Business Management Africa octobre 2016

Page 1



sommaire Octobre 2016 N° 10

28

Nasser NJOYA, « Notre sérieux dans le marketing sportif africain et mondial a joué en notre faveur. »

Leaders 14 Sandile SHEZI, millionnaire grâce au courtage financier à 23 ans

In’entreprise 18 Embraer, le constructeur aéronautique brésilien à la conquête du ciel africain

In’entreprise 22 Bold & LBB, Dans les couloirs du producteur de la première marque africaine de produits pour le « make up »

Découverte 41 RICHY SCHOOL OF MICROFINANCE, une école pour enfin pourvoir le secteur en ressources humaines en Afrique central

Business Management 03 Octobre 2016 AFRICA


Édito

Eloge au pragmatisme des anglophones

L

es anglo-saxons, quand ils ont une idée, ils vont jusqu’au bout. Dans une interview qu’il accorde au magazine Forbes Afrique dans son édition de mai 2015, le Dr Paul Fokam Kammogne, essayiste mais plus connu comme PDG d’Afriland First Bank, les compare à leurs homologues francophones. « En fait, l’anglo-saxon a une mentalité focus. Le francophone a une mentalité que je qualifierais d’harmonie hypocrite. L’anglo-saxon dit niet quand c’est non. Il vous évite de perdre du temps », affirme-t-il. Dans le champ des affaires, les Africains disciples de Molière organisent des foras, discutent à longueur de journées, multiplient les foires dans lesquelles on entend mille et un discours, s’agrippent à des cas d’échecs pour justifier leur immobilisme, expliquent la plupart des réussites qui les entourent par la métaphysique, font l’éloge des grands diplômes universitaires et enfin, maudissent la France, pays auquel ils attribuent tous leurs malheurs. C’est peut-être le fruit de l’école qui les a élevés. Car, dans cette Afrique qui parle la langue française, les capitaines d’industries n’ont, pour beaucoup, pas fleureté avec ce système éducatif basé sur la récitation des connaissances. Ils sont donc des autodidactes. Ils ont foncé comme le taureau et se sont réajustés au fil des difficultés rencontrées. Il leur arrive de dormir et de se réveiller le matin avec l’ambition de transformer le dixième des gisements de fer de leur pays, comme le Camerounais Dieudonné Bougne, lui qui vient de créer la Cameroon Steel and Manufacturing Company. Et pour ceux qui sont allés à l’université, leurs carrières d’entrepreneurs prennent en général un coup d’accélérateur après qu’ils se soient frottés d’une manière ou d’une autre au monde anglo-saxon et à son pragmatisme. Les autodidactes de l’Afrique francophone ont donc une mentalité qu’on retrouve chez leurs homologues anglo-saxons. Chez ces shakespeariens tropicaux, aucune limite n’existe. Les discours, ce n’est vraiment pas leurs affaires. L’accumulation des grades universitaires ne constitue guère leur centre d’intérêt. Seuls comptent pour eux le rêve et le savoir-faire qu’ils mettent par la suite pour le transformer en réalité. Ils franchissent facilement le pas vers la grande industrie. La peur d’échouer ne les habite pas vraiment. Pour eux, le droit à l’erreur existe, à condition de savoir tirer le meilleur de ses échecs. Leur ouverture

Management 04 Business Octobre 2016

AFRICA

au monde les a conduits à un constat : le cerveau des blancs n’est en rien supérieur à celui des noirs. Donc, tout est possible pour qui se met au travail, mais alors vraiment au travail.

Les autodidactes de l’Afrique francophone ont donc une mentalité qu’on retrouve chez leurs homologues anglosaxons. Chez ces shakespeariens tropicaux, aucune limite n’existe. Les discours, ce n’est vraiment pas leurs affaires. L’accumulation des grades universitaires ne constitue guère leur centre d’intérêt. Seuls comptent pour eux le rêve et le savoirfaire qu’ils mettent par la suite pour le transformer en réalité.

Les portraits que vous lirez dans la rubrique « Leaders » du présent numéro de votre magazine montrent à suffisance ce côté pragmatique des Anglo-saxons d’Afrique. Il s’appelle Kwadwo Safo Kantanka. Il a en tout et pour tout diplôme un certificat d’études techniques, l’équivalent du Certificat d’aptitudes professionnelles, parchemin du secondaire chez les francophones. Il est Ghanéen et a eu 66 ans le 26 août 2016. Il a inscrit le nom de son pays dans la liste des pays producteurs d’automobile. Depuis décembre 2015, les voitures 4 X 4, en modes pick-up et SUV, et portant la marque « Kantanka », ont fait irruption sur le marché de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Particularité : ce sont des voitures électriques, donc, écologiques. Son fils raconte que c’est depuis le début des années 70, que son père, pasteur au passage, travaille à l’avènement de cette merveille. Et il a inventé un tas d’autres choses : des robots, des avions, des hélicoptères de combat, des téléviseurs, des engins du génie civil. Le prophète ne s’est pas encombré de l’idée qu’il n’est pas un ingénieur. Tant que son cerveau montre des capacités d’ingénieur, c’est suffisant. Tous ces prototypes montrent qu’il pourrait bien lancer la construction en série des avions de marque « Kantanka » un de ces prochains jours. Puis, il y a Sandile Shezi. Il est né le 17 décembre 1992 et réside en Afrique du Sud. Il est devenu à 23 ans le plus jeune millionnaire de son pays, avec une fortune évaluée aujourd’hui à 30 millions de rands (1,8 million d’euros). Son activité : le courtage financier. Comment s’est-il formé dans le domaine : en pratiquant l’autodidactique et en renonçant aux études de longue durée à l’université. Donc, en un mot comme en mille, quand les anglo-saxons sont passionnés par un domaine, ils ne voient pas les obstacles. Ils s’agrippent aux opportunités. Et c’est pour cela que l’Afrique anglophone va plus vite. C’est donc la mentalité et la vision qu’il faut travailler chez ces Africains qui saluent en disant : Bonjour.

Martial EBODE, Directeur de Publication


Les buiz de couloirs Burkina Faso Lagazel ouvre une usine de production de lampes solaires Depuis le début du mois d’octobre, Lagazel, une entreprise française, fabrique des lampes solaires à Dédougou, au Burkina Faso. Elle y a ouvert une usine pour les besoins de la cause. Elle déclare avoir une capacité de production mensuelle de 6 000 pièces. La société pour l’instant emploie une vingtaine de personnes. La LK 1500 et la LK 3000 sont les deux noms de lampes actuellement fabriquées. Elles sont vendues respectivement à 13 000 F CFA et 20 000 F CFA l’unité. D’après Arnaud Chabane, l’un des co-fondateurs de l’entreprise, « Lagazel a conçu des lampes en métal car il s’agit

d’un matériau économique et recyclable qui permet la fabrication locale de lampes résistantes. D’une durée de vie de cinq ans avec une garantie de deux ans, les lampes LAGAZEL représentent un investissement sans risque pour les populations africaines à faibles revenus ». La startup justifie sa présence en Afrique par son envie de profiter du soleil, une ressource présente sur l’année pendant 12 mois. Dans sa phase de croissance, la société dont la direction générale est à Paris, entend ouvrir d’autres filiales au Niger, au Bénin, en Côte d’ivoire, au Mali et au Sénégal.

Cameroun L’Université de Dschang va créer une société anonyme Groupe international entrepreneurial de l’Université de Dschang (GIE-UDS). Ce nom a été donné à la société anonyme que l’Université de Dschang, située à l’Ouest du Cameroun, s’apprête à créer. Elle exercera ses activités dans la consultance, les éditions scientifiques et les activités agro-sylvo-pastorales. L’assemblée générale constitutive de cette entreprise commerciale aura lieu le 1er novembre 2016 à Dschang. Le capital a été fixé à 30 millions F CFA. La valeur de l’action est de 10 mille F CFA, soit 03 mille parts. Un compte ouvert auprès de la banque Afriland First Bank reçoit les souscriptions de toutes les personnes intéressées par ce projet.

L’Université de Dschang, qui offre des formations dans le secteur de l’agronomie, est la première au Cameroun et en Afrique centrale à se lancer dans la mise en place d’une société commerciale. Le Prof. Roger Tsafack Nanfosso en est le recteur depuis le 15 septembre 2015. Agrégé en

sciences économiques, il coordonne le Cercle de Réflexions économiques du Groupement inter patronal du Cameroun, le plus grand regroupement patronal de ce pays d’Afrique centrale.

Business Management 05 Octobre 2016 AFRICA


Les buiz de couloirs Tanzanie Fasjet veut désormais voler avec Embraer FastJet va remplacer ses avions A 319 par des Embraer 190, a annoncé le nouveau directeur général, Nico Bezuidenhout, le 21 septembre 2016 à DarEs-Salam. Les cinq A 319 vont progressivement quitter la flotte de cette compagnie spécialisée dans les vols moins chers. Les trois premiers E 190 seront déployés en fin octobre 2016 sur les lignes Dar Es Salam - Kil-

mandjaro et Mbeya-Mwanza. Ce changement vise à adapter la flotte à la demande, afin de stabiliser financièrement la compagnie. Les E 190 (entre 98 et 114 places), mis en service depuis 2005 par le constructeur brésilien Embraer, sont en effet plus petits que les A 319 (156 places). Cette opération devrait entrainer une baisse de 15 % des capacités et des couts associés.

FastJet a perdu 15 millions de dollars au premier semestre de l’année 2016, contre un profit de 6,4 millions de dollars sur la même période en 2015. Elle est une compagnie aérienne low cost qui opère depuis son hub de l’aéroport Julius Nyerere de Dar Es Salam, en Tanzanie. Elle naît en 2012, mise sur pied par Haji-Ioannou, déjà fondateur d’EasyJet Stelios.

Afrique du Sud PSB Connect, un opérateur de télécommunications de plus sur le marché sud-africain PSB Connect, une société offrant des services virtuels de télécommunications, a lancé ses activités le 17 septembre 2016 à Gallagher Estate, localité située dans la ville de Midrand (province du Gauteng), en Afrique du Sud. Face aux concurrents, l’opérateur mise sur des faibles coûts adossés sur un réseau virtuel. Il compte créer 70 mille points Wifi sur le territoire sud-africain. PSB Connect est la propriété du Malawite Shepherd Gathering. Il est

Management 06 Business Octobre 2016

AFRICA

le premier individu et le premier noir à posséder une entreprise de télécommunications en Afrique du Sud. Il est par ailleurs prophète. Son église, la Enlightened Christian Gathering Church, est installée dans 08 pays en Afrique australe et en Afrique de l’Est. Quant à son entreprise PSB Connect, elle va évoluer sur un marché où on retrouve déjà Vodacom, MTN, TelKom et Cell C. L’Homme de Dieu investit également dans les mines en Afrique du Sud.


Leaders

Kwadwo Safo KANTANKA, le prophète

ghanéen constructeur automobile et inventeur technologique

Depuis la fin de l’année 2015, le monde a découvert une nouvelle marque automobile : Kantanka. Le constructeur, la Kantanka Automobile Ltd, est ghanéen. Son fondateur, Kwadwo Safo Kantanka, se présente comme un Homme de Dieu. Il trône sur une église de réveil qui compte 137 chapelles au Ghana et dans d’autres pays. Mais derrière cette image d’apôtre, se cache un passionné de l’invention et un capitaine d’industrie. Son rêve : laisser un cachet indélébile sur l’économie de son pays et celle du continent en général. S’il n’a pas encore l’aura et la fortune d’un Aliko Dangote, son fils, gestionnaire de ses entreprises, envisage d’arracher au nigérian la première place dans le classement des fortunes africaines. À la découverte d’une tête de proue de l’Afrique qui vient, celle qui ne veut plus Par Hindrich ASSONGO importer des véhicules d’autres continents.

La Kantanka Automobile Ltd bénéficie du soutien du gouvernement ghanéen. Celui-ci a d’ores et déjà validé les prototypes de véhicules proposés par le constructeur. Le chef de l’Etat, John Dramani Mahama, appelle dans plusieurs discours ses compatriotes à se jeter sur les voitures Kantanka s’ils ont besoin d’automobiles. Le 13 juillet 2016, le vice-président, Arthur Kwessi Amissah, reçoit les clés de deux des trois véhicules qu’il a commandés auprès de l’entreprise. Il justifie son geste par la volonté de l’Etat du Ghana d’appuyer ce type d’initiative sur son sol.

Le prophète Kwadwo Safo Kantanka et Junior Safo Kwadwo à qui revient la charge de manager le Kantanka Group.

K

antanka. Dans les rues d’Accra, c’est à la fois le nom d’une marque automobile et celui d’un prophète. Normal, la Kantanka Automobile Ltd, l’entreprise qui construit ces véhicules, est sortie droit du cerveau d’un homme : Kwadwo Safo Kantanka. S’il possède de

grandes entreprises depuis une trentaine d’années au Ghana, c’est seulement depuis quelques mois que son nom retient l’attention des médias du monde entier. En décembre 2015, la Kantanka fait sa sortie officielle sur le marché automobile ghanéen. A l’occasion de ce début d’aventure, deux modèles de 4 X 4 sont proposés aux

amoureux de l’automobile dans ce pays anglophone de l’Afrique de l’Ouest : la pick up et la SUV (Sport utility véhicule), une voiture de tourisme tout terrain. Le Ghana rejoint ainsi la liste des pays constructeurs de voitures. Et quiconque cherche l’usine doit se rendre à Gomoa Mpota, une ville située dans le centre

Business Management 07 Octobre 2016 AFRICA


Leaders

Les 4 X 4 Kantanka déclinées en pick up et SUV envisagent de conquérir l’Afrique.

du pays, à une soixantaine de kilomètres d’Accra. 250 personnes y travaillent au quotidien. Et si les acheteurs veulent voir le directeur général, qu’ils demandent après Junior Kwadwo Safo, fils du promoteur et PDG du groupe Kantanka. Semblables dès le premier regard aux 4X4 importées d’Europe ou d’Asie, les automobiles de marque Kantanka s’en éloignent par leur caractère écologique. Ce sont des voitures électriques. En réalité, leur moteur fonctionne grâce à une énergie fournie par douze batteries rechargeables. La recharge de celles-ci peut se faire par l’énergie solaire. Le constructeur a conçu les véhicules Kantanka pour accumuler de l’énergie solaire quand ils roulent. Il s’en suit une conversion progressive de cette ressource solaire en énergie mécanique que les batteries stockent pour permettre au moteur de poursuivre son fonctionnement. Les Kantanka sont donc des véhicules qu’on ne voit pas encore dans de nombreux pays africains. Mieux, les composants sont en majorité fabriqués sur le sol ghanéen. Les sièges en cuir viennent

Management 08 Business Octobre 2016

AFRICA

d’une fabrique installée dans la ville de Kumasi. Les tableaux de bord sont fabriqués avec le bois issu des forêts du pays. Les grilles du radiateur, rappelant l’emblème étoilé à 05 branches de la nation ghanéenne, font également partie du « made in Ghana ». Le logo de la marque signale la fierté d’être ghanéen qui anime le constructeur.

D’ailleurs, l’Akan, idiome parlé au Ghana, constitue avec l’Anglais, les langues au choix pour comprendre le fonctionnement des voitures Kantanka. De l’extérieur, l’entreprise importe les vitres, les pneus et l’arsenal de freinage. Mais elle rêve à court terme de fabriquer tous les composants au Ghana.

La Kantanka Automobile Ltd bénéficie du soutien symbolique du gouvernement ghanéen. Celui-ci a d’ores et déjà validé les prototypes de véhicules proposés par le constructeur. Le chef de l’Etat, John Dramani Mahama, appelle dans plusieurs discours ses compatriotes à se jeter sur les voitures Kantanka s’ils ont besoin d’automobiles. Le 13 juillet 2016, le vice-président, Arthur Kwessi Amissah, reçoit les clés de deux des trois véhicules qu’il a commandés auprès de l’entreprise. Il justifie son geste par la volonté de l’Etat du Ghana d’appuyer ce type d’initiative sur son sol. D’ailleurs, des discussions en cours devraient permettre dans les semaines à la K.A. Ltd d’équiper la police nationale, elle qui avait été la première à tester les pick up Kantanka. Des ministères du pays de Kwame Nkrumah devraient également passer des commandes. Une belle publicité qui vient renforcer celle déjà engagée par le constructeur. Les stars du cinéma et de la musique ont permis à la marque de se faire une notoriété auprès du public ghanéen.


