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Automne/hiver Printemps/été 2008, 2007, vol. 4 3 no 3 1

ENTREVUE avec

Dr Albert

Jacquard L’humanisme au profit de l’environnement

Convention de la poste-publications no 41122591

Le compostage à grande échelle : creux dépressionnaire et temps nuageux Centre de tri : marchés à la baisse, technocratie à la hausse Obama, un nouveau leader environnemental ?

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Automne/hiver 2008, vol. 4 no 3

tête-à-tête

sommaire CHRONIQUE

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RAPPORT DE LA COMMISSION DES TRANSPORTS ET DE L'ENVIRONNEMENT SUR LES MATIÈRES RÉSIDUELLES UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR ÉLABORER LA FUTURE POLITIQUE

11 « L’important, c’est de produire le minimum de déchets. Normalement, il ne devrait pas y en avoir du tout. Il faut que le déchet soit recyclé, qu’il entre dans le système. Si on veut assurer la pérennité de notre planète, il faut qu’il y ait autant d’intrants que d’extrants. Un bon exemple d’équilibre est le fumier. Les animaux mangent les produits de la terre, les digèrent et produisent du fumier qui est réutilisé pour nourrir la terre. Il faudrait que ce soit ainsi pour toutes les activités. » - Dr Albert Jacquard

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HORIZON 2008

UN GROS 10 %

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COMPOSTAGE

LE COMPOSTAGE À GRANDE ÉCHELLE : CREUX DÉPRESSIONNAIRE ET TEMPS NUAGEUX

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CENTRES DE TRI

MARCHÉS À LA BAISSE, TECHNOCRATIE À LA HAUSSE

21 LE MARCHÉ DU CARBONE

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LE JURIDIQUE

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3R V E Y ÉTA IT

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O P I N I O N S ET C O M M E NTA I R E S

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LE S B O N S C O NTA CTS

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L’ E N V E R S D U D É C O R

En lien avec la ministre

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Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

LE TOUR DU MONDE

OBAMA, UN NOUVEAU LEADER ENVIRONNEMENTAL ?

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COLLECTE SÉLECTIVE

PARLONS EFFICACITÉ ET PERFORMANCE

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : Line Beauchamp Jean-Louis Bertrand Marie-Claude Caron Léo Fradette Michel Marcotte Denis Potvin Frédéric Potvin Maryse Vermette

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie (Syma) Photos de la page couverture et de l’entrevue : Gilles Lalonde Révision linguistique : Annie Talbot Impression : K2 impressions

Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 508-1514 info@maya.cc www.maya.cc

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication

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et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié 3 fois l’an.


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É D I TO R I A L

Le gâteau aux carottes Et voilà, on y arrive, depuis le temps qu’on en parle. L’année 2008 tire à sa fin, entraînant avec elle la tristement célèbre Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008. Nous pouvons dès maintenant cesser de dire que nous n’atteindrons pas ses objectifs. Non seulement nous ne les avons pas atteints, mais collectivement, nous en sommes encore loin. Voilà, c’est fait, c’est dit. Maintenant, on fait quoi ? La Politique 1998-2008 faisait suite à une autre politique, la Politique de gestion intégrée des déchets solides de 1989. Ses objectifs n’avaient pas été atteints non plus, faut-il le préciser. Est-ce donc dire qu’une nouvelle politique, avec de nouveaux objectifs, pointe à l’horizon ? S’il faut en croire la ministre Beauchamp (voir sa chronique en page 9), c’est bien ce qui nous attend. Remarquez que, si c’est le cas, le plus tôt sera le mieux, car en ce moment, il y a un flottement dans l’industrie. On attend de voir la direction que prendront le ministère et sa future politique, et ce, même si on en a une saprée bonne idée grâce aux résultats recueillis par la Commission des transports et de l’environnement de l’Assemblée nationale, qui s’est déroulée du 6 au 26 février 2008. De toute façon, y a-t-il vraiment quelque chose de neuf dans les recommandations de cette commission ? Y a-t-il des éléments que les gens de l’industrie, du ministère ou des municipalités ne savaient pas déjà ? Franchement, non. Comme l’expose mon ami Léo Fradette en page 15, le problème ne réside pas vraiment dans les objectifs, mais plutôt dans les actions et les moyens mis en place pour les atteindre. Ce qui ressort du texte de Léo est fort simple; dans le cas des PGMR, d’une part, l’aide aux municipalités qu’offre le programme de redistribution de la redevance (incluant le bonus de 10 % pour l’effort) encourage la médiocrité ou à tout le moins l’immobilisme en raison de la trop grande facilité à obtenir un chèque sans réels efforts. D’autre part, la majorité des municipalités n’ont pas les moyens de mettre véritablement de l’avant leurs programmes. Sur le terrain, il en résulte des discussions semblables :

André Dumouchel

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adumouchel@maya.cc

– Monsieur le maire, il serait bien de finalement mettre en marche notre PGMR. – Je sais bien, mon cher Pierre, mais vois-tu, ça nous coûte beaucoup moins cher d’envoyer la matière à l’enfouissement. Donc, fais imprimer quelques dépliants pour sensibiliser nos citoyens, place quelques bacs et contenants au garage municipal et nous aurons quand même notre redevance. – D’accord, mais ne devrions-nous pas au moins instaurer une collecte de la matière organique ? – Même si je voulais, on n’en a pas les moyens. Et puis les gens n’aimeraient pas avoir un autre bac sur leur terrain. Et tu sais, les élections municipales s’en viennent, je dois refaire le toit du centre communautaire qui coule depuis trois ans. Cette discussion fictive n’est sûrement pas loin de la vérité et c’est ce qui est inquiétant. À l’opposé, certaines municipalités sont très proactives et sont largement en avance sur les autres quant aux moyens et aux taux de détournement de la matière. Avec raison, elles se sentent lésées.

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Voici donc une piste de solution. Il faut d’abord se poser cette question : veut-on réellement améliorer les résultats ? Si la réponse est positive, alors pourquoi donner 90 % de la redevance aux municipalités sur la base du prorata de la population ? C’est contre-productif. Le principe est simple si on veut de véritables améliorations : on redonne de l’argent aux municipalités qui font réellement des efforts et qui progressent. Bref, on récompense les résultats et non l’immobilisme. Un nouveau système de distribution des redevances devrait donc être mis sur pied. Seules les municipalités y participant volontairement et obtenant une réelle progression de leur taux obtiendraient leur part du gâteau. C’est le principe de la carotte. La municipalité qui ne toucherait plus son 90 % de redevance aurait intérêt à mettre de l’avant des actions afin de progresser. Si, au contraire, elle décidait par choix de s’abstenir, cela ne laisserait que plus de fonds à distribuer aux autres municipalités qui progressent. En d’autres mots, tu ne veux pas t’améliorer ? OK, je te laisse tranquille. Par contre, ton voisin qui y met les efforts aura sa carotte et ta part de gâteau… aux carottes ! J’entends déjà certains dire qu’au départ, les municipalités n’affichent pas toutes les mêmes taux de détournement et qu’une telle mesure en désavantagerait certaines par rapport à d’autres. Dans un système à taux unique, ils ont raison. Par contre, tel n’est pas le cas si on met sur pied un système à échelons basé sur la progression. Une caractérisation pour chaque municipalité participante au programme serait le point de départ. Par exemple, la ville A n’a jamais été proactive. Mais devant l’incitatif, elle s’inscrit au programme. On y effectue une caractérisation qui révèle un taux de détournement de 25 %. C’est son point de départ. Alors, on lui octroie un prêt X à même les redevances pour qu’elle puisse progresser. Elle a un an pour progresser, disons, de 5 %. À l’échéance, on fait une vérification. Si l’objectif est atteint, le prêt précédemment accordé devient une subvention et on lui accorde un autre prêt de X pour une autre étape de 5 % pour l’année suivante et ainsi de suite jusqu’au taux souhaité de 65 %. Après quoi la subvention devient automatique tant qu’elle respecte ce taux. Ainsi donc, les municipalités qui ont déjà atteint ce taux ou qui s’en rapprochent ne seraient pas pénalisées par rapport à celles qui partent de loin. Bien sûr, certaines municipalités ne s’inscriront pas au programme et de ce fait ne feront aucun effort. Mais en font-elles plus en ce moment ? Je suis convaincu que malgré l’abstention de ces villes, le taux global du Québec s’améliorerait à la vitesse grand V. Cette solution n’est pas parfaite. Elle a besoin d’être nuancée et peaufinée. Par contre, elle a le mérite d’encourager l’action et les résultats. Si notre société désire obtenir des résultats probants, c'est le principe qu’elle doit appliquer. Sinon, on peut toujours se faire une belle politique 2009-2019 et espérer un miracle. Car, comme le dit Denis Potvin dans sa chronique : « Que l’on soit de l’école de la carotte ou de celle du bâton, quand on n’a ni l’un ni l’autre, comment s’étonner des faibles progrès obtenus à ce jour ? »

Je tiens à remercier Madame Beauchamp pour les efforts qu’elle a déployés à titre de ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. Du même souffle, je souhaite qu’elle soit reconduite comme ministre du MDDEP (s’il se nomme encore ainsi…). Sera-t-elle de retour au ministère ? Je crois que oui. Simple question de feeling. Allez, les paris sont ouverts !


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En lien avec la ministre Rapport de la Commission des transports et de l'environnement sur les matières résiduelles

Mme Line Beauchamp Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

Une source d’inspiration pour élaborer la future politique

La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 arrive à échéance. La Commission des transports et de l’environnement de l’Assemblée nationale s’est donc penchée sur la question. Aussi, elle a entendu, du 6 au 26 février 2008, pas moins de 49 groupes et reçu près de 90 documents de réflexion par Internet ainsi que 225 réponses à son questionnaire en ligne. Cette forte participation confirme que la gestion des matières résiduelles est une question cruciale. Elle montre que la population du Québec est prête à déployer des efforts importants afin de collaborer à la mise en place de solutions durables à la réduction des déchets. Je vous invite à faire un tour d’horizon de quelques recommandations de cette Commission, car son rapport va certainement constituer l’une des pièces maîtresses qui servira à l’élaboration de la future politique.

La réduction à la source La Commission recommande que le gouvernement donne encore la priorité à la réduction à la source. Un exemple concret de ce type d’initiative est l’engagement de l’industrie à adopter un code de bonnes pratiques concernant l’utilisation des sacs d’emplettes afin de promouvoir leur réduction à la source, leur réemploi et leur recyclage. J’ai exigé de réduire de 50 %, d’ici 2012, la quantité de sacs en plastique utilisés au Québec. Les Québécois utiliseraient entre 1,4 et 2,7 milliards de sacs jetables par année. Un autre exemple concret, qui mérite d’être souligné, est la décision de la Société des alcools du Québec d’éliminer, à compter de janvier 2009, les sacs à usage unique de ses succursales.

L’enfouissement de la matière organique putrescible La Commission préconise aussi d’établir un échéancier afin d’atteindre l’objectif d’enfouissement « zéro » de la matière organique. Cette matière est responsable de l’émission d’importantes quantités de gaz à effet de serre dans les lieux d’élimination. Or, au Québec, elle représente près de la moitié de toutes les matières résiduelles générées par les ménages, et plus de 90 % est enfoui. Cela porte à réfléchir si nous voulons, notamment, demeurer des leaders dans la lutte contre les changements climatiques.

