Business management africa mars 2017 (2)

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sommaire

Mars 2017 N° 12

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Leader 06 Jean-Paul POUGALA, le chantre de la révolution industrielle de l’Afrique

Tiguidanke CAMARA, la tigresse de l’industrie minière guinéenne

Entretien 20 Pascaline NENDA AKIMBO, « Le Blesolac a les mêmes vertus que le lait maternel. »

In’entreprise 25 Sawa Shoes, l’entreprise qui fabrique des « Baskets » made in Ethiopia

In’entreprise 30 MiaKosmetics, l’audace cosmétique d’une jeune camerounaise de 29 ans

Management 34 Football-business, et si les clubs africains se mettaient au naming pour avoir leurs propres stades !

Management 38 Impôts et taxes, ce qui attend les entreprises de droit camerounais en 2017

Business Management 03 Mars 2017 AFRICA


Édito

Révélez votre incroyable talent

E

n regardant un programme de divertissement sur une chaine française au titre assez proche de celui de cet édito, nous nous apercevons que le talent, le savoir-faire et l’audace résident en chacun d’entre nous. Devant une situation, chacun a sa façon propre de se comporter, d’agir et surtout de se projeter. Là se trouve sans doute la clé de nombreux grands parcours et grandes réussites de notre ère. La trajectoire de Jean-Paul POUGALA est la marque que le savoir et l’expertise sont universels. Quelle que soit votre origine ethnique, sociale et sociologique, la réussite peut être votre partage. Parti des profondeurs des Grassfields dans l’Ouest du Cameroun, il s’est construit patiemment une carrière et une expertise pointue dans les domaines des stratégies industrielles. Il est désormais reconnu de tous les acteurs qui le connaissent par coeur. Afin de partager ses connaissances et faire germer la graine qui est en lui, cet ancien élève du lycée technique de Douala-Koumassi s’est donné pour ambition, à travers un modèle de formation conçu par ses soins, de transformer en trois jours des demandeurs d’emplois en potentiels capitaines d’industries. Tiguidanke CAMARA, un nom qui commence à se constituer un contenu et une place dans l’industrie minière de sa Guinée natale et de l’Afrique en général. Du mannequinat où elle a ébloui des défilés de son talent au management, la jeune quadra a su laisser éclore son génie. Dans les gisements assez masculins des mines, la dirigeante s’impose comme un manager avisé, une capitaine d’entreprise inspirée qui a réussi non seulement une reconversion, mais aussi une quasi success story. Elle dirige le Tigui Mining Group qu’elle a elle-même créé.

Management 04 Business Mars 2017

AFRICA

La trajectoire de Jean-Paul POUGALA est la marque que le savoir et l’expertise sont universels. Quelle que soit votre origine ethnique, sociale et sociologique, la réussite peut être votre partage. Parti des profondeurs des Grassfields dans l’Ouest du Cameroun, il s’est construit patiemment une carrière et une expertise pointue dans les domaines des stratégies industrielles.

Pour cette nouvelle saison, le magazine entend continuer la densification de ses contenus et donner davantage de place et de visibilité à l’innovation et aux opportunités qu’offre le continent. De même, les équipes iront à la rencontre de la diaspora, ceci dans l’esprit de participer à notre manière aux transferts de savoir-faire du Nord vers le Sud. Un accent sera mis sur l’exposition des ressources et des certitudes économiques de l’Afrique. Pour que l’espace africain devienne la grande destination des investisseurs, nous allons accorder une part belle à des monographies sectorielles et des analyses sur certains marchés. Ces nouveaux contenus bien sûr seront accompagnés de données chiffrées et pertinentes utilisables par tous les acteurs économiques. Notre site internet qui est en phase de restructuration et de lifting, va devenir un véritable média, interactif et dynamique ouvert à tous. Il permettra de garder éveillé le lien avec nos différents lecteurs et partenaires. Nous allons continuer notre réinvention afin de révéler le « reason why » de ce titre qui continue de recruter et de convaincre le public.

Martial EBODE, Directeur de Publication


Les buiz de couloirs Ghana

Air France relie Paris à Accra en vols directs La compagnie aérienne française Air France propose des vols entre l’aéroport Charles de Gaulle de Paris et l’aéroport d’Accra-Kolota (Ghana) depuis le 28 février 2017. Les vols partent de Paris le mardi, jeudi et samedi à 13 h 30 pour une arrivée à Accra à 19 h 05. Les vols retour quittent Accra à 22 h 25 pour un atterrissage à Paris le lendemain à 06 heures. Pour le moment, ce sont des Airbus 330-200 qui assurent cette liaison. Ceux-ci accueillent 40 passagers en classe affaires, 21 en premium et 147 en Economie. Dès le 28 mars, un boeing 777-200 prendra le relais. Il proposera 40 places en classe affaires, 24 en premium et 216 en Economie. A compter de cette même date, les horaires seront modifiées : 15 h 30 pour le départ de Paris et 23 h 40 pour le départ d’Accra. À ce jour, Air France propose un peu plus de 480 vols vers 51 destinations africaines. Il faut y ajouter la vingtaine de dessertes opérées grâce au partenariat avec Kenya Airways.

Cameroun

La Sonatrel se dote d’un budget de 20 milliards F CFA La Société nationale de transport de l’électricité, entreprise publique camerounaise, rentre dans sa première année de fonctionnement. Un budget de 20 milliards F CFA a été adopté à l’issue de la session du conseil d’administration tenue le 28 février à Yaoundé. Les investissements vont absorber 16 milliards F CFA, contre 04 milliards F CFA pour le fonctionnement. Les investissements dont il s’agit concernent la réhabilitation du réseau de transport de l’énergie électrique. Ces opérations vont permettre, d’après le directeur général, Victor Mbemi Nyaknga, de réduire les pertes d’énergie et d’améliorer l’offre en électricité. Le conseil d’administration a également procédé à la nomination des directeurs sectoriels qui accompagneront le DG dans ses missions. La Sonatrel a été créée le 08 octobre 2015 par un décret du président de la République du Cameroun. Elle va récupérer l’activité de transport d’énergie électrique à Eneo, entreprise créée par le concessionnaire anglais Actis.

Nigeria

Arsenal et MTN signent un contrat commercial La direction d’Arsenal, club professionnel de football basé à Londres, a signé au début du mois de février 2017, un contrat commercial avec MTN pour le marché nigérian. Cet accord permet à l’opérateur des télécommunications de diffuser à ses abonnés au Nigéria des résumés de rencontres et des interviews exclusives des acteurs du club anglais. MTN a également l’autorisation d’utiliser l’image d’Arsenal pour ses campagnes publicitaires sur le territoire nigérian. La franchise de football compte s’appuyer sur l’assise de MTN dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pour organiser des sessions de détection et d’entrainement au Nigéria. Le Nigéria représente le deuxième bassin d’audience du site internet d’Arsenal après le Royaume uni. La page facebook du club a 1 267 637 fans nigérians, selon un décompte opéré au début du mois de février 2017.

Botswana

Air Botswana engage un processus de privatisation Air Botswana, la compagnie aérienne botswanaise à capitaux publics sera privatisée. Le processus de privatisation a été lancé le 13 février par le gouvernement du Botswana. Le ministère des Transports attend des propositions. Il s’agit pour l’Etat, de se désengager progressivement des entreprises où il est actionnaire majoritaire et qui accumulent des déficits. Quatre villes du Botswana, Cape Town et Johannesburg en Afrique du Sud, sont à ce jour les seules destinations desservies par Air Botswana à partir de Gaborone. La compagnie applique en ce moment un plan quinquenal qui consiste en une réduction de sa masse salariale et la suppression des lignes non rentables. Les vols vers Harare et Lusaka ont ainsi été suspendus. En 2016, le gouvernement Botswanais a cédé 49 % du capital de la Botswana Telecommunications Corporation au privé.

Business Management 05 Mars 2017 AFRICA


Leaders

Jean-Paul POUGALA,

le chantre de la révolution industrielle de l’Afrique

Transformer des chercheurs d’emplois en capitaines d’industries en 03 jours de formation. Défendre les intérêts de l’Afrique dans tous les cénacles. Enseigner sur les réseaux sociaux pour faire changer les mentalités sur le continent. Parcourir le monde en quelques jours dans une posture de géostratège. Puis, conseiller des Chefs d’Etat et des capitaines d’industries. Ainsi, on peut décrire cet inarrêtable Camerounais, bien connu en Italie pour les prix qu’il a gagnés dans les compétitions entrepreneuriales. Au quotidien, le slogan qui revient le plus dans la bouche de cet itinérant est : « l’exclusion industrielle de l’Afrique, c’était avant ». À la découverte d’un chef de révolution. Par Hindrich ASSONGO soldats », justifie l’initiateur de ce cadre rendu à sa troisième année d’existence.

«

La micro-industrie est le chemin obligé vers la prospérité de l’Afrique». C’est le titre d’un post que Jean-Paul Pougala publie sur sa page facebook le 08 octobre 2013. Une tribune qu’il alimente au quotidien et qui est suivie par des milliers d’internautes nichés dans le monde. Le Camerounais parle et agit chaque jour pour que des industriels naissent sur le continent. Son slogan : « L’exclusion industrielle de l’Afrique, c’était avant ». Et cela ne s’arrête point au niveau du verbe. De façon concrète, celui que beaucoup appellent « le Prophète Pougala » a inventé un instrument : L’école de formation des Futurs industriels africains (Rinvindaf). Un institut itinérant qui a souvent

Management 06 Business Mars 2017

AFRICA

regroupé des apprenants dans plusieurs villes du monde : Bafang, Douala, Yaoundé, Bruxelles, Shangaï, Paris. Point commun à toutes les sessions : seuls les Africains y ont le droit d’accéder. Et les connaissances acquises en 03 jours doivent rester secrètes. Car, démontre le maître, en industrie, on n’expose pas les facteurs les plus clés de sa réussite. Aux formations

Rinvindaf, ce n’est point la masse qui y est attendue. Il s’agit en général des groupes de 15. Coût d’une session : 2500 euros, soit un peu plus d’1,6 million de Francs CFA. « C’est suffisamment dissuasif pour ne retenir au final que les vrais inconditionnels qu’il nous faut, puisque ce modèle vise à former les Généraux de l’industrialisation et non les

Maeva Geraldine Tetang, âgée de 17 ans, la plus jeune apprenante jusqu’ici, réside en Chine. Mais au cours de l’année 2016, elle prend le risque de payer un billet d’avion pour assister à une session du Rinvindaf organisé pendant un week-end à Bafang, une petite ville de l’Ouest du Cameroun, dans laquelle Pougala a fait une partie de ses études secondaires. Et à cette session, des apprenants sont venus d’autres pays.

Pour avoir accès aux formations Rinvindaf, il faut se lever tôt. Car, malgré le coût qui peut sembler hors de portée, les candidatures affluent. Aucun diplôme n’est exigé comme base d’entrée à ces 03 jours de transmission d’informations stratégiques. À ceux qui arrivent bardés de parchemins académiques, Jean Paul Pougala demande « d’oublier ce qu’ils ont étudié avant s’ils veulent profiter au maximum des enseignements qu’ils recevront. Car tout diplôme eu avant, je dis bien tous les diplômes ne préparent qu’à servir et non à devenir patron ». Pourquoi ? Eh bien parce que « le système éducatif nous enseigne comment on gère une banque, mais jamais comment on crée sa propre banque et c’est bien cela que le Rinvindaf vous enseigne », conclut l’enseignant sur cette question. Le certificat délivré à la fin de chaque session ne fait pas des impétrants des chercheurs d’emplois, mais des créateurs d’entreprises industrielles. Au nom de la sauvegarde du secret industriel, impossible de savoir avec exactitude le contenu de la formation dispensée aux « Rinvindaf ». Tout juste, on peut avoir une idée de la philosophie que


Leaders

26 février 2017- Pougala rassemble des membres de la diaspora africaine à Paris pour leur parler des stratégies industrielles.

Jean-Paul Pougala promeut. « Mon modèle est de partir du secteur primaire qu’est l’agriculture, pour alimenter un secteur secondaire. Et le tertiaire ne viendrait qu’en troisième position comme son nom l’indique pour distribuer, gérer et administrer ce qu’on aura produit des champs et transformé à l’usine. Un pays qui importe l’essentiel de sa consommation alimentaire est un pays qui s’appauvrit toujours plus », écrit-il sur sa page facebook devenue une véritable salle de classe. L’intérêt qu’il accorde donc à la tranformation des produits agricoles se traduit dans les grands thèmes souvent arrêtés. Par exemple, le 21 janvier 2017 à Douala, capitale économique du Cameroun, la session est consacrée à la « formation des industriels céréaliers du Cameroun ». Ceux-ci reçoivent à l’occasion des semences de blé, une des céréales les plus stratégiques au monde. Ils devront cultiver, récolter et transformer. Du 24 au 26 mars prochain, la session qui aura lieu dans la même ville, sera dédiée à la formation des industriels sucriers du Cameroun. Les 20 personnes qui auront la

chance d’être admises poseront à la fin des 06 heures de formation prévues, les bases du « syndicat des industriels sucriers du Cameroun ». Une façon de dire qu’après la théorie, on attaque directement la pratique. L’intérêt que Jean-Paul Pougala accorde aux céréales découle de la lecture qu’il a faites des écrits de Henry

Les apprenants de la toute première session ont créé des entreprises industrielles en Belgique, essentiellement dans l’agroalimentaire. Elles produisent : les boissons gazeuses et alcoolisées, les eaux minérales, les jus de fruits. Et désormais, comme le dit leur maître, ces disciples font concurrence aux nationaux sur le marché belge. L’effet « Pougala » est donc passé.

Kissinger, conseiller à la défense nationale des Etats unis d’Amérique, sous la présidence de Richard Nixon, entre 1969 et 1975. « Qui a le contrôle sur le pétrole, contrôle l’économie. Qui a le contrôle sur les céréales, contrôle le monde », affirmait alors ce Germano-américain. Une boussole verbale que le père du Rinvindaf a pu confronter à la réalité à travers ses nombreux voyages dans le monde. Il suffit, indique-t-il très souvent, de voir les tonnes de céréales sous diverses formes que les pays africains importent. Par exemple, démontre-til, le blé, stratégique parmi les stratégiques, est ce qui permet aux boulangeries et aux producteurs de pâtes alimentaires du monde entier de fonctionner, sans que les pays africains ne soient réellement capables d’en produire. Conséquence, ils en importent massivement. D’où l’idée de tranformer ses apprenants en producteurs et transformateurs de cette céréale. Mais le riz a tout aussi une grande importance pour Pougala. Du 01er au 03 mars 2017, il va réunir tous

les apprenants passés par son académie à Shangaï, en terre chinoise. Objectif : « créer un partenariat avec les professionnels chinois des différents secteurs devant garantir la compétitivité de nos productions agricoles », écrit-il. Avant d’y aller, il se pose une série de questions : « Pourquoi le riz asiatique avec une compétitivité de 12 tonnes à l’hectare étouffe le riz africain avec ses 2 à 3 tonnes à l’hectare ? Comment pouvons-nous aussi passer de 2 tonnes à 12 tonnes à l’hectare tous les 3 mois ? Comment la Chine qui cultive moins de terre arable arrive non seulement à nourrir 1,3 milliard d’habitants, mais aussi à exporter ses produits alimentaires dans le monde entier alors que l’Afrique avec les terres les plus fertiles au monde n’arrive pas à produire suffisamment pour elle-même ? C’est pour répondre à toutes ces lacunes que j’ai cru utile pour les nouveaux industriels africains de l’agroalimentaire, en plus des instruments qui vous ont été fournis durant la formation, de collaborer avec les professionnels chinois qui permettent de tels bons résultats ».

Business Management 07 Mars 2017 AFRICA


Leaders Au finish, c’est toute la chaine agro-alimentaire qui intéresse Jean-Paul Pougala. Il fait régulièrement des exposés sur la mangue sauvage, la banane dite « cochon », l’huile de palme, l’avocat. Lui-même s’est mis au Cameroun à la production du blé, du safran, des pommes de France. Mais aussi du tournesol, de vignes pour produire le vin. Il prêche

par l’exemple pour montrer que des cultures que des discours annonçaient jusque là comme incompatibles avec les sols camerounais, peuvent en effet y être produites en quantité et en qualité. Pour venir l’écouter, des Africains n’hésitent souvent pas à partir de très loin. Maeva Geraldine Tetang, âgée de 17 ans, décrite comme la plus jeune apprenante jusqu’ici, réside en

Chine. Mais au cours de l’année 2016, elle prend le risque de payer un billet d’avion pour assister à une session du Rinvindaf organisé pendant un week-end à Bafang, une petite ville de l’Ouest du Cameroun, dans laquelle Pougala a fait une partie de ses études secondaires. Et à cette session, des apprenants sont venus de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de

la République démocratique du Congo, pour ne citer que ces pays-là. En fait, partout il séjourne, le promoteur de cette initiative peut programmer une session de formation. Et les Africains, qui ambitionnent de faire carrière dans l’industrie, viendront, quel que soit le ciel sous lequel ils se trouvent.

