qwertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwertyuioyurtyrtyrtyertyjgjgudfghdfghsdfgdfgertrtyu Un langue d’accueil tyjgjgudfghdfghsdfgdfgertrtyupasdfghjklzxcvbnmqwerjttttttttttttttt tttttyjjujggjgjhjhjhjibjihjijkokpîpkiuoàiyçuhuhptèr_çyhyohkjkhjhjhijiikhiojkijuihygyt gftftyuiisdfghjkertyuicxvbnfghjkzertyuiofvgbhnj,kcvbn,cvbn,cvbn,defghjk rfgthjkrtyufghfghfdghfghdfghdfghjdfg tyuiohjjpasdfghjklzxcvbnmqwerppty uiojjpasdfghjklzxcvbnmqwerpptyuioj pasdfghjklzxcvbnmqwerpptyuiojpasdfghjklzxcvbnmqwertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwertyuiokiChristelle Valette 13/06/2016
Traduit en espagnol par Mariela Jiménez -RJ Consulting-
https://espritlivre.club/christellevalette/2016/06/13/un-langue-daccueil/ http://rj-consulting.org/
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C’est le premier mot qui a compté. Les autres, de plus en plus complexes, de plus en plus précis, se sont superposés ou amalgamés au vocabulaire de ma langue maternelle espagnole.
La primera palabra es la que tiene más importancia. Las demás, se van haciendo cada vez más complejas, cada vez más precisas, se superponen o se revuelven con el vocabulario de mi lengua materna española.
Les lettres s’amoncellent, les syllabes s’ajoutent et des phrases se structurent pour ordonner une nouvelle syntaxe, une nouvelle représentation des objets du monde : « el gato », c’est « le chat ». « Le gâteau », c’est « un pastel » qui n’est pas « le pastel » ! Les nouveaux mots, inconnus, que je vais encore chercher dans le dictionnaire bilingue, réactivent ce plaisir exotique mais ils ne sont plus incantatoires ! Ils sont devenus un décodage linguistique, une traduction codifiée…
Las letras se acumulan, las sílabas se añaden y las frases se estructuran para organizar una nueva sintaxis, una nueva representación de las cosas del mundo: ¡“el gato” es “le chat”, un pastel es “le gâteau” pero al mismo tiempo no es “el pastel”!1 Las nuevas palabras, desconocidas, que estoy buscando de nuevo en el diccionario bilingüe reactivan ese placer exótico pero ¡dejan de ser encantadoras! Se han convertido en un desciframiento lingüístico, en una traducción codificada…
Le premier « merci » à la française ! « Merci » ! Deux syllabes accentuées correctement pour déclencher le sourire des Français ! .
El primer ¡“merci” a la francesa! ¡“Merci”!2 ¡Dos sílabas correctamente acentuadas, que le daba gracia a los franceses!
Le gâteau se pronuncia gato \ɡɑ.to\ y pastel hace referencia al color pastel 1
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Gracias
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Dans ma pensée d’enfant migrant, à douze ans, le mot « merci » commença à germer bien avant sa prononciation
En mis pensamientos de niña migrante, a los doce años, la palabra “merci” surgió mucho antes de su pronunciación. Il traversait ma gorge en ra- Me atravesaba la garganta clant, tout au fond, la cavité raspándome en lo más profunbuccale. Je refreinais le [R], qui do de mi cavidad bucal. Retenroulait sensuellement dans ía la [R], que vibraba sensuall’idiome de ma mère au timbre mente en el idioma de mi masud-américain. Je m’efforçais dre con un timbre suramericade garder ma langue aplatie no. ¡Me esforzaba por mantemais elle se rebellait en se dressant vers mes incisives ! RRRh ! ner la lengua recostada pero se Que de frustrations dans cette rebelada alzándose contra los fricative ! On dit un seul mot et incisivos! ¡RRRR! ¡Cuántas frusc’est toute une culture qui se traciones con esta fricativa! contracte pour faire de la ¡Uno dice una palabra y es toplace à une nouvelle éduca- da una cultura que se contration ! C’est un arrachement ! cta abriéndole paso a una nueva educación! ¡Es un desarraigo! En fait, tout se fige dans l’écrit : De hecho todo se inmoviliza en la ponctuation, qui guide el escrito: la puntuación que l’intonation, ralentit le flot des maneja la entonación detiene sons sauvages ; les accents, la marea de sonidos brutales, moins nombreux qu’en Espagnol, discriminent les [e] et les los acentos, menos frecuentes [é] ; le vertige qui saisit à que en español, discriminan las l’audition d’une phrase, [e] y las [é]; el mareo que da al s’interrompt quand on la voit oír una frase, se interrumpe écrite. Les mots sont découpés. cuando se lo ve por escrito. Las Tout le sens est là même si palabras están como entrecorl’interprétation est infinie… tadas. Todo el significado está ahí, incluso si la interpretación es infinita….
