LES PRINTEMPS DU MONTPARNASSE
GALERIE LES MONTPARNOS
LES PRINTEMPS DU MONTPARNASSE
GALERIE LES MONTPARNOS
(1896 – 1980)
LES GRANDS OUBLIÉS Montparnasse, les années 20. Il faut imaginer des centaines, quelque millier de peintres, de sculpteurs, d’écrivains, de compositeurs, de danseurs… venus des quatre coins du monde, qui se retrouvent là, à Paris, dans les trois ou quatre rues rejoignant le carrefour Vavin. Imaginer cette effervescence inouïe, ce bouillonnement de création, de folle jeunesse et de liberté. Montparnasse, ses années uniques, les ateliers héroïques. L’après 14-18, l’après Révolution Russe, le passage d’un monde à un autre, et tout un univers s’y retrouve, y foisonne de la Grande Chaumière à la Ruche. Naissent alors les heures de légende. L’aventure y loge, y peint, y écrit à chaque coin de rue. Sans compter que les esprits ont changé. Après le chaos, l’époque est à la fête, au débordement, à la recontruction, les femmes veulent un travail et revendiquent leur autonomie, leur identité. Le quartier devient à ce moment-là une sorte de laboratoire extravagant où tout s’expérimente sans limites dans une intensité turbulente, enthousiaste et fantasque.
ver un tel moment où l’art à lui seul change le monde. Des audaces ruisselant sur les pavés de Florence jusqu’aux guéridons des terrasses des brasseries de boulevards, la même fièvre, la même force indomptée du génie et des talents. Montparnasse, la conquête de « l’Art Vivant ». Chaque artiste est à lui seul son propre mouvement. C’est l’École de Paris. Des centaines, quelque millier… Il aura fallu un demi-siècle à peine à ce quartier pour tout oublier de cet hier encore si brûlant. Que s’est-il donc passé ? Comment lire les lignes de cette froide évidence : celle d’un quartier tombé dans la plus grande et rapide amnésie de toute l’histoire de la peinture. Des centaines, quelque millier… et autant d’histoires humaines de création, qui toutes nous murmurent un même inoubliable. J’ai souvent ce frisson lorsque je me rends à la galerie chaque matin et que je traverse le parvis de Notre-Dame-des-Champs,
Cependant, presque un siècle plus tard, la postérité, paresseuse, ne semble vouloir retenir qu’une bien trop courte liste de noms… L’histoire de l’Art Moderne ou la mémoire partielle des cotes et enchères ? Montparnasse, si magique ; il faudrait revenir à l’Italie du Quattrocento pour retrou2
autoportrait vers 1945, Dessin au fusain sur papier, Signé en bas à droite, 22 x 18 cm.
cette sensation de marcher encore aux côtés des géants, sur les pas de Modi, de Picasso, de Foujita, de Le Scouëzec, de Max Jacob et de croiser ces tant d’autres, une toile sous le bras sur laquelle j’essaye de déchiffrer la signature, afin de mettre un nom à un visage. Leur esprit est toujours là, comme si l’âme libre de la beauté était nostalgique du lieu et ne pouvait se contraindre à quitter définitivement l’asphalte… À y entendre presque, dans les courants d’airs qui s’engouffrent chaque jour dans les rues du quartier, la voix de ces peintres, sculpteurs et poètes qui nous demanderaient : «Vous souvenez-vous de nous ?» Ainsi, amoureux du quartier et de cette époque de feu m’est venu une idée de belle aventure : sortir de l’oubli quelques uns de ces noms qui ont fait que ce vent qui souffla fut si fort et brûlant. Une aventure à partager. Non pas la mélancolie tiède d’un moment perdu, mais la redécouverte enfin d’œuvres par le temps égarées. Et par
leurs œuvres, ces artistes qui furent ce que fut Paris et virent ce qu’était la vie. Tenter de redonner à voir des trésors disparus comme autant d’éclats retrouvés de cet incomparable époque. Quelque millier, des centaines, et écarter les rideaux fermés de la mémoire sur tel nom puis tel autre et encore, chacun avec ses peintures, ses aquarelles, ses esquisses ou dessins. Hier était si jeune. Montparnasse aujourd’hui. Il n’y a nulle fin à l’Art Vivant.
