ÉTÉ/AUTOMNE 2013, vol. 9 no 1
Le magazine de l’eau au Québec
NU COSNIF TDIEFFUSÉ SsUol.Rtv
EXCLU nsmonsous w.da
ww
a Voir p
ENTREVUE avec
ge 30
Robert
Millette Convention de la poste-publications no 41122591
Debout dans la tempête
Eau potable à Montréal : 100 ans de loyaux services
18
Stratégie d’économie d’eau potable : comparaisons internationales
20
Mesure du plomb dans l’eau 22 potable : toujours une nécessité
www.magazinesource.cc
8 « Après 30 ans de service aux citoyens, je suis très fier du travail accompli. J’ai contribué à des réalisations majeures en dotant la ville d’installations de production d’eau potable à la fine pointe de la technologie et qui satisfont les plus hauts standards internationaux afin d’offrir à la population une eau de qualité. D’un autre côté, je suis déçu de l’image négative qui s’est créée. Bien qu’el le se base sur des cas réels de corruption, elle n’est pas représentative de la majorité, mais c’est à nous de le démontrer. » — Robert Millette
tête-à-tête
SOMMAIRE
chroniques
CA R B O R E S P O N S A B LE
25
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
26
L E S A M I S D E S O U R C E LES
BONTSS 28 AC
CONT
L’ E N V E R T D U D É C O R
30
18
SANTÉ PUBLIQUE
20
EAU POTABLE
22
INSTRUMENTATION
EAU POTABLE À MONTRÉAL : 100 ANS DE LOYAUX SERVICES STRATÉGIE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE : COMPARAISONS INTERNATIONALES
MESURE DU PLOMB DANS L’EAU POTABLE : TOUJOURS UNE NÉCESSITÉ
Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : Dominique Dodier France Gauvreau Mathieu Laneuville Manon Laporte Pierre Payment
Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Photos de la page couverture et de l’Entrevue : Alexandre Nadeau Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Carpe diem
Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
4
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
© Tous droits réservés.
Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère QC J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc
D r o i t s d ’ a u t e u r e t d r o i t s d e r e p r o d u c t i o n : t o u t e d e m a n d e d e r e p r o d u c t i o n d o i t ê t r e a ch e m i n é e à M AYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOU R CE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.
ÉTÉ/AUTOMNE 2013, vol. 9 no 1
Le magazine de l’eau au Québec
Pour la réalisation de votre vidéo corpo
Faites affaire avec des pros Notre équipe est spécialisée dans la production de vidéos d'entreprise, municipales et environnementales. Visionnez notre portfolio vidéo sur www.youtube.com/user/dansmonsoussol Laissez-nous vous aider à briller.
info@maya.cc
adumouchel@maya.cc
éditorial
LES SNOREAUX CAUSENT LE LOCK-OUT MUNICIPAL !
À
pareille date l'an dernier, bon nombre d'entre vous étaient probablement blasés, tout comme moi, du mauvais vaudeville que représentait le lockout décrété par les propriétaires de la Ligue nationale de hockey (LNH). La plupart des amateurs s'entendaient sur le fait que les conditions de la convention collective entre la ligue et les joueurs n'étaient pas adéquates parce qu’elles permettaient de contourner trop facilement André Dumouchel les principes convenus au moment de la signature. Bref, il était trop facile pour les « snoreaux » « d'en passer une p'tite vite ! » Et comme les propriétaires d'équipes étaient las de payer trop cher pour leurs plombiers... C'est un peu ce qui se passe actuellement dans le milieu municipal. Les snoreaux ont exagéré. Ils ont attiré les projecteurs sur leurs manigances. Puis les citoyens, alertés par les médias, ont dit : c'est assez. Résultat ? La commission Charbonneau a été créée. Et à la lumière de ce qui est ressorti des différents témoignages, plusieurs administrations municipales ont décidé que plutôt que de risquer de se faire avoir par des snoreaux de nouveau, il valait mieux fermer les portes, ne serait-ce que temporairement. C'est pourquoi bien des projets d'importance pour notre industrie ont été reportés, créant ainsi un climat économique incertain. Un peu comme pour les joueurs de la LNH, ce ne sont pas les entreprises les plus riches qui en sont le plus affectées. Bien sûr, elles subissent certaines répercussions financières elles aussi, mais pensez plutôt à la petite entreprise qui misait sur un important contrat de la part d'une ville afin de pouvoir maintenir en poste ses employés. Vous me direz peut-être que c'est la loi de la jungle, mais si ces petites entreprises ferment leurs portes, il ne restera plus
6
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
que les grandes, ce qui pourrait représenter un terreau fertile à la prolifération des snoreaux... Il y a aussi toutes les entreprises et les organisations qui gravitent autour des villes, sans pour autant être mêlées à ce bourbier. Ces dernières en subissent les contrecoups également. Un exemple ? Les organisateurs de tournois de golf, de spectacles-bénéfice, les musées, et j'en passe. Et c'est encore pire pour : tous les organismes d'aide de première ligne et les associations jeunesse. Plusieurs amis travaillant pour de ce type d'organisations m'ont fait part de leur difficulté à effectuer leurs campagnes de financement. Bien des entreprises généralement généreuses envers ces organismes préfèrent attendre que la poussière retombe, même si elles n'ont rien à se reprocher. Le climat est dans la paranoïa ! Mais peu importe la raison invoquée, le résultat est le même : des hommes, des femmes et des enfants ayant besoin de soutien n'auront peut-être pas accès aux mêmes ressources qu'avant. Cela dit, seul l'avenir nous dira si le jeu en valait la chandelle pour les propriétaires d'équipes de la LNH. Mais si nous nous fions au passé, des snoreaux trouveront assurément les failles du système. En serat-il de même pour les snoreaux entourant le domaine de la construction et le monde municipal ? Aussi triste que cela puisse être, et bien qu'il ne faille pas baisser les bras, penser le contraire relèverait d'une naïveté qui, autrefois, aurait pu nous ouvrir les portes de l'hôtel de ville de Montréal... Vous croyez que mon analogie entre la LNH et le monde municipal est tirée par les cheveux ? Peut-être avez-vous raison. Mais, que voulez-vous, j'ai hâte que la saison recommence. Du pain, des jeux et les innocents seront heureux ! ■
ENTREVUE avec
Robert
Millette Debout dans la tempête
Entrevue réalisée par André Dumouchel
I NGÉNIEUR DE FORMATION, ROBERT M ILLETTE FÊTE CETTE ANNÉE SES 30 ANS À L’EMPLOI DE LA DE CHEF DE DIVISION DES PROJETS MAJEURS À LA DIRECTION DE L’EAU POTABLE.