L’augmentation de la collecte sélective hors foyer La récupération des matières recyclables résiduelles générées hors foyer est également une préoccupation du gouvernement et de la Commission. Cette dernière souhaite que l’offre de services pour les restaurants, les bars et les hôtels soit augmentée. Des initiatives vont déjà dans ce sens, telle la Table pour la récupération hors foyer où RECYC-QUÉBEC agit comme membre ambassadeur et apporte une contribution financière de 300 000 $ par année sur une période de trois ans. Cette table offre un programme de financement qui vise l’optimisation de la collecte sélective de 8

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toutes les matières recyclables générées dans deux grands secteurs : les aires publiques municipales de même que les hôtels, bars et restaurants du Québec. Vous avez sûrement remarqué de nouveaux équipements aux quatre coins de la province.

Une incitation à la récupération plutôt qu’à l’élimination La Commission recommande de revoir le niveau des redevances à l’élimination. Elle propose également de baser le système de redistribution des redevances sur des critères de performance. Il est déjà prévu de les redistribuer selon la performance des municipalités. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs travaille d’ailleurs avec le monde municipal à adopter les critères qui s’appliqueront en cette matière dès la mise en vigueur de la nouvelle politique.

Une future politique harmonisée Depuis l’adoption de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998 2008, le Québec a ajouté un instrument législatif majeur dans son coffre à outils : la Loi sur le développement durable, dont découle la Stratégie gouvernementale de développement durable. De plus, il s’est engagé à fond dans la lutte contre les changements climatiques en présentant un plan d’action audacieux, qui fut par ailleurs très bien accueilli. La recommandation de la Commission d’intégrer les principes de développement durable et la question des changements climatiques trouvera donc assurément écho dans la future politique. La gestion des matières résiduelles est un sujet très vaste sur lequel nous nous pencherons intensément au cours des prochains mois afin de nous doter d’une nouvelle politique. Celle-ci exigera la contribution de tous les acteurs de notre société, et je suis convaincue que nous pourrons relever, collectivement et individuellement, les grands défis qui s’y rattachent.


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Dr Albert

Jacquard

Entrevue réalisée par

André Dumouchel et rédigée par

Annie Talbot

À LYON (F RANCE) EN 1925, ALBERT JACQUARD DEVIENT D’ABORD INGÉNIEUR D’ORGANISATION ET DE MÉTHODE APRÈS AVOIR ÉTÉ DIPLÔMÉ DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE ET DE L’I NSTITUT DE STATISTIQUES. I L PASSE PAR LA SUITE UNE DIZAINE D’ANNÉES À DIVERS POSTES DE HAUT FONCTIONNAIRE TOUT EN SE RÉORIENTANT VERS UNE CARRIÈRE SCIENTIFIQUE. TITULAIRE D’UN DOCTORAT DE GÉNÉTIQUE EN 1970 ET D’UN DOCTORAT EN BIOLOGIE HUMAINE EN 1972, IL EST NOMMÉ EXPERT EN GÉNÉTIQUE AUPRÈS DE L’O RGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ DE 1973 À 1985 ET POURSUIT EN PARALLÈLE DES RECHERCHES UNIVERSITAIRES.

ALBERT JACQUARD EST SURTOUT CONNU POUR SES OUVRAGES DE VULGARISATION SCIENTIFIQUE, LE PREMIER ÉTANT L’ÉLOGE DE LA DIFFÉRENCE (1981) ET LE DERNIER LA SCIENCE À L’USAGE DES NON-SCIENTIFIQUES (2003). S ON TRAVAIL LUI A VALU DE NOMBREUSES DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET PROFESSIONNELLES, NOTAMMENT LA LÉGION D’HONNEUR ET UN DOCTORAT HONORIS CAUSA OCTROYÉ PAR L’U NIVERSITÉ DU Q UÉBEC. G RAND HUMANISTE, ALBERT JACQUARD EST EN QUELQUE SORTE À LA F RANCE CE QU’H UBERT R EEVES EST AU CANADA ET STEPHEN HAWKING À L’ANGLETERRE, MAIS SES CHAMPS D’INTÉRÊT DÉPASSENT LARGEMENT LES FRONTIÈRES POLITIQUES. I L EST D’ABORD CITOYEN DU MONDE ET, EN CE SENS, SE DIT PRÉOCCUPÉ PAR TOUT CE QUI TOUCHE L’ENSEMBLE DE LA PLANÈTE.

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Comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux questions relatives à l’environnement ?

Ce sont donc des solutions globales que vous proposez dans vos ouvrages ?

Mon point de départ était très loin de l’environnement. Je m’intéressais en fait aux problèmes liés à la génétique mathématique et à la génétique des populations. Par conséquent, c’était très loin du réel. Or, un peu comme tout le monde, j’ai commencé à me poser des questions sur l’environnement, puis à participer à des luttes concernant l’environnement. Des camarades m’ont amené à participer en tant que témoin – celui qui ne fait rien, mais qui par sa présence provoque des événements – à des luttes pour l’accès au logement, car la pénurie ne faisait qu’enfler et paraissait loin de se résorber. C’est sous cet angle de militant, venant en aide à des gens qui ont besoin d’un environnement meilleur, que j’ai commencé peu à peu à me préoccuper de l’environnement de façon plus globale, à réfléchir, et à m’apercevoir qu’il fallait proposer des solutions.

Oui, d’une certaine façon, j’ai proposé des pistes de réflexion qui dépassent le problème du logement pour m’attaquer aux enjeux globaux reliés à l’environnement. Il ne faut pas proposer des solutions à partir des données actuelles, mais à partir des problèmes posés de l’extérieur. Je m’explique. À l’époque de Napoléon, un milliard d’êtres humains peuplaient la planète. Puis, peu à peu, le poids démographique a augmenté tout doucement, presque de manière insidieuse, et les rapports entre l’humanité et la planète se sont mis en place un peu n’importe comment. Aujourd’hui, nous sommes six milliards et demi et nous faisons face à différents problèmes dus au fait que tous ces habitants doivent partager une même petite planète. Il n’est plus possible, étant donné notre nombre, de tenter de régler ces problèmes séparément, de façon locale et ponctuelle. Il faut poser les problèmes de façon globale, ce qui n’a jamais été fait jusqu’à présent, ou très peu.

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tête-à-tête Nous dirigeons-nous vers une impasse si nous continuons à vouloir régler les problèmes de façon isolée ? C’est inévitable. Des solutions peuvent paraître bonnes sur le coup, mais plusieurs de ces solutions additionnées ramènent au véritable problème : celui de la répartition des ressources. Profitons donc de la crise actuelle pour éviter de reproduire les problèmes d’appropriation des richesses de la planète. Est-il possible de répartir ces richesses équitablement ? L’inventaire des cadeaux de la planète est pratiquement fait. Nous savons qu’elle donne de l’air, de l’eau, du pétrole, etc., et en quelle quantité. La question est de savoir comment s’arranger compte tenu de l’inventaire. Comment faire en sorte de vivre ensemble sur une planète qui est toute petite, et en particulier sur une planète qui limite ses cadeaux ? Les cadeaux de cette planète, à qui les doit-on ? À la nature. Ils n’appartiennent à personne en propre. La façon de les répartir est donc arbitraire. Évidemment, la meilleure solution pour moi, ce serait de tous me les donner. (Rires.) Mais ce n’est pas la meilleure pour l’humanité. Jusqu’à présent, on a redistribué les richesses selon le principe du « tout pour moi ». Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix d’essayer de résoudre globalement les problèmes des rapports de la planète et de l’humanité. Il faudrait donc tendre vers le principe du « pour tout le monde à la fois ». L’homme est-il capable ou suffisamment mature pour penser de cette façon ? Pour moi, l’homme est capable de tout, du pire comme du meilleur. Mais il faut admettre que du moment que c’est raisonnable, c’est une question de volonté humaine. On peut le faire. Pour ce qui dépend de la nature, on s’y soumet. Par exemple, s’il y a un tsunami, on n’y peut rien, one ne peut qu’attendre que ça passe. Mais pour ce qui dépend de l’homme, nous avons de la latitude. L’appropriation d’une richesse de la nature est en ce sens une absurdité. Au fond, ce qu’il y a de remarquable dans la crise actuelle, c’est qu’elle est entièrement attribuable aux hommes; Wall Street, qui est un système de redistribution de la richesse qu’une poignée d’hommes s’est appropriée, n’existe pas dans la nature. C’est tellement évident que ça saute aux yeux ! Finalement, ou on est condamnés définitivement à être des imbéciles ou on peut espérer le contraire.

N’est-ce pas un peu absurde ? L’humanité regorge d’absurdités. Il suffit de regarder la guerre 1418, qui était une chose monstrueuse. Partout, il y a des absurdités, justement, parce qu’on est habitués à résoudre les problèmes localement, mais très rarement globalement. On sait depuis 2 400 ans, depuis Ératosthène, que la Terre a un rayon de 6 000 km. Dès cette époque, on aurait pu dire : « Voici la carte, voilà l’envergure que devront désormais avoir nos idées. » Mais on ne l’a pas dit. On a manqué le passage de la compréhension à la mise en pratique. Est-ce que l’homme attend d’y être obligé ? Il faut être obligé. On attend de ne plus rien avoir. C’est un peu comme le Touareg qui traverse le désert : s’il attend trop longtemps pour s’apercevoir qu’il a besoin d’eau, il va en crever. C’est ce que fait l’humanité actuellement. Est-il trop tard ? Je n’en sais rien, mais je veux agir comme s’il n’était pas trop tard. Êtes-vous optimiste ? Pas tellement, parce que ça ne va pas s’arranger tout seul. Estce que je suis pessimiste ? Non, parce que j’admets que ça ne va pas obligatoirement aboutir à la catastrophe. Je suis volontariste. J’admets que ça dépend de moi et de tous les hommes. Mes 6 milliards de camarades et moi avons à parts égales la responsabilité d’une planète. Devrait-on parler davantage d’écologie, d’environnement ou de développement durable ? Il faut penser à la durabilité de nos solutions, bien sûr, mais ce n’est pas forcément le développement qui doit être durable. La durabilité doit aboutir à une solution stable, à l’équilibre, à une solution qui pourrait durer sans être un développement. Il faut bien admettre que le développement aboutit rapidement à l’exponentiel. La finitude de la planète fait partie, pour moi, des contraintes devant lesquelles on doit s’incliner. La planète impose ses contraintes et, du coup, une stabilité qui permet aux hommes d’assouvir leurs besoins doit être trouvée.

Est-ce que vous croyez que les hommes ont trop attendu pour se préoccuper des questions environnementales ?

Pourriez-vous nous donner un exemple concret ?

Très probablement. Il aurait fallu, dès qu’on s’est mis à exploiter le pétrole, se dire : « Mais à propos, il y en a combien ? Combien de temps ça va durer ? » On a attendu bien trop longtemps pour s’apercevoir qu’il en restait pour deux siècles, ce qui est beaucoup trop court. On s’est laissés enfoncer de façon stupide dans des impasses qu’on aurait pu déceler comme étant des impasses.

