Business Management Africa - Mai 2016

Page 1



sommaire Mai 2016 N° 06

04 Editorial 05 Les Buiz de couloirs 06 Leaders - Susan MASHIBE, apprivoiser le ciel, de mon rêve à la réalité - Youssou N’DOUR, l’homme qui a su vivre toutes ses « vies » - Yolande BODIONG - Des airs à la télévision pour une reconversion réussie

16 In’entreprise

- ACI (agence de cessions immobilière), porteuse de la modernisation de Bamako - CORIS BANK, l’étalon de la finance Burkinabé à la conquête du continent

21 Entretien - Henri LOTIN, « Le design numérique est bien plus qu’un atout de vente »

25 Management - Sciences et technologies, Fondation d’une croissance inclusive sur le continent

28 Tendance - Vestimentaire, se doter d’une belle garderobe à petit budget

30 Focus autov

10

- L’habitacle en cuir, un prestige qu’il faut manager si on souhaite mieux le préserver dans sa voiture

Yolande BODIONG , des airs à la télévision pour une reconversion réussie

33 Espace conseils - Les enjeux et la pertinence d’une augmentation de capital d’une société

Business Management 03 Mai 2016 AFRICA


Édito Allez-y. Rêvez…Oui, rêvez… le rêve est désormais permis

L

force qui réside dans les rêves. Cette force s’illustre aussi chez Yolande Bodiong, la camerounaise qui, après avoir fait une longue carrière d’hôtesse de l’air, est revenue à son amour : la communication. Elle berce les téléspectateurs camerounais au travers des programmes TV que son studio audiovisuel met à leur disposition dans les chaînes camerounaises.

es psychanalystes définissent le rêve comme étant la satisfaction de nos désirs refoulés, ou tout au plus, l’expression de nos peurs et angoisses qui rejaillissent dans notre sommeil. Bien que n’ayant pas la prétention de battre en brèche cette assertion, il faudrait tout de même la relativiser. Ici, nous nous intéressons au rêve classique et non au cauchemar. Pourquoi le prennent-ils dans son côté péjoratif, dans l’angle réducteur ? En se basant sur leur approche, il est dangereux de rêver, car ces spasmes expriment nos limites, l’oméga de nos possibilités. Et c’est là le problème. Nous, nous pensons que le rêve est plutôt une vue de l’esprit de l’itinéraire, des écueils et des défis que nous voulons relever. Il se combine à bien des égards à l’ambition. Alors, être ambitieux et pré-visualiser ses succès, est-ce mauvais ? Sans ambages, il est certain qu’il apparait comme un accélérateur ou un stimulus dans la vie de toute personne qui souhaite réussir. Le rêve comme catalyseur des succès de demain, c’est ce qui est arrivé à Susan Mashibe. Elle n’a que 04 ans lorsqu’elle fait le rêve de devenir pilote. Cette méditation de l’âme a drivé toute son existence, ses choix et surtout sa détermination. Aujourd’hui, première femme en Afrique de l’Est pilote et mécanicienne d’avions, elle dirige deux entreprises florissantes dans le domaine de l’aviation. Est-elle un modèle ? Sûrement oui, car elle a su transformer son rêve en réalité. Que dire de Youssou N’dour, lui qui a quitté la scolarité au secondaire et est devenu l’une des figures de proue du Sénégal et de l’Afrique ? En parcourant ses multiples vies, on en apprend et comprend la

Management 04 Business Mai 2016

AFRICA

Le rêve comme catalyseur des succès de demain, c’est ce qui est arrivé à Susan Mashibe. Elle n’a que 04 ans lorsqu’elle fait le rêve de devenir pilote.

Ce mois également, le rêve perçu comme une ambition forte et la détermination vous est présenté par le biais de la banque Burkinabé Coris Bank. En à peine une dizaine d’années, elle est devenue un acteur majeur sur le marché financier de l’UEMOA et s’apprête à faire son entrée sur la place boursière d’Abidjan. Pour renforcer les entrepreneurs, la rédaction a ouvert une rubrique « conseil ». Ce mois, elle vous accompagne à la gestion de votre augmentation de capital. Toujours un casse-tête, grâce à ce nouveau contenu, des experts vous édifient sur des sujets actuels et pertinents pour la bonne marche de votre business. Il est donc plus que jamais important pour chacun de nous, pour chaque porteur de projet ou manager, d’avoir la force de rêver, d’avoir la conviction que c’est en rêvant qu’on avance.

Martial EBODE, Directeur de Publication


Les buiz de couloirs Gabon

- Le Gabon se rapproche de l’OPEP Environ 22 ans après avoir quitté cette organisation, le Gabon souhaite réintégrer l’organisation. Sa demande a été envoyée en février dernier. Des discussions seront menées à ce sujet en Juin prochain en Autriche (Vienne).

Cameroun Côte d’ivoire :

- Le Gouvernement suspend la mesure de dédouanement des bagages accompagnés imposée aux voyageurs de l’aéroport FHB Le Gouvernement a décidé de suspendre la mesure de dédouanement des bagages accompagnés imposant aux voyageurs, par voie aérienne, notamment ceux de l’aéroport Félix Houphouët Boigny de payer les droits et taxes sur certains articles non couverts par les franchises au-delà d’un certain seuil (150 euros). - Le Gouvernement retire la licence à 04 opérateurs de la téléphonie Sur décision des autorités, le marché de la téléphonie mobile est passé brutalement de sept à trois opérateurs. Le but de cette mesure est de favoriser le déploiement de la 4G par les leaders du secteur. En fin mars de l’année en cours, GreenN, Comium, Warid Télécom et Café Mobile ont vu leurs licences retirées. Il leur est reproché le non paiement des différentes redevances (licence, redevances, amendes) et le non respect des cahiers de charges. Aujourd’hui, le secteur de la téléphonie est dominé par Orange (11 millions de clients), MTN (8,5 millions) et Moov (5,5 millions).

- Le marocain Platinum Power dote sa filiale camerounaise d’un capital social de départ d’un milliard de FCfa. L’entreprise conduit un projet de construction d’une centrale hydroélectrique d’une capacité de 400 MW dans la localité de Makay, région du Centre du Cameroun. L’installation de Platinum Power en terre camerounaise devrait booster le projet de Makay, pour lequel les accords avec le gouvernement ont été signés depuis juillet 2015. Cet investissement d’un montant total de plus de 500 milliards F cfa (800 millions d’euros) permettra d’accroître de 30% les capacités installées du pays (1200 MW), grâce à la production de «plus de 1600 GW par an, ce qui se traduirait par un accès à l’électricité en faveur d’une population supplémentaire de 6 millions de personnes». Entreprise majoritairement détenue par le Fonds d’investissements américain Brookstone Partners, basé à New-York, Platinum Power est présent au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal, avec, apprend-on, «un pipeline de près de 1000 MW de projets hydroélectriques, éoliens et solaires ».

Congo brazzaville - Le groupe congolais Sapro reprend Global Outdoor Systems, géant sud-africain de l’affichage outdoor Le groupe congolais Sapro de Paul Obambi vient de reprendre la totalité du capital de Global Outdoor Systems (GOS), géant de l’affichage extérieur basé en Afrique du Sud. Ce qui lui ouvre la porte à 6 000 panneaux dans seize pays, dont les villes de Nairobi, Lagos, Douala, Dakar, entre autres. La firme congolaise a coiffé au poteau de grands acteurs mondiaux, notamment Lamar Advertising, Clear Channel ou JCDecaux.

Mali

- La mine de Morila fermera en 2019 La mine d’or de Morila arrivera en fin de vie en 2019, selon le ministère malien des Mines, rapporte l’agence Reuters. Annoncée en fin de vie dès 2008 pour une fermeture définitive programmée en 2013, ce champ d’exploitation prolongera son activité jusqu’en 2019, en raison de réserves d’or plus importantes que prévu. Cette mine d’or – détenue par le britannique Randgold Ressources, le sud-africain AngloGold Ashanti et le Mali – a produit 209 tonnes d’or depuis le début de son exploitation en 2000.

Business Management 05 Mai 2016 AFRICA


Leaders Susan MASHIBE, apprivoiser le ciel, du rêve à la réalité Après avoir fait la rencontre avec son rêve alors qu’elle n’a que 4 ans, la femme d’affaires aux multiples compétences dans l’aviation, va s’accrocher pour en faire un métier, une source de notoriété et Par M. E. de fortune.

Janvier 2015. Forum économique mondial de Davos, Département d’Etat américain, programme de bourses de l’archevêque Sud africain Desmond Tutu, programme de parrainage de Fortune magazine aux Etats-Unis. Tous ces événements, ces cadres et ces programmes ont tous vu arpenter leurs couloirs - o combien mythiques - par la « petite » tanzanienne (elle atteint à peine 1,60 m), Susan Mashibe. Elle est aujourd’hui reconnue comme la première femme dans son pays, la Tanzanie, à avoir obtenu deux prestigieux certificats dans l’aviation. D’abord comme mécanicienne d’avion. Plus tard comme pilote de ligne commerciale. Sa vie est une véritable leçon à donner à qui a des rêves. La patronne de la compagnie d’aviation d’affaires tanzanienne Via Aviation se présente comme une femme dynamique et énergétique. Pas besoin de perdre son temps pour lui faire des louanges. Pour elle, il est plus important de travailler, d’avoir de l’ambition et de se donner les moyens de les atteindre. La rencontre avec l’aviation qui lui permettra d’écrire son nom dans les annales des leaders africains et des femmes les plus importantes du continent se fait fortuitement quand elle a 4 ans. Sa famille qui vit jusque là à Kigoma (1200 km de Dar Es Salam), doit rejoindre la capitale

Management 06 Business Mai 2016

AFRICA

de la Tanzanie pour des raisons professionnelles. La petite fille doit rester avec sa grand-mère. Elle est frappée d’admiration par ce grand appareil qui passe au-dessus de sa tête comme un oiseau. A l’intérieur, ses parents. A chaque fois, elle les voit repartir et est toujours frustrée de ne pouvoir y aller avec eux. Elle se dit : « Si je savais voler, ils ne me laisseraient certainement pas derrière ». A force de voir des avions atterrir à Kigoma et repartir sans elle, Susan Mashibe se fixe comme objectif de piloter un jour un de ces appareils. Alors qu’elle a 10 ans, elle tombe définitivement sous le charme de l’avion en voyant un Boeing 737 de la British Airways. Dès lors, toutes ses recherches se concentrent autour des moyens pour de-

venir pilote. De l’admiration, la jeune femme passe à la fascination et à la passion pour les avions. Tout cela l’aide à avoir une scolarité normale et rectiligne. Après son baccalauréat scientifique, elle est contactée pour aller suivre une formation, afin de devenir enseignante. Elle décline l’offre et ses parents la soutiennent dans son choix.


Leaders EN BREF

Susan Mashibe 42 ans 18 août 1974 Naissance en Tanzanie 1993 : Départ pour les USA 1997 : Obtention du Associate’s Degree en Maintenance des avions à la South Western Michigan College Technicienne de maintenance d’avions chez Eaton (Michigan, USA) 1998 : Ingénieure en maintenance d’avions chez Duncan Aviation (Michigan, USA) 2002 : Obtention du diplôme en management de l’aviation à la Western Michigan College 2003 : Création de Tanzanite Jet Center (Actuel VIA Aviation Limited) à Dar-EsSalam (fonction en cours) 2008 : Co-fondatrice et présidente du conseil d’administration de la Universal Africa Logistics Ltd (Fonction cessée depuis 2014) 2012 : Election au poste de présidente de la National Business Aviation Association pour la Tanzanie (Fonction en cours)

E

Sur le chemin de l’aviation

n 1993, Susan Mashibe s’envole pour les Etats-Unis avec son rêve en tête. Ici, elle doit d’abord apprendre la langue pour pouvoir suivre des cours aussi pointus et complexes proposés dans la formation en aéronautique civile. Puis elle intègre la même année, l’école d’ingénierie des mécaniciens d’avion de la South Western Michigan College. Elle suit donc concomitamment le cursus de langue et celui professionnel. Toutefois, à partir de 1995 sa famille ploie sous des difficultés financiè-

res. Le père, fonctionnaire, a du mal à continuer à payer ses études. Elle fait une dépression, angoissée à l’idée de ne pouvoir aller au terme de son ambition. Au sortir de l’hôpital, elle réalise que son objectif est le sien, et qu’elle doit se battre de ses propres mains pour y arriver. Pour aller jusqu’au bout de sa formation, la jeune tanzanienne enchaîné des petits boulots. En 1996, elle obtient son diplôme d’ingénieure mécanicienne d’avion. Elle trouve rapidement un emploi dans une petite compagnie régionale du Michigan Duncan Aviation. Elle s’oc-

cupe des contrôles et des inspections des avions d’affaires. Susan Mashibe, travailleuse acharnée, cumule le travail et les études. Elle décide de prendre des cours de pilotage des avions à la Western Michigan University. Du fait des tarifs assez élevés de cette formation, la jeune tanzanienne doit faire des heures supplémentaires pour pouvoir les financer. Fort heureusement, son employeur décide de prendre en charge la moitié des frais en guise de récompense de son ardeur et sa détermination.