VILLE DE MONTRÉAL. I L OCCUPE AUJOURD’HUI LE POSTE
EXPERT RECONNU DANS L’INDUSTRIE POUR SON PROFESSIONNALISME ET SA RIGUEUR, IL A ÉTÉ AU CŒUR DE L’ÉVOLUTION ET DE L’AVANCEMENT DES TECHNOLOGIES DE PRODUCTION D’EAU POTABLE À LA VILLE DE MONTRÉAL. I L SE DIT TRÈS FIER DE LA QUALITÉ DE L’EAU PRODUITE PAR LA VILLE. CEPENDANT, LES ALLÉGATIONS DE CORRUPTION PESANT SUR CERTAINS POLITICIENS ET FONCTIONNAIRES DE LA VILLE VIENNENT JETER DE L’OMBRE SUR LE TRAVAIL DE SON ÉQUIPE. COUPABLE PAR ASSOCIATION POUR PLUSIEURS, IL DOIT FRÉQUEMMENT SE JUSTIFIER EN DÉMONTRANT UNE RIGUEUR ET UNE ÉTHIQUE À TOUTE ÉPREUVE. QUEL A ÉTÉ SON PARCOURS PROFESSIONNEL ? QUELLES ONT ÉTÉ SES GRANDES RÉALISATIONS DE LA POPULATION À L’ÉGARD DES INGÉNIEURS MUNICIPAUX ? LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.
Où avez-vous grandi ? J’ai habité Plateau-Mont-Royal toute mon enfance et une partie de mon adolescence. Vous avez donc connu ce qu’on lit dans l’œuvre de Michel Tremblay ? Effectivement. Je me souviens que j’allais magasiner avec ma mère sur MontRoyal. C’était une sortie à l’époque. Aujourd’hui, c’est plus huppé avec les bistros et restaurants. Quelle était la profession de vos parents ? Ma mère était ménagère et mon père était directeur de banque. On a déménagé souvent à cause de son emploi, du Plateau vers Laval, puis Saint-Jérôme où j’ai fait mon secondaire et enfin Longueuil. J’ai adoré Saint-Jérôme, c’est une ville à l’échelle humaine, plus calme que les grandes villes, mais avec toutes les possibilités. Je compte d’ailleurs m’y établir à ma retraite. Quel genre d’enfant étiez-vous ? Calme, sérieux et un peu gêné. Je suis encore calme, sérieux quand il le faut, mais pas gêné.
8
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
? COMMENT SE SENT-IL RELATIVEMENT À LA PERCEPTION Cette entrevue a été réalisée avant l’important avis d’ébullition du 22 mai dernier.
Quel métier rêviez-vous d’exercer ? C’est drôle, je ne me voyais pas faire un métier en particulier, mais mon père me voyait pharmacien. J’ai cheminé puis étudié les sciences pures au Cégep Édouard-Montpetit. Qu’est-ce qui vous a mené vers le génie ? J’aimais le côté analytique de l’ingénierie, réfléchir à des situations complexes et trouver des solutions. Puis, j’ai fait la rencontre de Mario Godard, directeur du Département de génie industriel à l’École Polytechnique. J’étais allé le voir pour comprendre qu’elle était cette nouvelle discipline. C’était en 1975. L’aspect innovateur de la profession m’intéressait aussi parce que le génie industriel prenait en compte l’humain dans l’organisation du travail. De plus, il y avait beaucoup d’emplois dans le domaine. J’en ai obtenu un en janvier alors que je terminais en mai 1979. Quel était cet emploi ? Ingénieur industriel chez Northern Telecom où j’ai passé deux ans. Par la suite, j’ai travaillé pour la Continental Can Company, une entreprise de fabrication de contenants métalliques. Ces emplois m’ont appris les rudiments du génie industriel, mais aussi le contexte de rentabilité des organisations, ce qu’on ne
MAYA.cc est à la recherche de nouveaux talents. Nous sommes en pleine expansion et avons besoins de gens dynamiques et dévoués. Plusieurs postes offerts. Faites parvenir votre C.V. à info@maya.cc
nous enseigne pas à l’école. Par la suite, j’ai postulé à la Ville de Montréal comme conseiller en gestion. Ça peut sembler différent comme emploi, mais c’était une continuité parce que je cherchais à optimiser les processus de gestion de l’organisation.
Avec le recul, pensez-vous que c’était dangereux ? Ce n’était pas au point d’être dangereux, mais on craignait de se retrouver un jour dans une situation critique. Il fallait étudier et décider ce qu’il y avait à faire et ne pas trop attendre pour aller de l’avant.
Quels étaient vos sentiments par rapport à ce changement ? Quand j’accepte un emploi, c’est parce qu’il y a des défis. Et il y en avait à la ville. Au début, les gens me demandaient si j’allais y faire carrière et je leur répondais : « Oui, tant que les projets seront intéressants. » J’y suis resté 30 ans. Il y a donc eu une variété de projets et une progression dans ma carrière.