Leaders Développement de la marque Le constructeur automobile ghanéen doit maintenant affiner ses stratégies commerciales et ses objectifs sur le long terme. D’abord, la production. Le PDG, Juinior Kwadwo Safo, indique que jusqu’à dix voitures peuvent sortir de l’usine chaque jour. Ensuite, la vente. Pour le moment, il faut débourser entre 10 et 13 millions F CFA (entre 15 000 et 19 000 euros) pour s’offrir une voiture Kantanka. Le marché ghanéen est décrit par les spécialistes comme étant étroit. Le pays importe en moyenne 10 000 véhicules neufs et 100 000 véhicules d’occasion chaque année. Depuis le lancement de la commercialisation, la Kantanka Automobile Ltd n’a réussi à vendre qu’une centaine de voitures. Le défi de l’écoulement des produits se pose donc. D’après le manager général de cette holding, plusieurs sociétés ghanéennes ont déjà passé des commandes qui assurent une continuité du travail dans les usines. Le véhicule fait l’objet des négociations entre avec les concessionnaires installés en Europe et en Asie. Mais la priorité de l’inventeur Kwadwo Safo Kantanka, c’est l’Afrique. Il veut permettre à chaque Africain de s’offrir une voiture. Le fiston aux manettes annonce pour 2017 la sortie d’une berline qui sera plus accessible financièrement. Après la production et le besoin d’un marché, il y a le service après vente. Sur ce volet, « si vous avez le moindre problème avec la voiture, notre service aprèsvente fonctionne 24 heures

Une Kantanka et ses 12 batteries électriques.

Business Management 09 Octobre 2016 AFRICA


Leaders

Une autre Kantanka SUV sur 24. Pas besoin d’importer des pièces d’Inde, de Chine ou d’Amérique », déclare Juinior Safo Kwadwo, cité par l’Agence France Presse. Enfin, il y a la question du développement de la marque. Le top manager du constructeur automobile envisage à court terme la sortie des cars et des mini-bus. Les maquettes sont déjà prêtes, les prototypes déjà fabriqués. Reste à peaufiner le travail dans les usines. Ces nouvelles voitures viendront trouver celles qui existent déjà : La Kantanka Nkunimdie, la Kantanka Onatafuo, la Kantanka Opasuo, la Kantanka Otumfo. Pour saisir l’âme de la marque automobile Kantanka, il faut creuser dans l’histoire de son géniteur. La vie de Kwadwo Safo Kantanka n’a rien à voir avec celle

Management 10 Business Octobre 2016

AFRICA

du commun des mortels. Il voit le jour le 26 août 1948 à Bekwai, dans la région d’Ashanti, très célèbre pour son passé glorieux. Après des études primaires réussies, il est admis au Ghana Technical Works Institute de Kumasi, une sorte de lycée technique où on forme directement pour les métiers du secteur des bâtiments et travaux publics. Après cette formation, celui qui présente déjà des signes de « génie » et d’ «envoyé de Dieu » travaille pendant trois années comme soudeur, successivement pour trois entreprises installées au Ghana : la Volta Aluminum Company (VALCO), la West African Metals (WAM), la French African Company (FAC). Dans un coin de sa tête, il veut se concentrer sur deux choses : Dieu et la technologie. Les révélations qu’il dit

avoir le conduisent à créer en 1971 la Kristo Asafo, une église de réveil. Elle compte aujourd’hui 137 chapelles disséminées au Ghana, en Italie, au Royaume uni et aux Etats unis. La parole de Dieu que la Kristo Asafo enseigne aux premiers fidèles condamne la pauvreté à disparaître. Kwadwo Safo Kantanka dit à ceux qui le suivent qu’en priant et en travaillant, ils peuvent éloigner la misère d’eux. Surtout, il faut avoir un état d’esprit positif. Pardessus tout, il faut se sortir de la tête l’idée que la race blanche est dotée d’une intelligence supérieure. On est donc loin du prêche catholique qui met en garde contre la culture du matériel. De la parole aux actes, il n’y a qu’un pas. Le prophète ne veut pas se canton-

ner aux services. Il se met à la technologie. C’est donc en 1971 qu’il commence la conception de ses voitures électriques, les fameuses « Kantanka ». Dans un élan d’immédiateté, il crée une division du travail au sein de son église et embraque ses fidèles dans la fabrication d’un savon moins cher qui reçoit comme nom : « Don’t touch me ». Nous sommes alors à Kensere, une localité située non loin de Bekwai, sa ville natale. En plus de son coût abordable dans un Ghana en plein marasme économique, ce produit se particularise par sa capacité à combattre les maladies de la peau. C’est un succès.


Leaders Premières entreprises Sans jamais avoir goûté aux études d’ingénieur, le prophète Kwadwo Safo Kantanka continue dans la décennie 80 ses recherches en vue de produire des objets technologiques qui seront utiles à l’Afrique. Mais il a besoin d’argent pour réaliser ses vœux d’inventeur. En 1983, il crée une première entreprise : la Kristo Asafo Farms. Elle exerce ses activités dans l’agriculture pour combattre la grande famine qui frappe le Ghana dans cette période là. Elle se situe dans le prolongement des activités agricoles pratiquées avec les fidèles de l’église de manière informelle. Puis, l’idée de créer d’autres entreprises lui passe par la tête. Il rêve grand et crée la Great Kosa Company Limited, le conglomérat qui rassemblera une série d’affaires. D’abord, la Great Imperial Company Limited, devenue avec sa marque « Imperial Express », un géant du transport au Ghana. Puis, la Modern Kosa Company Limited, une entreprise spécialisée dans les bâtiments et travaux publics. Une autre référence au pays des Black Stars. Pour faciliter l’accès aux matériaux de construction à cette dernière,

Il y a quelques mois, il exhibe en plein Accra les prototypes des merveilles technologiques qu’il a déjà conçues : un hélicoptère de combat, un petit avion civil, un jet, des robots parlants, une télévision contrôlée par la voie, un engin de génie civil semblable au Caterpillar mais fonctionnant avec l’énergie.

la holding met en place la Modern Kosa Quarry. Elle exploite des carrières pour en fournir les produits à la Modern Kosa Company Limited et à d’autres entreprises du secteur des BTP au Ghana. En 1999, naît la Safo Nyame Coldstore Limited. Elle domine le secteur de la fourniture des aliments congelés dans la région d’Ashanti et le Nord du Ghana. Dans le développement

de sa holding, le pasteur Kwadwo Safo Kantanka pense à la formation. Un secteur qui lui tient particulièrement à cœur. Il crée la Apostle Safo School of Arts and Sciences (GREAT ASSAS) et en fait un pôle d’excellence technologique sur le territoire ghanéen. Mais il touche aussi au football, grand rassembleur de la jeunesse ghanéenne. Il met sur pied, dès 1991, la Great Kosa FC, un club de football qui s’appuie sur une acadé-

mie de formation. Pour ne rien oublier, il met les pieds dans la santé. La Great Kosa Clinic voit le jour. Et même le secteur médiatique ne lui échappe pas. Depuis 1997, le groupe possède la Great Kosa Vision Company. Parvenu à ce stade, le pasteur n’est pas vraiment satisfait. Il n’a encore rien inventé. Mais il est déterminé à le faire. L’argent généré par sa holding ne l’a pas éloigné de ses travaux de recherche. Ceux-ci aboutissent en 1998 à une première voiture : la Kantanka Saloon. Un deuxième prototype arrive en 2006 et porte le nom de « Kantanka Onantefo I ». Ce dernier est suivi de la « Kantanka Onantefo II » en juin 2007. Celui-ci parcourt le Ghana pour des besoins de test. Le 30 décembre 2007, à l’occasion d’un gala chrétien de charité à Accra, les Ghanéens découvrent le prototype de la « Kantanka Obrempon », une voiture de type limousine qui fait quinze mètres de longueur. C’est un signe annonciateur

Business Management 11 Octobre 2016 AFRICA


Leaders

Le petit avion de transport conçu et développé par le prophète de quelque chose qui vient. Avec les différents prototypes, les jalons de ce que sera la marque « Kantanka » sont ainsi posés. Pour mieux se concentrer sur l’industrie automobile à venir, le prophète Kwadwo Safo Kantanka, qui adore de longs cheveux cholés, transfert les manettes de la Great Kosa Company Limited à son fils : Junior Safo Kwadwo. Le pasteur travaille d’arrache-pied avec une équipe de chercheurs à Gomoa Mpota. Toute la machine s’huile. La Kantanka Automobile Ltd voit le jour en 2014 en produisant des 4 X 4 pick up et SUV. La police ghanéenne reçoit la même année un prototype de pick up avec lequel elle entend s’améliorer dans la lutte contre la criminalité. C’est finalement au mois de

Management 12 Business Octobre 2016

AFRICA

décembre 2015 que la Kantanka Automobile Ltd démarre la commercialisation de ses véhicules. L’histoire est en marche. Pour donner plus de cohérence au management de l’entreprise, une nouvelle holding voit le jour : la Kantanka Group. Celle-ci rassemble, outre la Kantanka Automobile Ltd, la Great Kosa Company Ltd, laquelle en soi est déjà un conglomérat. D’autres entreprises verront le jour sous le label « Kantanka » et seront chacune un conglomérat incorporé dans la grande holding Kantanka Group. Sans doute, s’agira-t-il, pour certaines, des sociétés de fabrication d’avions, de construction des engins de génie civil ou d’appareils électroniques pour d’autres. Le grand prophète y travaille. Il y a quelques mois,

il exhibe en plein Accra les prototypes des merveilles technologiques qu’il a déjà conçues : un hélicoptère de combat, un petit avion civil, un jet, des robots parlants, une télévision contrôlée par la voie, un engin de génie civil semblable au Caterpillar mais fonctionnant avec l’énergie électrique ou solaire, un char militaire, un moulin industriel, un climatiseur, un régulateur de tension. Une fois les prototypes validés, chacune de ces inventions donnera naissance à une entreprise industrielle. Par ailleurs, le bientôt septuagénaire caresse un rêve : créer la African University of Technology au Ghana. Il veut en faire la meilleure des universités en termes d’incubation technologique en Afrique.

BIO EXPRESS

1948 : Naissance à Bekwai 1971 : Début des recherches sur la marque automobile « Kantanka » 1998 : Présentation du prototype de la première voiture (la Kantanka Saloon) 2006 : Présentation du prototype de la « Kantanka Onantefo I » 2007 : Présentation des prototypes de la « Kantanka Obrempon » et de la « Kantanka Onantefo II » 2014 : Création de la Kantanka Automobile Ltd et de la Kantanka Group 2015 : Démarrage de la commercialisation de la voiture « Kantanka » (4 X 4 Pick up et SUV) 2016 : Livraison de 02 véhicules 03 commandés par le vice-président du Ghana, Arthur Kwessi Amissah 2017 : Sortie annoncée d’une berline moins chère et des mini-bus Kantanka


Leaders Reconnaissance nationale Au Ghana, Kwadwo Safo Kantanka, déjà prophète, est un dieu. L’Etat et plusieurs organisations le couvrent de distinctions honorifiques, une bonne dizaine au total. En 2007, il reçoit l’Ordre de Volta, l’une des plus grandes du pays. Depuis 2004, il est membre associé de la Ghana Institute of Engineers, et, depuis 2006, membre du conseil national pour l’enseignement supérieur. Il reçoit en 2004, la « Industrial Pinnacle Award » dans trois catégories différentes pour sa contribution au développement industriel de son pays. Depuis 1999, il est docteur honoraire de l’Université du Ghana. Et contrairement à ce à quoi on peut s’attendre de la part d’un Homme de Dieu, le géniteur de la voiture Kantanka dit que son job sur la terre ne consiste point à faire de la philanthropie. Il préfère voir des Africains qui inventent pour développer l’Afrique. Quid de Junior Safo Kwadwo ? Le fils du prophète doit gérer tout l’empire de son père. Il a 30 ans. Pilote diplômé de la Phoenix East Aviation School (Floride, USA), il possède également une Licence en administration publique de la Ghana Institute of Management and Public. Il rêve d’arracher à Aliko Dangote la première place dans le classement des fortunes africaines. Il mise sur un facteur qui le différencie de son désormais rival nigérian : la jeunesse. Son crédo : que la Kantanka Group domine l’industrie technologique sur le continent africain. « Il faut que nous apprenions à produire nous-mêmes ce que nous consommons et à consommer ce que nous produisons. Notre temps est venu », affirme-t-il à chaque fois qu’il se trouve face à la presse. Des propos qui rappellent les débuts de la révolution sankariste dans un pays pas très loin du Ghana : le Burkina Faso. Sauf qu’il s’agit ici de passer des idées au concret. Et le concret, ce sont les voitures « Kantanka ». Le concret, ce seront peut-être les avions « Kantanka ». On n’en est pas si loin.

Business Management 13 Octobre 2016 AFRICA


Leaders

Sandile SHEZI, millionnaire grâce au courtage financier à 23 ans

Le sud-africain a créé à Durban la Global Forex Institute où il forme gratuitement avec son associé, ses compatriotes. Objectif déclaré : qu’ils deviennent également riches. En attendant que leurs vies respectives changent aussi, Monsieur le professeur est le plus jeune millionnaire du pays aux couleurs arc-en-ciel. Sur les traces d’un enfant entêté. Par Hindrich ASSONGO

Sandile SHEZI, un regard de leader.

«

Réduire la distance entre les gens ordinaires et les millionnaires ». Pour lire cette vision, du moins dans sa version originale qui est en langue anglaise, il faut aller sur le site internet de la Global Forex Institute. Une institution qui fait à la fois de la formation et de la pratique du « forex trading ». Pour dire les choses simplement, c’est du courtage et du placement des capitaux sur des places financières, une activité pas vraiment répandue sur le continent africain. A Durban, Umhlanga et Cape Town (Afrique du Sud), Sandile Shezi met en place cette entreprise en septembre 2013. Il a alors pour associé, un certain George Van Der Riet, un sud-africain qui a une

Management 14 Business Octobre 2016

AFRICA

longue expérience dans ce domaine où on peut tout perdre en quelques heures. Mais tout gagner aussi, si on sait s’y prendre. Et pour le faire, être rusé ne suffit pas. Il faut être formé. Sandile Shezi donne donc gratuitement des cours à ses concitoyens, surtout ceux

de la communauté noire, pour qu’ils deviennent millionnaires comme lui. A 23 ans - Il en aura 24 le 17 décembre 2016 -, on le décrit comme étant le plus jeune millionnaire de l’Afrique du Sud. En fin 2015, sa fortune s’évalue à un peu plus de 30 millions de rands, soit 1,8

Curieux, le petit Sandile Shezi s’intéresse à l’histoire de son homonyme, Sandile Zungu. Lui aussi a grandi dans le même township de Durban, avant de devenir l’un des hommes les plus célèbres de son pays. C’est que, le désormais patron de la Zungu Investments Company Limited est connu pour avoir conçu un programme de formation en leadersship pour le compte de la l’université de Harvard, le symbole de la puissance de l’enseignement supérieur des Etats unis. Shezi se dit alors : « s’il a pu y arriver, pourquoi pas moi ?

million d’euros. La somme aurait depuis lors été multiplié plusieurs fois, selon les médias sud-africains. C’est l’histoire d’un enfant qui se dit inspiré par la « pauvreté ». Et qui n’hésite pas à prendre les risques les plus fous. Lycéen à Durban, ses parents, du haut de leur statut d’enseignants, peinent à joindre les deux bouts. Mais ils rêvent tout de même d’une éducation classique pour leur progéniture. Toute la famille vit alors dans un « township », un de ces bidonvilles réputés pauvres et habités par les noirs dans les périphéries des métropoles sudafricaines. Curieux, le petit Sandile Shezi s’intéresse à l’histoire de son homonyme, Sandile Zungu. Lui aussi a grandi dans le même township de Durban, avant


Leaders de devenir l’un des hommes les plus célèbres de son pays. C’est que, le désormais patron de la Zungu Investments Company Limited est connu pour avoir conçu un programme de formation en leadersship pour le compte de la l’université de Harvard, le symbole de la puissance de l’enseignement supérieur des Etats unis. Shezi se dit alors : « s’il a pu y arriver, pourquoi pas moi ? ». Sa vie de battant commence au secondaire alors qu’il a 12 ans. Ce zulu, quand il n’est pas en classe, vend des « muffins », des beignets, pour faire court. Une activité qui fait de lui un sujet de moquerie de la part de ses camarades de classe. Des économies mises de côté permettent à Sandile Shezi de franchir un cap. Désormais, c’est dans le prêt-à-porter qu’il se lance. Sa stratégie pour écouler sa marchandise, le porte-à-porte. Et c’est en faisant cela qu’il dit avoir ap-

pris les règles les plus fondamentales des affaires : acheter, écouler, faire du bénéfice, savoir quand et à qui vendre à un faible coût ou à un prix

élevé. Bref, la météo du business. Les études secondaires achevées, l’enfant des bidonvilles est admis au Durban Institute of Technology. Nous

sommes en 2011. Là, avec un camarade de classe, il fonde l’association des étudiants en relations publiques. Le leader naît. Au bout de deux années, il obtient le « National Diploma » en relations publiques, publicité et communication appliquée. Cependant, les études « longs courriers » - comme on sait le dire en Afrique centrale-, ce n’est vraiment pas son hobby. Pourquoi ? Parce qu’en étant étudiant, le jeune homme qui a, à peine la vingtaine à ce moment là, s’intéresse au « forex trading », le courtage financier. Une sorte de marché où on échange les devises monétaires toujours en paire, dans le but de se faire du bénéfice. Et pour réussir, il faut avoir l’intelligence nécessaire pour anticiper sur les cotations. Ici, les fluctuations sont quotidiennes. Un manque de vigilance, et le trader devra maudire la terre.