Les besoins en nourriture sont au fond vite comblés. Une fois qu’on est nourri et qu’on a nos 4000 calories, on devrait penser à autre chose. Il faut développer ce qui ne coûte rien à la planète. La limite qui nous entoure, c’est la limite posée par la nature. Une fois qu’on est respectueux de cette limite, il ne faut pas chercher à vouloir plus. Par contre, on peut chercher à combler d’autres besoins, par Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 4 NO 3 AUTOMNE/HIVER 2008

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tête-à-tête exemple ceux de l’esprit (science, art) et du cœur. Le vrai développement a pour base l’imagination et vise l’amélioration des rapports des hommes avec eux-mêmes et avec les autres. On va continuer à développer non plus en exploitant la planète, mais en exploitant notre capacité d’imagination, car tous les poèmes n’ont pas été écrits, toutes les musiques n’ont pas été composées. Nous avons donc deux paradigmes. Le premier est soumis à une finitude : la terre, la planète, ce qui est disponible. Le second est du domaine de l’infini. La compréhension du monde, par exemple, ne sera jamais finie. Nous aurons toujours à découvrir de nouvelles propriétés du cosmos. Jamais nous n’aurons fini de discuter philosophie. Avec la science, la philosophie et l’art, on a de quoi s’occuper.

Que pensez-vous de la hiérarchisation des 3rve (réduction à la source, réemploi, recyclage, valorisation et élimination) ? C’est un terme que je ne connaissais pas. Mais on devrait évidemment essayer en permanence de recycler, de réutiliser, de revaloriser et, encore mieux, de réduire à la source. On doit faire en sorte que les intrants et les extrants s’équilibrent; il le faut bien, ça fait partie de la finitude de la Terre.

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tête-à-tête Il faut être obligé. On attend de ne plus rien avoir. C’est un peu comme le Touareg qui traverse le désert : s’il attend trop longtemps pour s’apercevoir qu’il a besoin d’eau, il va en crever. C’est ce que fait l’humanité actuellement. Notre société se préoccupe donc trop des intrants et pas suffisamment des extrants ? La logique de la production peut être une création, mais aussi une transformation. Mais je ne poserais pas le problème de cette manière. Je dirais plutôt : qu’est-ce que la Terre peut supporter comme déchets ? Une fois qu’on sait qu’elle ne peut plus en supporter davantage, il faut réviser nos façons de faire. Croyez-vous qu’actuellement nous avons atteint le maximum de ce que la nature peut supporter ? Le problème est justement de ne pas se laisser enfermer par les contraintes de la planète en imaginant des zones de développement qui ne soient pas liées à la planète. Par exemple, je ne vais pas essayer de développer la nourriture du moment que tout le monde mange à sa faim; je vais plutôt essayer de développer quelque chose qui me permet de penser à autre chose que la bouffe. Mais est-ce que le capitalisme n’est pas en contradiction avec une telle philosophie ? Complètement. Le capitalisme essaie d’accumuler les richesses et chacun essaie d’en accumuler le maximum. Le capitalisme se base sur la compétition. Pour moi, le nœud de l’éducation, c’est d’apprendre aux enfants non pas la compétition, mais l’émulation. Avec la compétition, on fabrique des gagnants et des perdants; avec l’émulation, on ne fabrique que des gagnants qui s’aident les uns les autres. Nos arrière-grands-parents, quand ils allaient à la chasse, leur exploit personnel ne comptait pas; c’était plutôt leur capacité de coopération qui comptait, mais il semble qu’on a depuis oublié ce qu’était la mise en commun des efforts et des victoires.

Le modèle prédominant étant le capitalisme, n’est-ce pas un peu utopique de croire que le développement va cesser ? Il va falloir que ça cesse. On ne va pas continuer à bruler du pétrole quand on n’en aura plus. Par conséquent, on va se heurter à une limite de la nature. Plus vite on comprendra et mieux ça vaudra. Ça va être un peu dramatique, car on vit dans un système qui oblige les gens à avoir une voiture, donc à bruler du pétrole. Mais quand il n’y aura plus de pétrole, il faudra se débrouiller autrement. On est d’ailleurs très près de la rupture. Est-ce que la surconsommation devient le problème majeur ? En ce moment, oui. Ce qu’il faut, c’est une consommation permise. Qu’est-ce qu’on peut consommer ? Qu’est-ce que nous donne la terre ? Actuellement, il y a de quoi nourrir tout le monde. Le problème n’en n’est donc pas un de quantité. Si vous aviez personnellement un pouvoir législatif, qu’aimeriez vous appliquer comme mesure pour faire en sorte de favoriser l’environnement ? Ne plus abîmer la Terre. Je crois que tous les biens provenant de la Terre doivent être collectivisés, planétarisés. Il faudrait aussi procéder par domaine. Et il y a un domaine où il est évident qu’il faut travailler ensemble, être coordonnés, et c’est le domaine sanitaire. Les hommes ont plusieurs ennemis en commun : les virus, les bactéries, etc. Comme nous avons tous les mêmes ennemis, nous devons mettre en commun tous nos moyens. Et me voilà devant l’évidence qu’on devrait mondialiser et non plus nationaliser le système sanitaire. Ça a très bien marché, il y a 30 ans, avec la lutte contre la variole. Cette maladie tuait plus de 2 millions d’enfants. Aujourd’hui, elle n’en tue plus aucun. C’est fait, c’est gagné. Alors pourquoi on ne mondialise pas l’ensemble des moyens sanitaires ? C’est une question d’infirmières, de médecins, etc. Ce n’est pas une question d’argent. On a transformé ça en question d’argent, ce qui n’a pas de sens. L’Organisation mondiale de la santé devrait pouvoir lutter avec tous les moyens de tous les peuples contre tel ou tel virus. On a gagné contre la variole, contre la tuberculose, etc. Voilà un programme qui est concret, qui est réalisable. Il suffit de mettre quelques dizaines de milliers de membres du système sanitaire et c’est à la portée de l’humanité. Selon vous, pour cette problématique, est-on sur la bonne voie ? Du côté de la santé, je crois qu’on peut avancer que d’ici un siècle, on aura mis en commun tous les systèmes sanitaires. Tout médecin aura un passeport général, et tout malade aussi. Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 4 NO 3 AUTOMNE/HIVER 2008

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tête-à-tête Pour les questions de santé comme pour celles de l’environnement, il suffit donc que l’humanité le veuille, c’est une question de volonté… Si c’est une question de volonté, c’est possible. Tout ce qui ne dépend que des hommes est possible. Ce qui dépend de la nature n’est pas toujours possible, pas plus qu’il n’est forcément impossible. Comment pourrait-on réussir à sensibiliser les citoyens du monde à stopper la surconsommation ? On commence à l’expliquer à la radio, dans les journaux, à la télévision, etc. Il faut le dire. Il faut transformer les états d’esprit par la parole. L’outil de changement par

excellence pour les hommes est la parole. Au commencement était le Verbe. In principio erat Verbum. J’ai fait du latin. [Rires.] Quels sont, selon vous, les grands défis de l’humanité face aux déchets ? Quel est le futur de la gestion des déchets sur la planète ? L’important, c’est de produire le minimum de déchets. Normalement, il ne devrait pas y en avoir du tout. Il faut que le déchet soit recyclé, qu’il entre dans le système. Si on veut assurer la pérennité de notre planète, il faut qu’il y ait autant d’intrants que d’extrants. Un bon exemple d’équilibre est le fumier.

Est-ce que vous avez un auteur préféré ? Jacquard : Pour l’instant, c’est Balzac. Je viens de relire Le Père Goriot. Quel bonheur !

À la maison, buvez-vous de l’eau embouteillée ou du robinet ? Jacquard : Je me bats avec ma femme pour qu’elle boive de l’eau du robinet, qui est à mon avis aussi bonne alors qu’elle prétend qu’elle sent l’eau de Javel. Votre question soulève un problème de couple : elle est pour l’eau en bouteille et moi pour l’eau du robinet. C’est elle qui gagne, évidemment. Est-ce que vous pratiquez le recyclage à la maison ? Jacquard : Chaque fois que c’est possible, oui. On fait ça sérieusement. Quel est votre acteur préféré ? Jacquard : Il y a eu des gens comme Raimu. Pour moi, il était extraordinaire.

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Est-ce que vous auriez pu avoir l’esprit entrepreneur ? Jacquard : Non, je n’ai pas un esprit entrepreneur. J’ai suffisamment d’esprit pour essayer de décortiquer les idées, mais pour construire quelque chose, pour transformer le monde réel, mon seul outil est la parole. Est-ce que vous auriez pu faire de la politique ? Jacquard : Je ne crois pas. J’aurais été nul. Les politiciens sont bloqués par toutes sortes de contrats absurdes. Je me sens davantage utile à intervenir dans la réalité que ceux qui font de la politique. Est-ce que vous vous intéressez néanmoins à la politique ? Jacquard : Oui, beaucoup, surtout à la politique étrangère, à celle qui peut avoir un impact planétaire.

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Les animaux mangent les produits de la terre, les digèrent et produisent du fumier qui est réutilisé pour nourrir la terre. Il faudrait que ce soit ainsi pour toutes les activités. Ce n’est pas le cas avec le pétrole. On le brûle, on le met dans des machines à brûler le pétrole, et il n’y a rien d’utilisable à la sortie. Par conséquent, tout ce qui produit des déchets doit disparaître. Monsieur Jacquard, merci pour cet entretien et souhaitons-nous un monde meilleur. ■

Si vous aviez eu le droit de vote, pour qui auriez-vous voté aux dernières présidentielles américaines ? Jacquard : Comme tous les Français, j’aurais voté pour M. Obama. Il n’y a même pas de discussion possible. Est-ce que vous avez déjà eu un mentor ? Jacquard : Pas vraiment un mentor, mais quelqu’un d’important, oui. J’ai eu la chance de côtoyer l’abbé Pierre. Évidemment, d’autres grandes personnes m’ont marqué parce que je les ai admirées, même si évidemment je ne suis pas capable de faire ce qu’ils font. Quelle est votre plus grande réussite sur le plan professionnel ? Jacquard : Je suis fier d’avoir développé une nouvelle façon de présenter la base de la génétique mathématique avec la notion des trimates, qui développe un peu la théorie des matrices. Il y a un intermédiaire entre les théories unidimensionnelles et bidimensionnelles. Pour avoir un enfant, il faut être deux, et l’enfant unique, c’est une vision de trimates, c’est-à-dire des probabilités des différents cas possibles.

Êtes-vous d’accord avec le principe de l’utilisateur payeur ? Jacquard : En général, je n’aime pas utiliser les méthodes de paiement pour régler les rapports entre les hommes. Ainsi, le fait de payer me donne le droit de polluer, alors qu’en principe je ne devrais pas avoir le droit de polluer, même si je paye. C’est peut-être une solution dans l’immédiat, mais certainement pas à long terme. Quel est le plus bel endroit que vous ayez visité ? Jacquard : Il y a Ammassalik au Groenland, il y a la région d’Ambori au centre du Mali… En fait, je crois que tous les endroits peuvent être beaux; ça dépend du regard que l’on porte sur les choses. Êtes-vous à l’aise avec le vedettariat ? Jacquard : Ça me semble ridicule puisque moi je me sens très peu vedette. Mais être reconnu me fait plaisir parce que j’ai le sentiment que quelque chose de moi a été transmis et que l’échange a fonctionné.


