Maxi-Basket 43

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Final Four Euroleague... Luol Deng... Bobby Knight et les J.O. de 84... Joffrey Lauvergne... #43

mai 2012

➤ Portfolio

Joakim Noah

➤ In bed with

David Melody ➤ Entretien croisé

Evan Fournier & Léo Westermann ➤ Du côté de chez

Endy Miyem

Ian Mahinmi & Rodrigue Beaubois

Glenn James/NBAE via Getty Images

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Édito • maxi-basket 03

Maîtres du coaching Par Pascal LEGENDRE

04 échos

Adolph Rupp fut assez fou pour aller dans l’État de Géorgie chercher un gars comme toi. » Heureusement pour lui Beck n’eut pas à rédiger de papier, Kentucky gagna le match. Jamais content, Rupp. Kentucky menait 34 à 4 à la mi-temps face à Arkansas State. Ses joueurs se disaient que cette fois ils allaient être peinards. Erreur. Il avait noté que c’est le même joueur qui avait marqué les 4 points adverses. « Qui défend sur le numéro 12 ? » demanda-til rageusement. Jack Parkinson fut bien obligé de répondre : « c’est moi, coach. » « Eh bien, ne le lâche pas car il se déplace en toute liberté. » Kentucky torpilla Arkansas State 75 à 6. Adolph Rupp était aussi très superstitieux. Son signe favori de bonne étoile était de trouver une épingle, spécialement à cheveux, et particulièrement le jour d’un match. Il coachait toujours dans un costume marron. Et comme un soir il perdit un match alors qu’il avait troqué son vieux élimé contre un bleu tout neuf, jamais plus il ne dérogea à la règle. On le surnomma d’ailleurs « The Man in the Brown Suit ». La face sombre de Rupp comprend un match truqué dans lequel trois de ses joueurs furent impliqués. Le coach jura ses grands Dieux qu’il n’était au courant de rien mais le juge le critiqua ainsi que son université pour avoir créé une atmosphère favorable à la compromission, notamment en versant parfois des sommes d’argent aux joueurs et en inscrivant des joueurs qui n’étaient pas éligibles. On reprocha également à Adoph Rupp de privilégier longtemps les Blancs dans son équipe. Il reste que Adolph Rupp, malgré ses dérapages, fut un authentique maître du coaching et comme Bobby Knight il a eu droit à une consécration olympique, même s’il apparaît officiellement comme assistant au palmarès. C’était aux Jeux de Londres, en 1948, et le comité de sélection avait choisi de bâtir Team USA avec majoritairement des joueurs des Phillips 66ers, champions AAU en titre, et de l’université de Kentucky, championne NCAA. Un match fut organisé entre les deux équipes et comme les 66ers s’imposèrent c’est leur coach Bud Browning qui fut désigné coach principal et Rupp son adjoint. Seulement sur le terrain les « cinq » de chaque entité furent introduits chacun à leur tour avec leur coach respectif aux commandes. Et comme à Los Angeles’84 et Barcelone’92 les Américains balayèrent l’opposition, s’imposant 65 à 21 contre la France en finale. Une ligne de plus dans le CV de cet étonnant M. Rupp. l D.R.

C

omme va le rappeler la rétrospective sur Bobby Knight, véritable héros à l’américaine des Jeux Olympiques de Los Angeles, les coaches universitaires sont des tacticiens, des professeurs, des managers, des businessmen – surtout depuis que les facs sont les véritables centres de formation de la NBA et plus une fin en soi – et parfois de véritables dictateurs. Les ouvrages et les archives de journaux regorgent de leurs shows, de Adolph Rupp leurs frasques, de leurs excès de langage et de « mauvais traitements » infligés à leurs joueurs. Ainsi était Adolph Rupp, véritable mythe de l’université de Kentucky né en 1901 et mort 76 ans plus tard. Rupp a coaché 876 matches de Division I en 41 ans – seuls Mike Krzyzewski, Bobby Knight, Jim Boeheim et Dean Smith ont battu ensuite cette marque – et gagné quatre titres NCAA, en 1948, 49, 51 et 58. L’énorme salle actuelle des Wildcats (23.500 places), vétuste mais qui donne l’impression d’une houle humaine, porte son nom. Rupp fut un coach innovant, spécialiste de la contre-attaque, et l’un des premiers à expérimenter la zone trap 1-3-1. C’était un perfectionniste qui croyait dans la répétition sans cesse des mêmes exercices, à la discipline. Rupp était brusque, arrogant, obsédé, un brin psychopathe. « Nous voulons gagner, juste gagner. Dieu sait que personne ne veut gagner plus que nous voulons le faire. » « Je me souviens d’un soir où Kentucky gagna un match au Madison Square Garden » raconta Red Auerbach coach des Boston Celtics. « Mais ils avaient montré un si mauvais visage que Rupp attendit que chacun ait quitté la salle, puis il fit allumer de nouveau les lumières et commença un entraînement à minuit. » Parfois la sanction était individualisée et humiliante. Ainsi un certain Jack Tucker manqua quatre lancers-francs lors d’un match contre Cincinnati. Lors de l’entraînement du lundi suivant Rupp éructa : « Tucker, viens ici ! Prends cette chaise et place-la sur la ligne des lancers. Maintenant tu t’assois dessus le reste de l’après-midi et tu regardes le panier. » Un autre soir Kentucky était mené de six points à la mi-temps par Mississippi et Rupp passa un savon à chacun de ses joueurs. Vint le tour de Ed Beck que le coach avait été recruter en dehors de l’État du Kentucky dont provenait une majorité de ses joueurs (environ 80% sur l’ensemble de sa carrière). « Ed, je veux que tu files tout de suite à l’hôtel et que tu m’écrives une lettre, non, écris-moi une rédaction, non, mieux encore une dissertation de niveau doctorat sur ce sujet : pourquoi

« Tu t’assois dessus le reste de l’après-midi et tu regardes le panier. »

Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET est édité par NORAC PRESSE (Capital : 25 000 euros). Siège Social : 3 rue de l’Atlas –

75019 Paris. Téléphone : 02-43-39-16-21 Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.

RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas – 75019 Paris Téléphone : 01-44-52-58-00 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 – 72005 Le Mans Cedex 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53

JOURNALISTES

mai 2012 Sommaire #43

Thomas BERJOAN, Jérémy BARBIER, Yann CASSEVILLE, Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-44-52-58-03), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Pascal GIBERNÉ (New York).

Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie). Ont collaboré à ce numéro Claire PORCHER, Gaétan SCHERRER et Frédéric TRIPODI. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 – c.pelleray@norac-presse.fr).

RÉALISATiON GRAPHIQUE Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry Deschamps (Zone Presse) Maquettiste Cyril FERNANDO

14 Internationaux 16 Beaubois & Mahinmi 26 Final Four

EUROLEAGUE

36 Grand Club : Real Madrid

38 Luol Deng 42 Photos : Joakim Noah 50 Œil des scouts : Alex Abrines

52 Rétro : Bobby Knight

58 In Bed With

David Melody

64 Focus : Fabien Ateba 66 Entretien :

Evan Fournier & Léo Westermann

72 Un contre Un : David Denave

74 Du Côté de Chez Endy Miyem

80 Fondamentaux 82 Contrôle surprise : Joffrey Lauvergne

ABONNEMENTS : Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@norac-presse.fr) Norac Presse – Service abonnements – B.P. 25244 – 72005 LE MANS CEDEX 1 PUBLICITÉ RÉGIE Loïc BOQUIEN (01-40-03-96-68, 06-87-75-64-23, l.boquien@norac-presse.fr) IMPRESSION ROTO PRESSE NUMERIS – 36 Boulevard Schuman – 93190 Livry Gargan RÉGLAGE À JUSTE TITRES, Badice BENARBIA (04 88 15 12 42), b.benarbia@ajustetitres.fr COMMISSION PARITAIRE : 0117 K 80492 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution

La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE et Pascal LEGENDRE

Alex Acker

Une belle collection Le Manceau Alex Acker possède la plus belle collection de maillots des joueurs de Pro A grâce son passage fugace en NBA (30 matches) et dans trois des clubs les plus prestigieux d’Europe. À voir défiler les images, on se dit que c’est beaucoup de haute couture et un peu de prêt-àporter.

Olympiakos Le Pirée (Grèce) 2006-07 • 26 matches pour 12,2 pts

Fayetteville Patriots (D-League) 2005-06 • 17 matches pour 17,9 pts

Fort Wayne Mad Ants (D-League) 2008-09 • 4 matches pour 18,0 pts

FC Barcelona (Espagne) 2007-08 • 30 matches pour 6,7 pts

Los Angeles Clippers (NBA) 2008-09 • 17 matches pour 3,7 pts Armani Jeans Milano (Italie) 2009-10 • 14 matches pour 9,3 pts Detroit Pistons (NBA) 2005-06 • 5 matches pour 1,8 pt et 2008-09, 6 matches pour 1,5 pt

Le Mans SB (France) 2010-12 • en cours

Photos : J.-F. Mollière-Ciamillo-Castoria/G.Livaldi, G.Cottini, D.Miralle/Getty Images, I.Baldizon, A.Einstein, T.Vaccaro, D.C.Evans/NBAE via Getty Images

Pepperdine (NCAA) 2001-05 • 31 matches pour 16,6 pts en senior



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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE et Pascal LEGENDRE

Les filles et les dunks

UNE HISTOIRE DE CHIFFRES Inscrivez « woman dunk » dans la barre de recherche de You Tube. Plusieurs filles ont déjà dunké, en match, à l’entraînement – à l’instar de la Française Isabelle Yacoubou – mais une telle action demeure une rareté dans un match entre filles.

es

Doug Pensinger/Getty Imag

Lisa Blumenfeld/NBAE via Getty Images

L

’Américaine Brittney Griner (2,03 m, 18 ans), a claqué plusieurs dunks lors de la dernière March Madness NCAA, avec son équipe de Baylor. Pourquoi une telle action est si rare dans une rencontre de basket féminin ? À la base, comme l’a expliqué Slate.fr le mois dernier, se pose le constat de la taille. Le prototype du basketteur NBA est un homme de 2,01 m, là où la joueuse WNBA culmine en moyenne à 1,83 m (selon une enquête de NBA.com). Soit 18 centimètres de déficit. Une autre étude a rapporté que la détente sèche des universitaires féminines est de 48 cm, et de plus de 71 cm pour leurs homologues masculins. 23 centimètres de débours à ajouter. D’une façon générale, une fille court moins vite et saute moins haut, moins loin, qu’un garçon. En moyenne ? -15% pour la gente féminine par rapport aux hommes dans les trois exercices de sauts olympiques (en hauteur, en longueur, triple-saut). Quant à la vitesse, elle est de -10 à -13% pour les filles (selon des chiffres issus d’une enquête basée par rapport aux performances obersvées en athlétisme). Le fossé athlétique entre les deux genres se creuse principalement à partir de la puberté, là où la croissance de la masse masculaire du garçon est boostée de manière significative. De plus, pour pouvoir dunker, il est nécessaire que la (ou les mains) portant le ballon s’élève(nt) à 15 centimètres au-dessus de l’arceau, soit – le cercle étant à 3,05 m du sol – à 3,20 m. Toutes ces données prises en compte, « la fille idéale » pour fracasser la balle dans le cercle « doit » mesurer 2,00 m et culminer à 2,47 m les bras levés. Or 1/ Les filles à 2,00 m sont rares ; 2/ Les filles à 2,00 m ne sont pas des spécialistes du saut. Découragées, mesdemoiselles ? Pas vraiment. Un dunk est chose rare en match

Ci-dessus : le 30 juillet 2002 Lisa Leslie (Los Angeles Sparks) réussit le premier dunk en WNBA. À gauche : Brittney Griner, de l’université de Baylor, 2.03 m et… 54 de pointure...

mais pas impossible… encore moins à l’entraînement avec certains phénomènes. Slate.fr rappelle d’ailleurs l’exemple de Toni Young (1,88 m). Les vidéos de la demoiselle au smash prolifèrent. Toutefois en 2011, l’Américaine a été interdite de dunk par son coach après avoir été victime d’une triple-fracture au bras lors d’un smash à un entraînement. « Elle devra rester un an en bonne santé avant que je la laisse de nouveau dunker », déclara Kurt Budke, l’entraîneur. Qui ajouta que ce fameux dunk qui la blessa, c’était… « quelque chose qu’elle fait chaque jour à l’entraînement. » Une fille au concours de dunks NBA ? Non. Une « dunk exhibition » chez les filles ? Sait-on jamais ! l


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE et Pascal LEGENDRE

Stats régionales en Auvergne

Fous de chiffres

D.R

Depuis la saison 2008-09 toutes les statistiques des championnats régionaux d’Auvergne, masculins comme féminins, sont répertoriées sur un site : basketstats.tk. Cela englobe de la RM1 à la RM3 et de la RF1 à la RF3, soit 8 poules certaines saisons suivant les formules. En bonus, en 2009-10 étaient intégrés les championnats départementaux d’Allier. Des applications iPhone et Android ont été créées afin de pouvoir consulter le site sur téléphone, ainsi qu’une page facebook.

L’équipe de statisticiens autour de David Mélody .

«

Lors de la saison 2006-07, avec un ami basketteur, nous avons décidé de compiler dans un tableau Excel les points de RM1 publiés chaque mercredi dans le quotidien régional La Montagne et de publier ce classement chaque semaine sur le site de notre club », explique Julien Favé, l’un des concepteurs. D’artisanale l’œuvre est devenue plus ambitieuse avec une petite dizaine de personnes gérant l’ensemble des poules, mais la Ligue d’Auvergne n’accorde que son soutien moral – une lettre de sensibilisation aux clubs concernés – et aucune logistique. Et si l’équipe s’est agrandie c’est uniquement grâce à des bénévoles passionnés, du bouche à oreille et des mails échangés. Le site est désormais reconnu en Auvergne et comptabilise 9.200 visites entre septembre et mai, les mois de compétition. Il est le partenaire du All-Star Game régional qui se tient chaque saison à Clermond-Ferrand ; un concours de tirs à

3-pts a été mis sur pied l’année dernière. Mieux encore, les photos des équipes et des joueurs sont collectées avec les postes de jeu et les années de naissance. « Le site de la Liga ACB nous envierait presque ! », plaisante Julien Favé. « Notre initiative faisant tâche d’huile, nous parvenons à récupérer régulièrement des archives que certains joueurs avaient précieusement réalisées et gardées chez eux et qu’ils nous ont fait parvenir. » Ce travail collectif a ainsi permis de saisir des chiffres remontant à la saison 1994-95 de RM1 et de constituer une banque de données de près de 20 ans de basket auvergnat. « L’idée de départ nous est venue lors de vacances dans les Landes où un magazine mensuel (NDLR : Landes Basket Magazine) et édité par le CD40 publie tout au long de la saison les stats des championnats départementaux (!) à la manière de ce que nous proposons ou de ce que propose Stéphane Brunet dans sa région (voir BasketNews n°598) ». l


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Pascal Allée/Hot Sports et Hervé Bellenger/IS

Par Yann CASSEVILLE et Pascal LEGENDRE

Don Collins (Limoges en 1998), Delaney Rudd (ASVEL en 1996) et Jeff Greer (Nancy en 2008)

Pro A

Les records individuels en finale Points 40 36 32 31 29

Deux-points tentés

Don Collins

Limoges

Retour’88

David Rivers

Antibes

Match 3’95

Michael Young

Limoges

Match 2’93

Don Collins

Limoges

Retour’88

Jeff Greer

Nancy

Finale 2008

Rebonds 19 16 15 15

Michael Brooks

Limoges

Aller’90

Lee Johnson

Antibes

Retour’90

Michael Brooks

Limoges

Retour’91

Lee Johnson

Antibes

Belle’90

Laurent Pluvy

ASVEL

Match 3’96

Frédéric Hufnagel

Orthez

Aller’89

Valéry Demory

Cholet

Retour’88

Didier Gadou

Pau-Orthez

Match 2’96

Samuel Mejia

Cholet

Finale 2010

Interceptions 6 5 4

Gheorghe Muresan

Pau-Orthez

Match 3’93

Quatre joueurs

Balles perdues 8 7 6

Delaney Rudd Deux joueurs

Limoges

Retour’88

Don Collins

Limoges

Aller’89

Don Collins

Limoges

Aller’89

Michael Brooks

Limoges

Retour’91

Jeff Greer

Nancy

Finale 2008

Delaney Rudd

ASVEL

Match 1’96

Jeff Greer

Nancy

Finale 2008

Frédéric Hufnagel

Orthez

Retour’89

Roger Esteller

Pau-Orthez

Aller’02

Deux-points réussis 17 13 10 9 8

Deux joueurs

Trois-points réussis 6 5 5

Lancers-francs tentés 14 13 12

David Rivers

Antibes

Match 2’95

Lee Johnson

Antibes

Aller’90

Stéphane Ostrowski

Antibes

Match 1’95

Lancers-francs réussis

Quatre joueurs

Contres 5 4

Don Collins

Trois-points tentés

Passes décisives 13 12 12

21 20

ASVEL

Match 3’96

12 10 10 10

David Rivers

Antibes

Match 2’95

David Rivers

Antibes

Match 3’95

Stéphane Ostrowski

Limoges

Retour’91

Stéphane Ostrowski

Limoges

Aller’91

Limoges

Aller’89

Évaluation 46

Don Collins

Quatre joueurs

Les finales de Pro A se sont déroulées : • Au meilleur des 3 manches de 1988 à 1992, en 1994 et de 1997 à 2004. • Au meilleur des 5 manches en 1993, 1995 et 1996. • Sur un match à Paris depuis 2005



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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Yann CASSEVILLE et Pascal LEGENDRE

Christophe Denis

« LA CÔTE D’IVOIRE,

C’EST MON HISTOIRE PERSONNELLE »

Pascal Allée/Hot Sports

Après avoir passé son enfance en Côte d’Ivoire, Christophe Denis est devenu le mois dernier le nouveau sélectionneur national des Ivoiriens, 2e de la CAN 2009, participants au Mondial 2010 et 4e de la CAN 2011. Avec un objectif : gagner la CAN 2013, à domicile, pour aller au Mondial 2014 en Espagne.

C

omment êtes-vous arrivé à ce poste ?

J’ai été approché l’an dernier par l’ancienne équipe dirigeante de la Côte d’Ivoire – qui a changé depuis – pour prendre en charge l’équipe nationale au championnat d’Afrique 2011. J’avais décliné parce que je n’étais pas sûr d’être reconduit au Paris Levallois, je voulais rester concentré sur le PL. Ensuite, au mois de janvier, j’ai reçu un coup de téléphone d’Arsène Ade-Mensah qui m’a fait part de sa prise de fonction de vice-président de la fédération. On s’est vu à Levallois la semaine suivante, il m’a fait la proposition et j’ai accepté.

Que vous inspire la double-casquette : coach et sélectionneur ?

Quand Arsène Ade-Mensah m’a proposé le poste, ma première condition a été de dire : il est hors de question qu’à un moment donné, mes activités de sélectionneur puissent empiéter sur mes activités de coach du Paris Levallois. La priorité reste le PL.

Qu’est-ce qui vous a séduit ?

J’ai toujours été sensible à ce qui touche la Côte d’Ivoire, c’est mon histoire personnelle. J’ai vécu de deux à treize ans en Côte d’Ivoire. J’ai découvert le basket sur le territoire ivoirien, j’ai suivi mon père, qui était sélectionneur national, à ses compétitions. Le championnat d’Afrique 1986, je l’ai vécu. Et c’est enrichissant. Il y a le championnat du Monde après le championnat d’Afrique. C’est permettre à la Côte d’Ivoire, aux joueurs, à moi, d’être confronté à ce qu’il se fait de mieux dans le Monde.

dirigeante qui se met en place, qui essaie d’abord de structurer les choses de manière professionnelle. L’arrivée d’Arsène à la fédération va dans ce sens. Quelle sera votre mission ?

La première ambition est de se qualifier pour le championnat du Monde 2014, ça veut dire aller en finale du championnat d’Afrique 2013 – où la Côte d’Ivoire est qualifiée d’office en tant que pays organisateur. À partir du moment où l’objectif est d’aller en finale, moi je vais dire à tout le monde que l’objectif est de la gagner.

Que représente le basket en Côte d’Ivoire ?

Quel est le programme pour les mois à venir ?

C’est le sport numéro 2 derrière le football. Après, en Côte d’Ivoire, il y a eu des élections très douloureuses, la mise en place du chef d’État Alassane Ouattara qui ne s’est pas faite facilement. C’est un pays qui est en pleine reconstruction donc comparer la situation du basket ivoirien avec celle d’un autre pays dans le Monde est difficile. Il a une une nouvelle équipe

C’est déjà en fonction du calendrier du Paris Levallois. On est censé partir en stage du 7 juin au 7 juillet. Il y aura deux semaines de préparation en France, un stage en Afrique, un retour sur le territoire français pour un match amical contre l’équipe de France le 29 juin à Toulouse et on finira par une semaine en Côte d’Ivoire. l



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MAXI-BASKET

Internationaux

TOUS AVEC

LES BLEUS

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PARTAGER LEUR EXPÉRIENCE, ENTRETENIR UN LIEN FORT ENTRE LES GÉNÉRATIONS, CONTRIBUER À LA CULTURE BASKET, ÊTRE FORCE DE PROPOSITIONS, LES INTERNATIONAUX SE MOBILISENT POUR SOUTENIR LES BLEU(E)S DANS LEUR QUÊTE OLYMPIQUE. D’ICI LONDRES, LES ANCIENS INTERNATIONAUX PARLENT AUX BLEU(E)S ACTUEL(LE)S À TRAVERS CETTE RUBRIQUE. Propos recueillis par Yann CASSEVILLE

STÉPHANE RISACHER

CHARLES KAHUDI

« LES JEUX ? ON A TOUT VU À LA TÉLÉ »

« EN PRENDRE PLEIN LA VUE »

L

E

orsque l’on évoque les J.O., quel souvenir revient instantanément ?

Généralement on est devant la télé en famille, mon père regarde beaucoup le sport à la télé donc on suit. Je regarde un peu de tout. L’athlétisme, comme beaucoup de monde, la natation parce qu’il y a de grands noms. Michael Phelps et ses records hallucinants, Laure Manaudou, évidemment la médaille des basketteurs français à Sydney…

La première image, c’est le village olympique à Sydney. On a croisé un peu tout le monde, j’ai discuté avec pas mal d’athlètes. C’est pour ça que les Jeux c’est extra. Tu es immergé au milieu de tous les plus grands sportifs de l’époque.

Qu’est-ce qui t’attire le plus ?

C’est ce côté communion, tous les sportifs dans le village olympique, isolés dans leur truc mais en même temps ils se cotoyent, il y a un échange, c’est un esprit vraiment autre. C’est un rêve.

Une rencontre en particulier t’a marqué ?

Cette saison pré-olympique est-elle particulière ?

Il y a plusieurs choses. C’est ma meilleure saison depuis que je suis pro, c’est la saison qui suit un Euro où j’ai apporté ma pierre à l’édifice donc il fallait confirmer, et avant les Jeux c’est une saison charnière. Tous les mecs qui sont en équipe de France ou ceux qui n’en faisaient pas partie sont tous prêts à gagner leur place. Ali Traoré fait une saison magnifique, Kévin Séraphin fait beaucoup de choses, Fabien Causeur est affûté. Beaucoup de monde commence à postuler !

Je n’allais pas aux Jeux pour rencontrer des légendes mais il se trouve que tu fais la queue au réfectoire et tu es à côté de Roger Milla, qui te dit : « c’est génial ce que vous faites les Français, continuez ! » Et là tu te dis : « Ouais t’es gentil Roger, mais… T’es juste un Dieu vivant ! » Je ne suis pas groupie mais là pour le coup je l’étais carrément.

Pascal Allée / HOT SPORTS

st-ce que tu étais assidu devant ta télévision pour les précédents JO ?

Est-ce qu’avant chaque match tu te dis : ça peut être un pas de plus vers Londres ?

Tony Parker porte-drapeau, tu applaudirais ?

Si tu es aux J.O., qu’attends-tu avec le plus d’impatience ?

Est-ce que vous avez eu le temps d’assister à d’autres événements ?

Très peu. On a vu le quart de finale de l’équipe française de handball, perdu contre la SerbieMonténégro, c’est à peu près tout. Le basket commençait quasiment en premier et la finale était le dernier événement, on a été focalisé les quinze jours sur l’objectif. Notre premier match, contre la Nouvelle-Zélande, était tôt le matin on a décidé de ne pas aller à la cérémonie d’ouverture. Ou tu vas au bout et tu fais les Jeux pour avoir une médaille, ou tu n’as pas la chance d’aller au bout et tu profites des Jeux (rires). Tu as vécu les Jeux en immersion ?