Autodidactique Pour devenir un bon « forex trader », le durbanais pratique de l’autodidactique. Il se forme sur internet. Et quand au lieu de repartir à l’école, il prend ses frais de scolarité pour investir dans l’activité qui le passionne, ses parents le désavouent. Ils montrent leur déception. Pour eux, la pilule est dure à avaler. Surtout que dans un coin de leur tête, le courtage financier renvoie à un jeu de hasard. Sandile Shezi lui, poursuit son chemin. Car, à force de lire des portraits de leaders dans les magazines de management, il arrive à une conclusion : « En chaque homme riche, se cache un pauvre qui a su poursuivre ses rêves ». Avec son partenaire, le jeune trader fonde son entreprise, la Global Forex Institute. En quelques

mois, il devient millionnaire. Et son expérience, il souhaite désormais la partager avec les pauvres, les noirs sud-africains surtout, eux qui sont les plus pauvres d’Afrique du Sud. En rapport avec cette vision, on peut lire sur sa page linkedin : « Pourquoi travailler pour gagner de l’argent alors que l’argent peut travailler pour vous ? Venez chez nous, non pas seulement pour devenir un trader, mais pour devenir un forex trader à succès. Surtout, retenez que les gens riches recherchent les opportunités quand les pauvres cherchent du bouleau » (Traduction par la rédaction). Ce qu’il propose donc, c’est de permettre aux gens de sa condition d’hier de s’autonomiser et de travailler pour eux-mêmes.

Dans son envie d’aider les autres, Sandile Shezi passe de l’ambition aux actes. A la Global Forex Institute, un module « formation » est incorporé. L’entreprise se présente désormais comme « la seule en Afrique du Sud qui enseigne gratuitement aux masses le courtage financier dans une perspective d’autoemploi ». Elle déclare avoir déjà initié deux mille personnes à ce métier. Business Management 15 Octobre 2016 AFRICA


Leaders Dans son envie d’aider les autres, Sandile Shezi passe de l’ambition aux actes. A la Global Forex Institute, un module « formation » est incorporé. L’entreprise se présente désormais comme « la seule en Afrique du Sud qui enseigne gratuitement aux masses le courtage financier dans une perspective d’auto-emploi ». Elle déclare avoir déjà initié deux

mille personnes à ce métier. « L’objectif est de faire comprendre aux gens quel est le meilleur moment pour acheter, le meilleur moment pour revendre et comment faire pour ne pas perdre son capital. Je veux être sûr que le plus grand nombre de personnes en savent suffisamment sur le trading », précise le désormais millionnaire. Les témoignages d’anciens

étudiants de cette école pratique vont dans un sens plutôt louangeur. « Après avoir suivi les cours proposés le samedi par Sandile Shezi et George Van Der Riet, j’ai été impressionné par leur expérience. Cependant, c’est après avoir vu leurs propres résultats que j’ai été complètement convaincu. Ces gars savent exactement ce qu’ils font », affirme Rowan

Marais. Quant à Angela Gina, elle dit avoir doublé ses comptes depuis qu’elle a débuté la formation chez Global Forex Institute. Pour ceux des apprenants qui souhaitent recevoir un cursus plus pointu, il faut payer. Le gros du chiffre d’affaires de la GFI reste cependant dans le secteur du trading, donc dans la pratique.

Demain, leader d’Afrique L’ambition de Sandile Shezi – il parle l’Anglais, le Zulu et le Xhosa - et de son associé est de faire de la Global Forex Institute, la meilleure entreprise de forex trading d’Afrique. Et les deux se disent prêts à travailler plus pour cela. « La raison pour laquelle je travaille si dur est que je ne veux pas qu’un jour, mon enfant se place devant quelqu’un et se sente frustré », écrit l’ancien des townships le 16 juin 2016, sur son compte facebook, lequel compte 51 907 amis au 28 juin 2016. Déjà, le 31 juillet 2014, il écrit une autre phrase pleine de sens sur la même tribune : « Si vous naissez pauvre, ce n’est pas votre faute. Mais si vous mourrez pauvre, c’est votre faute ». Ou encore : « Ceux qui refusent de prendre les risques finissent par devenir de simples employés de ceux qui ont pris des risques ».

Sandile Shezi, la richesse lui fait désormais acquérir ce qu’il veut.

Management 16 Business Octobre 2016

AFRICA

Même s’il garde l’humilité qui a caractérisé son enfance, Shezi pratique désormais tu tennis et du golf, deux sports réservés à la classe aisée en Afrique du Sud. Il a également développé des compé-

tences en public speaking, motivational speaking, développement personnel, entre autres. Il s’offre désormais ce qu’il veut, va où il veut, avec le moyen qui lui plait. Comme quoi, il a su réduire la distance qui le séparait des riches. Pour aller plus loin, il a annihilé cette distance. Il est désormais des leurs. Normal qu’il fasse accourir les médias du monde entier, soucieux de saisir sa trajectoire. Celle-ci ne semble pourtant qu’à sa première bifurcation.

BIO EXPRESS

17 décembre 1992 : Naissance à Durban Septembre 2011 : Entrée à la Durban Institute of Technology Juillet 2013 : Obtention du National Diploma (Relations publiques, publicité et communication appliquée) Septembre 2013 : Création de la Global Forex Institute Décembre 2015 : Fortune estimée à 30 millions de rands (1,8 millions d’euros)



In’entreprise Embraer, le constructeur aéronautique brésilien à la conquête du ciel africain

Le développement du transport intra-régional sur le continent semble une opportunité pour cet aviateur dont la grande spécialité est la production des appareils adaptés aux trajets concernés. Les commandes ne cessent d’affluer. On danse déjà au rythme de la samba dans plusieurs compagnies africaines. Les armées de l’air aussi commencent à apprécier les appareils militaires proposés par le sud-américain. Pleins phares sur un boulevard aérien et sur une offensive brésilienne qui ne date pas d’hier en Afrique. Par Landry Pany NANKAP

Paulo César de Souza e Silva, nommé président d’Embraer en juin 2016, souhaite renforcer les positions du groupe en Afrique.

D

ans leur envie de développer leurs lignes régionales, des compagnies aériennes africaines font de plus en plus le pari d’Empresa Brasileira de Aeronáutica (Embraer). La dernière en date, FastJet, compagnie tanzanienne spécialisée dans les vols moins chers, a décidé de laisser tomber ses appareils A 319 - construits par Airbus - pour les E-190 du constructeur brésilien. 05 avions sont ainsi concernés par cette mutation. Les premiers bébés d’Embraer vont apparaître dans la flotte de FastJet dès la fin du mois d’octobre 2016, pour un déploiement sur les lignes Dar Es Salam - Kilmandjaro et Mbeya-Mwanza. Cette décision stratégique, annoncée le 21 septembre par le

Management 18 Business Octobre 2016

AFRICA

directeur général de cette entreprise, Nico Bezuidenhout, vise à adapter la flotte à la demande, dans un objectif de rentabilité. C’est que, le transporteur affiche des résultats négatifs au premier semestre 2016 : une perte de 15 millions de dollars US contre un gain de 6,4

« Les premiers bébés d’Embraer vont apparaître dans la flotte de FastJet dès la fin du mois d’octobre 2016, pour un déploiement sur les lignes Dar Es Salam - Kilmandjaro et Mbeya-Mwanza.

millions de dollars Us sur la même période en 2015. En cause : un faible taux de remplissage. D’où le choix porté sur les E-190 mis en service par le constructeur depuis 2005 (entre 98 et 114 places). Les A 319 (156 places) semblent trop grands et plus gourmands en consommation de kérosène. Les projections du top management tablent sur une réduction des coûts et des capacités de l’ordre de 15 %. Embraer veut surfer sur cette dynamique de développement du transport régional en Afrique pour étendre ses ailes dans l’espace aérien continental. La situation sied aux caractéristiques de ses produits. Le constructeur brésilien, troisième aviateur dans le monde derrière Boeing et Airbus, a en

effet, depuis sa naissance, fait des avions de petite et moyenne taille, sa grande spécialité. Ces appareils sont plus adaptés sur des vols régionaux. Du coup, la fine fleur de l’industrie brésilienne multiplie les études de marché pour affiner ses stratégies en Afrique sur le segment des vols commerciaux. Mathieu Duquesnoy, vice-président d’Embraer Commercial Aviation en charge du Moyen Orient et de l’Afrique depuis juillet 2010 – une direction créée en 2010 –, a eu le temps de faire le job pour avoir des idées précises. En 2011, il affirme au magazine Jeune Afrique que « l’Afrique dispose aujourd’hui d’un potentiel inégalable dans le monde ».


In’entreprise Des chiffres clés pour l’avenir qu’avec le E-190 – véritable star aux USA –, Royal Air Maroc, à partir de Casablanca, sera la reine vers l’Europe de l’Ouest et l’Afrique de l’Ouest. Air Burkina Faso compte également depuis 2010, deux E-170 de 68 places chacune dans sa flotte.

En s’adressant à nos confrères de Jeune Afrique il y a 05 ans, le vice-président d’Embraer Commercial Aviation en charge de l’Afrique et du Moyen Orient table sur une croissance du trafic passager de l’ordre de 5,4 % pendant 20 ans sur le continent. Il brandit alors une étude menée par la firme. Celle-ci montre que les avions de 70 à 120 places, lesquels rentrent dans sa spécialité, feraient l’affaire pour 38 % des liaisons continentales. Elle établit que 86 % des vols reliant deux destinations africaines comptent moins de 110 passagers. En outre, elle calcule le taux de remplissage moyen des avions en Afrique qu’elle évalue à 60 %, un des plus faibles chiffres dans le monde. Par ailleurs, à ce moment là, 70 % des clients de la marque sont des compagnies régionales et low cost. Sur le continent, en cette année 2011, Embraer compte un peu plus de 100 avions qui sillonnent le ciel, nichés chez plusieurs transporteurs. Le plus important d’entre eux étant Kenya Airways, lequel compte 08 appareils et 15 autres en commande chez le constructeur sud-américain. Egyptair Express, South African Express, Kenya Airways,

Air Nigeria, Air Namibia et le mozambicain LAM sont les transporteurs africains qui arborent à l’époque les couleurs brésiliennes. Mathieu Duquesnoy table alors sur une vente de 200 autres appareils dans la période 2011 – 2031 dans cette zone géographique. Pour avancer ses pions, cette année là, l’industriel de l’aéronautique initie à Nairobi, au Kenya, un rendez-vous d’aviation commerciale. Les participants réfléchissent à la « connectivité de l’Afrique ». Depuis 2011, Embraer qui fait 80 % de son chiffre d’affaires à l’export, a avancé dans son offensive africaine. Royal Air Maroc, l’une des meilleures compagnies du continent, acquiert en lea-

sing, en 2014, 04 E-190 de 96 places chacun. A la midécembre, RAM dépêche une délégation à Sao José Dos Campos, une localité située à une centaine de kilomètres de Sao Paulo. C’est dans cette ville qu’Embraer assemble ses avions. Face aux responsables du transporteur marocain, Paulo César de Souza e Silva, alors vice-président en charge de l’aviation commerciale au sein de l’entreprise brésilienne – il est devenu président d’Embraer le 10 juin 2016 en remplacement de Frederico Fleury Curado – , réaffirme que l’avionneur mise sur l’Afrique pour continuer sa croissance, tout en indiquant que le transport aérien croit désormais de 8 % sur le continent annuellement. Il prédit par ailleurs

Dans sa stratégie de conquête de l’Afrique, le constructeur brésilien vise les gros transporteurs du continent, lesquels ont l’intention, pour plusieurs d’entre eux, de lancer des filiales low cost. C’est le cas de Kenya Airways, dont la filiale pour vols moins chers, Jambo Jet, fonctionne depuis 2014, essentiellement sur des trajets de l’Afrique de l’Est. Mais il faudra s’armer de patience et de tactique. Car, l’avionneur canadien Bombardier, spécialiste lui aussi des avions de petite et moyenne taille, semble avoir une longueur d’avance. On retrouve ses appareils précisément chez Jambo Jet, alors que l’on annonçait des Embraer au moment de la création de la compagnie. Air Côte d’Ivoire a aussi lorgné du côté sud-américain, avant finalement de s’abreuver chez Bombardier, pour l’acquisition d’un avion de 67 places pour ses lignes domestiques. Soulignons tout de même que Kenya Airways possède 15 E-190 de 100 places chacun dans sa flotte.

Business Management 19 Octobre 2016 AFRICA


In’entreprise Leasing, aviation militaire et aviation agricole

un A-29 Super Tucano - Le Mali et le Ghana ont passé des commandes en 2015

Mais au-delà des cessions directes d’avions, Embraer multiplie d’autres actions en direction de l’Afrique. Le constructeur incite les transporteurs à dealer avec ECC Leasing, sa filiale de location installée en Irlande. En outre, il cherche des sous-traitants au Maroc, un pays qui a déjà réussi à attirer ses concurrents dans la même opération. Avec l’Etat togolais, il négocie pour installer un centre de maintenance d’avions à l’aéroport de Lomé, une plateforme rénovée. La compagnie Asky, qui sert de relai à Ethiopian Airlines, est également dans le viseur de l’avionneur. En somme, Embraer semble paré pour un combat avec Bombardier à l’heure où des lignes régionales et domestiques se développent sur l’Afrique. En attendant que le marché prenne véritablement corps, le groupe espère procéder à la livraison de 105 à 110 avions commerciaux et

jusqu’à 135 jets d’affaires sur l’année 2016. Au mois de juillet, il avait déjà livré 47 et 49 unités, respectivement pour les deux catégories. Au-delà de l’aviation commerciale, il y a l’aviation militaire. Sur ce segment, le fleuron de l’industrie brésilienne prend goût à l’Afrique. Le 15 juin 2015, en marge du salon du Bourget, un événement consacré à l’aviation, Embraer annonce avoir conclu avec le Mali, un accord portant sur la vente de six A29 Super Tucano. Le 19 juin, la holding annonce un contrat avec le Ghana portant sur la livraison de cinq appareils du même type. C’est un avion turbopropulseur conçu pour des attaques légères, la lutte anti-guérilla et les missions de formation des pilotes. Chaque appareil coûte 10.6 millions d’euros, soit 6.3 milliards F CFA. La branche « aviation de défense » a repré-

senté 11% du chiffre d’affaires d’Embraer en 2011. Cette flotte militaire permettra à l’armée malienne de surveiller les frontières du pays et de contrer le terrorisme. Il y a aussi Embraer Executive Jet, qui fabrique les avions d’affaires. Les milliardaires sud-africains en ont achetés ces dernières années. Enfin, il y a l’aviation appliquée à l’agriculture. A ce sujet, Embraer possède une filiale : la Indústria Aeronáutica Neiva. Son siège se trouve à Botucatu, dans l’Etat de São Paulo. Et elle fabrique les petits avions pour des usages agricoles, un domaine que souhaite développer de nombreux pays africains. Et tout cela a lieu au moment où le Brésil se rapproche de l’Afrique. Sauf catastrophe, de bons lendemains attendent Embraer sur le continent.

