ÉCONOMIE DOSSIER LES CCI, ACTEURS MAJEURS DE L’ÉCONOMIE MARITIME Entretien avec VIANNEY DE CHALUS Président de la Chambre de commerce et d’industrie du Havre
PHOTO : CCI LE HAVRE
« LA CROISSANCE BLEUE EST LE LEVIER DONT NOTRE ÉCONOMIE A BESOIN ! » Propos recueillis par Christophe Dubois à 70 % par la mer. 80 % des habitants vivent à moins de 100 kilomètres des côtes, 90 % des marchandises produites et consommées sont transportées par bateau, ce qui représente plus de 60 milliards de tonnes-kilomètres parcourues chaque année. Cette prédominance du transport maritime s’explique non seulement par son coût (le transport par la mer revient cinq à trente fois moins cher que celui par la terre) mais aussi parce qu’il est beaucoup plus respectueux de l’environnement. Ces chiffres, l’histoire et la géopolitique le montrent bien : la dimension maritime est et a toujours été le gage de l’expansion économique. L’activité portuaire est par conséquent celle qui, couplée à une filière logistique performante, doit permettre à nos territoires de capter une partie de ces flux maritimes et de profiter de la croissance mondiale. Et les CCI ont évidemment un rôle important à jouer en termes d’aménagement du territoire, d’optimisation des flux, de compétitivité des entreprises.
■ Les CCI consacrent leur prochaine « Université d’été » à la crois-
sance bleue. Pourquoi ce thème et pourquoi cette année ?
Les chambres de commerce et d’industrie françaises tiennent cette année leur université d’été sur le thème « Mer, terre d’innovation ». Une manière de rappeler leur lien historique avec la mer depuis la création, en 1599, de la première chambre destinée à organiser le commerce maritime depuis le port de Marseille, mais également de souligner leur très forte implication, aujourd’hui, dans l’économie de la mer à travers la gestion de nombreux ports, une intense activité de formation, l’accompagnement des entreprises du secteur, le soutien à l’innovation et donc à l’avenir.
La France et plus largement l’Europe traversent depuis plusieurs années une crise économique sévère. De nombreux indicateurs – chômage, PIB, dette publique… – sont au rouge, la croissance semble bloquée. On constate parallèlement une prise de conscience généralisée – des consommateurs, des acteurs économiques, des pouvoirs publics… – selon laquelle il est devenu nécessaire et souhaitable de s’orienter vers des systèmes de production plus durables et plus respectueux de l’environnement. Dans ce contexte, de nouveaux équilibres doivent être trouvés, de nouvelles voies de développement inventées. C’est toute l’ambition que porte l’université d’été des CCI de ce mois de septembre sur le thème de la « croissance bleue ». La « croissance bleue », c’est en effet une stratégie économique reposant sur l’idée que les mers et les océans offrent un potentiel énorme en matière d’innovation et de croissance durable. La « croissance bleue » représente aujourd’hui le levier dont notre économie a besoin!
■ Comment les CCI se voient-elles confier la gestion des ports et
comment cela fonctionne-t-il sur les plans juridique et financier ?
Les grands ports sont devenus étatiques avant la guerre. Les grands ports maritimes sont des établissements publics à directoire et conseil de surveillance, les ports autonomes sont quant à eux gérés par un conseil d’administration et un directeur général. Les chambres de commerce participent à ces instances dans lesquelles elles représentent les milieux économiques. Tous les autres ports relèvent depuis le 1er janvier 2007, en application des lois de décentralisation de 1983 et 2004, des collectivités locales ou territoriales : principalement des régions mais aussi des départements ou de syndicats mixtes pour les ports de commerce,des départements pour les ports de pêche, et des communes pour les ports de plaisance. Leur gestion est >>
■ Les CCI ont un ancrage historique dans le secteur portuaire.
Que représente aujourd’hui pour elles cette activité ?
Effectivement, c’est Henri IV qui a institué à Marseille, en 1599, les premiers députés du commerce, avec pour mission d’assurer la sécurité du transport maritime. Leur nombre est ensuite passé de quatre à douze, et l’institution est devenue indépendante du conseil de la ville en 1650 : la première chambre de commerce était née ! Les missions et le nombre de chambres se sont par la suite multipliés. Si l’acte de naissance des chambres est intimement lié au négoce maritime, le lien de l’institution à la mer est aujourd’hui encore très fort. La Terre est recouverte
33 MARINE&OCÉANS N° 244 - JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2014