Évidemment. Qu’un joueur de basket soit porte-drapeau signifie qu’il a traversé les frontières du simple basketteur. Le porte-drapeau, c’est une icône. En 2000, c’était David Douillet. Tony a un rayonnement important en NBA, qui n’est pas sur notre territoire, mais peu importe. Un joueur qui réussit à être l’un des meilleurs du monde, qui va en équipe nationale depuis plus de dix ans… Sa candidature, on doit s’en réjouir. ●

Agenzia Ciamillo-Castoria/T.Wiendesohler

Dans les chambres, sur les télés, il y avait des canaux internes, une cinquantaine de chaînes pour tous les événements. On a zappé sur des trucs improbables, on a quasiment tout vu. C’était surréaliste de se dire : on est train de regarder les Jeux à la télé.

Non. Il faut savoir faire la part des choses. Mon club et l’équipe de France, ce sont deux choses différentes. C’est sûr que ça aide de faire des bons matches, mais le coach connaît bien les joueurs. La partie « bon match, bonne saison », c’est plus personnel. Pour l’équipe de France, le rôle dans lequel on m’attend est celui d’un rôle de complément donc il faut être prêt. Le plus important est de jouer, d’avoir des minutes. On y pense, mais il faut le mettre dans un coin de ta tête. C’est le tout. La cérémonie d’ouverture, c’est une fierté, c’est grandiose. Après il y a l’aspect sportif ; à côtoyer les monstres du sport, tu en prends plein les yeux ! Si je suis à Londres et qu’on a un peu de temps libre, j’aimerais voir la finale du 100 mètres. Aller voir ce qu’il se passe à gauche, à droite. En prendre plein la vue. ●


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16

maxi-basket

BEAUBOIS & MAHINMI

au crible

Glenn James/NBAE via Getty Images

DEVENIR DES HOMMES

Au premier abord, ils ne se ressemblent pas. Il y a le grand pivot et le petit arrière, le défenseur et l’attaquant. Mais en fait, les deux Français des Mavericks partagent de nombreuses similitudes : partis en NBA sans avoir prouvé quoi que ce soit, blessures à répétition, manque de métier. Aujourd’hui, Ian (2,10 m, 25 ans) et Rodrigue (1,86 m, 24 ans) ne sont plus des jeunes et pourtant, on continue de s’interroger sur leur valeur réelle sans pouvoir s’empêcher de continuer à fantasmer sur leur potentiel. Les gamins doivent laisser la place aux hommes. Par Thomas BERJOAN


FRENCH CONNECTION IN DALLAS • maxi-basket 17


18

maxi-basket

Roddy en chiffres 0

• Beaubois n’a jamais réalisé de double double en NBA

7

• Son record de passes en NBA. Il a atteint cette marque 3 fois.

10

• Le nombre de contres réalisés en 3 matches à la suite par Beaubois. 3 contre Minnesota le 25 janvier, 4 contre Utah le 27 et 3 contre San Antonio le 29. Pas mal pour un joueur de moins d’1,90 m !

12,2

«

Tout ce dont il a besoin désormais, c’est de constance. Parce que les capacités, ils les a. On a vu de quoi il était capable cette saison. » C’est Jason Terry qui parle ainsi, au milieu du mois d’avril. Il évoque son coéquipier, Roddy Beaubois. Il aurait tout aussi bien pu parler de l’autre frenchy de Dallas, Ian Mahinmi. Au moment où Dallas bataille fermement pour tenter de préserver sa place en playoffs, difficile d’évaluer la saison de Beaubois et Mahinmi à Dallas. Au sein d’une équipe championne en titre mais en reconstruction, au milieu d’une saison raccourcie mais intense, les deux Français n’ont pas livré une production linéaire. Mais ils ont incontestablement marqué des points. Au moment de boucler ces lignes, les compères comptaient à deux 22 titularisations et livraient leurs meilleures saisons statistiques (voir l’encadré Repères). Ils appartiennent désormais définitivement à la NBA. Pour remettre les choses en perspective, il convient de rappeler que Ian et Roddy réussissent dans la franchise où

Antoine Rigaudeau a échoué en 2003, soit il y a moins de 10 ans. Déjà une autre époque. Aujourd’hui en 2012, année olympique, le fait d’exister en NBA ne garantit même pas une place sur le banc de l’équipe de France. Les temps ont changé (voir l’encadré En Bleu ?) Le niveau de talent disponible dans le basket français permet ainsi à un sélectionneur de choisir, et donc de privilégier un profil ou un rôle entre deux joueurs de talent. Et c’est là que, pour les deux Mavericks, le bât blesse un peu. Avec leur franchise comme en Bleu, Mahinmi et Beaubois manquent de métier et d’expérience dans un registre précis. En clair, est-ce qu’on peut vraiment compter sur eux dans un contexte de matches couperets ?

« Il (Beaubois) n’a jamais joué en playoffs, donc on ne sait pas trop ce qu’il peut apporter. » Jason Terry

Pas d’expérience de playoffs

« Il n’a jamais joué en playoffs, donc on ne sait pas trop ce qu’il peut apporter », poursuivait Jason Terry à propos de Beaubois. Les propos du Jet ne sont pas rigoureusement exacts mais résument bien les interrogations qui existent à

• La différence, en pourcentage, entre sa réussite à 3-points lors de sa saison rookie (40,9) et cette saison (28,7). Etrange.

15

• Quand Roddy a marqué 15 points ou plus cette saison, les Mavs sont à 7v-2d.

40

• Son record de points en NBA, contre Golden State lors de sa saison rookie, 15/22 aux tirs, dont 9/11 à 3-points, autant de records en carrière NBA. Dans toute l’histoire des Mavs, seuls 3 rookies ont réussi un match à 40 points ou plus.

93

• Roddy Beaubois

Rocky Widner/NBAE via Getty Images

• Le nombre de matches ratés par Roddy en saison régulière depuis ses débuts NBA, sur 226 possibles. Soit 36,2%.


FRENCH CONNECTION IN DALLAS • maxi-basket 19 Dallas à propos de Roddy. La saison dernière, avant qu’il ne se blesse à nouveau au pied, le numéro 3 était le titulaire des Mavs à l’arrière aux côtés de Jason Kidd. Sauf qu’il n’a joué qu’un quart de l’année. Et Dallas a décroché un titre de champion sans avoir besoin de lui, trouvant en JJ Barea et DeShawn Stevenson tout ce dont Rick Carlisle avait besoin. La saison précédente, en 2009-10, Dallas était sorti au premier tour par les Spurs de San Antonio (4-2). Ceux qui ont bonne mémoire n’auront pas oublié qu’au Game 6, alors que la messe semblait dite, Carlisle avait lancé au feu Beaubois, qui avait jusque-là joué très peu dans la série. Presqu’à lui seul, il avait remis les siens dans le match (16 pts en 21 minutes). Carlisle l’avait ensuite sorti pour remettre en selle à la fin du match un Jason Terry (2 pts à 1/7) complètement hors du coup. Une décision qui avait fait couler beaucoup d’encre. Le Jet a donc de bonnes raisons de ne pas se rappeler que Beaubois a déjà existé en postseason ! Aujourd’hui, on peut craindre que ces doutes ne soient pas prêts d’être levés. Alors qu’il restait sur un mois de mars splendide (11,0 pts, 3,0 rbds et 3,1 pds en 26’, un temps de jeu qui s’explique en partie par la blessure de J-Kidd), Roddy est à nouveau lâché par son corps. Vendredi 13 avril, au cours de la victoire contre Portland, l’arrière est touché au mollet droit (contracture). Il n’a pas joué pendant quatre jours, laissant son équipe s’incliner en déplacement contre les Lakers et Utah. Mauvais timing. En effet, Rick Carlisle semble avoir trouvé sa rotation sur les postes extérieurs. Jason Kidd est revenu aux affaires et le coach champion en titre apprécie de lui adjoindre Delonte West au début du match. Ce qui permet à Vince Carter et Jason Terry de sortir du banc. Il n’est pas rare que les entraîneurs « réduisent » leurs rotations quand les choses sérieuses commencent. Beaubois en fera-t-il les frais ? « Je considère que Roddy est un élément important de notre équipe », avançait Carlisle le 10 avril, répondant aux interrogations de nos confrères américains. « Actuellement, je ne suis pas sûr qu’il soit très intelligent de dire si tel ou tel joueur est dans ou hors de la rotation. On a beaucoup d’options et avec Kidd qui revient tout juste et dont on veut augmenter le temps de jeu progressivement, Roddy va jouer. » Espérons que cette nouvelle blessure ne viennent pas tout bouleverser. Car après trois saisons ponctuées par des flashes brillants, les Mavs ne savent toujours pas vraiment de quel bois Roddy est fait.

• Au rebond, Ian est solide

Ian a trouvé sa place

Pour Ian, les choses sont un peu différentes. Pour autant, il ne s’agit pas non plus d’un boulevard. Il y a un peu moins d’un an, Mahinmi se trouvait dans la même position que Beaubois aujourd’hui. Avant la campagne pour le titre, le grand Ian n’affichait que 19 minutes de ›››

Repères 2,10 m, pivot Né le 5 novembre 1986 à Rouen Drafté en 28e position par les Spurs en 2005

Saison

MJ 5 maj Min %Tirs 3-pts %LF

Rb

Pd

Int

Ct

Bp

Pts

0/0 100,0 0,8

3,5

2007-08

6

0

4

50,0

0,2

0,0

0,7

0,3

2008-09

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

2009-10

26

0

6

63,6

0/0

66,0

2,0

0,1

0,1

0,3

0,6

3,9

2010-11

56

0

9

56,1

0/2

76,8

2,1

0,1

0,2

0,3

0,5

3,1

2011-12

57

12

19

55,4

0/1

62,1

4,7

0,2

0,6

0,5

0,8

5,9

Danny Bollinger/NBAE via Getty Images

Les stats de Mahinmi en NBA


Rocky Widner/NBAE via Getty Images

20 maxi-basket


FRENCH CONNECTION IN DALLAS • maxi-basket 21 ››› jeu en playoffs en 4 saisons (2 malheureux matches en 2009-10 avec les Spurs). Son destin a basculé avec la blessure de Brendan Haywood au dernier quart-temps du Game 2 des Finals 2011. De troisième pivot qui ne jouait pas (3 apparitions seulement depuis le début des playoffs), Ian obtient des minutes et tient correctement sa place en finale (3,0 pts et 1,7 rbd en 9’ en moyenne sur les trois derniers matches). Son tir en tête de raquette, sur un pied et en reculant au buzzer du troisième quart temps du Game 6 reste à ce jour la plus belle action de sa carrière. Derrière, tout s’enchaîne bien pour lui. Dallas ne parvient pas à conserver Tyson Chandler et Carlisle compte sur lui en tant que deuxième pivot. Au début de saison, c’est toujours Brendan « Big Wood » (5,4 pts et 6,2 rbds en 22’) qui occupe le job de titulaire, mais fin janvier, Mahinmi est bien le meilleur pivot des

NBA demeure une énigme », expliquait fin mars Tim MacMahon pour ESPN Dallas. « Est-ce qu’il est un meneur, un arrière-shooteur ou les deux ? Est-ce qu’il peut devenir plus un compétiteur qu’un joueur qui fait le spectacle ? Est-ce qu’il mérite un vrai rôle dans cette équipe quand personne n’est blessé ? Et la question la plus importante à propos de Roddy B : est-ce que les Mavs peuvent réellement compter sur lui dans les moments chauds ? » Le journaliste poursuit ensuite en expliquant que la saison dernière, les vétérans de l’équipe avait entrepris, avec succès, un lobbying intense pour que DeShawn Stevenson prenne la place du Français dans le cinq dans la dernière ligne droite de la saison régulière et pour les playoffs. Le shooteurdéfenseur, fort en gueule et en couilles, s’est d’ailleurs merveilleusement acquitté de son office sur la phase finale, donnant raison aux tauliers de l’équipe. Mais

« Il (Mahinmi) progresse régulièrement mais sûrement depuis le début de la saison dernière. » Rick Carlisle

Mavs. En tout cas, le plus efficace (8,4 pts et 5,2 rbds en moyenne alors). « Il progresse régulièrement mais sûrement depuis le début de la saison dernière », disait alors coach Carlisle à la presse. « Les autres joueurs, au fur et à mesure qu’ils s’habituent à lui, lui font de plus en plus confiance. Non seulement il est actif et efficace près du cercle en attaque, mais il est l’un de nos meilleurs défenseurs. J’adore sa progression. » Avec la surprise Brandan Wright (6,8 pts et 3,4 rbds en 16’), Mahinmi s’impose dans une rotation intérieure où finalement Lamar Odom ne sert à rien et où il faut toujours composer avec la fragilité d’Haywood (15 jours d’arrêt fin mars). Par séquences, le duo Wright/ Mahinmi est même surprenant. « La raison de leur alchimie, c’est qu’ils apportent tous les deux beaucoup d’énergie et qu’ils jouent dur à chaque minute », précise coach Carlisle. « Cette énergie est la raison principale de leur temps de jeu. »

On compte sur lui

Cela dit, depuis le retour d’Haywood, on sent que Carlisle est en train de réinstaller son grand à la place de pivot numéro 1. « Notre grand costaud (Haywood) nous a manqué », précisait mi-avril l’entraîneur des Mavs. « (Ian) Mahinmi et (Brandan) Wright ont abattu un travail remarquable et leur style de jeu est très important pour nous. Mais contre des pivots comme Bynum ou Howard, il n’y a pas d’autre solution que d’avoir un gars grand et fort comme Brendan. On a besoin de lui. » Cela signifiet-il que les minutes de Ian, qui se sont déjà restreintes sur la fin de saison, vont continuer à baisser en playoffs ? « Mahinmi et Haywood nous offrent un super duo au pivot », poursuit Carlisle. « Brendan est plus grand et plus fort, Ian est plus petit mais plus rapide. Cela nous donne deux dimensions sur le poste, ce qui est un plus pour nous. » Si les Mavs s’accrochent à leur siège pour les playoffs, on en saura alors un peu plus sur la capacité de Mahinmi à résister à l’épreuve du feu. Le tout jeune papa d’une petite Camille (née le 7 avril) ne demande que ça. Il faut désormais engranger de l’expérience. Du métier, des kilomètres, encore et encore. Mais Ian sait quel est son registre. Et les Mavs savent ce qu’il peut apporter. Pour Beaubois, c’est encore un peu flou. « Roddy Beaubois, pourtant dans sa troisième saison

aujourd’hui que les dirigeants des Mavs n’ont pas conservé celui qui a réussi à rentrer dans le cerveau de LeBron en juin dernier, les cadres de cette équipe d’anciens au cuir tanné font-ils confiance à Roddy, indépendamment de sa blessure du moment ?

Roddy ne sait pas jouer avec Dirk ?

Il se pourrait que le nœud de l’intrigue se joue autour de Dirk Nowitzki. À Dallas, tout passe par l’Allemand. Et pour briller aux Mavs, il faut être Dirk-compatible. « Roddy n’est certainement pas un meneur, en tout cas, il n’est pas le genre de meneur dont ont besoin les Mavs », expliquait récemment Kevin Sherrington, éditorialiste pour le Dallas Morning News. « Il me rappelle Devin Harris. Une contre-attaque à lui tout seul. Mais Dirk ne jouait pas très bien avec Harris et il a du mal avec Roddy. Cette saison, quelque chose de significatif m’a interpellé : c’est quand Dirk s’est plaint parfois d’avoir à demander la balle. Ce n’est pas bon. De plus, le tir extérieur de Roddy est incroyablement inconsistant. Parfois, c’est un magnifique shooteur à 3-points. Et puis, il peut aussi balancer des air ball complètement ouvert à deux mètres du cercle. Je ne comprends pas. » JJ Barea était la saison dernière l’étincelle offensive en provenance du banc, aux côtés de Jet Terry, mais dans un ›››

Repères 1,86 m, arrière Né le 24 février 1988 à Pointe-à-pitre Drafté en 25e position par le Thunder en 2009

Les stats de Beaubois en NBA Saison

MJ 5 maj Min %Tirs 3-pts %LF

Rb

Pd

Int

Ct

Bp

Pts

2009-10

56

16

13

51,8 45/110 80,8

1,4

1,3

0,5

0,2

1,0

7,1

2010-11

28

26

18

42,2 25/83 76,7

1,9

2,3

0,7

0,3

1,7

8,4

2011-12

49

10

22

42,5 35/122 81,2

2,7

2,8

1,1

0,6

1,3

9,0


22

maxi-basket

Ian en chiffres

« Roddy n’est certainement pas un meneur, en tout cas, il n’est pas le genre de meneur dont ont besoin les Mavs. »

0

• Mahinmi n’a jamais marqué de 3-points au cours de sa carrière NBA. Pour l’instant, il n’en a tenté que 3.

2

• Le nombre de Français à posséder une bague de champion NBA. Tony Parker et Ian Mahinmi.

3

• Selon les statistiques officielles NBA, Ian est le 3e joueur faisant le plus de fautes à la minute (7,3 sur un temps de jeu ramené à 48 minutes), derrière Greg Stiemsma de Boston (9,0) et Lou Admundson d’Indiana (8,2). Ian commet en moyenne 2,9 fautes personnelles en moins de 19 minutes de jeu.

Kevin Sherrington du Dallas Morning News

››› autre registre, pénétration et pick’n’roll. Beaubois peut pénétrer mais sa lecture et sa compréhension du jeu à deux sur pick’n’roll, notamment avec le grand Dirk est loin d’être aussi bonne. « Il utilise sa vitesse mais il doit aussi comprendre qu’il ne peut pas toujours être à fond », explique Jason Kidd qui sert de mentor et de professeur au quotidien au petit Français. « Il doit apprendre à changer de tempo, à mieux lire, à jouer avec et en s’appuyant sur Dirk. Il le fait de mieux en mieux. On pourrait croire que c’est facile, mais c’est un peu compliqué. Il faut le comprendre, savoir quelles sont ses préférences. Souvent, on a tendance à penser qu’il suffit de lui filer la balle, au lieu de vraiment s’appuyer sur lui, ou de profiter de sa présence pour faire autre chose

9

• Ian a bouclé neuf matches à plus de 10 points pour la saison en cours.

19

• Ci-dessus : les anciens, Odom (gauche), Terry (au centre) et surtout Nowitzki (à droite) ontils confiance en Roddy (en haut? • Ci-contre : L’équipe fait de plus en plus confiance à Ian.

David Sherman/NBAE via Getty Images

21,53

• L’évaluation de Mahnimi, ramenée sur 48 minutes. Ce qui n’est pas si mal du tout. A ce classement, Ian se trouve juste derrière Ricky Rubio (21,54) et devant des pointures comme Antwan Jamison, Joe Johnson, Boris Diaw ou Udonis Haslem.

Rocky Widner/NBAE via Getty Images

• Son record de points en NBA, établi cette saison contre Toronto le 30 décembre 2011.

et vice et versa. Roddy ne lit pas encore très bien ces situations. Parfois, il ne voit pas quand il devrait lui donner le ballon. C’est simplement une question d’expérience en commun, de passer plus de temps sur le parquet ensemble, plus de compréhension de l’autre. » Dallas est une équipe où l’exigence, la discipline des schémas tactiques sont très importantes. Il s’agit d’un des meilleurs collectifs de la NBA, servi par des joueurs altruistes et expérimentés. Le droit à l’erreur est minime. La pression forte pour le jeune arrière. « On sait que J-Kidd est très important pour nous », expliquait Beaubois quand le meneur titulaire des Mavs était blessé un peu plus tôt dans la saison. « Il est évident que je ne suis pas J-Kidd. ›››


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maxi-basket

En Bleu ?

››› Chacun doit jouer son jeu. Quand je suis sur le terrain, je dois être agressif et jouer à ma façon. Même si j’essayais, je ne pourrais pas jouer comme lui. »

Meneur ou arrière ?

Ce débat poursuit Roddy depuis le début de sa carrière pro à Cholet. Meneur ou arrière ? Nando De Colo, son ancient coéquipier dans les Mauges, ne s’est toujours pas vraiment débarrassé de la question non plus. La culture et la mentalité du poste 1 s’acquièrent très tôt dans la formation d’un basketteur. Et la capacité à marquer des points est toujours intéressante. Pour résumer, Beaubois a le corps d’un numéro 1 mais la mentalité et le bagage d’un poste 2, même s’il travaille pour élargir son registre. À l’inverse, en défense, il souffre parfois contre les arrières de fort gabarit, notamment dans la défense poste bas où Beaubois reste léger. Chez Roddy, cette interrogation s’ajoute à son inconsistance. Parfois irrésistible (cinq matches de suite entre 12 et 19 points entre le 10 et le 19 mars), il peut s’écrouler le jour suivant (6 pts à 3/12 contre les Lakers le 21 mars). « Il faut regarder ses performances dans la durée », prévient coach Carlisle. « Pour être juste, il faut étudier son jeu sur de longues périodes. Ce n’est pas très pertinent de placer le microscope sur telle ou telle performance. » Les playoffs vont pourtant agir comme une loupe, un révélateur, effaçant ou validant des progrès entrevus par la french connexion de Dallas. Evidemment, l’équipe ne repose pas entièrement sur eux, les playoffs 2011 ont montré que pour aller loin, les stars ont besoin de soutien. Et Mahinmi, en fin de contrat à la fin de la saison, et Beaubois, à qui il reste encore un an ferme et une année optionnelle, seront alors en première ligne. On va bientôt savoir s’ils ont vraiment grandi. l

Beaubois Points forts

• À l’Euro 2011, l’équipe de France manquait d’une rotation arrière capable d’apporter une menace offensive supplémentaire, ce dont Tchicamboud et Albicy n’étaient pas. Roddy est un scoreur redoutable en sortie de banc. • Sa vitesse, en relais ou associé avec Parker, permettra de maintenir le niveau d’intensité de l’équipe sur la longueur de la compétition. • Roddy est un shooteur de série. Sur un jour avec, il peut renverser un match à lui seul. • Son rôle serait similaire à celui qu’il tient à Dallas. Booster en sortie de banc. • Un peu comme Nando, il peut jouer associé à Parker et notamment le soulager de la montée de balle s’il le faut.

Points faibles

• Mark Cuban le laissera-t-il rejoindre la sélection cette fois ? • Aucune expérience avec l’équipe de France. • De Colo tient déjà le rôle du combo guard. Et il est indiscutable. Donc si Vincent Collet prend en plus Beaubois, faut-il le comptabiliser comme un meneur ou comme un extérieur ? Autrement dit, faut-il prendre Parker, De Colo, Beaubois et un autre meneur ? Ou ces trois-là et quatre ailiers ?

Avec qui est-il en concurrence ?

• Par rapport à l’équipe de l’Euro 2011, les places de Tchicamboud, Albicy et sans doute Kahudi sont remises en jeu. Sauf si Gelabale n’avait toujours pas récupéré une forme olympique, il est difficile de ne pas l’imaginer à Londres. Beaubois se positionne clairement sur les plates-bandes des deux premiers. Yannick Bokolo possède également un dossier solide dans un registre plus défenseur et plus expérimenté. Enfin, un retour possible de Mike Piétrus à l’arrière peut également bousculer le wagon. Malgré tout, sauf souci de santé, Beaubois a de très fortes chances d’être du voyage.

Mahinmi Points forts

• Avec TP ça discute J.O. De Londres ?.

• Sa taille, sa mobilité, sa défense, son énergie. • Un état d’esprit positif. • Le rôle qu’on lui demanderait en Bleu serait exactement le même qu’aux Mavs. • Il n’a jamais engrangé autant de minutes que cette saison, au sein d’une équipe NBA qui joue un basket intelligent et structuré.

Points faibles

• Son passage en équipe de France au Mondial 2010 n’a pas totalement convaincu. Intéressant en début de compétition, il a ensuite disparu. • Fait beaucoup de fautes. • A besoin d’être mis en position pour exister en attaque. • Peut difficilement être décalé en 4. • Pas un grand passeur.

Danny Bollinger/NBAE via Getty Images

Avec qui est-il en concurrence ?

• Au-delà de tout ce qu’on peut dire sur lui, la question cruciale est celle de la concurrence. Mahinmi a évidemment progressé. Son profil est intéressant mais le choix dont va disposer Vincent Collet, sauf blessure, est plus large que jamais au poste de pivot. Et là, Mahinmi est un Noah en moins bien. Le pivot titulaire des Bulls, grand, mobile et défenseur évolue sur le même registre que le remplaçant des Mavs. Et derrière Noah, il est logique que le sélectionneur cherche des joueurs complémentaires avec sa poutre centrale. Ali Traoré et ses fabuleuses capacités d’attaquant en sortie de banc semble indiscutable également tant son apport a été précieux à l’Euro 2011. Enfin, pour le dernier siège, Kévin Séraphin, par la qualité de son Euro 2011 et sa fin de saison tonitruante à Washington marque des points. Notamment par son physique de déménageur et ses qualités d’attaquants. Ronny Turiaf, par son vécu, son expérience et l’influence positive sur un groupe que ses coéquipiers mettent en avant, possède lui aussi des arguments qui font défaut à Ian. Maintenant, si Noah venait à être forfait, il se pourrait que la hiérarchie des pivots soit bousculée. Car si Mahinmi est probablement le 5e pivot dans la tête du sélectionneur, il n’en reste pas moins le numéro 2 derrière Noah dans le profil « grand, mobile, défenseur ».