Embraer en quelques chiffres

19 000 : Nombre approximatif d’employés, pour 20 nationalités. 5000 : Nombre d’avions livrés depuis le début de l’entreprise. 90 : Nombre approximatif de compagnies constituant la clientèle (61 pays). 50 : Nombre approximatif d’armées équipées. 3: C’est le rang occupé par Embraer dans le classement des constructeurs aéronautiques dans le monde. 111 millions : En dollar US, cette somme représente le bénéfice net d’Embraer au quatrième trimestre de l’année 2015. 5,9 milliards : En dollar US, c’est le chiffre d’affaires réalisé par Embraer en 2015. 6,4 milliards : En dollar US, c’est le chiffre d’affaires projeté par la firme en 2016.

Source : www.embraer.com

Management 20 Business Octobre 2016

AFRICA


In’entreprise

Embraer : Quelques dates à retenir 1969 : Embraer ouvre officiellement ses portes le 19 août. On la considère comme la fille de l’Institut Technologique d’Aéronautique de Sao Paulo, un établissement qui a formé ses premiers ingénieurs et techniciens. C’est le fruit de la volonté des militaires alors au pouvoir au Brésil. Le siège de l’entreprise est fixé à São José dos Campos (Etat de Sao Paulo).

Ltd (qui rassemble toutes les directions du groupe réparties sur plusieurs zones à l’étranger).

1973 : Embraer livre son premier avion : EMB-110 Bandeirante. Il a été conçu en 1968 par l’ingénieur français Max Holste.

2012 : Embraer investit 177 millions d’euros pour ouvrir 02 usines à Evora (Portugal) : l’une pour fabriquer les pièces métalliques, l’autre pour fabriquer les pièces composites.

1987 : Rachat d’Aerotec, société de maintenance et de production aéronautique 1994 : Privatisation de l’entreprise. Le capital aujourd’hui est détenu par plusieurs groupes brésiliens et étrangers : Previ (14, 1 %) ; Bovespa and Others (26,4 %) ; Bozano Group (7,4 %) ; New York Stock Exchange and others (15,8 %) ; BlackRock (6 %) ; Oppenheimer Funds (6,9 %) ; Thomburg Investment (6 %) ; Franklin Ressources Inc (6,6 %) ; Hotchkis & Wiley CAPI (5,3 %). 2001: Création de la Embraer Education and Research Institute. 2002 : Embraer créé une filiale en Chine (Harbin Embraer Aircraft Industry) en coopération avec la China Aviation Industry Corporation. Le groupe possède d’ailleurs d’autres filiales au Brésil et à l’étranger. Les plus importantes étant : Indústria Aeronáutica Neiva (Basée à Botucatu, elle fabrique les avions pour les usages agricoles) ; Embraer Defense and Security (Avions pour les armées) ; Embraer Commercial Aviation (Avions commerciaux) ; Embraer Executive Jets (Avions d’affaires) ; ECC Leasing (Basée en Irlande, elle cède les avions en leasing) ; Embraer Overseas

2005 : Rachat d’OGMA, une société portugaise de fabrication des pièces d’avions et de maintenance des moteurs. L’acquisition se fait avec l’européen EADS et via Air Holding, qu’Embraer contrôle à ce moment là à 99 %.

2010 : Création de Embraer Commercial Aviation Afrique et Moyen Orient. La même année, Air Burkina acquiert 02 E-170 de 68 places chacune. 2013 : Création de Embraer Systems à Rio de Janeiro (Filiale en charge du développement des applications, de la conception des technologies innovantes pour le groupe et d’une plateforme pouvant permettre une meilleure connectivité de l’ensemble des filiales d’Embraer) . 2014 : Royal Air Maroc commande 04 E-190 de 96 places chacun chez Embraer. 2016 : Paulo César de Souza e Silva devient président d’Embraer le 10 juin. Arrivé au sein du groupe en 1997, il occupait jusqu’à sa nomination, le poste de Vice-président chargé de l’aviation commerciale. Il remplace Frederico Fleury Curado (55 ans, nommé président en avril 2007). Embraer entend livrer 105 à 110 avions commerciaux et jusqu’à 135 jets d’affaires sur l’année 2016. Le 25 février, l’entreprise a officiellement présenté l’E-190 E-2, une version améliorée de l’E-190. Les livraisons sont prévues à partir de 2018.

Business Management 21 Octobre 2016 AFRICA


In’entreprise Bold & LBB, Dans les couloirs du producteur de la première marque africaine de produits pour le « make up » Bold Make Up, une marque de produits de maquillage pour femmes noires et métisses. Un producteur : Bold & LBB. Une entreprise imaginée et créée en 2015 par la diaspora africaine de France : deux Camerounaises et une Algérienne. Leur objectif : devenir l’adresse de référence des beautés féminines de l’Afrique. Mais aussi, rapatrier la production sur le continent. Et celui de la rédaction : vous faire découvrir leur histoire. Par Hugues EBACKA

A

Bonapriso, quartier chic de la ville de Douala (Cameroun), les femmes en quête de beauté se retrouvent au Beauty Bar depuis décembre 2015. Non, ce n’est pas un grand « bar », au sens où les amateurs de la bière peuvent l’entendre. C’est « un temple du maquillage pour sublimer votre beauté », précise la notice d’information. Un espace avant tout féminin. En fait, un lieu de dégustation du « Bold Make Up », la première marque africaine de produits de maquillage pour les dames. Pour les peaux noires, métisses et mates. Le résultat d’une rencontre de femmes en quête de réussite. Une histoire d’audace et d’études bien faites. La concrétisation d’un rêve d’immigrés qui souhaitent apporter de l’innovation sur le continent de leurs origines. Un avenir qui se veut prometteur. Ange Mbayem, Isma Henani, Audrey Mouangue, soit deux Camerounaises et une Franco-Algérienne. Voilà les noms qui se cachent derrière Bold & LBB, l’entreprise qui produit et commercialise les produits « Bold Make Up ». Les deux premières se rencontrent à Paris, dans une salle de sport située sur les Champs Elysées. Nous sommes en 2013. Des histoires débitées, des rires

Management 22 Business Octobre 2016

AFRICA

suscités et elles deviennent inséparables. Elles viennent

Voici venu le temps d’affiner le projet pour une entreprise qui aura du succès. D’abord, les études de marché. Les porteuses du projet conduisent elles-mêmes l’opération. Elles ciblent le Cameroun. Elles parient sur une étude quantitative.

de créer une « amitié entrepreneuriale », sans même le savoir. En marge du sport de maintien qui les réunit très souvent, chacune d’elle se laisse découvrir à l’autre. Elles apprennent ainsi qu’elles recherchent toutes les deux un travail. Pas qu’elles n’en ont pas. Mais elles en cherchent chacune un qui soit passionnant. Et à défaut d’en trouver, elles souhaitent mettre sur pied leur propre projet. Mais rien de ne concret ne vient vraiment en tête. Elles savent simplement qu’elles ont la rage d’entreprendre. Et puis, Ange Mbayem ravive sa mémoire : « j’étais en vacances à Douala et j’avais oublié

ma trousse de maquillage à Paris. Je me suis rendue dans une des principales boutiques de cosmétiques de la ville, recommandée par mon entourage. Une fois sur place, le lieu était correct mais l’offre et surtout les conseillères de vente étaient de qualité à peine passable », raconte-t-elle à la bloggeuse Paola Audrey. Et finalement, un repas pris avec une maquilleuse dans un restaurant parisien fixe définitivement les idées. Ange Mbayem et Isma Henani savent maintenant ce qu’elles veulent faire : créer une marque de « make up » pour l’Afrique. Elles ne manquent point d’atouts.


In’entreprise Des chiffres clés pour l’avenir La première, née le 29 mai 1988 à Lyon, possède depuis 2012 un Master en ingénierie juridique et financière. Elle a une expérience de contrôle de gestion acquise au sein du groupe Vinci. Son amour pour le luxe la conduit à obtenir un MBA en Luxury Brand Management à l’INSEEC de Paris. Consultante dans le secteur du luxe, elle sait donc comment créer une marque et organiser des événements autour. Surtout que plus tard, en 2014, elle intègre en tant que « assistante chef de projet » Publicis, une agence de communication ayant pignon sur rue en Hexagone. Des armes en somme pour rejoindre le bataillon des entrepreneurs. Quant à Isma Henani, 1er août 1988 à Versailles, elle est titulaire d’un Baclelor’s Degree en entrepreneuriat et management, parchemin obtenu en 2012. Elle a également de solides attaches avec l’ingénierie commerciale. Audelà de tout, elle a accumulé une expérience dans le secteur des cosmétiques. Elle a travaillé comme conseillère beauté chez Urban Decay. Puis, au sein groupe l’Oréal comme représentante des marques Gemey Maybeline. Décidées à avancer, Ange et Henani présentent leur projet à une amie qu’elles ont désormais en commun : Audrey Mouangue. Une Camerounaise qui a une meilleure maîtrise du domaine dans lequel elles souhaitent se lancer. Née le 07 mai 1990 à Paris, elle passe en 2008, un CAP d’esthétique, après deux ans de formation à l’école Carole Peyrefitte de Lyon. Puis, un diplôme de maquilleuse professionnelle à l’académie « Make Up Forever » à Paris. On la voit plus tard à l’œuvre comme maquilleuse dans les domaines de la télévision et du cinéma. Par exemple, on lui connaît des prestations pour « Les Grandes Questions » de FrantzOlivier Giesbert, ou encore le film «BIS » de Dominique Farrugia. C’est donc une connaisseuse du domaine, pour en dire le moins. Elle accepte de rejoindre le projet « Bold Make Up ».

Voici venu le temps d’affiner le projet pour une entreprise qui aura du succès. D’abord, les études de marché. Les porteuses du projet conduisent ellesmêmes l’opération. Elles ciblent le Cameroun. Elles parient sur une étude quantitative. Elles adressent des questionnaires à des femmes employées des grandes entreprises qui opèrent en terre camerounaise. Elles créent un Focus group sur les réseaux sociaux, une sorte de communauté de consommatrices

Passée l’étape de l’étude de marché, les futures propriétaires de la marque Bold Make Up doivent désormais choisir le lieu de production de leurs produits. Elles finissent par trancher. Ce sera dans le sud de la France. Sur la ville, l’anonymat règne. Dans le domaine des cosmétiques, il faut avoir de la discrétion, nous disentelles. Il faut que la qualité y soit. Mais produire en Hexagone a un coût.

potentielles. « Ce qui est ressorti de l’étude, c’est que les consommatrices camerounaises aiment se maquiller mais ne savent pas forcément comment s’y prendre. Il y a donc une forte demande de cours d’apprentissage. Par ailleurs, en tant qu’acheteuses, elles sont très sceptiques par rapport aux produits commercialisés à cause de la contrefaçon. (…) Il n’y a pas de marque camerounaise locale ou nationale qui s’aligne sur les codes et la qualité de Bold Make Up, mais une concurrence à échelle régionale, et notamment au Nigéria, est très plausible », résume Paola Audrey sur son blog, elle qui a eu un entretien avec Ange Mbayem. Les résultats démontrent aux trois associées qu’il faudra se concentre sur les produits en rapport avec le teint et le visage. Passée l’étape de l’étude de marché, les futures propriétaires de la marque Bold Make Up doivent désormais choisir le lieu de production de leurs produits. Elles finissent par trancher. Ce sera dans le sud de la France. Sur la ville, l’anonymat règne. Dans le domaine des cosmétiques, il faut avoir de la discrétion, nous disent-elles. Il faut que la qualité y soit. Mais produire en Hexagone a un coût. Il faut toutefois mettre l’entreprise en route. Chacune des associées va puiser dans ses économies. Puis, elles bénéficient des financements d’autres actionnaires qui sou-

Business Management 23 Octobre 2016 AFRICA


In’entreprise haitent garder l’anonymat. Pour les convaincre, les initiatrices du projet présentent des projections financières qui montrent que la filière « make up » a un avenir certain sur le continent africain. Pour créer leur entreprise, Bold & LBB, elles mobilisent un capital de 20 millions F CFA. Le 19 août 2015, l’entreprise est immatriculée à Paris sous la forme de société par actions simplifiées. Elle établit son siège dans le 8ème arrondissement de la capitale parisienne, 27 Place de la Madeleine. Une entreprise portant le même nom, sorte de filiale, est créée à Douala dans la même période. Les trois mousquetaires se répartissent les rôles. À Ange Mbayem d’assurer la direction générale de l’entreprise. Isma Henani prend la direction commerciale. Le poste de directrice artistique revient à Audrey Mouangue.

Management 24 Business Octobre 2016

AFRICA

Désormais, cap sur le lancement du « Bold Make Up ». Le Cameroun choisi comme marché témoin de la marque promue par Bold & LBB, c’est à Douala, la capitale économique de ce pays, que

l’entreprise décide de faire le lancement de ses produits. Mais avant, il faut communiquer. L’équipe prend ce volet très au sérieux. Elle entame une communication sur la place parisienne. Cette

activité à Douala, les promotrices décident de la confier à l’agence OSS Consulting, laquelle évolue sur place. Les rues de la ville la plus peuplée d’Afrique centrale font alors l’objet d’un affichage outdoor. Mais pas seulement. Puisque l’indoor passe également par là. Les affiches de la marque sont également postées dans les toilettes pour femmes des boites de nuit de cette cité dans laquelle on sait faire la fête. Des réductions de l’ordre de 10 % sont proposées en guise d’aguichage. Le digital fait également l’objet d’une intense activité. Les entrepreneures lancent un concours sur facebook. Objectif : recruter les mannequins, photographes et stylistes pour mener le front communicationnel sur le web. Entre temps, le Beauty Bar, déjà apprêté, reçoit ses premières amoureuses de beauté.


In’entreprise Lancement officiel

La joie de voir une marque portée par des Camerounaises - 17 décembre 2015 à Douala.