Retour gagnant Pendant 5 ans, Susan Mashibe suit assidument ses cours de pilote de vols commerciaux. Elle reste également très impliquée dans son travail d’entretien des avions. En 2002, elle est pilote commerciale certifiée par l’administration fédérale américaine d’aviation, après avoir achevé son cursus avec un Bachelor of Arts en management de l’aviation. Malheureusement, elle ne pourra jouir de ce sésame. Car, entre temps, les attentats du 11 septembre 2001 aux USA ont entraîné à la chute de nombreuses compagnies. Elle déclare qu’à la suite de ces événements, « le marché de l’aviation commerciale a connu une chute drastique. Beaucoup d’emplois ont été détruits du fait de la fermeture de beaucoup de compagnies. Je décide alors de rentrer chez

moi ». Début de l’année 2003. Voici revenue Susan en Tanzanie. Avec toutes ses économies en poche. « Sur place, je cherche du boulot, aussi bien comme pilote que comme cadre de maintenance d’avions. Je reçois une fin de non recevoir, car présument-ils, je suis trop qualifiée », indique-t-elle. Elle n’a pas d’autres choix, elle décide alors de lancer sa propre affaire. Elle loue un hangar à l’aéroport, puis fonde sa compagnie le 1er juillet 2003. Tout son entourage s’inquiète à l’idée de la voir se lancer en solo. Il estime que c’est trop précipité. « Tout le monde a désapprouvé mon choix, prétendant que j’allais me casser la figure et fermer au bout de 3 mois », indique-telle aujourd’hui. Un conseil qu’elle n’écoute donc pas.

Elle tient à une vie entrepreneuriale. Tanzanite Jet Center, c’est le nom de l’entreprise. Vingt jours après avoir lancé son entreprise, la chance commence à tourner. La toute nouvelle patronne est recommandée par un ami depuis l’Afrique du Sud. Elle va s’occuper de l’avion personnel de Jacob Zuma. Début en fanfare, surtout que tous les avions ou les contacts de l’ambassade sud-africaine en Tanzanie lui seront attribués. De fil en aiguille, elle s’impose, en dépit de la survivance des stéréotypes qui font des métiers de l’aviation, un secteur masculin. Tanzanite Jet Center, devenu entre temps Via Aviation, agrandit son portefeuille de clients. Ils sont chefs d’Etat, monarques, célébrités grands hommes d’affaires.

Business Management 07 Mai 2016 AFRICA


Leaders

De l’entreprise aux entreprises Susan Mashibe porte une vision solide et forte de son entreprise. « L’expansion de Via Aviation est non seulement bon pour moi, mais aussi pour l’ensemble de la Tanzanie. Quand j’ai commencé, j’étais déterminée à prouver que les entreprises africaines pouvaient être professionnelles, fournir un haut niveau de service dans cette industrie et combler une lacune dans les voyages privés aériens en Afrique. Avec la forte expansion économique du continent, les entreprises cherchent à étendre leurs investissements, même dans les endroits non desservis par des vols aériens réguliers. Cette solution de service était donc vitale », précise celle qui a également étudié le leadership dans les universités de Harvard et d’Oxford. Cette solution, entourée de profession-

Management 08 Business Mai 2016

AFRICA

nalise et de qualité, va séduire la cible. Grâce aux revenus générés (plus d’un million de dollars US de chiffre d’affaires annuel) par sa première affaire, la pilote et mécanicienne d’avion fonde une nouvelle entreprise spécialisée dans la logistique : Kilimajaro Aviation Logistic Center. Ce nouveau fleuron va très rapidement se distinguer dans son domaine, au prix d’audace et de persévérance. Dans un domaine dominé par les hommes, la jeune femme va faire preuve de beaucoup de témérité. Le travail, l’expertise et le mérite vont lui permettre de s’imposer. Et malgré tout ce succès, elle n’a en rien modifié à ses habitudes et assume bien sa féminité : « Je suis très féminine, je porte mes talons, je fais mon maquillage et

ainsi de suite, de sorte que quand un pilote fait l’inspection de son aéronef et me voit, il panique parce qu’il pense que je ne suis pas capable. Certains viennent même me suivre quand je travaille, mais ils changent vite au leadership établi, elle accumule les reconnaissances. Elle est régulièrement invitée dans les universités pour parler de sa vie et de son expérience. Bien entrée dans la quarantaine, la pilote et ingénieure reste confiante en l’avenir et demeure très discrète. Elle garde toujours sa joie et l’innocence d’un enfant lorsqu’on se sépare au Grand Hôtel & résidences de Dar-es-Salam : « j’ai réalisé mon rêve d’enfance en devenant chef d’entreprise ».


Leaders Youssou N’DOUR, l’homme qui a su vivre toutes ses « vies » Artiste émérite de classe internationale, acteur politique respecté dans son pays, le roi du Mbalax s’illustre depuis une quinzaine d’années comme un homme d’affaires prospère et reconnu. Par M. E.

«

C’est la cour des grands…un plaisir de danser…un plaisir de jouer. L’émotion et la passion au service du ballon rond … ». Ces mots qui évoquent bien des souvenirs sont bien les paroles de « La cour des grands », le titre de l’hymne officiel de la coupe du monde de football 1998. Un cantique composé et chanté par Youssou N’dour et Axelle Red. Cette chanson sera même le tube de cet été en France avec la victoire finale des Bleus à cette compétition. Le monde entier adopte alors indubitablement la star sénégalaise qui avait été révélée plus de 25 ans plutôt. Homme travailleur, affable, engagé et porté par ses valeurs familiales, il a su réussir dans tout ce qu’il a entrepris. Alors que le Sénégal, comme la plupart des pays francophones, se prépare à accéder aux indépendances, Elimane N’dour et son épouse Ndeye Sokhna Mboup reçoivent une bénédiction divine, un fils. Yossou arrive au monde le 1er octobre 1959 à Dakar. Il est l’aîné d’une fratrie de plusieurs enfants. Il va grandir sous le joug de la religion musulmane. Pratiquant, il appartient à confrérie des Mourides. Sa mère, griotte d’origine Toucouleur et Wolof, le berce avec des chants qu’il garde encore en mémoire aujourd’hui. Il commence à chanter à la maison, puis se découvre un talent. A

Aussi, va-t-il travailler avec des grands noms comme Peter Gabriel, Paul Simon, Wyclef Jean, Bruce Springsteen, Manu Dibango, Alan Stivell. L’une de ses chansons les plus célèbres sera « 7 Seconds », en duo avec la chanteuse Neneh Cherry

l’âge adolescent, il se met à chanter dans les fêtes de famille. Sa passion va l’appeler et l’amener à quitter l’école sans aller au lycée. L’école derrière lui, Youssou N’dour mise tout sur le chant. Il est encouragé en cela par tous les avis et commentaires positifs qui suivent chacune de ses prestations. Sa carrière va véritablement débuter à 19 ans au sein du groupe Étoile de Dakar. Il est repéré par le producteur sénégalais Ibrahima Sylla avec lequel il enregistre le premier album avec le groupe au Studio Golden Baobab. Cet album connaîtra un accueil des plus agréables auprès du public. Il atteint ainsi un cap. La notoriété acquise va amener

Youssou N’dour en 1979 à fonder son propre orchestre, le Super Étoile de Dakar. Avec son propre groupe, le jeune homme va parcourir les scènes, aussi bien celles de Dakar que celles du pays et de l’étranger. Très vite, sa popularité franchit la méditerranée. De nombreux grands noms lui proposent des associations. Aussi, va-til travailler avec des grands noms comme Peter Gabriel, Paul Simon, Wyclef Jean, Bruce Springsteen, Manu Dibango, Alan Stivell. L’une de ses chansons les plus célèbres sera « 7 Seconds », en duo avec la chanteuse Neneh Cherry. Le clip, tourné à New York, bénéficie de la réalisation de Stéphane Sednaoui. Le sénégalais va

Business Management 09 Mai 2016 AFRICA


Leaders noises », une reprise du célèbre album de John Lennon, « Imagine ». Cet album est le symbole d’une grande mobilisation pour le dénouement de la crise au Darfour. Dans cette version originale d’Imagine, Youssou N’dour interprète Jealous Guy. Il a également organisé plusieurs concerts au profit d’Amnesty International. Le chanteur engagé est devenu ainsi ambassadeur de bonne volonté pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et pour l’UNICEF. Il joue le même rôle pour le Bureau international du travail. Cet ancrage dans le social se voit d’ailleurs dès 2000. C’est cette année qu’il lance la fondation Youssou N’dour. Objectif : œuvrer en faveur du développement durable et du droit des enfants et contre le paludisme.

également composer la musique du film d’animation « Kirikou et la sorcière » en 1998.

De la musique au cinéma Le pas vers le cinéma franchi, la star sénégalaise preste comme acteur dans le film « Amazing Grace » en 2006. Il y joue le rôle d’Olaudah Equiano. En 2007, Youssou N’dour joue son propre rôle dans le documentaire « Retour à Gorée » réalisé par le suisse PierreYves Borgeaud. D’une durée de 112 minutes, ce chef d’œuvre évoque l’histoire de la traite négrière et son héritage musical à travers le jazz et le gospel. En 2008, le dakarois renoue avec les duos en musique. Il travaille avec l’artiste congolais Koffi Olomidé dans l’album baptisée « Bord Ezanga Kombo ». Il y interprète la chanson « Festival » avec Koffi Olomidé et Cindy Le Cœur. Il enchaine un duo avec la diva libanaise Magida el-Roumi. Le produit de cette collaboration s’appelle « Biladi Ana », un titre contenu dans l’album « Ghazal » mis sur le marché 2012. Youssou N’dour a reçu de nombreux prix pour son œuvre musicale. Il conquiert celui du meilleur artiste africain en 1996. Il reçoit la distinction de meilleur artiste africain du XXè siècle en 1999. Le 13 février 2005, il est récompensé aux Grammy Awards pour son album « Egypt », dans la catégorie « meilleur album de musique du monde ». Il est fait « docteur honoris causa » de l’université Yale aux ÉtatsUnis en 2011. En mai 2013,

Management 10 Business Mai 2016

AFRICA

Leader d’opinion

ail décroche le Polar Music Prize en Suède. Youssou N’dour est ainsi l’un des plus doués artistes que le continent ait connu. Jusqu’ici, il compte deux disques d’or. Le père de 10 enfants, issus de plusieurs mariages, a toujours porté très haut la musique africaine en général, et le Mbalax en particulier, un rythme patrimonial du Sénégal dont il a été fait roi. Outre ce talent pour la chanson, la vedette va se faire remarquer dans ses prises de

position. Plusieurs fois, on le voit et l’entend défendre des causes politiques et sociales. En 1985, il organise un grand concert à Dakar pour la libération de Nelson Mandela. En 2004, Youssou N’Dour participe au disque « Agir Réagir », composé en faveur des sinistrés du tremblement de terre qui a secoué la région d’Al-Hoceima, au Maroc, le 24 février 2004. En 2007, avec d’autres artistes engagés, il participe à la réalisation de « Make some

L’engagement du chanteur est la preuve que germait déjà chez lui les graines de la politique. Au cours du dernier mandat d’Abdoulaye Wade, l’artiste est de ceux dont les critiques sont très acerbes contre l’action du président de la République. En guise de représailles, on l’empêche de démarrer sa chaîne de télévision, Télé Futurs Médias. Il engage un bras de fer avec le palais présidentiel. Sur la scène internationale, ce combat se matérialise par un dénigrement sans concession. A l’intérieur du Sénégal, il réussit recueillir 3 millions de signatures. Ce sont des compatriotes qui demandent la délivrance d’une autorisation d’émettre à cet organe


Leaders médiatique. La rupture est consommée avec le pouvoir. Malgré que l’autorisation lui ait finalement été accordée, il décide de candidater à l’élection présidentielle de 2012. Sa candidature est rejetée par le Conseil constitutionnel. Il soutient Macky

Sall, lequel est élu président de la République. Une fois installé, le nouveau chef de l’Etat sénégalais pays fait un retour d’ascenseur à l’artiste. Il le nommant ministre de la Culture et du Tourisme dans le gouvernement du 04 avril 2012.