JF Molliere FFBB par Agenzia Ciamillo-Castoria

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maxi-basket

• 8 mai 2011, au Palau San Jordi de Barcelone, finale de l’Euroleague. Mike Batiste, le pivot américain du Panathinaikos, monte sur les intérieurs du Maccabi Tel-Aviv pour marquer deux de ses 18 points. Les Grecs, pourtant moins attendus qu’auparavant, avaient enlevé leur sixième trophée en quinze ans (78-70) et vont tenter de remettre ça à Istanbul.


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FINAL FOUR EUROLEAGUE

QUATRE HOMMES, QUATRE CLEFS

J.F. Mollière/ Agence Ciamillo-Castoria/C.De Massis

Seffi Magriso/EB

via Getty Images

Alexey Shved, CSKA Moscou, la jeune classe racée et créative du basket russe. Marcelinho Huertas, FC Barcelone, la grinta et l’audace du baloncesto sud-américain. Mike Batiste, Panathinaikos Athènes, la force et l’impact terrible d’un pivot américain au « QI basket » très européen. Vassilis Spanoulis, Olympiakos Le Pirée, le coup d’œil, le coup de sang et les coups d’éclat du clutch player grec par excellence. Ces quatre-là, chacun à leur manière, seront incontournables pour leur équipe au Final Four d’Istanbul, les 11 et 13 mai. Découverte ou redécouverte.


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maxi-basket

Alexey

Shved

L’ÉTINCELLE Sur la lancée de son excellent Euro 2011 avec l’équipe nationale russe, Alexey Shved (1,95 m, 22 ans) s’est imposé comme l’une des révélations de l’Euroleague. L’ascension est logique : ce garçon possède un talent fou.

Par Antoine LESSARD

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B via Getty Ima

Mikhail Serbin/E

B via Getty Ima Salih Zeki Sayar/E

Hervé Bellenger/IS

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epuis 2006, son talent est connu de tous les compétitif de nos jeunes à l’entraînement. S’il continue à spécialistes. Cette année-là, la pépite du CSKA travailler, son moment va venir », révéla Messina en 2008, avait démontré toute sa classe à l’occasion du l’année du second titre européen – mais Shved manquait tournoi Junior disputé en marge du Final Four à Prague, désespérément de temps de jeu. Son moment ne vint que et confirmé quelques mois plus tard à l’Euro U18. Grand, deux ans plus tard (2009-10), lorsqu’il fut prêté au Dynamo rapide, athlétique, excellent manieur de ballon, créateur, Moscou après le départ de Messina au Real Madrid. Chez slasheur, ce modèle rarissime en Europe était alors le voisin, il rentabilisa son temps de jeu, inédit, en Eurocup considéré comme le meilleur potentiel NBA européen au (11,0 pts et 5,3 rbds en 26’) et en Superleague (10,2 pts et poste de meneur. La seule question était de savoir quand 2,6 pds en 20’). Prit une nouvelle dimension. Et valida ses ce jeune homme filiforme à la moustache pré-pubère allait progrès pour son retour au CSKA en 2010-11. se bâtir un corps capable de tenir le choc chez les seniors. Ce bémol explique pourquoi l’explosion fut plus longue Meneur titulaire de la Russie que prévue à se dessiner. Si Shved a explosé cette saison en Euroleague (10,7 pts, Shved cumulait un deuxième handicap. Celui d’évoluer au 2,5 rbds, 3,2 pds en 22’), il le doit à deux autres sommités sein de la meilleure équipe d’Europe. Le CSKA Moscou du coaching européen. David Blatt, d’abord, qui lui a et ses deux titres de champion d’Europe, ses 8 Final Four donné un rôle majeur en équipe nationale russe pour ce consécutifs entre 2003 et 2010. Le jeune Alexey était à qui fut sa première compétition senior, l’an passé à l’Euro. bonne école avec Ettore Messina. Il avait aussi la chance La Russie se cherchait un successeur à J.R. Holden. Elle de côtoyer quelques-uns des meilleurs arrières d’Europe : l’a trouvé avec cet avaleur d’espace, capable de créer Theo Papaloukas, Trajan Langdon, Nikos Zisis, Zoran pour lui ou pour les autres, de déposer son adversaire Planinic. La formation et l’opposition rêvées pour tout jeune en un-contre-un, de s’envoler très au-dessus au cercle. joueur. Son talent ne faisait aucun doute - « Il est le plus Et doté, qui plus est, d’un bon tir extérieur. Son registre n’est pas sans rappeler celui de Zoran Planinic dans ses jeunes années. Un joueur terriblement excitant à regarder, et plus près du texte qu’il n’y paraît. Revers de son talent, Shved avait tendance à trop dribbler, à surjouer dans ses jeunes années. Le cheval sauvage s’est assagi. En quart de finale de l’Euro, face à la Serbie, Shved ne s’est pas distingué par ses exploits personnels mais par sa maîtrise du tempo, sa bonne lecture et sa solidité dans les moments clés du match. Il a terminé la compétition 4e scoreur et deuxième passeur des Russes, médaillés de bronze. Au CSKA cette saison, Teodosic oblige, Jonas Kazlauskas utilise quasi exclusivement Shved au poste d’arrière. Le Russe figure parmi les meilleurs sixièmes hommes de l’Euroleague et s’impose comme l’un des meilleurs shooteurs de la compétition (32/64 à 3-pts soit 50,0%). Le basket de transition prôné par Kazlauskas (vainqueur de l’Euroleague en 1999 avec le Zalgiris Kaunas) convient parfaitement à Shved, diabolique lorsqu’il est lancé, et à l’armada russe, meilleure attaque de l’Euroleague et battue seulement deux fois en vingt matches cette saison. De là à faire des Moscovites les favoris de cette édition ? Le CSKA devra d’abord passer sur le corps du Pana de Zeljko Obradovic, son bourreau lors des deux dernières confrontations en Final Four en 2007 et 2009. Le jeune Alexey avait observé ces matches depuis le banc du CSKA. Cette fois, il en sera un des acteurs majeurs. l


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LE CHIFFRE

4e

• Avec une moyenne de 11,2 en 22’, Alexey Shved est le quatrième joueur du CSKA au ranking en Euroleague derrière Andrei Kirilenko (24,1 en 29’), Nenad Krstic (19,6 en 24’) et Milos Teodosic (11,7 en 26’). Il devance deux autres stars européennes, Viktor Khryapa (10,6 en 22’) et Ramunas Siskauskas (6,6 en 23’).

« Un joueur terriblement excitant à regarder »

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Mike

Batiste

LA FORCE

TRANQUILLE Né en Californie, formé dans l’Arizona, éphémère à Memphis en NBA, débutant en Belgique, en apprentissage en Italie, le pivot américain (2,04 m, 34 ans) avait tout du bourlingueur. Il est pourtant posé depuis 2003 au Panathinaikos, avec qui il a remporté trois Euroleague et une liste de trophées nationaux sans fin. Un monstre de régularité, décisif, impliqué.

Par Fabien FRICONNET

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Panagiotis Mos

Panagiotis Mos

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O

n peut être plus fidèle que lui. Mais c’est 2002-03, dans un rôle de rotation intérieure (2,6 points difficile. On peut avoir plus de succès que lui. et 3,4 rebonds en 17’), guère en lumière, sauf parfois (18 Mais c’est difficile. Mike Batiste est d’un genre points, 6 rebonds et 2 interceptions contre les Spurs, par à part. D’une part parce qu’il y gagne bien sa vie, d’autre exemple). Pas la joie ultime. part parce qu’il y soulève des Batiste n’insiste pas et signe, à l’été 2003, un bail à vie au trophées tous les ans et que Pana. « Si vous regardez un peu les joueurs exceptionnels ça un sens pour lui, et enfin qu’il y a dans l’équipe et les gens en général en Grèce, ça parce qu’il s’y sent bien, le vous donne envie de rester », disait-il à Romain Brunet. Californien s’est établi pour « La Grèce, c’est un peu comme une deuxième patrie pour de bon au Panathinaikos. moi. Il y a plein de similarités avec la Californie, les gens Neuf saisons. Considérable. sont super sympas avec moi et ma femme, et quand ma « Je n’avais jamais imaginé famille me rend visite, il y a toujours plein de choses à que je resterais aussi faire pour eux. C’est vraiment un pays extraordinaire. » longtemps dans une équipe, surtout en voyant que mes Monsieur Final Four compatriotes changeaient Petit à petit, Batiste apprend à devenir l’homme du tout le temps d’équipes et coach, même si les frictions n’ont pas manqué au début allaient de pays en pays. avec Zeljko Obradovic. « J’essaie d’être un leader par Donc je m’estime vraiment l’exemple. Ça veut dire travailler dur. Quand le coach te chanceux d’avoir pu rester reproche des choses, il ne faut pas le prendre pour toi. dans le même club aussi Quand j’étais jeune, il était tout le temps sur mon dos, longtemps », expliquait-il à et des fois je le prenais contre moi, mais les vétérans Romain Brunet, notre estimé de l’équipe arrondissaient les angles, comme Ariel confrère dont le blog « Au McDonald, ils me calmaient et essayaient de me montrer rebond », publié sur le site du où était l’important, où le coach voulait en venir. Et Monde, est un indispensable désormais, c’est ce que je fais, à mon tour. » rendez-vous. Cette saison, plus encore que les autres, Batiste agit comme Ce pivot court en taille un patron. Il observe, il dialogue, il recadre. Et il impacte. Pas pour vraiment séduire la nécessairement inclus dans le cinq majeur, et préservé par NBA a fait ses classes à Obradovic qui l’utilise par séquences et dans les moments Arizona State, bonne fac, clés (26 minutes), il ne force pas (il affiche d’ailleurs ses bon programme, et y a plus basses statistiques : 10 points à 50% et 5 rebonds) produit des chiffres tout à mais apporte son coffre, sa hargne, sa science du rebond fait estimables (16,7 points, offensif, ses placements défensifs, son expérience, sa ruse 6,9 rebonds et 2,4 passes en et, bien entendu, son riche bagage en attaque. Cette année senior, en 1999), insuffisants encore, il est sélectionné dans les dix meilleurs joueurs de toutefois pour être drafté, l’Euroleague, qui composeront les deux « cinq idéals ». mais assez pour penser à Avec lui, c’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf. une carrière en Europe. Les Règne-t-il parce que l’équipe est bonne ou bien l’équipe débuts se font à Charleroi, est-elle bonne parce qu’il règne ? Les résultats, eux, ne où le natif de Long Beach laissent place à aucune interprétation. En huit saisons se joue de l’opposition sans révolues avec le Pana, Batiste a gagné le titre de difficulté (24 points et 12 champion de Grèce… huit fois ! Et puis, évidemment, rebonds de moyenne). Un il y a les trois Euroleague (2007, 09 et 11). Et six Coupes crochet à Biella en 2001- de Grèce, pour la bonne bouche. Inutile de préciser 02. Puis une chance en que Batiste est l’homme des gros matches. Dans ces NBA. Les Memphis Grizzlies occasions, il ne déçoit jamais coach Obradovic. Le CSKA l’accueillent pour la saison est prévenu. l


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« Quand le coach te reproche des choses, il ne faut pas le prendre pour toi. »

LE CHIFFRE

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• L’évaluation moyenne de Batiste lors des matches de Final Four (2005, 07, 09 et 11). En huit matches, l’Américain tourne en effet à 14,5 points à 66,1%, 7,0 rebonds, 1,1 interception et 18,1 d’évaluation en 26 minutes. Avec par exemple 18 points à 7/10 et 6 rebonds en finale, l’an dernier, contre le Maccabi.

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GARE À

Vassilis

Spanoulis

KILL BILL !

Pas le joueur le plus gracieux d’Europe. Mais quel diable ! Spanoulis (29 ans) vient de livrer une saison de très haute volée (16,5 points et 3,9 passes) et a porté les Reds vers un inespéré Final Four, en étant, comme toujours, décisif. Le Grec sera l’ennemi public numéro 1 du Barça.

Par Fabien FRICONNET

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Salih Zeki Sayar/E

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«

C’est une victoire énorme. Peu de gens croyaient Olympiakos était en effet bien mal embarqué dans le Top 16 en nous, peu de gens croyaient même qu’on allait (0-2) lorsque celui que l’on surnomme « Kill Bill » en Grèce faire les playoffs. Nous avons donné le meilleur de en a mis un coup et a été élu MVP du mois de février, autant nous-mêmes durant la saison et ça a fini par payer au bout. pour les résultats de son équipe et ses actions décisives que Je suis très fier de faire partie de cette équipe. » Vassilis pour ses statistiques pures (14,5 points à 45,5%, 3,3 passes Spanoulis n’est généralement pas le meilleur client pour et 2,0 interceptions). une interview mais ce 30 mars, il est plutôt éloquent en Celui qui est nominé dans les dix stars de la saison amenées conférence de presse. L’Olympiakos est venu à bout, pour à composer les deux « All-Euroleague teams » avait été la troisième fois en neuf jours, de la Montepaschi Siena, beaucoup plus flamboyant avant cette bonne passe collective au Palais des Sports de la Paix et de l’Amitié au Pirée (76- de février : 29 points et 6 passes contre Bilbao, 22 points et 7 69), et enlevé sa qualification pour le Final Four d’Istanbul. passes contre le Fener, 26 points et 6 passes contre Nancy, 40 La chose n’est pas une surprise insensée mais, tout de points et 12 passes en deux matches contre Vitoria, 44 points même, les Reds avaient navigué sous le radar toute et 11 passes en deux matches contre Galatasaray au Top 16, la saison et paraissaient moins bien armés que les etc. Puis, contre Sienne en quart de finale, dans la revanche années précédentes. À leur place, on eût plutôt vu de la série de l’année dernière, qui avait vu la Montepaschi la Montepaschi, un club turc ou le Real. Ils n’avaient sortir les Grecs qui disposaient pourtant de l’avantage du d’ailleurs pas l’avantage du terrain en quart de finale terrain, Spanoulis a été sobre, forçant la décision au match 1 pour reprendre les commandes (15 points) puis bouclant contre le redoutable champion d’Italie. Ce qui était plus attendu, en revanche, c’est la démonstration l’affaire au match 4 (19 points). de sang-froid et de doigté de Spanoulis quand sont venus les gros matches. Après une saison régulière sans relief (6-4), Vraiment clutch Et tout cela dans son style non orthodoxe, entre meneur scoreur et deuxième arrière aspirateur à ballons. Le type d’individu qui n’a pas fait rêver les Houston Rockets, où il a passé une saison compliquée, en 2006-07. Sur le banc. Il avait été malheureux. Sur le terrain (2,7 points à 31,9% en 9 minutes, sur 31 matches) et en dehors si l’on se fie au spleen qu’il avait exprimé au bout de cette année funeste dans le Houston Chronicle, afin de décider les Rockets à le laisser partir. « Vous vous attendez à des choses en signant votre contrat, vous allez là-bas, quelque chose se passe et vous devez changer de décision. Quand vous être loin de chez vous, la culture et la vie sont différentes, c’est difficile. Je veux revenir dans mon pays. » Cette année, intronisé patron de l’équipe par Dusan Ivkovic, Spanoulis est dans son bain. Le Barça, qui affronte Olympiakos en demi-finale, sait bien que l’une des forces des Grecs est la multiplicité des armes, malgré le côté moins glamour de l’effectif, mais Xavi Pascual sait aussi que neutraliser « Kill Bill », c’est mettre les Reds face à une difficulté quasi insoluble. À tout le moins à ce niveau d’enjeu. Pascual va sans doute imaginer un dispositif particulier pour priver Spanoulis de ses zones de confort, notamment en l’éloignant du ballon. Le coach du Barça peut essayer un relais de Victor Sada, Marcelinho Huertas et même Chuck Eidson. Malgré tout, la donnée à prendre en compte avec « Kill Bill », c’est sa capacité, même après 35 minutes laborieuses, voire catastrophiques, à retourner le match à lui tout seul. De coller deux gros paniers dans les dernières secondes. C’est son métier. l Panagiotis Mos

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LE CHIFFRE

1

• Vassilis Spanoulis n’a disputé qu’un seul Final Four d’Euroleague, en 2009. Mais il l’a gagné. Et a été élu MVP. À Berlin, le Panathinaikos avait battu Olympiakos puis le CSKA, à chaque fois de deux points, et « Kill Bill » avait été décisif, compilant, en 59 minutes : 31 points à 50% de réussite.

Sa capacité, même après 35 minutes laborieuses à retourner le match à lui tout seul.


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LA GRINTA

Marcelinho

Huertas

ET L’EFFICACITÉ Le successeur de Ricky Rubio au Barça a fait évoluer son jeu depuis son arrivée en Catalogne. Il s’apprête à disputer le premier Final Four de sa carrière.

Par Antoine LESSARD

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s/EB via Getty

Jose Luis Surralle

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I

ls ont su y mettre le prix. En juin dernier, lorsque Ricky son élimination en quart face au Pana. Rubio a pris la décision de partir en NBA, les dirigeants Marcelinho a modifié son jeu au Barça. Un peu moins du Barça ont très vite arrêté leur choix sur le nom de de tours de passe-passe, de prises de risques. Moins de son remplaçant. Élu conjointement par les coaches, les minutes, surtout, qu’à Vitoria ou en sélection brésilienne. médias, les joueurs et le public dans l’équipe type de la L’effectif du Barça est pléthorique et Huertas doit saison 2010-11 – comme en 2008 sous les couleurs de partager le poste avec Victor Sada. Mais plus de rigueur, Bilbao – Marcelo Tieppo Huertas avait le bon profil, le d’efficacité, de maitrise du tempo. « Quand on joue pour bon pedigree aussi, pour rejoindre la vénérable maison une équipe comme le Barça, il faut laisser de côté ce que catalane. Au palmarès du monsieur, un titre de champion vous faisiez auparavant », justifie-t-il. Le style du Barça d’Espagne en 2010 avec le Caja Laboral Vitoria. Face au est moins flamboyant que ces dernières années. Si elle Barça. Et l’expérience indispensable au plus haut niveau continue à défendre le plomb, l’équipe peine à trouver européen. 56 matches la même fluidité et la même agressivité en attaque. Les d’Euroleague au résultats sont là – quoi que le Barça a perdu à domicile compteur. Compétition en finale de la Copa del Rey face au Real – pas forcément découverte sous les la manière. Ceci à tendance à agacer quelques-uns de couleurs des voisins ses socios. « Les chiffres, les pourcentages, ne sont pas de Badalone en 2006- ceux que les gens attendent, mais Victor (Sada) et moi faisons du bon boulot et l’équipe se comporte bien. » 07. Dans les rangs de la Joventut, ce meneur Ascension continue plus scoreur que Huertas en a fait du chemin depuis son départ du Brésil en distributeur oeuvrait 2004. Marcelinho se décrivait alors comme un meneur de à cette époque jeu rapide, doté d’une bonne vision du jeu, bon shooteur derrière l’Américain à 3-pts, et avançait comme autre point fort sa capacité à Elmer Bennett et un driver vers le cercle. Steve Nash était un de ses modèles. gamin fabuleux de 16 Il poussait le vice jusqu’à imiter le double MVP NBA en ans, Ricky Rubio. Les défense. « Je ne défends pas très bien, c’est mon point Blaugranas avaient faible », confiait-il alors à Jorge Sierra sur hoopshype. donc quelques com. Cette lacune, pas totalement corrigée depuis, brisa certitudes quant à l’époque ses rêves de NBA. aux qualités de leur Non drafté, ses rêves se reportèrent logiquement vers recrue. Pour le libérer l’Europe. Précisément vers le Barça. « Mon désir a de sa dernière année toujours été de porter ce maillot », confiait-il récemment. de contrat, ils ont Il lui aura fallu 7 années d’une ascension quasi-continue versé au Caja Laboral pour le réaliser. Six en Espagne entrecoupées d’un Vitoria une indemnité crochet d’une saison à la Fortitudo Bologne en 2008de 2,1 millions 09. Un accident de parcours. À l’époque, un conflit d’euros et offert au contractuel entre ses deux anciens clubs, Badalone et Brésilien un contrat Bilbao, l’avait poussé hors d’Espagne. Cette expérience de 4 ans estimé à difficile fut marquée par la relégation de la Fortitudo en 7 millions d’euros. Lega Due. Un investissement Trois ans plus tard, après avoir buté par deux fois en conséquent, mais quart de finale de l’Euroleague avec Vitoria (1-3 contre pas loin d’être déjà le CSKA en 2010, 1-3 contre le Maccabi en 2011), rentabilisé. En plus Marcelinho va jouer son premier Final Four. Sur la de dominer la Liga route du Barça, l’Olympiakos. « Une équipe qui révèle Endesa, le Barça a des joueurs », souligne-t-il en citant les Hines, Law, retrouvé le chemin Printezis, Dorsey. Autant de soldats devenus des pions du Final Four deux majeurs chez les Reds. Supérieurs en talent pur, Huertas ans après son sacre à et les Barcelonnais devront se mettre au même niveau Bercy et un an après d’intensité pour passer l’obstacle. l


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LE CHIFFRE

+12,8

• Le site in-the-game.org rassemble des statistiques très complètes sur l’Euroleague, et introuvables par ailleurs, telle la statistique « +/- », c’est-àdire le différentiel au scoring lorsqu’un joueur est sur le terrain. Une autre façon, objective, de mesurer l’importance d’un joueur quant à la bonne marche de son équipe. Avec +12,8, Marcelinho Huertas est tout bonnement le meilleur joueur de l’Euroleague dans cette catégorie ! Devant Andrei Kirilenko (+11,3) s’il vous plait, et son coéquipier Erazem Lorbek (+10,6).

Sept années avant de réaliser son rêve.