Le 17 décembre 2015, la marque « Bold Make Up » fait son lancement officiel. C’est l’artiste-musicienne Kayla Lys, 20 ans à l’époque, qui est choisie pour jouer le rôle d’ambassadrice de ce label. Métisse, elle est née d’un père espagnol et d’une mère camerounaise. En 2013, elle remporte le concours de « miss » de la ville de Murcia, en Espagne. Pour tout dire, c’est une perle multiculturelle, choisie pour son caractère métis, pour le rayonnement d’une marque de produits de maquillage dont le slogan sonne : « A taste of Beauty ». Dans cette soirée de lancement à Douala, les invités découvrent les fonds de teint, les poudres, les fards à paupières, les blushs, les rouges à lèvres, les gloss et les anti-cernes. « Notre but est d’offrir aux beautés africaines le meilleur compromis entre qualité et prix, mais aussi de créer une communauté de femmes « Bold » autour de la marque. Nous avons souhaité donner une identité fun et forte à notre marque que nous avons inscrite dans l’univers de la boisson. Ainsi, tous nos produits portent des noms de boissons ou sont en rapport avec ce thème : le fard à paupières Mojito, le fond de teint Expresso par exemple », indique la directrice générale de l’entreprise au magazine Forbes Afrique, au mois de mai 2016. Deux semaines après ce launching, un autre événement à lieu au Beauty Bar : le « Beauty Bubbles & Dating ». Il permet d’attirer une clientèle spéciale. Pour Ange Mbayem, celle-ci ne serait pas venue Les produits Bold and Make Up.

d’elle-même. Au Beauty Bar, on retrouve également les produits d’autres marques : Revlon , Maybelline La Girl. Sur la pertinence d’un Beauty Bar, Ange Mbayem affirme que « nous nous sommes rendu compte qu’au-delà du produit, il y avait surtout un problème en termes de canal de distribution et de qualité de service ». Donc, vous achetez et si vous souhaitez, un personnel existe pour vous faire un maquillage sur place. « L’espace s’articule autour d’un comptoir dédié à la vente (le Make up & Accessories bar) et un autre dédié aux services (le Studio bar), ainsi que et le Bar du Regard. Pour être plus concrète, le Make up Bar est dédié à la vente de produits de maquillage, de soins pour la peau et d’accessoires. Au Studio Bar, les clientes pourront se faire maquiller et découvrir un menu de look de make up pour tous types d’occasions : déjeuner d’affaire, une soirée entre amis où encore un mariage. Et parce que le regard est le miroir de l’âme, nous lui avons consacré un espace : Le Bar du Regard, avec des prestations telles que l’épilation au fil et le maquillage semi-permanent des sourcils », précise cette bientôt trentenaire. Elle affirme que l’entreprise dont elle est la principale responsable envisage de multiplier le concept « Beauty Bar » dans d’autres pays africains, sous la forme de franchise. Prochaines étapes : Yaoundé, la capitale politique du Cameroun et la ville anglophone de Buea.

Business Management 25 Octobre 2016 AFRICA


In’entreprise Une marque de la gamme moyenne BOLD & LBB EN BREF

Date de création : 19 mai 2015 à Paris et à Douala Siège : Paris, 8ème arrondissement, 27 Place de la Madeleine (France) ; Douala, Bonapriso (Cameroun) Capital : 20 millions F CFA

Le Beauty Bar est un véritable espace de service après vente.

Quid du positionnement de la marque « Bold make up » ? Ses génitrices ont choisi d’en faire un label ni trop élitiste, ni vulgaire. Bref, une marque appartenant à la « moyenne gamme », « de la qualité à prix abordable », pour parler comme la CEO. Par exemple, il faut débourser entre 17 000 et 18 500 F CFA pour s’offrir les fonds de teint, entre 13 000 et 18 500 F CFA pour les poudres. Ce sont par contre les produits pour « lèvres » qui semblent recevoir les pronostics des consommatrices, avec en tête d’affiche le rouge à lèvres « Margaux », le « Bissap » et le « Madame B ». « Les ventes sont correctes, elles sont en croissance notamment sur les produits de teint qui avaient du mal à sortir au début. En effet, sur ce segment, les personnes ont souvent leurs habitudes et sont fidèles à leur marque usuelle. Mais nous réussissons à imposer progressivement Bold grâce à son bon rapport qualité / prix par rapport aux marques concurrentes du même positionnement », souligne Ange Mbayem. Les intelligences de Bold & LBB multiplient les stratégies marketing pour atteindre leurs objectifs. Une campagne de communication a d’ailleurs lieu en ce mois d’octobre sous le thème : « Be Bold, Reveal your flawless Skin ». Objectif : Booster les gammes pour le teint. pour le teint. L’entreprise annonce la commercialisation dès la fin de l’année 2016 de ses produits en France. Des distributeurs

Management 26 Business Octobre 2016

AFRICA

opérant en Côte d’ivoire et au Sénégal sont sur les rangs. Les négociations se poursuivent. Pour le Gabon et la RDC, la demande du « Bold Make Up » est forte. La DG dit attendre un intérêt des distributeurs de ces pays. Côté e-commerce, les ventes se feront dès la fin de l’année sur la plateforme « paraethnik.com », une para-pharmacie ethnique en ligne, avec possibilité d’une livraison internationale. Enfin, il y a la question du lieu de production qui agite le cerveau des responsables de la marque « Bold Make Up ». Elles veulent rester constantes dans le business model pour lequel elles ont opté. Celui-ci consiste à conquérir le monde à partir de l’Afrique, contrairement à ce qui se faisait jusqu’ici dans le secteur des cosmétiques. Mais en produisant en France pour une commercialisation sur le continent, les charges sont élevées. Ange Mbayem évoque surtout le transport et la douane. Les produits arrivent à Douala par fret aérien. Et en matière de cosmétiques, les tarifs douaniers camerounais sont prohibitifs, une façon de combattre l’importation des produits contrefaits. Pour juguler cette difficulté à long terme, Bold & LBB entend rapatrier la production en Afrique. Dans quel pays et à quel échéance ? Pour le moment, Ange Mbayem ne se prononce pas sur la question. Tout ce qu’elle dit, c’est que « ce sera un message fort et une véritable fierté ». Bold Make Up veut conquérir l’Afrique.

Principales actionnaires : Ange Mbayem (Camerounaise, née le 29 mai 1988 à Lyon) ; Isma Henani (FrancoAlgérienne, née le 1er août 1988 à Versailles) ; Audrey Mouangue (née le 07 mai 1990 à Paris) Nombre d’employés : 02 + la directrice générale (Ange Mbayem) ; Les deux autres associées ne sont pas salariées de l’entreprise Domaine d’activités : Production et commercialisation des produits pour le maquillage féminin Marques déposées : Bold Make Up (Ligne de produits) et Beauty Bar (Lieu de commercialisation et de dégustation de la marque Bold Make Up et d’autres marques Lieu de production : Sud de la France Marché actuel : Douala (Cameroun) Marchés en vue : Sénégal ; Côte d’ivoire Objectifs : Dominer l’Afrique



Entretien

Nasser NJOYA, « Notre sérieux dans le marketing sportif africain et mondial a joué en notre faveur. » Entretien mené par Hindrich ASSONGO et Landry Pany NANKAP

NASSER NJOYA : BIO EXPRESS 1999 : Obtention d’une Maîtrise en communication à Sup de Com de Nantes (France) et début au mois d’octobre comme Account Manager au sein de l’agence Synergie Saatchi & Saatchi Cameroun à Douala (Il y gère les grands comptes à l’instar de Bicec ou encore Chococam). 2001 : Départ au mois d’avril de Synergie Saatchi & Saatchi Cameroun et début comme Account Manager au sein de l’agence Ocean Ogilvy Cameroun à Douala (Il y gère une fois de plus les grands comptes, à l’instar de Nestlé ou de Afriland First Bank). 2002 : Départ au mois de mai d’Ocean Ogilvy Cameroun pour la création de sa propre entreprise à Douala : Palmarès Group. L’entité de base est une agence conseil en communication appelée Palmarès). L’entreprise remporte la même année les budgets de plusieurs gros, à l’instar de Cimencam et de Bicec. 2003 Affiliation de Palmarès au réseau mondial FCB Worldwide et rebranding de l’agence en FCB Palmarès. 2006 : FCB Palmarès remporte le prix national de la meilleure campagne corporate pour la communication interne de Guinness Cameroun, prix décerné à l’occasion des Comnews Awards.

Nasser Njoya, PDG de Palmarès Group

U

ne application numérique fait parler d’elle dans le monde du sport depuis 2014 : Vogosport. Ce produit de la startup française Vogo, elle-même créée par trois ingénieurs décrits comme étant des passionnés de sport, veut révolutionner la consommation du spectacle sportif dans le monde. Pour assurer sa percée sur le marché africain, l’entreprise a confié la commercialisation de son application à Palmarès Sports and Entertainment, une agence de marketing du sport, filiale de Palmarès Group, lequel a sa direction générale à Douala, au Cameroun. Pour davantage comprendre, entre autre choses, ce qu’est Vogosport, les logiques de la collaboration entre Vogo et Palmarès Group, nous sommes allés parler à Nasser Njoya, le fondateur et directeur stratégique de ce consortium de marketing

Management 28 Business Octobre 2016

AFRICA

2008 : FCB Palmarès remporte le prix de la meilleure campagne marketing au Cameroun, prix décerné à l’occasion des Comnews Awards. 2009 : Création au sein de Palmarès Group d’une nouvelle entité : Palmarès Sports & Entertainment (agence de marketing du sport). Elle sera suivie de Palmarès Live (ingénierie culturelle et artistique) et de Palmarès Digital (Agence de marketing digital). 2011 : FC Palmarès remporte le budget de la compagnie aérienne espagnole Iberia pour le marché équatoguinéen. 2016 : Annonce du lancement pour bientôt d’une startup dans le digital


Entretien partenaire, une communication dédiée est mise en place. Actuellement, nous préparons deux matches test avec des partenaires sur les marchés marocain et camerounais. Qu’est-ce que c’est que Vogosport ? Vogosport est une application agissant lors des événements sportifs indoor et outdoor. C’est l’application digitale sport la plus révolutionnaire actuellement au monde. Elle permet aux spectateurs l’ayant téléchargée d’être connectés aux caméras filmant le match. Ainsi, le spectateur peut maintenant vivre une expérience unique. Il peut choisir la camera filmant l’action qu’il souhaite et la visionner sous plusieurs angles. Il peut faire revenir sur une action, la visionner en image réelle, au ralenti, faire un zoom ou un arrêt sur image. Mais également, le spectateur peut acheter depuis son siège le ticket du prochain match, les produits dérivés de son club, avoir les statistiques du match tout en le regardant. Mais encore, avant la rencontre et à la mi-temps, avoir droit aux interviews en bordure du stade et des analyses par des journalistes. Le tout est filmé depuis un smartphone par un membre de notre équipe technique. Les annonceurs peuvent, en plus de leur logo sur l’interface de l’application, diffuser des spots publicitaires durant toute la rencontre. Les journalistes peuvent revoir des actions sur divers angles afin de réajuster leurs commentaires ou mieux écrire leurs comptes-rendus. Révolutionnaire n’est-ce pas ? Quels sont les sports de prédilection ciblés par Vogopsort ? L’équipe de la startup Vogo avec de gauche à droite : Pierre Keiflin (Senior Vice president), Daniel Dedisse (Directeur technique), Christelle Albinet (Office Manager), Christophe Carnier (CEO).

et de communication qui a l’art de flairer les bons coups. Nous en avons profité pour discuter, avec ce « Bamoun pur sang », du marketing de sport en Afrique et de son avenir. Depuis que Palmarès Group, à travers son entité Palmarès Sport and Entertainment, a acquis la licence pour la diffusion de l’application Vogosport en Afrique, qu’avez-vous exactement fait ? Depuis lors, nous avons fait les choses dans les règles de l’art. Nous avons présenté l’application Vogosport de manière solennelle dans un hôtel de la ville de Yaoundé, en présence des cadres des services du Premier ministre et du ministère des Sports, des représentants de la FIFA, de la CAF, des entreprises, des fédérations sportives et des médias. Par la suite, nous avons rencontré quelques entreprises au Cameroun et les fédérations sportives. Une activation de l’application se dessine pour les prochaines semaines au Cameroun. Nous sortons du Maroc où un contrat est en finalisation avec un grand acteur du sport du royaume chérifien. Dans quelques semaines, nous serons au Gabon à la demande des autorités gabonaises. Et plusieurs autres négociations sont en cours en Afrique : Afrique du sud, Nigéria, Ghana, Kenya. Nous avons une stratégie évolutive. Il passe par une communication média, ensuite par le bouche à oreille, et enfin par la prospection. Concernant les spectateurs, dès validation avec un

L’application Vogosport cible tous les sports. Que la discipline sportive soit indoor ou outdoor, cela ne nous pose aucun problème. Nous pouvons apporter un moment unique « d’expérience-évent » au spectateur lors d’un match au stade Omnisports de Yaoundé, d’un combat de boxe au Camp de l’Unité, d’un match de basketball, de volleyball, de handball au palais des sports ou lors de la Course de l’Espoir à Buea. L’application arrive sur le continent africain au moment où le maillage entre le sport, internet et la télévision en est encore au stade embryonnaire (si on exclut la couverture de la CAN masculine de football). Les infrastructures existantes dans leur majorité ne permettent pas encore de produire des images de qualité. Y a-t-il un marché pour ce produit et si oui, ce serait lequel ? Il existe un marché africain pour l’application Vogosport. Les compétitions africaines comme la CAN de football, de basketball, les rencontres d’équipes nationales dans le cadre des éliminatoires de la CAN ou de la Coupe du monde bénéficient d’une qualité technique acceptable. Et certains marchés, à l’instar du Maroc où nous sommes en bouclage avec un client majeur ou de l’Afrique du sud, ont des qualités techniques audiovisuelles arrimées aux standards internationaux. Je citerais également la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie, l’île Maurice, le Kenya, voire le Nigéria et le Ghana. Qui seront les utilisateurs de Vogosport sur le marché africain ?

Business Management 29 Octobre 2016 AFRICA


Entretien Les utilisateurs de Vogosport sont pluriels. Il y a le spectateur qui souhaite un meilleur confort de match. Les institutions que sont les ministères des sports, les fédérations, les clubs ou tout organisateur de spectacle sportif qui veulent augmenter leur recettes publicitaires, avoir une traçabilité de la vente de leurs tickets d’accès. Vous avez les journalistes qui souhaitent s’assurer de l’exactitude des actions de jeu litigieux ou non avant de faire leur commentaire ou rédiger un compte-rendu. Les staffs techniques et médicaux peuvent s’assurer d’un meilleur placement des joueurs sur l’aire de jeux à partir de cette application. Les arbitres peuvent s’assurer de la véracité d’une action de jeu avant de prendre une décision majeure. Voilà un peu l’aréopage des utilisateurs possibles de cet outil numérique. Et c’est ce qui rend Vogoposrt unique au monde. Quel est le processus d’achat et d’utilisation ? L’application Vogosport est téléchargeable gratuitement par tout utilisateur sur App Store ou Goople Play. Elle est compatible sur Android ou IOS. C’est par contre l’activation de l’application VOGOSPORT lors d’un événement qui est payable, soit par l’institution sportive, soit par un ou plusieurs annonceurs. Quel impact cette technologie est supposée déclencher dans la consommation de l’image sportive en Afrique ? Depuis son lancement, l’application Vogosport a été activée en Europe, en Amérique, en Asie, mais jamais en Afrique. Son activation en Afrique fera entrer celle-ci dans la modernité du numérique. Elle démontrera qu’il n’y a pas l’Afrique et les autres.

Sur le marché européen, l’application Vogosport se porte bien. Plusieurs compétitions de diverses disciplines sportives (natation, sports équestres, sports mécaniques, basket, judo, football, rugby) la sollicitent. Le dernier en date est le Racing club de Toulouse, l’un des clubs les plus titrés du rugby français. Il aura l’application intégrée à celle du club durant la saison 2016/2017. Votre entreprise est basée à Douala, capitale économique du Cameroun. La CAN féminine 2016 de football se déroule dans ce pays dès le 19 novembre. L’application Vogosport sera-t-elle de la partie ? Nous avons eu une séance de travail avec les services du Premier ministre camerounais relative à l’application. Actuellement, nous sommes en échange avec la structure ayant les droits marketing de la compétition. En cas d’accord de sa part, il est probable que le gouvernement camerounais souscrive à notre application pour le plaisir des aficionados du football dans ce pays. Nous y travaillons. Qu’est-ce qui a motivé la startup française Vogo à accorder à votre entreprise l’exclusivité des droits de son application phare pour l’Afrique et quels sont les détails du contrat ? La première raison est notre profession-

nalisme et notre sérieux dans le landerneau du marketing sportif africain et mondial. Notre profonde connaissance du marché continental a également joué en notre faveur. Je souligne, qu’avec nos activités de conseil en communication sous l’entité FCB Palmarès, nous avons accompagné des clients disséminés dans plusieurs pays : Ti Tchad, Moov Centrafrique, Telecel Niger, la compagnie espagnole Iberia en Guinée Equatoriale, plusieurs autres marques au Gabon, en VOGOSPORT : HISTORIQUE EXPRESS 2013 : Création au mois de juin de la startup Vogo à Montpellier (France) et de l’application Vogosport par Christophe Carniel, Pierre Keiflin et Daniel Dédisse.. 2014 : Lancement de l’application Vogosport au mois d’avril aux Championnats du monde de Judo après 18 mois de développement ; la startup remporte le prix de « l’Innovation sportive numérique » au salon « Sports Numéricus » la même année. 2011 : Levée de 04 millions d’euros au mois de juin pour financer la croissance de l’entreprise ; Ouverture d’une filiale en Amérique du Nord et des réseaux de distribution (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Pays Bas, Japon, Australie) ; Présence dans 30 événements de 10 disciplines sportives. 2016 Signature du contrat avec Palmarès Group pour sa distribution sur l’Afrique ; la startup gagne le prix « Best Sport Startup » à l’Isport Forum (International Invest Forum of the Sport Industry) et sort lauréate du « Vinci Startup Tour » dans la catégorie « Vinci Stadium » ; Finaliste au « Sports Technology Awards » ; Présence au Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

Comment se porte Vogosport sur le marché européen d’où vient l’application ?