Ce dernier succède à Awa Ndiaye. Un remaniement du gouvernement intervient le 29 octobre 2012. Abdoul Aziz Mbaye prend la tête du ministère de la Culture. Youssou N’dour conserve le portefeuille du Tourisme, complété par celui des Loi-

sirs. Le gouvernement est limogé le 1er septembre 2013. Youssou N’dour migre pour devenir conseiller à la présidence de la République, avec rang de ministre. Il reçoit la mission officielle de promouvoir l’image du Sénégal à l’étranger.

L’empire médiatique Youssou N’dour, c’est aussi un homme d’affaires dans le champ médiatique. Considéré à juste titre comme le « Ruppert Murdoch » sénégalais, la star a su, en treize ans, construire l’un des groupe de presse les plus puissants en Afrique de l’Ouest. Bien qu’étant autodidacte, l’homme d’affaires a le flair et la vision. Il va savoir s’entourer et se doter des plus grandes compétences pour atteindre son objectif. En septembre 2003, son groupe naît et porte le nom de Futurs Médias. Le journal « L’Observateur » constitue le premier produit de l’entreprise. Canard aux titres accrocheurs, il scrute avec minutie l’actualité brûlante du pays de la Téranga. De 65 000 exemplaires il y a 4 ans, le quotidien est passé à un tirage de 75 000 exemplaires au début de l’année 2011, pour atteindre les 100 000 exemplaires en 2015. Une progression qui est du goût du PDG du groupe. Il indique qu’il a « un style, un modèle : le travail, rechercher les meilleurs où qu’ils soient ». Très vite, Futurs Médias rajoute une pierre à son édifice, avec le lancement de la radio Radio Futurs Médias. Là aussi, le succès sera quasi instantané. RFM vire en tête des stations les plus écoutées

de la capitale sénégalaise. Le promoteur décide d’étendre sa zone de couverture. Ainsi, d’une station régionale, RFM passe à dix-huit (18) à travers le Sénégal, en un temps record. De Thiès à Kaolack, de Ziguinchor à Louga, en passant par Touba-Mbacké, Matam, Mbour, Kédougou, Fatick, Kolda, Saint-Louis, Podor, Diourbel, Richard-Toll, Nioro, Bignona et Tambacounda, RFM est très écoutée et dispose de correspondants jusque dans les confins du pays, dans la sous-région Afrique de l’Ouest, en Europe et aux Etats-Unis. Une couverture quasi-totale, qui fera de RFM un canal de référence. La stat « Le Grand Jury », « Yoon Wi » (La Voie), et « Remue-ménage ». Il y a aussi ces éditions quotidiennes du journal très prisées par les auditeurs sénégalais. Pour mettre un chapeau au corps du groupe Futurs Médias, une chaine de télévision voit le jour. Sans surprise, elle prend le nom de Télé Futurs Médias (TFM). Son arrivée se fait dans la tourmente et la cacophonie. Les chaînes concurrentes ne seront pas les seules à redouter sa venue. TFM pourrait bien leur faire de l’ombre. Le pouvoir en place se montre plus frileux. Il perçoit RFM comme « la radio

d’opposition ». Pas question d’en mettre une couche avec la télévision. Le président en poste, Abdoulaye Wade affirme que ses « opposants sont dans la presse. Annoncée en juin 2008, ce n’est finalement qu’en septembre 2010 que la chaîne émet ses premiers signaux. Comme les autres organes du groupe sur les supports radio et presse écrite, TFM vire en tête des statistiques d’audiences et de recherche via Google insights dans le microcosme de la télévision sénégalaise. Mêmes recettes, même résultat. Le groupe Futurs Médias continue sa percée et sa croissance. En 2014, il annonçait une masse salariale anuelle de 2,3 milliards F cfa. Afin de diversifier son offre, il vient de lancer trois nouvelles chaînes thématiques : iTfM (information en continu), Ole Tfm (culture et sports), Tfm Religion. Youssou Ndour continue de tisser sa toile lentement, mais sûrement. Jusqu’où ira-t-il ? Ses ambitions sont-elles démesurées ? Après la diffusion de TFM sur le satellite et de RFM sur internet, envisaget-il d’explorer d’autres horizons, traverser les frontières terrestres voire continentales à l’image de Murdoch? En tout état de cause, le chanteur et homme d’affaires

sénégalais ne semble pas avoir l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Car après les médias, le roi du Mbalax ambitionne de se lancer dans la téléphonie. Il positionne son groupe en vue d’obtenir la 4ème licence du secteur au Sénégal ! Déjà patron de plus de 500 collaborateurs, il en veut donc encore davantage. Conscient de sa mortalité, il prépare déjà la relève. Il a nommé son premier fils, Birane N’dour, au poste de directeur général adjoint du groupe. L’histoire continue de d’écrire.

BIO EXPRESS

1er octobre 1959 : Naissance à dakar 1979 : Co-fondateur du groupe « Etoile de Dakar » 1981 : Création du groupe « Super étoile de Dakar » 1999 : Distinction comme meilleur artiste africain du XXè siècle 2003 : Création du groupe Futurs Médias à Dakar 2010 : Lancement de la chaine Télévision Futurs Médias (TFM)

Business Management 11 Mai 2016 AFRICA


Leaders Yolande BODIONG,

une reconversion réussie

des airs à la télévision pour

Après plusieurs années au service des compagnies aériennes nationales - d’abord Camair, puis Camair-Co - la quadra s’est mise dans l’industrie du divertissement pour offrir à la télévision et aux téléspectateurs des programmes de grande qualité. Par Landry PANY

M

araboo, cela vous dit quelque chose ? Non… oui… peut être. Lisez bien « Marabout ». Oh, comme ce mot porte un lourd symbole pour les populations en dessous du Sahara. Ce sont des faiseurs de miracle, ils ont de capacités au-delà du réel, ils sont capables de transformer ou de changer une situation en une autre. Cette présentation, bien que n’étant pas exhaustive, reflète le dur labeur qu’a choisi Yolande BODIONG pour en faire un métier. De Yaoundé où elle voit le jour il y a une quarantaine d’années, à Douala où elle façonne au quotidien des programmes de télévision, elle a construit avec passion une vie et développé une expérience qu’elle a partagée avec nous. « Bien dans ses souliers, bien dans sa tête ». Cette maxime a tout son sens quand on évoque le parcours de cette jeune quadra qui, comme la nouvelle jeunesse africaine, ose et ne recule devant rien. Dans un pantalon cintré Camel et un chemisier beigne, le tout avec une élégance et une simplicité déconcertantes, la patronne ne quitte jamais son sourire. La porte de son bureau, sis à Bonapriso Bonadouma home, est toujours ouverte et ses collaborateurs ne s’en plaignent nullement. A la tête d’une équipe jeune et ambitieuse, elle nourrit l’idée de faire de cette maison de production audiovisuelle, l’une des plus influentes du microcosme en Afrique. « A mon entrée en classe de 6éme en 1986, le deuxième jour de classe, j’ai découvert une liste affichée avec mon nom suivi d’un montant 13 500 F cfa. N’ayant aucune connaissance des us de

Management 12 Business Mai 2016

AFRICA

PARCOURS EXPRESS

1989 : Recrutement au Tonnerre Handball Club en classe de 4ème 1994 : Obtention du Baccalauréat à Yaoundé - Inscription à l’Institut des Technologies de l’Information (ITI) de Douala - Recrutement à Camship Handball Club de Douala 1996 : Obtention du BTS en communication des entreprises 1997 : Recrutement à la Camair en tant que hôtesse de l’air 2006 : Démission de la Camair 2009 : Obtention d’un MBA à l’ESSEC (Université de Douala) et lancement de l’entreprise « Option » 2011 : - Recrutement à Camair-Co en tant que responsable de la mise en place du programme de fidélité au mois de février - Nomination une semaine plus tard au poste de Corporate Communication Manager - Démission quelques mois plus tard 2012 : Création de Maraboo au mois de juillet

cet environnement que je découvrais à peine, il s’agissait pourtant d’une bourse qui récompensait les meilleurs au concours d’entrée en 6ème. Cette belle découverte va changer le restant de ma vie. Grâce à elle, j’ai tout de suite appris que : « si je travaille bien, j’aurai de l’argent.». Se rappelant d’une anecdote de sa tendre enfance, ces paroles donnent un aperçu du futur de la jeune dame. Très proche de son père avec qui elle aura une relation privilégiée, mais qui s’en ira alors qu’elle n’est qu’en classe de 6ème, Yolande Bodiong va apprendre l’importance du travail. D’abord scolaire. Puis, plus tard quand elle amorcera la vie professionnelle. Cette bourse scolaire va s’avérer être un catalyseur durant tout son écolage. Après le décès de son père, la jeune dame va garder le cap, soutenue par ses deux mamans (son père était polygame avec deux épouses). En classe de 4ème, elle est approchée par Roger Milla, alors président de Tonnerre Handball club de Yaoundé, qui détecte son talent. Yolande, émerveillée par l’ex-international de football, va s’engager avec cette écurie sportive, sans contre partie financière, mais avec l’engagement du club de financer ses études. Cet accord sera tenu et va donc alléger la tâche de sa famille et lui permettre de continuer ses études en toute quiétude. Elle doit allier entraînements, voyages, matchs et école. Pas facile à cet âge. Mais elle s’accroche et finit par obtenir son baccalauréat.


Yolande BODIONG, Fonder & CEO Maraboo

Orientation professionnelle Le baccalauréat en poche, Yolande veut suivre les traces de son frère aîné. Celui-ci étudie le marketing et la communication à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) de l’université de Douala. Il lui vente les débouchés de la filière. La sœurette rêve plutôt d’intégrer l’Institut Samba supérieur, dans le but de continuer ses deux passions. Mais freinée par le coût élevé des frais de scolarité dans cet établissement privé, elle cogite. La lumière vient lorsqu’à la fin d’une séance d’entraînement avec son équipe, elle est abordée par les recruteurs de CAMSHIP Handball, un club de Douala. Elle saisit l’aubaine et leur propose un deal identique à celui qu’elle vit à ce moment là depuis les 05 dernières années de sa vie. Accord conclu. Yolande Bodiong débarque donc à Douala en 1994. Elle prend une inscription à l’Institut des technologies de l’Information (ITI) où elle sort en 1996, avec un BTS en

Marketing et Communication. Durant toutes ces années de handballeuse et d’étudiante, la jeune femme se forge un caractère de gagneuse et de grandes capacités à travailler sous pression et à délivrer des résultats dans les délais. Elle va notamment afficher son leadership et son ambition quand elle sera aux portes de la Cameroon Airlines (CAMAIR) pour se faire recruter comme hôtesse de l’air et qu’elle sentira la machine grippée. Alors qu’elle a été retenue dans une short liste de 30 sur les 4000 postulantes et qu’il faut encore se séparer de 10 pour ne retenir qu’un effectif de 20 hôtesses, l’équipe embarque pour la France pour présenter des examens. Les résultats tarderont à être publiés. Animée par sa soif d’avancer, elle prend contact avec les instructeurs qui les lui enverront par fax, alors qu’ils avaient déjà été communiqués à l’entreprise longtemps avant. Avec ses camarades, ils vont rencontrer voir la directrice des

ressources humaines. Le lendemain, l’entreprise communique les résultats. En 1997, Yolande Bodiong intègre la CAMAIR comme nurse et fait son premier vol entre Douala et Paris. Chargée de voir de façon pratique tout ce qu’elle a appris pour briefer ses camarades, elle vivra cette expérience difficilement du fait des réticences des anciennes à transmettre le flambeau aux nouvelles recrues. Son témoignage à ses camarade sera : « c’est ici et maintenant que ça va commencer. Ce ne sera pas facile, mais il va falloir s’imposer ». Rompue aux joutes sportives, la jeune femme va durant une dizaine d’années, batailler et surtout aimer ce métier du transport aérien qu’elle ne portait pas spécialement dans son cœur, mais pour lequel elle avait été aiguillée par ses proches, du fait de ses aptitudes et de son physique.

