AUTOMNE 2010, Printemps/été 2007,vol. vol.63no no21
ENTREVUE avec
Frédéric Potvin,
Tricentris LEED directeur général de
er en la matière
Convention de la poste-publications no 41122591
Éloge d’une municipalité idéale L’incinération des matières résiduelles : nouvelle panacée ou imposture ? Nouvelles redevances de 9,50 $ la tonne : des effets surprenants en perspective !
www.maya.cc
AUTOMNE 2010, vol. 6 no 2
tête-à-tête
sommaire
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CHRONIQUES
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la responsabilité des entreprises s’élargit
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« Il faut savoir que de toutes les matières triées, seul le verre n’est pas vendu. Le verre est donc une dépense pour les centres de tri du Québec. Or, pour qu’il soit vendu, il doit y avoir un marché et pour qu’il y ait un marché, il doit y avoir une concurrence. C’est ce qui fait défaut en ce moment. Nous avons la prétention de vouloir contribuer à créer ce marché de façon à aider l’ensemble des centres de tri du Québec. Si nous y parvenons, les centres de tri pourront possiblement être payés pour disposer de leur verre. » — Frédéric Potvin
En lien avec le ministre
HORIZON 2015 LA RÉSISTANCE ET LA MÉFIANCE FONT TOURNER EN ROND
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INFRASTRUCTURES URBAINES ÉLO G E D’U N E M U N I CI PALITÉ I DÉALE
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ASSOCIATION PERFO RMAN CE D ES CENTRES D E TRI AU Q UÉBEC : D ES CH O IX À FAI RE
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ACCEPTATION SOCIALE L’I N CI NÉR ATI O N D ES MATIÈRES RÉSI D U ELLES : N O UVELLE PANACÉE O U I M POSTU RE ?
LE JURIDIQUE
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G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
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LE S B O N S C O NTA CTS
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Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc
L’ E N V E R S D U D É C O R
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Chroniqueurs : Pierre Arcand Cédric Bourgeois Jean-Louis Chamard Dominique Dodier Christine Duchaine Léo Fradette Perry Niro
Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie (Syma) Photos de la page couverture et de l’entrevue : Sébastien Arbour www.arbourphoto.com Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Carpe diem
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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 6 NO 2 AUTOMNE 2010
marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1 er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié 3 fois l’an.
É D I TO R I A L
Recycler davantage tout en payant moins Dans ce numéro de 3Rve, nous avons rencontré Frédéric Potvin, directeur général de Tricentris. À première vue, il peut sembler inusité d’interviewer l’un de ses propres chroniqueurs, mais nous croyons que le modèle d’affaires de Tricentris et les dernières nouvelles concernant l’entreprise valaient cette entorse à nos pratiques habituelles. C’est que, voyez-vous, Tricentris traite près de 30 % des matières recyclables acheminées aux centres de tri québécois. Il s’agit donc d’un joueur majeur de l’industrie. Mais, bien au-delà de l’importance du volume trié, le modèle d’affaires de Tricentris mérite qu’on prenne le temps de s’y attarder un peu. Tricentris est un organisme sans but lucratif (OSBL) qui offre aux municipalités un genre de membership permettant à ces dernières d'acheminer une quantité infinie de matières recyclables recueillies par la collecte sélective. Le système en soi peut paraître banal, mais il est plutôt ingénieux, puisqu’il permet aux deux parties d’être gagnantes. D’une part, il permet aux municipalités de payer un montant fixe pour ce service à leurs citoyens et ainsi de limiter leurs dépenses. Encore mieux, si une municipalité décide d’êtres proactive, voire agressive dans sa promotion de la collecte sélective, elle augmentera considérablement son volume de matières envoyées au centre de tri (pour un montant fixe, rappelons-le) et ainsi diminuera son volume de matières envoyées à l’enfouissement, réalisant donc des économies substantielles relativement à l’enfouissement. D’autre part, l’industrie des centres de tri en est une de volume. Comme le souligne monsieur Potvin, plus le volume de matières à trier est important, meilleures sont les chances que le centre de tri soit rentable. C’est donc dire que Tricentris a tout avantage à ce que les municipalités lui envoient la plus grande quantité possible de matières. Un « win-win », comme on dit.
André Dumouchel
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adumouchel@maya.cc
Ce n’est pas tout. Puisqu’il s’agit d’un OSBL, Tricentris peut se permettre de tout réinvestir en programmes sociaux ou dans des projets structurants pour l’entreprise. Un exemple ? Tricentris vient d’annoncer l’obtention de la certification LEED OR pour sa succursale de Terrebonne. Vous connaissez beaucoup d’entreprises privées qui acceptent de payer de 10 à 15 % de plus en coûts de construction pour un nouveau bâtiment ? La très grande majorité des entreprises ne feraient jamais une telle dépense, et ce, pour de simples raisons de coût-bénéfice. Pour la plupart des entreprises qui choisissent la voie LEED, il s’agit d’un engagement envers le développement durable lié aux convictions de leurs dirigeants. Mais encore faut-il avoir les moyens de ses convictions. Cela dit, à la base, je suis un ardent défenseur des entreprises privées. Bien souvent, ne serait-ce que pour leur instinct de survie, elles sont davantage imaginatives et productives.
Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 6 NO 2 AUTOMNE 2010
Encore qu’il s’agisse ici, bien sûr, d’une généralité. Cependant, certains marchés, certaines conjonctures économiques ou même certains objectifs de société nécessitent des approches particulières. Et j’ai l’impression que, dans bien des cas, l’industrie du recyclage en est un bon exemple. Des modèles comme celui de Tricentris ou encore celui de la société Gesterra située dans la région des Bois-Francs, copropriété de la MRC d’Arthabaska et du Groupe Gaudreau, sont des preuves irréfutables que les partenariats entre le privé et le public ou même les sociétés hybrides peuvent fonctionner. Elles peuvent aussi être une solution adéquate à certains problèmes qu’éprouve l’industrie. Il ne faut toutefois pas prétendre qu’il s’agit là d’une solution passe-partout pour toutes les régions du Québec. La densité de la population, le volume de matières, la proximité des municipalités et bien d’autres facteurs doivent être pris en compte. Mais une chose est certaine : la relation de confiance et le dynamisme des dirigeants sont des ingrédients essentiels à la réussite des partenariats. Dans le cas de Gesterra, il faut se rappeler que le Groupe Gaudreau entretient des liens extrêmement étroits avec la Ville de Victoriaville et sa MRC depuis des décennies. La confiance est donc au rendez-vous. Pour ce qui est de Tricentris, l’imagination, la ténacité et le leadership de son directeur général ont beaucoup à voir avec le succès de l’entreprise. Prenez seulement l’annonce de l’achat de la licence d’exploitation des résultats de recherche de la chaire SAQ de l’Université de Sherbrooke sur la valorisation du verre dans les matériaux. Fort de cette licence d’exploitation, Tricentris construira une usine de micronisation du verre recyclé provenant principalement des centres de tri du Québec au coût de 10 M$. Avouons qu’il est extrêmement rare qu’un OSBL se lance dans la réalisation d’un projet d’une telle envergure ! C’est d’autant plus rare lorsque le projet en question n’est pas en lien direct avec l’expertise de l’OSBL. Mais lorsqu’on regarde le projet de plus près, on comprend qu’une bonne partie du projet sera financée à même les montants que Tricentris devait débourser annuellement pour disposer de son verre. Brillant ! C’est donc dire que les modèles d’affaires de Tricentris et de Gesterra doivent être considérés comme des références dans l’industrie. Cependant, le danger serait de prétendre que l’entreprise privée n’a plus sa place. Je crois qu’il serait erroné de penser ainsi. D’ailleurs, certains d’entre vous remarqueront que la chronique de Perry Niro ne va pas dans le même sens que cet éditorial. N’y voyez pas un paradoxe, mais plutôt un signe que 3Rve est vivant et qu’il est un formidable outil de débat d'idées. Je crois, de mon côté, qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais plutôt viser à adapter nos modèles de façon à ne pas perdre notre objectif commun qui est la diminution du volume de déchets ultimes. En somme, quel que soit le modèle d’affaires, il est grand temps de cesser de tourner en rond et de faire du sur-place. L’industrie de la gestion des matières résiduelles, principalement le volet touchant le recyclage, a besoin de modèles comme Tricentris et Gesterra pour s’inspirer et améliorer ses façons de faire. Et, à bien y penser, plus je regarde le modèle de Tricentris et plus je me dis que recycler davantage tout en payant moins… c’est intelligent !
En lien avec le ministre La responsabilité des entreprises s’élargit
M. Pierre Arcand Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs
D’ici 2015, le montant versé par les entreprises aux municipalités pour compenser les services municipaux de récupération et de valorisation de matières recyclables augmentera de manière significative. Dans ce contexte, l’analyse du cycle de vie des produits devient une solution plus qu’intéressante pour les producteurs, car elle facilitera leurs efforts de réduction des matières résiduelles et leur permettra de s’engager sur la voie de l’écoconception. Déjà, le principe de la responsabilité élargie des producteurs oblige certaines entreprises à récupérer elles-mêmes leurs produits lorsqu’ils arrivent à la fin de leur vie utile.