Management 30 Business Octobre 2016

AFRICA


Entretien

Un spectateur de golf savoure le spectacle de près par le biais de l’application Vogosport.

RDC, au Congo-Brazza. Dans le marketing sportif, nous avons mené la commercialisation des droits TV pour des chaines hertziennes des compétitions sportives comme l’ UEFA Champions League, l’Europa League, la Bundesliga, La Liga espagnole, la première ligue anglaise, la Ligue 1 française, le Calcio, la NBA, la Formule 1 pour les marchés camerounais, ivoirien, sénégalais, gabonais et congolais (RDC), etc. Je dois souligner que nous rencontrons la startup française dans un salon des professionnels du marketing sportif où Palmarès Sports & Entertainment est l’unique agence de marketing sportif venant d’Afrique. Cela a ajouté un bonus à notre sérieux. Pour ce qui est des détails du contrat, souffrez que nous puissions les garder pour nous. Si ce n’est indiscret, avez-vous déboursé de l’argent pour ça et quel est le seuil de rentabilité que vous en attendez ? STout ceci fait partie des secrets du contrat. Pour vous rassurer, l’application Vogosport est un produit très rentable. Et des marchés comme le Maroc où nous sommes déjà et l’Afrique du sud où nous serons dès février 2017 suffisent à rentabiliser le produit. Il faut savoir que l’Afrique du sud représente 50% des échanges commerciaux du continent. Il n’y a aucun doute sur la rentabilité de Vogosport. Qu’est-ce qui justifie l’attrait de votre agence de marketing du sport pour la technologie ?

Le monde d’aujourd’hui et de demain est technologique. Ignorer le numérique est quasi suicidaire pour un acteur de l’économie ou un acteur du marketing. C’est même faire signe de cécité professionnelle. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons lancé une entité dédiée au marketing numérique au sein de Palmarès Group. Et celle-ci s’appelle Palmarès digital. Et dans quelques semaines, nous lançons une startup dans le digital. Nous vous en donnerons les informations en temps opportun. Revenons sur l’agence elle-même. Elle évolue dans un contexte où le sport est considéré comme un simple loisir. Quels sont ses grands succès au jour d’aujourd’hui ? Comme vous l’avez constaté depuis nos échanges, notre marché est plus africain que camerounais. Palmarès Group réalise 90% de son chiffre d’affaires hors Cameroun, que ce soit pour la publicité avec FCB Palmarès, le marketing sportif avec Palmarès Sports and Entertainment, le digital avec Palmarès Digital, l’ingénierie culturelle, artistique et événementielle avec Palmarès Live. Nous ne nous plaignons pas et croyons tout de même au potentiel du marché camerounais. Nous avons préféré accompagner la croissance du marketing sportif de notre pays, plutôt que d’attendre sa maturation et venir au buffet se goinfrer. C’est mû de cette vision et philosophie que nous avons obtenu un contrat d’honoraire mensuel pour accompagner la fédération camerounaise de football entre 2009 et 2011. Si nous avions pensé que le sport n’était qu’un loisir au Cameroun, nous n’aurions jamais rien obtenu de la sorte.

Business Management 31

Octobre 2016

AFRICA


Entretien A PROPOS DE PALMARÈS SPORTS & ENTERTAINMENT 2009 : Naissance de l’agence au sein de Palmarès Group et signature avec la Fédération camerounaise de Football d’un contrat de marketing pour deux années.

Avec Vogosport, vous vous branchez sur la caméra de votre choix.

A l’intérieur de plusieurs pays africains, les clubs de football et d’autres sports ont du mal à se structurer et à se financer. Est-ce du pain béni pour les agences de marketing du sport ou un inconvénient ? C’est une situation à double tranchant. La mauvaise structuration des institutions sportives africaines est plus un inconvénient pour les agences de marketing sportif qu’autre chose. C’est justement cette mauvaise structuration qui est à l’origine du manque de financement des clubs. Car les acteurs de l’économie s’accommodent difficilement de l’amateurisme. Regardez par exemple au Cameroun, le gouvernement a beau avoir accordé 5% de déduction fiscale à toute entreprise qui investit jusqu’à 5% de son chiffre d’affaires dans le sport, que très peu d’entreprises se bousculent. Car le monde de l’entreprise veut du professionnalisme de fait et non de nom. Mais c’est aussi la raison d’être d’une agence de marketing sportif : apporter des réponses à la problématique d’un contexte, d’un club ou d’une entreprise.. Les gros poissons semblent avoir pris l’essentiel des marchés lucratifs. Par exemple, Bein Sports vient d’acquérir, un segment des droits TV de la CAN 2017 de football (des seniors messieurs) qui aura lieu au Gabon. Total est désormais le sponsor titre de la CAF. Quel commentaire cela suscite en vous ? Le football est une économie comme une autre. Soit on a des moyens pour en être

Management 32 Business Octobre 2016

AFRICA

acteur, soit on ne les a pas. Parlant de l’audiovisuel, les droits acquis par une chaine de TV sont très souvent par marché ou par région. Dans le cas de Bein Sports, ils ne peuvent concerner que le marché français, le Maghreb et le Moyen Orient où elle agit. Le marché hertzien qui concerne les chaines comme la Crtv au Cameroun, la Rti en Côte d’ivoire ou la Rts au Sénégal, reste disponible pour ces chaines nationales. Après, il reste les droits pour le satellite qui restent disponibles pour Canal+ Afrique pour la zone Afrique francophone, et Supersport pour l’Afrique du Sud et le Nigeria. Concernant le naming de Total, combien d’entreprises africaines auraient pu s’aligner sur cette opération ? Le groupe Mtn ? Il a occupé cette position à une époque. Tiger Brand ? Peut-être. Ou Mrs pour parler du secteur pétrolier ? C’est un marché en milliards de F cfa et pour Total, en millions d’euros. Et pour cette multinationale des hydrocarbures, c’est facile à payer. Quel est l’avenir du marketing du sport sur le continent ? Le marketing sportif est comme le marketing en général en Afrique. Tout est à faire. C’est un avenir que je vois encore radieux pour ceux qui peuvent retrousser les manches et descendre dans le cambouis. Car pour avoir sa place au soleil, il faut courber l’échine et bosser. Si on a une préférence pour le confort des bureaux climatisés en permanence, il vaut mieux renoncer à s’inscrire dans l’émergence du marketing sportif africain.

2010 : Lancement du premier magazine de golf de l’espace Afrique francophone dénommé Golfica ; l’agence remporte le budget de la Fédération camerounaise de Golf et crée le logo de l’Open International de golf du Cameroun. 2011 : Renouvellement du contrat avec la Fédération camerounaise de Football ; Acquisition des droits de plusieurs événements sportifs pour le Cameroun, Gabon, Côte d’Ivoire, Sénégal, RDC, CongoBrazza, Tchad, Guinée Equatoriale, Benin, Togo : UEFA Champions League, Liga espagnole, English Premier League, Bundesliga, Ligue 1 française, Calcio italien, NBA (championnat NordAméricain de basket-ball). 2012 Organisation en mars des premières cérémonies des Golfica Awards, et, en décembre du tout premier tournoi de golf « Golfica – Open Roi Des Bamouns » lors du Ngouon (fête culturelle du peuple Bamoun). 2013 : Accompagnement de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun lors de l’événement « Football Arena » pendant la coupe des Confédérations au Brésil. 2016 : Signature d’un contrat de représentation de l’application Vogosport pour l’Afrique.


Management

Présence web, construire un site internet

crédible pour votre entreprise

De nombreux mastodontes de l’économie en Afrique n’ont pas de site web. Et quand ils viennent à en avoir, la qualité est approximative et ne renvoie pas toujours une bonne image de ces sociétés. Pourtant, les consommateurs migrent progressivement vers le cyberespace. Par Emmanuelle TSELLY

P

lusieurs fois, il arrive qu’on recherche des coordonnées d’une entreprise située dans tel ou autre pays pour des commandes, des précisions sur les prix ou la qualité, ou encore des propositions de services. Souvent, c’est urgent. Aujourd’hui, la solution immédiate consiste à mettre en marche un moteur de recherche web, dans le but d’atteindre le site internet de ladite organisation. Malheureusement, il arrive que le site web qu’on recherche n’existe pas. Mieux, quand il existe, sa dernière mise à jour remonte à des années-lumière et contient par conséquent des informations non actualisées. Alors, si la structure concernée est dans une situation de monopole, il va de soi qu’on va utiliser les moyens téléphoniques pour atteindre son but, avec ce que cela engendre en termes de perte de temps. Si l’entreprise évolue sur un marché concurrentiel, si les concurrents ont des sites web contenant des informations satisfaisantes, on ira voir chez eux. Parfois, c’est simplement la presse qui a besoin d’une donnée précise pour un article. Quand elle ne trouve pas, elle a l’obligation de faire avec les moyens du bord. Dans un contexte où l’on ne peut plus se satisfaire du simple marché national, avoir un site web bien construit et bien administré n’est pas une formalité. C’est une nécessité absolue pour

Si votre entreprise est une filiale d’une multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www. orange.cm au Cameroun, www. orange.ci en Côte d’ivoire.

toute entreprise. La construction du site web d’une organisation, quelle que soit sa forme, relève des compétences du département en charge de la communication. La précision est importante, car dans de nombreuses entreprises, on a souvent vu confier cette tâche au département en charge des questions informatiques. La première étape consiste en l’élaboration d’un cahier de charges. Dans ledit cahier, on précisera le type de site internet qu’on veut construire (on a le choix entre les dynamiques et les statiques), l’organisation en rubriques, la technologie à utiliser (on peut opter en fonction des cas pour un Content management System), les chartes (couleurs, polices, casses), l’espace nécessaire pour l’hébergement, les délais de livraison, le service post-fa-

brication. C’est en fonction de ce précieux document que le prestataire auquel l’entreprise fera appel, fixera le prix de la construction de ce site web. Vous comprendrez donc que les coûts puissent varier. Il faut bien sûr garder à l’esprit que votre plateforme doit être conçue de telle manière qu’elle soit le moins vulnérable au hacking. Et dans ce cas, il faut éviter les Content Management Systems qui proposent des « templates ». Les sites fabriqués avec les « templates » passent trop facilement sous le pavillon des hackers. Dans le cahier de charges, vous mettrez un point d’honneur à indiquer que le site doit avoir des onglets qui puissent diriger l’internaute en un click vers les pages de l’entreprise sur les principaux réseaux sociaux : facebook, linkedin, twitter. Une sorte d’interconnexion.

Business Management 33

Octobre 2016

AFRICA


Management Charte chromatique

Dans les choix des couleurs du site, l’entreprise veillera toujours à ce que celles-ci reflètent la charte chromatique de son logotype. C’est en effet un élément de crédibilité d’un site web. Vous ne pouvez pas être la Côte d’ivoire et votre site web a les couleurs de l’Afrique du Sud. Chaque entreprise devrait donc veiller à cela. Il faut en effet garder en esprit que les internautes ont toujours le choix entre des millions de sites internet à visiter. Ils n’ont donc pas le temps. Dès l’ouverture de votre page d’accueil, on doit pouvoir savoir, à partir des couleurs et du logotype, qu’on se trouve

sur la plateforme de votre entreprise. Dans la définition des rubriques, il sera important d’en avoir une qui soit dédiée aux contacts de votre entreprise : numéros de téléphone, adresses e-mails. Car, un texte peut déclencher une commande ou simplement le besoin d’un complément d’informations. Prévoyez aussi une entrée pour présenter la structure. Les internautes aiment souvent saisir l’histoire des entreprises. Il faut donc raconter votre parcours, de la naissance à l’étape où vous vous trouvez au moment de rédiger le texte

de présentation. Autre aspect important, prévoyez un dynamisme en termes d’interaction, c’est à dire la possibilité pour les internautes de s’inscrire à la newsletter ou de réagir à un article, quitte à ce que ces réactions ne puissent être visibles qu’au niveau de l’interface d’administration. Une fois que vous avez défini le cahier de charges du site internet, il faut penser à lui donner une URL. C’est l’identité de votre plateforme. Celle-ci est constituée, outre de l’indice « www », d’un nom que vous allez lui attribuer et du nom de domaine que vous allez acquérir au-

près d’un fournisseur. Cette étape est importante, puisque c’est elle qui permet que votre site soit mis en ligne. Un point d’honneur doit être mis à ce niveau. S’agissant singulièrement du nom, il doit comporter au moins 04 lettres et ne pas aller au-delà de 12. Car, en dépassant ce chiffre, cela devient difficile à retenir. Il doit être simple et correspondre au nom de votre structure. Par exemple, le site web du groupe Somdiaa est www.somdiaa.com. N’importe lequel des internautes s’y arrêtera s’il recherche une information sur cette multinationale du secteur agroalimentaire. Si vous avez un nom trop long, vous pouvez en faire la contraction en proposant un acronyme ou un sigle usuel et en y ajoutant un mot déclinant parfaitement votre activité ou identité. En guise d’illustration, vous avez la plateforme du Tout Puissant Mazembe, club de football de Lubumbashi (RDC) : www.tpmazembe. com.

Choisir le nom de domaine Le choix du nom de domaine est encore plus capital. En fait, en fonction du suffixe que vous choisissez, on peut se fier ou pas à une information que vous publiez. Dans l’ordre d’importance, on a les noms de domaine restreints, les nationaux et les larges. Votre option dépendra des activités de votre structure et de ses ambitions. Mais il convient de savoir que les noms de domaine restreints « .edu », le « .mil » le « .academy » et le « .aero » constituent quelques exemples - ne sont pas accessibles à tous. Pour y avoir accès, il faut être

Management 34 Business Octobre 2016

AFRICA

parrainé par ceux qui les possèdent, notamment le gouvernement des Etats unis, pour ce qui est des trois premiers cités. Une information publiée sur un site ayant un de ces suffixes peut être considérée comme crédible. L’armée américaine a pour site web : www.army.mil . Les noms de domaine nationaux sont gérés à l’intérieur de chaque pays. Ainsi le « .uk » correspond à la Grande Bretagne, le « .ci » à la Côte d’ivoire, le « .cm » au Cameroun, le « .gq » à la Guinée Equatoriale, etc. Si votre en-

treprise est une filiale d’une multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www.orange.cm au Cameroun, www.orange.ci en Côte d’ivoire. Enfin, il y a des suffixes dits larges. Ici, le choix n’est pas aléatoire. Les connaisseurs du web vous diront que le « .com » correspond aux entre-

prises, le « .net » à la promotion des technologies de l’information et de la communication, le « .info » aux sites d’informations en ligne, le « .org » à d’autres types d’organisations. Vous savez donc où vous devez vous situer. A défaut donc de prendre un nom de domaine national, les entreprises doivent opter pour le « .com ». Si vous êtes un site d’informations en ligne et qu’on retrouve votre nom dans un autre pays (« Le Jour » par exemple), choisissez un nom de domaine national pour marquer votre différence.