Business Management 13 Mai 2016 AFRICA


Leaders Retour dans les airs

Durant ses années d’hôtesse de l’air, Yolande Bodiong passe le clair de son temps dans les airs. Elle enchaîne des allées et venues entre les capitales et villes africaines et occidentales. Elle va donner naissance à son fils. Cet heureux événement va la stimuler. Plus de responsabilité et surtout une projection dans le futur qu’elle veut lui offrir. Alors qu’elle est à sa 9ème année, elle se rend compte qu’elle risque de passer à côté de l’éducation de son rejeton, parce que tout le temps parti. Elle commence donc à repenser son futur et sa reconversion. Ella va faire la rencontre du producteur et réalisateur de regretté mémoire, Jean De La Rue à Paris. Elle porte un intérêt à ses productions. Celui-ci l’invite à participer à un tournage. Etant dans le public, elle se retrouve dans son élément. Ce sera là le coup de foudre et la révélation pour son futur. En sortant de là, elle va se dire

qu’elle tient enfin ce qu’elle aime et qu’elle souhaite faire.

Afin de se doter d’outils pour réussir dans le secteur de l’audiovisuel, la future productrice retrouve les chemins de l’école pour un Master of Business Administration (MBA), option management à l’ESSEC de l’Université de Douala. Au sortir de là, elle tente une première expérience entrepreneuriale avec « Option », une entreprise audiovisuelle qui lancera le programme « Engrenage », diffusé sur l’antenne de la chaine de télévision Canal 2 International. Mais les difficultés logistiques liées à la production font écourter le projet. Son expérience d’ancienne hôtesse, son MBA et la conjoncture de sa jeune entreprise la ramènent dans le transport aérien. Cette fois-ci, c’est la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co). Elle nait des cendres de la défunte Camair.

L’ancienne handballeuse est recrutée au poste de responsable de la mise en place du programme de fidélité en février 2011. Nouveau départ. 30 décembre 2010. La responsable de la communication à Camair-Co, Marie Thérèse Dubuisson, meurt des suites d’assassinat. Yolande est mutée comme Corporate Communication Manager. Une semaine après avoir pris ses nouvelles fonctions, elle doit gérer le kick off de la campagne de lancement de la compagnie. Quelle sacrée arrivée !!!! L’aventure sera malheureusement de courte durée, car le climat délétère qui règne dans la nouvelle compagnie n’est pas de son goût. Cette fois si, elle décide de quitter le statut de salariée à celui d’entrepreneur. Elle fonde donc Maraboo en juillet 2012. L’entreprise est spécialisée en production audiovisuelle, conseil en communication relations publiques.

Management participatif Soucieuse du détail et toujours à la recherche du bien être, la mère de quatre enfants - qui est bien en couple - va prend 8 mois pour construire son équipe et designer les locaux de sa maison de production. Elle va chercher des profils assez différents et complémentaires, la bonne humeur et la gaité étant toujours de mise chez ses collaborateurs. Elle cultive un esprit startup. D’après l’entrepreneure, « pour travailler ici, il faut être fou. D’ailleurs chez nous, on ne vient pas au travail, on vient s’amuser ». Pour booster la créativité des équipes, chacun doit se mettre dans le confort spirituel et intellectuel qui lui sied. C’est ce qui explique la prolixe de l’entreprise. En à peine 4 ans, elle a déjà réussi à lancer des programmes cultes à la télévision camerounaise.

Management 14 Business Mai 2016

AFRICA

Le plus emblématique est le talk show K-tapult. Diffusé sur l’antenne de Canal 2 International, il a déjà accueilli de nombreuses célébrités nationales et internationales. Charlotte Dipanda, Lady Ponce, DJ Arafat En constituent quelques exemples. La cage des Lions, autre programme, connaît également une bonne réception auprès du public. La maison de production a aussi des reportages à succès, notamment « Escapades » et « Un jour ailleurs ». Les productions de Maraboo font déjà le bonheur des chaines de télévision locales à l’instar de Canal 2 international, CRTV et Equinoxe TV. Bien que le chemin soit encore long, la jeune entrepreneure qui ne manque jamais d’arracher un sourire avec son style mi-ly-

rique à son interlocuteur, continue de progresser vers son idéal. Avec l’arrivée de la télévision numérique au Cameroun, elle caresse déjà l’idée d’intégrer le métier de diffusion si une vraie économie structurée n’est pas construite autour des programmes TV. Sa détermination et son émotion restent toutes intactes. Dans son harem de Bonapriso, elle ne se considère pas comme le chef, mais comme l’animatrice d’une équipe dynamique qui ambitionne d’écrire l’histoire de ce nouveau métier en Afrique centrale. Loin des airs aujourd’hui, elle reste toutefois « on air » dans les chaînes TV, puis qu’elle-même anime certaines des productions, pour faire comme celui qui l’a poussée dans ce métier. Et là encore, elle excelle. Que vive la l’artiste !!!


Business Management 15 Mai 2016 AFRICA


In’entreprise Agence de cessions immobilières, Porteuse

de la modernisation de Bamako

Alors que de nombreuses capitales africaines éprouvent des difficultés à franchir le pas vers la modernité, l’entreprise publique continue de marquer de son empreinte le futur visage de la capitale malienne Par Lydie ABASSOMBE

L

e premier coup de feu de l’Agence de cessions immobilières (ACI), société anonyme d’économie mixte, née d’un partenariat entre l’Etat malien et la Banque mondiale en 1992, a été l’aménagement et la commercialisation des lotissements de Baco Djicoroni et de Kalaban Coura. Créée pour accompagner la modernisation de l’habitat et l’accès aux parcelles viables et aménagées, l’ACI s’est très vite trouvée une place dans l’urbanisation de Bamako et celle du Mali en général. De ses missions initiales qui étaient de vendre aux enchères les parcelles issues du morcellement des divers et futurs lotissements, puis du recouvrement des créances de ces types opérations, l’agence a accru sa mainmise sur presque toute la chaine de valeur. Aujourd’hui, elle aménage des terrains de toute nature et réalise la vente des parcelles viabilisées. L’ACI est surtout devenue un promoteur immobilier de tout premier plan : elle construit et commercialise des bâtiments de tout usage. Ses réalisations parlent d’elles mêmes sur sa place. Elle a aménagé 14 lotissements pour une superficie totale d’environ 1.128 hectares, soit 13.586 parcelles assainies. Coût global de la viabili-

Management 16 Business Mai 2016

AFRICA

sation : environ 50,5 milliards F cfa. L’espace déjà transformé par l’ACI comprend 130 kilomètres de voies aménagées, dont 63 kilomètres sont bitumés, 165 kilomètres de caniveaux de drainage des eaux pluviales, 87 kilomètres de réseau d’égouts pour l’évacuation des eaux usées, 191 kilomètres de canalisations d’eau potable, 12 bornes fontaines installées, 38 poteaux d’incendie installés, 48 kilomètres de lignes électriques moyenne tension -y compris 51 postes électriques de transformation MT/BT-, 152 km de lignes électriques basse tension, 172 kilomètres de lignes d’éclairage public équipées de 2.403 points lumineux. Les lotissements sortis de terre aujourd’hui permettent à des milliers de familles et des centaines de milliers d’habitants de jouir d’un environnement serein.

Équipements et habitat La construction d’équipements, qui constitue l’une des missions principales de l’ACI, a aussi connu du succès. L’agence a notamment construit la clôture d’un parc d’attraction et de loisirs, un lycée au quartier ACI 2000, le Musée du district de Bamako. Elle a en outre installé de feux tricolores au carrefour Place CAN -ACI 2000 et aménagé en espace vert le terre-plein de l’Avenue du Mali à ACI 2000. L’habitat, c’est aussi l’affaire de cette entreprise, dont le capital est détenu à 50 % par l’Etat malien et 49,8 % par la mairie de Bamako. Elle s’est fait remarquer avec la construction de 306 logements à Guarantiguibougou en 1995. En 2003, elle a construit 1085 logements sociaux à Yirimadio , dans la commune VI du dis-


In’entreprise trict de la capitale. Entre 2004 et 2009, 2588 logements ont été construits. Ils sont alloués aux couches les plus pauvres. Ainsi depuis plusieurs décennies, elle a réussi à construire une image

forte, ce d’autant que ses réalisations sont palpables. C’est ce qui lui permettra en 2014 de remporter « La palme du dynamisme » lors de la « Nuit de l’Excellence Malienne » des mains du

ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières et du Patrimoine. Ce dynamisme se justifie par le projet ambitieux que l’agence a mené à terme.

Une réalisation de l’ACI à Bamako

Cité ACI 2000 Pensé dans le cadre d’un vaste programme d’aménagement urbain, le projet de l’ACI 2000 intégrait une conurbation urbaine forte. Il va surtout afficher une intégration entre logements, centre commercial, bureaux, infrastructures diverses. Ainsi, l’ACI a réalisé en bordure de l’Avenue du Mali, un immeuble de 04 étages à usage commercial et administratif (surface des bureaux : 5.122 m² ; surface des commerces : 4.997 m² ; soit une surface totale des planchers égale à 9.119 m²). Elle a aussi construit 48 logements composés de 16 villas individuelles (rez-de-chaussée + 01 étage), de 02 immeubles collectifs ( rez-de-chaussée + 03 étages, comprenant chacun 16 appartements) et de 04 immeubles (en plateaux de rez-dechaussée + 03 étages). Seulement, le quartier ACI 2000, coin-

cé entre les collines de Lafiabougou, Hamdallaye et Baco-Adjicoroni et situé en plein centre de Bamako avec ses rues perpendiculaires, souffre de sa géographie et du profilage du système de drainage. Les eaux en grandes saisons pluvieuses charrient des charges de déchets qui créent de crues et des montées des eaux. Afin de maintenir inaltérée l’esthétique de ce cadre, des projets de transformation et de modernisation de cet espace se mettent en place. Notons ici l’échangeur multiple, le nouvel hôtel et surtout le vaste programme de mise aux normes d’1,5 milliard de Francs cfa. Il permettra la mise en service de 10 318 mètres de caniveaux, afin d’acheminer les eaux vers le fleuve Niger, la mise en place de l’éclairage électrique durable, notamment sur les tronçons Monument Eléphant -Lycée Prosper et deuxième

Rond Point Avenue Orange-Avenue du Mali. Ces travaux vont permettre à la cité ACI 2000 de bien porter tous les espoirs portés en elle. L’entreprise ACI, laquelle a ses bureaux dans l’une des tours du quartier qui porte son nom, a montré sa capacité à réaliser des projets d’envergure dans le secteur névralgique du développement urbain. Elle a surtout montré expertise dans un domaine où le continent africain montre des lacunes, accusant un grand retard sur les autres. Certes, cette société d’économie mixte - des opérateurs privés possèdent 0,2 % du capital - a connu une période trouble liée au changement de leadership à sa tête. Mais elle semble avoir désormais traversé ses tumultes. Désormais, elle est concentrée sur ses challenges.

Business Management 17 Mai 2016 AFRICA


In’entreprise Coris Bank, l’étalon de la finance Burkinabé à la conquête du continent

Moins de 10 ans après son lancement, l’ogre de la banque du pays des « Hommes intègres » affirme ses ambitions sur les marchés de l’UEMOA, tout en se préparant sereinement à affronter de plus grands aires. Par Hugues EBACKA

A

lors que le secteur bancaire en Afrique de l’Ouest est dominé principalement par les filiales des banques internationales et étrangères, voilà que depuis environ 05 ans, un nouvel acteur, qui jusque là était plutôt considéré comme un petit poucet, s’impose. Coris Bank International, la holding financière Ouagadougaise qui affiche une solidité financière et des performances économiques, impressionne. Total bilan, croissance du réseau, filiales, innovation, équilibres financiers, tous ces indicateurs de mesure des performances sont largués par l’odyssée de ce météore.

trouble avec de graves difficultés financières, le jeune investisseur Burkinabé, Idrissa Nana, va saisir l’opportunité en plein vol et y investir. En 2001, il acquiert la FIB.

