictiques du type hier, aujourd’hui, demain… pour le temps, ici, là, ailleurs… pour l’espace.

Je me suis acheté hier deux chemises. (énoncé ancré) • L’énoncé coupé de la situation d’énonciation, lui, situe les faits dans le temps et dans l’espace indépendamment de la situation d’énonciation et utilise des expressions du type le 14 juillet 1968, à Paris, la veille, le jour même, le lendemain…

Il s’était acheté la veille deux chemises. (énoncé coupé)

417 Discours et histoire (ou récit)

• La distinction entre énoncé ancré dans la situation d’énonciation et énoncé coupé de la situation d’énonciation renvoie à l’opposition mise en place par un linguiste, Émile Benveniste, entre deux types d’énonciation : – l’énonciation de discours (on dit aussi, plus simplement, discours) ; – l’énonciation historique (on dit aussi, plus simplement, histoire ou récit). • L’énonciation de discours se caractérise par une relation étroite avec la situation d’énonciation. C’est le mode de communication le plus fréquent. Un locuteur s’adresse à un destinataire, lui transmet des informations, cherche à le convaincre, etc. Le discours utilise toutes les personnes grammaticales (dont le je et le tu, qui sont des déictiques), tous les temps verbaux à l’exception du passé simple et du passé antérieur, les temps principaux étant le passé composé, le présent et le futur.

Je suis bien arrivé. Il fait beau. Nous avons prévu de visiter les environs dès demain.

L’ORAL ET L’ÉCRIT Je suis à présent à Venise, mon cher Usbek.

Montesquieu, Les Lettres persanes

L’énonciation de discours apparaît à l’oral, mais aussi dans les écrits où un locuteur s’adresse à quelqu’un : correspondances, mémoires, théâtre, livres de recettes, etc.

Faites rissoler les petits lardons dans une grande poêle.

• L’énonciation historique présente les faits passés comme des faits objectifs, détachés de toute prise en charge par un locuteur apparent. Le récit, obligatoirement mené à la troisième personne, repose principalement sur le passé simple, l’imparfait, le conditionnel et leurs formes composées.

Madame du Tillet sortit rassurée. Félix de Vandenesse alla prendre aussitôt quarante mille francs à la Banque de France, et courut chez madame de Nucingen : il la trouva, la remercia de la confiance qu’elle avait eue en sa femme, et lui rendit l’argent. Honoré de Balzac, Une Fille d’Ève.

L’énonciation historique se déploie ici à partir du passé simple et du plus-que-parfait (avait eue). Avec l’énonciation historique, le lecteur a le sentiment que les événements se racontent eux-mêmes.

• En fait, le récit se mêle souvent, à l’écrit, à des moments de discours, notamment quand le narrateur intervient pour livrer un commentaire subjectif.

De son côté, la comtesse, heureuse d’avoir déjà sauvé la vie de Nathan, employa sa nuit à inventer des stratagèmes pour se procurer quarante mille francs. Dans ces crises, les femmes sont sublimes. Conduites par le sentiment, elles arrivent à des combinaisons qui surprendraient les voleurs, les gens d’affaires et les usuriers, si ces trois classes d’industriels, plus ou moins patentés, s’étonnaient de quelque chose.

Honoré de Balzac, Une Fille d’Ève. Le récit initial, présenté au passé simple, cède la place à un commentaire du narrateur qui relève du discours. Le langage autorise ces passages entre récit objectif et interventions subjectives supposant un lien vivant avec l’énonciation elle-même.

l’essentiel

• Un énoncé ancré dans la situation d’énonciation présente une ou plusieurs marques d’énonciation : déictiques, termes subjectifs, modalisateurs, choix d’un type de phrase associé à un acte de langage particulier. • Le discours conserve un lien vivant avec l’énonciation, à la différence du récit, qui est un cas particulier d’énoncé coupé de la situation d’énonciation.

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