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HORIZON 2008

Léo Fradette conseiller, gestion des matières résiduelles M. A. Écoservice leo.fradette@ecoservice.ca

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UN GROS

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Dans sa forme actuelle, le programme de redistribution des redevances, incluant le « bonus » accordé au printemps dernier pour les efforts consentis, ne cible à peu près rien et vivote. Est-ce une forme de gratteux ? Une réduction-surprise consentie par la Société des alcools du Québec (SAQ) à l’achat de spiritueux ou de vin ? Non, il s’agit plutôt d’une mesure gouvernementale pour reconnaître les efforts consentis par votre municipalité à la valorisation des matières résiduelles. Si votre municipalité a offert durant l’année 2007 des services pour favoriser la valorisation des matières putrescibles résidentielles, des résidus verts, des résidus domestiques dangereux (RDD) et des résidus domestiques de construction, rénovation et démolition (CRD), bref si votre municipalité offrait tous ces services en 2007, vous avez obtenu un gros 10 % sur la part des redevances reçues 1 et la reconnaissance de vos efforts. À titre d’exemple, une municipalité d’environ 42 000 habitants a reçu une somme d’un peu plus de 23 000 $ pour ses « efforts ». Le niveau d’effort a été mesuré à l’aide d’un questionnaire envoyé aux municipalités en début d’année 2008 par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). S’il faut féliciter le ministère et la ministre, Madame Beauchamp, d’introduire pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du programme en juin 2006 2 une mesure de reconnaissance de « l’effort de valorisation » des matières résiduelles, les 10 % sur les redevances reçues sont, par contre, plutôt chiches. S’il y en a parmi vous qui ont dit que « c’est mieux que rien », l’occasion aurait pourtant été tout à fait appropriée pour récompenser davantage les municipalités qui investissent dans tous ces programmes de valorisation et de réduire ainsi les iniquités causées par la redistribution totale et entière de la redevance au prorata de la population des municipalités admissibles, sans égard à leurs programmes de valorisation.

C’est un pas dans la bonne direction certes, mais il ne faut pas s’étonner qu’il y ait encore si peu d’investissement dans la mise en œuvre des plans de gestion et pratiquement aucun dans les systèmes de traitement des matières organiques. Les investissements nécessaires pour développer les filières de valorisation dépassent largement les sommes redistribuées. De plus, depuis son implantation, la redevance a peu d’effet dissuasif pour ceux qui choisissent encore la filière de l’élimination. À l’évidence, même si les dix dernières années ont montré des résultats intéressants quant à la mise en valeur des matières résiduelles, le Québec manque de moyens pour appuyer les objectifs qu’il se fixe. En comparaison, depuis l’année dernière, les municipalités de l’Ontario sont avantagées par rapport aux municipalités québécoises, le gouvernement ontarien ayant adopté une politique visant à responsabiliser davantage les fabricants et distributeurs de certains biens de consommation courants. Cette politique a l’avantage de clarifier les orientations du gouvernement, mais aussi d’aider les municipalités ontariennes à financer et à gérer un ensemble de produits générés sur leur territoire. À court terme, le gouvernement doit laisser de côté les objectifs à atteindre (que nous n’atteindrons pas de toute façon) et prioriser plutôt les actions qu’il entend mettre de l’avant. Si la mise en valeur des matières organiques est l’enjeu principal pour les prochaines années, qu’on le proclame haut et fort. Les principaux enjeux de cette filière sont connus depuis fort longtemps et bien documentés. Ce qu’il faut, c’est de l’action.

ment en ce qui concerne la valorisation des matières organiques. Sans les outils réglementaires et des incitatifs financiers ciblés, il sera plus difficile de progresser dans ces secteurs d’activité. Il importe donc que le gouvernement détermine les moyens à déployer pour y parvenir. Dans sa forme actuelle, le programme de redistribution des redevances, incluant le « bonus » accordé au printemps dernier pour les efforts consentis, ne cible à peu près rien et vivote. Les critères utilisés pour redistribuer les redevances sont perçus comme une « passoire », où il est relativement facile d’obtenir un chèque, sans trop y mettre d’efforts. Parce que nous voulons toujours faire mieux et progresser dans nos façons de faire, nous pouvons toujours rêver que la période électorale sera l’occasion de remettre à l’ordre du jour les projets de réglementation annoncés au cours des derniers mois par la ministre Lyne Beauchamp ainsi que de redéfinir le financement des programmes des infrastructures municipales, volet matières résiduelles. Si seulement notre rêve pouvait se réaliser à notre réveil… ■

1. Il est important de souligner que de 100 % des sommes perçues, « le gouvernement se réserve 15 % pour des activités prioritaires du Ministère liées à la gestion des matières résiduelles ». La somme totale à redistribuer a été établie à 90 % au prorata de la population et à 10 % selon l’effort consenti. 2. Programme sur la redistribution des redevances pour l’élimination de matières résiduelles.

Les résultats du dernier bilan démontrent que le Québec fait figure de parent pauvre dans la mise en valeur des autres matières résiduelles et plus particulière-

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Un moment historique! Le jeudi 4 septembre dernier se tenait au Club de golf Glendale de Mirabel la 4e édition du tournoi annuel de votre magazine 3Rve. C’est sous une température absolument magnifique de 27 °C que les gens de l’industrie des matières résiduelles ont foulé le magnifique parcours Élite du Glendale. Un seul nuage a été aperçu en début de journée, mais il a tôt fait de disparaître afin de laisser un ciel bleu immaculé. C’est donc sous un soleil radieux que s’est déroulé le tournoi qui comportait une multitude de concours. Les gens ont par la suite été invités à se rafraîchir sur le bord de la piscine, où les attendaient les bières Moretti ainsi qu’un talentueux trio de jazz ! La soirée s’est poursuivie avec un succulent repas agrémenté de vin et de nombreux prix, dont plusieurs d’une valeur importante. Les participants ont de plus eu droit à un spectacle exceptionnel du groupe québécois de l’heure The Lost Fingers. Il est à noter qu’encore une fois, le tournoi s’est déroulé à guichets fermés. Une liste d’attente a même dû être instaurée. La prochaine édition de votre tournoi se tiendra le jeudi 4 septembre 2009. Serez-vous des nôtres ?

Les participants ont eu la chance de se faire photographier en compagnie de Tiger Woods grâce à NexSolution. Sur la photo, Patrick Charbonneau semble très heureux de revêtir le veston vert…

Le parcours était tout en beauté pour l’occasion.

Un trio de nos charmantes bénévoles sans qui la journée n’aurait pas été aussi agréable.

L'entreprise USD a mis le paquet pour l'occasion puisque ses délégués arboraient tous la même couleur. C’est ce qu’on appelle l’esprit d’équipe.

Un tournoi de golf est toujours un bel événement, surtout lorsqu’on est en charmante compagnie.

BFI avait délégué les poids lourds de l’entreprise…

Jean-François Pelchat est un puissant cogneur. Si seulement la trajectoire de sa balle était aussi droite que l’élégance de son mouvement...

Ce quatuor se sentait visiblement d’attaque.

Les sandwichs souvlaki Skoulakis ont eu un retentissant succès.

Rien de mieux qu’une bonne froide lorsqu’il fait chaud.

Ce quatuor a particulièrement apprécié la dégustation des produits Pinnacle au trou #18.

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Le trou désormais célèbre commandité par MAYA communication et marketing est toujours une bonne occasion de déguster un chocolat, un porto et pourquoi pas un bon cigare.


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Le cocktail au bord de la piscine est formidable pour relaxer et faire du réseautage.

Notre chroniqueur Jean-Louis Bertrand semble heureux des résultats de sa photo en compagnie du Tigre.

Cette année encore, le tournoi soutenait la cause de l'Association de la sclérose en plaques de Laval, représentée pour l’occasion par madame Nathalie Zielinski.

Hector Chamberland et Claude Forget ont contribué à la cause en achetant plusieurs ballons pour les tirages spéciaux.

Il ne s’agit pas de frustration, mais bel et bien d’enthousiasme pour la présentation du spectacle de fin de soirée.

Le groupe de l’heure au Québec, The Lost Fingers, était présent pour offrir une représentation extrêmement entraînante.

Les participants ont eu la chance d’apprécier la musique de notre merveilleux trio jazz.

Les participants se sont arraché les ballons mis en vente. Quelques ballons se sont retrouvés au plafond, mais nous les avons récupérés à l’aide d’une perche servant à nettoyer les piscines.

Un grand nombre de participants n’ont d’ailleurs pas pu résister au rythme du célèbre trio.

Le quatuor de l’entreprise Nordikeau a remporté le tournoi pour une quatrième année consécutive. Qui pourra freiner cette dynastie ?

La vente de ballons, jumelée à quelques commandites, a permis d'amasser la très belle somme de 8 000$.

La soirée s’est terminée par le tirage de nombreux prix de présence de grande valeur, au grand plaisir des nombreux participants du tournoi.

Un grand merci à nos précieux commanditaires

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C O M P O STA G E

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LE COMPOSTAGE À GRANDE ÉCHELLE :

creux dépressionnaire et temps nuageux Denis Potvin agronome, vice-président, produits et environnement Conporec inc. d p o t v i n @ c o n p o re c . c o m

À moins de quelques mois de l’échéance, et compte tenu de l’écart entre les résultats obtenus et les objectifs fixés par la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, l’industrie du compostage devrait être en pleine ébullition et connaître les préoccupations inhérentes à un fort développement. Paradoxalement, ses préoccupations sont d’un tout autre ordre; creux dépressionnaire et temps nuageux qui apportent au Québec une succession de nouvelles pour le moins préoccupantes et qui indiquent que le compostage à grande échelle… n’a pas le vent dans les voiles. Pourtant, en 1998, le temps était pour les composteurs à l’optimisme, car alors le gouvernement du Québec avait lancé son Plan d’action québécois sur la gestion des matières résiduelles 1998-2008. Il était légitime de croire que le compostage, comme mode de gestion et de valorisation des résidus organiques, était voué à un avenir prometteur. Aujourd’hui, on ne peut certainement pas reprocher aux entrepreneurs-composteurs d’y avoir cru et d’avoir osé se lancer dans l’aventure. L’absence d’une volonté gouvernementale ferme afin d’atteindre les objectifs de sa propre politique n’est certes pas étrangère à la situation actuelle. En regardant ce qui se

on n’a ni l’un ni l’autre, comment s’étonner des faibles progrès obtenus à ce jour et des conséquences sur ce secteur d’activité qui apparaît, aujourd’hui, un peu moins attrayant ? Mais qui donc s’inquiète de la nonatteinte des objectifs ? Et pourquoi donc en serait-il autrement ? On entend trop souvent : « L’important, c’est qu’on avance. » Attitude positive certes, mais qui voile l’échec et rend les faibles gains excusables aujourd’hui. La météo n’est pas jojo : d’un côté, certains intervenants entretiennent toujours des doutes sur la capacité disponible pour traiter par compostage les résidus organiques, ainsi que sur la disposition du produit. De l’autre, des financiers s’inquiètent de la rentabilité des projets et exigent des garanties. Entre les deux, les exigences environnementales et sociales se font de plus en plus élevées, notamment au chapitre des nuisances olfactives. Ces orientations gouvernementales sont certes louables, mais elles demeurent… des orientations. Pendant ce temps, des composteurs à grande échelle disparaissent. Mais qui donc s’en inquiète ? Au contraire, diront certains ! Nous savons tous que, peu importe les avantages environnementaux et agronomiques que procure le compostage, cette option doit être économiquement compétitive par rapport au mode usuel de disposition des déchets qui est l’enfouissement; un mode de gestion de référence que certains intervenants condamnent, mais qui s’avère pour d’autres économiquement défendable… quand vient le temps de disposer des résidus.