LE MONTPARNO DE LA DOUCEUR Parmi ces noms retrouvés, la Galerie Les Montparnos a choisi cette année de vous présenter l’œuvre majeure du peintre David Seifert. « Le montparno de la douceur ». David Seifert faisait partie de la trentaine d’artistes qui ont peint pour son inaugu-
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ration le 20 décembre 1927, les colonnes de la brasseries la Coupole ; en bohême compagnie d’Auguste Clergé, l’ami de Le Scouëzec et fondateur des « peintres aux cafés », Marie Vassilieff, Zingg, Latapie… Il était du groupe fameux des peintres polonais et ukrainiens (Mendjizky, Dobrinsky, Sam Granovsky…), ami de Chagall, de Paul Klee, du fauve Othon Friesz, de Soutine, de Kisling, de Mané-Katz… De même qu’il fut un proche de la première heure des peintres de l’École de Paris : Joachim Weingart et Léon Weissberg.
Anatole (toto) à 5 ans 1933, Huile sur toile, 46,5 x 33 cm.
Il arrive à Montparnasse en 1924. Pour définir son œuvre d’un trait tout général, on peut parler d’une peinture de tendresse, ainsi qu’en témoignent les portraits de sa femme Anna, ses fils Anatole et Toleck qui décèdera en 1926. Les œuvres des années 1925 et 1926 apparaissent comme puissantes et contrastées, les visages sont surlignés de noir, les couleurs s’imposent pures et fortes, expressionnistes. Ressortent aussi des jaunes, des verts émeraude tel en témoignent les portraits d’Anna, de Toleck endormi et Toleck à la poupée. Après son séjour dans le sud (1933 – 1939) les contours se lissent et se fondent, les transparences jouent avec les ocres et les blancs. Anna aux bretelles vers 1935, Huile sur toile, Signée en bas à gauche, 82 x 54 cm.
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La peinture de David Seifert est un songe au cœur de l’atelier, un chaud délicat, une caresse sur la toile. Une touche à la légèreté du coton, sans écrasement, la peinture juste soufflée sur la surface, laissant ainsi gravé en le toujours, l’atmosphère d’une séance de pose. Un voile inapuyé et sensible semble flotter sur la toile à un point tel que l’on ne distingue plus précisément la nature de chaque couleur. Serait-ce un bleu ? Un blanc ? Une teinte terre ? Tout est tons retenus dans la grâce d’une apesanteur. Une famille au cœur du quartier. Des fleurs, des amoureux s’embrassant sur les bancs du Jardin du Luxembourg, jusqu’aux paysages cubistes des immeubles Pouillon peints sur les hauteurs de Meudon. Son approche de la composition change. Il émane de l’œuvre de David Seifert un sentiment heureux de sérénité.
Les immeubles Pouillon, Boulogne-Billancourt vers 1965, Dernière période, Huile sur panneau, signée en bas à droite, 20,5 x 40 cm.
La Galerie Les Montparnos a grande et chaleureuse hâte de vous inviter à découvrir l’un des peintres les plus attachants de ce Montparnasse de l’entre-deux guerres. Au plaisir donc de nous retrouver lors de cette exposition et trinquer à « l’Art Vivant », de porter belle santé à l’un de ceux qui ne doivent plus être « les oubliés ». Aux printemps retrouvés, tchin… !
Mathyeu Le Bal
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Autoportrait
Le fils de
à la palette
l'artiste peignant
1939,
Vers 1935,
Huile sur panneau,
Huile sur panneau,
Signée en bas à droite,
24 x 19,5 cm.
55 x 35 cm.
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Nu allongé au sofa
La corrida
Anna et Anatole,
Vers 1930-1935,
vers 1950,
L'épouse du peintre
Huile sur toile,
Dessin à l'encre sur papier,
et son fils
14 x 22 cm.
13,5 x 21 cm.
vers 1930, Pastel sur papier, 54,5 x 43 cm.
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fillette au fauteuil 1933, huile sur toile, 72 x 62 cm. Nature morte au tabouret vers 1930-1935, Dessin à l'encre et lavis sur papier, 18 x 13,5 cm. Nu de profil vers 1935, Dessin à la mine de plomb sur papier 32 x 24,5 cm. Au dos : Anatole au compas - Dessin.
zazou vers 1945, huile sur toile, signée en bas à droite, 45 x 26 cm.