Au printemps dernier, ma collègue Line Beauchamp a déposé le projet de loi 88 modifiant la Loi sur la qualité de l’environnement concernant la gestion des matières résiduelles et modifiant le Règlement sur la compensation pour les services municipaux fournis en vue d’assurer la récupération et la valorisation de matières résiduelles. La nouvelle législation propose notamment de fixer la méthode de calcul ainsi que les critères de performance et d’efficacité servant à déterminer le montant versé aux municipalités et d’augmenter graduellement le pourcentage de compensation. Plus précisément, les coûts admissibles seront compensés à 70 % en 2010, à 80 % en 2011 et 2012, à 90 % en 2013 et 2014, pour être finalement pleinement remboursés en 2015. Ainsi, les entreprises qui fabriquent, mettent sur le marché ou distribuent autrement des emballages, des contenants, des imprimés et des journaux auront bientôt à rembourser aux municipalités la totalité des coûts liés aux services de récupération et de valorisation de ces matières recyclables. Il s’agit d’une mesure incitative à la fois pour les municipalités et pour les entreprises. D’une part, le financement plus important de la collecte sélective permettra aux municipalités d’augmenter leur offre de services ainsi que leur taux de récupération. D’autre part, les entreprises qui débourseront davantage pour récupérer, recycler et valoriser les matières recyclables seront plus enclines à chercher des moyens de réduire l’impact de leurs produits sur l’environnement.
Des produits québécois de plus en plus verts Pour amorcer plus facilement une telle démarche, les entreprises peuvent recourir à l’analyse du cycle de vie des produits, qui tient compte de l’extraction et de la transformation des matières premières, de la fabrication, de l’emballage, de la distribution, de l’utilisation et du traitement du produit à la fin de sa vie utile. Grâce à ce type d’analyse, les entreprises peuvent diminuer la quantité de matières résiduelles qu’elles génèrent et penser leurs produits autrement, voire opter pour l’écoconception, soit une conception respectueuse de l’environnement. Le gouvernement entend accompagner les entreprises désireuses d’analyser le cycle de vie de leurs produits afin d’en réduire l’empreinte écologique. Il compte ainsi investir 1,5 M$ sur 3 ans afin de doter le Québec d’une banque de données pour faciliter l’analyse du cycle de vie des produits, des technologies et des services québécois. En collaboration avec le Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), il verra à adapter au contexte
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québécois la plus importante banque de données sur l’analyse du cycle de vie des produits au monde, laquelle a été conçue en Suisse. De plus, le gouvernement a annoncé, lors du dernier discours sur le budget, qu’il consacrait une enveloppe de 24 M$ à des mesures permettant de favoriser la commercialisation de produits à faible empreinte carbone, une initiative complémentaire au Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques qui apparaît dans la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation 2010-2013. Je suis convaincu, à titre de nouveau ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, que ces nouvelles pratiques inciteront les producteurs à réduire les matières résiduelles qu’ils génèrent, en plus de leurs émissions de gaz à effet de serre. Elles permettront également à la société québécoise de faire des choix de consommation plus éclairés, améliorant ainsi son bilan écologique.
La responsabilité élargie des producteurs Il existe toutefois des produits, comme les résidus de peinture et d’huile, qui ne peuvent se retrouver dans le bac de recyclage et encore moins dans un lieu d’enfouissement. En vertu du principe de la responsabilité élargie des producteurs, les fabricants et distributeurs de peinture et d’huile ont eu à mettre en place un système adéquat de collecte. Les taux élevés de récupération et de valorisation de ces matières résiduelles démontrent bien l’efficacité d’une telle approche. Le gouvernement du Québec a donc décidé d’étendre ce principe à d’autres produits. Ainsi, un nouveau règlement portant sur la responsabilité élargie des producteurs a été élaboré dans le cadre de la récente politique de gestion des matières résiduelles. Il couvrira notamment la gestion des produits électroniques, des piles domestiques et des ampoules contenant du mercure, telles les ampoules fluocompactes. En ce qui a trait à la gestion des matières résiduelles, le Québec agit de façon proactive. Les entreprises québécoises ont donc à faire des choix importants non seulement pour diminuer leurs coûts de récupération, de recyclage et de valorisation, mais aussi pour garantir, à plus long terme, une meilleure qualité de vie à la population. Il va sans dire qu’il est tout à leur avantage de s’engager dès maintenant sur la voie de l'économie verte, l'économie de demain. I
Qui voudrait
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tête-à-tête
Frédéric Potvin,
Tricentris LEED directeur général de
er en la matière
Entrevue réalisée par André Dumouchel
L'INDUSTRIE QUÉBÉCOISE DU RECYCLAGE EST EN PLEINE MUTATION ET LES CENTRES DE TRI N’ÉCHAPPENT PAS À L’ONDE DE CHOC. À PEINE SE REDRESSENT-ILS D’UNE RÉCENTE CRISE DU MARCHÉ DE LA REVENTE DES MATIÈRES QU’ILS DOIVENT MULTIPLIER LES EFFORTS CRÉATIFS POUR ASSURER LEUR SURVIE. EN MARGE DES CENTRES DE TRI PRIVÉS, TRICENTRIS OFFRE UNE SOLUTION HYBRIDE AUX MUNICIPALITÉS DÉSIREUSES D’INVESTIR DANS LEURS PERFORMANCES EN MATIÈRE DE RECYCLAGE. NON SEULEMENT TRICENTRIS SÉDUIT PAR SON MODÈLE D’AFFAIRES, MAIS ELLE INNOVE EN DEVENANT LA PREMIÈRE ENTREPRISE CANADIENNE À RECEVOIR UNE CERTIFICATION LEED OR POUR UN CENTRE DE TRI. COMMENT FONCTIONNE LE MODÈLE D’AFFAIRES DE TRICENTRIS ? POURQUOI AVOIR DÉCIDÉ DE CONSTRUIRE UN CENTRE DE TRI SELON LES PRINCIPES LEED ? QUELS SONT SES PROJETS ? LE MAGAZINE 3RVE A RENCONTRÉ LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TRICENTRIS POUR VOUS. Comment est né Tricentris ? La Commission scolaire du Long-Sault et la Régie intermunicipale Argenteuil Deux-Montagnes voulaient toutes deux construire un centre de tri. Elles ont eu la bonne idée de se concerter et de réaliser le projet ensemble. C’est donc en 1997 qu’elles ont fondé l’organisme sans but lucratif (OSBL) de la Corporation régionale du Centre de tri CFER. Après avoir approché 80 municipalités, 44 d’entre elles ont adhéré au projet. Était-ce un véritable CFER (centre de formation en entreprise et récupération) ? Non, nous n’avions d’un CFER que le nom. Dans les faits, nous hébergions effectivement des professeurs, des élèves et leur programme, mais c’était accessoire. L’intention de départ était d'avoir recours aux jeunes pour faire le tri sur une base commerciale. Or, c’était utopique de croire que des jeunes qui ne fonctionnent pas dans un monde d’enfants pourraient le faire dans un monde d’adultes. Mettre une telle pression sur des jeunes en difficulté était trop audacieux. Pourtant, certains CFER fonctionnent bien au Québec… Oui, mais nos volumes et nos impératifs de production étaient beaucoup trop importants pour que ça puisse fonctionner dans ce cas-ci. Nous devions traiter la matière durant les week-ends et les jours fériés pour y arriver. Graduellement, il a donc fallu embaucher des gens pour nous aider dans le tri. Aujourd’hui, nous sommes plus de 200 employés chez Tricentris. 10
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Pourquoi avoir changé le nom de l’entreprise ? Simplement pour des raisons pratiques. Notre nom était beaucoup trop long, et comme nous traitions de plus en plus avec les États-Unis, cela devenait un incontournable. Employez-vous toujours des personnes ayant des limitations intellectuelles ou physiques ? Non, plus maintenant. Nous en avons eu durant nos cinq premières années d’existence et ç’a été une merveilleuse expérience d’intégration professionnelle et sociale. Peut-être qu’un jour nous renouvellerons l’expérience si nous sommes sollicités par un groupe ou une organisation. Quel est le modèle d’affaires de Tricentris ? Tricentris est un OSBL composé de membres, un peu à la manière d’un club de golf ou de racquetball. Au sein de nos membres, nous comptons une commission scolaire et 84 municipalités qui paient toutes une cotisation ou plutôt une subvention annuelle. Nous avons également des municipalités clientes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas membres. Les membres sont-ils copropriétaires de Tricentris ? Non. Tricentris s’appartient. Les Chevaliers de Colomb sont un bon exemple. Cet organisme n’appartient à personne en particulier, tout comme Tricentris. La subvention annuelle à verser est-elle la même pour tous ? Non. Le montant est établi au prorata de la population. Il en coûte environ
tête-à-tête
0,75 $ par citoyen, par année, peu importe le volume qui nous est acheminé par la municipalité. On estime que pour une municipalité membre, il en coûte en moyenne 7 $ la tonne pour disposer de ses matières recyclables. C’est donc dire que les municipalités on avantage à promouvoir la collecte sélective si elles veulent diminuer leur coût d’enfouissement ? Tout à fait ! Puisque le montant de la subvention est fixe, plus une municipalité recycle, plus elle économise sur ses frais d’enfouissement. Recycler devient payant. Comment s’équilibre votre budget ? Quatre-vingt-dix pour cent de nos revenus proviennent de la vente de nos matières triées. Les 10 % restants sont générés par les subventions annuelles de nos membres. Nous dégageons des surplus qui peuvent servir au développement de l’entreprise ou à un fonds de stabilisation, afin par exemple de pallier les variations du marché. Combien de temps une municipalité peut-elle demeurer membre de Tricentris ? Lors de la création de l’organisme, nous avons eu une dérogation ministérielle pour une période de dix ans puisque le maximum permis sans avoir à demander l’accord du ministre est de cinq ans. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir recours à cette mesure, car nos tarifs sont suffisamment concurrentiels pour nous assurer le renouvellent des ententes tous les cinq ans. Quel est l’intérêt pour une commission scolaire d’être membre de Tricentris ? Nous offrons une multitude de services qui se marient bien avec le programme scolaire. Notre pièce de théâtre Récup et Dragon est un merveilleux outil pédagogique. Jouée par des comédiens professionnels membres de l’UDA, elle est présentée en moyenne 36 fois par année. Notre atelier scolaire intitulé La récup, moi j’m'en occupe ! est également très apprécié des enfants. Animé par une trieuse