Les effets du Rinvindaf Quid des résultats de cette formation qui peut passer pour être trop courte pour les habitués des amphithéâtres ? Ce que l’on sait, c’est que des apprenants de la toute première session ont créé des entreprises industrielles en Belgique, essentiellement dans l’agro-alimentaire. Elles produisent : les boissons gazeuses et alcoolisées, les eaux minérales, les jus de fruits. Et désormais, comme le dit leur maître, ces disciples font concurrence aux nationaux sur le marché belge. L’effet « Pougala » est donc passé par là. Convaincu que la diaspora africaine en Europe et aux Amériques doit servir autre chose à la face du monde que de simples défilés devant les caméras pour dénoncer des supposés dictateurs à la tête de leurs pays respectifs, Jean-Paul Pougala multiplie des sessions du Rinvindaf en Europe. Du 23 au 25 juin 2017, le rendez-vous est donné à Paris, au même tarif : 2500 euros. Et comme le dit souvent ce géostratège : c’est à prendre ou à laisser. Et le nombre de places est limité : 20. Ce n’est donc pas le marché central. Loin des séminaires organisés à longueurs de journées sur le continent. Sauf que de nombreux internautes critiquent ce taux pratiqué. Le patron du Rinvindaf leur explique tou-

Management 08 Business Mars 2017

AFRICA

jours que l’industrie est une activité qui ne s’adresse pas à « Monsieur tout le monde ». Les plus avertis savent ce qu’ils recherchent en payant ce prix.

En réalité, le combat du Camerounais consiste à démystifier la notion « d’industrie », en montrant par exemple que son démarrage ne nécessite pas toujours des sommes colossales. Le 14 janvier 2017, à

En fait, de septembre 1991 à juin 1992, il se forme en « stratégies industrielles » au pretigieux Institut pour la Reconstruction industrielle (IRI), une institution créée par Benito Mussolini en 1933, pour juguler les effets de la crise économique mondiale de 1929. Et c’est elle qui a construit « le miracle économique italien ». En 1992, si on en croit Pougala, elle contrôle directement 1100 entreprises, avec un chiffre d’affaires de 76 milliards de dollars et 500 000 employés. Pendant sa formation en son sein, le géostratège camerounais passe dans 20 entreprises de cette holding.

Yaoundé, la session spéciale a un thème dont l’annonce fait jaser sur les réseaux sociaux : « Comment démarrer votre propre usine de production de pâtes alimentaires avec moins d’un million de Francs CFA ? ». Pour les conseils qu’il diffuse à l’intention du grand public – l’essentiel restant confidentiel et réservé à ceux qui assistent aux formations –, Pougala affirme que « la solution est une seule lorsque vous êtes faibles, petits, pauvres et sans ressource : commencer petit. Si vous avez 1000 F CFA, faites le projet de 1000 F CFA. Et assurez-vous qu’il soit suffisamment rentable pour vous permettre de gagner ensuite 2000F et puis 5000 F CFA, etc. Je ne connais pas une autre voie sans risques exagérés ». Il déconseille avec beaucoup d’emphase la rédaction des business plans de 100 pages qu’on soumettra ensuite aux banquiers. « C’est une erreur à ne jamais commettre », indique-t-il. Car, beaucoup se sont fait voler leurs projets en allant toquer aux portes des banques avec des projets entièrement rédigés et facilement compréhensibles. On est donc à l’opposé de qu’on enseigne dans les facultés universitaires. Car là bas, on enseigne à rédiger des projets « bancables » : « un enfumage », dit Pougala.


Leaders

Pour faire un projet plus costaud en matière d’industrie, Jean-Paul Pougala conseille de se trouver « un partenaire stratégique qui accepte de partager avec vous ses secrets industriels, mais parce qu’il y gagnera quelque chose et non par piétisme. Pour cela, assurez-vous de toujours mettre en premier lieu ce que ce partenaire gagnerait à vous céder ses secrets. Et surtout, soyez crédible dans votre démonstration !!! Cela se sent quand on est faux ». Quoiqu’il en soit, les Africains ont tout intérêt à embrasser l’activité industrielle. Car leur continent est devenu le « le seul El Dorado pour les nouveaux patrons. Et si ce ne sont pas les Africains à le comprendre et très vite, d’autres viendront puiser et manger notre gâteau à notre place, avec notre aide, puisque nous serons des salariés à leur service. Ils sont déjà en train de débarquer chez nous. Il suffit de voir qui occupe les classes Business des avions qui atterrissent tous les jours sur les pistes des aéroports de notre cher continent pour s’en rendre compte », insite celui qui aime à se présenter comme un ex-vendeur d’arachides ou encore comme un ex-pousseur. Mais pourquoi donc, alors que l’industrie représente une opportunité qui semble

ouverte à tous les Africains, seule une infirme minorité décide de franchir le pas ? JeanPaul Pougala a la réponse à la question : « On a fait croire aux Africains que le secteur industriel était trop compliqué et exigeait tellement de capitaux. Ce qui n’est pas vrai. L’industrie est juste une autre façon de penser et non de penser plus.» Mieux, « Cette manœuvre s’est accompagnée aussi par des comportements du secteur financier et bancaire pour dissuader les Africains de s’impliquer dans l’industrie. » Pour remédier au défaitisme ambiant, le célèbre ex-vendeur d’arachides a entrepris de simplifier la notion « d’industrie » pour la rendre plus intelligible par le grand public africain. Pour commencer : la définition. S’appuyant sur un simple dictionnaire, il retient qu’elle renvoie aux activités qui impliquent « une transformation de matières premières ». Premier mythe levé : « Transformer les matières premières peut se faire sans machine », indique-t-il. « Il s’agit de présenter sur le marché un produit qui ne soit plus dans sa forme originale, primaire, dans son conditionnement naturel », précise-t-il. Des précisions plus ajustées lorsqu’il s’agit de prendre un exemple : «

Sur le plan pratique, si vous récoltez le maïs aux champs, vous le cuisinez et le servez à vos clients, nous sommes en face d’une industrie. Parce que vous avez effectué une opération de transformation. Votre action a ajouté de la valeur au maïs initial. Et cette valeur est reconnue par des clients potentiels prêts à payer quelque chose en plus pour l’acheter ». Et dans ce cas, plus on a des clients, plus on va avoir besoin de recruter des employés pour aider à la cuisson et au service. Peutêtre, aura-t-on aussi besoin de produire soi-même le maïs, pour ne pas courir le risque de se faire piéger par le chantage des fournisseurs. « C’est comme ça que naît une industrie et c’est comme ça que les deux tiers des milliardaires du classement de Forbes ont commencé », fait remarquer celui qui a décrété la fin de l’exclusion industrielle de l’Afrique. En lisant justement les portraits de tous les milliardaires publiés chaque année par le magazine Forbes et ses différentes déclinaisons, JeanPaul Pougala se dit marqué par quatre choses : leur pauvreté au départ, l’originalité de l’idée qu’ils ont eue, l’humilité qui les caractérise et le sentiment patriotique qui les habite. Et il explique com-

ment ces facteurs ont contribué à les hisser au niveau où ils se trouvent. S’agissant de la pauvreté, le chantre de la révolution industrielle en Afrique indique qu’il est plus facile pour un pauvre de devenir milliardaire qu’un nanti. « Tout simplement parce qu’ayant connu la misère, il n’est pas dans la compétition inutile de voir qui a le bateau le plus long, le jet privé le plus beau ou le château avec le plus grand nombre de chambres. Ensuite parce que lorsqu’un pauvre refuse la misère, et se bat pour en sortir, l’exercice qu’il est obligé de faire pour sortir du trou et remonter la pente abrupte est comme un entraînement pour un marathon qui, débuté pour lui depuis l’enfance, le place nécessairement en situation d’avantage incontesté, devant d’autres concurrents qui auront démarré leur entraînement, leur marathon, 20 ans plus tard ». Puis, il y a l’originalité de l’idée de départ. Ici, Pougala regrette que les Africains optent la plupart du temps pour le suivisme, et non pour des solutions nouvelles. « Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’on ne s’enrichit jamais avec l’idée de monsieur tout le monde », avertit Pougala. Puis, il y a le patriotisme. Et là, le Camerounais conseille d’aimer son pays. En le faisant, on sort de la logique défaitiste. Et enfin : l’humulité. « Dans le monde de l’entreprise, ce qui m’a toujours touché c’est de constater que les riches, les vrais milliardaires pour la plupart, surtout ceux partis de zéro, sont les personnes les plus humbles de la planète. Parce que le fait d’avoir touché le fond est le plus grand enseignement sur la condition humaine qui n’est que vanité. », dit-il pour conclure son argumentaire sur cette question.

Business Management 09 Mars 2017 AFRICA


Leaders Qui est Pougala ?

BIO EXPRESS

1962 Naissance le 20 mars à Bafang (Ouest du Cameroun). 1985 Arrivée en Italie ; nanti d’un Baccalauréat G (en Études commerciales) et inscription à la Faculté d’Economie et de Commerce de l’Université de Perugia ; début de l’entrepreneuriat clandestin. 1991 Début au mois de septembre d’une formation en « stratégies industrielles » à l’Institut pour la Reconstruction industrielle (IRI) ; fin de la formation au mois de juin 1992. 1992 Soutenance d’un Doctorat en Economie à l’Université de Perugia 1994 Création à Perugia de la « Election Campaign Store » : une micro-industrie qui produit les articles destinés à l’organisation des élections. 2007 Publication du livre autobiographique en langue italienne «In Fuga dalle Tenebre» (En fuyant les ténèbres) aux Editions Einaudi (Rome).

Une fois qu’on a dit tout cela, on meurt d’envie d’en savoir plus sur Jean-Paul Pougala lui-même. Sa vie est similaire à celle des milliardaires dont il décrit les valeurs : pauvreté au départ, idée originale ensuite, patriotisme poussé, humilité au-delà de tout. Il aime parler de sa douloureuse enfance, marquée par l’extrême pauvreté. Il voit le jour dans un foyer plygamique le 20 mars 1962 à Bafang, une petite ville montagneuse située dans l’Ouest du Cameroun, connue pour son équipe de football : Unisport du Haut-Nkam. Il fréquente l’école primaire du Quartier 10 de la ville de Nkongsamba, située à une soixantaine de kilomètres de là. Puis, il revient à Bafang pour ses études secondaires au lycée de la ville. Et c’est pendant son séjour dans cet établissement que se dessine le leader qu’il sera. Dès la 6ème, il se passionne pour la philosophie, alors que la discipline n’est enseignée dans le système francophone camerounais qu’en classe de Terminale. Dès la classe 3ème, le jeune Pougala écrit des pièces théâtrales jouées par ses camarades de classe. Son professeur de Français remarque son talent et l’enrôle

Management 10 Business Mars 2017

AFRICA

dans un programme radiophonique appelé « Littérature ». Celle-ci est diffusée une fois par semaine sur l’antenne de ce qui s’appelle à ce moment là, « Radio Bafoussam », un démembrement de Radio Cameroun, laquelle appartient à l’Etat du Cameroun. Comme son nom l’indique, la radio se trouve à Bafoussam, c’est-à-dire à 70 kilomètres de Bafang. « Trop pauvre » selon ses propres termes, il s’en remet à son enseignant qui prend en charge ses frais de transport. « Il ne cessait de me répéter que j’étais un génie et que passer à la radio si jeune devait encourager les autres enfants qui avaient du talent à sortir de leur silence », raconte-t-il aujourd’hui. La pauvreté d’alors ne passe pas pour un obstacle. Après l’obtention du Brévet d’Etudes du premier cycle (BEPC) au lycée de Bafang, Jean-Paul Pougala met le cap sur Douala. Et là, il vire dans l’enseignement technique. Il est en effet admis au lycée technique de Douala-Koumassi. C’est la galère. Il n’a personne sur qui compter. Pour vivre dans cette métropole économique qu’est Douala, réputée pour le coût

2011 Vainqueur du premier prix de « l’entrepreneur immigré d’Italie » à l’issue d’une compétition organisée par MoneyGram, entreprise de transfert international d’argent. 2012 Création de l’Institut d’Etudes Géostratégiques à Douala (Cameroun) ; Publication du premier tome du livre intitulé « Géostratégie africaine » aux Editions de l’Institut d’Etudes Géostratégiques (Publication du tome II en 2015). 2013 Création du concept « Re-inventer les nouveaux industriels africains » (Rinvindaf) : cette école itinérante forme aux stratégies industrielle en 03 jours pour certaines sessions et 06 heures pour d’autres. 2015 Jean-Paul Pougala est le conseiller stratégique d’une délegation d’industriels brésiliens qui viennent prospecter au Cameroun. 2016 Organisation des sessions du « Rinvindaf » dans les établissements scolaires du secondaire et au ministère camerounais en charge de la Jeunesse. 2017 Installation d’une antenne de l’Institut d’Etudes Géostratégiques à Valparaíso De Goiás.


Leaders

élevé de la vie qu’on peut y mener, le jeune homme s’essaye à plusieurs boulots : le pousse-pousse, la vente des arachides, la photographie ambulante. C’est la dernière activité qui le pousse le plus à développer son ingéniosité. Il trouve une astuce pour avoir le maximum de bénéfices. Il fait laver ses photos en Europe. Et paradoxalement, cela lui revient moins cher. C’est en menant cette activité de photographe ambulant que Pougala décroche un Baccalauréat G (études commerciales). Pour les familles nanties, la tendance à l’époque consiste à envoyer les enfants en France ou aux USA. Les jeunes qui optent pour l’Italie choisissent d’étudier la médecine. Le chantre de l’originalité met le cap sur l’Italie, mais pour des études d’économie. Nous sommes en 1985. Le voici donc à la Faculté d’Economie et de Commerce de l’Université de Perugia, dans la region d’Ombrie.