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BIOGRAPHIE
David Seifert, issu d’une famille bourgeoise de Galicie, est né le 31 décembre 1896 à Wolanka en Pologne et fait partie d’une fratrie de neuf enfants. Très jeune, David manifeste des aptitudes pour le violon et le dessin. En 1910, il entre à l’École Supérieure des Arts et Métiers de Lwov, où il rencontre Sigmund Menkes et Alfred Aberdam. En 1912, il se lie avec Joachim Weingart et côtoie Paul Klee à l’École des Arts Graphiques de Weimar, la Hochschule für Bildende kunst. DAvid seifert
En 1915, il est reçu au concours de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, où il poursuit ses études. C’est à ce moment qu’il est repéré par un riche industriel, Karol Katz, qui sensible à son talent, lui propose de poursuivre ses études d’art à Berlin où David restera deux années. Avec l’aide de son mécène qui le dote d’une pension de quarante dollars, David s’installe seul à Paris en 1924 et trouve à se loger dans une minuscule chambre non chauffée au rez-de-chaussée de la rue Boussingault où Anna le rejoint le 1er février 1925. On sait que Karol Katz périra dans les camps. Le couple vit quelques mois dans un hôtel rue de Celz. Leur enfant Toleck âgé de quatre ans décède d’une rougeole à l’hôpital Necker. Anna ne se remet pas de la perte de cet enfant et devient à jamais anxieuse et dépressive. Après leur déménagement, Villa Corot au dessus de l’atelier du sculpteur Charles Despiau, l’artiste découvre la gravure sur bois et la sculpture.
à l'âge de 14 ans pologne.
De 1926 à 1929, David présente ses œuvres aux Salon d’Automne, Salon des Indépendants, Salon des Tuileries, et Salon des Artistes Français. Puis c’est la naissance de leur troisième enfant, Anatole, le 22 février 1927. C’est une année riche en événements pour lui, qui est alors choisi avec une trentaine d’autres peintres, pour décorer un pilastre de la brasserie La Coupole : l’inauguration a lieu le 20 décembre 1927 avec beaucoup de faste. Il est entouré de ses amis : Leon Weissberg, Othon Friesz et Moïse Kisling. La galerie Zak s’intéresse beaucoup aux œuvres de Seifert et souhaite passer un contrat avec lui ; mais David n’a jamais voulu être « pieds et poings liés » et refuse d’entrer dans le processus de commandes et de production à la chaîne.
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Dans les années 30 et jusqu’au début de la guerre, David part avec sa famille s’installer à Saint-Paul-de-Vence, puis à Sanary dans le Var, mais la vie y est très rudimentaire. Anatole va à l’école primaire et profite également de la mer à proximité. Il fait des concours de plongée avec son copain, Guy Kisling, le fils de Moïse Kisling, sur la plage de Portissol. Anna vend des œufs sur le marché et David a trouvé une occupation lucrative : il se rend à Toulon en bus pour y dessiner des affiches de cinéma. Anna travaille chez les Feuchtwanger, qui font partie des riches intellectuels allemands installés à Sanary. David conquiert leur estime : Lion Feuchtwanger demande
photo du peintre, de son épouse Anna et son fils sanary-sur-mer, 1935.
à David de réaliser un buste en bronze de son épouse Marta, qui était une fort jolie personne. Cette sculpture est exposée à présent à la Villa Aurora à Los Angeles. David peint sans relâche, mais doit souvent laisser ses œuvres sur place - le buste de son fils en Charente, les toiles et bois gravés de la rue Boussingault - car les voyages se font surtout en bus, parfois en train, ce qui n’est guère propice à un déménagement facile. Le peintre profite de la lumière et des paysages du sud pour peindre sur le vif à Èze et Roquebrune. 1937-1938, ils reviennent à Paris. Anna inscrit son fils au collège Stanislas. La famille trouve à se loger au 73 rue Notre-Damedes-Champs, sur le même palier que le couple Othon Friesz. Ils deviennent amis.
Karol Katz (son mécène) et sa femme pologne, 1924
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Entre 1950 et 1960, il fait de fréquents séjours à Cosne-sur-Loire et à Lainsecq où il loue un petit appartement, mais aussi à Gaillon sur les bords de Seine et se rend en Bretagne sur l’île de Bréhat. Son épouse Anna devient peu à peu une intermédiaire indispensable pour les collectionneurs de Rodin, Modigliani, Pascin, Utrillo, Suzanne Valadon, Eugène Boudin et assume le statut de courtier. Étrangement, David ne tient pas à ce que son épouse s’occupe de la vente de ses œuvres. Il dira à ce propos : « Mes toiles seront reconnues dans cinquante ans et elles feront leur chemin toutes seules. »
D. Seifert allongé en bas à droite, et ses amis peintres à montparnasse.
En 1961, la famille emménage au 25 route des Gardes à Meudon. Le peintre a son atelier au dernier étage de cette maison Mansart et bénéficie d’une très belle vue sur Paris. Il peint à loisir les bâtiments Pouillon du Pont de Sèvres qui se détachent sur les ciels gris. En 1972, il obtient un grand prix à Cannes, catégorie paysage.