fictive nommée Hélène-la-Trieuse, l’atelier sensibilise les enfants à l’importance de préserver notre planète tout en leur donnant des trucs pour le faire. Le tout sans oublier notre populaire mascotte et les visites du centre de tri. Notre but est de préparer notre relève de trieurs ! [Rires.] Une entreprise privée pourrait-elle devenir membre de Tricentris ? Pour vouloir devenir membre de Tricentris, une entreprise devrait tout d’abord y voir un avantage. Or, à première vue, il ne semble pas que ce soit le cas. Si toutefois l’une d’elles se manifestait, sans doute pourrions-nous adapter nos règlements généraux à cet égard. Avez-vous l’intention d’explorer ce marché ? J’avoue que la question ne nous a pas traversé l’esprit. Quel territoire couvre Tricentris ? À l’aide de nos trois succursales, nous couvrons principalement la couronne nord de Montréal. Le territoire desservi s’étend d’est en ouest, de Terrebonne jusqu’à Ottawa, et ce, jusqu’à la MRC Antoine-Labelle au nord. Pourquoi ne pas couvrir l’Abitibi ? Ce n’est pas nécessaire. L’Abitibi compte déjà des centres de tri et les entreprises en place font un bon travail. Vous savez, notre objectif n’est pas d’investir le marché à tout prix. Nous préférons être une solution de rechange pour les municipalités abusées par certaines entreprises. Notre intention est davantage d’être une sorte de chien de garde de l’industrie, beaucoup plus que de soutirer des affaires aux entreprises privées par pur plaisir. Quel est le volume annuel de matières triées par Tricentris ? Nous traitons actuellement 160 000 tonnes de matières. Ce chiffre sera bonifié de 10 000 tonnes dès janvier 2011 grâce aux ententes déjà signées. Ce chiffre représente entre 25 et 30 % du volume trié au Québec. Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 6 NO 2 AUTOMNE 2010
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tête-à-tête […] notre objectif n’est pas de faire de Tricentris le Quebecor de l’industrie des matières résiduelles, mais bien d’offrir le meilleur service au meilleur coût possible à nos membres. En quoi Tricentris est-il différent d’une entreprise privée quant à son fonctionnement ? Dans l’ensemble, il n’y a que très peu de différences. La plus importante réside dans la façon de gérer les revenus. Lorsque Tricentris fait des profits, l’équipe de direction ne les utilise pas pour aller sur une plage de la Floride ! Plus concrètement, contrairement à la très grande majorité des entreprises privées, Tricentris réinjecte 100 % de ses profits dans l’entreprise, ce qui explique la croissance et le succès de notre organisme. Je suis persuadé que si l’ensemble des entreprises faisait de même, on aurait un Québec entrepreneurial beaucoup plus solide. La facilité à disposer de la matière est-elle différente du privé ? La différence ne réside pas dans le modèle d’affaires, mais davantage dans le volume traité. Notre grand volume de matières traitées nous permet d’attirer certains acheteurs, ce qui n’a pas toujours été le cas. Pensons simplement à la crise que l’industrie a subie à la fin 2008 et durant l’année 2009. Toutefois, il s’agissait d’une situation mondiale difficile et non pas propre au marché québécois. De par votre modèle d’affaires, votre situation était-elle différente des centres de tri privés pendant la crise économique ? Nos membres ont dû prendre une décision spéciale dans ce contexte difficile. Ils avaient à choisir entre laisser disparaître le fleuron québécois qu’est Tricentris et
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octroyer une subvention spéciale pour nous permettre de passer à travers la crise. Heureusement, ils ont choisi la seconde option ! Ils ont injecté 1,2 M$ additionnel, ce qui représente 1,20 $ par citoyen. Il faut spécifier que même avec cette subvention spéciale, les municipalités continuaient de payer en deçà du prix courant. Tricentris est-il perçue dans l’industrie comme faisant une concurrence déloyale à l’entreprise privée ? Je crois que oui, mais c’est à tort ! Tout d’abord, en ce qui concerne la fiscalité, nous ne jouissons d’aucun avantage en matière de TPS et de TVQ. Quant aux signatures de gré à gré avec les municipalités, c’est chose du passé. Il faut comprendre que si nous avons connu une telle croissance, c’est principalement en raison du fait que certaines entreprises privées exagéraient et que, de notre côté, nous offrions un bon service à moindre coût. Cela dit, nous n’essaierons jamais de tasser un entrepreneur pour 1 $ ou 2 $ la tonne. Tricentris a-t-il des projets d’expansion ? Les projets ne manquent pas chez Tricentris. Cependant, il ne s’agit pas d’expansion proprement dite. Je rappelle que notre objectif n’est pas de faire de Tricentris le Quebecor de l’industrie des matières résiduelles, mais bien d’offrir le meilleur service au meilleur coût possible à nos membres. Nous avons aussi l’ambition d’être un outil de développement économique pour les Laurentides, l’Outaouais et Lanaudière. Dans ce cas, de quelle nature sont les projets ? Nous allons commencer la construction d’un nouveau centre de tri à Gatineau au printemps 2011. Il s’agit d’un projet de 8,5 M $, ce qui n’est pas banal si l’on considère que le dernier centre de tri à avoir été construit au Québec est notre succursale de Terrebonne. N’avez-vous pas déjà une succursale en Outaouais ? Oui, et elle est située à Chelsea. Nous sommes locataires du bâtiment construit par la MRC des Collines depuis un peu plus d’un an. Cependant, ce centre de tri est
tête-à-tête maintenant trop petit pour le volume régional à traiter, et c’est ce qui motive la construction d’un nouveau centre. Il faut préciser que ce dernier sera également certifié LEED, tout comme notre succursale de Terrebonne. De plus, il sera très différent des centres de tri traditionnels nord-américains. Technologiquement, il sera à la fine pointe des procédés. Encore une fois, nous ferons confiance à Industrie Machinex pour nous aider à parvenir à nos fins. Nous avons en quelque sorte grandi au même rythme que cette entreprise et nous sommes fiers de voir qu’elle occupe aujourd’hui la position de numéro 1 mondiale en matière d’équipement. Est-ce important pour Tricentris de travailler avec des fournisseurs québécois ? Oui, c’est très important pour nous. Si l’on prend l’exemple de Machinex, il s’agit d’une merveilleuse expérience. Tout comme nous, Machinex veut innover et repousser les limites. Notre relation et notre proximité nous placent en position de laboratoire pour eux, ce qui fait notre bonheur. À titre d’exemple, le premier séparateur à avoir été installé dans un centre de tri en Amérique du Nord l’a été dans notre succursale de Lachute en 1998 grâce à cette relation. Pourquoi avoir choisi de faire un bâtiment LEED à Terrebonne et à Gatineau ? Malgré les coûts additionnels de construction qui sont de l’ordre de 10 % à 12 %, nous jugeons que nous avons le devoir de le faire. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Construire un bâtiment certifié LEED est en lien direct avec notre mission. Il s’agit donc d’un choix conséquent et logique. D’autre part, plusieurs segments de la certification sont relatifs à la qualité de vie des employés, ce qui est primordial dans notre philosophie. Le travail des trieurs est difficile et je crois que ça nécessite beaucoup d’empathie de la part de la direction. Nous avons le devoir d’offrir un milieu de travail adéquat, joli et agréable autant que faire se peut. Et puis, il ne faut pas se le cacher, il s’agit d’un beau geste pour l’environnement. Nous avions les moyens de le faire et avons simplement choisi d’aller de l’avant. Certaines mesures de la certification, la géothermie par exemple, ferontelles en sorte de pallier les coûts de construction additionnels ? Le retour sur l’investissement se fera probablement au bout de 15 ou 20 ans. Or, la décision n’est pas justifiée que par l’aspect économique. Quel niveau de certification LEED la succursale de Terrebonne a-t-elle obtenu ? Elle s’est vu attribuer la certification LEED OR, soit le deuxième plus élevé des quatre niveaux possibles. Nous l’avons reçue lors du dernier Jour de la Terre, le 22 avril dernier. Le directeur de l’usine, Patrick Assenat, ainsi que Célia Sayers ont piloté le dossier avec une très grande efficacité. Voyez-vous des avantages commerciaux à être certifié LEED ? Oui, nous avons beaucoup de visites, et c’est aussi agréable que de recevoir des clients. Le produit que l’on offre est de grande qualité et ça se reflète également par la beauté du bâtiment. Nous en sommes très fiers. Avez-vous une politique d’achats locaux ? Oui. À prix égal, nous privilégions les achats sur les territoires de nos 84 municipalités membres. Nous croyons que de faire affaire avec des entreprises situées sur ces territoires aide nos membres sur le plan fiscal, ne serait-ce que pour les taxes. Tout le monde y gagne. 14
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Vous venez de signer une entente avec l’université de Sherbrooke. Quelle en est la nature ? Nous avons acheté la licence d’exploitation des travaux de recherche de la chaire SAQ sur la valorisation du verre dans les matériaux. Dans les faits, nous pourrons utiliser la recette qui permet d’introduire la poudre de verre dans le béton. Par le fait même, nous nous sommes adjoint les services du chercheur de l’Université de Sherbrooke, M. Arezki Tagnit-Hamou, titulaire de ladite chaire. Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à cette licence ? C’est le fruit d’un partenariat naturel. Lors de la construction du bâtiment de Terrebonne, nous avons introduit du verre dans le puits de géothermie afin d’obtenir des points pour notre certification LEED. Il s’agissait d’un projet de recherche et développement réalisé en collaboration avec Golder, la SAQ et l’École Polytechnique de Montréal. L’intention était de démontrer que l’introduction du verre dans un puits de géothermie pouvait être un substitut aux autres matériaux généralement utilisés, notamment le sable de silice, le béton et la bentonite. Les résultats ont été concluants et, au fil du processus, la SAQ a remarqué notre intérêt pour le développement. Nous nous sommes montrés très intéressés par les travaux de la chaire parrainée par la SAQ. Et c’est ainsi que le rapprochement s’est effectué. Quel est l’objectif derrière cette acquisition ? Nous traitons un volume important de matières et avons conséquemment à disposer d’une grande quantité de verre chaque année. Et comme il y a peu ou pas de marché pour le verre au Québec, il s’agit d’une dépense importante dans notre budget. L’objectif est donc de transformer une dépense en revenu grâce à ce nouveau marché. Par le fait même, nous aiderons les 34 autres centres de tri québécois qui sont aux prises avec les mêmes contraintes à l’égard de la disposition du verre. Peutêtre un jour arriverons-nous même à payer pour leur verre que nous réduirons en poudre afin de le réintroduire dans le béton. Un tel projet n’est-il pas hors cadre par rapport à votre mandat initial ? Non, pas du tout. Le premier volet de notre mission est d’offrir le meilleur service à nos membres au meilleur coût possible. En transformant la dépense qu’est le verre en revenu, c’est exactement ce que nous ferons. Le deuxième volet de notre mission est d’être un outil de développement économique dans nos trois régions. De fait, la réalisation de ce projet nous permettra de créer des emplois, sans compter le développement indirect que nous favorisons autour de cette usine. Donc, ce projet cadre tout à fait avec la mission de Tricentris. Quel est l’investissement requis pour la réalisation de ce projet ? Jusqu’à présent, nous avons investi 0,5 M$ en recherche et développement. Quant à la construction de l’usine, elle nécessitera un investissement de 10 M$. Où sera située l’usine et quand commenceront les travaux de construction ? Elle sera située à Lachute, tout près de notre siège social. Sa construction débutera vers la fin 2011 ou au début 2012 si, bien entendu, les acheteurs potentiels pour notre poudre se montrent suffisamment intéressés. Quelle est la prochaine étape de ce projet ? Déjà, nous avons réussi à susciter l’intérêt de certains acheteurs pour notre poudre. Maintenant, nous devons faire en sorte qu’ils se commettent par des bons de commande ou par des lettres d’intention. C’est de cette façon que nous pourrons obtenir notre financement et ainsi lancer la construction de l’usine.