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LES GRANDS CLUBS EUROPÉENS

LÉGENDE JAUNIE 1995 : L’EUROLEAGUE #8

LA DER, ÇA DATE

NOTRE HALL OF FAME Premier cinq Sasha Djordjevic

1999 à 2002

Alberto Herreros

1996 à 2005

Drazen Petrovic

1988-89

Dejan Bodiroga

1996 à 1998

Arvydas Sabonis

1992 à 1995

Deuxième cinq Juan Antonio Corbalan

1961 à 1988

Emiliano Rodriguez

1959 à 1973

Wayne Bradender

1967 à 1983

Clifford Luyk

1961 à 1978

Felipe Reyes

2004 à …

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L

e Real a beau être le recordman au palmarès de l’Euroleague, avec huit succès, devant le Panathinaikos Athènes et le CSKA Moscou (6), son dernier trophée commence à dangereusement dater. Une situation inédite pour la « Maison Blanche ». Le titre de 1995 n’était, de surcroît, pas le plus attendu. Le Real paraissait par exemple beaucoup plus dominateur en 1992-93, lorsqu’il avait survolé la phase régulière (12-2), puis pulvérisé la Virtus Bologne en quart de finale (deux fois 20 points), avant de butter inexplicablement en demi-finale sur Limoges. Ce trophée de 1995 n’a toutefois plus rien pour étonner si l’on réalise que Zeljko Obradovic était le coach et Arvydas Sabonis la star et plaque tournante du jeu. Juste arrivé en Castille, le jeune Obradovic, déjà lesté de deux Euroleague (Partizan 92 et Badalone 94), ne se laisse pas impressionner (on s’en doutait) et façonne le Real à son image et à celui du basket européen d’alors : impact physique « limite », contrôle absolu du tempo, défense à la mort, hiérarchie de fer. Deux intérieurs stars, Sabonis et le très prolifique ailier-fort américain Joe Arlaukas, le meneur Jose Miguel Antunez pour distribuer la gonfle, et une armée de (solides, voire talentueux) tâcherons, les Santos, Garcia Coll, Lasa, Martin et autre Cargol, ce dernier étant une sorte de leader offensif virtuel parmi les joueurs extérieurs. Cette escouade s’en sort bien en saison (9-5), élimine plutôt difficilement le Cibona Zagreb en quart de finale puis retrouve, au Final Four de Saragosse, son bourreau de 1993, Limoges. La chose est vite réglée (62-49) : le CSP est étouffé, ses shooteurs muselés (Dacoury 1/5, Forte 1/9, Michael Young 2/11), notamment Young, torturé au-delà du raisonnable par Ismaël Santos. En finale, les Reds d’Olympiakos, déjà finalistes malheureux la saison d’avant. Le tarif est le même (73-61). Les Grecs ne peuvent pas jouer, leurs pivots (3/14 pour la paire Fassoulas-Tarlac) vivent l’enfer contre Sabonis (23 points et 7 rebonds) et le super pointeur américain, Eddie Johnson, ancien joueur référencé en NBA, est pareillement écoeuré (3/14 aux tirs, 5 balles perdues). La finale se termine par un chant du public appelant Sabonis à rester au Real. Peine perdue, le géant lituanien s’en ira à Portland. l

MIROTIC, STAR BLANCA

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n comprend que l’Espagne fasse le forcing auprès des instances internationales pour avoir le droit d’aligner deux naturalisés en équipe nationale, car en plus du Congolais d’origine Serge Ibaka, les double champions d’Europe en titre rêvent de lancer le Monténégrin d’origine Nikola Mirotic, une perle nichée au Real Madrid. Jeune (21 ans depuis février), grand (2,08 m), doté d’un toucher et d’un shoot, à toutes les distances, exceptionnels, capable de poser la balle au sol, d’enchaîner des mouvements, de mettre des tirs sous pression, le natif de Podgorica a toutes les qualités d’un… Nowitzki. Passé par les sections jeunes du Real, mais naturalisé seulement en 2010, il s’est fait remarquer en Euroleague 2010-11, pour ses vrais débuts avec l’équipe pro, avant de démontrer, à l’Euro U20 2011, remporté par l’Espagne, qu’il n’avait rien à faire avec les « jeunes ». Champion, MVP, des stats moyennes gargantuesques (27 points à 59% et 10 rebonds de moyenne) agrémentées de sorties faramineuses : 32 points et 10 rebonds contre la Grèce, 41 points et 14 rebonds contre l’Ukraine, 37 points et 8 rebonds en demi contre la Russie et 29 points et 11 rebonds en finale contre l’Italie. N’en jetez plus. En Euroleague, dont il a été élu meilleur espoir aussi bien en 2011 qu’en 2012, il a explosé cette saison (12,5 points à 52,5% et 4,5 rebonds en 23 minutes), à tel point que ses deux cartons enchaînés au mois de décembre (26 points et 8 rebonds contre le Maccabi puis 21 points et 8 rebonds contre le Partizan) lui ont valu le titre de MVP du mois. Drafté 23e en 2011 par Houston qui a transféré ses droits à Chicago, l’Espagnol franchira sans problème le pas. Pour s’y imposer. En attendant, le Real aimerait gagner un titre de champion avec lui. l

LA SALLE : LE PALACIO DEPORTES • À l’instar de la plupart des capitales, Madrid possède deux enceintes de standing « arena ». L’une, la « Madrid Arena », récente, 10.500 places, accueille l’Estudiantes Madrid, l’autre, le Palacio de Deportes, est l’antre du Real. Le « Palacio de Deportes de la Comunidad de Madrid », de son nom complet, est une « vieille salle », puisqu’elle a été construite en 1960, mais elle a été rénovée en deux occasions, en 2002 et 2005, et affiche désormais un confort et des possibilités dignes d’un club comme le Real. Pouvant monter à 15.500 places en configuration basket, le Palacio a déjà accueilli beaucoup d’événements sportifs, on s’en doute, notamment la phase finale de l’Euro 2007 et, longtemps avant, le championnat du Monde 1986. l

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Par Fabien FRICONNET

ÉPISODE 6

PEDRO FERRANDIZ

CETTE SAISON

CETTE FOIS, LE TITRE EST JOUABLE

E

Laso, a battu le Barça en finale, et pas de peu (91-74) et ce… à Barcelone. En championnat, en dépit de leur succès lors du match aller contre Barcelone (eh oui, encore), 78 à 74, les Blancs, deuxièmes derrière le Barça, auront du mal à refaire leur retard, mais ils ont montré qu’ils feraient un champion crédible. Équipe structurée, profonde, à la « frontline » yougoslave (Begic, Tomic, Velickovic et Mirotic en plus de Felipe Reyes) et au jeu extérieur riche en shooteurs (Pocius et Carroll notamment), fouetté par

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L’HISTORIQUE

REal MADRID

n basket, il y va un peu comme en football : le Barça règne, le Real court derrière, jamais trop loin mais derrière, mais les choses s’équilibrent cette année. Elle s’équilibrent parce qu’après quatre saisons de disette (derniers titres, ULEB Cup et Liga, en 2007), le Real a enfin soulevé un trophée, la Copa del Rey 2012. L’équipe du nouveau coach, Pablo

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le formidable Sergio Llull, le Real a pourtant joué de malchance en Euroleague et n’a pas accédé aux quarts de finale… alors que le Barça est au Final Four. Dominateurs lors de la première phase (8-2), les Castillans ont ensuite signé un bon Top 16 (4-2) mais se sont retrouvés à égalité avec Sienne et Bilbao et n’ont dû qu’à un point average déficitaire de passer à la trappe. l

S

ouvent oublié lorsque l’on évoque les meilleurs coaches de l’Histoire du basket européen, et que les noms de Maljkovic, Messina et Obradovic sont lancés, le vénérable M. Ferrandiz, 83 ans, n’en est pas moins une légende, qui a d’ailleurs été intronisée à la fois dans le Hall of Fame américain de Springfield et à la fois dans le Hall of Fame européen. M. Ferrandiz a opéré quinze saisons à la tête du Real, réparties entre 1959 et 1975, et a rempli l’armoire à trophées comme personne. Elle est pourtant bien garnie, cette armoire. Celui qui fut très brièvement coach de la sélection nationale (1964-65) a ainsi remporté 12 Ligas, 11 Copas et, bien évidemment, 4 Euroleague (1965, 1967, 1968 et 1974) ; d’abord avec la génération des Emiliano Rodriguez, Cliff Lyuk et Lolo Sainz, puis avec l’apport de Wayne Brabender (autre naturalisé célèbre du Real), Walter Szczerbiak (idem, père de l’ancien joueur NBA Wally) et Juan Antonio Corbalan. On notera que le Real a réalisé dans ces années-là, deux fois la « triple crown », la triple couronne LigaCopa-Euroleague (65 et 74). Avec quatre trophées d’Euroleague, M. Ferrandiz est loin de Zeljko Obradovic (8) mais il est à la seconde place en compagnie d’une petite élite : Boja Maljkovic, Ettore Messina et Aleksander Gomelsky. l

PALMARÈS • 8 Euroleague : 1964, 1965, 1967, 1968, 1974, 1978, 1980 et 1995 • 5 C2 : Coupe des Coupes (1984 et 1989), Coupe Saporta (1992), EuroCup (1997) et ULEB Cup (2007). • 1 Coupe Korac : 1988 • 30 titres de champions d’Espagne : 1957, 1958, 1960 à 66, 1968 à 77, 1979, 1980, 1982, 1984 à 86, 1993, 1994, 2000, 2005 et 2007. • 23 Coupes du Roi : 1951, 1952, 1956, 1957, 1960 à 62, 1965 à 67, 1970 à 75, 1977, 1985, 1986, 1989, 1993 et 2012

De gauche à droite : Ante Tomic, Novica Velickovic, Felipe Reyes, Mirza Begic et Nikola Mirotic Emilio Cobos/EB via Getty Images


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• Luol Deng reste fan d’Arsenal, une trace de son adolescence londonienne.


PORTRAIT • maxi-basket 39

LUOL DENG

L’AMBASSADEUR All-Star en NBA et adulé par tous les fans des Bulls, Luol Deng, peut-être plus que tout autre basketteur, attend les Jeux Olympiques de Londres avec impatience. Par Florent de LAMBERTERIE

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es apparences sont parfois trompeuses. Par exemple, si l’on vous demande qui était le meilleur marqueur de l’Euro 2011 ? Facile, il s’agit de Tony Parker, me direzvous. En fait, oui et non. Officiellement, le meneur des Bleus a bien terminé en tête du classement des top-scoreurs du dernier championnat d’Europe avec une moyenne de 22,1 points par match. Mais en fait, notre Tony national ne doit son statut qu’au fait d’avoir disputé plus de six matches en Lituanie, critère nécessaire pour être pris en compte dans les classements statistiques par la FIBA. En réalité, tous participants confondus, Parker ne pointe qu’à la deuxième place dudit classement. Le véritable meilleur marqueur du dernier Euro a inscrit 24,6 points par match. Il s’appelle Luol Deng. Éliminée au premier tour de la compétition, son équipe de Grande-Bretagne n’a pas vraiment flambé durant la compétition. Elle sort tout de même sous les honneurs grâce à deux victoires acquises face au Portugal et la Pologne. « Je me rappellerai toujours de cette victoire comme étant ma première à un Euro », se félicitait Deng après le match contre le Portugal, son meilleur statistiquement parlant (31 pts, 10 rbds, 4 pds). « Je pense que nous avons montré qu’un grand futur nous attendait. » Luol faisait bien entendu référence aux Jeux de Londres où, qualifiés en tant qu’organisateur, les Britanniques se présenteront avec de l’ambition. Une ambition symbolisée par Luol Deng, véritable figure de proue du basket grand-breton qu’il a remis sur la scène internationale à lui tout seul, ou presque. Sa présence sous le Union Jack doit pourtant tout au hasard.

En Égypte avec Manute Bol Repères • Né le 16 avril 1985 à Wau (République du Soudan) • Taille : 2,06 m • Poste : Ailier • Clubs : Blair Academy (High School, 1999-2003), Duke (NCAA, 2003-04), Chicago Bulls (NBA, depuis 2004) • Palmarès : All-Star 2012, élu dans la All-Rookie First Team en 2005, élu meilleur freshman NCAA en 2004, récipiendaire du Sportsmanship Awards en 2007 • Stats’12 : 15,5 pts à 41,3% (37,1% à 3-pts), 6,5 rbds, 2,9 pds en 40 minutes (53 matches)

L’histoire de Luol Deng débute en effet bien loin du RoyaumeUni ou de Chicago. À Wau, situé dans l’actuelle République du Soudan du Sud. C’est là que Luol voit le jour, au sein d’une famille issue de l’ethnie Dinka, connue pour être l’une des plus grosses pourvoyeuses de personnes de grande taille au monde. De son pays natal, Luol dit n’avoir gardé aucun souvenir, et pour cause. Bien avant la scission du pays en deux États indépendants, le Soudan fut, depuis le début des années 80, victime d’une guerre civile meurtrière entre le Nord, à dominance musulmane et le Sud, majoritairement peuplés de chrétiens animistes et dont la famille Deng

fait partie. Devant le danger, le père de Luol, ministre des transports d’alors, décide d’envoyer sa famille en Égypte pour fuir le conflit. C’est ainsi qu’à peine âgé de trois ans, Luol, sa mère ses trois frères et, ses cinq sœurs partent à Alexandrie où son père, resté à Khartoum, est censé les rejoindre. Il sera finalement mis en prison quelques mois plus tard suite au coup d’État du général Omar al-Bashir. Séparée et déracinée, la famille Deng survit tant bien que mal dans un appartement de trois pièces à Alexandrie. Les rares moments de distraction sont passés sur le terrain de basket poussiéreux où la fratrie se rend souvent. C’est là que Luol y fera ses premiers paniers, sous la houlette de ses deux frères ainés – Deng et Ajou – qui deviendront tous deux professionnels par la suite, de même qu’Arek, l’une des sœurs de Luol. En Égypte Deng et ses frères feront d’ailleurs la connaissance de Manute Bol – ancien géant de 2,32 m passé par la NBA et issu de l’ethnie Dinka lui-aussi – qui servira d’entraîneur. Les années passent et, alors qu’il a huit ans, le périple de Luol entame une nouvelle étape.

Arsenal, pseudonyme et LeBron James

« Je me souviens vaguement de ma mère nous disant qu’on partait vers l’Angleterre pour rejoindre mon père », confiait-il en 2005 au Guardian, peu après son arrivée en NBA. Après cinq ans de séparation, la famille Deng se réunit enfin à Londres, où son père s’est enfui et a demandé l’asile politique. Ils emménagent à South Norwood, dans le sud de la capitale anglaise. « On s’est tout de suite senti bien à Londres », explique-t-il. « Le seul problème c’est que je ne parlais pas anglais. » Le gamin va pourtant rapidement prendre ses marques dans son nouvel environnement. Comme tout jeune londonien, il se lance d’abord dans le football. Fan d’Arsenal – un poster de Ian Wright, l’exattaquant des Gunners orne les murs de sa chambre – Luol se concentre par la suite sur le basket au fur et à mesure que son corps grandit. Il rejoint l’équipe des Brixton Topcats où il commence à se faire remarquer sous le nom de « Michael Deng », le pseudonyme qu’il s’est choisi histoire de faire plus local. Un jour, lors d’un match, un scout américain le repère et lui propose une bourse pour rejoindre le lycée de Blair ›››

« Quand tu viens d’Angleterre, tu ne peux pas être au niveau des Américains, tu dois être meilleur qu’eux. »


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« Tout a commencé à Londres, je ne peux pas oublier ça. Ce pays nous a offert une nouvelle vie. »

Jonathan Daniel et Ronald Martinez/Getty Images

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• Il joue en NBA aux Chicago Bulls (ci-dessus), il représentera la Grande-Bretagne aux J.O. (page de droite), néanmoins il est fier de ses origines africaines (Soudan).

››› Academy, dans le New Jersey. Luol s’envole donc pour les États-Unis, à l’âge de 14 ans. « Au début, j’avais un peu le mal du pays mais j’étais déterminé à ne pas laisser passer ma chance. Pour cela, j’ai travaillé plus dur que n’importe qui. Quand tu viens d’Angleterre, tu ne peux pas être au niveau des Américains, tu dois être meilleur qu’eux. Je me levais à six heures du matin tous les jours pour aller m’entraîner avant les cours. » La stratégie s’avère payante. Luol carnage ses adversaires les uns après les autres et en 2003, il est élu deuxième meilleur lycéen du pays, juste derrière LeBron James. Si « l’élu » franchit le pas de la NBA dans la foulée, Luol ne s’estime pas encore prêt. Toutes les facs du pays se précipitent sur lui. Il choisira finalement Duke, où il ne fera qu’un an, le temps d’être nommé meilleur freshman (étudiant de première année) des États-Unis.

Chouchou d’Obama

Drafté en 7e position en 2004 par Phoenix, il est immédiatement envoyé à Chicago. « Là où Michal Jordan a joué », comme il le dit. Les Bulls sont alors loin des sommets mais Deng va immédiatement se distinguer. En dépit d’une blessure qui lui coûtera sa fin de saison, il termine sa rookie saison à 11,7 points, et prend place dans le meilleur cinq des rookies de l’année aux côtés de Dwight Howard, Andre Iguodala, Emeka Okafor et de son coéquipier d’alors, Ben Gordon. Ses qualités de slasheur, sa polyvalence et sa science du jeu sans ballon font merveille. Bien avant les arrivées de Joakim Noah et Derrick Rose, Deng incarne véritablement le renouveau des Bulls, et remporte tous les suffrages. Y compris ceux de Barack Obama, le président fan des Bulls qui invitera Deng à la Maison Blanche peu de

temps après son élection et qui avouera un jour que Luol Deng est son joueur préféré. Un bel hommage de la part du président des États-Unis mais qui ne fera pas perdre le sens des réalités au joueur. « Tout a commencé à Londres », poursuit-il. « Je ne peux pas oublier ça. Ce pays nous a offert une nouvelle vie. » Et Deng compte bien le lui rendre. Il en aura rapidement l’occasion.

« Faire grandir le basket au Royaume-Uni »

En 2005, lorsque Londres obtient l’organisation des Jeux Olympiques de 2012, la fédération de Grande-Bretagne voit le jour. Conduite par Chris Finch, la nouvelle entité souhaite mettre en place une équipe compétitive en vue des Jeux. Seul problème, l’ex-équipe d’Angleterre végète en deuxième division européenne et aucune star d’envergure ne la fréquente. Deng va servir de détonateur. En 2007, la GrandeBretagne s’extirpe de l’antichambre européenne. L’année d’après, là où les Français échouent lamentablement à se qualifier directement pour l’Euro 2009, les Britanniques terminent premier de leur groupe devant Israël, la Bosnie et la République Tchèque avec un Deng étincelant (24,2 pts). En raison d’une blessure, il ne pourra malheureusement pas prendre part à l’EuroBasket 2009 en Pologne et, sans lui, la Grande-Bretagne sombrera. Il lui faudra attendre l’été dernier pour enfin porter ses couleurs au plus haut niveau. En attendant de le faire aux Jeux. « J’aime le basket et je veux le voir grandir au Royaume-Uni », confiait Luol Deng à Loughborough, ville d’Angleterre où il tenait son camp annuel pour jeunes enfants l’an dernier. Pour l’heure, le basket britannique n’est pas encore le plus rayonnant du monde. Mais il s’est déjà trouvé un très bel ambassadeur. l


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AMBITIEUSE POUR LES J.O.

LA GRANDE-BRETAGNE • Depuis sa création, l’équipe britannique court après une chimère, celle de réussir, enfin, à réunir tous ses meilleurs talents au sein d’une même escouade. Après plusieurs ratés ces dernières années, c’est en passe de réussir puisque la fédération vient d’annoncer une présélection de 21 joueurs qui s’avère alléchante. Parmi ceux-ci, on trouve bien entendu Luol Deng mais aussi Joel Freeland (2,08 m, Malaga), Dan Clark (2,10 m, Estudiantes), Robert Archibald (2,12 m, Saragosse), l’ex-Villeurbannais Pops Mensah-Bonsu (2,06 m, Besiktas), Byron Mullens (2,13 m, Charlotte Bobcats) et surtout Ben Gordon, l’arrière des Detroit Pistons. Plusieurs fois pressenti pour défendre l’honneur de la Couronne, ce dernier semble cette fois décidé à venir en sélection, prestige olympique oblige. Sur le papier, la Grande-Bretagne dispose d’une bien belle équipe même s’il manque un vrai meneur de jeu d’envergure. Qu’à cela ne tienne, les Britanniques ne seront sans doute pas bons à prendre en juillet prochain.

F.d.L.

J.F. Mollière-Agenzia Ciamillo-Castoria/ElioCastoria

EN FORCE


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Joakim Noah

Flashback

Instantanés de Joakim Noah avant qu’il n’enfile le maillot rouge des Bulls et bleu de l’équipe de France.

• Il se dégage de Joakim l’extraverti une incroyable énergie.


Chris Graythen/Getty Images

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Jean-François Mollière

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• 11 ans

1/ Aux Jeux

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Olympiques d’Atlanta, avec papa et sa sœur Yelena, future mannequin, il a revêtu le maillot de la Dream Team et semble dubitatif sur son avenir de basketteur.

• 17 ans

2/ Qui a dit que Joakim ne connaît pas l’Euroleague ? Le voici à l’Astroballe presque incognito pour un match ASVEL-Ljubljana. 3/ Déjà dans les airs, mais sans le ballon, à la Lawrenceville School dans le New Jersey. 4/ Il affole déjà les filles du lycée.

• 18 ans

5/ À l’ABCD Camp, à la Fairleigh Dickinson University. Son arme préférée est déjà le dunk.

Pascal Allée/Hot Sports

• 19 ans

6/ Le 24 mars 2004 au United Center de Chicago pour le EA Sports Roundball. Avec cette façon si atypique de prendre le ballon pour un lancer.


Photos : D.R., Bill Denver., Gary Dineen/NBAE via Getty Images

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• 20 ans

1/ Sous le maillot des Gators de Miami il s’avère un fantastique gobeur de rebonds.

• 21 ans

2/ Premier titre avec Florida et cerise sur la gâteau, il est élu M.O.P. (Most Outstanding Player) du Final Four.

• 22 ans

3 et 4/ Double champion universitaire. Les félicitations attendries de maman Cecilia et de papa Yannick.

Andy Lyons, Win McNamee/Getty Images

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Chris Graythen/Getty Images

Chris Graythen/Getty Images

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• 22 ans

Jesse D. Garrabrant/NBAE via Getty Images

À New York, le 28 juin 2007, avec Corey Brewer, dans le bus qui l’emmène à la Draft et aux Chicago Bulls. Déconneur, tel qu’en lui-même…


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DAN S

IL LD’Œ ES

SCOUTS

LEPROCHAIN RUDY ? ALEX ABRINES, ALEJANDRO ABRINES REDONDO DE SON VRAI NOM, A CARTONNÉ AVEC LES U18 ESPAGNOLS L’ÉTÉ DERNIER ET CONFIRME CETTE SAISON SON POTENTIEL EN ACB. Par Claire PORCHER

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a génération espagnole, toujours. Alex Abrines (1,98 m) en est un des plus jeunes représentants. 19 ans en août. Quelques mois après avoir décroché l’or européen avec les U18, Abrines et devenu « le plus jeune joueur » en ACB. Un recordman de précocité. Pas un gage assuré de brillante carrière mais les signes ne trompent pas. Alex Abrines fait partie de la relève. Et pourtant. La pépite n’a été découverte que récemment. L’Euro 2011 était sa première compétition internationale. Étonnant pour un pays comme l’Espagne qui renifle habituellement les talents si facilement. Tout est allé très vite. Alex Abrines a quitté Palma de Majorque pour enrichir les rangs de Malaga en 2010. Il intègre à 17 ans l’équipe réserve, Clinicas Rincon, garnie de jeunes en devenir (LEB Oro). De là, il est attentivement observé par Luis Guil, alors coach de Murcia et sélectionneur des U18. « Il jouait très bien dans la deuxième division. Il a beaucoup de talents. Tout semble si simple et amusant pour lui. » Il rejoint ainsi l’équipe nationale des U18 pour l’Euro organisé en juillet 2011. « Il est très intelligent. C’est très facile pour lui d’être avec nous », expliquait alors son coéquipier, Jaime Fernandez. Pour sa première, Abrines offre une énième médaille à son pays et décroche le titre de MVP. Le lendemain, il fêtait ses 18 printemps.

est comparable. Mais je dois encore travailler très dur pour arriver là où il est aujourd’hui. J’espère que j’y arriverai, que je jouerai un jour en NBA et en équipe nationale. » Si Abrines a trouvé son modèle, né aussi à Palma de Majorque, il sait aussi de qui tenir. Son père, Gabriel Abrines, est un ancien joueur professionnel qui a évolué en ACB. De son propre aveu, Abrines doit encore travailler son jeu sur pick and roll et sa tenue de balle, mais c’est déjà un brillant all-around player, explosif et rapide avec un vrai sens du jeu. Il a petit à petit intégré l’Unicaja (actuel 11e), gagnant de plus en plus de temps de jeu. En jouant 27 minutes au mois de mars contre Saragosse puis 35 contre l’Estudiantes, il a rejoint le cercle privé des plus prometteurs jeunes joueurs de la ligue. Sur les 18 dernières saisons, seuls deux joueurs ont eu autant de temps de jeu sur une rencontre ACB : Rudy Fernandez et Ricky Rubio.

Mariano Pozo/EB via Getty Images

Un vrai phénomène de précocité

Un été 2011 exceptionnel Repères • Né le 01 août 1993 à Palma de Majorque • Espagnol • Taille : 1,96 m • Poste : Arrière • Clubs : La Salle Palma Junior (2009-10), Clinicas Rincon (LEB Oro, 2010-11), Malaga (2011-12) • Palmarès : 1er à l’Euro U18 2011, MVP • Stats en Espagne’12 : 4,7 points à 42,3%, 1,4 rebond et 0,3 passe en 14 minutes

Sobre, hyperactif et efficace, l’arrière a terminé l’Euro avec 13,1 points (50,7%), 4,8 rebonds, 1,3 passe, 1,8 interception et 1,1 contre. Ses coéquipiers seront les premiers à le complimenter. « Il est incroyable comme personne et comme joueur. C’est incroyable de jouer avec lui, si facile », expliquait Alejandro Suarez. Pour Suarez comme pour tous, une comparaison s’impose : « C’est Rudy Fernandez. Je ne sais pas à quel point il peut être bon, mais il peut dunker, shooter, il est incroyable. » Évidemment, réaliser la même carrière que le joueur de Denver serait une vraie bonne nouvelle pour le prospect. En attendant, Alex Abrines a eu le droit à un avantgoût du plus haut niveau, sélectionné pour l’Euro lituanien 2011… pour participer au All-Star Game des U18. Un été exceptionnel. Et quand un journaliste demande à Abrines ce qu’il pense de la comparaison avec Fernandez : « C’est un grand honneur ! Rudy est un joueur génial et notre style de jeu

31 points contre l’Estudiantes En 35 minutes, il a battu le record de points d’un joueur espagnol cette saison avec 31 unités (5e meilleure marque de la saison), 46% de son équipe ! Devançant les 28 points de… Rudy Fernandez. À 18 ans, il est aussi devenu le plus jeune joueur de l’ACB à autant scorer dans un match, dépassant Ricky Rubio et ses 25 points au même âge. Alex Abrines est donc un phénomène de précocité. Une progression exceptionnelle pour celui qui a joué sa première minute en ACB en octobre, et inscrit son premier point en décembre avant son faste mois de mars où il a compilé en moyenne lors des quatre rencontres jouées 15 points pour 29 minutes (contre 4 pts et 15 min sur les 14 rencontres de la saison). Le club de Malaga a forcément la banane, ravi d’avoir prolongé le contrat du jeune homme, finissant en juin 2011, pour deux années supplémentaires (une troisième en option). Mais la route est encore longue. Lors de ses deux dernières sorties avec l’Unicaja, contre Murcia (8 min) et Barcelona (22 min), aucun point n’a été inscrit par Abrines. Mais presque inconnu il y a un an, cela ne change rien à son rapide apprentissage et sa remarquable progression. Candidat pour devenir la révélation de l’année de l’ACB, le jeune de Majorque a l’occasion de se voir récompensé de ses performances. l


Mariano Pozo/EB via Getty Images

ABRINES (MALAGA)

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Bobby Knight et les J.O. de 84

Le Général JIls avaient tous moins de 22 ans et pourtant ils gagnèrent l’or olympique en désintégrant méthodiquement chaque adversaire. Michael Jordan était un incomparable homme de main, mais le donneur d’ordres s’appelait Bobby Knight.