Investissait-on surtout dans le traitement des eaux usées ? Effectivement, mais à partir des années 2000, la tendance s’est renversée vers l’eau potable, et avec raison.
En quelle année êtes-vous devenu ingénieur pour la Ville de Montréal ? En 1986, à l’usine de production d’eau Charles-J.-Des Baillets. J’ai suivi quelques cours à la maîtrise en environnement puis en traitement et contrôle de qualité de l’eau. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à l’eau ? J’ai été attiré par l’eau parce que c’est un service à la population, une contribution sociale importante. Je voulais participer à améliorer la qualité de l’eau et les procédés de traitement, je trouvais que c’était valorisant. Quel poste occupez-vous actuellement ? Quel a été votre cheminement ? Je suis chef de division des projets majeurs à la direction de l’eau potable. Il y a eu plusieurs étapes avant d’y parvenir parce qu’il n’y avait pas, dans les années 1990, les budgets pour rénover les usines. Cette période a donc été consacrée à la recherche de meilleurs procédés, sans nécessairement les implanter. De plus, la réglementation n’obligeait pas les villes à investir dans de nouveaux traitements. Alors, on travaillait le plus longtemps possible avec les équipements en place.
Les différents postes que vous avez occupés vous ont permis de grimper dans la hiérarchie du génie municipal montréalais. Les jeux de coulisse sont-ils nécessaires pour y arriver ? Non, je pense que c’est à chacun de démontrer sa compétence; c’est comme ça qu’on obtient des postes supérieurs, et non par favoritisme. En général, les gens obtiennent des promotions parce qu’ils le méritent. Quel est le chemin de l’eau à Montréal ? Depuis 2002, c’est l’agglomération de Montréal qui est responsable des six usines de traitement de l’eau. L’usine de Pierrefonds puise son eau dans la Rivière-des-Prairies et les autres dans le fleuve Saint-Laurent ou dans le lac Saint-Louis. Les usines Atwater et Des Baillets desservent l’ancien Montréal et l’est de l’île; celles de Lachine, de Pointe-Claire et de Dorval complètent le portrait. L’eau est-elle traitée par ces six usines ? Oui. Depuis les fusions, il y a un vaste programme de modernisation des installations. Les usines Atwater, Des Baillets et de Pierrefonds n’étaient pas conformes aux normes en 2001 lors de l’adoption du Règlement sur la qualité de l'eau potable. On s’y est attaqué en priorité et les travaux devraient être terminés d’ici la fin de 2013. Ensuite, il a fallu poursuivre la modernisation des équipements vétustes. L’usine Des Baillets a déjà 40 ans et les équipements
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
11
Les changements technologiques entraînent-ils une obligation de formation continue ? C’est évident qu’il faut se tenir à jour tant sur plan des technologies que des connaissances en général. Par exemple, dans les années 1990, le cryptospridium n’était pas une préoccupation, ça l’est devenu.
sont d’origine. Pour Atwater, les équipements électriques et les pompes ont 50 ans. Les équipements de mécanique de bâtiment ont aussi dépassé leur vie utile. On a donc fait des études et entrepris de vastes programmes de réfection. Quel est le budget de ces programmes et quel est votre rôle ? Pour toutes les usines, le projet de mise aux normes des installations avoisine 300 M$. Le projet de modernisation et de réfection des équipements est évalué à 200 M$. Je suis responsable de la section qui réalise ces projets. Les travaux ne sont pas nécessairement réalisés avec des ressources internes, mais on travaille avec des firmes pour nous soutenir dans la conception et la réalisation. Depuis 30 ans, quel est le changement le plus impressionnant dans le traitement de l’eau potable ? L’arrivée des procédés aux rayons ultraviolets a beaucoup changé la donne au début des années 2000. Pour se conformer aux nouvelles exigences, les municipalités doivent les utiliser. J’aimerais aussi mentionner la création, en 1992, de la Chaire industrielle en eau potable. Les principaux collaborateurs comme Michel Prévost, Raymond Desjardins, Benoît Barbeau et Pierre Paiement sont réputés internationalement. C’est inspirant de travailler avec eux et ce fut marquant pour plusieurs réflexions sur les municipalités. Qu’apporte la Chaire à la Ville de Montréal ? On a fait des études avec la Chaire pour préciser la façon de nous conformer à la nouvelle réglementation. Nous avons fait plusieurs essais pilotes avec de la filtration directe, de la coagulation, de la floculation et nous avons essayé les procédés d’ozonation. Le seul procédé que nous n’avons pas testé était les ultraviolets, mais les résultats étaient assez bien connus. Y a-t-il eu d’autres changements qui méritent d’être soulignés ? L’adoption du Règlement sur la qualité de l’eau potable en 2001. Vers la fin des années 1990, j’étais responsable du comité technique sur la qualité de l’eau du Réseau environnement. Nous avons fait beaucoup de représentations auprès du ministère pour moderniser le règlement qui datait de 1984, ce que nous avons réussi après les événements de Walkerton. Ce fut marquant parce que les municipalités ont beaucoup investi pour s’y conformer et améliorer la qualité de l’eau. Avez-vous participé à d’autres projets avec Réseau environnement ? Oui, en 2000, une entente a été conclue avec l’American Water Works Association pour importer le programme « Partnership for safe drinking water » (Programme d’excellence en eau potable). J’étais partie prenante des discussions avec Alain Lalumière et Hubert Demard. On incitait les municipalités à aller au-delà des normes. C’était un projet très valorisant. Montréal a pris part aux premières étapes du programme puis a suspendu sa participation pendant la durée des opérations de modernisation des usines.