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On peut relire calmement, se reposer devant la feuille couverte de petits caractères, qui vont devenir familiers. On peut savourer chaque mot, caresser ses pleins et ses déliés, souligner la terminaison du verbe, isoler son sujet.
Uno puede releer con calma, descansar en la hoja llena de pequeñas letras, que con el tiempo se volverán usuales. Se puede saborear cada palabra, acariciar las unidas y las separadas, subrayar la terminación verbal, aislar el sujeto.
Par tout un rituel, on maîtrise l’idiolecte en le domptant grâce aux outils de la langue. Peu à peu, on s’enracine dans le radical, dans les préfixes et les suffixes, dans le paradigme et les syntagmes. On lit avec satisfaction le message que la tendre professeur a formulé. Le Français devient langue « maternante ».
Es todo un rito domar los idiolectos e ir amaestrándolos con los instrumentos de la lengua. Poco a poco nos arraigamos en el radical, en los prefijos, en los sufijos, en los paradigmas y los sintagmas. Leemos con satisfacción los mensajes formulados por la profesora que parece ser tierna. El francés se convierte en una lengua “maternal”.
De Madame Néel, longtemps, je n’aperçois que les lèvres légèrement colorées qui répètent inlassablement les mêmes comptines. Je suis en sixième, j’ai douze ans et j’apprends en chantant.
Por un largo instante, logro percibir los labios levemente coloridos de la profesora Néel, que repiten incansablemente las mismas cancioncillas. Estoy en octavo año de educación básica3, tengo doce años, y aprendo cantando.
A los 12 en Ecuador los niños ingresan en ese ciclo escolar en España es 1º E.S.O. 3
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Les mots français deviennent mélodieux, comme des mots espagnols, le temps qu’il me faut pour les maîtriser, les rendre plus monotones, plus français. « Ici ou là ? Je m’assieds, ici ou là ? ».
Las palabras francesas se vuelven melodiosas, al igual que las palabras españolas, me falta tiempo para dominarlas, hacerlas más monótonas, más francesas. ¿“Ici ou là”4 ? ¿En dónde me siento, “Ici ou là”5 ?
J’ai peur de mal prononcer les mots devant ces petits Français, que je découvre dans leur classe ordinaire au bout de seulement quelques mois.
Me da miedo pronunciar mal las palabras delante de los francesitos, los cuales estoy descubriendo en su clase habitual al cabo de unos cuantos meses.
On aimerait clamer haut et fort cette phrase que l’on s’est appropriée : « Prends ton livre et pose-le ! Ici ou là ? ». Sur la plaie de l’exil, la communication dépose le baume du sentiment d’appartenance à ce nouveau groupe.
Nos gustaría aclamar en voz alta la frase de la que nos hemos adueñado: “¡Toma el libro y ponlo! ¿Aquí o allá?”. La comunicación pone como ungüento el sentimiento de pertenencia a este nuevo grupo en la plaga del exilio.
Mais ces mots restent seconds. Les mots d’ici me coupent, chaque jour un peu plus, des mots de là-bas. A la maison, mon oreille se repose d’entendre la voix de ma mère et de sa communauté. J’entends ici, en sourdine, la voix de ceux qui sont restés làbas.
Sin embargo aquellas palabras son secundarias. Día a día las palabras de aquí me separan un poco más de las de allá. Cuando estoy en casa, mis oídos descansan al escuchar la voz de mi madre y de su comunidad. Oía desde ahí en
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Aquí o allá Aquí o allá
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Sur mes lèvres fatiguées par cette gymnastique intensive, je tente de dessiner le même arrondi, qui frémit aux commissures de ma professeur, Martine Néel. Elle se prénomme Martine. Elle m’appelle Mariela, avec un [R] bien timbré.
sordina, la voz de los que se quedaron allá. Sobre mis labios, cansados por esa gimnasia intensiva, procuro imitar la misma redondez, que hace temblar la comisura de los de la profesora, Martine Néel. Se llama Martine. Ella me llama Mariela, con una [R] muy timbradora.