Que l’on soit de l’école de la carotte ou de celle du bâton, quand on n’a ni l’un ni l’autre, comment s’étonner des faibles progrès obtenus à ce jour ? fait ailleurs, on conclut que c’est pourtant cette volonté qui conditionne la suite des choses. La détermination à mettre en place les moyens (règlements, mécanismes de soutien, etc.) pour atteindre les objectifs aurait sans doute conduit à une situation différente. Que l’on soit de l’école de la carotte ou de celle du bâton, quand 18

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Dans le contexte québécois de coûts d’enfouissement relativement bas, le pari était risqué pour les composteurs il y a 20 ans. Ils l’ont cru amoindri en 1998 avec la Politique québécoise. Ce risque, les composteurs devront continuer de le prendre (ou s’abstenir de le faire), et ce, aussi longtemps que l’enfouissement sera

moins cher et que la future politique n’aura pas plus de dents que la précédente. En matière de gestion des déchets, le monde municipal, par le biais du positionnement de certaines villes, envoie au gouvernement et à la population un message clair : le gouvernement devra réaliser que la recherche de solutions de remplacement à l’enfouissement passe inévitablement par une participation financière gouvernementale adéquate. On croirait presque entendre « No money, no candy », et entre-temps « wait and see ». Un tel positionnement force à réfléchir pour la suite des choses, notamment sur le positionnement des joueurs municipaux et privés. Au cours des 10 dernières années, les divers acteurs ont présenté leurs points de vue et recommandations à l’occasion de nombreux colloques, consultations et rapports sur le compostage. Résultat : ils n’ont pas semblé convaincre les décideurs ni d’une solution miraculeuse et unique (ce qui est compréhensible), ni de l’urgence d’agir (ce qui est désolant). Le récent rapport de la Commission des transports et de l’environnement, qui émet ses recommandations aux autorités compétentes pour la réactualisation de la Politique québécoise 1998-2008, s’inscrit dans la foulée d’une indispensable mais interminable réflexion. Signe de l’importance que l’on accorde aux petits gestes ou reflet de l’époque : il y a bien peu de dispositions sur et pour le compostage à grande échelle. Quant à la recommandation visant l’objectif d’enfouissement zéro des matières organiques et la mise sur pied d’un programme de financement des infrastructures de valorisation, elle a certainement fait sourire les vétérans des années 1990. Condamnés à poursuivre la réflexion, nous ne pouvons ignorer que cet objectif constitue un sentier déjà emprunté au Canada et ailleurs dans le monde… par des plus convaincus et déterminés. Pour terminer ce bulletin météo, s’ajoute au creux dépressionnaire et au temps nuageux un brouillard amené par un vent d’incertitudes relatif au contenu et aux objectifs de la prochaine politique. Comme le diraient nos cousins marins, on risque d’être « scotché dans le pétrole »… encore un certain temps. ■

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CENTRES DE TRI

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MAR C HÉS À L A BA I S S E,

technocratie à la hausse Frédéric Potvin, ing. directeur général Tricentris fpotvin@tricentris.com

Je tiens à remercier personnellement le magazine 3Rve de m’offrir l’occasion d’exprimer mon opinion. Certains la partageront, d’autres non; l’essentiel en ces temps difficiles reste d’en discuter.

Du jamais vu Depuis quelques semaines, les centres de tri du Québec font beaucoup parler d’eux. Partout dans le monde l’industrie du recyclage traverse une crise sans précédent, en raison à la fois de son apparition soudaine, de la chute brutale des prix et, surtout, de la durée anticipée de la crise. Nos marchés se sont effondrés ou ont carrément disparu.

Or, en pleine gestion de crise, au moment où nous nous apprêtons à couper le party de Noël du personnel, à envisager une rationalisation et même à fixer une date de fermeture des installations… Alléluia ! Recyc-Québec nous convoque en réunion; ça y est, nous sommes sauvés!

— Quel est l’objectif de ce comité? demande l’un des participants, un peu sceptique. — Amalgamer une solution aux problèmes des centres de tri avec les besoins des récupérateurs québécois. — Et quels sont nos problèmes ? — Des problèmes de « qualité » !

Rencontre avec le technocrate

Wow. N’avez-vous pas quelque chose à plus court terme à nous suggérer ? Quel soutien, en cette période critique ! Ne pensez-vous pas que centres de tri et papetières ne se parlent pas ? Ne croyezvous pas qu'en ce moment, les centres de

Au cours de cette réunion spéciale, supposément tenue pour nous écouter, nous, les responsables des centres de tri, avons plutôt appris que nous étions au cœur du

Les dirigeants de centres de tri ne sont pas fous. Produire du papier journal numéro 8 est de 20 à 40 % plus payant. S’ils ne le font pas, c’est qu’ils ne le peuvent pas. problème. Que nous ne produisons pas suffisamment de « qualité » pour le marché des récupérateurs québécois. Les dés étaient pipés. Comme par enchantement surgit l’idée, visiblement préparée, de la mise sur pied d’un « comité ».

tri ont besoin d’une solution plus efficace qu’un comité ? — Que ferons-nous demain avec nos ballots ? Où mettrons-nous les matières ? Est-il préférable de mettre nous-même les ballots à l’enfouissement ou de fermer nos portes et de

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M A R C HÉS À L A B A I S S E, TE C H N O C R ATI E À L A H A U S S E

La qualité en cause ?

brun (OCC ou grade 11), qui compte pour 10 % du bac; ensuite le papier journal (news) qui est composé de différents grades comme le 6, le 7 ou le 8 et qui représente 40 % des fibres du bac; et finalement le papier mixte, ou grade 1, qui constitue 20 % des fibres et se compose d’un mélange de magazines, de bottins téléphoniques, de petits morceaux de carton, d’un peu de papier journal, de boîtes d’œuf, etc.

Un centre de tri peut produire et vendre plusieurs grades de fibres, mais le bac bleu type en contient surtout trois : le carton

Dans le papier journal de grade 8, on tolère peu de contaminants. On accepte par exemple un taux d’humidité maximal de

demander aux citoyens de mettre leurs matières recyclables à la poubelle ? — … (Silence complet. Pas de réponse). Vite, parlons du long terme, du comité. Bref, personne à cette réunion ne nous a écoutés. Personne ne voulait parler du vrai problème.

10,00 %, jusqu’à 7 % de carton et 7 % de rejets solides tels que les sacs de plastique. Ces proportions peuvent évidemment varier d’un récupérateur à l’autre. Pour le papier des grades 6 et 7, on accepte les mêmes proportions de rejets solides tout en admettant davantage de carton brun ou de carton plat. Les acheteurs de papier mixte avaient autrefois la réputation d’accepter beaucoup plus de contaminants, mais ce n’est plus le cas. Il importe de mentionner qu’en Amérique du Nord, il n’y a pas de marché pour le papier mixte, sinon très peu, de sorte que ce dernier est exclusivement vendu en Asie.

Coupable ou non coupable? On reproche ainsi aux centres de tri de produire trop de papier mixte par rapport au papier de grade 8. Car de façon optimale, voire utopique, un centre de tri pourrait produire 66 % de grade 8 pour 33 % de papier mixte. C'est hélas loin de la réalité. Les matières recyclables du Québec sont probablement les plus difficiles du monde à traiter. Notre climat, la multiplication des produits, les modes de collecte, les communications aux citoyens et le fait que le recyclage est relativement récent au Québec expliquent ce phénomène. Aucune machine n’enlève les sacs de plastique et les morceaux de carton tant détestés des papetières; ce sont des bras et des mains qui font le travail. Les dirigeants de centres de tri ne sont pas fous. Produire du papier journal numéro 8 est de 20 à 40 % plus payant. S’ils ne le font pas, c’est qu’ils ne le peuvent pas. Faute de temps, d’espace, de main-d’œuvre, d’équipement, d’argent.

Marchés à la baisse, technocratie à la hausse Il est bien évidemment fallacieux de prétendre que la crise actuelle découle des problèmes de « qualité » des centres de tri. Il y a en ce moment des États américains où le grade 8 se donne ! À ce compte, tous les centres de tri du monde ont des problèmes de « qualité ». Il est surtout immoral, à mon point de vue, de profiter de cette période de crise pour soumettre les centres de tri aux pressions internes et les forcer à devenir captifs à longue échéance d’un marché encore plus précaire. Il devient urgent d’ouvrir les yeux sur le vrai problème que représentent l’entreposage des matières et la santé financière des centres de tri et surtout d’y trouver des solutions à très court terme. Courir vers l’échec ? Je ne suis pas intéressé. Et vous ? ■

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LE TOUR DU MONDE

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OBAMA, UN NOUVEAU LEADER

environnemental ? Michel Marcotte ing., M.Sc.A. président-directeur général Solmers inc. mmarcotte@solmers.ca

À 21 h 58, le 4 novembre dernier, Radio- Canada lançait le désormais célèbre « si la tendance se maintient… »; à 23 heures, tous les réseaux américains confirmaient la victoire de M. Barack Obama à la course à la présidence des États-Unis d’Amérique. Bien que c’était là un moment historique, la Terre n’a pas arrêté de tourner et le jour suivant est venu à son tour. De même, comme tous les autres jours, sa population s’est accrue d’environ 200 000 personnes pour atteindre plus de 6,7 milliards. Et chacune de ces personnes produit encore plus de déchets et de gaz à effet de serre (GES) que la veille.

Commençons par circonscrire l’effet des GES. Selon Wikipedia, « sous l’effet des GES, l’atmosphère terrestre se comporte comme la vitre d’une serre, laissant entrer une large part du rayonnement solaire, mais retenant le rayonnement infrarouge réémis. L’effet de serre, principalement dû à la vapeur d’eau (0,3 % en volume, 55 % de l’effet de serre) et aux nuages (27 % de l’effet de serre), soit environ 72 % par H20, porte la température moyenne à la surface de la terre de -18 °C (ce qu’elle serait en son absence) à 15 °C. » Selon les analyses, 55 % de l’accroissement des GES proviendrait des activités humaines.

moins 80 % des émissions de GES d’ici 2050 par rapport au niveau de 1990, année de référence internationale. Il propose ainsi un des objectifs les plus ambitieux de la planète et offre dans le même souffle de taxer les compagnies pétrolières et d’investir dans les énergies renouvelables et les biocarburants. Il est pour la séquestration du carbone et pour un système d’échange de permis d’émission, sans oublier la révision des modes de gestion des déchets. Selon le programme de M. Obama, 10 % de l’électricité produite en 2012 devrait provenir de sources d’énergie renouvelables, une proportion devant atteindre 25 % en 2025.

La responsabilité de l’accroissement des GES revient directement ou indirectement à 20 % de la population mondiale, laquelle se partage 80 % des ressources. Dans les pays industrialisés, nous produisons plus de 50 % des 3 milliards de tonnes de déchets produites par année. À cet effet, le nouveau président des États-Unis vise une réduction de ni plus ni

Dixit le quotidien français Le Monde : « Le programme de Barack Obama pour l’environnement est le plus audacieux qu’un candidat à la Maison Blanche ait jamais défendu […], mais la situation économique va rendre sa mise en œuvre difficile. Un des premiers tests de l’importance que le président élu et la majorité démocrate du Congrès donnent à ce sujet

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O B A M A, U N N O U V E A U L E A D E R E N V I R O N N E M E NTA L ?