tête-à-tête Qui sont les acheteurs potentiels de cette poudre ? Il y en a plusieurs. Les usines de ciment blanc représentent des clients intéressants pour nous. En quoi votre poudre sera-t-elle intéressante pour eux ? Nous serons les seuls au monde à microniser le verre. D’autres ajouts cimentaires blancs existent, mais ils sont produits dans l’Ouest canadien et ne sont pas faits à partir de poudre de verre. La distance qui sépare ces clients de leurs fournisseurs sera donc un facteur déterminant qui jouera en notre faveur. Le coût de notre poudre sera un autre déterminant puisqu’elle sera vendue entre 100 $ et 400 $ la tonne. Qui sont les autres clients potentiels ? Les entreprises fabriquant des produits comme les fameux blocs de construction gris à deux trous sont un exemple parmi tant d’autres. Ce type de produit, s’il contient de la poudre de verre, deviendra un produit LEED, ce qui constitue un avantage concurrentiel en matière de marketing. Ensuite, comme notre produit protège l’armature contre la corrosion en milieu salin, il est facile d’imaginer que les revêtements des autoroutes du Québec ainsi que les piliers de ponts de la côte est des États-Unis auraient avantage à introduire notre poudre de verre dans le béton. Finalement, il y a l’ensemble des bétonnières et des cimentiers qui représentent un marché intéressant. Ces marchés ont la réputation d’être très conservateurs… La tâche ne s’annonce-t-elle pas trop ardue ?
Il est vrai que le monde de la construction est très conservateur, et ce, depuis Jésus Christ ! Mais nous avons foi en notre produit. Et grâce à ses propriétés, je suis persuadé que nous serons capables d’y intéresser les acheteurs. Êtes-vous outillé pour rejoindre tous ces marchés ? Nous n’avançons pas à tâtons. Nos études de marché ont été confiées à des firmes spécialisées. Nous avons développé des outils et nous sommes près du but. Quelle a été la réaction des centres de tri à la suite de cette annonce ? Pour l’instant, ils ont peu réagi. Il s’agit bien entendu d’une bonne nouvelle pour eux, mais les réactions viendront davantage lorsque l’usine sera construite et qu’ils auront un nouvel acheteur pour leur verre. Quelle est la situation actuelle des centres de tri à l’égard du verre ? Il faut savoir que de toutes les matières triées, seul le verre n’est pas vendu. Le verre est donc une dépense pour les centres de tri du Québec. Or, pour qu’il soit vendu, il doit y avoir un marché et pour qu’il y ait un marché, il doit y avoir une concurrence. C’est ce qui fait défaut en ce moment. Nous avons la prétention de vouloir contribuer à créer ce marché de façon à aider l’ensemble des centres de tri du Québec. Si nous y parvenons, les centres de tri pourront possiblement être payés pour disposer de leur verre. Dans l’ensemble, comment se porte l’industrie des centres de tri selon vous ?
De façon générale, tout va bien. Mais tout est une question de volume. Pour les centres de tri aux volumes supérieurs à 20 000 tonnes, la vie est plus facile. Pour les autres, c’est sans doute un peu plus difficile. Pourquoi le volume joue-t-il un rôle si important ? Plus on traite un grand volume, mieux nous pouvons amortir nos équipements et nos frais fixes. Traiter 15 tonnes à l’heure coûtera quelques millions alors qu’il n’en coûte pas beaucoup plus pour pouvoir en traiter 25 ou même 30 tonnes à l’heure. Quel sera le grand défi des centres de tri au cours des prochaines années ? Étant donné la crise que l’industrie a vécue récemment, l’un des premiers défis consiste à accumuler une réserve afin de pallier les importantes variations du marché. Chaque centre de tri est libre de le faire ou non. De notre côté, nous avons choisi de le faire. Le second défi est d’ordre technologique. La technologie est là et on ne peut pas y échapper. Finalement, il y a le défi relatif aux ressources humaines. Puisqu’il devient de plus en plus ardu de trouver une main-d’œuvre qualifiée, il faut absolument retenir nos employés. La qualité des bâtiments et des installations que l’on offre à nos employés de même que le salaire et la qualité des avantages sociaux peuvent aider en ce sens. Monsieur Potvin, merci beaucoup ! I
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Le jeudi 2 septembre dernier se tenait au Club de golf Glendale de Mirabel la 6e édition du tournoi annuel de votre magazine 3Rve Les prévisions météorologiques annonçaient une journée chaude, humide et pluvieuse. C’est heureusement sans la pluie que les gens de l'industrie de la gestion des matières résiduelles ont foulé le magnifique parcours Élite du Glendale. Les traditionnels chapelets sur la corde à linge ont assurément fait le travail ! C’est donc avec un soupir de soulagement que les organisateurs ont accueilli les nombreux participants pour cette classique qui comportait une multitude de concours, dont celui du plus long coup de départ, proposé par Tinki Winki ! Par la suite, bières importées et trio jazz attendaient les golfeurs. Ils ont toutefois eu droit à une autre forme de rafraîchissement puisque la pluie a fait son apparition. Qu’à cela ne tienne, la soirée s’est poursuivie avec un succulent repas arrosé de vin et de nombreux prix de valeur importante. Les participants ont de plus eu droit à un spectacle exceptionnel de Dawn Tyler Watson et de son comparse Paul Deslauriers. MAYA communication et marketing
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Il est à noter qu’encore une fois, le tournoi s’est déroulé à guichet fermé. La prochaine édition de votre tournoi se tiendra le jeudi 1er septembre 2011. Serez-vous des nôtres ?
Les sourires étaient au rendez-vous pour accueillir les invités.
Les participants ont eu droit à de très beaux cadeaux à leur arrivée. De magnifiques polos et casquettes étaient offerts.
Ils ont également pu se régaler d’un délicieux brunch commandité par Horizon Environnement.
Tinki Winki s’est assuré qu’il n’y ait pas de pluie durant la journée. Pour communiquer avec dame Nature, il a toutefois dû ajuster son antenne !
Il a par la suite défié les joueurs pour le plus long coup de départ. Très peu ont réussi à le vaincre. Assez humiliant de perdre contre une grosse mascotte !
Eh non, il n’avait pas oublié sa sacoche.
Impressionnés, certains ont voulu se faire prendre en photo avec ce modèle de masculinité…
D’autres ont préféré se venger et le battre au sens propre.
Il a par contre été consolé par Nathalie Zielinski de l’Association de la sclérose en plaques.
Cette dernière a su traiter aux petits oignons les invités en leur offrant porto, cigares et chocolat au nom de MAYA communication et marketing.
Les participants du tournoi ont eu droit, encore cette année, au succulent sandwich souvlaki de Marc Angelo. Un délice !
À n’en pas douter, certains se sont régalés.
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Cette bénévole aurait bien aimé partir avec le vélo offert par Durabac.
Les bénévoles ont contribué de manière très importante au succès de la journée, notamment à l’aide de si beaux sourires.
Le terrain du Glendale était en magnifique condition et les participants du tournoi ont fait preuve de classe en le maintenant en bon état.
Grand golfeur, Mario Quintin s’est assuré d’inviter des gens avec qui il aurait beaucoup de plaisir durant sa journée.
Pierre Mercier a fait de même.
Sylvain Gagné a vérifié la fermeté du corps de Jean-François Pelchat, au grand plaisir de Patrick Charbonneau et à l’incrédulité de Maxime Sylvestre.
Hector Chamberland a été plus sérieux en s’appliquant pour ce coup roulé, sous l’œil attentif de Joe Jonhson.
Une fois dans la salle, certaines personnes ont pris le temps de feuilleter le magazine SOURCE pour se tenir au courant.
Une belle brochette de bénévoles a vendu des ballons pour tirage au profit de la SP; 12 000 $ ont été amassés. Un record !