12
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Quels sont les moyens de rester à l’affût des tendances, des nouvelles techniques, des nouveaux dangers ? Ce que je trouve important, c’est de regarder ce qui se fait de meilleur dans le monde sur les plans technologique, de la résolution de problèmes et de l’exploitation, car c’est ainsi qu’on peut viser l’excellence. Au début 2000, j’ai participé à une commission publique du BAPE et j’avais trouvé important de dire qu’on savait qu’il y avait eu des événements majeurs de contamination de l’eau à Milwaukee, Londres et Sydney. Des commissions d’enquête suivent généralement, elles émettent des recommandations. Pour moi, c’est important de suivre ces événements et de s’en inspirer pour implanter des mesures préventives. Est-ce aussi souhaitable de s’impliquer dans une association comme Réseau environnement ou l’Association des ingénieurs municipaux du Québec ? J’ai énormément appris de ma participation à ces organisations et en rencontrant les exploitants des autres municipalités. Montréal a les installations les plus imposantes et les traitements les plus simples. J’avais tout à apprendre des autres. Je pense à des gens comme Antoine Laporte, Jean Lavoie, Rodrigue Chiasson… Ils avaient une expertise très intéressante et je me suis inspiré d’eux. Qu’est-ce que représente le diplôme d’ingénieur pour vous ? Est-ce prestigieux ? Pas vraiment. Pour moi, c’est la personne et son interaction avec les autres qui font sa qualité. La formation m’a amené à être capable d’analyser des problèmes techniques. Je suis fier d’être ingénieur, mais je ne suis pas toujours obligé de le dire. Il fut une époque au Québec où c’était bien vu d’avoir un curé ou un avocat dans la famille. Avec certains métiers venait le prestige. Comment étaient perçus les ingénieurs municipaux par la population au début ? C’est un peu de difficile de répondre parce qu’à la ville de Montréal, il y a 300 ingénieurs spécialisés dans différents domaines. Je ne sais pas comment le poste était perçu ailleurs, mais je pense qu’il était assez prestigieux et très important dans une municipalité. La profession est-elle encore valorisée ? Oui, bien que certains dérapages aient été dénoncés sur la place publique C’est une profession essentielle pour la population et prestigieuse si on tient compte des réalisations. Avez-vous été victime de quolibets parce que vous êtes ingénieur pour la Ville de Montréal ? Les gens esquissent parfois un sourire. La plupart me connaissent, mais quand je côtoie de nouvelles personnes, je vois dans leur visage qu’ils m’associent à certaines choses. Ce n’était pas le cas auparavant. Les ingénieurs n’ont jamais été autant médiatisés.
Comment vous sentez-vous par rapport à cette nouvelle perception ? Après 30 ans de service aux citoyens, je suis très fier du travail accompli. J’ai contribué à des réalisations majeures en dotant la ville d’installations de production d’eau potable à la fine pointe de la technologie et qui satisfont les plus hauts standards internationaux afin d’offrir à la population une eau de qualité. D’un autre côté, je suis déçu de l’image négative qui s’est créée. Bien qu’elle se base sur des cas réels de corruption, elle n’est pas représentative de la majorité, mais c’est à nous de le démontrer. Entre ingénieurs, est-ce que vous en parlez ? À l’occasion. C’est toujours la même frustration, la même déception d’apprendre que des collègues n’ont pas agi correctement dans la prestation de leurs services. Avez-vous une anecdote, par exemple une personne qui vous aurait fait une blague après que vous lui avez dit que vous étiez ingénieur à la Ville de Montréal ? Au début des cours du diplôme en éthique, les gens se présentaient et j’avais dit que je travaillais aux usines d’eau potable à la Ville de Montréal. Un jour, je suis arrivé alors qu’il y avait eu des événements à Montréal. J’ai dit que je travaillais à la Ville de Laval et les gens se sont mis à rire. Aujourd’hui, ce n’est pas mieux de dire ça, mais effectivement, les gens m’associaient à tout ce qu’ils entendaient. Depuis les récents événements, est-ce que l’Ordre des ingénieurs ou l’Association des ingénieurs municipaux donnent des conseils ou communiquent avec vous ? Oui, certainement, l’Ordre offre un cours sur le professionnalisme et, depuis quelques années, son discours et sa formation visent à rappeler aux gens leur code de déontologie.
14
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Sentez-vous qu’ils sont proactifs ? L’Association n’est peut-être pas très active dans la revalorisation du rôle de l’ingénieur municipal. L’Ordre l’est davantage avec les cours et les articles dans la revue PLAN, qui traitent de nos préoccupations sur l’éthique. Depuis la commission Charbonneau, les relations entre entrepreneurs et ingénieurs municipaux ont-elles changé ? Je suis porté à dire oui, car même si elles avaient de la rigueur, elles doivent maintenant avoir en plus une apparence de rigueur. Il faut démontrer que les actions et décisions sont mises en place pour le bien public. Êtes-vous en accord avec les récentes règles qui balisent ces relations ? Oui, et je pense qu’il faut être plus sévère à cet égard. Si on veut présenter une image d’intégrité, on ne peut pas se laisser aller à établir des liens de proximité. Il faut s’en tenir à une relation d’affaires. Vous êtes dans le milieu depuis longtemps, vous avez rencontré beaucoup de gens dans votre carrière et avez forcément tissé des liens amicaux. Sentez-vous que ce n’est plus possible ? Oui, mais ma principale préoccupation demeure l’intérêt de la population. Il ne faut pas que mon intérêt personnel influence la relation professionnelle. On était plutôt laxistes auparavant. Or, il est devenu nécessaire d’être plus rigoureux pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’intégrité des agents publics dans une petite comme une grande ville. Malgré toutes les règles et les suspicions, est-ce possible de bien faire son travail en ce moment ? Bien sûr, je pense qu’on peut faire efficacement son travail. Et même si on remet en question des façons de faire, ce n’est que constructif.