Par Pascal LEGENDRE

• Jeux de Los Angeles, août 1984. Bobby Knight est porté en triomphe par ses joueurs reconnaissants.


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• Tout en rouge, cheveux blanchis, en train de houspiller ses joueurs et les arbitres. Voici Robert Montgomery Knight en action.

Jonathan Daniel/Getty Images

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obby Knight, c’est 902 victoires dans le basket-ball des colleges de Division I, soit la deuxième marque au palmarès derrière Mike Krzyzewski le mentor de Duke. C’est en récompense trois titres NCAA avec Indiana University. En 1976, les Hoosiers jouèrent 32 matches, autant de succès. Pareille invincibilité ne s’est pas renouvelée depuis. Les coaches américains sont tous costumés et cravatés, Bobby Knight portait lui généralement un pull over rouge ou blanc griffé Adidas qui cachait mal une belle brioche. Pour se permettre ce genre de fantaisie, il fallait une aura tout à fait exceptionnelle. Lorsque Bobby Knight arriva sur le campus d’Indiana les principes de jeu de l’université se résumait en deux thèmes : courir et shooter. Lui qui fut un joueur d’attaque et une passoire en défense inculqua à ses ouailles les principes d’une défense harassante et d’un jeu offensif sur demi-terrain hyper contrôlé. Les intérieurs se devaient de multiplier les écrans en béton, les joueurs au périmètre de passer la balle jusqu’à démarquer un équipier pour un shoot facile ou un lay-up. Ténacité, abnégation, discipline… Un Coach avec un C majuscule, qui n’admettait pas non plus de faux-pas en dehors du terrain. Il était dans les clous dans son recrutement – aucune de ses équipes ne fut sanctionnée par la très pointilleuse NCAA – et ses joueurs devaient avoir le nez dans leurs bouquins à la sortie des vestiaires. Nous sommes en 1984. Bobby Knight a 44 ans et ses débordements ont déjà défrayé la chronique. Dix ans plus tôt, à la fin d’un match contre Kentucky, il se précipite vers le banc adverse en pleine discussion avec les arbitres à propos d’un coup de sifflet. Knight frappe à la nuque le coach Joe B. Hall, un ami de longue date. Hall doit repousser son assistant Lynn Nance, un ancien agent du FBI bien taillé qui voulait répliquer pour le venger. « J’ai été humilié », dira Hall. Knight répondra que donner ainsi un coup à la tête de l’un de ses joueurs était depuis des années une marque… d’affection. « Mais peut-être des gens n’aiment-ils pas ça. Et si Joe n’aime pas ça, je lui présente mes excuses. Mais je ne m’excuse pas pour l’intention. S’il veut rompre notre amitié c’est à lui de voir. » Bobby Knight coache en 1979 l’équipe nationale américaine à San Juan de Porto Rico pour les Jeux Panaméricains. Un policier borné lui interdit l’entrée de la salle d’entraînement. Le coach américain monte en tours et bouscule le flic au point d’être condamné à six mois de prison par contumace ! Finalement les autorités locales ne demanderont pas son extradition. Après les Jeux de Los Angeles son casier disciplinaire s’alourdira de plusieurs sanctions, notamment après qu’il ait jeté de rage une chaise sur le parquet, ne menaçant pas toutefois l’intégrité physique de quiconque. « Bob veut toujours avoir le dernier mot », commentera alors Edgar Williams, vice-président d’Indiana University. Bobby Knight est le coach le plus admiré et le plus détesté


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« Tu as plus de capacité que 95% des joueurs que nous avons ici, mais tu es une tapette du sommet de ton crâne à la plante de tes pieds. » des États-Unis. Isiah Thomas quitta Bloomington – la ville où est située IU – pour les Detroit Pistons après deux ans de relations extrêmement tendues et ambiguës avec son chef. « Si j’avais eu un flingue, je suis sûr que j’aurais tiré sur lui. À côté de ça, d’autres fois, j’aurais voulu mettre mes bras autour de lui, l’embrasser, et lui dire que je l’aimais. » Bobby Knight a eu recours aux méthodes sans nuances des sergents de commandos de marines. Un jour à l’entraînement il rendit minable Daryl Thomas, un ailier de 2 m et 100 kg. « Arrêtez ça ! Arrêtez ça ! Daryl regarde ça ! Tu n’arrives même pas à courir à fond. Tu ne bosses pas. Tu ne te défonces pas. Tu sais ce que tu es Daryl ? Tu es la pire poule mouillée enc… que je n’ai jamais vu dans cette école. Tu as plus de capacité que 95% des joueurs que nous avons ici, mais tu es une tapette du sommet de ton crâne à la plante de tes pieds. C’est ce que je pense de toi après les trois ans que tu as passé ici… » Bobby Knight savait qu’il avait poussé le bouchon un peu trop loin, mais pas question de se dédire, il envoya un de ses assistants pour réconforter Thomas qui était effondré, seul dans un coin. Deux jours plus tard le coach appela le joueur dans les vestiaires et lui passa la main autour du cou. « Daryl, je déteste être obligé de dire des choses comme ça. Mais sais-tu pourquoi je l’ai fait ? » Thomas secoua la tête. « Parce que, Daryl, quelquefois j’ai l’impression que je désire davantage que toi-même que tu deviennes un grand joueur. Essaye de donner le maximum. Pas pour moi, pour toi. »

Sur les plages de Normandie

Knight a passé sa carrière de joueur à Ohio State University en compagnie des futurs « Hall of Fame » John Havlicek et Jerry Lucas. Il accepta ensuite un poste d’assistant à l’US Army dont il devint le coach à l’âge de 24 ans. Être stationné à West Point était un plaisir car Bobby Knight est passionné par les faits militaires et les grands guerriers, d’Hammourabi à Patton. C’est l’ancien coach et journaliste télé Dick Vitale qui le surnomma « The General ». « Bobby Knight est unique et à une autre époque il aurait été un superbe général », confirmait l’ancien coach de Marquette Al McGuire dans l’ouvrage de John Feinstein A Season Inside. « Il n’a jamais fait l’armée mais il a prouvé qu’il était un leader fantastique à travers sa carrière. Il est peut-être bien le dernier des coachs dictateurs, le dernier de l’espèce. » Pour Knight représenter les États-Unis sur un terrain de basket était la mission, l’honneur suprême. Il craignait que l’incident de Porto Rico lui interdise à jamais d’être coach olympique. D’ailleurs Dave Gavitt de Providence fut choisi à ses dépens pour prendre en charge l’équipe des Jeux de Moscou. Sauf que les États-Unis boycottèrent le rassemblement en représailles à l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques. Lorsque le comité de sélection se réunit en mai 1982 il y avait deux candidats majeurs : Knight et John Thompson de Georgetown. Sitôt élu Bobby Knight appela trois de ses amis et chacun se souvient de l’extraordinaire émotion qui l’avait envahi. « Il était comme un gosse », assure l’un d’eux, Bob Hammel, chef des sports au Bloomington Herald-Telephone. « Je couvrais un meeting d’athlétisme à Minneapolis et quand j’ai appelé au bureau on m’a fait part de son coup de fil, ce qui n’était pas inhabituel. Ce qui l’était c’est qu’il avait laissé son numéro de domicile. À l’ordinaire il était méfiant avec les inconnus mais là il vou-

lait être certain que je le rappelle. Quand je l’ai appelé la première chose qu’il a dit, c’est « tu ne devineras jamais ce qui m’arrive. Ils viennent de me nommer coach olympique. » Une fois le job en poche, Bobby Knight n’eut qu’une obsession : pulvériser l’URSS. Prouver qu’en matière de basketball il y avait d’un côté les Américains et de l’autre le reste du Monde. Et peu importe qu’il soit alors totalement interdit de puiser dans l’extraordinaire vivier de la NBA. D’ailleurs Bobby Knight n’aurait probablement pas accepté d’être un simple montreur d’ours. Il voulait étudier chaque adversaire, chaque joueur, et prendre les douze joueurs qui pourraient jouer SON jeu. Il s’entoura de trois amis comme assistants, C.M. Newton de Vanderbilt, Don Donoher de Dayton et George Raveling d’Iowa. Ils se rendirent au championnat d’Europe de juin 1983 en France et en profitèrent par la volonté de Knight pour visiter les plages du débarquement en Normandie. « Nous avons dû examiner chaque canon, chaque blockhaus, chaque grotte, chaque pièce de barbelé. Il connaissait tout », rapporta Donoher. « Finalement, à la fin de la journée, nous sommes allés à Omaha Beach. Il a fait le tour des lieux, puis il m’a dit : tu imagines comme ça devait être extraordinaire d’être là en position de commandement le jour J. » Seulement, dent pour dent, les Soviets boycottèrent à leur tour les Jeux de Los Angeles. Il est établi que bien après cette annonce en avril, Bobby Knight prépara ses troupes à l’affrontement frontal avec les Rouges, jusqu’en juillet en fait lorsque les Soviétiques ne purent revenir éventuellement sur leur décision de forfait.

Barkley recalé

Charles Barkley était bourré d’adrénaline lorsqu’il se rendit au camp de sélection de Bloomington pour lequel Bobby Knight avait sélectionné 75 joueurs, la crème de la crème universitaire. Force herculéenne de l’université d’Auburn, surnommé alors The Round Mound of Rebond, Barkley avait un double objectif : prouver aux scouts NBA qu’il était l’une des meilleures affaires pour la Draft à venir et gagner sa place pour ensuite décrocher l’or olympique. Bref, faire taire les sceptiques qui estimaient qu’il était trop gros pour réussir au plus haut niveau. « J’ai cherché à joindre Coach Knight au téléphone environ dix jours avant le début des Trials afin de lui demander à quel poids il voulait que je me présente à ce camp », confie-t-il dans son autobiographie Outrageous ! « S’il voulait que je perde du poids, j’aurais perdu dix pounds (4,5 kg). Et s’il avait souhaité que j’en perde vingt, j’en aurais perdu vingt. Trente pounds ? J’aurais pu y arriver. J’ai laissé un message à sa secrétaire mais il ne m’a jamais retourné l’appel. J’ai pensé « va te faire foutre ». Je suis arrivé aux Trials à 284 pounds (129 kg). Et je me sentais vachement bien (…) Durant la première semaine de Trials j’ai fini par demander à Coach Knight pourquoi il ne m’avait pas rappelé. « J’aurais voulu que tu te présentes avec un poids de 215 pounds (98 kg) mais je ne crois pas que tu en aurais été capable aussi je ne t’ai pas rappelé » m’a t-il dit. Peut-être avait-il raison. » Michael Jordan était persuadé que Charles Barkley serait sélectionné. Pat Ewing a été choqué qu’il ne le soit pas. Steve Alford confirme qu’il était assurément l’un des top 5 joueurs en terme de talent. Alvin Robertson rapporte que Barkley s’est fait un soir agonir comme du poisson pourri et c’est là qu’il ›››


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« Coach, après toute la merde qui nous est tombés dessus, il n’y aucune possibilité que nous perdions ce soir. » Michael Jordan


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« Si j’avais eu un flingue, je suis sûr que j’aurais tiré sur lui. » Isiah Thomas

• Le 15 novembre 2011Mike Krzyzewski obtient sa 903e victoire en NCAA surpassant ainsi Bobby Knight qui fut son coach à l’US Army.

d’affilée et Knight l’interpella : « tu as lu un bouquin sur le jeu défensif, Steve ? » C’était déjà une sorte de compliment.

Le mot de Jordan

Invincible. Cette Dream Team universitaire était invincible. Elle gagna ses matches avec une marge de 39,2 points et le reste du monde shoota à 38,7% contre elle. La France fut fessée cul nu concédant 58 points (62-120), le plus gros débours de 86 ans d’Histoire. « Nous aurions peut-être pu gagner… en jouant à sept contre cinq », plaisanta le coach de l’Uruguay Ramon Etchamendi. Seule l’Allemagne de Detlef Schrempf évita de couler à pic (67-78) et, énervé, Knight refusa que l’un de ses joueurs se présente à la conférence d’après-match. « Nous essayons de comprendre pourquoi… ce manque de concentration » fut son explication. Le coach avait demandé à plusieurs basketteurs et sportifs de venir faire leur prêche dans les vestiaires avant les matches. Pour la finale contre l’Espagne il fit appel à Willie Davis, un ancien footballeur des Green Bay Packers qui leur dit qu’ils allaient se souvenir toute leur vie de cette soirée-là. Bobby Knight était prêt alors à délivrer quelques mots selon l’inspiration avant que l’équipe ne pénètre sur le parquet du Forum de Los Angeles. Mais quand il s’approcha du tableau où il voulait écrire le nom des starters de l’équipe adverse, il tomba sur un petit mot scotché écrit par Michael Jordan lui-même. « Coach », était-il dit, « après toute la merde qui nous est tombés dessus, il n’y aucune possibilité que nous perdions ce soir. » Knight regarda ses joueurs et leur cria « place au jeu ! » Il ramassa le mot de Jordan dans sa poche – il l’afficha ensuite dans son bureau à Bloomington – et il balança à ses adjoints, « ce match sera terminé en dix minutes. » Il se trompait. Cela pris cinq minutes. Cisaillés par les extérieurs américains, désintégrés par les intérieurs, les Espagnols perdirent 27 fois la balle en 40 minutes. Juanito Corbalan, le cerveau de la seleccion, suffoquait avant même de franchir la ligne médiane. Positionner deux meneurs en même temps sur le terrain ne changea rien à l’équation absolument insoluble. 21 tirs réussis sur 57 pour les Espagnols, pratiquement aucune contre-attaque, eux qui en avaient fait leur arme absolue. 101 à 68. « Je pense que le basket américain a 50 ans d’avance sur le reste du monde. Nous n’arriverons jamais à son niveau », soufflera le coach Antonio Diaz-Miguel complètement dégoûté. Alors que ses joueurs voulaient le porter en triomphe, Bobby Knight cria : « d’abord coach Iba ! » Il exigeait qu’un hommage soit rendu à l’un de ses modèles, patron de l’équipe olympique victorieuse en 64 et 68, mais aussi honni par toute l’Amérique du basket-ball pour avoir mené ses troupes à l’incroyable défaite de Munich en 72 face à l’URSS. Et puis ce fut autour de Bobby Knight de s’asseoir sur les épaules de ses joueurs, le filet autour du cou, de lever le bras. Et puis, et seulement là, le général laissa apparaître un sourire. l Chris Trotman/Getty Images

• Les Espagnols se souviendront avoir vu un OVNI sur le terrain du Forum. Il s’appelait Michael Jordan.

››› a compris que le futur Dreamteamer ne serait pas retenu. « Quand il nous réunissait au milieu de la salle pour nous parler avant et après chaque séance, tout le monde se tenait tranquille », raconta Barkley. « Quand il criait durant les workouts, tout le monde arrêtait. Le bruit des baskets qui crissent sur le parquet et du ballon qui rebondit faisait soudainement place au silence et pas un ne bougeait. Vous pouviez entendre soixante douze cœurs battre dans leur poitrine. Je trouvais ça drôle mais je n’étais pas suffisamment fou pour faire quoi que ce soit… » Les talentueux Charles Barkley comme Antoine Carr furent recalés et des role players comme Jeff Turner et Jon Koncak préférés à leur place. Pourquoi ? Simple : Bobby Knight voulait des joueurs qui lui obéissent sans poser de questions. Il pouvait faire le difficile. Pat Ewing, Wayman Tisdale, Sam Perkins, Chris Mullin étaient dans l’équipe. Et il y avait au centre un diamant comme jamais le basket n’en a produit d’aussi beau et n’en produira peut-être jamais plus, Michael Jordan. Ceux-là en ont bavé, forcément. Michael Jordan parlera de « séquestration » durant le séjour à Bloomington. Wayman Tisdale avouera, « j’ai été intimidé par Bobby Knight. Quand tout fut terminé, ce fut une délivrance. » « Après tout le sang et la sueur que nous avons mis là-dedans, la médaille d’or est encore meilleure », concluera Leon Wood. Et tous de se poser la question : comment Steve Alford, qui porte le maillot d’Indiana University, fait-il pour le supporter toute l’année ? Alford représentait tout ce que Bobby Knight aimait. C’était un valeureux compétiteur, très smart, bien dans sa tête. Un type qui allait au basket comme à la messe, avec ferveur. Alford n’était pas assez costaud et rapide pour être un super défenseur mais il fit tout son possible pour progresser au contact de son coach. Un jour il fit trois interceptions


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À Dijon, David Mélody est le capitaine épanoui d’une JDA de retour à son niveau.


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IN BED WITH DAVID MÉLODY (DIJON)

LUI L’AUVERGNAT LONGTEMPS FIDÈLE AUX DEUX ÉQUIPES MAJEURES DE SA RÉGION NATALE, DAVID MÉLODY A ATTENDU LA TRENTAINE BIEN TASSÉE POUR FAIRE SES PREUVES AVEC SUCCÈS LOIN DU COCON AUVERGNAT. HOMME DE CLUB ET JOUEUR DE COACH, CE CHIEN DE GARDE RÉFÉRENCÉ A BÂTI SA CARRIÈRE SUR SA CAPACITÉ À FAIRE GRIMPER SES CLUBS DANS L’ÉLITE. RENCONTRE AVEC UN JOUEUR ATTACHÉ À SES TERRES ET UNE VISION TRÈS PERSONNELLE DU BASKET PROFESSIONNEL. Par Jérémy BARBIER, à Dijon Photos par Hervé BELLENGER

Q

uand il a su que nous comptions rendre visite à son capitaine, Jean-Louis Borg ne manqua pas d’adouber le déplacement de Maxi Basket. « C’est bien, il mérite qu’on parle un peu de lui. » David Mélody, plus de dix ans de Pro A et Pro B au compteur, n’est en effet pas le plus médiatisé des vétérans français. Sa fille Emma juchée sur les épaules, nous le retrouvons sur une place Darcy qu’il descend à grands pas. Il s’excuse d’emblée d’un léger retard, retardé dans la circulation embouteillée d’un centre-ville qui se rénove. Présentations faites, nous quittons rapidement la zone en chantier. Le temps est suffisamment clément pour improviser une petite séance photo dans les rues de la vieille ville. Ici, les basketteurs de la JDA ne sont pas toujours sollicités. Rien de comparable à la proximité quotidienne que pouvait entretenir « Mélo » avec Vichyssois ou Clermontois. Il aurait d’ailleurs peutêtre fallu le rencontrer 300 kilomètres plus au centre de la France, chez lui, près de son Clermont natal. David Mélody est Auvergnat. Dit comme ça… « Ca ne veut rien dire de plus qu’être Breton ou Corse », sourit-il. « C’est une identité au sein de la France, avec ses particularités. On est un peu au milieu de la France, pas loin de tout mais pas si près non plus au regard des voies d’accès. » Ca ne l’empêche pas d’y revenir aussi souvent que possible. Sa maison, sa famille, ses amis sont là-bas. Aujourd’hui qu’il n’y vit plus à l’année, c’est une bouffée d’oxygène où, souvent, le basket est entre parenthèses. « Cela me permet de retrouver les proches et de faire ce que je n’ai pas le temps pendant la saison. Bricolage, quad, VTT, escalade, canyoning. » A Dijon, saison oblige, le quotidien est plus tranquille. « Mais c’est une jolie ville », admet-il, installé à l’ombre du Palais des ducs de Bourgogne. David, 35 ans, n’est pas habitué au changement. Un crochet de

quelques mois à Saint-Etienne excepté, jamais il ne s’était éloigné de son Auvergne pour vivre de sa passion. Il aurait pu. Il n’a pas voulu. « Il n’a pas eu cette philosophie de bouger tous les ans, il a préféré construire », détaille JeanLouis Borg, son coach depuis cinq ans. « Il a refusé quelques sollicitations pour rester près de sa région et de ses proches. Ça en dit beaucoup sur le personnage. » Et aujourd’hui, impossible de raconter l’homme sans évoquer son home sweet home.