À Perugia, la vie est dure. Pougala n’a aucun soutien. L’interdiction qui est faite à cette époque aux étudiants africains en Italie de mener une activité entrepreneuriale ou salariale aggrave la situation. Mais un leader doit savoir comprendre le système pour le contourner ensuite. Il se trouve des boulots clandestins. Dans un premier temps, il lave les plats dans des restaurants de Perugia. Puis, il fait la récolte dans les champs de tomate. Mais ces travaux le fatiguent et ne sont pas de nature à lui laisser le temps de bien conduire ses études. Il a même l’impression d’être un esclave. Il prend alors la décision de transformer sa chambre en une direction générale d’entreprise. La clandestinité reste de mise, puisque ce qu’il s’apprête à faire reste interdit : l’entrepreneuriat. L’entrepreneur clandestin a des outils de travail qui passent pour du luxe à l’époque : un ordinateur fixe, un fax et une imprimante. Il se

met à fouiller les journaux pour rechercher ce qui peut constituer la bonne affaire pour lui. Dans une Italie friande d’informatique, il se met à importer de Taiwan, des disquettes de 3,5 et des tapis pour souris d’ordinateurs. Il écoule sa marchandise à travers les journaux d’annonces gratuites, à l’instar de Cerco E Trovo à Perugia et «Porta Portese» à Rome. En parcourant un magazine spécialisé en électronique, Pougala découvre qu’il est possible de doubler la capacité des disquettes en perçant un trou sur le bout gauche. Il importe le matériel et se met lui-même à percer lesdits trous. Les bénéfices doublent. Après avoir engrengé des bénéfices, Jean-Paul Pougala décide de passer à autre chose. Et comme d’habitude, les journaux lui sont d’un grand support. Il s’intéresse à la rubrique des faits divers dans le quotidien de Perugia appelé : Corriere dell’Umbria. Les reportages sur le cambriolage dans les

villas situées à la périphérie de la ville sont quotidiens. Il s’imagine donc qu’il faut un matériel de sécurité. Parmi les articles que lui propose le fournisseur qui se trouve à Taiwan, il y a les fausses caméras de surveillance et les sirènes d’intrusion. « Je démarre avec une importation test de fausses cameras et cela remporte un succès fou en Italie. Et même si les caméras sont factices et donc moins chères, le succès venait du fait qu’un bandit ne pouvant pas en être certain, préférait cambrioler la maison voisine de celle où j’avais installé la camera. Et le lendemain, c’est tout le quartier qui me contactait pour installer la fausse camera dans les domiciles », écrit-il dans son livre autobiographique. Les chiens électroniques remportent tout aussi un succès fulgurant. Mais la douane italienne lui fait avoir des sueurs froides à chaque cargaison. Avec la complicité du planton de la faculté dans laquelle il est inscrit – celui-

Business Management 11 Mars 2017 AFRICA


Leaders ci ne se doute de rien –, il reçoit désormais sa marchandise comme des courriers normaux destinés à l’étudiant qu’il est, via l’adresse académique. La douane baisse la garde. Il se constitue donc une petite fortune et achève finalement ses études d’économie par l’obtention d’un Doctorat en Economie. Après avoir amassé un paquet de fric et empoché son Doctorat en économie à Perugia, l’ancien vendeur d’arachides tente une aventure canadienne. Celle-ci s’achève par une déception. Il retourne en Italie et a la chance de côtoyer les grands noms de l’industrie italienne. Il comprend dès lors que cela n’a rien de bien compliqué. En fait, de septembre 1991 à juin 1992, il se forme en « stratégies industrielles » au pretigieux Institut pour la Reconstruction industrielle (IRI), une institution créée par Benito Mussolini en 1933, pour juguler les effets de la crise économique mondiale de 1929. Et c’est elle qui a construit « le miracle économique italien ». En 1992, si on en croit Pougala, elle contrôle directement 1100 entreprises, avec un chiffre d’affaires de 76 milliards de dollars et 500 000 employés. Pendant sa formation en son sein, le géostratège camerounais passe dans 20 entreprises de cette holding. Parmi elles, on peut citer Eni (exploitation pétrolière et gazière), Finmecanica (fabrication des moteurs et turbines), Enel (production d’électricité), SME (groupe d’industries agroalimentaires). « Cette formation a été le plus grand cadeau que je crois avoir reçu des italiens, car cela m’a complètement transformé. Et m’a permis de voir l’économie sous un angle complètement différent et utile, sous l’angle de la création de richesses et non plus seulement des théories académiques bien apprises », déclare-t-il. En fin de compte, «ce que je retiens de cette expérience est que pour s’en sortir, un industriel ne doit pas se limiter à un seul secteur, mais se cimenter en même temps dans des secteurs variés. La structure pédagogique des Rinvindaf est tirée de cette expérience italienne : comment s’attaquer à de multiples secteurs industriels sans mélanger les pédales ? ».

Management 12 Business Mars 2017

AFRICA

À la tête des entreprises microindustrielles

Jean Paul Pougala recevant en 2011 le premier prix de l’Entrepreneur Immigré de l’Italie.

Il faut passer de la théorie à l’action. En 1994, il crée à Turin, la « Election Campaign Store ». Celle-ci produit le matériel pour l’organisation des consultations électorales. On sollicite ses services dans plusieurs pays africains et même en France et au Peru. En 2012, la compagnie emploie 20 personnes. Nous sommes en pleine micro-industrie, une idée chère à Pougala. Une année avant, le PDG reçoit le premier prix de « l’entrepreneur immigré d’Italie », à l’issue d’une compétition organisée par MoneyGram, une entreprise de transfert international d’argent. C’est en réalité la deuxième distinction qu’il reçoit. Pour créer « Election Campaign Store », il s’appuie sur des fonds issus d’un prix glané en 1993 et décerné par le magazine italien « Millionnaire ». Et celle là concerne une autre entreprise industrielle. Si on se fie à ce qu’il écrit sur sa page facebook, Jean-Paul Pougala détient à ce jour plusieurs entreprises industrielles en Italie et en Afrique. Parmi elles, il y en a qui produisent des machines ou encore des produits cosmétiques. Mais il évite d’en faire un tapage publicitaire, comme on peut le voir avec les grandes firmes africaines. Sans doute, une des leçons apprises à

l’IRI. Cependant, le côté le plus redoutable chez ce Camerounais est le géostratège qui est en lui. Evidemment, c’est le fruit de sa formation en stratégies industrielles, mais aussi de nombreux voyages à travers le monde. En 2013, à la suite du drame de Lampedusa qui voit mourir des centaines d’Africains en Méditérannée alors qu’ils essaient de traverser pour l’Europe, Pougala prend conscience de ce que la diaspora peut être plus utile pour le continent. Et c’est à ce moment là qu’il active l’Institut d’Etudes Géostratégiques qu’il a créé en 2012. Celle-ci prend ses quartiers à Douala, au Cameroun, mais organise aussi des cours à Génève (Suisse) et Tianjin (Chine). A travers elle, l’industriel camerounais dispense les cours de « Géostratégie africaine » qu’il a lui-même conçus. Et celle-ci, depuis la mise sur pied de l’IEG, ne s’applique qu’à l’industrie. Le thème : « Re-inventer les industriels africains de demain ». Et quand on tente un sigle, ça donne « Rinvindaf ». Il existe des sessions pour les non adultes. Par exemple, du 01er au 02 avril 2017, se tiendra le Rinvindaf des enfants âgés de 09 à 16 ans.


Leaders

15 aout 2015 - Jean-Paul Pougala est l’expert stratégique d’une délegation d’industriels brésiliens venus échanger avec le ministre camerounais des Relations extérieures.

Par ailleurs, comme présupport de formation, les candidats aux sessions du Rinvindaf peuvent lire l’ouvrage intitulé « Géostratégie africaine », un livre en deux tomes (2012 pour le premier et 2015 pour le second) publié par Mister Pougala. Souvent, c’est dans les villages camerounais que le patron va expliquer la géostratégie africaine appliquée à l’industrie. Autour d’un vin de palme. Et avec la bénédiction des ancêtres. Lui qui ne croit pas en Dieu. Et lui, qui est conseiller stratégique des chefs d’Etat dont il préfère taire le nom. En août 2015, c’est l’ancien vendeur d’arachides qui est le conseiller stratégique d’une délégation d’industriels brésiliens venus prospecter au Cameroun.

Mais en bras de chemise, il est refoulé à la porte par le protocole du ministère camerounais des Relations extérieures. Celle-ci sera surprise d’entendre dire de la partie brésilienne

que ce dernier est là à leur invitation et, à la différence de son apparence, joue le rôle de cerveau pour les aider à faire des investissements bénéfiques. Oui, c’est cela Pougala. C’est

Il faut passer de la théorie à l’action. En 1994, il crée à Turin, la « Election Campaign Store ». Celle-ci produit le matériel pour l’organisation des consultations électorales. On sollicite ses services dans plusieurs pays africains et même en France et au Peru. En 2012, la compagnie emploie 20 personnes. Nous sommes en pleine micro-industrie, une idée chère à Pougala. Une année avant, le PDG reçoit le premier prix de « l’entrepreneur immigré d’Italie », à l’issue d’une compétition organisée par MoneyGram, une entreprise de transfert international d’argent.

en visitant la Chine et les Chinois qu’il a renoncé à porter la veste. Parce que, explique-t-il, il faut porter des vêtements modestes aujourd’hui en travaillant dur, pour que la prochaine génération d’Africains puisse s’habiller plus chic. Parce qu’il y aura de la richesse. En attendant, il conseille aux chefs d’entreprises africains de s’intéresser au Brésil. Lui-même vient de montrer l’exemple en installant une antenne de l’Institut d’Etudes Géostratégiques à Valparaíso De Goiás, une cité brésilienne. Jamais de théorie sans pratique. Ainsi fonctionne Jean-Paul Pougala.

Business Management 13 Mars 2017 AFRICA


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AFRICA


Leaders Tiguidanke CAMARA, la tigresse de l’industrie minière guinéenne Depuis un peu plus de deux ans, le gratin de la presse panafricaine est à ses trousses. Forbes Afrique, Jeune Afrique, Amina, Africa 24 : ces organes qui ont pignon sur rue ont déjà écrit des pages sur la patronne de Tigui Mining Group. À 42 ans, elle est considérée comme la seule femme chef d’entreprise dans le secteur minier en Guinée. Nous nous y mettons nous aussi. Objectif : comprendre en même temps que vous le parcours de cette ancienne mannequine entrée dans les mines à 34 ans. Par Hindrich ASSONGO

Septembre 2015 - la patronne de Tigui Mining Group prend la parole au New York Forum Africa à Libreville.

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0 millions de dollars US d’investissements. Plus d’une cinquantaine d’employés au total. Une holding née en Guinée, mais en cours d’expansion en Afrique de l’Ouest. Étape après étape, le Tigui Mining Group construit sa réputation d’entreprise du secteur minier. Son rêve : compter parmi les multinationales de référence dans le secteur sur l’échiquier africain. À la cabine de pilotage : Tiguikandé Mounir Camara. Non, elle ne gère pas un héritage familial. La dame de 42 ans dirige un consortium qu’elle a elle-même mise sur pied.

Alliant large sourire féminin et objectivité de patronne, la Guinéenne réfléchit chaque jour à la conquête de nouvelles opportunités. Le scénario commence à s’écrire il y a une dizaine

d’années. Tiguikandé Camara vit encore aux Etats-unis où elle opère dans le business de la mode vestimentaire et des cosmétiques. Grande amoureuse des bijoux de luxe, elle fréquente des amis joailliers. Ceux-ci sillonnent réguliè-

À Siguiri, toujours en Guinée, le groupe détient cinq permis sur une zone aurifère qui couvre 76 km2. Ici, il extrait l’or en utilisant un procédé hybride. Celui-ci combine la force humaine et l’action des machines industrielles, à l’instar de la laveuse mécanique et du buldozer. La PDG a déposé une demande d’obtention d’un permis pour exploiter un gisement de fer et attend la réponse gouvernementale.

rement le continent africain et y achètent des minerais précieux. La jeune dame d’alors se souvient de ce que son pays, la Guinée, a un sous-sol riche en ressources minérales. Le flair de la business-lady qu’elle est déjà la conduit à penser à créer une entreprise qui puisse opérer dans le secteur. Mais à quel niveau de la chaine ? Se demande-t-elle. Tic tac, après quelques consultations et des études préliminaires, elle prend sa décision : ce sera dans l’exploration et l’extraction. La voilà donc en Guinée, sur la terre de ses ancêtres. Nous sommes en 2009. Elle crée la Camara Diamond & Gold Trading

Business Management 15 Mars 2017 AFRICA


Leaders Network (CDGTN). Puis, l’ancienne new-yorkaise réalise qu’elle veut avoir les ailes d’une multinationale. En décembre 2012, elle immatricule à Conakry le Tigui Mining Group, un nom obtenu par diminutif de « Tiguidanke ». Une holding qui transforme en filiale la première compagnie. Le conglomérat entend surtout multiplier des acquisitions, s’engager dans des partenariats stratégiques avec les plus gros et s’étendre en Afrique de l’Ouest. Par le biais de sa première filiale (la CDGTN), le Tigui Mining Group détient trois permis d’exploration de gisements diamantifères sur une superficie totale de 280 km2 dans le triangle Kissidougou-KerouaneMacenta en territoire guinéen. Le document délivré par le ministère guinéen en charge des questions minière autorise la compagnie à « étudier et analyser les sols, la qualité des minerais, leur emplacement afin de définir la zone d’exploitation la plus propice. En revanche, nous ne pouvons pas faire d’extraction. Pour cela, nous devrons soumettre une demande de licence d’exploitation auprès du gouvernement », indique la patronne au magazine Amina en 2015. Puis, à Siguiri, toujours en Guinée, le groupe détient cinq permis sur une zone aurifère qui couvre 76 km2. Ici, il extrait l’or en utilisant un procédé hybride. Celui-ci combine la force humaine et l’action des machines industrielles, à l’instar de la laveuse mécanique et du buldozer. Sur le site internet du groupe, on lit que la PDG a déposé une demande d’obtention d’un permis pour exploiter un gisement de fer et attend la réponse gouvernementale.

Management 16 Business Mars 2017

AFRICA

Extension en Côte d’Ivoire

Septembre 2016 : Tigui Mounir Camara se présente à Abidjan comme une femme créatrice d’opportunités dans le secteur minier.

En 2014, le Tigui Mining Group crée une filiale en Côte d’Ivoire. Dans la region d’Odienné, située au nordouest de ce pays d’Afrique de l’Ouest, l’entreprise opère dans la production de l’or, en partenariat avec une coopérative locale. En septembre 2016, à Abidjan en Côte d’Ivoire, au cours d’un déjeuner auquel elle convie des personnalités du monde des affaires et des officiels du gouvernement, Tiguidanké Mounir Camara présente la filiale ivoirienne de son groupe. Et à l’occasion, c’est le côté féminin qu’elle

met en avant. En fait, elle veut être vue comme « une femme créatrice d’opportunités dans le secteur minier ivoirien ». Une façon de surfer sur une biographie faite d’elle par le magazine panafricain Forbes Afrique. Le consortium minier a aussi une représentation à New York, une ville où on sait s’afficher avec des bijoux en or ou en diamant. La promotrice du TMG tient à indiquer, au-delà de toutes choses, que la recherche du fric ne constitue guère la seule raison de sa venue dans

Quand on a écrit tout ce qui précède, il reste à résoudre une énigme : comment se tire-t-on d’affaires dans le bourbier des mines, alors qu’on n’a pas un passé qui a préparé à assurer de telles responsabilités ? Pour expliquer sa réussite, la tigresse des mines guinéennes affirme avoir « participé à des forums pour me former tout en m’entourant de grands experts. Grâce à cela, aujourd’hui, je gère et développe mes actifs miniers sans difficulté. En outre, je vais sur le terrain et connais toutes les étapes de l’exploitation des mines.

les mines guinéennes. Elle souhaite se situer à l’opposé des compagnies étrangères dont l’accumulation des bénéfices constitue le seul intérêt. Elle dit connaître les besoins de son pays et entend engager la responsabilité sociétale de son conglomérat pour contribuer à les résoudre. Son regard se porte vers l’agriculture. Tiguikande Mounir Camara promet de financer des projets agricoles au bénéfice des femmes qui habitent les zones géographiques dans lesquelles se situent les gisements exploités par son entreprise. La priorité réservée à la gente féminine s’explique par le fait que la femme en Guinée reste le pillier de la famille. Quand on a écrit tout ce qui précède, il reste à résoudre une énigme : comment se tire-t-on d’affaires dans le bourbier des mines, alors qu’on n’a pas un passé qui a préparé à assurer de telles responsabilités ? Pour expliquer sa réussite, la tigresse des mines guinéennes affirme avoir « participé à des


Leaders

Tiguidanke Camara, l’amazone, expose son trophée.

La CEO à Cape Town en Afrique du Sud en 2014 sur un forum sur les investissements miniers.

Lagos, septembre 2016 : la patronne de TMG prend part au 2ème forum annuel sur les femmes et l’entrepreneuriat innovant.

Tigui Mounir Camara reçoit en décembre 2016 à Dubai un prix qui fait d’elle l’une des 100 femmes les plus influentes des économies émergentes.

forums pour me former tout en m’entourant de grands experts. Grâce à cela, aujourd’hui, je gère et développe mes actifs miniers sans difficulté. En outre, je vais sur le terrain et connais toutes les étapes de l’exploitation des mines ». Très vite, elle adhère au « Women in Mining International », l’association qui regroupe les femmes patronnes des entreprises minières à l’échelle mondiale. Aucun sommet important sur les questions minières ne se déroule sans que la dame au teint chocolat ne songe à y participer. Régulièrement, elle y prend même la parole. En mars 2016, on la retrouve à Abidjan, à la quatrième édition de l’Africa CEO Forum, un rendez-vous de patrons du continent, co-organisé par le groupe Jeune Afrique, Rainbow Unlimited et la Banque africaine de développement. Une volonté de se frotter aux plus grands et de tisser des partenariats. Car, dit-elle, elle veut que son groupe devienne une multinationale avec un fort impact socio-économique sur le continent. Un Dangote Group en quelque sorte. Au-delà de ses activités de patronne, Tiguidanke Camara s’active à encourager l’entrepreneuriat féminin en Guinée. En 2013, elle co-fonde « Women in Mining Guinée », la représentation nationale du Women in Mining International. L’association soutient les femmes qui travaillent dans l’industrie minière guinénne. Elle compte à ce jour plus d’une centaine de membres. Son combat, la patronne de Tigui Mining Group le veut panafricain. Elle pense que « l’entrepreneuriat féminin constitue une niche de développement économique que les gouvernements doivent soutenir en apportant des solutions institutionnelles et des aides financiers sur la table. » Aux femmes qui sont déjà engagées dans cette voie, elle leur conseille de garder la foi et la persévérance. Elle-même s’est imposée dans un milieu très masculin. Et son secret est simple : en matière de business, il n’y a ni d’homme, ni de femme, juste des partenaires qui discutent des opportunités dans un intérêt mutuellement bénéfique.