Pouvez-vous nous parler de la formation en éthique appliquée que vous suivez ? Je l’ai terminée depuis deux semaines ! C’est un diplôme de deuxième cycle offert par l’Université de Sherbrooke et qui conduit à la maîtrise, si je décide de continuer. Je me suis intéressé aux questions d’éthique notamment lorsque j’étais président du Syndicat des scientifiques de la ville de Montréal, il y a une dizaine d’années. Plusieurs ingénieurs m’avaient fait part des difficultés et contraintes qu’ils subissaient et cela m’a préoccupé. Je ne comprenais pas pourquoi les employés, les dirigeants, les élus avaient tant de difficultés à travailler ensemble à un objectif commun, soit le bien-être de la population. Mes préoccupations ont atteint un sommet avec le scandale des compteurs d’eau en 2009. J’ai décidé de m’inscrire au diplôme parce que je trouvais frustrant et totalement improductif de voir que d’un côté, il y avait le dévouement et la loyauté des employés à donner un bon service à la population et de l’autre, l’apparence de collusion et de favoritisme. Allez-vous poursuivre vos études à la maîtrise ? Dans les prochaines années, certainement. Cependant, en ce moment, je suis à l’affût d’occasions pour appliquer les principes appris. Constater la corruption est une chose, mais instaurer des mécanismes qui vont la prévenir, c’est autre chose. Avoir une ligne éthique et un code de conduite sont des mesures intéressantes, mais insuffisantes parce que le changement de culture suppose un changement organisationnel pour assurer une prise de décisions transparente, dans le respect de notre rôle de bien servir le public. En pratique, qu’est-ce qui pourrait être amélioré ? Les comités d’éthique sont un exemple. Plusieurs organisations en mettent en place, l’éthique prend plus d’importance dans la prise de décisions parce qu’elle peut aider à résoudre des situations difficiles. Je pense qu’il faut aussi travailler en prévention. Comment qualifieriez-vous l’eau potable de Montréal ? D’excellente qualité. Les six usines continueront-elles à servir ? Nous avons déjà examiné cette question et nous avons décidé de les maintenir et de les rénover au cours des prochaines années. Nous nous servons aussi de la capacité de production pour assurer une certaine redondance avec les réseaux voisins.
16
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Quelle est cette capacité ? Y a-t-il des risques de ne pas suffire à la demande ? La capacité est de deux millions et demi de mètres cubes par jour. On a une capacité suffisante pour les 25-30 prochaines années parce qu’on a fait des prévisions sur l’évolution de la demande, la croissance de la population, le développement des industries dans chacun des secteurs. Est-ce que Montréal est à l’abri d’une tragédie comme celle de Walkerton ? Je pense que oui, et c’est grâce à la rigueur de nos procédures internes. Rien n’est laissé au hasard. Quels sont les plus grands défis à venir pour Montréal en matière de traitement de l’eau ? Le plus gros défi sera de parachever les travaux de mise aux normes et de réfection. Il y aura certes une transition, car il faut apprendre à maîtriser et à exploiter les nouveaux équipements. Et pour le Québec ? Je dirais l’entrée en vigueur du règlement sur la protection des sources d’eau potable. Je verrais d’un bon œil qu’il y ait plus de réglementations pour les réseaux d’aqueducs et des normes d’exploitation plus sévères; ça compléterait le cycle de production, de la source au robinet. Le RQEP sera-t-il modifié prochainement ? Le virage le plus important s’est fait en 2001, mais je sais qu’on a récemment intégré des exigences du GUIDE DE CONCEPTION DES INSTALLATIONS D’EAU POTABLE parce que ses objectifs sont plus élaborés. Le règlement va toujours évoluer, mais ce ne sera pas aussi marqué qu’en 2001. Avec le recul, de quoi êtes-vous le plus fier sur le plan professionnel ? D’avoir contribué au nouveau Règlement sur la qualité de l’eau potable et d’avoir réussi à implanter le procédé de désinfection aux rayons ultraviolets aux usines Atwater et Des Baillets; c’est un projet majeur que j’ai toujours pensé qu’il fallait réaliser et qui a enfin vu le jour ! M. Millette, merci beaucoup ! ■
SANTÉ PUBLIQUE
EAU POTAB LE À M O NTRÉAL : 100 AN S D E LOYAUX S E RVI C E S Si des microorganismes dangereux avaient été présents, l’émission d’un avis d’ébullition est l’une des mesures les plus efficaces pour réduire l’impact potentiel sur la population. Dans la situation qui nous intéresse, avant même l’avis d’ébullition, l’aspect de l’eau (couleur et turbidité) ne laissait aucun doute au citoyen sur la présence d’un problème et la sagesse de ne pas consommer cette eau. L’avis a été donné avec célérité : il faut quand même que les autorités se concertent avant d’émettre un tel avis. Le dilemme est grand : le délai peut conduire à l'infection de beaucoup de personnes alors que l’émission de l’avis d’ébullition a aussi des conséquences.