Le parcours du groupe financier qui aujourd’hui révèle le talent managérial de la jeunesse Burkinabé n’a pas été rectiligne. Parti en 1986 avec un capital de 150 millions en F cfa (230 000 €) d’une activité de microcrédit sous le nom de Financière du Burkina (FIB), elle va au fil des années faire une mue extraordinaire, et comme une start up 2.0, s’accélérer. Alors qu’elle traverse une période

En 2002, le capital est porté à F cfa 500 millions. Le cap et la stratégie sont ainsi tous fixés. Le nouveau management souhaite ainsi repenser et formuler une autre approche de l’accompagnement financier aux petites et moyennes entreprises sur ce marché. Pendant sept ans, l’établissement financier

va connaître une restructuration et une modernisation. Ainsi, en décembre 2007, avec un capital social de 1,5 milliard F cfa et le partenariat technique de la Banque de Développement du Mali, CORIS Bank obtient l’agrément pour devenir une banque universelle. L’abnégation, la qualité des ressources humaines et la vision du serial entrepreneur à la base vont convaincre les gendarmes de l’UMEOA. En 2008, après plusieurs années de travail acharné, Coris Bank voit le jour.

Innovation permanente L’expérience de l’institution financière, qui est passée par la case PME avant de devenir un géant financier en zone UMEOA, sera d’un atout considérable. Maîtrisant les besoins de ces marchés, la banque a très vite perçu les problématiques

Management 18 Business Mai 2016

AFRICA

majeures de l’environnement. À partir de sa signature institutionnelle, « La Banque autrement », elle s’est positionnée comme une alternative crédible et efficace aux modèles classiques. Les résultats ne se feront pas attendre : augmenta-

tion rapide du volume de l’épargne collectée, croissance ultra rapide du nombre de clients. En décembre 2015, elle a fêté son deux cent millième client.. Au-delà de ces performances professionnelles, l’entreprise déve-


In’entreprise loppe une culture d’entreprise forte et hisse son savoir-faire et savoir-faire faire au niveau des standards internationaux. Cette dynamique se traduira par la certification de ses processus à l’ISO 9001 : 2008. Par ailleurs, la banque va s’encrer dans l’innovation et surtout la proximité. En quelques années, elle va développer un réseau local et international impressionnant de presqu’une centaine d’agences. Son écoute client est perceptible et s’illustre notamment par le développement d’offres spécifi-

ques à l’instar de l’« offre islamique ». Depuis avril 2016, la banque a ouvert une «fenêtre islamique » qui est un ensemble de solutions spécifiques conforme à la sharia et enveloppées sous quatre produits : Mourabaha, Moudaraba, Ijara, Wadja. En outre, l’action de Coris Bank dans l’accompagnement du développement des PME reste intacte. En février 2016, elle reçoit un financement de 04 milliards en F cfa de la société coopérative néerlandaise Oikocredit. Ces fonds

vont financer une vingtaine de petites et moyennes entreprises, coopératives et exploitants agricoles. La création d’environ 250 emplois directs constitue l’incidence immédiate de cette opération. Bien plus, l’institution bancaire de Ouagadoudou a signé une convention de financement d’un montant de 10 millions d’euros avec le Fonds de l’Opep pour le développement international (OFID). Ces fonds vont également servir aux PME et soutenir la croissance en Afrique de l’Ouest.

Vision internationale Numéro 02 bancaire au Burkina Faso, avec un total de bilan de 640 milliards F cfa (976 millions d’euros) au 31 décembre 2015, Coris Bank international s’est lancée depuis 04 ans dans une offensive sous-régionale. Déjà présent en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo, le groupe va ouvrir deux filiales au Bénin et au Sénégal au second semestre 2016. Afin d’apporter toujours plus prêt les services bancaires, la banque multiplie les agences en Afrique de l’Ouest. Elle en compte déjà 36 au Burkina Faso, 12 en Côte d’Ivoire, 05 au Mali et 04 au Togo. Bien que son entrée au Niger n’ait pas pu se faire, le fondateur du holding, Idrissa Nana, ne cache pas ses intentions. « Notre ambition est de renforcer notre capacité de prise en charge de notre clientèle à travers l’UEMOA avec une contribution évidente à la création d’emplois pour les jeunes dans nos pays d’implantation

reste intacte. Nous escomptons donc de meilleures performances chaque année », affirme-t-il. La marche de l’entreprise Burkinabé continue inlassablement. Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, son PDG réaffirme la vision de cet acteur devenu majeur et qui tape déjà aux portes de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan : « Nous voulons donner la preuve que la jeunesse africaine est capable de se

prendre en charge dans tous les segments de l’économie, et que la réussite dans une activité aussi pointue que la banque peut être aussi africaine et surtout originaire de notre espace, celle de l’UEMOA. » La banque s’appuie sur des équipes composées en majorité de compétences locales, avec une préférence pour les jeunes. La dynamique expansive et de renforcement stratégique n’est donc pas prête à s’arrêter.

Business Management 19 Mai 2016 AFRICA


Management 20 Business Mai 2016

AFRICA


Interview Henri LOTIN, « Le design numérique est bien Par Véronique Kesse plus qu’un atout de vente »

Q

u’une entreprise soit spécialisée dans le digital, cela n’est pas courant au Cameroun. Les annonceurs préfèrent encore largement la télévision, la presse écrite et la radio. La ruée des entreprises vers les sites web ne s’opère pas vraiment à la vitesse souhaitée. Mais Lotin Corp, fondé à Douala en 2008, par Henri Lotin, fils du célèbre artiste-musicien Eboa Lotin, a tenté le pari de la spécialisation. Avec le co-founder, nous nous baladons dans l’univers du numérique et du web. Entretien.

BUSINESS MANAGEMENT AFRICA : Comment êtes-vous arrivé dans le numérique ? Henri Lotin : Déjà, dès le départ c’était une nécessité. Ayant d’abord été client, nous avons été victime parfois du manque de professionnalisme de certains prestataires. Nous avons compris qu’il était très difficile de compter sur les gens, car tous n’ont pas forcément de conscience professionnelle comme en occident. Alors, il est facile d’arriver à des situations où un prestataire peut vous dire qu’il n’a pas le temps, bien que vous ayez un accord. Puis en 2010, une grande multinationale lance un pitch et nous sommes en concurrence sans le savoir avec une grosse. Notre proposition est validée et nous réalisons alors que nous avons quelque chose à apporter et surtout qu’un besoin réel existe. Nous étions plus axés « print » au départ, et c’est progressivement que nous intégrons la création des sites internet. D’abord en autodidacte, par la suite, comme professionnel après des études en Australie quelques années plus tard. Business Management Africa : Paleznous de Lotin Corp ? HL : Lotin Corp est un studio graphique basé à Douala. À la base, il avait pour vocation de pérenniser l’œuvre et la mémoire de l’artiste Eboa Lotin. Mais parce que l’entreprise a été sollicitée grâce à la qualité du travail produit, il y’a eu

Je veux que le maximum de camerounais en bénéficie parce qu’au lieu de se limiter à la critique, il est plus intéressant d’apporter des essais de solution aux problèmes posés.

des clients, principalement des entreprises qui payaient assez bien. Donc, il était difficile pour nous de dire non. On a décidé de se professionnaliser, de faire les choses correctement et cela nous a valu la reconnaissance. Nous avons comme clients : la succession Eboa Lotin, de nombreux clients nationaux et internationaux et des Startups. Aujourd’hui, en plus du design graphique, nous faisons du design et du développement web et nous exécutons des projets multimédias. En 2014, nous avons mis sur pieds un centre de formation professionnelle, « Lotin Corp Academy ». Business Management Africa : Qu’est ce qui vous permet d’avancer ? HL : Ma principale motivation c’est toujours de faire mieux, et, le fait de former démontre que je n’ai pas envie de garder mon « know how » pour moi. Je veux que le maximum de camerounais en bénéficie parce qu’au lieu de se limiter à la critique, il est plus intéressant d’apporter des essais de solutions aux problèmes qui se posent. Moi, je montre comment faire afin que, ceux qui sont désireux d’apprendre aient une plateforme où les connaissances et le savoir sont à leur portée. Business Management Africa : Comment avez-vous financé votre projet ? HL : À la base, c’est une entreprise familiale financée sur fonds propres. Nous avons eu le privilège d’avoir de bons retours du projet Collector Eboa Lotin, lequel a très bien marché. Par ailleurs, notre spécificité réside dans notre politique de prix. Nous pouvons travailler sur deux, voire trois projets sur l’année et nous en sortir. Donc, notre entreprise est orientée sur un positionnement de qualité au détriment de la quantité. On s’arrange à prendre les projets dont le rapport prix/temps est intéressant, mais surtout, nous recherchons le challenge. Dans notre écosystème, la confiance qui est accordée à un prestataire de service part le plus souvent de ses expériences passées. Plus elles sont grandes, plus il gagne en capital sympathie.

Business Management 21 Mai 2016 AFRICA


De nombreuses startups sont présentes dans votre secteur. Comment tirez-vous votre épingle du jeu ? HL : : Nous le faisons en étant le plus professionnel possible. C’est la raison pour laquelle je dis qu’il y a beaucoup de monde mais très peu de travail de qualité. Nous insistons sur le travail de qualité. C’est la qualité de notre travail qui nous permet d’être présents dans le peloton de tête. Beaucoup de gens ont toujours cru que nous étions une agence de communication, ce qui n’est pas vrai. Nous sommes un studio graphique qui travaille en collaboration avec des agences de communication sur un domaine précis. De même, nous acceptons aussi les très petites entreprises qui n’ont pas les moyens de payer le conseil en communication d’une grosse agence. Cette démarche peut partir d’un montant très faible pour un résultant à peu près équivalent à celui d’une agence à proprement parler. Pour nous, la concurrence est une bonne chose, elle donne le choix au client de se définir lui-même. Il est toujours important pour ce dernier de savoir qu’il a le

Management 22 Business Mai 2016

AFRICA

choix de travailler avec nous ou avec les autres. Nous sommes Lotin Corp et notre devise est « tout est dans le sens du détail ». Quand on prend une commande, on anticipe sur ses moindres développements, quelle que soit la plateforme, laquelle peut être « print », web ou digitale. Nous avons notre approche qui met le client, « les clients du client » et ses prospects au centre du processus de résolution du problème de communication posé. Et c’est de cette façon que nous arrivons à nous démarquer. Business Management Africa : Pourquoi une entreprise doit-elle s’orienter vers le numérique ou le digital ? Pourquoi avoir un site internet ? HL : Déjà, nous savons tous que, pour tout entrepreneur, la rentabilité des capitaux investis est son leimotiv. C’est la raison pour laquelle nous conseillons un site web, plutôt qu’une brochure à nos clients. Prenons l’exemple d’une brochure, vous l’imprimez en 1000 exemplaires et la distribuez à 1000 personnes dans une sphère géographique bien