Business Management 17 Mars 2017 AFRICA


Leaders Une enfance joyeuse Si la tigresse des mines a pu avoir le sourire au moment de retourner dans son pays d’origine alors qu’elle possède la nationalité américaine, c’est aussi parce que son enfance y a été paisible. Elle voit le jour en 1975. Son père, Mohamed Mounir Camara, est alors haut commis de l’Etat. Il sera gouverneur de region pendant de longues années. En 2008, un décret présidentiel le fait président du Conseil national de la Communication, l’organe en charge de la régulation du secteur de la presse en Guinée. Autant dire que la tigresse n’est pas née dans la plus grande des modesties. D’ailleurs, c’est à la prestigieuse école Sainte Marie de Conakry qu’elle effectue ses études secondaires, un établissement tenu par des prêtres catholiques et qui traine une bonne réputation. Après son Baccalauréat, ses parents – qui sont ses modèles selon elle – l’envoient poursuivre son acquisition de connaissances au Maroc. À Egico.Sup de Rabat, elle étudie l’administration des entreprises. En 1996, elle retourne à Conakry avant de s’envoler pour les USA. Objectif : y mener une carrière de mannequine. Une passion d’enfance. Elle a en effet 12 ans lorsqu’elle participe à son premier défilé à l’occasion d’un événement glamour organisé au Novotel de Conakry, un hôtel de la capitale guinéenne. Voici donc Tigui aux USA. Elle a deux atouts : son corps de rêve qui fait d’elle une mannequine talentueuse et son diplôme en administration des entreprises. Ce sera d’abord le mannequinat. Elle met son talent au service d’Hillary Beckford Management

Management 18 Business Mars 2017

AFRICA

BIO EXPRESS

1975 Naissance en Guinée 1996 Départ pour New York après trois années d’études en administration des affaires au Maroc. Elle démarre une carrière de mannequine aux Etats unis. 2001 Elle accouche des jumeaux (Mohamed Mounir et Hawa Saïcha) et arrête sa carrière de mannequine. Elle prend la direction de Thomas Pink (filiale du célèbre Louis Vuitton) en 2004. Elle dirige plus tard Bonpoint (maison de mode de luxe pour les enfants) entre 2007 et 2009. 2009 Elle crée Boudis (une maison de mode) et met sur le marché américain deux marques de cosmétiques (« Danke » pour la peau et « Mowa » pour les cheveux). La même année, elle lance à Conakry la Camara Diamond & Gold Trading Network (CDGTN) : l’entreprise opère dans les mines.

(HBM), une entreprise qui opère dans le secteur de la mode. On la voit aussi au Mercedes Benz Fashion Week à New York. Puis, elle travaille avec des artistes importants : Chaka Khan, Isaac Haines. Elle a l’occasion de pénétrer l’univers du cinéma et ne

s’en prive pas. Avec Nicolas Cage, elle joue dans « Bringing out the dead », puis dans « Dirt » sur Showtime TV. En 2001, elle donne naissance à des jumeaux : Mohamed Mounir et Hawa Saïcha. C’est la fin de sa carrière de mannequine. Heureusement, elle

Voici donc Tigui aux USA. Elle a deux atouts : son corps de rêve qui fait d’elle une mannequine talentueuse et son diplôme en administration des entreprises. Ce sera d’abord le mannequinat. Elle met son talent au service d’Hillary Beckford Management (HBM), une entreprise qui opère dans le secteur de la mode. On la voit aussi au Mercedes Benz Fashion Week à New York. Puis, elle travaille avec des artistes importants : Chaka Khan, Isaac Haines.

2012 Tiguidanke Mounir Camara met en place le Tigui Mining Group. La holding incorpore la CDGTN en son sein. 2013 La patronne co-fonde l’association « Women in Mining Guinée ». Représentation nationale de « Women in Mining International », elle regroupe les femmes qui travaillent dans l’industrie minière en Guinée. 2014 Le Tigui Mining Group crée une filiale en Côte d’Ivoire. Au total, la PDG chiffre ses investissements à 40 millions de dollars US. 2016 Elle est distinguée à Dubaï, au mois de décembre, au cours d’un événement réunissant les patrons, comme une des 100 femmes les plus influentes des économies émergentes pour le compte de l’année 2016.


Leaders

Tigui Mounir Camara est en permanence à la recherche du meilleur partenaire stratégique.

a plus d’une corde à son arc. Après un arrêt forcé de trois ans, la Guinéenne réactive ses connaissances en administration des affaires. Elle prend en 2004, la direction de Thomas Pink, une filiale du célèbre Louis Vuitton, une entreprise française de maroquinerie et de prêt-à-porter de luxe. D’un employeur à un autre, Tigui dirige aussi, entre 2007 et 2009, Bonpoint à New York, une maison de mode destinée aux enfants. Une expérience qui lui permet d’habiller les progénitures de quelques célébrités : Barrack Obama, Brad Pitt, Jennifer Lopez, Tom Cruz. Quand on a déjà dirigé deux entreprises sans en être propriétaire, et qu’on habite un pays où l’esprit entrepreneurial hante tous les jeunes, on a envie de créer sa propre affaire. Et c’est ce qui se passe pour Tiguikandé Camara. Elle fonde Foudis, une maison de mode. Nous sommes en 2009. Depuis lors, l’entreprise a organisé des défilés aux Etats-unis, en Italie et même à Conakry. Madame a aussi mis les pieds dans l’univers des cosmétiques en mettant sur le marché américain « Danke », ligne de produits naturels pour la peau et «

Mowa », une gamme destinée aux cheveux. À chaque fois, le nom qu’elle attribue à ses initiatives vient de son univers guinéen, quand ce n’est pas simplement une partie de son propre prénom. Cependant, c’est bien le Tigui Mining Group que la passionnée de football considère comme sa plus grande réalisation. D’où sa volonté de ne plus quitter la Guinée. D’ailleurs, l’activité minière l’a révélée au monde. Au point où, en décembre dernier, elle est

choisie à Dubaï pour faire partie des 100 femmes les plus influentes des économies émergentes pour le compte de l’année 2016. À force de taper à l’œil des puissants des affaires de ce monde, elle finira bien par rencontrer Barrack Obama. C’est l’un de ses rêves les plus chers. Bien partie pour figurer dans une dizaine d’années dans les classements des plus fortunés du continent africain, Tiguikandé Camara compte

La patronne plonge de temps en temps dans les mines à la recherche des pierres précieuses.

appuyer sur l’accélérateur. En plus de ses activités aux Etats unis, elle possède Serena Agency, une entreprise qui opère dans l’événementiel de la mode en Guinée. C’est sous ce label qu’elle organise la Guinea Fashion Week. Une façon de rester collée à sa passion d’enfance. Mieux, elle envisage la création d’une chaine de télévision panafricaine exclusivement consacrée à la mode : Africa Fashion TV. Et pour davantage se diversifier, il y a deux ans, elle annonce son intention de créer une entreprise de taxi aérien dont les services seront destinés aux grandes fortunes. Le nom de la compagnie : Aéromine. On attend encore. Quand on a pour philosophie « la passion et la fidélité », on ne peut qu’aller au bout de ses ambitions. Pour arriver à mener toutes ces activités, cette passionnée d’œuvres théâtrales mise sur le travail en équipe. Avec les idées pleines la tête, elle ne peut s’y prendre autrement. Mais l’argent n’est pas son but ultime. Elle tient à préciser qu’on peut en gagner beaucoup et rester malheureux. Le secret du bonheur : être passionné par ce qu’on fait. Le message, elle l’envoie aux jeunes.

Business Management 19 Mars 2017 AFRICA


Entretien Pascaline NENDA AKIMBO, « Le Blesolac a les mêmes vertus que le lait maternel. » Entretien réalisé par Hervé TIWA

Il y a quelques mois, Lamana lançait sur le marché camerounais le « Blesolac », un produit alimentaire fait à base de céréales et destiné aux nourrisons. Où en êtes-vous concrètement avec la mise en place de votre entreprise ? Je dirais qu’on a avancé. Hier, je demandais les locaux pour pouvoir produire mais, les machines que j’utilisais étaient à 100% en sous-traitance. Aujourd’hui, l’entreprise a son propre centre de production (semi industriel) basé à Douala et une sous traitance à 20% en ce qui concerne les machines. Sur votre page facebook, on peut lire que vous avez besoin de financements pour véritablement impulser le décollage de votre activité. De quoi et de qui avez-vous besoin de façon précise ? Lamana rencontre un gros problème en matière de financements. Nous en avons besoin pour pioritairement acquérir les équipements de production. Cela nous permettra de produire à très grande échelle, afin d’avoir la capacité de répondre à la demande. Car, elle est énorme. C’est d’ailleurs elle qui m’a incité à étendre le marché. Depuis que vous promouvez la marque « Blesolac », vous avez gagné au moins deux prix consacrés à l’entrepreneuriat au Cameroun. En quoi ces événements heureux ont-ils un La PDG de Lamana expose fièrement un de ses prix glanés dans les compétitions d’entrepreneuriat.

L

amana. Une jeune entreprise camerounaise créée à Douala au mois de juin 2016. Son créneau : l’agroindustrie. Un seul produit sur le marché à ce jour : le Blesolac. Des céréales instantanées destinées à la nutrition des nourrissons et des enfants en bas âge et inventées en 2013. L’accueil réservé par les consommateurs est si et tellement positif que la présidente-directrice générale de l’entreprise veut passer à la vitesse supérieure : produire à plus grande échelle pour arroser le marché camerounais. À défaut de lui trouver les sommes colossales qu’elle recherche, la rédaction lui a ouvert les portes. Pour d’abord en savoir plus sur cette dame de 33 ans qui brille par sa passion pour l’agroalimentaire. Une inclinaisaon récompensée par quatre prix glanés en seulement deux années dans les challenges pour porteurs de projets au Cameroun. Et dire qu’il a fallu qu’elle soit dans l’incapacité d’acheter des céréales pour sa propre fille il y a 05 ans pour qu’elle conçoive par ses propres mains ce produit qui a déjà trouvé son sillon. Une belle histoire que la désormais Présidente-directrice générale, passée par un cursus littéraire, raconte dans un discours simple. Entretien.

Management 20 Business Mars 2017

AFRICA

Le Blesolac se présente comme le nouveau visage de la nutrition infantile au Cameroun.


Entretien peu accéléré la mise en place de votre unité industrielle depuis lors ? Ces deux prix ont contribué à la mise en place de mon unité de production. Le torréfacteur que j’utilise a été acheté grâce au prix remporté au challenge « My Dream » organisé par Equinoxe Télévision, chaine de télé basée à Douala. Qu’est-ce que le Blesolac ? C’est la marque du premier produit de Lamana. « Blesolac » veut tout simplement dire « Blé Soja Lacté ». Il s’agit donc d’un mélange de céréales. Il a pour objectif d’assurer la continuité de la croissance et de la santé des nourrissons (dès 6 mois) et des enfants en bas âge. Le produit est 100% camerounaise, fait à base de produits locaux. Il a les mêmes vertus que le lait maternel. Il renferme toutes les propriétés nutritionnelles requises pour une bonne croissance et une santé de fer chez les sujets concernés. Pouvez-vous compter l’histoire de cette marque dont vous êtes la génétrice ? En 2012, quand j’ai eu ma fille, je me suis retrouvée abandonnée à moi-même. Quand elle a eu 6 mois, je me suis rapidement rendu compte que je ne pouvais lui offrir les céréales infantiles, faute de moyens. La même période, je me rends dans mon village. Et pendant mon séjour, je rends visite aux Sœurs Dominicaines dont le monastère est à proximité de notre concession familiale. Lors de cette visite, je constate qu’elles offrent aux enfants du village, le blé grillé qu’ils consomment directement. Cela me donne une idée.

PASCALINE NENDA EN BREF 1984 : Naissance le 06 mai 2006 : Obtention du Baccalauréat A4 Espagnol (Lettres, philosophie et langues vivantes). 2007 : Formations professionnelles en marketing et communication 2009 : Agent au service des archives de l’Agence de Régulation des Marchés publics. 2015 : Obtention du deuxième prix à l’issue de la Eden Best Business Plan Competition (challenge opposant les porteurs de projets d’entreprises et organisé à Douala). 2016 : Vainqueure de « My Dream », compétition d’entrepreneuriat féminin organisée par la chaine Equinoxe Television ; prix du meilleur projet au Lions Enterpreunership Challenge (compétition organisée à Douala) ; prix du « Best Female Enterpreuner » au Kmer Start Up Challenge ; Immatriculation de Lamana au Registre du Commerce. 2017 : Participation en tant que PDG de Lamana au salon Promote à Yaoundé.

Après l’observation faite chez les religieuses, je décide de créer une recette « miracle » pour assurer la croissance de ma fille. C’est ainsi que je joins au blé d’autres ingrédients. Cela me donne un produit avec lequel je commence à nourrir ma fille. Quelques semaines après, je constate qu’elle éclate de santé et grandit bien. Je décide de faire bénéficier des bienfaits de la recette magique aux autres enfants du village. Et quelques semaines après, les résultats sont plus que satisfaisants. Ceux qui étaient malnutris et en dessous de leur poids changeaient physiquement, reprenaient du poids et le cours normal de leur croissance. Ce qui me pousse à prendre une décision : mettre ce produit à la disposition de tous les autres nourrissons et enfants pour une bonne croissance et une santé parfaite. Je commence à petite échelle. Et je nomme mon produit : « Lamana ». Lamana devient par la suite le nom de l’entreprise et les céréales désormais s’appellent Blesolac. Pourquoi avez-vous renommé ce produit « blesolac » ? Je l’ai nommé Blesolac parce que j’ai voulu faire un diminutif des éléments qu’il contient : blé, soja, lait. On y retrouve aussi du sucre et des extraits de fruits. C’est mon œuvre et j’ai protégé la marque à l’Organisation africaine pour la Propriété intellectuelle (OAPI). Vous affirmez sur la page facebook de votre

Business Management 21 Mars 2017 AFRICA


Entretien

La PDG de Lamana s’est exposée au salon Promote 2017.

entreprise que le « blesolac est probablement le meilleur aliment pour bébé après le lait maternel dès le 6e mois. » Comment êtes-vous arrivée à cette conclusion ? Sans aucun doute, le Blesolac est probablement le meilleur après le lait maternel. Le lait maternel est le plus approprié dès la naissance parce qu’il est riche, suffisant et complet pour le nourrisson jusqu’à 6 mois. Après 6 mois, devient insuffisant et ne peut plus couvrir tous les besoins nutritionnels du nourrisson. Pour assurer la continuité de sa croissance et pour la maintenir, il faut un aliment contenant les mêmes propriétés nutritionnelles que ceux contenus dans cet aliment naturel issu du sein de la mère. Et après des tests, nous avons remarqué que notre produit constitue un substitut parfait. Le Blesolac contient tous les éléments nutritionnels et toutes les 13 vitamines. Il est riche en fer, en minéraux, en fibres alimentaires et ne contient point de mauvais cholestérol. Il a fait l’objet d’une certification du ministère camerounais en charge de la Santé publique. L’un des points culminants de la procédure est l’analyse biologique et nutritionnelle. Ainsi, lorsque vous faites la comparaison entre 100 ml de lait maternel et 100 g de Blesolac, vous constatez que notre produit contient tous les éléments nutritionnels contenus dans le lait issu du sein de la mère. Et c’est la raison pour laquelle un nourrisson peut le consommer avant 6 mois. Il est parfait pour la nutrition des bébés nés de mères malades, porteuses par exemple du VIH. Puisqu’ils ne peuvent être allaités, le Blesolac peut jouer un rôle de substitution. Quelle est le point de vue de ceux qui ont essayé votre produit ?

Management 22 Business Mars 2017

AFRICA

LAMANA EN BREF Date de création : 2013 (début de la production) ; Juin 2016 (Immatriculation de l’entreprise) Forme juridique de l’entreprise : Etablissement Siège social : Douala Capital 15 millions F CFA Actionnaire : La PDG uniquement Nombre d’employés : 08 Produit proposé : Blesolac (céréales instantanées et infantiles). Ambitions de l’entreprise : Contrôler l’ensemble du circuit de production (de la matière première au produit fini) et augmenter les capacités industrielles.