Pierre Payment Ph.D., professeur INRS-Institut Armand-Frappier pierre.payment@inrs-iaf.uquebec.ca
M
ontréal vient de vivre son premier grand épisode d’avis d’ébullition préventif qui a affecté une bonne partie de la population. Comme microbiologiste, je suis bien content que le problème ne provienne pas d’une défaillance de traitement qui aurait permis aux microorganismes pathogènes d’infecter toute cette population avec des conséquences qui auraient pu être dramatiques. Depuis près de 100 ans (depuis 1918), l’usine de filtration Atwater de la ville de Montréal fournit vaillamment de l’eau potable aux Montréalais. Sa jeune sœur, l’usine Charles-J.-Des Baillets, a été inaugurée en 1978 pour répondre aux besoins grandissants de la population. C’est d’ailleurs cette seconde usine qui fournit la plus grande partie de l’eau qui est distribuée. En moyenne, pour satisfaire les besoins, 1000 litres d’eau par jour par personne doivent être traités. Depuis 1918, la santé publique (eau potable et hygiène) et la sécurité publique (protection incendie) sont protégées par cette barrière essentielle à notre santé qu'est l'élimination des microorganismes dangereux. Une eau peu contaminée prélevée du fleuve Saint-Laurent est rendue potable et suffisamment propre pour ne pas encrasser le système de distribution. Il y a quelques années, le Règlement sur l’eau potable du Québec et le gouvernement du Québec ont reconnu la nécessité de rehausser la qualité de cette barrière et de donner aux stations vieillissantes une bonne cure de rajeunissement. Des travaux sont en cours aux deux usines et devraient se poursuivre encore pendant quelques années étant donné l’envergure des travaux. Les informations fournies par la ville nous indiquent que des travaux pour intégrer de nouvelles tuyauteries au réservoir d’eau potable de l’usine Atwater ont nécessité d’abaisser le niveau d’eau dans celui-ci. On ne perce pas le mur d’une énorme piscine sans abaisser le niveau d’eau et, comme dans une piscine ou dans un chauffeeau, il se forme des dépôts au fond du réservoir : ces sédiments sont parfois assez légers et peuvent être remis en suspension lors de turbulences. Les sédiments qui s’accumulent dans ces réservoirs d’eau sont essentiellement de petites particules qui n’ont pas été retenues par la filtration, mais qui ont été soumises à la désinfection par le chlore. Ces dépôts au fond des réservoirs sont nettoyés selon les besoins et leur ampleur. Ils contiennent un grand nombre de microorganismes adaptés à ce milieu, mais ils ne sont pas pathogènes. Les travaux effectués ont remis en suspension ces dépôts et les citoyens ont eu la désagréable surprise de voir leur eau potable changer de couleur. Je les comprends très bien de s’alarmer. La réglementation est claire sur le sujet et, devant ce problème, la santé publique et les autorités doivent se coordonner rapidement pour agir : un avis d’ébullition préventif peut être émis si les autorités ont un doute sur la qualité de l’eau distribuée. Je pense que la majorité des experts seront d’accord pour reconnaître la validité de cette décision tout en considérant que le risque d’infection était infime.
18
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Le plus grand problème lors de l’émission d’un avis d’ébullition reste la difficulté de rejoindre tous les citoyens. On s’imagine que tout le monde est branché en continu sur les informations. Ce n’est certainement pas le cas. Même avec les médias sociaux, on ne rejoint que des groupes particuliers. Il restera toujours une bonne portion de la population visée qui apprendra après des heures ou des jours l’existence de cet avis. On peut faire mieux, mais on n’a pas encore trouvé le moyen de communiquer avec plus d’un million de personnes (sans compter les visiteurs) en quelques minutes. Les experts en eau potable connaissent bien l’exemple de Milwaukee en 1993, une ville de 1,6 million d’habitants avec 2 usines de filtration (ça vous rappelle quelque chose ?). Le traitement à l’une des usines qui capte l’eau du lac Michigan a été modifié; malheureusement, un parasite (Cryptosporidium), fréquemment retrouvé dans l’eau du lac, a pu survivre aux traitements. On avait aussi la mauvaise habitude, lors du lavage des filtres, de recycler les eaux de lavage en tête d’usine : bon moyen de concentrer encore plus les microbes. Malgré des valeurs hors normes à l’usine du 23 mars au 5 avril, l’avis d’ébullition n’a été émis que le 7 avril. On a estimé que 400 000 citoyens et de nombreux visiteurs ont été infectés en l’espace de 2 semaines avec des symptômes de gastroentérites. Les pharmacies n’avaient plus de médicaments contre les diarrhées et l’eau en bouteille était devenue une commodité très coûteuse... Tout ça parce qu’on avait trop attendu pour émettre l’avis d’ébullition !! Quel était le risque auquel nous pouvions nous attendre à Montréal ? Comme il s’agissait d’un réservoir d’eau potable chlorée, le niveau de risque était probablement inférieur à celui d’une baignade dans l’eau d’un lac ou d’une piscine chlorée. Il n’en reste pas moins que les conséquences sont grandes pour la population et la société. Hôpitaux, garderies, restaurants, centres de soins, hôtels et citoyens sont affectés. C’est regrettable, mais l’avis d’ébullition est une mesure qui doit être prise pour réduire autant que possible les risques lors d’un accident de ce genre. Plus l’avis est émis rapidement, plus il sera efficace. Les avis et communiqués ont été émis en quelques heures. Le premier, 30 minutes après les résultats des analyses. Auriezvous pu faire mieux ? Aurions-nous pu prévoir cet incident ? Probablement pas. Est-ce que la façon de faire lors de ces travaux était correcte ? Nous en saurons probablement plus au moment où vous lirez ces lignes. En un siècle, nous avons beaucoup appris. La production d’eau potable reste une responsabilité lourde à porter et je dois lever mon chapeau devant la compétence de ceux qui ont eu à prendre des décisions rapides et à faire face au barrage de questions des citoyens et des journalistes. ■
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
E A U P OTA B LE
STR ATÉG I E D’ÉC O N O M I E D’EAU POTAB LE : C O M PAR AI S O N S I NTE R NATI O NALE S
Mathieu Laneuville ingénieur Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire m a t h i e u . l a n e u v i l l e @ m a m ro t . g o u v . q c . c a
E
n mars dernier avait lieu la 10e édition du Salon international des technologies environnementales, AM E R ICANA. L’événement a été l’occasion de comparer les actions et résultats de la Stratégie d’économie d’eau potable avec ce qui est réalisé à l’international, mais aussi d’échanger avec deux spécialistes américains sur la gestion efficace de l’eau : Reinhard Sturm pour le contrôle des pertes d’eau et Peter Mayer pour l’analyse des consommations résidentielles. COMPARAISON DES RÉSULTATS Relativement à la quantité d’eau distribuée par personne par jour (les consommations résidentielle et non résidentielle ainsi que les pertes d’eau), la moyenne est de 623 litres au Québec comparativement à 483 au Canada, 407 en Ontario, 669 à Buenos Aires, 540 dans l’Île-de-France et 432 à Milan.