Grégory Pratte, représentant commercial du magazine 3Rve, n’a pas été épargné. Lui aussi a endossé la thématique de la journée.
Une prestation endiablée de Dawn Tyler Watson et de Paul Deslauriers a agrémenté la soirée, au plaisir des participants.
Nicolas Gaudreau a gagné un magnifique sac complet de bâtons Taylor Made. Il a tenu à vérifier s’il ne rêvait pas.
Un grand merci à nos précieux commanditaires
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HORIZON 2015
LA RÉSISTANCE ET LA MÉFIANCE FONT TOURNER EN ROND
Léo Fradette M. A. conseiller, gestion des matières résiduelles Écoservice leo.fradette@ecoservice.ca
Plusieurs sont persuadés de la nécessité de changer nos habitudes et nos comportements, tant sur le plan économique que social et environnemental. Individuellement, on peut bien se raconter des histoires et se prétendre écolos, mais bien souvent nos actions ne correspondent pas à une telle philosophie. De toute façon, nos efforts personnels sont difficilement mesurables. À l’échelle d’une collectivité, par contre, notre résistance et/ou notre méfiance à l’égard des changements peuvent prendre de telles proportions qu’elles empêchent parfois tout progrès environnemental notable. Depuis les dernières semaines, les derniers mois, n’avez-vous pas l’impression que notre industrie fait du sur-place ? Sur le terrain, le constat est frappant. Les chemins qui mènent à la réalisation de nouvelles infrastructures sont de plus en plus sinueux; les délais avant le début des travaux s’accumulent à un point tel que les données sur lesquelles ces projets s’appuyaient ont le temps de changer avant la mise en chantier. À qui la faute ? On doit sans doute en attribuer une part à nos politiciens. Les dernières élections municipales ont-elles amené des élus avec une vision différente des précédents ? Une autre façon de faire les choses ? La population également n’est pas étrangère au marasme qui sévit actuellement. À tort ou à raison, les
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contribuables d’aujourd’hui n’ont plus les mêmes préoccupations que ceux des années 1980 ou 1990. Même s’ils ont accès à plusieurs sources d’information, ils ne sont pas nécessairement mieux renseignés puisque plusieurs sources manquent de crédibilité ou d’impartialité. Souvent mal informés, les citoyens prennent position et utilisent leur temps libre pour défendre leur point de vue, se préparer et s’organiser. Aussi, les projets mal préparés et mal adaptés (les routes et les ponts), improvisés (le gaz de schiste) ou controversés (les lieux d’enfouissement techniques) se font vite « ramasser ». La méfiance s’installe et les promoteurs tombent au combat.
Des organismes, surtout municipaux, ont annoncé leurs intentions, histoire de retenir les fonds disponibles, mais les projets ne sont pas encore déposés à l’agence. De toute évidence, la prudence est de rigueur. Ainsi, malgré l’échéance du programme d’aide financière pour le traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage en septembre 2013, force est de constater qu’il n’y a pas de bousculades au portillon. Des organismes, surtout municipaux, ont annoncé leurs intentions, histoire de retenir les fonds disponibles, mais les projets ne sont pas encore déposés à l’agence. Une tendance se dessine. Les promoteurs (privés ou publics) de projets de valorisation des matières résiduelles seront aux mieux retardés après les prochaines élections municipales (2013);
L A RÉS I STA N C E E T L A MÉF I A N C E F O NT TO U R N E R E N R O N D
d’autres devront négocier au rabais en éliminant ou en réduisant les impacts négatifs de certaines opérations ou encore, seront dirigés vers des territoires plus propices et mieux adaptés à l’exploitation d’usines. Dans les circonstances, est-ce que les régions plus avantgardistes seront désavantagées par rapport à celles qui prennent du retard ? Pourront-elles utiliser les fonds du programme ? Dans les régions en phase de mise en œuvre d’un plan, les promoteurs marchent sur la pointe des pieds. Surtout, pas trop de bruit ! Ceux sur le point d’annoncer leurs projets revoient leur plan de match, analysent les écueils des projets rejetés pour ne pas répéter les mêmes erreurs et préparent les troupes avec, entre autres, des stratégies de communication et de diffusion de l’information.
Ah, la maudite poubelle ! Avons-nous, comme collectivité, beaucoup de choix qui s’offrent à nous ? Mieux gérer ses déchets devrait-il être une quête constante du mieux-vivre en société ? Compte tenu de notre résistance aux changements et en considérant les quantités importantes de matières en jeu, il y a lieu de les mettre quelque part en attendant de les faire disparaître. De préférence, dans un lieu où elles seront utilisées à d’autres fins. La biométhanisation et/ou la production de compost (ou autres procédés de valorisation) à partir des matières organiques comportent des avantages et des inconvénients environnementaux, sociaux et économiques. Néanmoins, ces procédés sont considérés par notre société comme une évolution comparativement au type de gestion pratiqué au cours des dernières années au Québec. Chose certaine, dès que le projet d’une usine ou d’un centre de compostage sera sur le point d’aboutir dans une région donnée,
celui-ci suscitera, le jour de son annonce officielle, l’intérêt de la population, à commencer par les citoyens habitant à proximité du lieu où seront valorisées les matières organiques.
Mieux se préparer Comment favoriser la réussite d’un projet prometteur ? Nous évoluons dans un monde de perceptions où l’information circule rapidement. Un projet, mal préparé, peut tomber avant même d’être annoncé. Comme il s’agit d’un projet à présenter à la population, la vulgarisation de ce dernier (répondre aux interrogations et aux préoccupations) lui donnera de la crédibilité. En ce sens, l’expérience passée fournit aux promoteurs de projets des exemples à ne pas suivre, mais aussi des cas de réussite. Parmi les gages de succès, l’adhésion de la population au projet est essentielle. Sa participation à la réalisation l’est tout autant. Sans entrer dans l’énumération de toute la démarche de préparation que requiert la présentation d’un projet à la population, certaines conditions préalables devraient être présentes avant de le rendre public, à commencer par la compréhension des enjeux, la conviction sincère que le choix proposé est le meilleur et que des retombées intéressantes pour la population seront générées lors de sa réalisation. Cependant, aussi solide que soit cette démarche, l’adhésion de la majorité des élus au projet est essentielle. La résistance aux changements est compréhensible, mais pas insurmontable. La méfiance, par contre, est sournoise puisqu’elle mine la crédibilité du message de l’interlocuteur, peu importe la qualité de son argumentation. Notre défi est de trouver les moyens pour éviter de la susciter ! I 1 Le procédé de biométhanisation est utilisé dans la communauté européenne depuis plusieurs années déjà et de plus en plus en Amérique du Nord, surtout aux États-Unis.
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INFRASTRUCTURES URBAINES
É L O G E D ’ U N E M U N I C I PA L I T É I D É A L E
Jean-Louis Chamard M.Sc. Env. président Chamard et Associés inc. j l . c h a m a rd @ c h a m a rd e t a s s o c i e s . c o m
Que de chemin parcouru depuis les années 1960 avec la municipalisation de la collecte des déchets et des dépotoirs ! Les quantités de matières résiduelles ont explosé et la gestion de celles-ci s’est d’autant plus complexifiée. De nos jours, nombreux sont les choix technologiques qui s’offrent aux élus municipaux pour améliorer la performance environnementale de leur ville. Néanmoins, ces choix peuvent être réduits à deux avenues : on peut faire peu et continuer à enfouir à prix modique ou prendre des mesures pour favoriser une utilisation optimale des ressources contenues dans les matières résiduelles. À l’instar des tendances européennes, où l’on maximise la valeur ajoutée de chaque portion des matières résiduelles, c’est cette dernière voie que nous décrirons. Premièrement, précisons que cet article ne portera que sur les matières résiduelles générées par les ménages et gérées par les municipalités. Alors, prenons le cas d’une hypothétique municipalité idéale. Elle a déjà fourni à chaque résidence deux bacs roulants de 360 litres munis d’une puce permettant d’identifier le destinataire de cet actif municipal. Éventuellement, elle pourra également modifier sa tarification en fonction des levées des bacs roulants ou du poids des matières résiduelles lorsque ce sera nécessaire. Déjà, elle évalue la possibilité de tarifer les services de collecte en fonction du nombre de levées par année afin de maximiser les trajets et de réduire la fréquence, autant de la collecte sélective que de la collecte régulière. Depuis plusieurs années, durant la saison estivale, la municipalité offre la collecte des résidus verts à tous ses citoyens. Ceux-ci peuvent déposer en bordure de rue l’herbe, les feuilles mortes, les branches et les coupes de plates-bandes. Bien sûr, la municipalité incite aussi à l’herbicyclage. Ces résidus verts sont traités sur un site de compostage que la municipalité a acquis et qui est exploité par une entreprise spécialisée. Le compost est utilisé par la municipalité dans ses travaux d’aménagement paysager tandis qu’elle distribue le reste de sa production à la population. Outre la collecte sélective des matières recyclables, elle a implanté un réseau d’écocentres. Chacun couvre un territoire d’un rayon d’environ cinq kilomètres de manière à inciter le maximum de citoyens à l’utiliser pour les résidus domestiques dangereux, les résidus encombrants, les débris de construction, de rénovation et de démolition et tous les autres objets jugés obsolètes ou réutilisables. La municipalité a fait appel à un organisme d’économie sociale pour implanter une ressourcerie visant à faciliter le réemploi des textiles, des meubles et des électroménagers et d’autres articles que les écocentres reçoivent. Compte tenu des objectifs de la nouvelle Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 2010-2015, la municipalité s’interroge sur l’impact de la valorisation des matières organiques. Elle s’est informée sur les possibilités technologiques et sur la performance atteinte ailleurs. Elle a visité quelques installations européennes et elle a surtout discuté avec les élus de ces agglomérations. Elle désire réduire au maximum les matières organiques enfouies tout en maintenant les acquis et en facilitant 20
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le travail de ses citoyens. Les élus se sont interrogés sur la performance de la collecte sélective des résidus de table et de l’utilisation du biogaz produit par les procédés de biométhanisation. Ils ont compris que ce n’est pas le tri à la source des restes de table qui permettra d’interdire l’enfouissement des matières organiques, car il y aura toujours des récalcitrants qui ne participeront nullement à cet effort. Ils ont également compris qu’inclure l’herbe et les feuilles dans les procédés de biométhanisation ne fera qu’augmenter la capacité de l’installation sans produire plus de biogaz. Dans ce cas, il est plus avantageux de les composter et de produire un excellent compost facilement utilisable.