Je dirais que si je suis arrivé à ce niveau, c’est tout simplement grâce à ma cible, vu qu’au départ c’était juste une solution temporelle pour la croissance ma fille. À ma grande surprise, sur 100 mamans qui ont testé, 99 l’apprécient et l’adoptent. Les réticences de la minorité s’expliquent par le fait que leurs bébés ne l’acceptent pas ou aiment seulement le biberon. Quand cela se produit, je conseille de changer le mode d’administration du produit. Après ces indications, leurs bébés raffolent du Blesolac. Finalement, toutes les mamans qui ont testé ont fini par l’adopter. Elles ne se privent d’ailleurs pas d’en consommer elles-mêmes, car, disent-elles, le goût est divin. Quelle est la courbe des recettes de Lamana sur le Blesolac ? Notre volume d’activités grandit un peu plus chaque jour. Au début, on faisait 500 000 Francs CFA de recettes mensuellement. Aujourd’hui, il a triplé. Mais pour véritablement lancer l’activité, il nous faut de gros financements. Quel marché visez-vous ? Lamana vise d’abord le marché camerounais. Ensuite, nous irons conquérir l’extérieur. Mais il nous faut d’abord nous occuper des quatre coins du Cameroun. Le « blesolac » évolue dans un environnement direct très concurrentiel. On est globalement entre produits locaux et produits importés. Qu’est-ce qui va vous permettre de vous démarquer ? Nous allons nous démarquer d’abord sur le plan de la qualité. De ce point de vue, le Blesolac répond normes sani-


Entretien taires, qu’il s’agisse du produit ou de son emballage. Il est complet et renferme toutes les propriétés nutritionnelles. Il est biologique. Et en tant que tel, il met les mamans en confiance face à la montée de l’utilisation des engrais chimiques. Le deuxième point qui va nous permettre de nous distinguer est le prix. Lamana a choisi de rendre ce produit accessible par tous. C’est une question de conviction personnelle. Je ne pouvais offrir les céréales à ma fille parce qu’elles coutaient tros chers. Devenue industrielle sur ce créneau, je ne peux que faciliter la tâche aux personnes issues des couches défavorisées. Puis, il y a la quantité. Le Blesolac a un grammage supérieur d’au moins 50 grammes à toutes autres céréales instantanées présentes sur le marché. Et il gonfle deux fois plus que les autres. Il y a également la question du goût. Il est simplement divin. Enfin, nous allons mettre en avant la dimension « made in Cameroon » pour fidéliser nos clients sur le marché national. Vous annoncez également dans vos pages sur les réseaux sociaux que le « Blesolac » n’est que le premier d’une liste de produits. Qu’est-ce qui viendra après ? Il y aura d’autres variétés de céréales instantanées « made in Cameroun ». Au mois de juin 2017, ous allons en mettre une autre sur le marché. Lamana veut non seulement nourrir les nourrissons et enfants en bas âge, mais aussi les éduquer et même les habiller. Pourquoi êtes-vous autant passionnée par le secteur agro-alimentaire ? L’alimentation a toujours été ma passion. J’adore manger, cuisiner et créer. Donc, me retrouver dans l’agro-alimentaire aujourd’hui et créer pour les autres, leur apporter des solutions pour une bonne alimentation, passe pour plus qu’un devoir. Cela coule dans mes veines. Quelles sont les ambitions à long terme de Lamana, que ce soit sur le plan national ou à l’échiquier international ? L’entreprise que j’ai créée et que je dirige a une vision : Que chaque jour au Cameroun, en Afrique et dans le monde entier, sur la table de chaque famille, les produits Lamana soient consommés. Votre activité relève de la micro-industrie. Si vous avez des conseils à

donner aux jeunes qui ont envie d’opérer dans l’industrie au Cameroun et en Afrique, ce seraient lesquels ? Je leur dirais que l’industrie est un bon secteur. Il est porteur et le Cameroun, comme la plupart des pays du continent, a besoin de s’industrialiser et s’auto produire au moins à 80%. Cela demande cependant de se mettre au travail et de s’investir à fond. Il faut également développer certaines valeurs si on ne les a pas encore : humilité, patience, persévérance. Puis, il faut apprendre à aller vers la bonne information. Il ne faut surtout pas attendre d’avoir les milliards pour se lancer. Il faut simplement commencer avec le peu qu’on a. Il faut s’installer sur un créneau qui fait en sorte qu’on se démarque et qu’on se fasse finalement remarquer. Enfin, il faut baigner dans la créativité et l’innovation. Quelle est votre vision du management ? Ma vision de management consiste à former des personnes qui vont ensuite faire vivre l’entreprise par leurs compétences. J’attache du prix au respect strict de la promotion de la QHSE : qualité, hygiène, sécurité, environnement. Pour moi, c’est le cœur du système que je suis en train de mettre en place. Cyrille Bojko, PDG de Radio Balafon à Douala, est une source d’inspiration pour moi. C’est lui qui m’a fait découvrir mon potentiel.

Le Blesolac contient tous les éléments nutritionnels et toutes les 13 vitamines. Il est riche en fer, en minéraux, en fibres alimentaires et ne contient point de mauvais cholestérol. Il a fait l’objet d’une certification du ministère camerounais en charge de la Santé publique. L’un des points culminants de la procédure est l’analyse biologique et nutritionnelle. Ainsi, lorsque vous faites la comparaison entre 100 ml de lait maternel et 100 g de Blesolac, vous constatez que notre produit contient tous les éléments nutritionnels contenus dans le lait issu du sein de la mère.

Le « blesolac » évolue dans un environnement direct très concurrentiel. On est globalement entre produits locaux et produits importés. Qu’est-ce qui va vous permettre de vous démarquer ? Je l’ai nommé Blesolac parce que j’ai voulu faire un diminutif des éléments qu’il contient : blé, soja, lait. On y retrouve aussi du sucre et des extraits de fruits. C’est mon œuvre et j’ai protégé la marque à l’Organisation africaine pour la Propriété intellectuelle (OAPI). Pourquoi avez-vous renommé ce produit « blesolac » ? Je l’ai nommé Blesolac parce que j’ai voulu faire un diminutif des éléments qu’il contient : blé, soja, lait. On y retrouve aussi du sucre et des extraits de fruits. C’est mon œuvre et j’ai protégé la marque à l’Organisation africaine pour la Propriété intellectuelle (OAPI). Pourquoi avez-vous renommé ce produit « blesolac » ? Je l’ai nommé Blesolac parce que j’ai voulu faire un diminutif des éléments qu’il contient : blé, soja, lait. On y retrouve aussi du sucre et des extraits de fruits. C’est mon œuvre et j’ai protégé la marque à l’Organisation africaine pour la Propriété intellectuelle (OAPI).

Business Management 23 Mars 2017 AFRICA


Management 24 Business Mars 2017

AFRICA


In’entreprise

Sawa Shoes, l’entreprise qui fabrique des « Baskets » made in Ethiopia Depuis un peu plus de deux ans, le gratin de la presse panafricaine est à ses trousses. Forbes Afrique, Jeune Afrique, Amina, Africa 24 : ces organes qui ont pignon sur rue ont déjà écrit des pages sur la patronne de Tigui Mining Group. À 42 ans, elle est considérée comme la seule femme chef d’entreprise dans le secteur minier en Guinée. Nous nous y mettons nous aussi. Objectif : comprendre en même temps que vous le parcours de cette ancienne mannequine entrée dans les mines à 34 ans. Hindrich ASSONGO

La compagnie Sawa Shoes en bref

Naissance : Avril 2009 à Douala (Cameroun) Implantation actuelle : Addis-Abeba (Éthiopie) PDG : Mehdi Slimani (Francoalgérien) Activités Fabrication et commercialisation des baskets sous la marque « Sawa » L’usine de Sawa Shoes à Addis-Abeba.

S

awa Shoes. Le nom d’une entreprise, mais aussi d’une marque de « baskets » : Sawa. Du made in Ethiopia. La fierté de produire en Afrique et de porter un nom à consonance africaine. Des gammes dont les appellations renforcent l’identité africaine de la marque : Dr Bess, Tsagué, Lishan, Konjo, Ibaba Rwanda.

Des chaussures vendues entre 50 et 125 euros. Des pointues pour des enfants, femmes et hommes. Depuis AddisAbeba, l’ambition est de se faire adopter par tous les Africains. Tout cela sonne comme le résultat de la détermination d’un homme : Mehdi Slimani, un Franco-algérien de 42 ans. Un Kabyle qui grandit dans le 20ème arrondissement de Paris, accumule de

l’expérience à travers le monde, avant de songer à l’Afrique. 2009. Mehdi Slimani débarque à Douala, capitale économique du Cameroun. Un pays qui le passionne. Son ambition : bâtir une entreprise industrielle pour fabriquer des chaussures de haute qualité. Ce seront des « baskets ». Avec son équipe d’associés, il décide de

Gammes de la marque : Dr Bess, Tsagué, Lishan, Konjo, Ibaba Rwanda. Nombre d’employés directs : une vingtaine Nombre d’employés en sous-traitance : 200 Ventes : 20 mille paires en 2014 Principaux marchés : Etats-unis, Corée du Sud, France, Nigéria, Afrique du Sud

Business Management 25 Mars 2017 AFRICA


In’entreprise Car, « en swahili ça veut dire “ok, ça va” et en arabe ça veut aussi dire “ensemble” », indique le patron. La coïncidence d’une signification multiple en fonction des aires culturelles du continent s’avère d’autant bonne que l’entreprise, au départ, importe une grande partie de sa matière première des pays africains. Ainsi, le caoutchouc vient de l’Égypte, les lacets de Tunisie, le cuir du Maroc et les sacs du Nigéria. Une erreur stratégique. Quand on veut naviguer dans le monde des affaires au Cameroun, il faut toujours tenir compte des lenteurs de son administration et de la corruption qui gangrène l’univers de sa douane. « Quand un conteneur arrivait au port de Douala, je ne dormais plus. Il fallait passer par la corruption pour s’en sortir », indique Mehdi Slimani. « Avec ces conneries » comme lui-même les appelle, l’entreprise avoue avoir perdu 500 mille euros en deux ans. En Francs CFA, le chiffre peut effrayer : on se situe au-delà de 327 millions. Dans le contexte national, c’est énorme. Le projet se trouve au bord de la faillite. Le mauvais climat des affaires au Cameroun s’ajoute aux révolutions arabes qui secouent la Tunisie et l’Egypte et qui plombent toutes les activités économiques. La matière première ne peut plus être livrée. « Mais à ce moment, je n’arrivais pas à pleurer, je me disais que ça ne pouvait pas être fini comme ça. Puis, un ami nous a aidés à nous relever financièrement, et un autre ami ardennais qui vit en Éthiopie m’a suggéré de venir ».

Management 26 Business Mars 2017

AFRICA

Les chaussures de marque Sawa commercialisées sur la place parisienne.

Déménagement en Éthiopie Sur les conseils de son ami, Mehdi Slimani met donc le cap sur l’Ethiopie. Cette option lui permet de rester dans sa logique : produire des baskets sur le continent africain et avec une matière première africaine. Et dans ce pays de l’Afrique de l’Est, les choses se passent différemment. Le climat des affaires est bon. C’est le printemps. Le Kabyle ne

Sawa. C’est aussi comme cela que s’appellera la marque. Le vocable désigne les peuples cotiers du Cameroun, de Douala à Campo, en passant par Limbe et Kribi. Mais pas seulement. Car, « en swahili ça veut dire “ok, ça va” et en arabe ça veut aussi dire “ensemble” », indique le patron.

tarit pas d’éloge quand il doit parler de cette destination dont le seul aspect positif connu par le grand public réside en ses talentueux champions des pistes d’athlétisme : « L’Éthiopie est un pays exceptionnel. Ils sont dans une dynamique économique fulgurante, mais on n’en parle pas, ou on reste dans les clichés des années 1980, avec la famine. Mais dans dix ans, on l’érigera en modèle de développement. C’est un pays stable politiquement, qui n’a jamais été colonisé, et je n’y ai jamais eu les problèmes de corruption que j’ai eus au Cameroun. Pour exporter, je peux donner le chèque avant même que ça se fasse, c’est un confort qui nous sauve la vie ! ». Sawa Shoes prend ses quartiers à Addis-Abeba au début de l’année 2011. L’entreprise a une chance : toute la matière première se trouve sur place. Pas besoin d’importer. Le résultat d’une


In’entreprise

Un designer de Sawa au travail.

Quelques chaussures de la marque SAWA

politique gouvernementale qui vise à faire de l’Éthiopie l’usine de l’Afrique. Le business du producteur de baskets décolle. Au siège de la compagnie, une vingtaine de personnes travaillent au quotidien. Elles s’occupent du design, du suivi des achats, du contrôle-qualité, du marketing, de la communication et des finances de l’entreprise. Pour la production, la marque sous-traite dans une usine qui compte 200 employés. Chaque ouvrier produit une moyenne de 1,5 paire de chaussures par jour pour 08 heures quotidiennes de travail. L’usine ne fonctionne pas la nuit et chaque ouvrier bosse 05 à 06 jours par semaine, en fonction des périodes. Dans cette fabrique de sous-traitance qui produit les « Sawa », si on en croit le PDG, les salaires mensuels oscillent entre 120 et 400 euros, loin du plafond de 40 euros opéré par les autres unités industrielles qui lui sont voisines. En termes de qualité, on ne badine pas ici. « Une des particularités des chaussures Sawa est qu’elles sont collées et cousues à la tige : ce qui leur assure une grande résistance au niveau de la liaison tige/semelle. C’est une finition qu’on retrouvait aussi sur les BGNS, et qui assure donc une double résistance », écrit Alexandre Franza sur le site bonneguele.fr. En 2014, l’entreprise de Mehdi Slimani commercialise 20 mille paires de baskets Sawa. « Ce n’est pas énorme mais suffisant pour être rentable », soutient le PDG. Il y a 04 ans, la franchise se situe au million d’euro de chiffre d’affaires annuel. Un cap déjà dépassé à ce jour. Les Etats-unis et la Corée du Sud constituent les deux grands bassins d’écoulement de ces produits de la mode. Vient ensuite la France où le business tarde vraiment à prendre de l’allure. Mais c’est auprès des consommateurs africains que la marque veut se vendre à plus grande échelle. En ligne de mire : les grands pays anglophones du continent : le Nigéria et l’Afrique du Sud. Mais il faudra aussi compter avec le marché local éthiopien. Des stars ou des labels importants contribuent également à construire la notoriété de cette marque : Oxmo Puccino, Mailan, Public Enemy. D’ailleurs, en 2012, pour le lancement de son nouvel album, le rappeur français Oxmo Puccino accepte de porter des sneakers de la gamme « Tsague » et de marque Sawa. La collection spéciale « PuccinoXSawa Shoes » est alors fabriquée en édition limitée : 119 exemplaires. Pendant une période, Sawa réfléchit à fabriquer des chaussures de sport, en comptant notamment sur des ambassadeurs de choix : les coureurs d’athlétisme éthiopiens, bien connus dans le monde pour la domination qu’ils exercent sur les courses de fond et le marathon. Mais l’idée de faire face à une rude concurrence pousse à provisoirement oublier ce projet.

Business Management 27 Mars 2017 AFRICA


In’entreprise Le Rwanda en ligne de mire

BIO-EXPRESS MEHDI SLIMANI

1995 Entrée à l’Ecole supérieure de Commerce de Lille. Il en sort en 1998. 1998 Début au mois de juillet d’une carrière de contrôleur financier au sein de filiale du groupe Valeo au Brésil. Il y reste jusqu’en septembre 2001. 2001 Début au mois de septembre d’un parcours de contrôleur financier à IXO Publishing à Paris. Il quitte le groupe en février 2004.

Mehdi Slimani, PDG de Sawa Shoes.

Dans ses plans de développement, en termes de diversification des lieux de production, Sawa lorgne d’autres pays africains. En tête : le Rwan-

En 2014, l’entreprise de Mehdi Slimani commercialise 20 mille paires de baskets Sawa. « Ce n’est pas énorme mais suffisant pour être rentable », soutient le PDG. Il y a 04 ans, la franchise se situe au million d’euro de chiffre d’affaires annuel. Un cap déjà dépassé à ce jour. Les Etats-unis et la Corée du Sud constituent les deux grands bassins d’écoulement de ces produits de la mode.