Interview déterminée. Vous l’avez produite à 2000 F cfa l’exemplaire. Donc, pour 1000 exemplaires, vous êtes à 2 000 000 F cfa juste pour les frais d’impression, une somme qui ne prend pas en compte la conception qui représente une autre facture. Tandis que, pour un budget compris entre 750 000 F cfa et 1 000 000 F cfa, en fonction de la complexité de la solution, vous avez un site web qui sera vu partout dans le monde. Le coût de distribution est zéro. Vous n’aurez qu’à payer un hébergement web renouvelable chaque année et un nom de domaine. À chaque fois qu’il y aura une mise à jour à faire, vous n’aurez pas à refaire le document, les films d’impression, repartir à l’imprimerie, etc. Au niveau économique, le numérique est un avantage, en termes d’investissement sur la communication. En plus, le web est beaucoup plus ouvert qu’une brochure qui elle, est destinée à une audience très limitée. En fait, un site internet est généralement le premier contact que le client a avec la marque. Aujourd’hui avec le taux de pénétration des appareils connectés qui s’envolent de jour en jour, tout le monde peut avoir accès à vos informations en un clic. Sachant que le digital ne se limite pas qu’aux médias sociaux, le site internet devient donc la plaque tournante de la stratégie digitale d’une entreprise. L’objectif est de créer plus d’engagement consommateur envers votre marque. Business Management Africa : Comment rendre un site attractif, efficace ? HL : Henri Lotin : Tout part des premiers stades de développement. Selon le design centré utilisateur, de Donald Norman, nous mettons l’utilisateur au centre du process. Nous insistons beaucoup sur « l’expérience utilisateur », c’est-à-dire que nous insistons sur la manière dont réagissent les utilisateurs quand ils arrivent devant votre interface. Généralement, les internautes n’aiment pas réfléchir. Quand vous cachez les informations et qu’ils ont du mal à les trouver, même si vous avez les plus belles couleurs, le plus beau design, ils diront que votre site est mauvais. D’après des études faites, on s’est rendu compte que l’expérience en elle-même commence à faire partie du capital marque. Donc, une « bonne expérience utilisateur » sur un site web permet déjà de le rendre attractif. Mais maintenant, si le site existe, il suffit d’avoir un produit dont

ils ont besoin et tout est parti. Ainsi, à partir du fait que vous commencez à répondre à un besoin, les gens qui ont ce problème vont vous trouver. De même, site votre site web est mal référencé, des gens passeront à côté car, la stratégie de référencement aurait été mal élaborée. Conscient du fait que ce secteur du digital est tout nouveau dans notre écosystème, notre entreprise conseille toujours à nos clients d’appuyer cela avec une campagne de communication traditionnelle en rendant identifiable leur site web ou alors, en lui dédiant entièrement un mur dans leurs installations (bureaux, boutique…), un écriteau renvoyant directement à leur site web, en rendant disponible un hot spot en terme de wifi, etc. Une fois que votre site internet sera visité et que Google le trouvera pertinent, vous serez mieux positionné et gagnerez en visibilité. Business Management Africa : Pourquoi vous et pas les reste du monde ? HL : Nous ne faisons pas de l’outbound. Très peu de gens sont surpris qu’il y ait un studio comme le nôtre qui produit cette qualité de travail localement parce qu’on ne fait pas de promotion. Nous sommes dans le marketing inbound. On laisse les clients venir à nous. Au départ, nous avons participé à des appels d’offres avec pas mal de succès. Maintenant, quand un client nous pose la question de savoir pourquoi il doit travailler avec nous plutôt qu’avec un autre, nous lui posons une question : Pourquoi est-ce que nous devrions accepter votre projet ? Quel est l’intérêt pour nous de l’accepter ? Parce que généralement, les personnes qui rendent service ont l’impression qu’ils ont besoin des clients. Cependant, ce sont des besoins réciproques. En plus, même si cela fait prétentieux, nous sommes les seuls (sinon les rares) à garantir un retour sur investissement à nos clients (ROI). On ne dira pas en combien de temps au pif, car il faudrait qu’en amont, nous ayons eu accès aux données marketing afin de définir le temps que prendra ce retour. Ensuite, nous travaillons selon les normes les plus élevées en fonction du standard dans lequel il nous mettrait. Voilà pourquoi vous pouvez choisir Lotin Corp. Business Management Africa : Votre entreprise en un adjectif ? HL : Compétente !

BIO EXPRESS 1983 Naissance

06 octobre 1997 Décès de son père (Eboa Lotin)

Parcours académique : - BTS en comptabilité et gestion des entreprises - Cursus de l’expertise comptable non achevé - Formation autodidacte en graphisme - Perfectionnement en webdesign en Australie - Cursus du design d’intégration à l’université de San Diego (USA)

2008 Création de Lotin Corp à Douala (Cameroun)

2014 Création de Lotin Corp Academy à Douala (Cameroun)

Business Management 23 Mai 2016 AFRICA


Management


Management Sciences et technologies,

Fondation d’une croissance inclusive pour le continent

Ces deux domaines, qui signifient « recherche » et « innovation permanente », bien promus et surtout financés, permettront d’accélérer la marche vers ce futur radieux que les experts de la planète prédisent à l’Afrique. Par Landry Pany NANKAP

De nombreuses innovations conçues dans les milieux académiques et de recherche ont permis à plusieurs Etats de bâtir une économie solide. Marc Zukerberg et trois de ses camarades conçoivent le très connu réseau social « facebook », alors qu’ils sont encore à l’université de Harvard. L’entreprise qui porte ce produit a annoncé, le 28 avril 2016, un bénéfice net de 1.51 milliard de dollars US en bourse.

L

e continent de l’avenir. Le marché de demain. De nombreux économistes de la planète utilisent ces termes pour décrire le continent africain. Avec le taux de croissance du produit intérieur brut le plus élevé au monde (5% en moyenne par an depuis 10 ans) et une démographie qui représentera d’ici 2050 le quart de la population mondiale, ils affirment que l’économie africaine sera la locomotive de l’économie mondiale pendant au moins les deux prochaines décennies. L’on remarque

d’ailleurs que cette partie géographique du monde est devenue une terre de conquête pour les multinationales dans plusieurs secteurs. En s’implantant maintenant, elles occupent le terrain, en préparation des lendemains glorieux prédits ici et là. Cependant, cette prospérité ne verra le jour sur l’ensemble du continent que si les Etats changent le cap de leurs politiques économiques. L’agriculture de base et l’extraction des richesses du sous-sol ne peuvent plus constituer le cheval de base des économies afri-

caines. Elles ont montré leur incapacité à porter une croissance durable et inclusive pour l’ensemble des populations. Pour permettre à leurs pays respectifs d’atteindre le cap souhaité, les différents gouvernements devront commencer par adopter une politique de recherche scientifique très offensive. L’épistémologue Jacques Chatue souhaite même qu’on assiste à ce qu’il appelle « les états généraux de la science en Afrique ». C’est que, les innovations dans le monde, quel que soit le domaine, sont d’abord le fruit de la recherche dans les laboratoires universitaires et des instituts de recherche, indépendants ou non. De nombreuses innovations conçues dans les milieux académiques et de recherche ont permis à plusieurs Etats de bâtir une économie solide. Marc Zukerberg et trois de ses camarades conçoivent le très connu réseau social « facebook », alors

qu’ils sont encore à l’université de Harvard. L’entreprise qui porte ce produit a annoncé, le 28 avril 2016, un bénéfice net de 1.51 milliard de dollars US en bourse. De quoi donner des vertiges aux startuppeurs africains qui savent qu’ils ont le potentiel pour performer autant. Seule différence avec leurs homologues d’ailleurs : le financement des idées dans les académies. Le Cameroun peut dire qu’il a, à travers l’inventeur du Cardiopad, Arthur Zang, son « zukerberg ». L’ingénieur de 28 ans élabore son invention, pendant qu’il est encore étudiant à l’École nationale supérieure polytechnique de l’Université de Yaoundé I. Alors qu’on se serait attendu à voir ce dernier encaisser des milliards de l’Etat et des investisseurs privés de son pays pour le pousser vers une installation complète de ses usines à « la maison », on s’aperçoit qu’il est « mollement soutenu ».

Business Management 25 Mai 2016 AFRICA


Management Initiatives sans soutien Un compatriote d’Arthur Zang, Théodore Lejuste Abobda, envisage de marcher sur ses pas. Le 24 avril 2015, il soutient une thèse de doctorat en physique à l’Université de Yaoundé I. Son travail, reçu à l’unanimité des membres du jury avec la mention « Très honorable », crée le cœur artificiel le plus performant au monde. A la différence de ce qui existe sur le marché, son produit s’adapte aux émotions humaines. Cependant, pour passer à la phase de fabrication et de test sur des sujets, le jeune chercheur de 30 ans a besoin que les industriels et le gouvernement de son pays l’appuient. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Or, l’on sait bien qu’en poussant cette initiative jusqu’au bout, le Cameroun s’enrichirait d’une industrie qui ferait des envieux. Ces exemples suffisent à montrer que le continent ne se donne pas suffisamment les moyens en vue de l’atteinte de ce que ses leaders appellent « l’émergence ».

Une politique volontariste de la science débouchera à terme sur la transformation des produits du sol et du sous-sol. D’abord, parce que bien financées, les académies produiront des innovations technologiques et des ressources humaines aux compétences pointues. Management 26 Business Mai 2016

AFRICA

Une politique volontariste de la science débouchera à terme sur la transformation des produits du sol et du soussol. D’abord, parce que bien financées, les académies produiront des innovations technologiques et des ressources humaines aux compétences pointues. Précisément, sur le point des RH, l’Afrique a la fâcheuse tendance de laisser partir ses cerveaux ailleurs, et de se contenter de confier le fleuron de ce qui existe comme industrie, aux européens, américains et asiatiques. Or, les économistes ne cessent de le répéter : sans industrie, pas

de croissance durable et inclusive. C’est cette option qui fera en sorte que ces Etats cessent d’être de simples comptoirs de brocante importée d’Europe et d’Asie. Heureusement, certains pays, à l’instar du Nigéria et de l’Afrique du Sud, montrent la voie. L’économie numérique est une piste sérieuse pour la croissance des économies africaines. Les technologies de l’information et de la communication occupent déjà le devant de la scène à l’échelle mondiale. C’est partir pour durer. Des jeunes du continent, formés dans les académies classiques ou sur le tas, ont d’ores et déjà mis en place de nombreuses startups dans ce secteur. Mais la vitesse de croisière n’est pas encore atteinte. Dans le domaine, il apparaît urgent de doter une large frange de la jeunesse africaine de compétences de haut vol, pour lui permettre de saisir toutes les opportunités liées – par exemple – à internet. L’investissement dans la formation est le prix à payer. Les spécialistes parlent d’une contribution de cette nouvelle économie de l’ordre de 300 milliards de dollars US au PIB annuel de l’Afrique, d’ici à 2025. Les smartphones, d’ici à là, vont opérer une forte pénétration, envahissant également les zones rurales. Il y aura 900 millions de pièces en circulation dans 05 ans. Cela va multiplier la gamme de consommateurs à qui sont adressés des services en ligne, promus par des startups. Ces derniers, petites entreprises à fort potentiel de croissance, constitueront un vrai pôle de croissance.


Management Premières réussites Les startups africaines de l’économie numérique inventent d’ores et déjà des solutions pour résoudre les problèmes d’ordre social, sanitaire, agricole, etc. Ces jeunes créateurs de pistes nouvelles ont réussi le pari de faire doubler les capitaux investis dans leurs entreprises. Globalement, l’on est passé de 12 millions à 26,9 millions de dollars US selon la société VC4 Africa. Cette croissance s’explique par l’augmentation des fonds placés en moyenne dans chaque structure. L’on est passé de 130 000 dollars US en 2013 à 200 000 dollars US en 2014. Ceci apparaît certainement comme le produit de l’action des incubateurs, lesquels poussent comme des champignons sur le continent. Il faut y ajouter les « hackatons », compétitions créatives financées par de multiples acteurs. Ceux-ci ont pour objectif d’attirer les talents et de faire surgir des idées d’applications numériques et de services nouveaux. Ces

compétitions

qui permettent aux jeunes du continent africain d’éprouver leurs intelligences « numériques » sont à saluer. Evoquons quelques exemples. Il y a la Nasa Space Apps Challenge, organisée par la Nasa (National Aeronautics and Space Administration). Un événement porté par la startup n’Hub. La 4ème édition a eu lieu du 22 au 24 avril 2016 à Jos (Nord du Nigéria). Ce sont plus d’un millier de projets venant d’une centaine de pays qui s’affrontent chaque année depuis le début de la création de ce rendez-vous. Des initiatives comme celle-ci ont permis de mettre au devant de la scène des petites entités scientifiques et technologiques, à l’instar de l’ONG Béninoise Africa Rice. Cette dernière a lancé le 07 avril 2016 Rice Advice, une tablette disposant d’une application visant à aider les agriculteurs dans la culture du riz. Le gouvernement kenyan a décidé de faire pousser du sol Konza City, aussi appelée « Silicon Savannah ». Située à 60 kilomètres de la capitale Nairobi, cette ville 100% numérique devra accueillir des startups, des investisseurs et des chercheurs dans l’optique de créer près de 20 000 emplois d’ici 2017. Dans la même lancée, les « startups weekend » se multiplient également. Ces manifestations permettent aux participants ayant des profils différents de se rencontrer, former des équipes et travailler sur des projets de création d’entreprises, lesquels seront ensuite présentés devant un jury de professionnels. D’autres actions de ce genre ont cours sur le continent. Les pays qui tardent donc à investir des moyens dans la formation des ressources humaines et l’encadrement des startups, en vue d’un épanouissement de leur économie numérique, doivent prendre le train en marche.