Cette amitié sauve la famille, puisque l’épouse d’Othon Friesz, Andrée, qui se trouve à un dîner officiel à la préfecture, la veille de la Rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942, avertit Anna qui aura la vie sauve en s’échappant à temps. Pendant la guerre, la famille se cache dans une masure à Vaudherlan où le confort est plus que spartiate. En 1940, il est contacté par le ministre de la culture et du patrimoine qui se porte acquéreur de l’œuvre « l’île de Bréhat », actuellement conservée à la Faculté de Pharmacie à Paris.
Anna meurt en 1976 et David resté seul, continue de peindre jusqu’à sa mort le 18 janvier 1980. Tout comme de nombreux artistes David a mal vécu financièrement de son art. Il a eu la chance d’avoir une épouse qui le libère des contingences matérielles par son entregent, la finesse de son jugement autodidacte, et sa très bonne mémoire. L’œuvre de sa vie parcourt 84 ans où il a exercé sa passion de la composition et de la couleur. Effacé et discret, il a toujours été exigeant envers lui-même, allant jusqu’à détruire ses toiles si elles ne correspondaient pas aux idéaux qu’il s’était fixés.
Après guerre, de 1945 à 1960, le peintre qui a retrouvé intact son atelier rue NotreDame-des-Champs, se sent libre de peindre enfin, sans entrave et sans contrainte financière. Il expose régulièrement à la galerie Montmorency et en Grande-Bretagne à la Redfern Gallery.
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D. Seifert à l'académie, Deuxième en partant du haut à Gauche.
Soucieux dans son approche esthétique, il disait : « avoir travaillé toutes ces années pour oublier ce qu’il avait appris. » Ses œuvres sont présentes dans les collections privées en France et à l’étranger, conservées également dans les Musées de Varsovie, d’Aix-les-Bains et des Années 30 à Boulogne-Billancourt pour ne citer que les plus connus. La parisienne Huile sur toile, Signée en bas à droite, 59 x 36,5 cm.
Pour honorer sa mémoire, son fils Anatole et sa belle fille Annick Aballea-Seifert ont, à partir de 1990, participé à de nombreuses expositions dans le sillage des Peintres de l‘École de Paris et de Modigliani, au Japon, en Espagne, en Italie et en France. Annick Aballea-Seifert
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La jeune fille à
Bouquet
la collerette
vers 1945,
vers 1933,
Huile sur toile,
Huile sur toile,
Signée en bas
signée en bas à droite
à droite,
44 x 37 cm.
35 x 24 cm.
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La gare du bas Medon
Couple au jardin
La dame
vers 1962,
du Luxembourg
Ă la couture
Vue de l'atelier.
vers 1940,
vers 1935,
Huile sur toile,
Huile sur panneau,
Huile sur pan-
50 x 58 cm.
38 x 46 cm.
neau, vers 1925 35 x 23,5 cm.
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L'île de Bréhat, Bretagne vers 1940, Huile sur toile, 60 x 92 cm.
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Saxo-Blues (étude), Anatole, le fils de l'artiste Vers 1940, Aquarelle sur papier, 61 x 42,5 cm.
Fillette cousant vers 1935, Aquarelle sur papier, 27 x 21 cm.
Paysage de Cosnes-sur-Loire vers 1950, Huile sur toile, Signée en bas à droite, 33 x 46,5 cm.
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Le peintre au chevalet vers 1940, Aquarelle sur papier, 18,5 x 20 cm. Au dos : un dessin à la sanguine.
Maternité
Le cirque
Les cornettes,
vers 1933,
vers 1930,
Jardin du
Huile sur carton, 16 x 17,5 cm.
Dessin à la plume
Luxembourg
sur papier,
vers 1945,
18 x 24 cm.
Huile sur panneau, 44 x 52 cm.
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1 coupe de Champagne offerte*
«Veritable joyau de l’Art deco, La Coupole est la brasserie parisienne la plus connue au monde. Elle est aujourd’hui le symbole incontournable de l’Histoire du Montparnasse, mais aussi de l’Art de vivre et de sortir a Paris, et plus particulièerement dans le 14e. »
102, Bvd du Montparnasse 75014 Paris 01 43 20 14 20
Scannez ce code et réservez en ligne.