Clermont dans la peau

C’est à l’université que cet étudiant en STAPS écrit le premier gros chapitre de son histoire commune avec Clermont. « La fierté par rapport à ma ville, j’ai été élevé là-dedans. Lors des années fac avec mes potes, il y avait toujours cette volonté de faire briller Clermont. C’était le STAPS de Clermont, pas autre chose. Je ne sais pas si cela vient de l’image que les gens peuvent avoir de l’Auvergne, qu’on nous prend peut-être un peu pour des bouseux, mais il y a toujours eu cette volonté de faire avancer la ville par le biais de ce que nous pouvions apporter. » Lorsqu’il devient champion universitaire en 1998, David est également à Vichy un jeune arrière prometteur en Pro B (5,3 points en 21 minutes). Pourtant, il ne s’y épanouit pas complètement. « Je pense que j’étais peut-être trop jeune pour ce niveau à l’époque. » A 21 ans, quand les aspirants de son âge décident d’insister dans une voie professionnelle, il choisit de revenir au Stade Clermontois, en N2. Très vite, il s’y taille une réputation de pur scoreur. « On avait joué contre eux avec Toulouse et il m’avait impressionné », se souvient Dounia Issa, son coéquipier entre 2001 et 2010. « C’était un arrière plutôt petit mais il captait des alley-oop, smashait dans tous les sens, tirait à trois points…Je ne savais pas


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que j’allais jouer avec lui quelques mois plus tard. Quand je suis arrivé chez lui, au début, je l’appelais le Roi. Clermont, c’était son royaume. Il connaissait tout le monde, était apprécié de tous. » Nous sommes en 2001, les Clermontois viennent d’accéder à la N1 avec l’ambition de passer pros sous les trois ans. Jean-Aimé Toupane est débauché de Toulouse pour mener à bien le projet. La rencontre avec ce spécialiste défensif marque un tournant dans la vie du groupe. « Aimé nous a fait passer du cap de jeunes effrontés à celui de gars qui tâtent un peu de basket professionnel », évoque Mélody, reconnaissant. Nous flânons à la recherche d’une table pour déjeuner quand il se met à évoquer les heures de labeur. La souffrance physique est encore palpable. « Je dirais que c’était dur tout le temps et, de temps en temps, un peu moins difficile. On a travaillé, on ne s’en cache pas. C’était au minimum deux fois deux heures et demie par jour, avec énormément de travail physique. Aimé est un perfectionniste. Il fallait toujours recommencer. Si aujourd’hui, un coach proposait cela à une équipe, je ne suis pas certain que cela serait bien accepté. » Les résultats collectifs au rendez-vous, les Auvergnats encaissent presque sans broncher la (sur)charge de travail. « Il y avait un contrat moral entre nous », reconnaît aujourd’hui leur ancien mentor. « Clermont, c’était leur club, c’était chez eux. Cette bande, dont David était le leader, a voulu que le basket existe au plus haut niveau à Clermont. Ils

ont compris qu’il fallait travailler plus, c’est pour cela que ça a bien marché.» Et trois ans plus tard, auréolée d’un titre de champion, ce n’est pas en Pro B mais bien dans l’élite que débarque la fine équipe. « Pour les gens qui ont commencé à nous suivre en N2 et qui ont suivi l’ascension, ça a été magique. L’équipe qui est arrivée en Pro A était pour plus de 50% celle de la N1. » Comme leur leader, MVP français dans l’antichambre (16,5 points, 3,7 passes et 3,6 rebonds), tous ou presque découvrent la Pro A. Clermont y perd logiquement de sa superbe mais assure l’essentiel : 13 victoires Dounia Issa la première année, 14 la seconde. Pourtant, dans la belle mécanique, quelque chose se brise. « La seconde année, on est passé à quatre étrangers plus deux Cotonou et deux Bosman. On s’est retrouvé à cinq Américains dans l’équipe, c’était un gros changement après quatre ans d’un fonctionnement différent. Nous, joueurs, on s’est d’abord dit que ça ferait une émulation mais quand on arrive à l’entraînement le premier jour, les gars ne sont pas capables de faire dix tours de piste avec nous. Et tu parles de ces genslà ? Sans vouloir stigmatiser, ceux qui ont répondu présents sont ceux qui étaient là depuis longtemps: Régis (Racine), Dounia (Issa), Sambou (Traore), Gauthier (Darrigand), moi… » En quête de meilleurs étrangers, le club demande à ses historiques de rogner sur leurs émoluments. La requête ne passe pas. « Je n’ai pas accepté et j’ai même été un peu blasé par tout ça », explique-t-il avec le recul, sans amertume exacerbée. « Et puis cela faisait aussi cinq ans que j’étais avec Aimé donc physiquement, ça commençait un peu à tirer sur la couenne. »

« Clermont, c’était son royaume. »

Pour Jean-Louis Borg, son coach depuis cinq saisons, « Mélo » est le meilleur défenseur du championnat

Jean-Louis Borg, le mentor

Plus qu’un cycle, c’est la fin d’une époque. À 28 ans, pour la première fois de sa carrière, David fait appel à un agent en la personne d’Alain Larrouquis. Le client ne mettra guère de


REPORTAGE • MAXI-BASKET 61 pression à son nouveau représentant. « J’ai prospecté un peu, je ne savais pas vraiment si j’avais envie de bouger. J’ai dit à Alain de laisser tomber, que je partais sans signer et que je prendrais peut-être quelque chose dans l’année si l’occasion se présentait. » Fin août, il reçoit un appel de Saint-Etienne. Alain Thinet, qu’il connaît déjà, le veut pour remplacer Guillaume Pons, blessé. « Je suis parti comme ça », s’amuse l’ex-pigiste médical. L’intérim durera 29 matches avant que la JAV, son ancien club, ne le sollicite à son tour pour suppléer Benjamin Recoura, out pour la saison. Vichy est alors leader du championnat, favori logique pour la montée en Pro A. Vichy est également à cinquante kilomètres de Clermont. « Son profil m’intéressait depuis un moment », se souvient Jean-Louis Borg. « Il apportait immédiatement son expérience et sa rigueur défensive. » Quelques matches de playoffs et un titre de Pro B suffiront aux deux hommes pour décider d’une collaboration plus poussée. « On a rapidement vu que cela pouvait donner lieu à un long bail ensemble », sourit l’entraîneur. Travail, rigueur, discipline, David s’est naturellement imposé homme lige des philosophies défensives de l’entraîneur. « C’est un joueur exemplaire car il assimile très vite, il est en application de ce qu’on lui demande et il est toujours au maximum de ses capacités. » Finale des As, playoffs et maintiens, le duo affine avec un certain succès son association dans l’Allier. Quand il quitte Vichy en 2010 pour des raisons budgétaires, coach Borg fait de son homme de confiance sa priorité de recrutement. « Quand tu as ce type de joueur avec toi, tu n’as pas envie de t’en séparer. Je voulais qu’il puisse m’accompagner, peu importe la destination qui était la mienne. Il s’est avéré que c’était Dijon avec un superbe challenge que l’on connaissait déjà pour l’avoir vécu avec la JAV. » La JDA peut s’en féliciter. Grâce au savoir-faire des spécialistes en la matière, il ne lui aura fallu qu’une petite année pour remonter. De retour en Pro A, les deux hommes sont aujourd’hui plus liés que jamais. « On a toujours eu une relation particulière », résume « Mélo ». « Il y a une confiance réciproque qui se traduit pas le temps que je passe sur le

terrain. » « Pour un coach, c’est du pain béni », enchérit Borg. « On n’a pas besoin de se dire beaucoup de choses. Dans le regard et les attitudes, on se comprend très rapidement. »

Un défenseur d’élite

Les quartiers dijonnais du Clermontois sont à moins de deux kilomètres de la salle, dans une longue avenue mouchetée de lotissements récents et dont Michel Renault, le président de la JDA, est à l’origine. On profite de cette information pour interroger David sur le caractère volcanique de son dirigeant, réputé pour ses anciens dézingages de joueurs ou coaches par voie de presse. « Moi, ça ne me dérange pas. Je préfère l’honnêteté que les non-dits ou les choses en cachette. » Oui, David Mélody se sent bien à Dijon. Il est amateur de bons crus et à ce sujet, l’Auvergne n’a pas vraiment ses faveurs. « Avant de venir ici, j’étais plus Bordeaux et Côtes du Rhône. » Quelques virées dans les domaines de la région ont révisé son jugement et au cœur du centre-ville, David a désormais ses habitudes « Chez Bruno », charmant bar à vins à la carte opulente. La petite discussion œnologique s’interrompt, brusquée par un entraînement qui approche. Direction le Palais des Sports, le capitaine de la JDA a rendez-vous en salle vidéo afin d’y décortiquer le jeu de l’ASVEL. Edwin Jackson, objet de sa garde rapprochée, passera le lendemain une très sale soirée (0 point en 11 minutes). En France, l’étiquette de stoppeur colle à la peau de celui qui affiche une moyenne de 9,5 points en carrière dans l’élite. « Et il ne revendique pas autre chose », promet coach Borg. Par défi, d’abord : « Certains tirent satisfaction à mettre des tirs à trois-points ou faire tourner les défenses en bourrique, je prends autant de plaisir à stopper ou embêter un joueur. » Par nécessité, aussi : « On m’a toujours fait le reproche d’être trop petit pour mon poste donc il fallait compenser ». Encore cette saison, seul Xavier Corosine lui rend des centimètres au poste deux. Peu importe, pour bien des shooteurs, Mélody reste l’empêcheur de scorer en série. « Il est incroyable à son poste », juge Dounia Issa, autre basketteur concerné par la chose défensive. « Surtout, il défend très propre. Il fait très peu de fautes, c’est tout en jambes et en placement. Je l’ai vu mettre Nando De Colo à 0 point, écœurer Ricardo Greer ou Anthony Stanford qui était à une époque meilleur joueur de Pro B. Sur des gros scoreurs qui shootent 15 ou 20 fois dans le match, je l’ai vu faire des trucs hallucinants, les laisser à 4 ou 6 points. » David Mélody est de ces défenseurs qui s’installent sous la peau de leurs adversaires. Il harcèle, poursuit au-delà des écrans, place ses appuis dans ceux des autres, lézarde sur les lignes de passes. Cette saison, les bons clients que sont Alex Acker (8 points à 2/13), Allan Ray (9 points à 3/10) ou Abdou M’Baye (5 points à 2/8) ont perdu leur fouetté face à cet anesthésiste. Cedrick Banks (6/18), Malcolm Delaney (6/21 en deux matches) et Eric Chatfield (9/24) avaient même pris double dose. Pour un œil non averti, le travail de sape n’a rien de spectaculaire. Du haut de son mètre quatre-vingt-quatre, le vétéran n’avait repoussé qu’une seule tentative après 27 matches cette saison. La protection de son territoire est méthodique : « Mélo » vole des ballons (1,7 en moyenne, 6ème en Pro A), en perd peu (1,1) et pousse à bout ses duellistes sans jamais vraiment les provoquer (1,6 faute). Cardio de marathonien, il affaiblit à l’usure. Le garçon est lui-même increvable. Depuis 2004 et son retour

« Quand tu as ce type de joueur avec toi, tu ne veux pas t’en séparer. » Jean-Louis Borg


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chez les pros, l’homme de fer a disputé 307 matches sur 309 que ses mots ? « Il ne brasse pas d’air mais s’il a quelque possibles pour 304 titularisations et 33 minutes de jeu en chose à dire, il le fera et ça aura dix fois plus d’impact moyenne. Il pourrait commencer à tirer la langue. Il galope qu’un mec qui l’ouvre constamment », analyse Dounia comme un espoir. « Il a toujours travaillé et pris soin de son Issa. « On sait que ce n’est pas le joueur le plus souriant corps, ce n’est pas un hasard s’il est encore à ce niveau du championnat mais paradoxalement, c’est quelqu’un qui », estime Aimé Toupane. « Il me fait aussi penser à Bilba est énormément apprécié », complète Jean-Louis Borg. « Il dans le sens où il ne fait jamais ce qu’il ne sait pas faire. » est parfait dans la transmission aux autres de la philosophie Jean-Louis Borg pousse un du coach. Des joueurs peu plus l’éloge. « J’ai le comme lui sont rares et sentiment qu’il joue à son clairement, il n’a pas eu les meilleur niveau. Il a toujours opportunités qu’il aurait dû cette capacité défensive mériter sur la deuxième qui, à mon avis, fait de lui partie de sa carrière. » le meilleur défenseur du championnat depuis cinq Retour au bercail ans. » Et aussi un capitaine Sous-estimé, David irréprochable. Mélody ? Le basketteur David Mélody Leader, ce discret naturel l’a peut-être un temps préfère l’être par l’exemple, pensé. L’homme ressent exigeant voire inflexible si l’investissement des autres aujourd’hui les choses un peu différemment. « Dans ma n’égale pas le sien au quotidien. « Je suis un grincheux », carrière, j’ai toujours eu envie de choisir l’endroit où j’allais admet-il. Ses explications de textes sont plus nombreuses et non de le subir. » S’il n’avait pas volontairement décidé que ses conseils. « Je vais davantage être dans la par deux fois de redescendre en Pro B, l’ancien All Star démonstration sur le terrain. Quand quelqu’un n’arrive pas (2009) compterait certainement plus de deux matches de à faire quelque chose, je vais lui montrer que je sais le faire playoffs à son actif en Pro A ou mieux qu’une 10ème place de telle manière. On fait de la course ? Et bien si tu veux au classement comme meilleur record. Seulement voilà, prendre ma place, il va falloir que tu sois devant moi à la fin l’élite n’a jamais été une fin en soi. En course pour les de l’exercice ! » Les défis du capitaine sont-ils plus inspirants playoffs au moment de notre rencontre, il frissonnait encore

« Est-ce que les choses auraient été différentes si j’avais quitté la région ? Je n’en sais rien. »

David et sa fille Emma flânent dans les rues du vieux Dijon.


REPORTAGE • MAXI-BASKET 63 au souvenir des montées vécues avec le Stade, la JAV puis la JDA. « C’est ce que je répète souvent quand je parle à des jeunes qui ne savent pas trop quelle orientation donner à leur carrière. A la rigueur, le niveau où tu vas jouer n’est pas important. La question est de savoir ce que tu vas y faire. Redescendre de niveau ? Il faut se poser la question. Rester à tel niveau ? Il faut aussi y réfléchir. » Longtemps estampillé made in Clermont, l’arrière aurait peut-être gagné à quitter plus rapidement le cocon. « C’est quelque chose dont je parle parfois avec mes amis d’enfance. Est-ce que les choses auraient été différentes si j’étais parti de la région ? Je n’en sais rien. Je trouve qu’on peut vite se perdre. Une mauvaise saison, une blessure, un coach avec qui ça ne passe pas trop bien… » Pas le temps pour les regrets. Nous avons demandé à David de choisir le lieu de notre dernier point de rendez-vous. « Chez Bruno », nous voilà à disséquer le récent parcours de la JDA autour d’un verre de Marsannay. On pourrait croire le capitaine satisfait d’avoir assuré le maintien dijonnais dans l’élite bien avant l’épilogue de la saison régulière. « Les objectifs sont atteints, on ne va pas se plaindre », débite-t-il avec un enthousiasme très mesuré. L’expérience fait qu’il ne peut s’empêcher de penser aux occasions manquées. « Il y a eu des petits problèmes au démarrage car nous n’étions peut-être pas tous sur la même longueur d’onde par rapport à l’implication défensive. Nous étions trois joueurs à sortir de plusieurs années avec JeanLouis et, parfois, on a envie que ça aille un peu plus vite. » Du temps, il est encore prêt à en donner. Sous contrat

à Dijon jusqu’en 2013, « Mélo » n’a pas arrêté la date de son futur retrait. « On va peut-être reparler avec le club. Je ne suis pas complètement pourri, je me sens bien, donc pourquoi pas faire encore une saison de plus. Ce sera au bon vouloir de mon corps et de ma volonté. » La motivation, elle, est toujours là. « J’ai encore envie de prouver, moins aux autres mais plus à moi-même, que je peux continuer à jouer. » Sa vie après le professionnalisme n’est pas occultée pour autant. Dans le basket ? Il repousse catégoriquement l’idée d’une reconversion sur un banc. « Pas la fibre de l’entraînement. » Il n’a rien décidé mais s’investira peutêtre différemment avec un club, pour « rendre ce que ce sport (lui) a apporté. » Seule certitude, c’est à Clermont que l’après-basket l’attend. « Je suis déjà associé avec un ami d’enfance dans une boite dans le bâtiment et il est prévu que j’aille bosser avec lui dès que j’arrête. On en revient un peu à l’attachement à l’Auvergne. J’ai pas mal d’amis qui sont partis à droite et à gauche pour le travail et au bout d’un moment, beaucoup sont rentrés au bercail. Le contact n’a jamais été rompu. » Alors que la journée touche à sa fin, c’est encore un projet de congés avec les siens qui déclenche son plus sincère enthousiasme. « Chaque été, depuis 4-5 ans, on part toute une semaine avec mes potes de fac. Il y a une vingtaine d’adultes et une dizaine de gamins, c’est la grosse colo. C’est un peu comme dix ans en arrière, avec les mômes à gérer en plus. » Il a visiblement très hâte d’y être. « Je pense que je retrouve alors tout ce que je n’ai jamais voulu quitter de l’Auvergne. » Tout est dit…l

« Chez Bruno », bar à vins du centre-ville, petite dégustation de vins de Bourgogne.


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maxi-basket

FABIEN ATEBA

DANS LES GÈNES FABIEN ATEBA, COUSIN DE NICOLAS BATUM, SAISIT L’OPPORTUNITÉ ET UTILISE AVEC PERTINENCE SON INATtENDU TEMPS DE JEU AVEC LES PROS DU HTV. Par Claire PORCHER

F

abien le dit lui-même : « C’est un mal pour un bien. » La saison du HTV est sportivement, psychologiquement très difficile. Dans le marasme, une satisfaction : les jeunes du club qui montent, comme Louis Labeyrie et Axel Julien mais aussi Fabien Ateba (1,96 m, 21 ans le 30 mai). L’effectif du HTV étant réduit et sujet aux blessures, l’ailier a plongé plus rapidement que prévu dans le grand bain, avec en moyenne 12 minutes de jeu. Comme le précise le coach des pros, « il ne faut pas se laisser griser par des performances obtenues dans une équipe à l’agonie ». Mais Alain Weisz confirme que Fabien Ateba « fait de bonnes choses ». « Il utilise bien à chaque fois le temps de jeu qu’il a. C’est bien pour lui, pour l’avenir », ajoute l’ancien entraîneur des Bleus. Après une première partie tronquée par une déchirure à la cuisse, Fabien Ateba a véritablement commencé sa saison en 2012. Il a rapidement profité des entraînements, des rencontres Pro A et de la confiance d’Alain Weisz pour s’exprimer. En 11 rencontres, il compile 4,1 points (à 52,9 %) et 1,3 rebond. Mais il se fait plus particulièrement remarquer depuis le mois de mars : contre Roanne avec 11 points (à 66 %) et 3 rebonds en 17 minutes, à Villeurbanne avec 11 points (à 50 %) et 3 rebonds et bien sûr avec sa performance à Cholet. Le 10 mars, dans un match à 9 joueurs dont 7 jeunes (perdu 72-94), Fabien a profité des 38 minutes accordées pour repartir avec 14 points (à 66 % dont un 2/2 à 3-pts), 4 rebonds et 2 passes (mais 6 bps).

Une arme offensive

Fabien a énormément gagné en confiance en côtoyant les professionnels sudistes. Il est notamment soutenu par Souarata Cissé et l’expérimenté Paccelis Morlende. « Ils me donnent des conseils, on parle des matches, des entraînements ou par rapport à l’avenir. Pacc a vécu beaucoup de choses, je pense que ça va m’aider dans le futur, dans mes choix », raconte le jeune homme. Il a développé ses qualités de jeu, comme la menace extérieure que représente son shoot. Et il est à bonne école pour laisser s’exprimer ce dernier. Car Laurent Legname a repris en main l’équipe espoir du HTV depuis sa retraite sportive. « Il est capable de bonnes séries à trois-points. Sa qualité première c’est le drive, mais je l’encourage à continuer à shooter même s’il loupe. Il vaut mieux faire 1/10 que 0/9, du moment qu’ils sont pris dans le bon timing », affirme le coach espoir. Cette saison, il tourne à 41% à

trois-points avec l’équipe espoir et a rentré un respectable 7/16 avec les pros. Autre atout de ce poste 3, de vraies qualités athlétiques et des armes offensives comme le jeu rapide et le drive. Cette saison, il a appris à jouer avec plus d’intensité physique, de dureté et de concentration. « Ce n’est pas de tout la même intensité qu’en espoir. On est obligé d’être appliqué car à la moindre petite erreur, c’est une balle perdue », explique-t-il.

Jouer sa carte à fond

Derrière Axel Julien, Fabien est l’un des leaders de l’équipe espoir, qualifiée pour le Trophée du Futur Il est notamment l’auteur d’une prestation record contre Chalon avec un carton à 40 points (11/22). Mais Fabien a encore du travail pour se faire une place dans le monde du basket professionnel. « C’est un poste 3 assez complet mais il doit gagner en régularité pour passer un cap et travailler sur deux axes de progression : le un-contre-un défensif et au niveau du dribble, quand il a une pression sur lui », explique Legname. Alain Weisz le confirme, il a des grosses qualités athlétiques mais manque de « ball handling » : « Il faut absolument qu’il devienne un joueur qui puisse jouer balle en main, là pour le moment il ne sait pas le faire. » Formé à Saint-Jean-de-Braye et Orléans, Fabien est logiquement, en dernière année espoir, très demandé après ses prestations encourageantes avec les pros. Son avenir se dessine en Pro B car, selon lui, « c’est trop tôt pour la Pro A ». « Notre objectif c’est de le garder. Il peut apporter beaucoup d’énergie en sortie de banc sur les postes extérieurs », commente Laurent Legname, pressenti pour devenir l’assistant de Jean-Aimé Toupane, futur entraîneur. Pour le moment, décrit comme très investi par ses coaches, Fabien joue sa carte à fond. « C’est quelqu’un qui veut vraiment réussir, il met tous les atouts de son côté », explique Legname. Alain Weisz aussi pense que Fabien a de l’avenir : « Il a fait des progrès gigantesques, il est très combatif. » « Le fait d’être le cousin de Nicolas Batum le sert, parce que c’est son modèle », ajoute le coach. Fabien Ateba est très proche de son cousin. Un exemple, forcément. Avec qui il parle basket, forcément. « Il me conseille sur mon jeu, m’explique qu’il faut que je sois polyvalent. Depuis tout petit, j’ai toujours été fan de mon frère (Vincent, 26 ans, en N1 à Sorgues, ndlr) et de mon cousin. J’aimerais bien avoir la main gauche de mon frère et la vision de jeu de Nico. » Et un petit bout de sa carrière ? l


FOCUS • maxi-basket 65

« C’est trop tôt pour la Pro A »

Pascal Allée/Hot Sports

Laurent Legname


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MAXI-BASKET MAXIBASKETNEWS

NDS A R G S E L ETIENS ENTR de

EVAN FOURNIER LÉO WESTERMANN (POITIERS)

(ASVEL)

ILS SONT LES DEUX LEADERS DE LA GÉNÉRATION 1992. L’UN, EVAN FOURNIER, ESPÈRE ÊTRE DRAFTÉ EN NBA EN JUIN. L’AUTRE, LÉO WESTERMANN, ATTENDRA UN PEU AVANT D’INSCRIRE SON NOM, RÊVANT ÉGALEMENT D’EUROLEAGUE. DOTÉS DE GRANDES AMBITIONS, ILS N’EN RESTENT PAS MOINS DEUX JEUNES QUI FÊTERONT DANS LES PROCHAINS MOIS LEURS 20 ANS. ILS SONT SURTOUT DEUX POTES. Benoît Dujardin – PB86

Propos recueillis par Yann CASSEVILLE


LES GRANDS ENTRETIENS DE MAXI-BASKET • MAXI-BASKET 67


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«LÉOEST UNGRAND IMPOSTEUR. DERRIÈRESON AIRDEGENTIL GARÇON... »

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EVAN FOURNIER

Vous souvenez-vous de votre première rencontre ? Léo Westermann : Mais bien sûr ! (Il sourit) Evan Fournier : Oui mon grand ! (Il rit) LW : Je vais commencer à raconter. Alors c’était un match en benjamins… EF : (Il coupe) On les a d’ailleurs torchés, je tiens à le signaler ! LW : Je n’avais quasiment pas joué, peut-être cinq minutes, parce que l’arbitre m’avait sifflé cinq fautes donc voilà… C’était marrant parce qu’à l’échauffement, moi je ne connaissais pas cette équipe, je ne connaissais pas Evan, donc je ne l’avais pas spécialement remarqué. Mais par contre dans le match il nous avait tués... (Il marque une pause) Il avait une choucroute sur la tête !

EF : Ensemble sur le terrain ! LW : Ouais ensemble, on avait gagné. EF : Avec d’ailleurs deux paniers de relation intérieur-intérieur quand même.

Celle que l’on peut voir dans la vidéo « C’est quoi ton sport ? » avec Boris Diaw (visible sur Internet) ? LW : Exactement ! Cette coupe-là, avec ses And 1 beiges, façon Timberland… EF : C’est justement une technique d’approche ça ! C’est pour tromper l’adversaire.

Est-ce qu’une rivalité a pu vous séparer au début ? EF : Non, pas du tout. Quand tu rentres à l’INSEP, tu sais que tu es amené à jouer ensemble, à faire des matches, à faire le championnat d’Europe avec les mecs que tu rencontres, ça serait stupide qu’il y ait une rivalité. Du moins s’il y a rivalité, c’est une bonne rivalité, pour se pousser mutuellement vers le haut, mais à aucun moment ce n’était méchant. LW : C’est ça, s’il y a une rivalité, c’est une rivalité saine, c’est pour progresser. C’est à l’entraînement pour gagner chaque petit match, des choses comme ça. Aujourd’hui on est en contact presque tous les jours, on se parle très, très souvent. Donc quand l’un fait un bon match, que quelque chose arrive de bien à l’autre on est super content. On se soutient mutuellement.

Il y a eu d’autres affrontements avant de devenir coéquipiers à l’INSEP ? EF : Oui. Il y a notamment eu le TIZ, le tournoi inter-zones, où Léo a joué 40 minutes, ce qui est formellement interdit, il faut le signaler ça ! LW : (Il rit) On avait un blessé ! C’était Vincent Pourchot, et on a eu une dérogation. EF : Non mais il faut expliquer qu’au TIZ, tu es censé faire jouer tout le monde à peu près le même nombre de minutes pour que chacun puisse s’exprimer. En l’occurrence Vincent Pourchot était blessé chez eux, et bien sûr quand tu as un poste 5, grand de 2,20 m, tu mets ton meneur pour le remplacer c’est logique ! LW : Attends, j’ai joué quel poste ce match-là ? J’ai joué poste 5. EF : Ouais, d’accord, d’accord… Enfin on a perdu le match parce que Léo a joué 40 minutes. Il y avait Rudy Gobert qui défendait sur lui, sauf qu’à l’époque Rudy faisait 1,80 m. Léo, tu aurais pu devenir pivot ? LW : (Il réfléchit) En fait, en équipe de France, je me souviens d’un match contre la Géorgie en moins de 16 ans, Evan et moi on était poste 4 et poste 5 (match gagné 69-47 à l’Euro U16 de 2008, avec 6 points, 6 rebonds, 3 passes de Founier et 5 points, 2 rebonds de Westermann).

Étiez-vous déjà proches avant le Centre Fédéral ? EF : Sincèrement, on n’était pas potes. On se connaissait mais Léo ce n’était pas mon grand ami. Je suis arrivé à l’INSEP avec cinq gars d’Île-de-France, c’étaient eux mes potes. LW : Avant ça on s’était vu trois-quatre fois, sur différents matches, on se disait bonjour, c’est tout. C’est à partir de l’INSEP qu’on a commencé à se connaître.