Ils ont compris que ce n’est pas le tri à la source des restes de table qui permettra d’interdire l’enfouissement des matières organiques, car il y aura toujours des récalcitrants qui ne participeront nullement à cet effort. Afin de maximiser la valeur ajoutée des matières résiduelles, la municipalité a ainsi décidé de procéder à un tri mécanique des matières résiduelles afin de séparer les matières organiques, les résidus ayant une bonne valeur calorifique et les résidus ultimes. Ainsi, elle compte produire du biogaz à partir des matières organiques et un compost de seconde catégorie avec le digestat. Ce compost pourra être utilisé comme amendement pour la réhabilitation des terrains dégradés ou comme matériau de recouvrement des lieux d’enfouissement technique ou comme mélange avec d’autres sols pour des remblais et des applications industrielles ou commerciales. Quant au biogaz, elle comptait le vendre pour des applications industrielles ou au réseau de gaz naturel. Dans chacun de ces cas, elle devra épurer le biogaz avant l’utilisation. Il s’avère qu’il est plus simple et plus économique d’utiliser ce dernier dans une bouilloire industrielle ou comme chauffage industriel. Or, la municipalité ne possède pas l’infrastructure industrielle adaptée pour ce faire; elle compte donc utiliser le biogaz comme combustible de chauffage de ses bâtiments puisque ceux-ci sont regroupés sur une superficie relativement restreinte. Par ailleurs, elle elle a l'intention de vendre la fraction des matières résiduelles ayant une bonne valeur calorifique à des cimenteries ou pour des bouilloires industrielles. Ainsi, elle pourra réduire le coût de ses investissements et la facture des matières résiduelles pour ses citoyens. De plus, elle minimisera le recours à l’enfouissement pour la fraction des résidus ultimes n’ayant que peu ou pas de valeur ajoutée. Finalement, on souhaite tous vivre dans une telle municipalité qui facilite la vie de ses citoyens tout en les informant des bonnes pratiques environnementales et en maximisant la valeur ajoutée des matières résiduelles qui sont générées sur son territoire. Cela ne l’empêche pas de viser l’atteinte des objectifs gouvernementaux et même de les dépasser. Et votre municipalité, quelle avenue empruntera-t-elle ? I
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PE R F O R M A N C E D E S C E NTR E S D E TR I AU Q UÉB E C : D E S C H O IX À FA I R E
A S S O C I ATI O N
Perry Niro M.Sc. président-directeur général Conseil des entreprises de services environnementaux p n i ro @ c e s e . c a
La faible performance des centres de tri au Québec mine la capacité de valorisation des matières résiduelles, entraîne des coûts supplémentaires pour les municipalités en plus de nuire aux entreprises de valorisation de la matière. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée à la fin de 2008 sur l’amélioration de la performance des centres de tri au Québec. C’est une faiblesse structurelle de l’industrie qui explique en bonne partie cette sous-performance nuisible à une bonne gestion économico-environnementale des matières résiduelles. Ainsi, le taux de « contamination » de la matière est plus élevé au Québec par rapport aux standards internationaux. La qualité de la matière conditionnée par les centres de tri du Québec est jugée insuffisante par les acheteurs de matières recyclables, ce qui les conduit à devoir s’approvisionner à l’extérieur pour une partie importante de la matière dont ils ont besoin.
Par ailleurs, le niveau d’efficacité des centres de tri pourrait être plus élevé, ce qui permettrait de diminuer les frais d’exploitation nets assumés par les emballeurs et municipalités et d’accroître la viabilité financière de même que la profitabilité des centres de tri. L’amélioration de la performance des centres de tri constitue donc un levier important pour augmenter la valeur ajoutée de l’ensemble de la filière de valorisation des déchets. En ce qui concerne les acheteurs québécois, un accès direct et prévisible à un volume plus important de matières recyclables à proximité constituerait pour eux un précieux avantage concurrentiel et une base plus solide pour développer de nouveaux produits.
Des choix à faire La structure de l’industrie des centres de tri est composée de sociétés publiques et parapubliques, d'organisations à but non lucratif et d’entreprises privées. Il a été démontré que les sociétés publiques et les organisations à but non lucratif sous-performent par manque de mécanisation et à cause d’infrastructures insuffisantes. Le coût par tonne de matières recyclées est ainsi beaucoup plus élevé. Les entreprises privées ont par ailleurs de meilleurs rendements parce qu’elles ont réalisé des investissements dans la mécanisation et l’amélioration des pratiques de gestion ainsi que dans l’agrandissement des installations de traitement. À l’heure actuelle, on remarque des décisions contradictoires de la part des donneurs d’ordre que sont les municipalités et le MDDEP. Ainsi, certaines municipalités ont tendance à favoriser des ententes de gré à gré avec des sociétés qui n’ont pas la productivité nécessaire pour améliorer la qualité de la matière à être valorisées en plus de privilégier l’exportation au détriment des acheteurs locaux des matières recyclables. Ce sont aussi les contribuables qui paient la note, car cette façon de faire ne permet pas de choisir le meilleur fournisseur ni le meilleur prix. Par ailleurs, le MDDEP, dans le cadre du projet de la nouvelle Politique de gestion des matières résiduelles, entend soutenir financièrement les centres de tri pour l’achat d’équipements de mécanisation. Il est paradoxal que le Ministère, dans une période d’austérité budgétaire, entende accorder des subventions à des centres de tri alors que l’industrie privée n’a pas sollicité une telle aide. Les entreprises privées propriétaires de centres de tri sont à même d’investir dans l’amélioration de la productivité et, conséquemment, de réduire le coût de traitement si les règles du jeu dans l’attribution et la durée des contrats sont claires et équitables pour tous. L’entreprise privée peut également atteindre les objectifs de réinsertion sociale si on lui offre le même accès aux programmes que les organismes à but non lucratif. Enfin, le gouvernement du Québec doit aussi faire preuve de cohérence dans ses politiques de développement industriel. En 2008, on déposait la Stratégie de développement de l’industrie québécoise de l’environnement et des technologies vertes. Audelà des dollars qu’annonçait cette stratégie, il faut rappeler que l’industrie des services environnementaux est disposée à investir et à payer des impôts. Pour cela, assurons-nous de faire les bons choix de politiques et de programmes justes et équitables pour maximiser les retombées économiques et améliorer notre performance environnementale. I
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A C C E PTATI O N S O C I A LE
L’I NCI NÉRATION DES MATIÈRES RÉSI DU E LLES : NOUVE LLE PANACÉE OU I M POSTU RE ?
Cédric Bourgeois M. Env. président Transfert Environnement c b o u rg e o i s @ t ra n s e n v i ro n n e m e n t . q c . c a
L’incinération des matières résiduelles avec récupération d’énergie connaît un essor important dans les pays industrialisés. Le Québec et ses environnementalistes ne sont pas très chauds à l’idée. Pas pour l’instant du moins…
En Allemagne, les temps changent… Au printemps 2010, le docteur Michel Weltzin était conférencier à la 18th Annual North American Waste-to-Energy Conference tenue à Orlande, en Floride. Fait particulier, Dr Weltzin n’agissait pas à titre de représentant de l’industrie, mais bien comme porte-parole des Verts allemands, une entité politique similaire au… Parti vert du Canada ! Sa conférence s’attardait à démontrer comment les Verts allemands, qui au début des années 1990 étaient farouchement opposés à l’incinération, étaient devenus au fil du temps et des avancées technologiques de fervents partisans de cette option de traitement des déchets ultimes. En fait, ce revirement idéologique s’appuie sur 20 ans d’expérience où on a constaté que : • la réduction à la source et la récupération ne sont pas la solution, mais bien une de ses composantes; • les programmes de récupération ont leurs limites (couches jetables, différents grades de plastique, matières composites, etc.); • les produits ne sont pas recyclables à l’infini (downcycling);
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l’utilisation des meilleures technologies disponibles pour l’incinération génère moins d’impacts environnementaux que les autres technologies d’élimination.
Dans ce contexte, les Verts allemands soutiennent aujourd’hui un programme basé sur le principe hiérarchique des 3RV, à savoir : 1. la mise sur pied d’un programme de réemploi performant; 2. l’écoconception et le recyclage des matières (le recyclage réel et non la récupération qui est le moyen et non la fin); 3. la fin de l’enfouissement aussitôt que possible; 4. la valorisation thermique des déchets ultimes.
Lever le tabou français En parallèle, du côté français, le Sénat conclut, après avoir mené une « mission commune d’information sur les traitements des déchets » à l’été 2010, qu’il faut non seulement lever le tabou sur l’incinération avec récupération d’énergie, mais également identifier des pistes afin de favoriser son acceptabilité sociale. À cet égard, il est préconisé d’établir un processus de concertation précoce s’appuyant sur : • • • •
une expertise scientifique indépendante; une évaluation complète et rigoureuse des autres possibilités; une information transparente et vulgarisée; un suivi et une vigilance indépendante postconstruction.