* Conditions : dans le cadre d’un repas d’un montant minimum de 35€ TTC/personne, sur présentation de cette page (à raison d’une page par table). Offre valable jusqu’au 30/06/2015 pour tous les convives de la table dans la limite de 10 personnes. Non cumulable, valable tous les jours hors veilles de fête et jours fériés.
L’OEUVRE DE DAVID SEIFERT À LA BRASSERIE LA COUPOLE Le 20 décembre 1927 la brasserie LA COUPOLE à Montparnasse est inaugurée. Créée à l’initiative d’Ernest Fraux et de René Lafon, deux Auvergnats qui voulaient construire la plus grande brasserie de Paris. Ils confient la décoration des colonnes nues de la brasserie à un des peintres de Montparnasse Alexandre Auffray qui leur avait dit un jour : « le restaurateur qui ferait décorer son restaurant par les peintres de Montparnasse ferait un succès ». MM Fraux et Lafon disent à Auffray : « Les colonnes sont à vous » Affaire conclue. Coup de génie des deux patrons : Auffray va réussir à rassembler et à convaincre une trentaine d’artistes de Montparnasse qui exposaient aux Salon d’Automne, au Salon des Tuileries, au Salon des Indépendants, et au Salon des Artistes Français de mener à bien ce projet. le pilastre de la coupole 1927.
David Seifert pourtant assez solitaire, exposait dans ces grands Salons. Auffray lui a passé commande d’une peinture d’un pilastre, comme l’a confirmé son fils Anatole Seifert à l’auteur de ces lignes (entretien du 14 septembre 1997 à Meudon). Cette information est d’ailleurs confortée par les documents comptables de la brasserie La Coupole, montrant que le nom de Seifert figure sur la facture de Janvier 1928 et qu’il a été rémunéré pour sa peinture comme les autres peintres des colonnes.
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En 1927, David Seifert a 31 ans lorsqu’il peint ce pilastre. Attiré comme beaucoup de peintres, d’écrivains et de musiciens par le foisonnement artistique de Paris « ville lumière », il fait partie de la bande du café du Dôme à Montparnasse où se rassemblent les exilés venus d’Europe Centrale réunis par leur culture commune : Kikoine, Blatas, Chagall, Zadkine, Kisling, Volovick… Il était le voisin de palier d’Othon Friesz au 73 rue Notre-Dame-des-Champs à un jet de pierres du carrefour Vavin et les deux artistes avaient une grande estime l’un pour l’autre. Revenons à la peinture de Seifert sur ce pilastre où sa femme Anna a été son modèle. Elle dévoile un corps nu aux formes généreuses, femme pudique, délicate, aux pieds de laquelle une composition florale donne une touche de poésie. Seifert a souvent arpenté le Musée du Louvre, admirant Velasquez, Rubens, Rembrandt. Ses maîtres sont aussi Cézanne, Juan Gris et plus encore Picasso pour sa faculté de décomposer et recomposer tous les sujets. Sans appartenir à aucune école, il est proche de l’expressionnisme Plus encore que la couleur c’est la construction, l’architecture de la toile qui l’intéressent. Sa « mise en pages », il la voit d’emblée. Plein de rigueur, d’ordre, il aime que chaque objet ait sa place et peint d’abord au pinceau qu’il préfère à la brosse.
D’où cet aspect de liberté, de délié que l’on retrouve dans cette composition. Il aime les contrastes de couleurs franches. Un art très personnel qui trouvait chez Derain le plus d’affinités. Ce pilastre a eu un destin étonnant. Lorsqu’en 1987 René Lafon cède son illustre création à Jean Paul Bucher, Président du Groupe Flo, ce dernier entreprend des travaux de restauration avec les architectes des Monuments Historiques. Afin de protéger toutes les peintures des colonnes de la brasserie, celles-ci sont déposées et entreposées dans un endroit adéquat, puis restaurées (1). Au préalable, dès 1985, un relevé d’architecture de la brasserie, executé par un architecte, avait révélé qu’une peinture était dissimulée derrière un espace construit pour le personnel de la brasserie. Informés, les restaurateurs des Monuments historiques ont pu, dès 1987 extraire dans les règles de l’art la peinture de David Seifert la révélant ainsi dans l’éclat de la blancheur de sa nudité, non assombrie par la poussière et les fumées de tabac alentours. En quelque sorte, une re-naissance !
Emmanuelle Corcellet-Prévost Guide - Conférencière spécialiste du patrimoine Art Déco
(1) - La brasserie La Coupole est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis janvier 1988.