Qu’est-ce qui vous a rapproché ? Pas forcément sur le terrain, mais dans la personne en ellemême. EF : (Instinctivement) Sincèrement, je pense qu’on a appris à se connaître sur le terrain. Parce que, par rapport aux autres de notre génération – enfin c’est ce que je pense – on a vite compris qu’on pouvait être très fort ensemble et qu’on avait à peu près le même point de vue sur le terrain. C’est d’abord ça qui nous a rapproché. LW : C’est vrai que quand on est arrivé à l’INSEP, on n’avait pas vraiment les mêmes délires. EF : En même temps, les mecs de l’Est (Léo est alsacien, ndlr), ils sont un peu différents de nous ! LW : C’est ce que j’allais dire, mais à l’inverse : lui c’est le gars qui n’a jamais rien vu à part Paris ! (Ils éclatent de rire) Non mais les mecs de Paris, ils croient qu’ils sont seuls au monde. Dès qu’on faisait des déplacements, ils trouvaient incroyable qu’il y ait des McDo dans les autres villes, ou... EF : (Il coupe) Ah non, non, non ! Ne confonds pas Mourad Benkloua (aujourd’hui espoir à Roanne) qui n’était jamais sorti de Paris 19e et moi s’il te plaît. LW : Vraiment, les mecs de Paris se croient tout permis, c’est fou ! EF : Ce qu’il faut dire, c’est qu’à l’INSEP on est arrivé à cinq de l’Île-de-France, et trois de l’Est, dont Vincent Pourchot, qui – et je dis ça en étant très honnête – ne connaissait rien ! (Léo éclate de rire) Quant à Mathis Keita, il ne savait pas ce qu’était le KFC. Léo, c’est vrai ou pas ? LW : Oui, oui. EF : Mathis disait : « Eh les gars, venez on va au fast food où il y a du poulet. » Bon, maintenant, tu vois ce qui nous a fait douter ? LW : J’avoue, j’avoue, c’est chaud. Vous aviez le basket comme même moteur. C’était la seule chose qui vous intéressait déjà à l’époque ? LW : Oui, à cette époque-là, c’était basket-basket. Enfin il y avait aussi le double projet : études-basket. EF : Gros double projet, GROS double projet ! (Ils rient) Qui était le moins attentif en cours ? LW : C’est simple, il y en a un qui a le bac, l’autre qui ne l’a pas. EF : Voilà, c’est ça. Mais si Léo et moi on a été si proches, c’est


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aussi parce qu’on s’est retrouvé en N1 très tôt, dès la première année. On était en chambre ensemble, on était les deux jeunes de l’équipe et on avait déjà des responsabilités donc je pense que ça nous a aidés aussi. Evan, tu nous as raconté dans un précédent numéro quelques bêtises que tu faisais avec tes potes à cette époque, les soirées improvisées à l’INSEP, etc. Tu n’avais pas mentionné Léo. EF : Alors il faut savoir que Léo est un grand imposteur. Un grand imposteur car derrière son air de gentil garçon, il était dans tous les coups ! LW : (Il éclate de rire) Arrête, arrête, ma mère va lire ça, elle va me taper sur les doigts. Il y a prescription… LW : Bon d’accord, c’est vrai que j’avais le chic pour être dans tous les coups mais ne jamais me faire remarquer. Je devais toujours me dénoncer pour faire genre le gars solidaire parce que personne ne me voyait. EF : Raconte l’ouverture de porte. LW : On fait une petite fête, il y a environ 20 personnes dans une petite chambre. La surveillante frappe et c’est moi qui ouvre la porte. EF : Et il lui dit : « Bonjour, est-ce que tu veux rentrer ? » C’est fou ! LW : Voilà, et le lendemain, Lucien Legrand convoque tout le monde à part moi. Donc cette allure de jeune garçon posé n’est qu’une façade ? EF : Tu peux être posé tout en étant déconneur, c’est juste que… De toute façon, cette année-là, on faisait les bêtises à 10, à 12. Tout le monde. LW : La deuxième année, c’était vraiment une année incroyable au niveau de l’ambiance, je pense qu’on ne verra plus jamais ça dans notre vie. C’était vraiment génial, tout le monde s’entendait super bien. On était jeunes, on était cons.

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En dehors du basket, vous aviez les mêmes passions ? LW : Evan ne sait rien faire d’autre en dehors du basket.

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EF : Non mais ça, ce sont des grandes balivernes parce que Monsieur Léo Westermann… LW : (Il coupe) Attends ! En sport, à part le basket, Evan, t’es nul à chier. EF : On faisait des foot à l’INSEP et le gars fait du 56, c’est normal qu’il mette des grosses bastos ! LW : Non je fais du 50. En tout cas, ping-pong, tous les sports qu’on a pratiqué, je n’ai jamais vu un gars aussi nul que toi. Aujourd’hui, plongés dans le monde pro, cette ambiance vous manque ? EF : Ouais, quand même… À l’INSEP, il y a certains aspects incroyables, au niveau de l’ambiance, être tout le temps avec tes potes, tout ça tu le regrettes. Donc moi personnellement, oui ça me manque mais on savait qu’on allait passer par là. LW : Moi ça me manque aussi, mais on en a profité. Après je pense qu’on a eu de la chance aussi. Evan, à sa sortie de l’INSEP, a été à Nanterre dans une équipe très jeune, et moi, là, à l’ASVEL, je suis aussi tombé dans une équipe très jeune avec une superbe ambiance. On a été mis dans le monde pro avec une bonne transition. EF : À Nanterre je ne me sentais pas tant pro que ça, parce que j’étais sur Paris, je voyais mes gars de temps en temps… LW : (Il coupe) Quoi ? De temps en temps ? Il fallait te réveiller ! EF : Quand même ! C’est vraiment quand j’ai quitté Paris que j’ai senti le changement. Parfois, vous ne vous dites pas que vous aimeriez être un jeune « lambda », qui va à la fac ? LW : Non, du tout. Si je pouvais jouer au basket tranquillement, sans médias, sans trucs autour, ça m’irait très bien aussi mais après ça va avec le monde professionnel. On s’y fait. EF : Je vis avec Laura, une ancienne basketteuse qui a été à l’INSEP et qui maintenant va à la fac, j’ai la chance de pouvoir comparer les deux et à aucun moment donné je ne regrette mon ancienne vie de personne dite lambda. LW : Pareil pour moi. Je vis avec ma copine, elle va à la fac. EF : On se rend vraiment compte qu’on est des privilégiés. Quel est votre plus beau souvenir ensemble ? LW : On a fait deuxième au championnat d’Europe (Euro U18

« EN SPORT, À PART LE BASKET, EVAN, T’ES NUL À CHIER » LÉO WESTERMANN


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en 2009) mais je ne sais pas si c’est ce qui nous a le plus marqué. EF : Le plus gros souvenir que je garde de notre groupe, c’est la première fois qu’on est sorti tous ensemble en boîte. Après, sur le terrain… Il y a le championnat d’Europe des moins de 16 ans, pour se qualifier en demi-finale on a dû attendre le résultat d’un autre match et c’était un score très serré, il fallait qu’une équipe batte l’autre sur une fenêtre de six ou sept points. C’est ce qui était arrivé et c’était vraiment un souvenir assez fort. LW : Dans l’hôtel on était tous ensemble à attendre le résultat de l’autre match, c’est vrai que c’est un souvenir fort. Parlons de votre technique de jeu. Quelle qualité de l’autre aimeriez-vous posséder ? LW : Chez Evan, ses appuis décalés, sa variété de mouvements impressionnent un peu tout le monde. Tout ce qui est dans la raquette, il est très fort. EF : J’hésite entre deux choses, mais la deuxième c’est pas basket pur. Léo, là où il est très fort, et je trouve qu’il l’a développé depuis l’INSEP, c’est son jeu de un-contre-un. Faire des arrêts mid-range shoots, à 4-5 mètres. C’est quelque chose que j’essaie de développer et que Léo a. LW : Là tu parlais de basket mais je pense que la plus grande qualité chez Evan c’est son esprit de compétiteur. Moi je n’ai jamais vu ça. En fait, j’ai vu ça une fois, c’est chez Tony Parker. Tony a vraiment cet esprit de compétitivité qui est au-dessus de la moyenne. J’ai une anecdote à ce sujet. Au match d’Eurocup contre Valence, il fait 34 points, 40 d’éval, la première chose qu’il dit en rentrant dans le vestiaire c’est « putain, merde, j’aurais dû mettre mon tear drop. » Evan est un peu dans le même état d’esprit, il n’est jamais satisfait. EF : Moi, à la base, je voulais te parler de l’aspect vocal de Léo. Objectivement je n’ai pas ça. Je ne suis pas quelqu’un de très vocal et je pense que c’est quelque chose qui me manque. Le côté compétiteur pour Evan, leader vocal pour Léo, avez-vous l’impression d’avoir toujours eu ce truc en plus par rapport aux autres de votre génération ? EF : Alors ça oui. Sur un match Val-de-Marne contre Bas-Rhin, pendant tout le match, même quand il était sur le banc, le gars n’arrêtait pas d’ouvrir sa gueule ! C’est inné. LW : C’est dans les gènes. Déjà, on est né de deux familles très sportives. Mon père était professionnel (NDLR : Marc Westermann, 1,83m, né en 1961, a joué à la SIG en Pro B), meneur, pour moi c’était naturel de le devenir. Evan est né de parents judokas internationaux qui lui ont donné cette culture de la gagne. Nos parents sont très présents dans ce qu’on fait parce qu’ils savent de quoi on parle. Mon père, c’est le meilleur coach que je n’ai jamais eu.

« LEADER VOCAL CHEZ LÉO, C'EST INNÉ. MÊME SUR LE BANC EN BENJAMINS LE GARS N'ARRÊTAIT PAS D'OUVRIR SA GUEULE» EVAN FOURNIER

Vos trajectoires sont-elles celles imaginées ? C’est ce que vous vous étiez dit ? EF : On ne s’était rien dit mais pour moi c’était clair. LW : Depuis tout petit je sais ce que je veux faire. Evan disait que la NBA n’était pas un rêve mais un objectif, voilà, il va le faire. EF : Je savais très bien que Léo allait réussir ce qu’il entreprenait. Je me rappelle que quand il s’est pété les croisés à l’INSEP, c’était sa dernière année, il devait trouver un contrat, et il était un peu anxieux. On avait eu une conversation et je lui avais dit que sa blessure n’allait pas l’arrêter. La preuve aujourd’hui.

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Pour la suite de vos carrières, l’autre point commun est la relation avec la NBA. Est-ce un sujet de conversation ? EF : Dernièrement un petit peu quand même. Léo sait que je vais m’inscrire à la Draft donc on en discute mais sincèrement on se raconte plutôt des conneries quand on se parle. LW : On se raconte des conneries mais on se dit quand même des choses. Quand j’ai quelque chose à dire Evan est l’un des


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premiers au courant. « Les jeunes partent trop tôt en NBA » : ce refrain vous énerve ? EF : Personnellement oui. Il ne faut pas confondre les gens qui partent trop tôt en tournant à 4 points de moyenne en France et des gens qui sont All-Star. C’est clair que certains sont partis trop tôt mais il ne faut pas généraliser. Je suis certain que quand Tony (Parker) est parti, les gens disaient « c’est trop tôt » et il a prouvé l’inverse. Si on écoute les gens… LW : En NBA, pour les Français ou les Européens, on dit qu’ils partent trop tôt sur des postes où il faut beaucoup plus s’aguerrir, comme les intérieurs. Evan, il a prouvé qu’il pouvait être un des meilleurs en Pro A donc la NBA est son prochain but, c’est dans la juste lignée de ce qu’il fait, je ne pense pas du tout que ça soit trop tôt. Avez-vous le sentiment que la NBA fascine tellement que l’Euroleague en devient délaissée ? EF : Je pense qu’on n’a pas une culture Euroleague assez forte. Après, comment l’Euroleague peut rivaliser avec la NBA ? C’est la force de la NBA, le côté folklore, les highlights, les trucs de kainri quoi ! LW : Autour du terrain, les infrastructures, les conditions de jeu, tu ne trouveras jamais mieux qu’en NBA. Après chacun son truc. Si je peux aller en NBA tant mieux, après l’Euroleague c’est mon kiff donc on verra. Evan en 2011, Léo en 2012, vous avez tous deux participé au Nike Hoop Summit : qu’en avez-vous retiré ? LW : On s’est tous les deux confortés dans l’idée que la NBA était quelque chose de très attrayant. EF : Et on est d’accord sur le fait que le Gatorade c’est quelque chose de fantastique. LW : Toi et ton Gatorade, putain… EF : Le Gatorade avec la petite fontaine, c’est incroyable. Quand tu t’assois sur le banc, au moment où tu poses tes fesses t’as un mec qui t’apporte le gobelet. Tout est calculé. Evan, tu es inscrit pour la prochaine Draft, Léo, tu as décidé d’attendre encore. À terme, coéquipiers en NBA, ça vous brancherait ? LW : Ça serait le rêve.

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EF : Ça serait énorme. LW : Ce qui serait plus énorme, et plus gratifiant encore, plus intense, serait de faire quelque chose avec l’équipe de France A. EF : Faire les Jeux ensemble, comme leaders, encore plus énorme. LW : Pour ça il faut tout travailler. C’est un travail à durée indéfinie ! EF : Même quand on est le meilleur, ça ne se termine jamais. Où vous imaginez-vous dans vingt ans ? EF : Là je me vois avec un élevage de chiens. (Il rit) J’ai un chien depuis pas longtemps donc c’est pour ça. LW : Il fait trop le papa avec son chien, on dirait que c’est son enfant. EF : Sérieusement, plus tard, tout dépend de ma carrière, mais je me vois bien vivre aux States. LW : Dans 20 ans… Soit au soleil, soit en Alsace. L’entretien touche à sa fin, il est l’heure de nous dévoiler chacun un dossier sur l’autre. EF : Oh putain tu vas avoir des problèmes ! Franchement, il y en a tellement. Il faut en trouver un sympa. Ceci dit moi je suis un dossier ambulant. LW : Evan, c’est un dosser continu. Il oublie tout. Cette année il a oublié deux fois sa paire de chaussures dans le vestiaire. EF : Chaussures que Joffrey Lauvergne ne m’a toujours pas rendues ! LW : Le gars oublie tout. C’est incroyable. Vendredi soir on a mangé ensemble, il va chercher sa bouffe, il laisse son portefeuille sur la table. Evan, au sujet de Léo ? LW : Si tu réfléchis un peu, j’en ai plein en tête… EF : Cet enfoiré se cache bien. On en revient à l’imposteur. En cours, on était assis à côté. Moi j’étais le genre de gars qui dormait sur la table, enfin je gardais le stylo dans la main pour faire genre… LW : (Il coupe) Il prenait des lignes. EF : Léo, c’est le gars qui posait deux question à la prof pour faire croire qu’il s’intéressait alors qu’il n’en avait rien à faire et après il se rendormait. LW : Poser une question toutes les quinze minutes, c’est tactique. EF : C’est de l’imposture. ●

« LA PLUS GRANDE QUALITÉ CHEZ EVAN C’EST SON ESPRIT DE COMPÉTITEUR. JE N'AI JAMAIS VU ÇA, À PART CHEZ TONY PARKER»

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LÉO WESTERMANN

Léo, très bien entouré à l’Euro cadets 2008. De gauche à droite : Milan Ryska (République Tchèque), Jonas Valanciunas (Lituanie), Enes Kanter (Turquie), Léo et Dmitry Kulagin (Russie) pour un 5 idéal.

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DAVID DENAVE

(SAINT-VALLIER)

LE MEILLEUR SCOREUR FRANÇAIS DE PRO B* - 15,8 POINTS APRÈS 29 JOURNÉES – PRÉSENTE UNE PANOPLIE OFFENSIVE D’UNE RARE RICHESSE. IL NE FAIT AUCUN DOUTE QU’ON VERRA TRÈS VITE CE TALENTUEUX ARRIÉRE (1,95 M, 26 ANS) À L’ÉCHELON SUPÉRIEUR. Propos recueillis par Antoine LESSARD

Quel est ton geste préféré ?

Le Bodiroga (« El Latigo », le fouet, geste déposé par Dejan Bodiroga). J’essaie de le passer une ou deux fois par saison. Des fois cela réussit, des fois un peu moins mais c’est vraiment un geste qui me plait beaucoup. Je l’ai passé il y a deux ans contre Pau. L’année dernière aussi contre Rouen.

Tu es gaucher donc tu feintes de partir à droite pour partir à gauche, c’est cela ?

Voilà, je prends le ballon à droite, je l’amène devant et je le ramène avec ma main gauche pour partir sur la gauche.

Et c’est efficace ?

Oui plutôt. Mes coéquipiers me demandent justement de le tenter plus souvent en match. Je n’ose pas trop parce que si ça ne passe pas, je risque de me faire engueuler, mais bon même le coach m’encourage à l’essayer une ou deux fois dans la saison. En général, j’essaie quand le score n’est pas trop serré.

À l’inverse, le geste que tu ne maitrises pas ?

Le dunk, parce que je n’ai pas une grande détente, on va dire.

Ta situation préférée en match ?

Le money time. Quand c’est accroché, qu’il reste peu de temps et qu’il faut aller chercher la gagne. Ces moments où le coach me confie les clés du magasin. L’année dernière, je jouais meneur, cette année je suis plus arrière mais cela peut arriver que les meneurs me donnent la balle et que je joue en un-contre-un.

Ton spot préféré pour shooter ?

Des shoots m’ont pas mal réussi, comme il y a deux ans contre Quimper où j’ai mis un shoot au buzzer dans l’angle, corner droit. Le shoot à trois-points côté droit est un spot qui me plait bien.

Tir après dribble ou sur catch and shoot ? Les deux mais à choisir, plutôt après dribble.

À quand remonte ton dernier buzzer beater ?

Il n’y en a pas eu 150 ! Celui que j’ai mis il y a deux ans contre Quimper, à domicile, qui nous a permis d’aller en prolongation (victoire 84-83). Sinon, cette année, ce n’était pas un buzzer beater mais j’ai mis un shoot à la renverse à Rouen, qui nous a permis de passer devant à 20 secondes de la fin (93-92 pour le SVBD au final avec 34 pts de David, son record en carrière).

Le joueur qui t’inspire ?

J’aime beaucoup la vivacité et l’énergie de Manu Ginobili et la maitrise de Diamantidis. Ce serait un mélange des deux. Deux gauchers comme moi. En NBA, mon joueur préféré, c’était Tracy McGrady quand il jouait à Orlando et à Houston. C’était vraiment un joueur complet.

Ton plus rude adversaire en Pro B cette saison ?

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Sans conteste un joueur que j’aime beaucoup : Jo Gomis. Je le regardais quand il était en équipe de France et que je n’étais pas encore pro. Il me plaisait beaucoup. Il m’a impressionné surtout par sa capacité à tenir les duels, à arrêter son joueur, et sa vitesse de jambes. Après, au niveau offensif, il a vraiment du talent. Il n’a pas été en équipe de France pour rien.

RE, È I N R E D E É N « L’AN R, U E N E M S I A U JE JO UIS S E J E É N N A E CETT » E R È I R R A S U PL


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DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 75

QUAND JE SUIS AVEC LE GROUPE FRANCE, JE N’AI PAS PEUR

DU CÔTÉ DE CHEZ…

ENDY MIYEM À 24 ANS, CE MOIS-CI, LA BERRUYÈRE ENDY MIYEM A DÉJÀ UN PALMARÈS EN BÉTON QU’ELLE ESPÈRE CONSOLIDER CET ÉTÉ AVEC UNE PARTICIPATION AUX JEUX OLYMPIQUES. Propos recueillis par Pascal LEGENDRE, à BOURGES Photos : Jean-François MOLLIERE


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CÔTÉ COUR

Reims Ma ville, mes origines. Mes parents, des oncles, sont toujours là-bas. Mon père a joué un peu et là, il entraîne comme mes oncles. J’ai commencé à jouer au basket au Reims Université Club et ensuite je suis allée à SaintJacques. J’en suis partie à l’âge de 13 ans aussi j’ai des souvenirs d’enfance.

Centre Fédéral Lequel ? Lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle que j’allais à Toulouse je me suis mise à pleurer. Je me disais « mince !, je vais quitter toutes mes copines, je vais aller à Toulouse, c’est super loin. » En fait j’ai passé là-bas de très bons moments, au départ surtout humainement, et à prendre conscience que j’aimerais peut-être faire du basket mon métier. On était très bien encadrées et c’est super de partager sa passion avec d’autres filles, d’être au centre de Toulouse avec d’autres sportifs, des footballeurs, des rugbymen et rugbywomen, des golfeurs, des nageurs, j’ai d’ailleurs connu là-bas Coralie Balmy. Je suis rentrée en 4e et j’ai passé trois ans à Toulouse et deux à Paris.

Équipes de France jeunes Je dois avoir deux médailles de bronze (NDLR : trois en fait, au Mondial Espoirs’07, Euro Espoirs’07 et Euro Juniors’05) mais j’ai gardé un souvenir mitigé. On avait de bonnes équipes, on était généralement dans les favoris et ça ne se passait jamais très bien, on perdait souvent en quart de finale, le match qu’il ne faut pas perdre et ça gâche la compétition. Troisième au Mondial des 21 ans et moins (avec Sandrine Gruda et Isabelle Yacoubou), c’était vraiment bien quand on voit que devant nous c’était les Américaines et les Australiennes, qui étaient vraiment au-dessus.

Poste 4 à 1,88m

Repères Née le 15 mai 1988 à Reims Française • Taille : 1,88 m • Poste : 4 • Clubs : Centre Fédéral Toulouse (N2) (2002-03), Centre Fédéral Paris (N1) (2003-06), Bourges (2006-12). • Palmarès : Championne d’Europe (2009), médaillée de bronze à l’Euro (2011), championne de France (2008, 2009, 2011), médaillée de bronze au Mondial Espoirs (2007), à l’Euro Espoirs (2007), à l’Euro Juniors (2005). MVP espoir de la LFB en 2008. • Stats 11-12 : 11,7 pts à 48,3%, 3,7 rbds et 1,6 pds en 31 min et 25 matches.

On m’avait souvent dit que ça serait compliqué pour moi, que j’étais trop petite. Alors au départ je me disais « ça ne sert à rien, je ne vais jamais m’en sortir, toutes les filles vont être trop grandes, je ne vais jamais pouvoir shooter au panier… » J’ai compris après qu’il fallait se sortir de ses défauts, entre guillemets, et d’en faire des qualités, utiliser ma vitesse, et puis si je ne peux pas shooter en dessous, écarter un peu plus. C’est ce que j’essaye de faire. J’avais pensé un moment à jouer en 3 mais à l’INSEP on m’a formée en 4. Ça ne sert à rien de regarder en arrière mais bien sûr par moments c’est compliqué quand on joue contre des équipes russes où la moyenne de taille, ça doit être 1,88 m, ma taille ! En plus j’ai des petits bras, Jennifer Digbeu doit me mettre deux ou trois phalanges quand on est bras tendus, avec Marielle Amant pareil. Je suis petite et en plus j’ai des petits segments ! (rires)

sortie (11,9 pts et 5,1 rbds). Bien sûr j’aurais préféré que l’équipe fasse un meilleur résultat mais c’était globalement satisfaisant avec une équipe que l’on disait appauvrie.

Le dribble (Rires) Qu’est-ce que je suis censé dire là-dessus ? Il faut que j’aie un peu plus la volonté de faire des attaques face au panier, de me dire que j’en suis capable. Le dribble, j’ai progressé, je me suis entraînée (rires), même si j’en n’ai pas un parfait à la Céline Dumerc.

La vie à l’intérieur d’un groupe de basketteuses Je n’ai eu que des bonnes expériences avec mes équipes. Mais bien sûr, comme dans tous les groupes, il y a des moments de petites tensions où je peux plus voir la tête de l’autre (rires), « oh ! elle m’a fait ça ! », c’est normal. Nous les filles on est peut-être un peu plus susceptibles que les garçons.

Le corps qui fatigue Non, non, je ne le ressens pas, je suis encore jeune. Bon, il y a quand même des périodes où on est un peu plus fatiguée, ça m’est arrivé pendant la série de matches contre Rivas Madrid (en 8e de finale de l’EuroLeague) où je me sentais crevée. Il faut trouver un moyen de récupérer et ce qui est bien ici c’est que dans notre vestiaire on a jacuzzi, sauna, on peut faire des bains d’eau froide, il y a Nono (Noëlle Matichard), la kiné, qui est là à plein temps pour nous masser, un docteur qui nous reçoit dès qu’on en a besoin, c’est génial. Au niveau d’un club ça peut faire la différence.