Management 28 Business Mars 2017

AFRICA

da. Un pays avec lequel la marque a travaillé le design de sa dernière gamme. « Nous avons fait équipe avec Ibaba Rwanda pour notre style “Tsague Éthiopie club”. Le dessus de la chaussure se caractérise par un panachage de prime cuir, laine mérinos, camo et une toile de nylon main unique brodé tête de lion. Chaque tête de lion est unique et il a été brodé à la main par une femme d’Ibaba Rwanda. Plusieurs jours de travail sont nécessaires pour faire une paire de chaussures. Le résultat est une œuvre d’art unique », liton sur le site internet de la compagnie. Mais il y a également le Cameroun, une terre qui semble décidement collée à la peau du patron : « C’est un superbe pays, même si c’est dur d’y faire des affaires. Je le compare souvent à cet ami qui

fumait et qui avait fait fumer sa sœur pour ne pas qu’elle le dénonce. Si vous vous branchez illégalement à l’électricité, on va vous laisser faire. Mais après, il ne faudra pas se plaindre de la corruption, puisque vous êtes dans l’illégalité », commente-t-il. Cependant, c’est en Ethiopie que le PDG de Sawa souhaite réellement vivre. « Culturellement, c’est un pays que j’adore, j’ai envie que mes enfants y grandissent. J’y retrouve cette naïveté, au sens positif du terme, que j’avais quand j’arrivais tout jeune à Paris. C’est un pays exceptionnel à découvrir », décrit-il. Un espace décidement loin de la capitale française où il débarque tout gamin en provenance de son Algérie natale. Après son Baccalauréat, c’est dans le nord de la France qu’il fait ses hu-

2004 À partir du mois de février, on le retrouve en Chine comme contrôleur financier au sein de la filiale de la multinationale française Faurecia. Le bail s’arrête en février 2006. 2006 En février, il intègre le Coq sportif à Paris comme contrôleur financier, puis travaille au département marketing. Il décide d’arrêter en 2009. 2009 Il crée Sawa Shoes à Douala (Cameroun) avec d’autres associés. Elle produit et commercialise des baskets sous la marque Sawa. 2011 Face au mauvais climat des affaires au Cameroun, Sawa Shoes délocalise ses activités en Éthiopie. 2014 Sawa Shoes commercialise 20 mille paires de baskets, essentiellement aux Etatsunis, en Corée du Sud et en France.


In’entreprise En 2012, pour le lancement de son nouvel album, le rappeur français Oxmo Puccino accepte de porter une paire de Sawa de la gamme Tsague.

Une des mannequines exhibant une paire de baskets Sawa.

manités. Il fréquence l’École supérieure de Commerce de Lille pendant 03 ans, entre 1995 et 1998. Le diplôme en poche, le jeune homme âgé alors de 23 ans, rejoint le groupe Valeo, multinationale française spécialisée dans la production des équipements automobiles. L’entreprise l’envoie travailler au sein de sa filiale brésilienne comme contrôleur financier. L’aventure, débutée en juillet 1998, s’achève en septembre 2001. Il revient en France travailler à un poste similaire pour Ixo Publishing. Cette filiale du groupe Ixo édite des magazines musicaux. Là encore, le bail ne dure que trois années (septembre 2001 – février 2004). Le Franco-algérien retente un séjour hors de France, mais reste dans le contrôle financier. Il renoue avec un secteur qu’il connaît bien : la production

des équipements automobiles. Cette fois-ci, c’est le groupe français Faurecia qui l’emploie dans sa filiale chinoise. En Chine, Slimani rencontre des jeunes qui n’ont qu’un seul rêve : créer leurs propres entreprises. En février 2006, le patron de Sawa stoppe son séjour chinois et revient en France travailler pour le Coq sportif, entreprise française de production des équipements sportifs. Il y entre comme contrôleur financier, avant de migrer vers le marketing. Et en avril 2009, il décide de mettre fin à son parcours d’employé pour entamer une carrière de patron. Une belle manière d’appliquer ce qu’il aura appris de ses amis chinois. Une occasion aussi de revenir sur son continent d’origine. Et depuis lors, Mehdi Slimani n’a plus perdu sa passion de l’Afrique.

Business Management 29 Mars 2017 AFRICA


In’entreprise

MiaKosmetics, l’audace cosmétique d’une jeune camerounaise de 29 ans

Décidement, les Camerounais ont trouvé une passion pour l’industrie des cosmétiques, où qu’ils habitent. On connaît l’ogre Biopharma dont les usines sont basées dans la zone industrielle de Douala Bassa. Sur le territoire national, les petits producteurs affluent. Il y a quelques mois, votre magazine vous faisait découvrir Bold Make Up, une marque portée par l’entreprise du même nom et qui opère depuis la France, avec des terminaux commerciaux à Douala. C’est également depuis l’Hexagone que Kelly Kamen Sibenou lance son entreprise en décembre 2015. Particularité : elle s’engage à ne produire que ce qui renforce le naturel des peaux noires et métisses. Par Arnaud Kévin NGANO

MiaKosmetics met en avant son désir de l’Afrique.

P

roposer un tour de l’Afrique à travers des produits cosmétiques. L’ambition de MiaKosmetics (Made in Africa Kosmetcis) semble bien partie pour se matérialiser. Pour le moment, l’entreprise propose des laits de beauté dans lesquels on retrouve l’huile de palmiste du Cameroun, l’huile de moringa du Sénégal et celle de marula d’Afrique du Sud. Quoique basée à Paris, la compagnie fait du marché africain sa priorité. Pour se distinguer sur cet espace concurrentiel, elle met en avant le caractère bio de ce qu’elle propose aux consommateurs sur le continent. Les femmes en quête de lait décapant n’ont donc qu’à traverser. Ici, il n’y a rien à voir pour elles. Par contre,

Management 30 Business Mars 2017

AFRICA

si elles veulent se sauver des effets ravageurs du décapage, elles sont la bienvenue. Mais il leur faut au moins 10 000 F CFA pour s’offrir un trousseau « Hydrane », l’unique marque mise sur le marché à

ce jour et déclinée en quatre gammes : lait corps apaisant, lait corps hydratant, lait corps protecteur, lait corps nourrissant. Pour résumer la présentation, ces laits « conviennent à tous les types

MiaKosmetcis voit le jour le 01er décembre 2015 à Paris. C’est la concrétisation des rêves d’une passionnée : Kelly Kamen Sibenou, âgée de 29 ans en 2017. Le projet s’installe dans sa tête en 2005. Alors qu’elle grandit en France, elle choisit un cursus académique qui correspond à ses ambitions. Après le Baccalauréat, elle fonce à la Faculté de Pharmacie de l’Université de Paris-Sud. Et à l’issue 05 années d’études, la camerounaise, qui fera même de la présentation en télévision, obtient un Master en « Médicaments et autres produits de santé », avec une spécialisation en cosmétologie (formulation et production).

de peau. Ils hydratent, nourrissent, apaisent et protègent la peau », indique l’entreprise. Un savon Hydrane joue désormais le rôle d’accompagnateur. MiaKosmetcis voit le jour le 01er décembre 2015 à Paris. C’est la concrétisation des rêves d’une passionnée : Kelly Kamen Sibenou, âgée de 29 ans en 2017. Le projet s’installe dans sa tête en 2005. « J’ai toujours voulu créer une marque pour l’Afrique, avec une réelle volonté d’apporter ma pierre à l’édifice du développement du Cameroun en particulier, et de l’Afrique en général. Je savais que sur le marché occidental, l’offre était pléthorique avec une très forte concurrence, mais qu’il y avait encore des choses à faire chez nous », indique-telle. Alors qu’elle grandit en


In’entreprise France, elle choisit un cursus académique qui correspond à ses ambitions. Après le Baccalauréat, elle fonce à la Faculté de Pharmacie de l’Université de Paris-Sud. Et à l’issue de 05 années d’études, la camerounaise, qui fera même de la présentation en télévision, obtient un Master en « Médicaments et autres produits de santé », avec une spécialisation en cosmétologie (formulation et production). Il apparaît à travers cette formation que l’impétrante se destine à l’industrie cosmétique, bien au-delà d’une simple représentation des marques. Voici venu le moment de transformer le projet en entreprise. Kelly Kamen Sibenou compte sur les fonds des proches. Sauf que les promesses à elles faites ne deviennent pas du cash. Pas découragée, la jeune dame change de stratégie de financement. Elle travaille comme consultante dans le domaine des cosmétiques pendant deux années. La moitié de son salaire lui permet de vivre. L’autre moitié est épargnée dans l’objectif de financer la naissance de MiaKosmetics. La compagnie finit donc par voir le jour sur les fonds propres de la porteuse du projet. La PDG décide de positionner ses produits sur la « moyenne gamme », mais surtout sur l’Afrique. Objectif : « mettre en lumière toutes les beautés et devenir leur ambassadrice ».

Hydrane, première marque cité, sa qualité et son originalité aussi bien dans les packagings que dans le choix de nos actifs africains », affirme Kelly Kamen Sibenou. L’entreprise travaille à réduire les prix pour que ses produits soient accessibles au plus grand nombre. Si l’on se fie à une interview accordée au magazine Roots en 2016, MiaKosmetics entend offrir Hydrane en 300 mililitres à 5 ou 6000 F CFA. Mais pas seulement. Il est aussi prévu une gamme de savon qui coûtera autour de 2 000 F CFA et une trousse à trois produits à 10 000 F CFA.

Une demo-conseillère de la marque Hydrane dans une pharmacie de Douala.

Hydrane arrive comme la première marque. Dans un premier temps, l’entreprise priviligie le Cameroun. Les consommatrices reçoivent bien cette merveille. Seul hic, le prix, audelà de 10 000 F CFA pour la bouteille de 500 mililitres. « Mais dans un deuxième temps, une fois le produit testé par la clientèle, nous avons d’excellents retours. Aujourd’hui, tous nos clients sont satisfaits, le produit plait de par son authenti-

Hydrane arrive comme la première marque. Dans un premier temps, l’entreprise priviligie le Cameroun. Les consommatrices reçoivent bien cette merveille. Seul hic, le prix, au-delà de 10 000 F CFA pour la bouteille de 500 mililitres. L’entreprise travaille à réduire les prix pour que ses produits soient accessibles au plus grand nombre. Si l’on se fie à une interview accordée au magazine Roots en 2016, MiaKosmetics entend offrir Hydrane en 300 mililitres à 5 ou 6000 F CFA.

Pour la distribution d’Hydrane au Cameroun, MiaKosmetics choisit les supermarchés et les pharmacies : 14 points de vente à Douala et 15 à Yaoundé. Dans les pharmacies, largement plus nombreuses, l’entreprise positionne même des conseillères pour aider les clients à faire le meilleur choix. Sur Paris, la marque est également présente. En général, pour ses clients sur le continent européen, elle se commercialise par e-commerce via le site internet de cette société à responsabilité limitée. Mais l’Afrique demeure le centre d’intérêt. La patronne compte mettre les pieds dans trois autres pays : Côte d’Ivoire, Gabon, Nigéria. Mais Kelly Kamen Sibenou a surtout décidé de mettre fin à ses occupations parisiennes pour davantage être présente sur le Cameroun. « Je n’étais pas du tout préparée et pensais pouvoir gérer les choses à distance. En France, les choses peuvent se régler par mail ou téléphone, sans même avoir à rencontrer son interlocuteur, et une confiance dans les relations professionnelles peut tout de même s’installer. Au Cameroun, c’est absolument impossible. Si tu n’es pas sur le terrain, les affaires n’avanceront pas. Il faut participer à des evénements locaux, être au contact du client, être

Business Management 31 Mars 2017 AFRICA


In’entreprise BIO-EXPRESS MEHDI SLIMANI

Date de création 01er décembre 2015. Lieu Paris PDG Kelly Kamen Sibenou (29 ans et titulaire d’un Master en Cosmétologie). Activités Production des produits cosmétiques à base des produits naturels. Marque Hydrane (gammes : lait corps apaisant, lait corps hydratant, lait corps protecteur, lait corps nourrissant). Positionnement de la marque gamme moyenne. Consommateurs ciblés Africains et Africaines. Pays africain déjà couvert Cameroun (Yaoundé et Douala)

Kelly Kamen Sibenou, PDG de MiaKosmetics

Le lait corps protecteur de la gamme Hydrane.

présents dans les tontines pour présenter son produit », explique-t-elle pour justifier cette option stratégique. C’est tout naturellement qu’on la retrouve au mois de février 2017 à Yaoundé, à l’occasion de Promote, une foire d’exhibition des entreprises. En ce qui concerne la rentabilité, la PDG de MiaKosmetics indique qu’il

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Pays africains lorgnés Gabon, Nigéria, Côte d’Ivoire

Cet autre lait de la gamme Hydrane est vendu en ligne à 17,90 euros.

est encore trop tôt pour en parler. Elle se contente de préciser que « c’est normalement au bout de trois ans qu’on sait si un projet tient la route ou pas ». Sur sa page facebook cependant, Kelly Kamen continue de courtiser de nombreux clients, tous agréablement surpris de sa relative jeunesse. En guise de réponde, elle débite ce qui apparaît

comme l’annonce du cap qu’elle s’est fixé : « Rendez-vous dans dix ans. Car, de l’ambition, il y en a ». D’ici à cette échéance, l’entreprise aura sans doute produit d’autres marques. Le souhait de la bientôt trentenaire est d’installer une usine de production au Cameroun, son pays natal.



Management

Football-business, et si les clubs africains se

mettaient au naming pour avoir leurs propres stades !

En ce moment, de nombreux clubs communautaires sur le continent, capables d’attirer jusqu’à 30 000 fans dans les arènes lorsqu’ils évoluent à domicile, font face à l’épieneuse question de l’absence de réelles infrastructures, dignes de leur longue histoire. Les stades dans lesquels ils évoluent, qui appartiennent pour la plupart à l’Etat ou aux muncipalités, sont obsolètes et normalement impropres à la pratique du football professionnel. Les Etats quant à eux ont d’autres priorités. C’est donc à chaque club de se débrouiller pour se doter d’une enceinte sportive digne de ce nom et adapté à ses ambitions. Mais comment faire ? Voyons ce que le naming peut proposer. Par Hindrich ASSONGO

L’Emirates Stadium de Londres, le stade d’Arsenal, un exemple de naming des stades, porte le nom de la compagnie aérienne des Emirats Arabes Unis.

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u’ils sont rares, les stades de football qui portent les noms des marques en Afrique ! Même dans les pays où le football professionnel se signale comme plus avancé, le naming des enceintes n’apparaît pas vraiment comme une préoccupation. Les arènes de football portent plutôt les noms des causes historiques : Stade de l’Unité Maghrébine de Béjaïa, Stade Borg Al Arab du Caire, Green Point Stadium de Cape Town, Soccer City de Johannesburg. Ailleurs, ce sont des figures historiques qui sont préférées : Stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, stade des Martyrs de Kin-

Management 34 Business Mars 2017

AFRICA

shasa. Dans plusieurs pays, seule la capitale et quelques villes régionales sont dotées de ces infrastuctures vielles de plusieurs décennies. Du coup, des arènes accueillent parfois jusqu’à 06 clubs, à l’instar du stade de la Réunification de Douala. Ici, dans une situation de domicile, on retrouve, outre l’Union sportive : Dynamo, Astres, Botafogo, New Stars, As Matelos. Et là, on ne cite que les

clubs de Ligue I et de Ligue II nationales. Dans les villes moyennes, des clubs populaires, à l’instar de l’Aigle Royal de la Menoua, né en 1932 à Dschang, à l’Ouest du Cameroun, doivent encore jouer dans la poussière et dans des stades qui appartiennent à des institutions publiques. Il y a donc lieu de passer à autre chose. En ce moment, le football-

Le naming est une opération en marketing du sport qui consiste à donner le nom d’une marque ou d’une entreprise à une infrastructure ou une compétition. Evidemment, la compagnie en question paye une somme d’argent selon les termes d’un contrat écrit.

business étant très médiatisé, de nombreuses franchises de football réfléchissent à la meilleure manière de se doter d’une infrastructure propre. En 2010, le Tout Puissant Mazembe de Lubumbashi donne le ton et lance la construction de son stade. L’infrastructure de 18 500 places est inaugurée en 2012. Elle reçoit le nom de « Stade TP Mazembe », un naming très loin d’être commercial. Normal, le club a financé ce joyau sur les fonds propres de son président, Moïse Katumbi. Mais tous les clubs d’Afrique, aussi populaires soient-ils, n’ont pas la chance d’avoir des milliardaires et des visionnaires à leur tête. Beaucoup n’ont même pas d’argent du tout.