Émissions annuelles de gaz à effet de serre par secteur Processus industriels 16,8 %

19.2% Transport 14.0 %

Élimination et traitement des déchets 3.4 % Combustion de biomasse et exploitation des terres 10.0 %

Production 12.5 % agricole

10.3 % Résidences commerces et autres

11.3 % Extraction et distribution des énergies fossiles

40.0 %

29.5 %

Centrales énergétiques 21.3 %

8.4 % 9.1 %

12.9 % Dioxyde de carbone (72 % du total)

4.8 % 6.6 %

29.6 %

18.1 % Méthane (18 % du total)

62.0 % 1.1 % 1.5 % 2.3 % 5.9 % 26.0 % Oxydes d’azote (9 % du total)

sera la part faite à la création d’emplois "verts" dans le plan de soutien à l’économie qui pourrait être adopté dès ce mois-ci. » Récemment d’ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy a rappelé que « l’Europe voulait un engagement fort des États-Unis, au G20, mais aussi de la part de Barack Obama, en matière d’environnement et de croissance verte ». Trois chantiers donc : « la réforme de la gouvernance mondiale, la révolution du développement durable et de la croissance verte, le respect des engagements sur les objectifs du millénaire. Voilà ce que souhaite l’Europe. Travailler main dans la main avec les ÉtatsUnis comme deux alliés, comme deux amis, comme deux partenaires qui portent les mêmes convictions, les mêmes valeurs et qui doivent être à ce rendez-vous-là », a-t-il résumé. De son côté, dans son nouveau livre, M. David Suzuki propose à M. Tout-le-Monde de limiter son impact sur l’environnement et offre son lot de références au modèle québécois. Selon lui, « les gens veulent agir, mais ils sont submergés d’informations contradictoires et ne savent pas par où commencer. Nous nous sommes concentrés sur les trois secteurs où notre impact est le plus grand : nourriture, logement et transports. » Chacun de ces secteurs crée des déchets et des GES. Même les vaches créent des GES. Difficile de ne pas comprendre que ce sont le nombre, la concentration de gens et toutes les activités humaines qui sont en cause, comme le montre la figure ci-contre. La population de la planète pose problème et il faut agir. Et voilà brièvement résumée la tâche immense de M. Obama : concilier environnement (population et déchets) et économie (énergie et ressources) au-delà des actions contradictoires de chacun. Le travail crée la valeur ajoutée et la proximité du voisin crée le marché. Le transport ne crée pas de richesses, il la déplace seulement. Et la propreté de l’environnement assure la pérennité du travail. Il ne suffit pas de « gagner sa vie » aujourd’hui, il faut aussi pouvoir la gagner demain. À partir d’une ressource renouvelée, du travail pour tous, toujours, dans un environnement sain, pour vivre longtemps; l’économie sociale est donc le chantier le plus important de l’heure. Pour ce faire, il faudra réduire l’impact de l’homme sur l’environnement tout en réduisant les besoins des populations. Le 4 novembre dernier, Barak Obama a été élu à la tête des États-unis. Bien sûr, il incarne le changement et l’espoir. Mais aura-t-il l’impact que certains osent espérer en matière d’environnement ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, essayons de diminuer notre impace sur la planète… ■

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COLLECTE SÉLECTIVE

Maryse Vermette B.Sc, MBA Présidente-directrice générale Éco Entreprises Québec mvermette@ecoentreprises.qc.ca

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PAR LO N S E FFI CAC ITÉ ET PE R FO R MAN C E une base de kilogrammes par habitant. Quant à l’efficacité, elle correspond à l’efficacité financière du service, soit le coût payé par l’organisme municipal pour chaque tonne récupérée. L’efficacité s’exprime donc en dollars par tonne. Les facteurs influençant la performance et l’efficacité de la collecte sélective se classent en deux catégories, soit les facteurs sociodémographiques et les paramètres de gestion.

En 2007, Recyc-Québec a réalisé, en collaboration avec Éco Entreprises Québec (ÉEQ) et les unions municipales (FQM et UMQ), une importante étude sur les coûts et les revenus 2005 et 2006 de la collecte sélective des matières recyclables. Tous les organismes municipaux du Québec gérant un tel service ont rempli un questionnaire exhaustif. Il s’agissait d’une première au Québec après plus de 20 ans d’existence de la collecte sélective municipale. Cette étude a servi de base aux négociations, entre les unions municipales et les organismes agréés, sur l’identification des coûts nets 2006 et 2007 du régime de compensation de la collecte sélective. Les résultats de cette étude ont également permis à ÉEQ de cibler les organismes municipaux qui se démarquent par leur efficacité et leur performance, et ce, à travers les différentes régions du Québec. Considérant l’importance de partager avec les représentants municipaux les informations obtenues à la suite de l’analyse des résultats de l’étude, ÉEQ a produit un document de référence sur les « bonnes pratiques de collecte sélective au Québec », lequel présente les facteurs sociodémographiques et les paramètres de gestion ayant un impact significatif sur la performance et l’efficacité de la collecte sélective. Le document est disponible sur le site Internet de l’organisme au www.ecoentreprises.qc.ca. Outre l’étude sur les coûts nets, deux études réalisées entre 2006 et 2008 servent de sources de données pour déterminer les facteurs et paramètres influençant la performance et l’efficacité. Il s’agit du Diagnostic 2005 des centres de tri québécois, réalisé par le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) en collaboration avec Recyc-Québec et ÉEQ auprès des 36 centres de tri ainsi que la Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel au Québec 2006-2007, document réalisé pour le compte de Recyc-Québec et d’ÉEQ.

Concepts d’efficacité et de performance La performance de la collecte sélective correspond à son rendement, soit la quantité de matières recyclables récupérée par habitant. La performance est ainsi exprimée sur

Facteurs sociodémographiques influençant la performance et l’efficacité de la collecte sélective Il existe plusieurs facteurs sociodémographiques sur lesquels l’organisme municipal n’a aucune influence directe, mais qui peuvent influencer positivement ou négativement la performance de la collecte sélective : la taille de la population, la densité d’occupation du territoire, la richesse, le niveau de scolarité des habitants, le type de logement et le caractère (rural ou urbain) du territoire desservi. Tout comme pour la performance de la collecte sélective, certains facteurs sur lesquels l’organisme municipal n’a aucun pouvoir ont un impact significatif sur l’efficacité de la collecte sélective, soit : la densité d’occupation du territoire, la distance de l’organisme municipal par rapport aux grands centres, la proximité des centres de tri, le nombre d’années depuis l’implantation de la collecte sélective et la quantité de matières récupérées par habitant ou par porte.

Paramètres de gestion influençant la performance et l’efficacité de la collecte sélective Les paramètres de gestion sont les facteurs sur lesquels les organismes municipaux ont un pouvoir décisionnel et sur lesquels ils ont la capacité d’intervenir. Il est du ressort des dirigeants de prendre les bonnes décisions à l’égard de quelques paramètres clés afin d’améliorer la performance de la collecte sélective pour leur organisme municipal. On retrouve parmi ces paramètres le type de contenant servant à la collecte, le mode de collecte, les effets combinés du type de contenant et du mode de collecte ainsi que les efforts d’information, de sensibilisation et d’éducation. L’étude sur les coûts nets de la collecte sélective a permis de discerner sept paramètres de gestion qui ont une influence significative sur l’efficacité de la collecte sélective, soit le type de contenant servant à la collecte, le mode de collecte, la fréquence de collecte, le type de gestion, le mode d’octroi du contrat, le nombre de soumissions reçues et la durée du contrat.

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L’importance du processus d’appel d’offres Le processus d’appel d’offres dans son ensemble et la façon dont est rédigé le devis d’appel d’offres sont déterminants à l’égard de la performance et de l’efficacité d’un programme de collecte sélective. D’une part, un bon devis d’appel d’offres devrait viser à favoriser la concurrence afin d’augmenter les chances d’obtenir le meilleur prix possible. D’autre part, tout en permettant une certaine flexibilité aux deux parties, un bon devis devrait minimiser l’ambiguïté quant aux paramètres de réalisation du contrat dans le but de réduire au maximum la « prime à l’incertitude » des soumissionnaires. Un atelier de travail, tenu en novembre 2008 et réunissant plusieurs gestionnaires de collecte sélective représentant des municipalités, des municipalités régionales de comté et des régies qui se distinguent par leur performance et leur efficacité et par leur expertise, a permis d’établir 15 paramètres qui ont un impact significatif, soit : • la gestion locale vs le regroupement; • l’appel d’offres conjoint pour la collecte et le tri vs deux appels d’offres séparés; • l’appel d’offres pour la collecte sélective seulement vs l’appel d’offres pour plusieurs services; • la desserte des ICI; • l’information de base sur le service; • la période d’affichage du devis d’appel d’offres; • la garantie de soumission; • la garantie d’exécution; • la durée idéale du contrat; • la journée, la fréquence et l’horaire de collecte; • les considérations liées aux matières; • le suivi des quantités récupérées; • le partage des revenus; • la mise à jour des unités desservies; • l’indexation des coûts de contrat. Nous vous invitons à consulter le document de référence d’ÉEQ qui explique ces paramètres et qui constitue un outil de référence dans l’élaboration des devis d’appel d’offres des organismes municipaux offrant un service de collecte sélective.

En conclusion La diffusion des bonnes pratiques sera un moyen dynamique d’améliorer l’efficacité et la performance des programmes municipaux de collecte sélective et l’émulation entre les organismes gestionnaires des programmes. Nous espérons que la diffusion des bonnes pratiques puisse se faire sur une base régulière, en collaboration avec nos partenaires municipaux ainsi que Recyc-Québec, et qu’elle favorise l’augmentation des quantités récupérées, et ce, au meilleur coût net possible ! ■ Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 4 NO 3 AUTOMNE/HIVER 2008

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LE MARCHÉ DU CARBONE

Jean-Louis Bertrand Jean-Louis Bertrand Chimiste, Ph.D. Vice-président Stabilis Ingénierie inc. jlbertrand@stabilis.ca

Quels seront les projets de réduction de gaz à effet de serre (GES) qui pourront se transiger sur le marché réglementaire canadien ? À la Bourse du carbone de Montréal ? Sur le marché volontaire canadien ou international ? Quels seront les programmes réglementaires en place ? Ce dernier d’une série de trois articles tentera de définir en quoi consiste un projet de réduction de GES en passant en revue les types de projets admissibles à divers programmes gouvernementaux de réduction d’émissions de GES. Il passera également en revue les critères d’admissibilité qui font d’une idée un projet de réduction de GES, avec les nuances que certains programmes ou critères peuvent apporter à la norme ISO 14 064. Abordons d’abord les aspects réglementaires qui obligeront les grands pollueurs à réduire leurs émissions sous un certain

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LE MARCHÉ DU CARBONE – 3. OPPORTUNITÉS seuil, sans quoi ils devront acquérir des crédits carbone sur le marché ou contribuer à un fonds technologique afin de compenser pour leurs émissions. Il reste difficile, encore aujourd’hui, puisque le Canada et les États-Unis viennent à peine de sortir de leurs campagnes électorales respectives, de prévoir avec exactitude les tenants et aboutissants des programmes réglementaires qui seront mis en place au cours des prochaines années. Il est par contre possible d’énumérer les premiers types de projets de réduction de GES que le cadre réglementaire canadien prévoit accepter. Ces projets doivent toucher des activités dans les secteurs suivants : • agriculture : changement d’alimentation du bétail, gestion des lisiers, réduction du travail du sol; • efficacité énergétique : récupération de chaleur, efficacité énergétique dans les immeubles résidentiels et commerciaux; • foresterie : boisement, bonnes pratiques de gestion forestière et conservation, fabrication de produits forestiers à longue durée de vie; • changement de combustible fossile; • séquestration géologique : injection de gaz acides, séquestration de CO2 avec récupération accrue du pétrole; • méthane : captage et torchage de biogaz de lieux d’enfouissement, valorisation