Le Sénat français affirme que le succès du développement de la filière waste-to-energy (WTE) est tributaire de sa réappropriation par l’opinion publique. Pour ce faire, le Sénat juge que cette filière doit être développée en misant sur la démocratie participative, une conclusion pour le moins audacieuse de la part de représentants élus… Depuis 2007, les sénateurs français peuvent s’inspirer d’un exemple concret, soit celui de l’incinérateur avec récupération d’énergie bâti à
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L’ I N C I N É R A T I O N D E S M A T I È R E S R É S I D U E L L E S : N O U V E L L E P A N A C É E O U I M P O S T U R E ?
Issy-les-Moulineaux, près du cœur de Paris. Pour favoriser son acceptation sociale, le promoteur public s’est engagé à suivre un cahier de charges rigoureux en faveur de la protection environnementale. En outre, il s’est engagé à faire de son projet un modèle d’intégration urbaine, notamment en : • enterrant le bâtiment de 31 mètres et en limitant sa hauteur hors terre à 21 mètres; • intégrant les cheminées de traitement à l’intérieur du bâtiment; • supprimant le panache de vapeur/fumée.
Mais alors, comment peut-on susciter l’adhésion citoyenne aux projets d’incinération ? C’est simple. Comme nos cousins français, favorisons la démocratie participative ! Nul besoin de rappeler certains « dossiers chauds » au Québec (éoliennes, gaz de schiste, sites d’enfouissements, etc.) pour réaliser que les relations publiques
traditionnelles et unilatérales vouent généralement un projet à l’échec. Il est de loin préférable d’opter pour une démarche de consensus informé où les citoyens sont appelés, en amont des projets, à s’informer, à participer et à se positionner quant aux modes de gestion à privilégier. Si l’option de l’incinération est à favoriser, les citoyens la choisiront. Évidemment, ceci suppose de faire confiance au jugement citoyen… I
Le projet apporte des bénéfices concrets pour la communauté locale : la vapeur générée est utilisée pour chauffer l’équivalent de 79 000 logements et les cendres sont transportées par voie maritime (sur la Seine), ce qui réduit la congestion automobile et les émissions de GES. En ce qui a trait à la vigilance citoyenne, un comité de sentinelles a été mis sur pied lors de la période de construction et un comité de suivi est aujourd’hui actif, notamment pour suivre les émissions atmosphériques qui sont analysées en continu et diffusées publiquement.
Une réputation à bâtir, des craintes à dissiper Contrairement à l’Europe, où les législateurs ont clairement choisi de prioriser la valorisation thermique, deux défis majeurs demeurent à l’échelle nord-américaine : 1) les technologies de valorisation énergétique compétitionnent avec l’enfouissement, qui sort encore grand gagnant en termes de coût; 2) très peu de nouvelles installations ont vu le jour au Canada ou aux États-Unis depuis le début des années 1980. La population reste donc avec une perception biaisée des technologies liées à l’incinération. De fait, malgré les avancées technologiques quant au traitement des des émissions et aux mécanismes de suivi en temps réel de la qualité de l’air, la fumée demeure associée à la pollution dans l'esprit de la population. En outre, et bien que directement ciblées par les législateurs, les dioxines et les furannes – et les risques de cancer qui y sont associés –, demeurent l’un des principaux leviers de mobilisation des opposants. Il n’est donc pas surprenant de voir les citoyens s’activer pour faire obstacle aux projets d’incinérateurs avec récupération d’énergie de Metro Vancouver et de Durham-York en Ontario. En réalité, la « peur de la cheminée » est profondément enracinée dans le subconscient collectif; d’où les efforts de plus en plus importants des promoteurs pour dissimuler leurs infrastructures, pour les intégrer au tissu architectural urbain et pour faire disparaître ces émettrices de fumée. Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 6 NO 2 AUTOMNE 2010
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NOUVE LLE S RE D EVANCES DE 9,5 0$ LA TON N E : DE S E FFETS SU RPRE NANTS E N PE RSPE CTIVE !
LE JURIDIQUE
Me Christine Duchaine Avocate en droit de associée chez Sodavex, cabinet juridique spécialisé en environnement cduchaine@sodavex.com
Écrit en collaboration avec Me Mira Gauvin de Sodavex
Dans la foulée du projet de politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles1, publié en novembre 2009 (la « nouvelle Politique »), le Règlement modifiant le Règlement sur les redevances exigibles pour l’élimination des matières résiduelles2 a été publié dans la Gazette du 7 juillet 2010 et est entré en vigueur le 1er octobre dernier. Ce règlement modifie le Règlement sur les redevances exigibles pour l’élimination des matières résiduelles3 qui impose aux exploitants de lieux d’élimination le versement de redevances pour chaque tonne de matière résiduelle reçue pour élimination. La récente modification prévoit des redevances supplémentaires de 9,50 $ à être payées pour chaque tonne éliminée entre le 1er octobre 2010 et le 30 septembre 2015, pour des redevances totales de 20,23 $/t.m. Les principaux objectifs de telles redevances visent à réduire les quantités de matières résiduelles à être éliminées et à financer le programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et par compostage de la nouvelle Politique. Nul doute que ces objectifs sont louables puisque leur atteinte permettrait d’allonger la durée de vie des sites existants tout en diminuant les lixiviats et les biogaz générés par la décomposition des matières organiques qui seraient déviées de l’enfouissement. La question se pose toutefois à savoir si l’imposition de ces redevances supplémentaires constitue le meilleur outil pour ce faire, d’autant plus qu’elle ne se fera pas sans heurts pour l’ensemble des joueurs impliqués. Dans son étude sur l’impact économique de cette modification réglementaire, le MDDEP fait état d’impacts positifs pour la plupart des intervenants et d’impacts nuls ou faibles dans les autres cas4. Nous souhaitons souligner ici certains aspects qui méritent mention, dont certains sont tenus sous silence.
Quelques chiffres Selon les estimations du MDDEP, 6,1 millions de tonnes de matières résiduelles ont été éliminées en 2009 (47 % du secteur ICI, 31 % du secteur municipal et 22 % du secteur CRD). L’objectif de la nouvelle Politique consiste à diminuer la quantité de matières résiduelles éliminées à 5,2 millions de tonnes d’ici 2014. Le MDDEP se base sur la prémisse que l’offre des sites de biométhanisation et de compostage qui seront implantés d’ici 2014 permettra de détourner plus de 800 000 tonnes annuellement des lieux d’enfouissement. Or, l’établissement de ces sites est tributaire du programme de financement de 650 M$ annoncé dans la nouvelle Politique et qui sera financé à même les redevances additionnelles. Le MDDEP ajuste son estimé des sommes de redevances initiales qui seront perçues en fonction de la réduction anticipée des volumes, ce qui correspond à une baisse de plus de 8,8 M$ annuellement. Puisque 85 % des redevances sont reversées aux municipalités, les sommes remises aux municipalités seront donc réduites annuellement d’environ 7,5 M$. Le programme de redistribution des redevances5 prévoit remettre aux municipalités une subvention au moins équivalente au montant des redevances payées pour l’élimination de ses matières. L’excédent permet aux municipalités de financer des activités visant la mise en œuvre des PGMR. La baisse du montant des redevances perçues aura donc un impact sur le financement des initiatives municipales. 26
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Les redevances additionnelles de 9,50 $ la tonne pour leur part ne seront pas affectées au fond visé par le programme de redistribution des redevances. Ainsi, le MDDEP estime qu’elles généreront des revenus de 278,4 M$ sur 5 ans. Comme le MDDEP s’est engagé à rembourser la totalité des redevances payées par les municipalités, il estime qu’environ 86,3 M$ leur seront remis. En ce qui concerne la portion résiduelle, un montant de 51,6 M$ sera utilisé pour la mise en œuvre du plan quinquennal, 16,5 M$ serviront aux activités du MDDEP en matière d’analyse et de contrôle, et le solde de 124 M$ sera utilisé exclusivement au financement du programme de traitement de matières organiques.
[…] toutes les sommes prévues par l’imposition de ces nouvelles redevances seront assumées exclusivement par les secteurs ICI et CRD. Étant donné la garantie d’effet neutre pour les municipalités, retenons de ce qui précède que toutes les sommes prévues par l’imposition de ces nouvelles redevances seront assumées exclusivement par les secteurs ICI et CRD.
Les impacts appréhendés Les estimations du MDDEP sont tributaires du fait que l’ensemble des matières résiduelles continuera à être éliminé dans des sites autorisés québécois, ce qui semble une présomption pour le moins utopique. En effet, cela fait fi de certaines réalités qui ne sauraient être qu'exacerbées par l’imposition d’une redevance excédant 20 $/t.m. : • la concurrence déloyale provenant d’exploitants de sites non autorisés qui ne facturent ou ne remettent pas la redevance; • le « dumping sauvage »; • l’utilisation de la redevance par les entreprises de collecte pour financer le transport des matières résiduelles à l’extérieur des frontières provinciales. Ces phénomènes détourneront des quantités non négligeables de matières résiduelles de l’enfouissement sécuritaire dans des sites autorisés québécois et privera le gouvernement, les municipalités et, ultimement, les citoyens, des redevances dûment payées. Ainsi, l’atteinte de l’objectif de réduction de la quantité de matières résiduelles éliminées s’effectuera au détriment de l’objectif de financement du programme de traitement et des activités de gestion des matières résiduelles. Comme effet négatif additionnel, mentionnons que dans l’éventualité où le transporteur exporterait les matières résiduelles, les municipalités ne seraient plus admissibles au programme de redistribution, faisant en sorte qu’elles paieraient les redevances sans recevoir la subvention qui en découle, ce qui aurait un impact significatif sur leur budget. Ces incongruités sont rendues possibles entre autres parce que la redevance n’est pas une taxe, mais plutôt un coût qui est internalisé dans les prix des transporteurs et des exploitants de sites, que l’exportation n’est pas interdite et que la redevance doit être payée au gouvernement par les exploitants de sites plutôt que par les transporteurs. Afin de maximiser les chances d’atteindre les objectifs louables du gouvernement, il est impératif que des changements s’opèrent, tant au niveau réglementaire que dans les pratiques des municipalités, notamment lors des appels d’offres, pour éviter que la redevance payée par les citoyens puisse être utilisée pour financer le transport des matières premières hors de nos frontières. I 1 2 3 4
La nouvelle Politique a été publiée le 25-11-09 et est toujours à l’état de projet. Décret 526-2010, Gazette officielle, 07-07-10, partie 2, p. 2832. R.R.Q., c. Q-2, r. 18.2. Projet de règlement sur les redevances exigibles pour l’élimination de matières résiduelles – Étude d’impact économique, 20 novembre 2009. 5 Programme sur la redistribution aux municipalités des redevances pour l’élimination de matières résiduelles, 2006.