Management Elaborer les contenus

Une fois que votre site internet est créé, il faut charger les contenus. C’est un autre pallié de crédibilité. Il ne sert à rien d’avoir un site web avec des contenus non actualisés. On part du principe qu’il n’y a que vous pour parler de vous-même. Vous avez un nouveau produit à mettre sur le marché ou un nouveau haut responsable qui prend fonction. Si la presse, qui doit en parler, a le choix entre ce qui est publié sur votre site et ce qui est diffusé sur une autre plateforme, elle viendra de prime abord chez vous. De nombreuses entreprises en Afrique tombent dans le piège d’une plateforme non actualisée ou avec des contenus approximatifs. En fait, au départ, elles commettent l’erreur de penser que le webmaster est un faiseur de contenus. Que non. C’est au département en charge de la communication que doit revenir la charge de la mise à jour de votre page web. Un site actualisé donnera toujours une bonne image de

votre structure. Il faut donc se lancer un défi : un nouveau texte chaque jour. Cela peut parler de vos produits, de votre personnel, de vos procédés – du moins pour ce

Si votre entreprise est une filiale d’une multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www.orange.cm au Cameroun, www. orange.ci en Côte d’ivoire.

qui peut être publié -, de vos chiffres. Bref, il y a toujours à dire sur une organisation. Quoiqu’il en soit, chaque texte que vous publiez sur votre site web doit avoir une date. C’est un autre élément de crédibilité. Car, ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas demain. On a malheureusement des sites web des compagnies qui ont changé de dirigeant. Et c’est toujours les messages de l’ancien manager qui y figurent. Au besoin, chaque article doit toujours avoir un nom d’auteur. Cela crédibilise également le document. Ceci est davantage vrai pour les sites d’informations en ligne. Car, si un texte truffé de fautes d’orthographe porte la signature d’une star du journalisme comme Alain Foka de Radio France international, il faut en douter de la crédibilité. Parce qu’un tel personnage n’écrit pas avec les coquilles partout. Il peut donc s’agir d’une usurpation d’identité. Enfin, il est bon d’écrire avec

les règles de l’écriture web. Chaque texte doit contenir des mots clés en gras. Il doit comporter des liens hypertexte. En fait, ces liens permettent de décrire certaines réalités justes signalées en détails. Par exemple, si vous êtes une entreprise basée à Antananarivo et que vous mentionnez cela dans votre description, vous n’avez pas par la suite besoin de consacrer tout un paragraphe pour décrire la ville. Vous trouvez juste sur le web une page qui décrit suffisamment cette cité et vous copiez le lien hypertexte que vous enjoignez au mot. C’est le principe de générosité d’internet. Une fois que vous faîtes tout cela, vous pouvez payer votre référencement pour un meilleur positionnement dans les résultats des recherches effectuées sur Google ou d’autres moteurs par les internautes. A partir du web, votre entreprise aura alors bonne mine et dégagera un parfum de professionnalisme.

Business Management 35

Octobre 2016

AFRICA


Management Ça bouge chez les managers Isabel José DOS SANTOS, présidente de l’Atlético Petroleos de Luanda Isabel José Dos Santos, 43 ans, a pris au début du mois d’octobre, la tête de l’Assemblée générale, organe suprême de l’Atlético Petroleos de Luanda. Fille du président de l’Angola, elle a reçu 92 % des suffrages exprimés. Elle devra diriger le congloméra sportif sur la période 2016-2020. L’Atlético Petroleos est un club multisports (football, handaball, basketball, gymnastique, hockey). Créé en 1980, il appartient à la Sonangol, la société nationale en charge des hydrocarbures angolais. La métisse préside le conseil d’administration de cette entreprise publique depuis le début du mois de juin 2016. Elle est d’après le magazine américain Forbes, la femme le plus riche d’Afrique, avec une fortune évaluée à 3,3 milliards de dollars US.

Antoine PAMBORO, DG de Vodafone Cameroun Le Camerounais Antoine Pamboro est le premier directeur général de Vodafone Cameroun. Cet ingénieur des télécommunications, originaire de Mindjil (Mayo Kani, Région de l’Extreme-Nord du Cameroun) a lancé les activités de l’entreprise en fin septembre à Douala et Yaoundé. Il sort d’Airtel Gabon où il officiait comme directeur général depuis 2012. Il avait débarqué à ce poste en provenance d’Airtel RDC où il occupait également le poste de directeur général. Avant cela, il pilotait Celtel Congo. Il a par le passé dirigé Camtel Mobile, filiale de Camtel (entreprise publique camerounaise des télécommunications), rachetée en 1999 par le groupe MTN. Vodafone Cameroun dont la direction générale se trouve dans la zone portuaire de Douala (Immeuble Kadji), est une entreprise créée conjointement par la multinationale britannique Vodafone et son partenaire néerlandais Afrimax. Elle a une licence pour offrir internet sur le territoire camerounais. L’opérateur affirme avoir investi 40 milliards de F cfa pour la mise sur pied de son réseau.

Donald KABERUKA, désormais membre du conseil de direction Centum Investment Le conseil de direction de Centum Investment compte désormais Donald Kaberuka, 64 ans, comme membre. Rwandais, ex-président de la Banque africaine de Développement et ancien ministre des Finances de son pays, il a été désigné administrateur indépendant au sein dudit conseil. Aux cotés d’autres administrateurs, il devra superviser l’expansion internationale de ce fonds d’investissement kenyan. Christopher Kirubi, un Homme d’affaires de nationalité kényane est l’actionnaire majoritaire de la firme. La Kenyan Industrial and Commercial Development Corporation (ICDC), un organisme public, est le deuxième actionnaire. La Centum Investment, présente sur les places boursières de Nairobi et de Kampala, a l’ambition d’aller au-delà de l’Afrique de l’Est et de générer par an 35 % des bénéfices sur ses placements. Quant à Donald Kaberuka, il ajoute une corde à son arc. Il a déjà une présence au sein de la prestigieuse université américaine de Harvard. Depuis septembre 2015, il s’occupe des problématiques liées au développement de l’Afrique au sein du Centre pour le leadership public, créé au sein de cette institution académique. Il assume également les fonctions de conseiller principal pour TPG/Satya, une entreprise appartenant à deux groupes spécialisés dans le capital-investment : l’américain TPG Growth et le britannique Satya Capital. La dernière est la propriété du soudanais Mo Ibrahim.

Management 36 Business Octobre 2016

AFRICA


Business Management 37

Octobre 2016

AFRICA


Focus auto Cette page vous est offerte par Renault

Vos voyants, sachez les interpréter quand ils s’allument

Les constructeurs automobiles, dans le souci de rendre plus ergonomiques leurs produits, ont mis en place un système de tableaux de bords intelligents dont le langage est parfois un grand mystère pour les automobilistes. Nous vous proposons la suite de la série ouverte le mois dernier sur ces aides à la conduite. Le niveau de carburant, la pression dans le circuit de freinage, la présence d’eau dans le filtre à gazole, l’usure des plaquettes de freins et différents feux sont au menu.

D 1

ans l’édition précédente de votre magazine, nous avons entamé le dossier sur la compréhension des voyants du tableau de bord de votre véhicule. C’est avec l’expertise de Richard Sibe, patron de Germansi Auto, une entreprise basée à Douala (Cameroun) et spécialisée dans la maintenance des voitures allemandes, que nous continuons de décoder les messages que vous transmettent ces témoins à la conduite. Rappelons déjà la signification des couleurs que peut prendre chaque voyant.

Les voyants de couleur rouge ou encore témoins

2

d’alarme sont les signaux d’un dysfonctionnement important qui exige un arrêt immédiat du véhicule. Vous devez alors faire appel à une unité de dépannage pour un diagnostic approfondi.

Les voyants de couleur orange ou témoins d’alerte

annoncent une prise en charge qui n’est certes pas urgente mais très importante. Il est conseillé de s’arrêter dès que possible chez son garagiste.

3

Les voyants de couleur verte qui sont des

témoins de signalisation indiquent juste la mise en fonction ou non d’un dispositif nécessaire au bon fonctionnement du véhicule.

Quand ils s’allument, vos voyants indiquent l’état d’une fonctionnalité importante de votre voiture.

Niveau minimum du carburant

Voyant indiquant que l’automobiliste doit s’approvisionner en carburant dès que possible.

Le pot catalytique présent sur les véhicules, qu’ils soient des modèles essence ou diesel, ne supporte pas une alimentation insuffisante. Celleci est consécutive à un niveau de carburant trop faible. Cette défaillance peut aller jusqu’à détruire ce pot catalytique, pourtant nécessaire à la réduction des effets nocifs émis lorsque le véhicule roule à grande

vitesse. Le voyant prend alors une couleur plus impérative que sur les modèles anciens. Il est dont important de jauger le niveau de carburant de votre véhicule avant de prendre la route. Si non, dès que ce voyant s’allume, il va falloir penser à faire rapidement le plein de votre réservoir à la prochaine station service.

Usure des plaquettes de freins avant Ce témoin permet de surveiller l’évolution des plaquettes de freins avant, élément essentiel pour la sécurité du véhicule. Les plaquettes ralentissent le disque de freins, tout en dissipant l’énergie cinétique accumulée par le véhicule. Cela cause leur usure. Lorsque ce témoin d’usure s’allume, il est primordial de procéder à un échange rapide de vos plaquettes de freins.

Management 38 Business Octobre 2016

AFRICA

Vous pouvez conduire, mais les plaquettes de freins sont à changer.


Focus auto Le voyant de faible pression dans le circuit de freinage Un freinage efficace nécessite une pression élevée qui permet de fournir l’énergie nécessaire à cette manœuvre. En cas de chute de la pression dans le circuit de freinage, l’efficacité du dispositif diminue considérablement et exige une intervention immédiate de votre garagiste. L’allumage de ce voyant est aussi conséquent à un niveau de liquide de freins trop faible à la suite d’une négligence d’entretien.

Ce témoin est donc à double tâche et entièrement dédié au système de freinage du véhicule. Sachez cependant que les causes de ce dysfonctionnement peuvent aussi avoir leurs origines dans une fuite localisée dans un point quelconque du circuit, ou dans la présence d’air dans les tuyaux. Dans tous les cas, il est impératif d’intervenir rapidement, par ses propres moyens ou par le truchement d’un garagiste.

Présence d’eau dans le filtre à gazole

Le véhicule peut rouler, mais il faut aller chez un mécanicien pour nettoyer le filtre.

La qualité du carburant en Afrique reste très approximative et l’une des caractéristiques d’un combustible de mauvaise qualité est sa contenance en eau qui parfois est très élevée. Dans les moteurs diesel, la qualité du gazoil est d’une importance capitale pour le bon fonctionnement du moteur où la combustion s’effectue par l’injection de carburant dans le cylindre, après compression de l’air d’admission. En

cas de mauvaise combustion, dûe à l’accumulation d’eau dans le filtre à gazoil, il faut purger votre filtre de manière à éviter toute mauvaise combustion du mélange. Lorsque ce témoin s’allume, le conducteur doit procéder rapidement à cette purge, qui s’effectue simplement en dévissant une molette située à la base du filtre.

Usure des plaquettes de freins avant

Le démarrage de votre voiture nécessite un code.

Ce témoin s’éteint dès que le système de démarrage a reconnu le code qui lui à été indiqué, avertissant ainsi le conducteur qu’il peut démarrer son véhicule. Au cas où celui-ci reste allumé, alors que le véhicule a démarré, cela signifie que la voiture n’est plus protégée et qu’il faut procéder à une réparation du dispositif. Chez certains constructeurs, le code secret obligatoire au démarrage du moteur est un codage par transpondeur. Ce qui signifie que le code est contenu dans la clef de contact, et que le conducteur peut démarrer directement. Nous espérons, en deux éditions de votre magazine, vous avoir suffisamment dit sur les voyants. Bien sûr, nous ne les avons pas tous évoqués. Nous avons tenu à en évoquer l’essentiel. Désormais, vous savez comment les interpréter lorsqu’ils s’allument alors que vous conduisez votre voiture.

Business Management 39 Octobre 2016 AFRICA


Management 40 Business Septembre 2016

AFRICA


Découverte RICHY SCHOOL OF MICROFINANCE, une école pour enfin pourvoir le secteur en ressources Par Marie Thérèse BITIND humaines en Afrique centrale BIO EXPRESS : ZACHERI DOUNTIO - 1955 : Naissance le 16 janvier à Balafotio (Ouest - Cameroun) - 1976 : Obtention du Baccalauréat en Techniques administratives (Major du centre de Douala Koumassi) - 1979 : Diplôme de l’Institut d’Administration des Entreprises (Aujourd’hui Ecole supérieure des Sciences économiques et commerciales de l’Université de Douala) - 1980 : Démarrage de carrière au sein du Groupe CICAM-SOLICAMNEWCO comme chef de département administratif et contentieux

Zacheri Dountio, le PDG du Groupe Richy, est un passionné de la microfinance.

L

’établissement ouvert à Douala en 2013 par le groupe Richy propose onze parcours de formation correspondant à onze métiers de la microfonance. Ambition du directeur : professionnaliser ce secteur d’avenir qui multiplie les frasques ces dernières années en zone CEMAC. Pour éviter le « textualisme », l’école a choisi la tutelle du ministère camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Et jusqu’à présent, c’est la seule initiative de ce genre dans la sous-région. Découverte d’une innovation. Sans hésitation, Victorine Yonta indique qu’aujourd’hui, « mes dossiers de crédit sont analysés selon les règles de l’art et accordés aux clients sains avec un taux de remboursement de plus de 80%. Ce qui n’était pas le cas avant ». C’est avec aisance qu’elle dirige l’agence d’Akwa (Douala, Cameroun) de la Société coopérative d’Epargne et de Crédit du Cameroun (ECPC), un établissement de microfinance agréé en 2006 par le ministère camerounais des Finances et la Commission bancaire d’Afrique centrale. Cette cadre a changé sa façon de travailler à l’issue d’une formation de 400 heures qu’elle suit à la Richy School of Microfinance pour le compte de l’année 2014-2015. Le 08 août 2015, elle fait partie des

07 lauréats de la première promotion de la filière « Analyse de crédit des institutions de microfinance » de cette école. « Aujourd’hui, je crois que ma hiérarchie est satisfaite de ma façon d’étudier et d’analyser un dossier de crédit avant l’octroi », affirme-t-elle. Avant de s’inscrire, elle occupait déjà la fonction de chef d’agence. Il y a donc eu un avant et un après Richy School of Microfinance. Pour comprendre ce qu’est la Richy School of Microfinance, nous allons à la rencontre de son promoteur, Zacheri Dountio. C’est au siège du groupe Richy, situé sur la place Soudanaise, à Akwa, le quartier des affaires de la capitale économique du Cameroun, que nous retrouvons cet homme de 61 ans, né le 16 janvier

- 2005 Départ à la retraite de CICAM (Dernier poste occupé : chef des services administratifs et comptables) et début à la Procure des Missions de l’Archidiocèse de Yaoundé (jusqu’en décembre 2007) - 2006 Obtention d’un Diplôme d’Etudes supérieures spécialisées en Fiscalité appliquée et management - 2008 Début en janvier au sein du Groupe Foberd Congo comme coordonnateur régional de 04 entreprises à Pointe Noire (20 milliards de chiffre d’affaires ; 600 employés) ; départ en décembre 2009 - 2010 Démarrage comme directeur délégué au sein de Windows and Doors Industries (société industrielle basée à Douala et spécialisée dans la menuiserie en PVC) ; départ en décembre 2012. - 2011 Création Richy Consult et début d’aventure pour le Groupe Richy - 2015 Obtention du certificat d’expert en Microfinance à la Frankfurt School of Microfinance and Management

Business Management 41 Septembre 2016 AFRICA


Découverte

La dernière promotion des controleus et auditeurs internes a reçu ses certificats de fin de formation au cours de l’année 2016.