énergétique de biogaz, compostage, captage de méthane de mine de charbon, traitement du méthane des usines d’eaux usées; • énergie renouvelable : production de chaleur et/ou d’électricité à partir de la biomasse, centrales hydroélectriques au fil de l’eau, énergie solaire, énergie éolienne, réseaux de chaleur (ou district heating); • transport : récupération des matériaux pour la réparation de routes et le transport intermodal de marchandises; • gestion des déchets : récupération et valorisation des gaz de puits de pétrole, conversion de déchets en biocarburant; • biocarburants : production et usage; • réductions catalytiques de N2O dans les brûleurs à ammoniac d’usines d’acide nitrique. Il ressort également des premières ébauches du cadre réglementaire que les projets de réduction admissibles devront avoir commencé leurs activités après la date du 1er janvier 2000, et que seules les réductions réalisées à compter du 1er janvier 2008 pourront être vendues. Par ailleurs, certains programmes de subvention sont déjà en place au Québec et visent à subventionner des projets GES. Ces programmes veulent contribuer à


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l’atteinte des objectifs de la province dans le cadre de son plan d’action sur les changements climatiques, lequel, selon toute vraisemblance, aura un certain succès. Quelques exemples de programmes : • le programme biogaz du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), sur appel de propositions, est destiné à favoriser la capture et au moins la combustion des biogaz des sites non soumis à la réglementation provinciale; • le programme PAREGES du ministère du Transport du Québec (MTQ), soit le

à favoriser divers types d’initiatives dans le monde agricole, comme la gestion des fumiers, la valorisation énergétique de la biomasse et le remplacement d’évaporateurs au mazout dans les érablières; • le programme de remplacement du mazout lourd de l’Agence de l’efficacité énergétique, qui vise à financer la conversion de systèmes au mazout à des combustibles alternatifs comme le gaz naturel, la biomasse ou d’autres combustibles à faibles émissions. Peu importe la nature de votre projet et le ou les programmes auxquels vous envisagez

Il ressort également des premières ébauches du cadre réglementaire que les projets de réduction admissibles devront avoir commencé leurs activités après la date du 1 er janvier 2000, et que seules les réductions réalisées à compter du 1er janvier 2008 pourront être vendues. programme de réduction et d’évitement des GES, destiné à stimuler les initiatives dans le transport intermodal; • le programme Prime-vert du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui vise

demander des crédits, il faudra considérer votre projet en fonction des critères d’admissibilité du programme. Il est clair que ces critères varient selon les marchés, les programmes ou autres exigences. Dans le cas des marchés réglementés ou

volontaires, on s’attend également à ce que les projets satisfassent certaines (et parfois toutes) les exigences suivantes : • le projet ne vise pas une activité soumise à une réglementation existante qui obligerait l’utilisateur à procéder de toute façon; • le projet diffère de la pratique commune, et donc représente une nouvelle façon de faire ou utilise une nouvelle technologie qu’on ne retrouve pas partout ailleurs; • le projet présente un défi technologique et un risque financier. Tant que les marchés réglementés ne seront pas mis en place en Amérique du Nord, les opportunités de transiger et de vendre des réductions provenant de projets exécutés sur le territoire québécois existent mais resteront rares. Malgré les activités des bourses du carbone sur ce continent (CCX et MCeX), les activités qu’on y observe sont tout à fait négligeables par rapport au volume d’activité observé en Europe (64 milliards $ US en 2007). Avis aux impatients : nos politiciens n’ont pas encore établi clairement la marche à suivre. Nous nous trouvons actuellement dans une période d’écoute et d’attente. Encore un peu de patience ! ■

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MODIFICATION ANNONCÉE AU REIMR : RECONNAISSANCE NÉCESSAIRE… À TEMPS POUR LE 19 JANVIER ?

LE JURIDIQUE

Me Marie-Claude Caron Avocate en droit de l’environnement m c - c a ro n @ v i d e o t ro n . c a

Le Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles (REIMR) a eu, depuis son entrée en vigueur il y a quelque temps déjà, d’importantes conséquences sur la centaine de propriétaires des sites de dépôt de matériaux secs (DMS) et de lieux d’enfouissement sanitaire (LES) en opération au Québec1. Et ce n’est pas terminé. C’est le 19 janvier prochain que ceuxci devront être conformes aux dispositions du REIMR relatives aux normes de localisation, d’aménagement et d’exploitation applicables selon les cas, les sites non conformes devant définitivement fermer après cette date. Les sites conformes recevront quant à eux les nouvelles appellations de lieu de dépôt de matériaux de construction et de démolition (LEDCD) et de lieux d’enfouissement technique (LET). Entre-temps, le gouvernement a annoncé le 6 août dernier son intention de modifier le REIMR en publiant dans la Gazette officielle du Québec un projet de règlement visant la modification de l’article 161 du REIMR. Cet article prévoit, en résumé, que les DMS, les LES ainsi que les dépôts en tranchée2 devront, à l’issue de la période de transition de trois ans consentis et dont l’échéance arrive le 19 janvier, se conformer aux normes du REIMR pour ce qui est des normes d’aménagement, d’exploitation, de fermeture et de gestion post-fermeture. Cet article 161 prévoit également, à l’alinéa 3, qu’« après l’expiration de la période [de trois ans], des débris de construction ou de démolition ne peuvent être admis à l’enfouissement dans un [DMS] existant le 1er mai 2000 que si ce dernier respecte les conditions de l’article 1033 et pourvu que l’enfouissement s’effectue dans des zones de dépôt conformes aux normes de localisation prescrites par l’article 104 ». L’article 104 ainsi que les autres dispositions du REIMR auquel il renvoie4 visent la protection des cours ou plans d’eau, des eaux

un DMS situé à moins de 100 m d’un cours d’eau se retrouve en non-conformité, et celle-ci ne pouvant de façon évidente pas être « corrigée », le lieu devra fermer ses portes après le 19 janvier 2009. souterraines ainsi que des eaux de surface, et posent des exigences nouvelles sous forme de « normes de localisation ». Ainsi, il prévoit par exemple que la distance minimale entre les zones de dépôt et tout cours ou plan d’eau doit être de 150 m. On constate ainsi qu’un DMS situé à moins de 100 m d’un cours d’eau se retrouve en non-conformité, et celle-ci ne pouvant de façon évidente pas être « corrigée », le lieu devra fermer ses portes après le 19 janvier 2009. Cette situation peut à juste titre paraître inéquitable compte tenu du fait qu’au moment de l’établissement du DMS en question, celui-ci se conformait alors aux normes en vigueur à ce moment… Et cette iniquité devient difficilement compréhensible quand on considère qu’un LES existant ne se voit 26

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pas imposer cette contrainte par le REIMR, du fait des options relatives à l’étanchéité qui lui sont offertes par le règlement, mais dont ne peuvent se prévaloir les DMS dans l’état actuel de la réglementation. Il était donc opportun que le gouvernement intervienne pour permettre aux exploitants de DMS de bénéficier des mêmes options que celles dont peuvent se prévaloir les exploitants de LES dans une même situation. Le projet prévoit donc, dans cette optique, l’ajout de ce qui suit à l’alinéa 3 de l’article 161 : « Ces normes de localisation ne sont toutefois pas applicables aux zones de dépôt dont l’aménagement respecte les dispositions du présent règlement sur l’étanchéité et le captage des lixiviats applicables aux [LET]. » Cette modification proposée peut être simplifiée de la façon suivante : les LEDCD qui satisfont aux dispositions relatives à l’étanchéité (articles 20 à 24) et au captage des lixiviats (articles 25 à 31) applicables aux LET pourront ainsi poursuivre leurs activités après le 19 janvier 2009 bien qu’ils ne satisfassent pas les exigences de l’article 104 REIMR, et pourvu que les autres exigences réglementaires soient respectées. Le gouvernement vient ainsi reconnaître et préciser que les DMS-LEDCD qui offrent des conditions d’étanchéité préexistantes, ou encore qui réalisent des aménagements autrefois réservés aux LES-LET à cet effet, sont réputés offrir des garanties suffisantes relativement à la protection des plans d’eau et des eaux souterraines, ce qui peut ainsi justifier leur exemption aux normes de localisation de l’article 104. Rappelons que ces garanties sont les mêmes que pour les LET qui, par ailleurs, sont destinés à recevoir des matières fermentescibles, et par le fait même potentiellement plus dommageables du point de vue de l’environnement. Il n’est que juste que les exploitants de DMS puissent, dans ce contexte, opter pour des aménagements pouvant leur permettre de poursuivre leurs activités au même titre que les propriétaires de LET placés dans une même situation. En ce qui concerne l’entrée en vigueur du règlement, elle aura lieu 15 jours après sa publication dans la Gazette officielle, publication pouvant avoir lieu à l’expiration de la période de consultation de 60 jours ayant débuté à la date de la publication du projet de règlement le 6 août dernier. La question est maintenant de savoir si ce sera avant le 19 janvier 2009.

Recours intenté par un groupe d’exploitants En parallèle à ce projet de règlement, un groupe d’exploitants de DMS a déposé en mars dernier une requête introductive d’instance en jugement déclaratoire visant entre autres à faire déclarer invalides les 3e et 4e alinéas de l’article 161, et de faire déclarer les articles 13 à 16 inapplicables aux DMS existants. Cette requête a été entendue par la Cour supérieure, district de Joliette, en octobre dernier et jugement n’a pas encore été rendu, bien qu’il soit attendu avant le 19 janvier 2009. Un autre dossier à suivre… ■ 1. Chiffres tirés de documents du MDDEP datés de 2006, disponibles au www.mddep.gouv.qc.ca. 2. Visés à l’article 157 REIMR. 3. 103 REIMR : Un LEDCD ne peut être établi ou agrandi qu’à des fins de remplissage d’une carrière ou sablière dont la profondeur doit permettre l’enfouissement de débris de construction et de démolition uniquement sur une profondeur d’au moins 3 m. 4. Articles 13 à 16, 19, 28 à 30 et 34 à 36. 5. Recyclage Ste-Adèle inc. et al. c. Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Cour Supérieure, district de Joliette, 705-17-002513-081.