En ce qui concerne les consommations institutionnelles, l’élimination graduelle des systèmes de climatisation refroidis à l’eau en circuit ouvert et des urinoirs à chasse automatique devrait permettre de se rapprocher des moyennes de consommation internationales.
Tableau comparatif de la consommation d'eau par type d'immeuble COMPARAISON DES ACTIONS En ce qui a trait à l’utilisation des compteurs d’eau, 46 % des commerces ayant un branchement d’un pouce et moins en sont équipés dans la province comparativement à 87 % au Canada et 97 % en Ontario. Le pourcentage de résidences équipées de compteurs d’eau est évalué à 13 % au Québec, 74 % au Canada et 95 % en Ontario. Vu le faible taux de consommation mesuré dans la province, le bilan d’eau proposé par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) utilise l’approche par débit de nuit pour estimer les pertes d’eau potentielles. Ailleurs, l’approche pour calculer les pertes d’eau se fait plutôt sur une période annuelle, et la méthode d’audit (bilan) d’eau la plus reconnue est celle développée conjointement par l’American Water Works Association (AWWA) et l’International Water Association (IWA). D’ailleurs, c’est la méthode utilisée en Allemagne, au Pays de Galles et en Angleterre (Royaume-Uni), au Queensland (Australie) ainsi qu’au Texas et en Géorgie (États-Unis).
20
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Lorsque le bilan d’eau d’une municipalité québécoise indique que les pertes d’eau potentielles sont supérieures à 20 % ou à 15 mètres cubes par jour par kilomètre de conduite, la municipalité doit mettre en place un programme de recherche et de réparation de fuites. En Allemagne, le contrôle des pertes d’eau est prévu dès la conception des réseaux de distribution d’eau potable, ce qui facilite la mise en place de mesures comme la sectorisation. Au Pays de Galles et en Angleterre, l’Ofwat (The Water Services Regulation Authority) fixe des cibles exigeantes à la vingtaine d’entreprises qui sont responsable des services d’eau. Ces cibles sont basées sur le niveau de fuites économiquement optimal, c’est-à-dire le niveau au-delà duquel il coûterait plus d’argent pour réduire les fuites que ce qu’il en coûte à les laisser en l’état. Au Queensland, tout projet de réduction des pertes d’eau qui a un retour sur investissement de moins de quatre ans doit être mis en place.
En Allemagne, le contrôle des pertes d’eau est prévu dès la conception des réseaux de distribution d’eau potable Concernant le Code de construction du Québec, la limitation de 1,9 litre par chasse prévue fin 2013 pour les urinoirs rejoint celle de la certification WaterSense, de la réglementation prévue en Ontario et de celle qui est en place en Californie. Pour les toilettes, la limitation de 6 litres par chasse prévue fin 2013 ne rejoint pas celle de 4,8 litres par chasse de la certification WaterSense, de la réglementation prévue en Ontario pour les résidences et de la réglementation en place (excluant les institutions) en Californie. Les réserves concernant la limitation des toilettes de 4,8 litres ne concernent pas la performance des toilettes, mais bien l’évacuation dans la tuyauterie. Enfin, la limitation de 8,3 litres par minute pour tous les robinets ne rejoint pas celle de 5,7 litres par minute pour les robinets de lavabo (salle de bain) de la certification WaterSense. Cette limite est cependant envisagée dans le cadre d'une prochaine révision du Code de construction. ÉCHANGE AVEC LES SPÉCIALISTES Selon M. Sturm, les approches d’écoute corrélation préconisées par le MAMROT pour la recherche de fuites sont des approches de départ efficientes. Il suggère d’augmenter la fréquence et le nombre de points d’écoute dans les secteurs problématiques. Par ailleurs, il est d’avis que l’utilisation d’enregistreurs de bruit ne semble pas être une panacée pour le moment. L’approche mise de l’avant pour la vérification des débitmètres a été saluée. Enfin, la gestion de la pression (sous-utilisée dans la province) demeure souvent, selon M. Sturm, le moyen le plus efficient de réduire les pertes d’eau. De nos échanges avec M. Mayer sur la consommation résidentielle intérieure, il ressort que l’utilisation de toilettes et de machines à laver certifiées respectivement WaterSense et EnergyStar offre le meilleur potentiel d’économie d’eau, soit plus de 200 litres par jour par ménage en les comparant aux modèles conventionnels. Enfin, l’installation d’aérateurs certifiés WaterSense sur les robinets de lavabo et la réparation de fuites, comme celles des toilettes, permettent des économies notables de plus de 100 litres par jour par ménage. ■
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
I N STR U M E NTATI O N
M E S U R E D U PLO M B DAN S L’EAU POTAB LE ; TO UJ O U R S U N E NÉC E SS ITÉ les accessoires utilisés pour transporter l’eau jusqu’au consommateur qui sont les principales sources du plomb retrouvé dans l’eau potable. Ainsi, la tuyauterie de même que les nombreuses soudures au plomb constituent la principale source de plomb. Le terme « plomberie » est d’ailleurs issu du fait que les tuyaux utilisés ont été fabriqués entièrement de plomb. Selon le MDDEP, des entrées de service en plomb sont susceptibles d’avoir été installées dans la majorité des régions du Québec jusqu’en 1955 et dans la région de Montréal jusqu’en 1967.