Je vois comment ses yeux accompagnent, de subtiles expressions, les phrases, pour en dévoiler le sens. Comme elle est patiente, cette enseignante ! Le [e] muet à la fin des mots est comme le souffle du rondador, la flûte de Pan d’Equateur, à la fin de la mélodie, un petit courant d’air qui suinte.
Percibo la manera en la que sus ojos acompañan, con expresiones sutiles, las frases para revelar el sentido. ¡Qué paciencia tiene esta profesora! La [e] muda al final de las palabras es como el sollozo de un rondador, el panpipe del Ecuador, que al final de la melodía, susurra una corriente de aire muy leve. Se la oye pero no se la pronuncia, nos lo dice con insistencia, “¡lentille, langue, France!”6. En mi idioma el sonido [e] no existe: la [e] es una [é] aguda que estira la comisura de mis labios. La [e] me obliga a aflojar mi mandíbula latinoamericana. Es como un suspiro que se manifiesta después de un largo viaje a través del Atlántico.
On l’entend mais on ne le prononce pas, insiste-t-elle. « Lentille, langue, France »! Dans ma langue, le son [e] n’existe pas : le [e] est un [é] pointu qui étire les coins de la bouche. Le [e] demande de relâcher ma mâchoire latino. C’est comme un soupir après un très long voyage par-dessus l’Atlantique
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Lenteja, lengua, Francia
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Le [e] muet s’écoule, comme l’écume de la vague sur le quai où j’ai débarqué, il y a maintenant 15 ans. A présent, les mots sont miens : plus personne ne m’interroge pour savoir si je suis d’ici ou de là. Le métissage s’accomplit quand disparaît la confusion des langues. Je maîtrise le lexique spécialisé du bachelier littéraire, la langue de Molière enseignée en Classes Préparatoires.
J’accomplis des missions d’enseignement en Espagnol et en Français ! Je suis traductrice !
La [e] muda transcurre, al igual que la espuma de la ola en el muelle del cual desembarqué desde hace ya quince años. Ahora las palabras son mías: ya nadie me pregunta si soy de aquí o de allá. El mestizaje se produce cuando desaparece la confusión de los idiomas. Domino el léxico especializado del bachiller literario, la lengua de Molière enseñada en las clases preparatorias a las grandes escuelas7. ¡Cumplo con mis oficios de profesora de español y de francés! ¡Soy traductora!
Mais d’une langue à l’autre, les mots ne se répondent que de biais.
Pero de un idioma a otro, las palabras logran establecer una comunicación valiéndose de astucias.
On aimerait en trahir le secret et les enfermer dans des formules.
Nos gustaría traicionarlas revelando su secreto y atraparlas dentro de una fórmula.
Clases que preparan a las oposiciones en el área científica, literaria, política etc ver: https://es.wikipedia.org/wiki/Clases_preparat orias_a_las_grandes_escuelas 7
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Devant ma table de travail, j’apprivoise les mots quotidiennement : à présent, j’ai la langue bien pendue, le verbe tenace, et j’en ai fait mon métier.
A diario, ante mi mesa de trabajo, estoy domando las palabras: ahora aflojo más la lengua, mi verbo es tenaz, por tal razón me dedico a esta profesión.
Mais l’objet du monde, affublé de plusieurs noms, fuit toujours le bilinguiste. Il le fascine et l’obnubile.
Sin embargo, el objetivo de todos, que muchas veces se disfraza con diferentes calificativos, es huir de la persona bilingüe. Este les fascina y los obnubila.
Comme Sisyphe après son rocher, je n’en finis pas de courir après le concept, cette abstraction qui réconcilierait tous les mots du Monde, qui se donneraient la main ! L’objet roule dans l’abîme de la transposition. C’est un bonheur amer : on traduit pour oublier le mot premier !
Al igual que Sísifo con su roca, no dejo de perseguir el concepto, aquella abstracción que reconciliaría a todas las palabras del Mundo, ¡las cuales acabarían tomándose de la mano! El objeto rueda en el abismo de la transposición: Es una felicidad amarga ya que se traduce para olvidar la primera palabra.
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FIN
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