Management La seule réflexion qui habite ceux qui gèrent ces structures, encore associatives, se résume à trouver les primes pour que les joueurs livrent les rencontres du lendemain. Dans ce cas, comment financer la construction d’un stade de 15 000 places ? Le naming est une solution. Le naming est une opération en marketing du sport qui consiste à donner le nom d’une marque ou d’une entreprise à une infrastructure ou une compétition. Evidemment, la compagnie en question paye une somme d’argent selon les termes d’un contrat écrit. Sur les continents européen, américain et asiatique, c’est davantage les anglo-saxons qui s’investissent dans le naming des stades, jugé par les spécialistes, plus complexe que celui concernant les compétitions sportives. Par exemple, en Allemagne, le naming du stade concerne 90 % des clubs : Wolfsburg détient la Volfswagen-Arena (du nom du constructeur automobile), Stuttgart joue dans la MercedesBenz-Arena (encore un constructeur automobile allemand), le Bayern de Munich évolue à l’Allianz Arena (Allianz est une compagnie allemande d’assurances). En Angleterre, la compagnie aérienne Emirates, des Emirats arabes unis, paye annuellement 10 millions d’euros à Arsenal pour que le stade du club londonien s’appelle « Emirates Stadium ». Quant à Manchester City, il reçoit 17 millions d’euros d’Etihad par an pour que l’enceinte dans laquelle il évolue puisse s’appeler « Etihad Stadium ».

S’appuyer sur les entreprises industrielles

Les clubs communautaires africains peuvent donc profiter de la vague industrielle en cours dans plusieurs pays pour passer par le naming et bâtir des insfrastructures propres. La démarche consistera à faire financer l’ensemble du projet par un mastodonte de l’industrie qui opère dans un secteur concurrentiel. Par exemple, sur le marché camerounais, Bamboutos FC de Mbouda, de loin le club le plus populaire du Cameroun, a le potentiel pour approcher un des opérateurs du secteur de la cimenterie. Dans ce domaine, quatre opérateurs sont désormais en conccurrence : le marocain Ciments d’Afrique, le nigérian Dangote Cement, le franco-suisse Cimencam et le turc Medcem. Un dossier bien ficelé de naming sur une période minimale de 10 ans peut permettre d’obtenir le sponso-

ring-stade d’une de ces entreprises. On pourrait donc avoir, à un coût relativement acceptable, une enceinte moderne et entièrement couverte de 10 000 places appelée : Dangote Cement Arena de Mbouda. Un stade qui appartiendra de façon exclusive au club. La firme de production du ciment pourra travailler dur, du point de vue marketing, en surfant sur l’ultra-popularité du club, pour se positionner véritablement comme une marque qui soutient la masse. Une façon de semer ses concurrents.

lieu d’éliminer des rêves de folie dans lesquels ils se voient propriétaires des stades de 60 000 places. D’un point de vue des affaires, c’est une ambition intenable. Ils n’ont pas les arguments qu’il faut. Et comme dans toute aventure, il faut donc savoir commencer à une petite échelle. Les spécialistes du naming des enceintes sportives conseillent aux franchises de s’intéresser aux franchises de leurs régions d’implantation. L’exemple parfait est Wolsburg dont le nom de stade porte le nom d’une entreprise installée dans sa ville : Volskwagen, le leader de la construction automobile en Europe.

Cependant, des tentatives passées soldées par des échecs exigent d’être plus pointilleux dans ce type de démarche. En 2007, MTN Cameroun, filiale du géant sud-africain des télécommunications, MTN, s’engage dans une opération de naming. Il sort un chèque que la presse camerounaise chiffre à 300 millions de Francs CFA Cet exemple de Bamboutos pour moderniser le stade FC de Mbouda, un club de municipal de Mbouda, à un l’Ouest du Cameroun né en peu plus de 300 kilomètres à 1966, apparaît comme un cli- l’Ouest de Yaoundé. L’opéché que tous les clubs com- rateur, à ce moment là, a déjà munautaires, aux milliers de un contrat de naming avec la supporters, et qui ont la par- Fédération camerounaise de ticularité d’être dans un pays Football pour les championen pleine industrialisation, nats de première et deuxième peuvent appliquer. Il y a donc divisions, respectivement baptisés MTN Elite One et MTN Elite Two. Le financeVolfsburg détient la Volfswagen-Arena (du ment des travaux de modernom du constructeur automobile), Stuttgart nisation des stades constitue joue dans la Mercedes-Benz-Arena (encore un donc une nouvelle étape. Et dans cette phase, les municconstructeur automobile allemand), le Bayern palités doivent apporter de Munich évolue à l’Allianz Arena (Allianz est leurs contributions, notamune compagnie allemande d’assurances). En ment dans l’approvisionneAngleterre, la compagnie aérienne Emirates, ment en eau et en électricité des Emirats arabes unis, paye annuellement 10 des infrastructures. Mbouda millions d’euros à Arsenal pour que le stade du inaugure ce qui est programclub londonien s’appelle « Emirates Stadium ». mé pour être une série. Ce choix s’eplique par la popuQuant à Manchester City, il reçoit 17 millions larité de Bamboutos FC, d’euros d’Etihad par an pour que l’enceinte le club local qui évolue en dans laquelle il évolue puisse s’appeler Etihad MTN Elite One. Stadium.

Business Management 35 Mars 2017 AFRICA


Management Mauvaise expérience pour MTN

Aigle Royal de la Menoua, ici en jaune et noir, club né en 1932 à Dschang, dans l’Ouest du Cameroun, joue sur ce stade en terre battue et appartenant à une école de formation.

Au troisième trimestre de l’année 2008, alors qu’on s’apprête à inaugurer une enceinte relookée et rebaptisée « MTN Municipal Arena de Mbouda », Bamboutos FC est relégué en troisième division par une décision de la commission d’homologation et de discipline de la FECAFOOT. Un coup foireux qui aura pour conséquence la non-poursuite de l’opération de naming dans les autres stades camerounais. Pas sûr de revoir MTN sur ce créneau.

Management 36 Business Mars 2017

AFRICA

Au troisième trimestre de l’année 2008, alors qu’on s’apprête à inaugurer une enceinte relookée et rebaptisée « MTN Municipal Arena de Mbouda », Bamboutos FC est relégué en troisième division par une décision de la commission d’homologation et de discipline de la FECAFOOT. Celle-ci accuse le club de corruption à l’occasion d’une rencontre du championnat. Malgré des interventions politiques en haut lieu, l’instance se refuse à revenir sur cette décision. La pillule est amère pour la multinationale, d’autant plus que les dirigeants du club refusent catégoriquement de s’affilier pour la saison suivante, tant qu’il ne s’agit pas de la première division. Des clubs sans popularité joueront dans cette enceinte. Un coup foireux qui aura pour conséquence la non poursuite de l’opération de naming dans les autres stades camerounais. Pas sûr de revoir MTN sur ce créneau.

En réalité, la première étape pour les franchises de football est une mutation effective en entreprises commerciales, dotées de véritables business plans. Il s’agit de se donner un document de bord qui permet de lire les ambitions sur un minimum de quinze années. Car, les opérateurs qui s’engagent dans le naming des enceintes sportives misent sur le long terme. La seconde étape consiste à monter ou à faire concevoir par un cabinet spécialisé un projet de stade dans lequel la multifonctionnalité sera la règle. Ailleurs, dans les stades, on retrouve : des restaurants, des salles de fêtes, des espaces d’hébergement, des gymnases, pour ne citer que ces éléments là. Surtout, le projet devra contenir un business plan pour montrer que l’infrastructure sera capable de faire le plein et d’être rentable sur le long terme. En outre, des garanties de propriétés foncières devront être fournies. Des lenteurs constatées souvent viennent

de ce que les stades appartiennent aux municipalités. Enfin, il vaut mieux confier le pilotage de l’ensemble du projet de construction du stade devant faire l’objet de naming à des entreprises dont le métier consiste à concevoir, superviser la construction et gérer les infrastructures sportives. Et c’est ce qui manque le plus, surtout en Afrique francophone. Par exemple, Lagardère Unlimited Stadium Solutions, une agence appartenant à Lagardère Unlimited (filiale spécialisée dans le sport et de l’entertainment au sein du groupe français Lagardère) propose d’accompagner les clubs en matière de leurs arènes. Il y a donc du chemin à parcourir pour que les franchises de football sur le continent, octogénaires pour certains, puissent tous se présenter comme des propriétaires des enceintes modernes par le biais du naming. Mais à force de stratégies, tout est possible.


Management Ça bouge chez les managers Samer Abou LTAIEF, directeur Afrique et Moyen Orient de Microsoft Samer Abou Ltaief s’apprête à prendre la tête de la branche Afrique et Moyen Orient de la firme américaine d’informatique Microsoft. Il va exercer ses fonctions à partir de Dubaï. Il a été nommé à ce poste en tout début de ce mois de mars 2017. Sa principale mission va consister à s’investir dans la diffusion des technologies cloud sur la zone géographique concernée par ses compétences. Avant ce changement de poste, le récipiendaire était directeur régional de Microsoft Guf pour la même zone. Il a rejoint le groupe Microsoft en 2004. Il succède dans ses nouvelles fonctions à Ali Faramawy. Celuici prend la tête de l’Organisation de transformation numérique des pays émergents, un département établi au sein de Microsoft.

Abdou SOULEYE DIOP, associé gérant de Mazars Maroc Abdou Souleye Diop a été nommé au début du mois de février 2017 au poste d’associé gérant de la filiale marocaine de Mazars. Il remplace Kamal Mokdad qui occupe désormais le poste de directeur général de la Banque centrale populaire. Outre cet expert-comptable sénégalais installé au Maroc depuis 1986, le comité exécutif de l’entreprise est désormais constitué d’Hassan Allouch, Naoufal El Khatib et Asma Charki. Mazars est une compagnie créée en France en 1940. Elle offre des services d’audit, d’expertise-comptable, de fiscalité et de conseil dans le développement des entreprises. Au Maroc, elle souhaite consolider ses positions et servir de pont pour l’extension en Afrique subsaharienne des sociétés marocaines. Alors que Mazars couvre 79 pays pour 18 000 collaborateurs, sa filiale marocaine fonctionne avec 150 employés.

Sola DAVID-BORHA, directrice Afrique de Standard Bank Group Au sein du Standard Bank Group, holding bancaire sud-africaine, la nigériane Sola David-Borha dirige depuis le début du mois de février, la filiale en charge de l’Afrique, à l’exclusion de la République sudafricaine. La banquière a pris ses quartiers à Johannesburg où se trouvent ses bureaux. Elle va superviser les activités de la banque dans 19 pays africains. De novembre 2012 à sa récente nomination intervenue en janvier dernier, elle est directrice générale de la Stanbic IBTC Holding, une filiale du Standard Bank Group, basée à Lagos, métropole économique du Nigéria. Ce consortium a lui aussi des filiales, notamment une banque et un fonds d’investissements. Avant de prendre la tête de cette holding de droit nigérian, elle dirige (mai 2011-novembre 2012) la Stanbic IBTC Bank, une des filiales de Stanbic IBTC Holding. Sola David-Borha a un Bachelor’s degree de l’université d’Ibadan, un MBA de la Manchester Business School et un autre parchemin obtenu à la Havard Business School.

Business Management 37 Mars 2017 AFRICA


Management Impôts et taxes, ce qui attend les entreprises de droit camerounais en 2017 Le cabinet Oumpartners Consulting, que dirige Olive Ngo Oum, a organisé le 03 février dernier, à l’hôtel Sawa de Douala, un séminaire d’explication des innovations contenues dans la Loi des Finances appliquée depuis le 01er janvier au Cameroun. Par Hugues EBACKA

Les établissements hoteliers devront désormais collecter la taxe de séjour auprès de leurs clients.

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es entreprises qui se posent mille et une question sur le type de sauce dans laquelle elles seront mises en 2017 par les administrations fiscalo-douanières. Un cabinet qui vient à leur rescousse : Oumpartners Consulting (O&P Consulting), dirigée par Olive Ngo Oum. La salle Manengoumba de l’hôtel Sawa de Douala prise d’assaut pendant toute la matinée du 03 février. Puis, 04 experts sur la grande table. D’abord, le Dr Pierre Alaka Alaka, conseil fiscal agréé et patron du cabinet international qui porte son nom. Ensuite, Samuel Dooh Dooh, inspecteur des impôts, en service à la cellule de la législation de la Direction générale des Impôts, à Yaoundé. Puis, Romain Magloire Nga Bessala, inspecteur des Douanes,

Management 38 Business Mars 2017

AFRICA

en service à la cellule des Risques de la Direction générale des Douanes. Enfin, Jean Marc Bell Bell, expert comptable et patron du cabinet qui porte son nom. Chacun de ces spécialistes choisit de présenter la Loi des Finances 2017 en termes

d’implications nouvelles dans son domaine. L’exposé le plus attendu et le plus édifiant est porté par Samuel Dooh Dooh. Son propos se focalise sur les innovations en termes d’impôts et taxes. Il balaie l’essentiel. Les participants à ce séminaire ap-

Il y a également les avantages accordés aux entreprises qui s’installent dans les zones dites sinistrées, c’est-à-dire dans la Région de l’Extrême-Nord, victime des actes terroristes depuis quelques années. Pour la phase d’installation, projetée sur trois années par la loi, lesdites entreprises sont exonérées de la patente, de la TVA sur les acquisitions des biens et services, des droits d’enregistrement sur les mutations immobilières afférentes à la mise en place du projet et de la taxe sur la propriété foncière sur les immeubles affectés au projet.

prennent d’abord que depuis le 01er janvier 2017, le titre de patente n’existe plus. Il est remplacé par « l’attestation de non redevance ». La durée de validité est de 03 mois pour les entreprises qui n’ont pas de dette fiscale et d’01 mois pour celles qui bénéficient déjà d’un sursis. Le document peut être obtenu en ligne ou au centre des impôts auquel est rattaché le contribuable. Puis, il y a les frais de transactions que les banques appliquent lorsque le contribuable vient payer ses impôts téléclarés. Ces frais sont désormais plafonnés à 10 000 F CFA. Par ailleurs, ils ne doivent pas dépasser 10 % de l’impôt à payer. « Cela suppose que si vous avez 07 mille Francs CFA d’impôt à payer, ces frais ne peuvent excéder 700 F CFA », a souligné Samuel Dooh Dooh.


Management Les mesures incitatives Dans ce séminaire, le cadre de la cellule de la législation à la Direction générale des Impôts insiste sur les mesures prises pour favoriser la croissance des entreprises. Dans ce registre, il y a les avantages fiscaux accordés aux entreprises qui emploient des jeunes. Les compagnies relevant du réel et qui recrutent, pour un premier emploi en contrat à durée indéterminée ou en stage pratique préemploi, les jeunes dipômés âgés de moins de 35 ans, ne paient pas les charges fiscales et patronales sur les salaires versés auxdits jeunes. Cependant, elles doivent toujours s’acquitter de leurs charges sociales. Il y a également les avantages accordés aux entreprises qui s’installent dans les zones dites sinistrées, c’est-à-dire dans la Région de l’Extrême-Nord, victime des actes terroristes depuis quelques années. Pour la phase d’installation, projetée sur trois années par la loi, lesdites entreprises sont exonérées de la patente, de la TVA sur les acquisitions des biens et services, des droits d’enregistrement sur les mutations immobilières afférentes à la mise en place du projet et de la taxe sur la propriété foncière sur les immeubles affectés au projet. Et pour les 07 premières années, elles sont dispensées de l’impôt sur les sociétés, du minimum de perception, et des charges fiscales et patronales sur les salaires versés au personnel employé. Tout cela n’est possible que si l’entreprise installée en zone sinistrée emploie directement au moins dix personnes et utilise au minimum 80 % de la matière première locale. Pour encourager les entreprises à innover, la nouvelle loi a prévu des avantages

Pour encourager les entreprises à innover, la nouvelle loi a prévu des avantages fiscaux pour celles qui investissent dans la recherche, précise Samuel Dooh Dooh. En fait, les compagnies relevant du réel peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 15 %, plafonné à 50 millions de F CFA, et à payer dans la limite de trois ans, si elles effectuent des dépenses de recherche.

fiscaux pour celles qui investissent dans la recherche, précise Samuel Dooh Dooh. En fait, les compagnies relevant du réel peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 15 %, plafonné à 50 millions de F CFA, et à payer dans la limite de trois ans, si elles effectuent des dépenses de recherche. À ce titre, précise l’expert, 05 types de dépenses pour la recherche sont listés dans la loi des Finances. Dans le registre des incitations, Samuel Dooh Dooh cite l’exonération de la Taxe spéciale sur les revenus (TSR) en matière de com-

mande publique, laquelle sera appliquée sur certains produits. Les entreprises opérant dans le secteur agropastoral bénéficient également d’un certain nombre d’avantages. L’un d’eux est l’exonération de la TVA sur l’achat des pesticides, des engrais, des intrants et de certains matériels et équipements utilisés par les producteurs. Un ensemble de mesures fiscales incitatives a été prise au bénéfice des entreprises de promotion des matériaux locaux, des établissements de formation et de santé et des sociétés brassicoles qui utilisent au moins 40 % de la matière première locale.