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
C O N N A I S S EZ-V O U S LE MA R KETI N G R H ?
Dominique Dodier Directrice générale EnviroCompétence dominique.dodier@envirocompetences.org
Le marketing dans sa définition puriste est une discipline du management qui cherche à déterminer les offres de biens, de services ou d’idées en fonction des attitudes et de la motivation des consommateurs, du public ou de la société en général. Mais une tendance se dessine depuis quelques années : le marketing RH. Ce type de marketing est orienté sur les façons de se positionner comme employeur de choix auprès des employés et futurs employés. Mettre en place une stratégie marketing RH devient une façon incontournable de séduire les candidats et de fidéliser ses ressources. La relation entreprise-employé connaît une profonde mutation. Plusieurs secteurs connaissent une pénurie de main-d’œuvre qui, avec les années, s’accentuera : avec 33 % de Canadiens qui ne seront plus actifs sur le marché de l’emploi à court terme et un taux de natalité oscillant autour de 1,3 %, les chiffres démontrent que le marché de l’emploi deviendra pro-employés. Ces derniers auront le choix. Tenez-vous-le pour dit ! Alors, comment faire pour attirer cette ressource si rare ? Comment les garder chez vous ? Le marketing RH apporte en cela de nombreuses solutions. Pour séduire les meilleurs candidats, l’entreprise doit se vendre. Et apprendre à optimiser les techniques provenant du marketing classique comme on le ferait pour attirer les clients vers sa marque ou ses produits. Changer sa façon de communiquer nos valeurs, notre culture organisationnelle et mettre de l’avant toutes les pratiques ou initiatives liées au capital humain résument bien la notion.
PAR QUOI COMMENCER ? QUELLE EST LA RECETTE ? Il n’existe pas de recette miracle ni de mode d’emploi prêts à appliquer. Mais voici quelques pistes qui vous aideront à vous faire une tête sur le sujet.
Une stratégie de marketing RH repose sur un certain nombre de facteurs. Tout d’abord, il s’agit d’améliorer son attractivité auprès des candidats. Cela signifie qu’il faut repositionner son image d’employeur ou tout simplement en créer une, si cela n’est pas déjà fait. Un ensemble d’outils peuvent être déployés comme la réalisation d’une vidéo institutionnelle sur l’entreprise, la mise sur pied de contacts avec les écoles (stages, visites d’entreprises, participation aux forums d’étudiants…), la mise en place d’un programme d’accueil, d’intégration et d’accompagnement, l’établissement de plans de carrière individualisés dans la mesure du possible, le développement des avantages sociaux et le maintien du bien-être du capital humain tout en respectant
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l’équilibre charge de travail/vie privée, la mise en place d’outils de fidélisation et de développement de l’appartenance… Bref, il faut créer un environnement auquel les gens veulent appartenir et dans lequel ils veulent rester ! En fait, il s’agit d’être une entreprise « sexy » capable d’attirer les offres de services externes et de fidéliser son capital humain interne en peaufinant sa relation avec ses employés et ses candidats potentiels. Mais il faut faire attention. Le marketing RH doit demeurer une stratégie honnête et authentique. Mettre de l’avant ou prétendre des pratiques sans qu’elles soient réellement implantées ne fera que ternir votre image d’employeur. Cela pourrait même affecter votre image tout court. Bien que différente, l’image d’employeur est indissociable de l’image de marque. Être leader ou pas dans son secteur d’activité ne se reflète pas forcément sur sa notoriété comme employeur. Des salariés peuvent même choisir de travailler pour certaines entreprises ayant une bonne renommée d’employeur, et ce, à un salaire inférieur aux autres offres. Pourquoi ? Parce que cet employeur a su inclure dans son offre des avantages et des pratiques qui sont intéressants pour les employés, de sorte que le climat de travail semble plus serein. Cascades est un exemple d’entreprise qui a su tirer son épingle du jeu. Avec plusieurs places d’affaires au Québec et dans le monde, l’entreprise a réservé une importante section de son site Internet aux ressources humaines. A contrario, la majorité des entreprises, peu importe leur taille, parlent peu ou sinon pas du tout de la dimension humaine de leur organisation. Vous n’avez pas besoin d’être une grande entreprise pour vous pencher sur le marketing RH. Pas besoin non plus d’un vaste éventail d’expertises. Il s’agit d’appliquer aux ressources humaines les règles générales du marketing. • Qu’ai-je à offrir ? • Qu’offrent les autres (concurrents) ? • Quelles sont mes forces (avantages) comme employeur ? • Quelles sont mes faiblesses (ce que je n’offre pas) comme employeur ? • Que suis-je prêt à offrir pour acquérir de nouvelles ressources qualifiées et conserver celles que j’ai ?
Ensuite, on passe à l’action ! Au risque de me répéter, la filière de l’environnement aura bientôt à relever un triple défi comparativement à certains autres secteurs d’activités économiques; en plus de tous les départs à la retraite, le secteur est en bonne croissance, les demandes de services environnementaux sont en hausse et l’environnement est au cœur des préoccupations de bien des acteurs, politiciens et citoyens… Le train est en marche… Il est encore temps d’y monter. Et comme vous le savez, les défis sont souvent sources d’opportunités et de dépassement. I
EnviroCompétences, conscient de tous ces enjeux, peut vous venir en aide dans plusieurs dossiers relatifs aux ressources humaines. Communiquez avec nous !
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LE S B O N S C O NTA CTS
STÉPHEN DAVIDSON, ing. Directeur de projets Environnement 1205, rue Ampère, bureau 310 Boucherville (Québec) J4B 7M6 Tél. : 450 655-9640, poste 237 Téléc. : 450 655-7121 stephen.davidson@bpr.ca www.bpr.ca
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LE S B O N S C O NTA CTS
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L’ E N V E R S D U D É C O R
Sources : Associated Press, La terre de chez nous, Umour.com et l’équipe de 3Rve.
es, ouvell ets n s e j d des su avez Vous ecdotes ou aire part ? des anêt à nous f tout à d’intér parvenir le Faites aya.cc m @ o f in
UNE POLICE ÉCONOME Abc vs Abc L'Université du Wisconsin-Green Bay a trouvé un moyen tout simple de réduire ses dépenses liées à l'impression. En effet, après plusieurs tests, la directrice de l’informatique de l’établissement en est venue à la conclusion que remplacer l’utilisation de la police de caractère Arial par le Century Gothic permet d’économiser 30 % d’encre. Ce qui dans les faits représente une économie substantielle pour l’université en plus d’être un beau geste environnemental. Et vous, quelle police utilisez-vous ?
SOLMAX TEXEL DEVIENT
TEXEL GÉOSOL
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LA TÊTE DANS LES NUAGES Julie Gagné de Sani Eco a récemment réalisé un exploit de taille en septembre dernier. Faisant partie d’un groupe de 21 femmes qui ont amassé la somme de 135 000 $ au profit de la maison La parolière de Sherbrooke, elle a surmonté l’épuisement et les crampes pour réussir l’ascension du célèbre Kilimandjaro. À n’en pas douter, depuis son retour, Julie a la tête dans les nuages ! Toutes nos félicitations !
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Cette année, l’important salon international Pollutec se tiendra du 30 novembre au 3 décembre 2010 à Lyon. L’événement attend plus de 75 000 visiteurs et 2 400 exposants. Le pays à l’honneur sera le Chili. Nous vous encourageons à participer à l’événement à titre d’exposant ou même de simple visiteur. Vous pouvez obtenir de l’information en contactant sylvain.stcyr@exportenvironnement.com.
un peu d’humour…
SOULIGNER L’EXCELLENCE DE L’INDUSTRIE L’industrie des services environnementaux entend récompenser l’excellence et lance les prix Envirolys, une distinction qui vise à souligner annuellement la performance des entreprises dans les secteurs des matières résiduelles, des matières dangereuses, du traitement des sols ainsi que les manufacturiers d’équipements environnementaux. Une distinction sera également accordée à un entrepreneur qui aura contribué significativement au développement de l’industrie. Les entreprises qui veulent poser leur candidature peuvent le faire avant le 12 novembre sur le site www.cese.ca. Un gala de remise aura lieu le 9 décembre à Montréal. C’est un rendez-vous !
Le groupe Ads inc. en affaires depuis près de 45 ans et qui emploie plus de 350 personnes, annonce que sa filiale Solmax-Texel Géosynthétiques inc. change sa dénomination sociale pour devenir Texel Géosol inc. Fondée en 1993, Texel Géosol est une entreprise 100 % québécoise dont la mission est d’offrir, de développer, de promouvoir et d’installer des produits et services géosynthétiques.
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EXPOSONS À LYO N !
SOUS-VÊTEMENTS MASCULINS EN FIBRES DE BANANE La société australienne aussieBum tente une percée dans le monde écologique et technologique en commercialisant des sous-vêtements nouveau genre. Les fibres servant à leur fabrication proviennent de l’écorce du bananier et sont, semblet-il, très faciles à tisser. Impossible de savoir pour l’instant s’il y aura une version « mangeable »…
Gestion de matériel technologique usagé ou en fin de vie utile
La véritable alternative écoresponsable
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