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SUR LES AILES

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D’A I R 3R V E

3Rve y était

kiosque d’Odotech kiosque de Roulibac Avec la collaboration spéciale de Thierry Pagé, président directeur-général de l’entreprise Odotech

Cocktail offert par Cain Lamarre Casgrain Wells avocats au Pavillon canadien

Pourquoi participer une fois de plus à Pollutec ? Pour plusieurs développeurs québécois de technologies, la France et la Belgique sont des portes d’entrée naturelles pour l’exportation vers l’Europe. La proximité culturelle et la facilité linguistique poussent les entrepreneurs à commencer leurs activités d’exportation dans ces pays. Au-delà des clichés si souvent soulevés, l'accueil enthousiaste des Français et des Belges à l’égard des Québécois permet d’établir rapidement des liens de confiance et des partenariats durables. Dans le domaine des technologies environnementales, le salon Pollutec devient le rendez-vous incontournable pour ceux qui désirent aborder le marché de l’Europe francophone. En alternance entre Lyon et Paris, Pollutec accueillait du 1er au 5 décembre dernier à Lyon plus de 2500 exposants et 73 668 visiteurs dans plusieurs secteurs reliés à l’industrie de l’environnement, soit une augmentation de 9,4 % par rapport à Pollutec 2006. Quoique très intéressante, mentionnons que l'édition de Paris est historiquement plus modeste avec ses 1 451 exposants et ses 45 000 visiteurs en 2007. Pour Odotech, notre première participation remonte à 2002 et depuis nous y participons annuellement. Les motifs et objectifs de notre participation ont beaucoup évolué d’une année à l’autre. Lors de notre première participation, nous avons pu apprécier l’excellente réceptivité du marché français pour nos solutions, qui représentent des innovations substantielles par rapport à ce qui est disponible en France. Ce fut notre feu vert pour aller de l’avant sur ce marché. Pour percer, il a fallu multiplier les voyages de développement des affaires en plus des participations successives à Pollutec. À l’instar d’autres entreprises québécoises telles que Fontaine, Odotech ouvrait une filiale en France en 2006, car la demande générée justifiait un tel développement stratégique. Cependant, chaque édition de Pollutec nous permet de renforcer notre positionnement et de solidifier nos relations avec la clientèle et les partenaires. Le soutien logistique offert par Export environnement en charge de la délégation Québec/Canada depuis quelques années ainsi que le soutien financier du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'exportation du Québec et du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international Canada rendent abordable, simple et efficace la participation à Pollutec. Sans leur contribution, l’effort financier et logistique serait rédhibitoire pour la plupart des entreprises.

Tirage d’un chandail du Tricolore offert par Export environnement à l’occasion du cocktail

Pour plusieurs, la France est doublement stratégique dans leur développement international. Marché dix fois plus important que le Québec sur une superficie de 6 à 7 fois moindre, la France est aussi le bercail de grands groupes internationaux (Veolia, Vinci, Schneider Életrique...). Des alliances avec ces acteurs majeurs peuvent accélérer la commercialisation internationale d’une innovation. C’est ainsi qu’Odotech s’est alliée à Veolia Water Solutions pour la commercialisation mondiale dans le secteur de l’eau de sa technologie OdoWatch ® de mesure automatisée des odeurs à l’aide de nez électroniques. Pollutec est aussi une façon efficace d’évaluer l’attrait d’un produit dans les pays frontaliers de la France. Pollutec s’internationalise et attire de nombreux visiteurs non français. Cette année, 11,4% des visiteurs étaient internationaux, soit 8 422 professionnels de 110 nationalités (+ 11% par rapport à l’édition de Lyon 2006). La délégation organisée par Export Environnement comprenait une douzaine d’exposants (Centre d’expertise sur les matières résiduelles, CLD Haute-Yamaska, Fontaine, Sherbrooke O.E.M., Odotech, Rouli-bac, Convoyeurs BMG, le groupe Énerstat, DBO Expert, Lab_Bell, Ontario Export et Bionest) et beaucoup de participants. Plusieurs ont mentionné leur satisfaction face à l’atteinte des objectifs qu’ils s’étaient fixés pour ce salon. Avec une fréquentation en augmentation et des visiteurs de qualité, Pollutec confirme sa place d’événement leader mondial du marché de l’environnement. Nous vous encourageons fortement à vous joindre à la délégation l’an prochain. Vous aussi pourrez bénéficier de cet incroyable salon et de toutes ses occasions d’affaires ! ■

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opinions et commentaires de nos lecteurs

Dans votre dernier éditorial, il était question de moins consommer. Je me dis que si Hydro-Québec fait de l’argent grâce entre autres à notre surconsommation, comment se fait-il que nous soyons inondés de leur part de campagnes publicitaires et d’incitatifs monétaires pour nous inviter à moins consommer ? Si Hydro-Québec est prête à sacrifier son bien pour le nôtre, il serait donc effectivement logique qu’une société dont le mandat est entre autres de promouvoir et de favoriser la réduction des matières et produits d’emballage en fasse tout autant. J’invite les gens de Recyc-Québec à contacter Hydro-Québec afin d’échanger leurs expertises communicationnelles. Mais je me demande si la main gauche parle à la main droite… Serge Pilotte, ing.

Je suis une fidèle lectrice de 3Rve. Je tiens à vous remercier pour la qualité de votre publication. Le format court des textes proposés nous permet de le lire rapidement. Entre deux appels, entre deux rendez-vous ou entre deux tâches, il nous est possible de passer au travers d’un texte. Le format proposé répond à mes besoins, car étant constamment sollicitée, je ne dispose pas d’une multitude de moments à consacrer à la lecture, mais votre magazine me le permet. Félicitations également pour le billet « En lien avec la ministre », qui nous renseigne sur l’agenda de notre ministre. Continuez de nous informer et de nous faire réfléchir sur les grands enjeux qui nous concernent. L’industrie en a bien besoin. Louise-Andrée Marcellin Conseillère, gestion des matières résiduelles

J’aimerais tout d’abord vous féliciter pour l’intéressante entrevue réalisée avec le président de Machinex. Je trouve rassurant de voir que des entreprises de chez nous réussissent à percer à l’étranger. J’ai donc lu le tête-à-tête avec beaucoup d’intérêt. Je suis une fidèle lectrice des revues SOURCE et 3Rve et j’apprécie grandement lorsque vous nous faites découvrir les success stories de l’industrie québécoise de l’environnement. De plus, je voudrais vous remercier pour cette nouvelle section de la revue où l’on peut lire les commentaires des lecteurs. En fait, cette nouvelle section et les entrevues représentent les pages que je consulte avec le plus d’intérêt. Maude Jolicoeur, Écoconseillère, Montréal Je suis un jeune enseignant au niveau secondaire et l’environnement me préoccupe comme la plupart des gens de ma génération. Même si rien n’est généralement prévu dans mes tâches à cet effet, je trouve essentiel de sensibiliser mes élèves à toutes les problématiques environnementales dès que j’en ai l’occasion. Non seulement représententils la population de demain, à bien des égards ils représentent déjà les citoyens d’aujourd’hui, puisqu’ils n’attendent pas l’âge de la majorité pour consommer, ou devrais-je dire surconsommer. Et si vous voyiez leurs garde-robes et tous les gadgets qu’ils apportent à l’école, vous constateriez rapidement vous aussi qu’ils consomment énormément. Cela étant dit, comment est-ce possible qu’il n’y ait aucune campagne leur étant directement adressée pour les sensibiliser à la réduction à la source ? Je ne sais pas si cette tâche devrait être assumée par le ministère de l’Éducation, celui de l’Environnement ou encore les deux conjointement, mais je trouve aberrant que rien ne soit fait. De par les interventions que je fais auprès d’eux, je suis à même de vous confirmer que leur connaissance des sujets environnementaux de base est de loin insuffisante. Ils sont toutefois très réceptifs à la cause. Cessons de nous tourner les pouces et passons à l’action ou nous le regretterons très rapidement. Patrick Séguin, enseignant, Montréal Lorsque je lis un texte comme celui de Léo Fradette dans votre dernière édition, j’ai la rage au cœur. Montréal ne fait que ralentir le développement durable québécois. Dans l’industrie, on entend toutes sortes de choses sur les raisons expliquant que Montréal ait un taux de détournement de la matière si bas. Mais une chose est certaine : des textes comme ceux de M. Fradette sont les bienvenus puisqu’ils nous éclairent sur le véritable pourquoi. Maintenant, que Montréal passe à l’action ! C’est le Québec en entier qui y gagnera. Claude Dugas, entrepreneur, Saguenay

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L’ E N V E R S D U D É C O R

Sources : Nomade, Umour.com et l’équipe de 3Rve.

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Place aux jeunes

Le 11 novembre dernier, dans le cadre de l’événement La Quinzaine des sciences du Collège Montmorency, un groupe d’étudiants a eu la chance d’assister à un atelier portant sur la gestion des matières résiduelles. Animé par l’éditeur de ce magazine, l’atelier a su sensibiliser les jeunes aux différents enjeux techniques, économiques et sociaux de la gestion des 3RVE. Le panel d’experts était composé de Denis Potvin, Mario Quintin, Marc Belley et Léo Fradette. Une bien belle brochette d’experts ! Sous le thème SCIENCE ET CITOYENNETÉ : CLÉS D’AVENIR POUR NOTRE MONDE, les conférences ont été déclinées en huit ateliers qui ont éveillé les jeunes aux défis qui s’imposent à eux et aux générations futures, tout en leur donnant du contenu scientifique d’une grande qualité.

D’élections en élections…

Machinex aidera Sherlock Holmes à recycler Dans notre dernière édition, nous vous annoncions en primeur que l’entreprise québécoise Machinex avait soumissionné un important projet de centre de tri à Londres. Eh bien nous avons le plaisir de vous annoncer qu’elle a obtenu le mandat après plus d’un an de négociations ! Les employés de l’usine de Plessisville commenceront la production des équipements au cours de l’été prochain pour ensuite procéder à leur installation dès l’automne. Le centre de tri, capable de traiter 84 000 tonnes de matières recyclables par année, devrait être en opération à l’été 2010. Pour Machinex, il s’agit d’un premier mandat de centre de tri complet en sol européen. Cette installation servira assurément de tremplin pour le marché européen. Bravo à toute l’équipe de Machinex pour cette belle réussite !

Bienvenue sur l’île fantastique ! Vous aimeriez aller vous reposer dans le sud ? Une surface qui couvrirait plus de 600 000 km 2, soit la superficie de la France, et qui contiendrait plusieurs millions de tonnes de déchets, a été découverte par hasard en 1997 par l’océanographe américain Charles Moore. Elle est située entre Hawaï et Los Angeles, dans l’océan Pacifique. La zone où se trouve l’amas de déchets flottant est peu poissonneuse et sans vent, elle n’attire de ce fait ni pêcheurs, ni plaisanciers, ce qui expliquerait sa découverte tardive alors qu’on croit que la formation de l’île remonte aussi loin que dans les années 1950. Les scientifiques s’entendent pour dire que le phénomène ne serait pas réservé exclusivement au Pacifique. D’autres îles de déchets auraient également été découvertes dans le monde. Les conséquences sont importantes sur l’écologie marine. Ainsi, cette immense poubelle flottante se trouve à proximité de la plus grande réserve marine du monde. Selon Greenpeace, plus de 260 espèces marines peuvent confondre les débris avec de la nourriture et ingérer des morceaux de plastique, affectant ainsi toute la chaîne alimentaire, et ce, jusqu’à l’homme. Contactez votre agent de voyage !

Prendre un verre

vert

Allons au La firme d’éco-conseillers Takt-etik lançait dernièrement les Apéros allant vert. Ces 5 à 7 mensuels consacrés au développement durable sont principalement destinés aux gens d’affaires. Ils ont pour but de permettre aux gestionnaires, aux professionnels et aux associations d’entendre des témoignages porteurs, de partager des idées et de créer des liens en rapport avec la cause verte. Une très belle initiative ! Pour de plus amples renseignements, consultez le site Web de l’entreprise au www.takt-etik.com.

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musée La XVII e édition du Concours international de jouets fabriqués à partir de matériaux récupérés, organisé par le CLUB 2/3 et Oxfam-Québec, se tiendra jusqu’au 6 mars prochain au Biodôme de Montréal. L’exposition Déchets d’œuvres, à laquelle participent des jeunes provenant d’une dizaine de pays à travers le monde, met en valeur quelque 300 jouets fabriqués à partir de matériaux récupérés. L’exposition est gratuite.


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