Business Management 39 Mars 2017 AFRICA


Management Nouveaux impôts Par ailleurs, Samuel Dooh Dooh évoque longuement les nouveaux impôts. Il y a d’abord la Taxe de séjour que les hôtels, motels, auberges et résidences-hôtels meublés devront collecter auprès des usagers pour reverser à l’administration fiscale. Chaque usager devra donc payer entre 500 F CFA et 5 000 F CFA de taxes par nuitée, selon qu’il s’agisse d’un hôtel 05 étoiles, 04 étoiles, 03 étoiles, 02 étoiles, 01 étoile ou d’établissements d’hébergement non classés. Il est par ailleurs indiqué que la commune du lieu de situation de l’hôtel bénéficiera de 20 % de cette taxe une fois collectée. A propos de cette nouveauté, des représentants des entreprises présents dans la salle veulent savoir si les sociétés civiles immobilières doivent elles aussi inclure cette taxe au moment d’adresser les factures à leurs clients. La réponse du cadre de la direction générale des Impôts est

claire : c’est non. Elles ne sont nullement concernées. Autre impôt nouveau : les droits d’accises sur les emballages. Ils sont de 15 F CFA par unité d’emballage non retournable pour les boissons alcooliques et gazeuses. Quant à ce qui concerne les emballages non retournables pour les autres liquides, ces droits sont de

05 F CFA par unité. En guise de commentaire sur ce paragraphe, Samuel Dooh Dooh dira : « C’est une mesure de protection de l’environnement ». Jean-Marc Bell Bell, l’expert-comptable, fait un exposé méthodologique pour montrer comment la comptabilité peut être organisée pour éviter toute guerre avec les inspecteurs vérificateurs. Quant au Dr Pierre Alaka

Alaka, dans son mot de la fin, il souhaite que la direction générale des Impôts prenne des circulaires pour apporter des précisions sur toutes les dispositions dont l’interprétation peut créer des conflits entre les contribuables et l’administration fiscale. Le séminaire s’achève par une remise des parchemins à tous les participants.

De nouvelles taxes douanières De l’exposé de Romain Nga Bessala, on retient globalement que le législateur camerounais a instroduit de nouvelles taxes douanières. Par exemple, pour importer un véhicule de tourisme de plus de 2000 cm3 et âgé de plus de 10 ans, il faudra payer 12.5 % de droits d’accises. Les importateurs des véhicules utilitaires (pick-up, tracteurs, à l’eclusion des tracteurs agricoles) et des véhicules de transport en commun (quelle que soit la capacité), devront s’acquitter des droits d’accises au même taux si ces engins ont plus de 15 ans d’âge. Par contre, le matériel agricole bénéficie, à l’importation, d’une exonération des droits de douane et même de la taxe sur la valeur ajoutée.

Management 40 Business Mars 2017

AFRICA

La nouvelle loi des Finances a particulièrement durci les conditions d’exportation de certains produits, considérés comme des matières premières. Par exemple, le cacao et le café sont soumis à un droit de sortie de 10 %, alors que les grumes sont à 20 %. «

Cette mesure, me semble –til, vise à décourager un peu les acteurs de ces domaines habitués à exporter ces matières premières et à encourager une transformation locale », dira le spécialiste. Parmi les nouvelles dispositions, il y a également la taxe de

Pour importer un véhicule de tourisme de plus de 2000 cm3 et âgé de plus de 10 ans, il faudra payer 12.5 % de droits d’accises. Les importateurs des véhicules utilitaires (pick-up, tracteurs, à l’eclusion des tracteurs agricoles) et des véhicules de transport en commun (quelle que soit la capacité), devront s’acquitter des droits d’accises au même taux si ces engins ont plus de 15 ans d’âge.

financement de l’Union africaine, arrêtée à 0.2 %. « Elle s’applique aux marchandises originaires des pays tiers, c’est-à-dire autres que ceux de l’UA. Sont exemptés de cette taxe : le matériel et les intrants d’agriculture, d’élevage, de médecine ; le matériel vétérinaire et pharmaceutique », précide l’inspecteur des douanes. Globalement, le Cameroun mise sur un élargissement de son assiette fiscale pour pouvoir tenir le choc de la crise pétrolière et les conséquences induites par la mise en application des Accords de partenariat économique avec l’Union européenne. Et toutes les entreprises opérant sur le sol camerounais doivent donc se parer en conséquence.


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Économie, réduire sa consommation d’essence De nombreux automobilistes se plaignent de la gourmandise de leurs voitures en matière de consommation d’essence. Il existe des astuces pour rendre vos véhicules plus économes.

la 1 Anticiper conduite! Il est recommandé d’observer la circulation devant vous aussi loin que possible. Ceci permet d’éviter les coups de frein et les accélérations inutiles. Vous économiserez alors du carburant. Pour maintenir la vitesse la plus stable possible, l’anticipation du trafic est essentielle. C’est aussi un conseil essentiel pour la sécurité. L’automobiliste sera moins pris au dépourvu si s’il regarde le trafic au loin et lit les événements qui peuvent survenir : chien ou piéton qui traverse, voiture qui va dépasser ou freiner, feu de signalisation qui passe au rouge, pour ne citer que ceux-là. En fait, il faut conduire comme si les freins n’existaient pas sur la voiture.

2 Ne pas laisser le moteur tourner Nous conseillons d’arrêter le moteur pour tout stationnement supérieur à une minute. Les moteurs modernes permettent de rouler juste après le démarrage et ainsi de réduire votre consommation de carburant. Les dispositifs Start and Go ou Start & Stop, introduits à l’origine sur le marché par Volkswagen, coupent le moteur à l’arrêt et se généralisent désormais chez tous les grands constructeurs. Ce conseil est valable pour les moteurs non turbocompressés. Il faut préciser qu’il ne faut pas oublier de couper le contact après avoir laissé le temps au turbo de réduire sa vitesse de rotation, laquelle peut atteindre 200 000 tours par minute. Couper pour reprendre par la suite rompt aussi le film d’huile et crée une usure prématurée du moteur.

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Utiliser le frein moteur et ménager le compte-tour

Pour économiser du carburant en ville, à l’approche d’un feu tricolore, anticipez votre freinage et utilisez le frein moteur en rétrogradant. Avec une limite à 50 kilomètres par heure, plutôt que de foncer, modulez votre vitesse en fonction des feux. Dans l’optique d’une réduction de consommation, nous vous recommandons de conduire sans pousser les rapports, ni accélérer brutalement.

Business Management 41 Mars 2017 AFRICA


Management 42 Business Mars 2017

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Découverte

Franck WAMBA, « Lili, un travail de graphic design qui m’a rapporté 1 500 000 F cfa. » Entretien avec Marie Thérèse BITIND

Vous êtes l’auteur de « Lili », la mascotte de la dernière Coupe d’Afrique féminine de football, disputée en octobre 2016 au Cameroun. Pouvez-vous nous raconter le processus qui a conduit à la réalisation de cette œuvre ? Il faut d’emblée dire que le ministre camerounais des Sports et de l’Education physique a signé un arrêté portant sur l’ouverture du concours du design de la mascotte de cette compétition sportive. En tant que designer et créatif, le travail commence toujours par des recherches sur le thème de l’oeuvre. Pour ce cas précis, il fallait rechercher l’information sur l’histoire des mascottes et voir à quoi elles ressemblent. Et comme en communication visuelle, « le bon art inspire, le bon graphisme motive », il fallait donc chercher l’inspiration. J’ai regardé les mascottes de l’Euro 2016, de la CAN Gabon 2017 et même de celle de Guinée Equatoriale 2015. Puis, j’ai ramené tout cela dans un contexte purement camerounais. Cela m’a donc mené jusqu’à la lionne. En fin de compte, je suis passé à la phase technique (la mise en page) jusqu’à la réalisation. Lili, la mascotte de la CAN féminine de football 2016, qui a valu 01.5 million de Francs CFA à Franck Wamba.

L

e graphic design. Voilà un métier désormais incontournable pour les entreprises. Les spécialistes de ce domaine s’occupent de la communication visuelle des compagnies. Celles-ci ont le choix entre recruter un spécialiste et soustraiter ce pan de leur communication auprès des agences spécialisées. Dans les deux cas, on a affaire à un domaine essentiel dans la conception et l’opérationnalisation de la stratégie publicitaire. Pour en saisir toutes les facettes et susciter peut-être des vocations chez nos jeunes lecteurs, nous avons rencontré un graphic designer, actuellement en service à Jumia Mall Cameroun, la filiale camerounaise de Jumia Group, la multinationale française de ecommerce. À bientôt 29 ans, notre interlocuteur a été révélé au grand public par une œuvre : Lili. C’est le nom qu’il a choisi de donner à la mascotte de la Coupe d’Afrique des Nations de football féminin 2016, laquelle s’est déroulée au Cameroun du 19 octobre au 03 décembre 2016. Entretien avec un graphiste dont l’histoire commence à peine à s’écrire.

J’ai regardé les mascottes de l’Euro 2016, de la CAN Gabon 2017 et même de celle de Guinée Equatoriale 2015. Puis, j’ai ramené tout cela dans un contexte purement camerounais. Cela m’a donc mené jusqu’à la lionne. En fin de compte, je suis passé à la phase technique (la mise en page) jusqu’à la réalisation.

Business Management 43 Mars 2017 AFRICA


Découverte Pourquoi y a-t-il eu une polémique sur la paternité de cette œuvre ? La polémique naît lorsque la chaine de télévision nationale Cameroon Radio Television (CRTV) présente dans son journal télévisé de 20h30 le Jeudi 17 Novembre 2016, une autre personne portant mon titre. Après contestations de ma part, la chaine de télévision avouera que c’était une erreur de synthé. Plus loin, dans les recherches, on découvrira que le sieur présenté est le réalisateur de la version animation 3D de la Mascotte. « Lili » vous a rapporté combien en termes de gains financiers ? Lili m’a rapporté la somme de 1 500 000 F cfa (Un million cinq cent mille Francs CFA). J’aimerais rappeler que c’était la prime destinée au vainqueur. En 1971, Carolyn Davidson crée le logo de Nike pour 35 dollars US

(équivalent de 205 dollars US aujourd’hui) en 17 heures et demie de travail. Plus tard, elle est récompensée avec 644 000 dollars US d’actions au sein de ce géant mondial de l’industrie des équipements sportifs. Avez-vous pensé, compte-tenu de la popularité du sport, à signer un document qui vous permettra de toucher des dividendes sur l’exploitation de votre œuvre ? J’ai signé un contrat de cession de l’œuvre au comité d’organisation pour exploitation pendant la compétition. Au-delà de la mascotte « Lili », vous exercez à Douala comme graphic designer chez Jumia Mall Cameroun, une filiale du groupe de e-commerce Jumia. Qu’est-ce que vous faites au quotidien ?

HAMAC EN BREF

25 avril 1988 : Naissance à Dschang Novembre 2013 : Fin de la formation professionnelle en « conception graphique, communication visuelle et brand marketing » au Centre de Formation professionnelle et continue de la Salle de Douala (vice-major) Juillet - Août 2014 : Stage à Recto Verso Sarl (Entreprise basée à Douala)

Ce métier est présent dans presque tous les domaines. Toutes les entreprises ont toujours besoin d’un designer. Mais généralement, d’autres préfèrent travailler avec des agences de communication.

Novembre 2014 : Diplôme National de qualification professionnelle en « graphisme de production et communication visuelle » (Mention Bien) Septembre-Décembre 2014 : Stage professionnel à Jumia Cameroun (Douala) Depuis Janvier 2015 : Certification niveaux 01 et 02 en « Digital marketing » à shaw Academy (en ligne Octobre 2016 : Certification niveaux 01 et 02 en « Digital marketing » à shaw Academy (en ligne)

Management 44 Business Mars 2017

AFRICA

Franck Wamba, un regard porté vers un futur entrepreneurial.

Au sein de Jumia Group où j’officie depuis maintenant deux ans et quatre mois, j’appartiens au département du Content Production. Ce service s’occupe de : création et gestion de contenus sur le site, contrôle qualité des produits sur le seller center, conception des visuelles online (bannières, sliders, landing pages, newsletters). Donc, en plus d’effectuer ces travaux, et je travaille avec le département Marketing à l’occasion des grandes campagnes telles que le Jumia Anniversary, le Happy wednesday, Black Friday, Mobil week… C’est quoi un graphic designer ? Un graphic designer est celui qui conçoit et produit des dessins, des illustrations, des maquettes et des croquis pour illustrer et communiquer efficacement des renseignements, une idée ou un message pour des publications, de la publicité, des films, des affiches et des panneaux


Découverte

Franck Wamba, chouchou des médias pendant la CAN féminine 2016;

indicateurs et des sites web. C’est celui (ou celle) qui recherche, conçoit et présente un projet dans le but de résoudre un problème de communication visuelle précis. Généralement, en agence communication ou studio graphique, il occupe les poste de directeur artistique ou encore directeur de production. En quoi un graphic designer est-il différent d’un infographe ? L’infographe est un graphiste qui utilise les techniques servant à la création, au traitement et à l’exploitation des images numériques. Le terme infographiste est un mot-valise formé à partir des mots « informatique » et « graphiste ». L’appellation « infographiste » est utilisée pour évoquer l’usage de l’informatique dans la création d’images, mais sans référence à une qualification professionnelle précise. Généralement, il est formé beaucoup pour l’offset et est juste un exécutant des travaux conçus par le directeur artistique lorsque les deux travaillent en agence. Comment devient-on graphic designer ? Il y a les études et les recherches. Le véritable problème au Cameroun est l’absence d’un cursus en arts graphiques dans les universités. On a plutôt des centres de formation professionnelle et continue qui forment en 06 mois, 1 an et 2 ans. Ce n’est malheureusement pas suffisant. C’est la raison pour laquelle le niveau de l’étudiant est parfois bas à la fin d’une session de formation.

Les plus nantis suivent plutôt leur formation en ligne dans les grandes universités d’Afrique de l’Ouest (Togo et Côte d’Ivoire), du Maghreb, de France, d’Australie, pour ne citer que ces pays là. Au-delà des entreprises de e-commerce, quels sont les débouchés de ce métier ? Ce métier est présent dans presque tous les domaines. Toutes les entreprises ont toujours besoin d’un designer. Mais généralement, d’autres préfèrent travailler avec des agences de communication. Aujourd’hui, avec l’avènement du digital, certaines encore recrutent des community managers qui maîtrisent bien le

design pour mieux gérer la communication online à travers les sites et comptes sur les réseaux sociaux de l’entreprise. Et là, c’est une combinaison intéressante. Le métier de graphic designer est-il de nature à vous rendre très riche ? Oui, lorsqu’on travaille à son propre compte ou lorsqu’on travaille dans une entreprise qui reconnaît nos valeurs et compétences. Avez-vous l’intention de créer un jour votre propre entreprise où vous exercerez comme graphic designer ? Un jeune ambitieux qui veut réussir dans sa vie a toujours des projets.

Il y a les études et les recherches. Le véritable problème au Cameroun est l’absence d’un cursus en arts graphiques dans les universités. On a plutôt des centres de formation professionnelle et continue qui forment en 06 mois, 1 an et 2 ans. Ce n’est malheureusement pas suffisant.

Si vous avez des conseils à donner aux jeunes africains qui rêvent de ce métier, ce seraient lesquels ? Le bon art est un talent, le bon graphisme est une compétence. Le métier de designer est un métier passionnant surtout lorsqu’on aime ce qu’on fait. Il nécessite beaucoup de travail et de patience…La règle d’or dans ce métier c’est « toujours faire mieux » et accepter la critique. Donc, aux jeunes, je conseille juste de faire des études dans cette filière, de se documenter, de faire des recherches, d’oser et d’avoir l’esprit créatif et ouvert et surtout de toujours prêter l’oreille aux critiques.




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