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Le couple d'amoureux s'embrassant, Montparnasse, jardin du Luxembourg vers 1930, Huile sur carton, Signée en bas à droite et contresignée au dos, 15 x 20 cm.
Anatole au bureau vert,
>> La jeune fille
Les devoirs du soir
au noeud rouge
vers 1937,
vers 1950,
Huile sur toile,
Huile sur toile,
61 x 74 cm.
55 x 46 cm.
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EXPOSITION COLLECTIVES 1926 à 1980
2001 Exposition pour l'inauguration de
Salon des Tuileries
la Maison du Cygne à Six-Fours-les-Plages, Var
Salon des Indépendants (1926-1927-1928) Salon des Artistes Français
2004 Deuxième exposition rétrospective à La
Salon d'Automne Galerie Montmorency -
Coupole - Autour du pilastre N°13 de la brasserie
Redfern Gallery (Grande-Bretagne) 2005 Exposition monographique au Fort Napoléon Juillet à octobre 1994 Japon
- La Seyne-sur-Mer, Var
Musée Municipal de TAKASAKI - Musée TAKASHIMAYA de TOKyO - Musée TAKASHIMAYA de KYOTO
2008 Rétrospective à la Maison du Patrimoine à Six-Fours-les-Plages, Var
Mars à juin 2000 Japon Paris - cafés d'artistes et leurs légendes.
Mars à Juin 2015 «Les Printemps du Montparnasse» Galerie Les Montparnos, exposition rétrospective.
Mars à octobre 2002 Espagne Modigliani y la Escuela de Paris :
BIBLIOGRAPHIE
Art, Amor y Drama
Art Polonais Moderne - 1929 préface Chil ARONSON - éditions Bonaparte
Juin à septembre 2003 Ornans (Doubs) Des Nus & des Nues - Musée Courbet
Catalogue de l'exposition Montmartre et les peintres - 1994
Février à septembre 2003 Italie Modigliani et ses amis de Montparnasse
Peintres Juifs à Paris de Nadine Nieszawer Marie Boyé et Paul Fogel - École de Paris
Juin à octobre 2003 Paris
Éditions Denoël - 2000
Paris-Marseille, de la Canebière à Montparnasse - Musée du Montparnasse
Catalogue de l'exposition à Paris, Café d'artistes et leurs légendes - 2000
Novembre 2003 à janvier 2004 Marseille Paris-Marseille, de la Canebière
Catalogue de l'exposition
à Montparnasse - Château Borély
Modigliani y la Escuela de Paris Caja Ségovia - 2002
Janvier à octobre 2004 Espagne
Catalogue de l'exposition
Modigliani au coeur de Paris - itinéraires
Modigliani et ses amis de Montmartre
d'artistes
et de Montparnasse - 2003
EXPOSITION PERSONNELLES
Catalogue de l'exposition
1995 Exposition patronnée par la Mairie
Des Nus et des Nues ou les aventures de
du XIVE arrondissement de Paris.
la Percheronne - 1853/2003
1995 Première exposition rétrospective
Catalogue de l'exposition
à La Coupole.
Paris - Marseille, de la Canebière à Montparnasse - 2003
1998 Mairie du VIe arrondissement de Paris Hommage au peintre
David Seifert : Un Peintre de l'École de Paris Éditions Toscane - Août 2004
2000 Exposition pour les journées du patrimoine à la Maison Flotte à Sanary-sur-Mer, Var
Catalogue de l'exposition David Seifert : Les Printemps du Montparnasse Galerie Les Montparnos - 2015
en couverture Saxo-Blues, Portrait d'Anatole, le fils de l'artiste Vers 1940, Huile sur panneau, 73,5 x 46,5 cm.
en 4e de couverture corrida Vers 1950, huile sur verre 23 x 26 cm.
La galerie Les Montparnos remercie chaleureusement pour leur soutien et leur aide à cette exposition : Annick Aballea-Seifert, Anatole Seifert, Emmanuelle Corcellet-Prévost, Jean-Guy Le Floch, Emmanuel Rodriguez-Maroto, Marine Cohen, Nicolas Pierrot, Géraldine Dumeurger, Marie-France Dupuis-Delpech, Philippe Baudoin et l'Association du Barbier à la Bouteille Bleue. Crédit photographique : Bogdan-Mihai Dragot, Juliette Raynal. Conception graphique : Tanguy Ferrand.
12 MARS - 4 JUIN 2015
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