Être une personnalité à Bourges On est parfois reconnu dans la ville, « c’est la joueuse du Bourges Basket, blablabla… » Mais ça n’arrive pas souvent non plus. C’est bien de savoir que des gens sont derrière nous, ont cette passion du club et du basket féminin. Ça fait chaud au cœur et on a envie de leur faire plaisir.

L’obligation d’être numéro 1 en France

Un trop beau souvenir. Je repense au poster que j’avais des anciennes championnes d’Europe dans ma chambre. Je rêvais, je me disais « c’est vraiment fort ce qu’elles ont fait. » Quand j’ai vu ma tête sur le poster, génial. J’ai mis notre poster dans ma chambre à côté de celui de 2001, l’un au-dessus de l’autre. Comme quoi il ne faut pas s’interdire de rêver…

Oui, c’est normal… Depuis que je suis arrivée à Bourges j’ai appris cette culture de la gagne. On a des obligations entre guillemets, un statut à tenir. Je connaissais le palmarès quand je suis arrivée ici et puis chaque année il y a le discours du président qui nous dit « je veux le titre de championne de France, la Coupe de France et une place au Final 4, ou au Final 8 de l’EuroLeague pour cette année. » Et quand on entend les supporters on sent qu’ils sont habitués à gagner. « Oui, on veut que ce soit comme l’année dernière, etc. » Et quand on arrive à Bourges on n’a pas envie de faire partie de l’équipe qui va faire couler ou du moins baisser le standing du club. Si bien que chaque joueuse qui arrive ici a envie de s’arracher sur le terrain pour faire perdurer ce statut. Quand je joue au Prado, je suis à la maison, personne ne va me piétiner chez moi, on ne va pas perdre. Et ça fait toujours plaisir d’entendre les adversaires qui disent « au Prado, on ne va jamais gagner, c’est mort. » On a envie que les gens continuent de dire ce type de petites phrases.

Ton Mondial’10

L’EuroLeague

Un bon souvenir. C’était un peu compliqué avec les blessées, on s’est tourné vers moi, j’étais l’option numéro une. Mon but c’était de ne pas décevoir, pallier au maximum l’absence de Sandrine (Gruda), jouer sans complexe. Je pense que je ne m’en suis pas trop mal

Petite frustration car on avait la place de passer. On est tombé sur une équipe de Madrid qui n’était pas beaucoup plus forte que nous. Si on avait eu l’avantage sur elles et les matches à la maison ça aurait pu changer quelque chose. Là-bas à Madrid ce n’était pas une salle

Le titre de champion d’Europe’09


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 77 très virulente mais ça aurait pu peser si on avait été à la maison. À la maison, on se sent plus fortes, on ne va pas se laisser dicter les règles sur notre terrain !

gérer ce genre de moment, sans se mettre trop de pression tout en étant concentré. Quand je suis avec le groupe, je n’ai pas peur, je ne me fais pas de soucis.

Jouer à l’étranger

Participer à la cérémonie d’ouverture des J.O. de Londres

J’y pense car je veux me dire que dans ma carrière j’aurai testé autre chose. Où ? Je ne sais pas. Qui me voudra, où je voudrai aller aussi. Il faut que j’arrive à bien me connaître en tant que joueuse, avoir une maturité suffisante que je peux obtenir en restant pour l’instant en France dans de bonnes conditions, en connaissant les gens qui sont autour de moi. Et ensuite voir autre chose. Je n’ai pas envie de finir ma carrière en France. Je suis un peu ce qui se passe à l’étranger, par Facebook, mais je ne m’affole pas, je ne suis pas trop au courant de ce qui s’y fait financièrement. Quand je voudrai partir je m’intéresserai à la destination.

Ça serait un rêve. Je me vois regarder ça à la télé, « whaou ! c’est magnifique. » On voit la délégation « France » qui passe et dans sa tête on se dit « j’aimerais bien y participer. » J’espère, je pense, qu’on sera présentes là-bas. Maintenant qui y sera ? On ne sait pas encore.

“ J’AI MIS NOTRE POSTER DANS MA CHAMBRE À CÔTÉ DE CELUI DE 2001, L’UN AU-DESSUS DE L’AUTRE. COMME QUOI IL NE FAUT PAS S’INTERDIRE DE RÊVER… ”

Le Tournoi de Qualification Olympique à Ankara On verra. C’est un peu délicat d’en parler sur le plan personnel, je ne sais pas si je ferai partie de l’équipe ou pas. Sur le plan collectif, de l’équipe de France, j’espère que ça sera un succès avec une qualification pour les Jeux Olympiques. J’ai vu que le groupe France est capable de

BTS de Communication

Je pense à l’après-basket. J’avais arrêté au bac, je voulais être kiné mais je me suis dit que ça serait un peu compliqué de faire ça par correspondance. Il faut que j’aie des gens autour de moi qui travaillent en même temps, pour discuter, m’aider à gérer mon temps, avoir l’impression de travailler. J’avais commencé par correspondance Informatique de Gestion. Le CNED m’avait envoyée tous les cours dans deux gros cartons et quand j’ai vu ça je me suis dit « ça ne va pas être possible ! » Je fais le BTS en trois ans. C’est ma deuxième première année. Je dois valider trois matières à la fin de l’année scolaire et l’année prochaine j’essayerai de boucler le truc.


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MAXI-BASKET

CÔTÉ JARDIN

Ta matière préférée à l’école J’hésite entre anglais et SVT, Sciences et Vie de la Terre. Les deux.

Ta plus grosse bêtise Le seul truc qui me revient c’est lorsque j’ai menti à mes parents. Je crois que j’avais dit que c’était mon petit frère qui avait fait une bêtise alors que c’était moi. Ils étaient super déçus… En fait je crois que c’était un piège, un truc psychologique, « tu te rends compte que si tu nous mens, on ne pourra plus jamais te faire confiance. » Ça m’a vraiment fichu un coup au cœur. Depuis ce jour-là, je préfère leur dire la vérité quitte à me faire engueuler !

Ton principal trait de caractère Certains disent que je suis susceptible, que j’ai tendance à me braquer, ce n’est pas vrai (rires). J’ai du mal à me décrire, c’est dur comme question. Je n’aime pas montrer aux gens que je doute, que j’ai peur, je dirai pudique. Je n’ai pas envie de trop me dévoiler.

Un péché mignon Le riz au lait… La nourriture camerounaise de ma maman.

Ton site Internet Heureusement que quelqu’un s’en occupe pour moi, Romain (Chaib). Il m’avait proposé de faire un site, j’ai dit pourquoi pas. On fait un point avec une interview en début, au milieu et en fin de saison. J’espère avoir plus tard un peu plus de temps à y consacrer, mettre des choses plus personnelles, des nouvelles, des bilans de match, des photos.

Un autre sport Mis à part le basket il n’y a pas grand chose qui me branche… Le beach volley. À voir aux J.O., l’athlétisme et si je peux les sprinters.

En vacances Je me bouge assez durant l’année, alors quand je suis en vacances, je suis en vacances. Être au soleil, sous le parasol. Ça fait trois ans que je vais en Corse, c’est vraiment magnifique. Le culturel, je préfère durant l’année, aller voir un musée, une exposition. Pas en déplacement avec l’équipe car on a généralement peu de temps et quand on en a, on fait du shopping ! (rires). Pas très culturel. Sinon, quand je suis d’humeur, j’aime bien visiter des monuments, aller à la Géode à Paris quand l’exposition me plait bien. Il faut que je voie de temps en temps autre chose que des terrains de basket.

Un film que tu es allée voir plusieurs fois Aucun. Je ne vais voir les films qu’une seule fois, je ne veux pas dépenser des sous pour revoir le même truc. Au pire si j’aime beaucoup un film je vais le revoir en DVD. On va encore se moquer de moi, mais j’ai beaucoup aimé Titanic. Je crois que c’est le premier vrai film, pas un Disney, que je suis allée voir, avec ma tante. Je me sentais comme une grande car elle m’avait emmenée au cinéma.

Une lecture J’aime bien les Marc Lévy, pas les livres à l’eau de rose mais mignons, qui parlent d’amour, ou sinon les policiers, le style Mary Higgins Clark.

Un super pouvoir De pouvoir réaliser les vœux de certaines personnes.

Photographe J’ai eu une petite carrière (rires). (Voir Maxi-Basket n°29, mars 2011 où Endy a réalisé des photos dans l’intimité de son équipe). Je les ai saoulées mes copines avec ça, « allez


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 79 dans la salle de bain ! Là sur le lit ! » Avec les photos on immortalise certains moments et après quand je les ressors, ça me les remémore, c’est sympa. Ceci dit je ne suis pas tout le temps avec mon appareil, d’ailleurs il est cassé. Et puis on n’a pas toujours le temps, l’envie, on n’est pas bien coiffé, pas bien réveillé… Ou alors on prend la photo mais après il y a la petite mention « tu ne mets pas ça sur Facebook ! »

Ce qui te fait rire Gad Elmaleh, Jamel Debbouze, Thomas Ngijol, Florence Foresti. Je suis bon public, pas mal de choses me font rire, même des situations où il ne faut pas rigoler. C’est là où je prends des fous rires pour rien du tout.

Si tu pouvais remonter le temps

temps en temps je me dis que j’ai des origines africaines, il y a mon apparence, mais je n’ai pas de vécu. Parfois ça me manque de ne pas avoir connaissance de ces origines.

Ton cinq de potes dans le basket En tout premier Carine Paul, qui était avec moi à Toulouse, à l’INSEP, ici à Bourges. Après, ouh là là ! je vais faire des énervées. Je vais me mettre coach comme ça, ça va faire une place en plus. Diandra Tchatchouang. Sandrine Gruda. Jennifer Digbeu. Et Laetitia Kamba. Je peux faire un cinq de remplaçantes ? (Rires) Sinon je vais me faire trucider. Camille Aubert. Ma fleur Flo Lepron. Une fille que l’on a perdue de vue mais à qui je pense toujours, Vayiana Valin, qui était avec moi à Toulouse. Marielle Amant, je ne peux pas la laisser de côté. Et puis la dernière place, elle est en suspens pour qui veut (rires).

“ JE SUIS NÉE EN FRANCE, JE SUIS FRANÇAISE, MAIS DE TEMPS EN TEMPS JE ME DIS QUE J’AI DES ORIGINES AFRICAINES, IL Y A MON APPARENCE, MAIS JE N’AI PAS DE VÉCU. ”

Je reviendrais à l’époque de Toulouse. Je revivrais de super moments de ma vie tout en ayant conscience de ce qui se passe aujourd’hui. Comme ça je saurais plus tôt que je veux faire ma vie dans le basket, pour avoir plus confiance en moi car à l’époque ça me manquait énormément. J’avais tendance à me cacher derrière les autres, je ne prenais pas mes responsabilités. Comme ça j’aurais progressé un peu plus vite et pris aussi plus vite du plaisir. Les deux premières années à Toulouse n’ont pas été faciles car justement dans ma tête je n’étais pas en pleine possession de mes moyens. Après en 3e année, avec des filles plus jeunes, j’ai pris conscience qu’il fallait un leader et j’ai essayé de jouer un peu ce rôle.

On m’a déjà posée cette question et je dois changer mes réponses à chaque fois (rires). Il me faut évidemment quelqu’un pour me faire rire, et donc je vais choisir l’un des comiques, Thomas Ngijol. Il me faut du temps pour réfléchir. Quelqu’un pour me faire rêver, Michael Jordan. Quelqu’un pour me faire réfléchir, Rosa Parks.

L’Afrique

Trois choses à emmener sur une île déserte

Quand je pense à l’Afrique c’est en premier lieu aux Jeux de la Francophonie à Niamey que j’ai fait lors de ma deuxième année à l’INSEP avec François Gomez. C’était nos mini J.O. Ensuite je pense à toute ma famille, mes origines, mais je n’ai pas de souvenirs car j’y suis allée lorsque j’avais deux ou trois ans et je n’y suis pas retournée. De temps en temps ça me manque. J’aimerais y retourner pour voir à quoi ça ressemble, voir où mes parents ont grandi au Cameroun, et le reste de ma famille. Je suis née en France, je suis française, mais de

De l’eau. Quelqu’un à qui je tiens beaucoup pour me tenir compagnie. Je ne citerai personne sinon ça va se retourner contre moi. Et une cargaison de nourriture.

Une journée dans la peau d’une autre Je me verrais bien dans celle de Beyonce. Pour voir si vraiment elle est heureuse. Elle vit de sa passion avec la musique mais il doit y avoir l’envers du décor et j’aimerais le connaître.

Trois personnes avec qui dîner

Toi dans 10 ans Ça me fera 33 ans. J’aurai fini ou je serai en train de finir ma carrière de basketteuse. J’espère avoir fini mes études (rires) et même avoir trouvé un travail pour avoir commencé dans ma seconde vie, la vie active. l

L’un ou l’autre • Rap ou Zouk ? Zouk • Cross ou fade away jumper ? Fade away, c’est ce que je suis le plus capable de faire. • iPhone ou Blackberry ? iPhone. • Pierre Vincent ou Valérie Garnier ? Hou là ! Pierre Vincent. • Edwige Lawson ou Émilie Gomis ? C’est traître comme question. Émilie c’est ma roommate en équipe de France, on fait ensemble des petits concours où on se prend pour des actrices. Edwige, j’ai appris à la connaître et je l’apprécie vraiment beaucoup. On pourra préciser que c’était une torture de répondre à ça ? Les deux ont été bien au dernier Euro. (Elle souffle, réfléchit, on discute) Allez ! Edwige. Elle est sur mon poster (de 2001), je suis obligéE ! Elle me fait rêver. Elle est marrante, toujours impliquée, de bon conseil. • Médaille d’or olympique ou un enfant ? À l’heure qu’il est, sans hésiter, médaille d’or olympique. Je ne me vois pas être maman maintenant. Na !

Si tu étais • Un homme ? Mon père. • Un personnage historique ? Martin Luther King. • Une invention ? Le téléphone. • Un parfum ? Hot Couture de Givenchy. • Une boisson ? L’eau. C’est pour ça que j’en emporte sur mon île déserte.

1. Beach volley 2. Beyonce 3. Florence Foresti 4. Carine Paul 5. Mary Higgins Clark 6. Martin Luther King 1

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• Une ville ? Paris. Tu ne t’y ennuies jamais. J’aurais voulu dire New York mais je n’y suis jamais allée.

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FONDAMENTAUX

LE CROSSOVER

COMMENT ÇA MARCHE ? Par Thomas BERJOAN

LE DRIBBLE QUI TUE

LE DRIBBLE CROISÉ OU LE « CROSS » EST L’ARME DE PRÉDILECTION DES EXTÉRIEURS QUI JOUENT FACE AU PANIER. LE COUP DE REIN QUI PERMET DE SE DÉBARRASSER EN UNCONTRE-UN DE SON DÉFENSEUR. UN GESTE DEVENU UN ART EN SOI. Par Thomas BERJOAN

Scott Winterton/NBA E

via Getty Images

Andrew D. Ber

nstein/NBAE via

Getty Images

R

egardez la photo 4. Il s’agit d’un des tirs les plus passée. Mais sur la photo 3, stop ! Jordan plante son appui célèbres de l’histoire du basket moderne. Le dernier droit au sol et va faire machine arrière toute ! La petite histoire shoot de Michael Jordan sous le maillot des Bulls, retiendra que le meilleur joueur de l’histoire a un peu « aidé » décoché à 8 secondes de la fin du Game 6 de la finale 1998 son défenseur à mordre à la feinte. Vous voyez la main contre Utah et qui fait définitivement passer Chicago devant gauche de Jordan ? Gentiment, il va pousser un peu Russell, 97-96. Et bien il ne s’agit pas d’un tir en reculant, le fade lui permettant par la même de s’équilibrer un peu mieux. En away, le shoot le plus emblématique de la période « Jordan fait Jordan, va effectuer à ce moment-là un petit dribble, la deuxième triplé ». Non, ce tir est décoché à la suite d’un balle revenant de sa main droite vers sa main gauche, pour autre mouvement : le dribble croisé, ou crossover en anglais. reprendre correctement ses appuis pour le tir qu’on voit sur la photo 4. C’est un crossover. Qu’est-ce que c’est ? Regardez bien les photos 1, 2 et 3. Jordan part à droite, ballon protégé, dribble très bas, attitude agressive (1). Son « Déboussoler le défenseur » défenseur Bryon Russell a toutes les raisons d’y croire. « Le but de la manœuvre est de déboussoler le défenseur », Surtout que sur l’action précédente, Jordan est allé réduire le explique Tim Hardaway, meneur NBA de 1989 à 2003, 5 score en marquant un lay up à droite. Sur la photo 2, Jordan fois All Star et élu dans le meilleur cinq de la ligue en 1997, a pratiquement battu Russell, son épaule gauche est presque considéré comme le père moderne du crossover. Tim

Michael Jordan cross Bryon Russell pour le titre 1998.


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Tim Hardaway avec les Warriors en 1997

Fernando Medina/N

BAE via Getty Imag

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Bug (1,83 m) avait en effet porté le dribble croisé au sommet. droite. Puis, c’est la main gauche qui vient chercher le ballon Le principe est assez simple. Il s’agit tout simplement de de l’autre côté du corps et qui ramène le ballon sur la gauche déstabiliser le défenseur, de le faire sortir de ses appuis et de du corps avec un dribble. Comme un coup de fouet (latigo en le feinter sur l’intention réelle de l’attaquant. Le changement espagnol). Ce n’est pas le dribble en lui-même qui croise mais de direction sur le drible, qu’il soit latéral mais également aussi plutôt la main. Mais le résultat est le même. parfois d’avant en arrière (comme pour Jordan) doit être rapide et se coordonne souvent avec des feintes de la tête, du regard Le killer crossover ou de la position du corps tout entier. Plus que la vitesse pure Ce qu’on appelle enfin le killer crossover, est un mouvement (qui aide bien entendu), c’est surtout la capacité à changer de assez ample, un sorte de flottement dans le dribble, parfois à rythme ou de direction qui fait la différence. La partie feinte est la limite du porter de balle où l’attaquant feinte un départ dans également très importante. une direction avant de ramener très rapidement son dribble au C’est Oscar Robertson, le premier roi du triple double, meneur niveau de ses chevilles pour partir de l’autre côté. C’est sur ce de grande taille (1,96 m) entre 1960 et 1974 (champion NBA en genre de mouvement que le défenseur perd parfois l’équilibre et 1971, MVP en 1964 et 12 fois All Star) qui a importé le premier ce tombe à la renverse. Le cross devient alors un ankle breaker, un mouvement en NBA. Mais c’est véritablement avec Hardaway casseur de cheville littéralement. Allen Iverson a été pendant ses que le cross est passé à la postérité. Aujourd’hui, il fait partie plus belles années le héros de ce mouvement. des fondamentaux du jeu. On l’apprend dans toutes les écoles « Moi, je n’ai jamais fait de porter de balle », tient toutefois à de basket du monde. « Je trouve ça génial », affirme Tim H. préciser Hardaway. « Mes mains restaient au dessus du ballon. « Aux camps d’avant la draft maintenant, il existe un exercice Je n’ai jamais fait comme Iverson ou certains des joueurs de crossover auquel doivent se soumettre les candidats. Ça me aujourd’hui qui portent la balle pour passer la défense. » En fait rire, parce qu’à l’époque, j’étais juste un joueur d’université basket de rue, le killer cross est devenu un mouvement de qui essayait de trouver quelque chose de nouveau ! » Hardaway référence. Aussi puissant que le dunk. « Avec le style « And-1 » était très fort parce qu’extrêmement explosif et il possédait une (célèbre marque qui cible les streetballers), beaucoup de gens rapidité de dribble près du sol ébouriffante. se sont mis à dribbler comme les joueurs de playgrounds. Les Aujourd’hui, la palette d’options sur le dribble croisé est infinie. Il mecs ont arrêté de bosser les fondamentaux et ont commencé à existe le crossover normal : départ d’un côté puis dribble croisé faire n’importe quoi. Je n’ai jamais dribblé comme ça. J’avais un pour changer de direction. Ce dribble peut être fait dans le dos, style unique et je faisais de beaux mouvements, je passais mon entre les jambes. Il y a aussi le demi-crossover, qui consiste à défenseur selon les règles, simplement, on avait l’impression que faire croire qu’on va poser un dribble croisé, pour revenir au le gars ne savait pas comment défendre. » Sur les playgrounds, dernier moment sur le côté initial. Tout ça dans le même dribble, on s’en rend compte aussi dans les vidéos postées sur Internet, sans porter la balle. Il y a également le double crossover, où réussir à vraiment déstabiliser son adversaire direct est devenu le premier dribble croisé n’est qu’une feinte et où le véritable une fin en soi. Une sorte d’humiliation. Jusqu’à la caricature. départ se fait sur le second dribble. Et toutes les combinaisons Parfois, certains amuseurs passent leurs adversaires, puis possibles entre ces les divers éléments. Une autre déclinaison, El s’arrêtent, reviennent en arrière pour laisser leur défenseur latigo, popularisée par Dejan Bodiroga, utilisée aussi par Manu se remettre en place pour mieux le « crosser » à nouveau. Ginobili, peut également être considérée comme un crossover. Oubliant complètement le panier, leurs partenaires, bref le jeu. Sur ce mouvement, l’attaquant part dans une direction, par Ce n’est jamais le dribble lui-même qui tue. C’est le panier exemple à droite, en posant sur sa droite un dribble de la main marqué derrière. Demandez donc à Russell et Utah ! ●


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CONTRÔLE SURPRISE !

JOFFREY LAUVERGNE Par Florent de LAMBERTERIE

tant pas rassuré. qui ne partait pour y re ff ns Jo ur po e as mis des questio Pile la moyenn nq sur dix, tu m’ ci ire fa » s ? pa ux ais « Je ne pens n, j’aurais tout fa tu savais que sino faciles parce que va dire… Moitié-moitié, on

5/10

saison dernière ? scoreur de Pro A la 1. Qui était le meilleur ❏ Davon Jefferson ❏ Rick Hughes trois ❏ Demetris Nichols nt même d’entendre les », déclare Joffrey ava s ghe Hu k ne. Ric yen t mo tai « Je crois que c’é nnée avec 19,1 points de du HTV a terminé l’a propositions. Le pivot 2009-10. Combien de de la 4e journée en s lor y nc Na à it éta en Pro A 2. Ton premier match é ? rqu ma tu isava s point ❏4 ❏2 ❏0 onse a fusé direct. ? Là aussi, la bonne rép 11 gagnée par Chalon Coupe de France 20 de e nal fi la de ore 3. Quel était le sc ❏ 77-69 ❏ 81-73 score une fois ❏ 79-71 ement trouver le bon nal fi de nt ava ey, ffr Jo e » xclam en fait ! « Impossible ! », s’e Putain, je suis balèze sitions énoncées. « les différentes propo ël Freeland ? d’Euroleague joue Jo 4. Dans quelle équipe ❏ Olimpija Ljubjana Unicaja Malaga ❏ i ero arl Ch u ❏ Spiro is. » « L’Euroleague, je su Bucks ? la salle des Milwaukee 5. Comment s’appelle ❏ Bradley Center à côté, ❏ Pepsi Center ssent beaucoup mais ❏ FedEx Forum équipes qui m’intére s ement, ue ibl elq Vis qu a » y s. il ue A, assez catastrophiq uve « Aucune idée. La NB tro je e qu s ipe belle d’équ il y a toute une ribam tie. par nt fo en s ck les Bu ais joué ? ardo Greer n’a-t-il jam 6. Dans quel club Ric ❏ Vichy ❏ Le Havre ❏ Gravelines -il ? e Stéphane totalise-t ipe de France ton pèr équ en s ion ect sél 7. Combien de ❏ 23 ❏ 21 ffrey, surpris. ❏ 19 tait 32 », nous dit Jo c’é e qu s sai pen je is ma oi qu « Je ne sais pas pour Pro A ? alon accède-t-il en 8. En quelle année Ch ❏ 1997 ❏ 1996 ❏ 1995 ue pour Bilbao ? marqueur en Euroleag ur ille me é min ter a 9. Quel joueur ❏ Marko Banic ❏ Aaron Jackson ru mb Mu de Joffrey. « Avec sa x Ale ❏ tant tapé dans l’œil ur po a i qu r eu jou un , il est superbe ! » 13,3 points pour Banic, raie façon années 70 ite pet , ux eve ch de e magnifique coup -il remportés ? NBA Robert Horry a-t 10. Combien de titres ❏8 ❏7 is avec les Lakers ❏6 Rockets (94, 95), tro les c ave res tit x deu rté rempo « Big shot rob » a s (05, 07). autres avec les Spur x deu et ) 02 01, , (00

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