Les startups africaines de l’économie numérique inventent d’ores et déjà des solutions pour résoudre les problèmes d’ordre social, sanitaire, agricole, etc. Ces jeunes créateurs de pistes nouvelles ont réussi le pari de faire doubler les capitaux investis dans leurs entreprises. Globalement, l’on est passé de 12 millions à 26,9 millions de dollars US selon la société VC4 Africa.

Business Management 27 Mai 2016 AFRICA



Tendances Vestimentaire, se doter d’une belle garde-robe à petit budget Pour des raisons de bas salaires ou d’accumulation des charges, de nombreux travailleurs africains ont du mal à se vêtir convenablement. Pourtant, ils peuvent avoir fière allure avec ce qu’ils gagnent. Une simple question de management. Par Marie Thérèse BITIND

B

eaucoup d’africains, qu’ils soient employés en entreprise ou à la fonction publique, éprouvent d’importantes difficultés à bien s’habiller. C’est que, les salaires tardent encore à connaître des hausses vertigineuses, alors même que le coût de la vie augmente rapidement. Le style vestimentaire ne constitue donc pas une priorité pour la majorité. Il semble pourtant possible de se vêtir à petit budget. Il y a des astuces qui peuvent permettre d’obtenir une garde-robe attrayante, composée de basiques solides et indémodables. Objectif : gagner en énergie, temps et argent. Le résultat est une armoire propre et bien rangée, où les vêtements sont facilement accessibles. Une garde-robe réduite, mais efficace et durable, qui exprime votre personnalité à travers un style unique et solide. Chaque tenue suit un fil conducteur. Pour rappel, comme nous ne portons que 20% de notre garde-robe, et ce 80% du temps, le reste (80% de nos vêtements) n’est pas exposé à la lumière du jour. Il est donc question de faire d’abord un tri. Il faut ressortir les 20% de vêtements utiles et se séparer de ce qui doit être délaissé, remplacé, ou réparé. L’exercice vous donnera une vision claire de ce que vous portez régulièrement et surtout des basiques qu’il vous restera à vous y doter. Une telle démarche n’est pas insignifiante et facile à mener, car il est difficile de se séparer de ses vêtements. On y est attaché émotionnellement.

Se séparer de l’inconfortable Il faut être capable de trancher. Si un vêtement ne vous met pas en valeur, alors il ne mérite pas l’affection que vous lui portez. Car, il n’amène rien en retour à votre image et ne vous met pas en valeur. Il faut donc être strict et vous aurez un résultat concret et durable dans la construction de votre style personnel. Avant de procéder aux étapes du tri de votre garde-robe, assurez-vous d’avoir un miroir et une tenue commode pour

essayer facilement vos vêtements. N’oubliez pas de préparer un grand panier pour y mettre les pièces que vous ne gardez pas. Suivez attentivement ce guide : ● Commencez par vider entièrement votre armoire et dispersez vos vêtements dans la chambre. Si cela n’est pas déjà fait, séparez votre garde-robe par saison : celle de saison sèche et celle de la saison pluvieuse. Ne vous concentrez que sur une sai-

son seulement pour un début. Mettez l’autre de côté, vous vous en occuperez le temps venu. ● Triez vos vêtements selon votre physique. Essayez chacun d’eux et portez un regard objectif sur vousmême. Concentrez-vous sur la taille, la coupe, et la couleur. Gardez uniquement les vêtements adaptés à votre silhouette et qui vous mettent vraiment en valeur. Cette étape requiert une bonne connaissance de

Business Management 29 Mai 2016 AFRICA


Tendances votre morphologie et vos couleurs optimales. Soyez droit avec vous-même et mettez dans le sac tout ce qui ne vous valorise pas.

Personnalité vestimentaire dans ses vêtements et avec sa propre image, avoir confiance en soi, c’est ça qui rend sexy! Il faut donc bien se connaître afin de procéder à l’achat des vêtements qui collent vraiment à votre personnalité et qui correspondent à votre aisance personnelle et sociale.

● Délaissez tout ce qui vous rend «ordinaire». Concentrez-vous maintenant sur la qualité des vêtements qui restent. Je vous rappelle que le but de cette démarche est de constituer une base solide et de qualité. Alors, soyez intransigeant sur la marchandise : abandonnez toutes les pièces usées, contrefaites et percées. Portez une attention particulière aux matières. En effet, certaines textures vieillissent vite. Mettez dans le sac également toutes les couleurs délavées, trop flashy, et les imprimés et logos de marque pas très flatteurs... ● Considérez vos goûts maintenant. Séparez-vous de tout ce que vous n’aimez plus et de tout ce qui ne vous correspond plus! Ne gardez que les vêtements dans lesquels vous vous sentez vraiment vousmême, ceux qui s’alignent sur votre personnalité et vos goûts actuels. ● Abandonnez ce qui n’a pas été porté depuis un an. Il est peu probable que vous mettiez un vêtement que vous n’avez pas enfilé pendant douze mois. Hop, dans le sac! N’oubliez pas de garder quelques vieux vêtements pratiques pour nettoyer ou cultiver, avant de fermer le sac, et d’offrir les rejets à une communauté. Vous avez maintenant terminé le tri de votre garde-robe. Il ne devrait plus rester beaucoup de vêtements dans votre chambre. Il est donc temps de passer à la partie la plus intéressante et importante de cet aspect. Rassemblez vos vêtements et composez quelques tenues avec. Prenez du recul et observez l’ensemble : ce qui se présente sous vos yeux à ce momentlà... C’est votre image! C’est la manière dont les gens vous voient! Qu’en pensezvous? Est-ce que cela reflète vraiment qui vous êtes? Ou qui vous aimeriez être ? Est-ce que cette image prévoit le message que vous voulez que l’on comprenne de vous? Comment aimeriez-vous que les gens vous perçoivent? Ces quelques questions fondamentales ne sont que le début du processus de développement de l’image personnelle.

Management 30 Business Mai 2016

AFRICA

La phase suivante consiste à développer votre style personnel. Le plus important dans ce processus est de savoir où l’on veut aller, vers quoi, quelle image de soi, l’on veut se diriger. Avoir son propre style est la résultante d’une bonne connaissance de soi. Vous devez passer par cette problématique et cette prise de conscience avant de dépenser dans des vêtements que vous peinerez à assumer. Par exemple, il arrive souvent de voir dans la rue de magnifiques femmes habillées sexy, mais qui malheureusement ne se sentent pas du tout à l’aise dans leur mini jupe ou dans leurs haut-talons : l’effet sexy retombe alors comme un tendu! «Être sexy» n’est pas une affaire de perfection physique, mais de zone de confort, de souplesse personnelle. Il en va du rapport que l’on entretient avec soi-même et avec les autres. Se sentir 100% à l’aise

Enfin, nous vous conseillons, jeunes travailleurs, d’élaborer une liste des basiques qui vous manquent. Maintenant, appliquez les principes du « shopping accompagné ». Cela commence par l’identification des pièces manquantes à votre garde-robe. Priorisez vos achats en conséquence. Plus question de faire du shopping à tout va et sans réfléchir. Le but ici n’est pas de racheter une garde-robe complète, véritable catastrophe pour votre budget, mais au contraire d’économiser en utilisant ce que vous possédez déjà. Faites durer votre garde-robe le plus longtemps possible en investissant dans les pièces qui manquent. Vous pourrez ainsi démultiplier les possibilités de tenues à partir de ce que vous possédez déjà. En définitive, faites en sorte que vos achats aient un guide (style, couleurs, etc.) afin de pouvoir les ordonner entre eux et ainsi obtenir un style agréable et convenable. Une fois les fondements de votre garde-robe posés, alors vous saurez vous permettre des pièces plus originales pour être toujours dans l’air du temps! Accessoirisez vos tenues pour créer votre propre signature. Attention, chaque accessoire doit coller au style global de vos tenues : tout ce que vous trouvez «beau» ne correspond pas nécessairement à votre style! Enfin, avancez doucement! Ne sautez pas les étapes de ce guide! Améliorer son image est un processus qui prend du temps et qui se construit petit à petit, dans la durée. Ce n’est pas toujours facile de maintenir ses nouvelles habitudes sur le long terme. Mais votre persévérance payera. Habituez-vous désormais à bien ranger votre armoire.


Focus auto Cette page vous est offerte par Renault

L’habitacle en cuir, un prestige qu’il faut manager si on souhaite mieux le préserver dans sa voiture

La maintenance de l’habillage intérieur d’un véhicule fait de cette matière est tout un art. Nous vous plongeons dans cet univers de spécialistes, tout en vous suggérant quelques astuces.

Bien être, bonheur, sentiment d’accomplissement. Voilà certainement la sensation que les managers ont lorsqu’ils s’imaginent au volant de leurs véhicules. Ils désirent un habitacle ergonomique et coloré qui arrachera chez leurs co-voituriers l’effet « waouh !!!! ». L’objectif ici est de mieux vendre leur personnalité. Pour atteindre cet idéal, ils vous diront que rien ne vaut un intérieur en cuir, bien entretenu et qui, malgré le temps, reste totalement uniforme aux couleurs du reste de l’habitacle. On le sait tous, le cuir est un matériau qui caractérise la noblesse du propriétaire. Mais le besoin de reconnaissance nous aveugle et empêche bien des fois de faire la différence entre le vrai et le faux des articles en cette matière. Le premier guide lorsque l’on se met à la recherche d’une habitabilité en cuir, c’est forcément le grain de cuir qui en est l’aspect visuel. Il est important de pouvoir à vu d’œil déterminer les caractéristiques de celuici. Il peut être large ou petit, régulier ou irrégulier. Plus le grain est fin, plus votre cuir est lisse.

L

Typologie

a liste des différents types de cuir, matière issue de peaux de bêtes (buffle, caprin, cheval, etc.) est loin d’être exhaustive. Les constructeurs automobiles se concentrent le plus souvent sur le look et l’aspect final. Ceux-ci se déclinent en trois. S’agissant du cuir naturel, on peut avoir : le cuir à finition aniline, le cuir à finition semi-aniline, le cuir à finition pigmentée. Le maroquin, le cuir de Russie, le nubuck et le daim sont autant de types de cuir naturel que nous côtoyons au quotidien. Grâce à leurs finitions, ces cuirs peuvent être très souples et flexibles. Ils résistent aussi facilement aux torsions et leur durabilité n’est plus à démontrer. Cette matière, quand elle est naturelle, est aussi reconnue pour sa douceur et son odeur qui lui sont caractéristiques. Aux côtés de cette matière naturelle à source animale, l’on trouvera le similicuir à source industrielle. Lorsqu’il est bien traité, il peut se confondre au cuir naturel. Il est cependant sans aucune odeur. Il est parfois autant résistant aux tâches que le cuir naturel. Mais il ne sera jamais aussi doux et souple que le naturel, lequel a une finesse et une sensation d’agréable au toucher qui lui est propre. Fabriqué à l’aide de skaï (matière plastique) et de latex (matière végétale), le similicuir est, la plupart du temps, rigide et cassant lorsqu’il est de piètre qualité.