1955 à Balafotio, dans le groupement Bangang, région administrative de l’Ouest du Cameroun. Sur un ton calme et courtois, il explique les raisons de l’ouverture de cet établissement au sein du groupe d’entreprises dont il est le fondateur : « C’est dans les années 90 que ce secteur a pris corps chez nous. Le constat qu’on peut faire est que sur le plan de la qualification professionnelle des ressources humaines, on a un peu mis la charrue avant les bœufs. On aurait dû créer des écoles pour former des professionnels avant de développer le secteur. C’est ce qu’on a fait en Afrique de l’Ouest. Là bas, des écoles professionnelles ont vu le jour et ont même été soutenues par les pouvoirs publics. Il s’agit de s’assurer que les établissements de microfinance ont des Hommes qu’il faut pour être performants. Nous avons constaté un vide. Nous avons mené une étude de faisabilité qui nous a conduit auprès d’un large échantillon des patrons de la microfinance, d’un autre échantillon

Management 42 Business Septembre 2016

AFRICA

constitué des cadres de la microfinance, de la division de la microfinance du ministère camerounais des Finances, de la Commission bancaire de l’Afrique centrale. Il s’agissait pour nous de comprendre les déficits qu’on peut constater

Nous avons formé des cadres de Loxia, un établissement de microfinance créé par la banque BGFI au Gabon. Nous avons reçu des pensionnaires venus du Tchad. Aujourd’hui, nous discutons avec l’association des établissements de microfinance de la République démocratique du Congo », indique Zacheri Dountio.

chez les ressources humaines du secteur. Nous avons eu la confirmation de ce qu’il y avait un déficit de formation. Nous avons choisi de nous lancer sur le créneau ». Richy School of Microfinance voit le jour en 2013. Elle organise la même année à Douala, du 13 septembre au 12 octobre, en partenariat avec l’Ecole de la Microfinance de Nantes, le « Mois de la professionnalisation de la microfinance au Cameroun ». 60 cadres de microfinance reçoivent à l’occasion une formation. La formule est reconduite en 2014 et permet à une cinquantaine d’autres cadres de se former. Mais au vu des lacunes constatées chez ces ressources humaines, le promoteur de Richy se convainc de ce que des séminaires d’un mois ne suffisent plus. L’engouement existe. Zacheri Dountio conçoit alors une formule de formation en alternance qu’il appelle « formations-métier ». « Nous pratiquons ici la

formation en alternance, une sorte d’école-entreprise. Notre objectif consiste à donner aux jeunes un métier précis. Aujourd’hui, nous avons onze métiers ouverts. Les formations durent entre 06 et 10 mois, en fonction du métier choisi par l’apprenant, avec pour chaque parcours un volume horaire de 400 heures. Les apprenants passent 200 heures dans les salles de classe et 200 autres heures en milieu professionnel. Notre démarche est de dire qu’au bout de la formation, l’apprenant doit être immédiatement opérationnel. Les 09 modules qui constituent chaque parcours sont centrés sur le métier que l’apprenant a choisi. Nous évitons de distraire ceux qui viennent ici avec des pré-requis qu’ils sont supposés avoir acquis dans leurs précédentes formations. Nous partons du principe que pour être efficace quand on exerce son métier, il faut apporter des solutions pratiques aux problèmes que vos interlocuteurs peuvent vous poser », précise-t-il. Leitmotiv : pas plus de 15


Découverte Onze filières, onze métiers en microfinance

Les onze parcours de formation de la Richy School of Microfinance débouchent sur onze métiers précis en institution de microfinance: comptable; contrôleur et auditeur interne ; analyste financier ; trésorier; gestionnaire des ressources humaines ; gestionnaire de la clientèle; gestionnaire de la performance sociale; analyste de crédit ; gestionnaire des risques ; manager d’une agence. De quoi faire le tour des postes de travail dans un établissement de microfinance. En 2015, l’établissement place ses 07 premiers lauréats sur le marché du travail, tous « Analystes de crédit ». Ceux qui sont arrivés en formation sans emploi en ont un aujourd’hui. « La qualité se vend toujours », justifie le PDG pour qui, en entreprise, « un problème appelle une solution et non un débat philosophique ». Les première et deuxième promotions des « contrôleurs et auditeurs internes » sortent des moules en 2015 et 2016. Pour ce qui est de la dernière, composée de dix lauréats, la moitié a déjà un emploi. Le PDG discute avec les patrons de microfinance pour placer les autres. Une cuvée d’analystes de crédit et de gestionnaires de ressources humaines en microfinance est en formation. Des onze parcours proposés par la Richy School of Microfinace, ceux d’ « analyste de crédit » et de « contrôleur et auditeur interne » font le plus courir les demandeurs. Un attrait que Zacheri Dountio justifie : « La microfinance vend les micro-crédits. Au Cameroun, le portefeuille à risque se situe entre 15 et 30 %. Cela veut dire que sur les 400 milliards F CFA de crédit distribué, on a presque 30 % qui sont compromis. Parce qu’on est dans une finance sociale, on a au départ attribué beaucoup de crédits affectifs, sans avoir des Hommes qui les étudient avec rigueur. En banque

commerciale, vous demandez 01 milliard F CFA, si on n’est pas certain que vous allez rembourser, on ne vous donnera pas le moindre franc. En microfinance, c’est la maman d’un agent qui vient pleurer et on lui accorde le crédit, c’est l’oncle d’un administrateur qui passe par ce dernier pour en obtenir. C’est pour cela que le métier d’analyste de crédit est très prisé chez nous. Les établissements de microfinance veulent rectifier le tir. Il faut savoir que la microfinance tire 80 % de ses revenus du microcrédit ». A ce propos, Victorine Yonta, lauréate et chef d’agence d’Akwa de la microfinance ECPC, souligne que « les micro-financiers pour la plupart sont formés sur le tas. Et en ce qui concerne l’octroi de crédit, personne n’étant formée, les crédits se donnent

Les onze parcours de formation de la Richy School of Microfinance débouchent sur onze métiers précis en institution de microfinance: comptable; contrôleur et auditeur interne ; analyste financier ; trésorier; gestionnaire des ressources humaines ; gestionnaire de la clientèle; gestionnaire de la performance sociale; analyste de crédit ; gestionnaire des risques ; manager d’une agence. De quoi faire le tour des postes de travail dans un établissement de microfinance.

sans analyse préalable, d’où le taux d’impayés élevé dans les EMFs ». Le diplôme d’entrée dans cette école, la seule que compte l’Afrique centrale, dépend du métier. Le minimum requis est le Baccalauréat. « Il y a des métiers pour lesquels on ne prendra en formation que les titulaires d’un Bacc + 2, une Licence, voire un Master. Si vous avez par exemple un Baccalauréat, vous pouvez prétendre devenir « Gestionnaire de la clientèle ». Mais si vous voulez être « Analyste financier en microfinance », « Contrôleur de gestion en microfinance », « Gestionnaire de risques », on vous demandera des pré-requis un peu plus élevés », précise le promoteur. Pour le moment, le recrutement se fait sur étude de dossiers. Mais au-delà de ces parcours, il y a ce que la Richy School of Microfinance appelle « les métiers de base de la microfinance » : guichetier, caissier, agent de back office. En fonction de la pertinence des candidatures, les élèves sont recrutés avec le Certificat d’Etudes primaires (CEP), le Brevet d’Etudes du premier cycle (BEPC) ou ses équivalents. Car, « pour être caissier, on n’a pas forcément besoin d’un Baccalauréat. On a juste besoin de savoir ce que c’est que la caisse, comment on fait les encaissements, comment on les saisit dans le logiciel approprié », dit-on dans cette écoleentreprise. La formation tient compte de ce qu’elle reçoit des cadres d’entreprises. Les cours ont donc lieu à des heures où ceux-ci ne sont pas supposés être à leurs différents postes de travail. A la fin, tous les lauréats reçoivent des parchemins certifiés par le ministère camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

Business Management 43 Septembre 2016 AFRICA


Découverte Recrutement des enseignants

Une séance de cours à la Richy School of Microfinance de Douala avec un enseignant venu de l’Ecole de la Microfinance de Nantes.

Quid des enseignants ? Outre les spécialistes de la microfinance qui viennent de Nantes et des consultants nichés à Paris, l’école fait ses choix sur place : « Il s’agit dans un premier temps des cadres des banques qui ont connu des difficultés dans les années 90 au Cameroun. Ils se sont convertis à la microfinance et ils ont aujourd’hui l’efficacité qu’il faut. Il s’agit ensuite des experts et consultants en microfinance qui existent sur la place. Nous les recrutons aussi parmi les enseignants des grandes écoles où on dispense des formations en banque et finance. Il faut bien se rendre compte de ce que des modules sur la microfinance existent dans ces parcours. Beaucoup d’entre eux ont soutenu des thèses de Doctorat sur la microfinance camerounaise », indique Zacheri Dountio. Et quand il s’agit de travaux dirigés, seuls les patrons de microfinance ont droit au magistère. Ils ont le plus intérêt à ce que les fruits tiennent la promesse des fleurs. Dans les enseignements, un point d’honneur est mis sur l’éthique. Une question sur laquelle l’établissement ne transige point. L’actualité de la microfinance montre que les dérives y sont nombreuses. Il arrive donc que des sujets brillants, cadres ou futurs cadres de la microfinance, soient renvoyés en pleine année de formation pour des manquements dans ce domaine. Même quand ils ont payé entre 400 et 600 mille, la fourchette des frais de scolarité.

Management 42 Business Septembre 2016

AFRICA

Ici, le crédo c’est : rigueur, intégrité, professionnalisme, responsabilité. Certes, ce n’est pas encore l’affluence record. Mais la Richy School of Microfinance commence à attirer du monde. Chaque jour, l’école reçoit une quinzaine d’appels pour des besoins de renseignements. En plus des entreprises camerounaises de microfinance, des pays de la sous-région se montrent intéressés par l’offre de la structure. « Nous avons formé des cadres de Loxia, un établissement de microfinance créé par la banque BGFI au Gabon. Nous avons reçu des pensionnaires venus du Tchad. Aujourd’hui, nous discutons avec l’association des établissements de microfinance de la République démocratique du Congo », indique Zacheri Dountio, lui qui a reçu un certificat d’expert en microfinance de la Frankfurt School of Finance and Management en 2015. La Richy School of Microfinance semble donc, pour son promoteur, avoir un bel avenir. Il fonde sa vision sur le fait que la microfinance elle-même se présente comme le système financier qui va permettre aux économies africaines de décoller. Les banques n’hésitent plus d’ailleurs à mettre en place des établissements de microfinance. Ces dernières années, EB-Accion a vu le jour chez Ecobank, Loxia chez BGFI. Au Cameroun, les MC2 se multiplient sous le parrainage d’Afriland First

Bank. « La microfinance est une banque de proximité. Ses services sont dédiés aux agents économiques qui ne remplissent pas les conditions pour accéder à la banque commerciale. Il y a un adage en finance qui dit que la Banque ne prête qu’aux riches. Elle ne vous accorde du crédit que lorsqu’elle s’assure que vous avez la capacité de rembourser, soit par une richesse qui existe déjà, soit par celle que vous allez créer. Les conditions sont donc rigides. Après l’échec des plans d’ajustement structurel, après celui des programmes des Pays Pauvres et très endettés, pour moi, c’est la microfinance qui est la bouée de sauvetage des populations pauvres. C’est la banque populaire. Si on éduque les masses, avec le temps, tout le monde va faire confiance à ce secteur. Nous allons apporter nos contributions pour consolider les atouts du secteur pour le rendre performant comme ailleurs. Ce que nous constatons, c’est que les gens pauvres fonctionnent essentiellement par les aides. Quelqu’un qui gagne 300 000 F CFA a une cinquantaine de personnes qui lui demandent de l’aide. Aujourd’hui, il faut dire à chacun d’aller ouvrir un compte en microfinance. Si un épargnant dépose 1000 F CFA dans son compte chaque jour, au bout de deux mois, ça fait 60 000 F CFA. La microfinance peut, au vu de votre capacité financière, vous accorder 100 000 F CFA de prêt », analyse-t-il.


Découverte

Des statistiques pour un avenir radieux

Fervent disciple de Muhammad Yunus, le fondateur de la microfinance moderne, Zacheri Dountio suit le secteur à la loupe. Chaque jour, il compile des statistiques qui confortent ses positions. De façon spontanée, il vous commentera les chiffres de la microfinance en 2015 dans la sous-région : « Elles indiquent qu’il y a 753 établissements de microfinance en zone CEMAC. Dans le document, il est précisé que les dépôts en microfinance au Cameroun (plus de 75 % de la taille sous-régionale) tournent autour de 800 milliards F CFA, pour un encours de crédit qui se situe autour de 450 milliards F CFA. Le pays compte environ 1,5 million de clients actifs, et le secteur emploie autour de 15 000 personnes. Nous sommes dans un pays qui a plus de 20 millions d’habitants. Si on additionne les clients de la microfinance et ceux de la banque, on sera autour de 04 millions qui sont inclus dans le système bancaire. Cela veut dire qu’il y a encore 16 millions de personnes non connectées à un système financier. On sait que les revenus sont bas. Donc, la microfinance me semble le passage obligé. C’est pour cela que nous avons pensé à l’éducation financière des masses. Nous nous donnons pour devoir de montrer aux pauvres comment on intègre le système financier. Les emplois vont donc se multiplier ». La Richy School of Microfinance est une composante du groupe Richy. Zacheri Dountio le fonde en 2011 à Douala avec une entité de base : Richy Consult. Ce cabinet exerce ses activités dans le conseil en management des organisations. Viendra par

la suite Richy Jobs, une autre filiale qui se spécialise dans l’ingénierie des ressources humaines, le recrutement et le placement de la main d’œuvre temporaire dans les entreprises. D’autres entités s’ajouteront. Peut-être dans l’industrie. Un secteur dans lequel cet ancien d’église – il est protestant de l’église évangélique du Cameroun – a passé l’essentiel de sa vie professionnelle. En effet, de 1980 à 2005, il arpente les bureaux du groupe Cicam – Solicam–Newco. Il y exercera tour à tour comme chef de département administratif et du contentieux, attaché de direction, chef de département central de gestion des ressources humaines et chef des services administratifs et comptables à la direction Cicam de Garoua. La retraite arrivée, ce diplômé en administration des entreprises (depuis 1979) ne chôme pas. Il met son expertise au service de la Procure des Missions de l’Archidiocèse de Yaoundé, institution au sein de laquelle il contribue à créer des entreprises diocésaines (20052007). Puis, dirige l’agence régionale du groupe Foberd – 04 entreprises et 20 milliards de hiffre d’affaires annuel – à Pointe Noire (2008-2009), avant d’assumer pendant trois années les fonctions de directeur général délégué de Windows and Doors industries, une entreprise industrielle du secteur de la menuiserie en PVC. Et quand il lui a fallu s’intéresser à la microfinance, il n’a pas hésité à acquérir des parchemins et des connaissances pratiques dans le domaine. Désormais, il ne jure que par ce secteur là.

RICHY SCHOOL OF MICROFINANCE EN BREF - Année de création : 2013 - Entité créatrice : Groupe Richy - Président du conseil d’administration : Zacheri Dountio) - Localisation : Akwa, Douala (Cameroun) - Nature des parchemins : Certificat - Activités : Formation aux métiers de la microfinance - Type : Formations-métiers en alternance - Tutelle : Ministère camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle - Partenaire : Ecole de la Microfinance de Nantes - Durée des formations : 400 heures (200 heures théoriques et 200 heures pratiques) - Nombre de modules par métier : 99 - Coût de la formation : entre 400 000 F CFA et 600 000 F CFA selon le métier choisi - Parcours de formation aux métiers de la microfinance : Comptable ; Contrôleur et auditeur interne; Analyste financier; Trésorier ; Gestionnaire des ressources humaines ; Gestionnaire de la clientèle; Gestionnaire de la performance sociale; Analyste de crédit ; Gestionnaire des risques ; Manager d’une agence. - Statut juridique du Groupe Richy : Société anonyme à responsabilité limitée - Date de création : 2011 - Autres filiales : Richy Consult (cabinet conseil en management des organisations) ; Richy Jobs (cabinet d’ingénierie en ressources humaines ; recrutement et placement de la main d’œuvre temporaire en entreprise).

Business Management 45 Septembre 2016 AFRICA





Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.