Business Management 31 Mai 2016 AFRICA


Focus auto

Maintenance Le cuir se veut une matière vivante, laquelle a pour indicateurs de bonne santé sur la durée, sa souplesse et son manque de rides. Certains diront qu’il résiste aux intempéries. C’est vrai. Mais le temps finit par le détériorer si on n’en prend pas soin. Sous les effets très agressifs de la pollution, la saleté, la transpiration, les rayons UV, votre cuir perdra progressivement de son éclat, ses fibres deviendront moins en moins flexibles et de plus en plus arides. Si rien n’est fait, cette situation peut aller jusqu’à émietter totalement la matière. La première chose à faire est de garder son habitacle loin de l’humidité, de la lumière du soleil. Il

Management 32 Business Mai 2016

AFRICA

faut surtout éviter de le couvrir avec de la matière plastique. Cependant, le vrai secret d’une habitabilité en cuir qui rayonne sur la durée, c’est de le nourrir au moins deux fois par an. Les produits à utiliser pour le nourrir doivent être faits à base d’huiles naturelles et sans produits synthétiques, avec potentiel d’hydrogénite neutre. L’objectif ici est que ses pores soient nettoyés en profondeur. Il est bon de se faire aider par un applicateur en microfibre ou un chiffon en microfibre propre. Il faut l’imbiber avec de l’eau tiède avant d’y pulvériser le produit. Nous conseillons de frotter ensuite très délicatement la matière. Vous aurez alors l’impression que

le produit mousse très légèrement comme du savon. Enfin, vous pouvez procéder au rinçage pour éliminer les résidus. Pour un entretien de votre cuir, nous vous déconseillons les produits chimiques et synthétiques. Vous éviterez également les produits d’entretien domestique (savons, détergents, etc.). Il serait encore mieux pour vous de ne pas laisser votre cuir se salir. Pour cela, il suffit d’enlever la saleté rapidement, avant qu’elle n’infiltre les pores et ne les entache sérieusement. Retrouvez plus d’informations sur notre site : www.businessmanagementafrica.com.



Espace conseils Financements, les enjeux et la pertinence d’une augmentation de capital d’une société Chaque jour, de nombreuses entreprises font des augmentations de capital ou des régulateurs dans certaines industries ordonnent ces opérations. Il serait bon de savoir leur rôle et surtout les mécanismes qui permettent d’y arriver. Par Hugues EBACKA

Le capital d’une société représente le montant des apports des associés ou des actionnaires. Le capital initial peut parfois s’avérer inadapté et ainsi faire l’objet d’une augmentation, soit par l’émission de nouveaux droits sociaux, soit par revue à la hausse de la valeur des droits sociaux existants.

L

’augmentation du capital social va assurer une augmentation des garanties pour les créanciers. Elle sera ainsi rassurante pour les ceux d’entre eux qui, en cas de faillite de l’entreprise, auront davantage de chance d’être remboursés. En cas d’apport de nouveaux fonds (apports en numéraire), la solvabilité de l’entreprise, à savoir sa capacité à rembourser ses dettes, est augmentée. Les banques seront alors moins réticentes à accorder de nouveaux prêts à l’entreprise. Les fonds ainsi

apportés vont servir à financer de nouveaux projets d’investissements. Par une augmentation de capital, l’entreprise peut acquérir des ressources lui permettant de poursuivre son développement par la possibilité de financer de nouveaux projets. Elle va permettre une meilleure notation, en ce sens que l’augmentation des fonds propres renforce la solidité financière de l’entreprise et donc sa solvabilité. Les agences de notations attachent beaucoup d’importance à ce critère. L’augmentation de capital est donc un moyen pour

l’entreprise de stabiliser sa note ou de l’augmenter. Ainsi, la société pourra à terme se financer avec des taux d’emprunts plus bas sur les marchés. De même, lorsque l’entreprise est trop endettée, elle peut décider de réaliser une augmentation de capital. Ce mécanisme lui permettra de rembourser une partie de ses emprunts. Les intérêts de la dette vont donc diminuer et sa flexibilité financière en sera accrue. En cas de crise économique et financière, certaines entreprises n’ont d’autres choix que de se re-

capitaliser si elles ne veulent pas disparaître. La recapitalisation par augmentation de capital lui permet alors de couvrir ses pertes. Enfin, augmenter le capital de l’entreprise est également un moyen d’accroître sa trésorerie. L’entreprise peut en effet vouloir racheter ses concurrents ou mieux maîtriser ses coûts de production en achetant ses fournisseurs ou ses distributeurs. Pour cela, elle a besoin d’énormément de cash et l’augmentation de capital est un bon moyen pour en disposer.

Les risques Plusieurs Il existe tout d’abord un risque de dilution du capital. Si l’ancien actionnaire de l’entreprise ne souscrit pas à l’augmentation de capital, il verra non seulement une dilution de ses droits aux dividendes, mais également de ses droits de vote. Cela s’explique mécaniquement par l’augmentation du nombre d’actions. Pour les plus gros actionnaires, cela peut également se traduire par une possible perte d’influence sur les décisions stratégiques de l’entreprise. Il est plus coûteux pour une entreprise de se financer par

Management 34 Business Mai 2016

AFRICA

les marchés boursiers que par un emprunt bancaire. En effet, sur les marchés, les actionnaires demandent une rentabilité plus importante que le coût d’un emprunt. Le risque est alors celui d’une augmentation du coût moyen pondéré du capital. Toutefois, l’entreprise ne peut pas avoir un ratio d’endettement trop important et les marchés sont donc sa seule solution pour obtenir de nouveaux capitaux. Du fait de l’émission d’actions nouvelles, le rendement par action va diminuer, entraînant une baisse du cours de bourse. Les in-

vestisseurs vont être plus réticents à investir dans la société. Les anciens actionnaires vont pour certains d’entre eux vendre leurs actions, les perspectives de gains à court terme étant réduites. Les futurs investissements de l’entreprise ne porteront leurs fruits (si les projets sont rentables) que sur le long terme. De ce fait, le cours de bourse va donc diminuer à court terme. Il existe enfin un risque de non-souscription. Ainsi, si la communication de l’entreprise a été mauvaise sur les dernières années ou si les raisons de l’augmentation de

capital sont jugées mauvaises par les investisseurs, il y a un risque que les nouvelles actions émises ne soient pas souscrites. La souscription va donc traduire de la confiance des investisseurs envers l’entreprise. Ainsi, si vous avez l’intention de procéder à une augmentation de capital ou une restructuration de capital, faites vous conseiller par un avocat compétent afin que l’opération ne soit pas considérée comme un abus de droit vis-à-vis de vos actionnaires minoritaires.


Decouverte Numérique, des applications qui vont changer la vie de l’Afrique La bataille est lancée au niveau des plateformes de téléchargement des applications. Autrefois consommatrice, l’Afrique est devenue un centre d’excellence. Des dizaines développées localement sont destinées à changer la vie des populations du continent. Nous ouvrons ici un espace qui permettra, le temps de la parution de plusieurs numéros de votre magazine, de les découvrir. Par Hindrich ASSONGO

● M-Pedigree : l’arme contre les médicaments contrefaits Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les médicaments contrefaits sont la cause de quelque 100 000 décès par an en Afrique. Alors que l’accès aux médicaments est déjà difficile, le foisonnement de faux produits pharmaceutiques vient compliquer davantage la situation sanitaire sur le continent. Combattre la contrefaçon en Afrique est devenu un véritable enjeu de santé publique. Afin d’éviter aux populations de continuer de dépenser leur argent pour rien, le ghanéen Bright Simons a mis sur pied l’application M-Pedigree en 2005. En 2007, il l’a officiellement lancée. C’est une solution mobile qui permet l’authentification des médicaments. Elle fédère les principaux opérateurs africains de téléphonie mobile, les industries pharmaceutiques et les instances gouvernementales de santé. Les populations n’ont qu’à envoyer

gratuitement le code inscrit sur le médicament qu’elles veulent acheter par SMS. La requête est acheminée vers les serveurs de M-Pedigree, qui vérifient l’information auprès des industries pharmaceutiques, puis renvoie rapidement une réponse aux

consommateurs. Le projet M-Pedigree a été testé pour la première fois au Ghana en janvier 2008. Lauréat du 4ème Forum Net Explorateur 2011, il est actuellement en cours de déploiement dans d’autres

pays, à l’instar du Niger, de la Tanzanie, du Kenya, du Nigeria et de l’Ouganda. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.mpedigree.net .

● M-Farm : des infos utiles et de qualité pour les agriculteurs Comparés aux agriculteurs européens et américains, à la pointe de la technologie agricole, les paysans kenyans font pâle figure. Leur activité, plusieurs la pratiquent encore à l’aveuglette. En guise de conséquence, leurs récoltes ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. Consciente de l’impact qu’une mauvaise production peut avoir sur la sécurité financière des travailleurs de ce sec-

teur, et même sur la sécurité alimentaire du pays, l’entreprise agricole M-Farm Ltd, fondée par les kenyanes Jamila Abass, Susan Eve Oguya et Linda Kwamboka, a lancé une application mobile et web. Celle-ci porte le même nom que la société. Elle donne la possibilité aux agriculteurs d’avoir accès, en temps réel, à un certain nombre d’informations relatives à la météo, au prix de vente en détail de leurs produits, aux potentiels acheteurs, aux lieux où acheter leurs

Business Management 35 Mai 2016 AFRICA


Découverte Ça bouge chez les managers Le nouveau directeur général de la Commercial Bank Cameroon (CBC) s’appelle Léandre Djumno. Cet ancien de la Commission bancaire d’Afrique centrale a été nommé à l’issue du conseil d’administration du 06 mai 2016, au siège de la banque à Douala. Il sera secondé par Elisée Gwater. Albert Tiki reste président du conseil d’administration.

semences, etc. Les cinq marchés principaux du pays couverts à ce jour sont ceux de Nairobi, Mombasa, Kisumu, Eldoret et Kitale. Ainsi, finis les semis en mauvaise période, les arnaques autour des prix, la galère pour trouver à qui vendre… Les agriculteurs doivent simplement envoyer un SMS à un numéro court pour

obtenir l’information dont ils ont besoin. Le SMS coûte 10 shillings, soit 0,1174 dollars. L’application est opérationnelle 6 jours sur 7. Elle a été lancée en 2011, après avoir remporté la compétition IPO48 et le prix de 2,5 millions de shillings (10 000 euros). L’application M-Farm est disponible sur le site http://www. mfarm.co.ke .

● Kasha.mobi : une banque de données pour vos infos de valeur Si vous avez des informations très sensibles ou importantes à sauvegarder, Kasha.mobi semble être l’application internet qu’il vous faut. Créée par l’entreprise kenyane Mobile Planet, fondée par David Karanja Macharia, la solution web et mobile donne la possibilité à ses utilisateurs de conserver à vie des informations jugées importantes comme des numéros de compte en banque, des numéros de bordereaux de transactions monétaires, via SMS. L’application Kasha.mobi tire son nom du mot « Kasha », qui veut dire « boîte de conservation » en swa-

hili. Pour accéder au service, il faut au préalable se faire enregistrer par SMS au 2273. Toute personne désireuse de l’utiliser peut également visiter le site web www.kasha.mobi à partir de son ordinateur portable. Lorsque quelqu’un veut conserver une information, il l’envoie par SMS à Kasha.mobi au prix de 5 shillings, soit 0,0587 dollars. Lorsqu’un abonné veut par contre prendre connaissance d’une des informations qu’il a conservées, il doit simplement aller sur le site web du service pour voir toutes les informations qu’il a fait enregistrer. Cette fois, c’est gratuit.

La franco-béninoise Laurence do Rego est la directrice du pôle « banque commerciale » du groupe panafricain ECOBANK depuis le 1er mai. Avant sa nomination, elle occupait les fonctions de directrice financière au sein du même groupe. Le marocain Amal Belahrach, président de Manpower Group Maroc depuis 1997, rejoint l’Office chérifien des phosphates (OCP). Il est désormais directeur général adjoint. Il est chargé d’un nouveau pôle regroupant le capital humain, la communication et la responsabilité sociétale des entreprises. Jean-Louis Kodo devient directeur général de PALMCI, entité chargée de l’huile de palme brute du groupe SIFCA en Côte d’Ivoire. Avant cela, il était le patron de la filiale chargée de l’huile raffinée SANIA. Il remplace Bernard François. Brahim Ould M’barek Ould Mohamed El Moctor devient administrateur-directeur général de la société nationale industrielle et minière de Mauritanie. Le Camerounais Albert Zufack devient chef économiste du bureau Afrique de la Banque mondiale. Il est passé par le fonds d’investissement malaisien, Khazanah Nasional Berhad. Alain Ebobisse devient directeur général du fonds d’investissement chargé de financer les infrastructures en Afrique fondé par la Banque africaine de Développement (BAD).

Management 36 Business Mai 2016

AFRICA




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.