France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. f ra n c e g @ h a n n a c a n . c o m
L
e plomb, qui compte parmi les substances faisant l’objet d’une norme dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP), suscite de plus en plus d’inquiétudes au sein de la population et des organismes de santé. Les problèmes entourant la détection du plomb dans l’eau ne sont pas étrangers à ceux reliés à la détection d’autres métaux tels que le cuivre et l’antimoine. Toutefois, on donne au plomb une attention particulière en raison de ses multiples effets néfastes.
Du point de vue de la santé humaine, le plomb retrouvé dans l’eau potable à de faibles concentrations peut affecter le système nerveux, voire entraîner des effets mineurs sur le développement intellectuel des nourrissons et des enfants de moins de six ans. Santé Canada considère d’ailleurs le plomb comme une substance potentiellement cancérigène pour l’homme. Bien que l’exposition au plomb ait été réduite de façon considérable au cours des dernières décennies, il existe un large consensus en santé publique pour maintenir les efforts visant à la diminuer autant que possible. D’OÙ PROVIENT LE PLOMB DANS L’EAU POTABLE ? Le plomb n’est généralement pas présent directement dans les sources d’eau qui servent d’approvisionnement en eau potable. En effet, ce sont
FACTEURS INFLUENÇANT LA PRÉSENCE DE PLOMB DANS L’EAU POTABLE Certains facteurs influencent la concentration de plomb retrouvé dans l’eau potable. Les deux plus importants sont l’équilibre chimique de l’eau et la température de l’eau. Équilibre chimique de l’eau : la nature chimique de l’eau potable distribuée, notamment son alcalinité, son pH et son agressivité, permettra ou non au plomb en contact avec l’eau de se retrouver dans celle-ci. La correction de l’équilibre chimique de l’eau permet une réduction considérable de la concentration de plomb. Température de l’eau : une température chaude aura tendance à faciliter la dissolution du plomb dans l’eau. Il n’est donc pas surprenant de constater que les concentrations de plomb dans l’eau potable sont généralement plus élevées en été qu’en hiver. RÉGLEMENTATION La concentration de plomb dans l’eau potable est réglementée dans plusieurs pays, mais c’est en Amérique du Nord que la norme est la plus « stricte ». À titre d’exemple, en Europe, une concentration maximale de 25 µg/l est tolérée et ne sera abaissée à 10 µg/l qu’en décembre 2013. Au Québec, et il en va de même pour le reste du Canada, la concentration maximale acceptable (CMA) de plomb dans l’eau potable qui était de 50 µg/l jusqu’en 2001 a été abaissée à 10 µg/l (0,010 mg/l). Cette valeur prévaut toujours. Quelques modifications ont été apportées au
SUIVEZ-NOUS SUR TWITTER
@dansmonsoussol
Une initiative
MAYA.cc
22
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
Inscrivez-vous maintenant ! Programme élève d’un jour les mercredis après-midi sur réservation
Centre national de formation en traitement de l'eau Dates de début : septembre 2013 et janvier 2014
LES EMPLOIS SONT :
• Bien rémunérés dès le début (830 $/semaine); • Disponibles partout au Québec (taux de placement 94 %); • Dans les secteurs municipal, gouvernemental ou privé; production d’eau potable ou en traitement des eaux usées • ouEn industrielles. • Formation dans la seule usine-école au Canada; • Horaire de jour et de soir disponible; • Formations débutant à l’automne et à l’hiver; • Programme de mise à niveau disponible (mathématiques). Cours la chance de gagner une bourse d'études de 1 000 $ en t'inscrivant à la session automne 2013. Détails au www.vieaumaximum.com
Conduite de procédés de traitement de l’eau – DEP Diplôme reconnu par le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) Monika Boudreau
Pour inscription ou information : 400, avenue Saint-Charles Vaudreuil-Dorion (Québec) J7V 6B1 514 477-7020, poste 5325 Possibilité d’aide financière aux études : www.afe.gouv.qc.ca Courriel : p.g.l@cstrois-lacs.qc.ca – www.pgl.cstrois-lacs.qc.ca Inscription par Internet : www.srafp.com
M E S U R E D U P L O M B D A N S L’ E A U P O TA B L E ; T O U J O U R S U N E N É C E S S I T É
RQEP en février 2012 et en mars 2013. Ces modifications, n’affectant pas la CMA, visaient à définir la période d’échantillonnage requise de même que la quantité d’échantillons à prélever en fonction de la population. Le tableau ci-dessous liste ces modifications.
TECHNIQUES DE TRAITEMENT Le processus de traitement de l’eau potable peut être optimisé pour réduire les risques de corrosion dans le système de distribution. Plus particulièrement, le pH et l’alcalinité de l’eau doivent être contrôlés minutieusement à l’usine de traitement pour que l’efficacité du traitement de l’eau soit assurée. L’augmentation du pH demeure la méthode la plus efficace pour réduire la corrosion et pour minimiser la concentration de plomb dissout dans l’eau potable. Selon le MDDEP, le pH idéal pour conserver une concentration acceptable de plomb se situe entre 7,5 et 9,5, tandis que l’alcalinité idéale (exprimée en carbonate de calcium) se situe entre 30 et 75 mg/l. L’addition d’inhibiteurs de corrosion comme l’orthophosphate de zinc ou certains silicates peut également être envisagée. MÉTHODES D’ANALYSE La méthode la plus précise d’analyse de la concentration de plomb et de certains autres métaux est la spectroscopie d’absorption atomique (SAA). Cette méthode permet d’atteindre des limites de détection inférieures à 1 µg/l. Étant donné la complexité d’exécution de cette méthode ainsi que le coût des analyses, certains laboratoires préfèrent la spectroscopie d’émission atomique par plasma à couplage inductif (SEA-ICAP). Cette technique plus rapide et moins coûteuse est également privilégiée lorsque l’analyse de plusieurs métaux est requise. Sa limite de détection va de 1 à 2 µg/l. Comme ces deux méthodes d’analyse doivent être exécutées en laboratoire, plusieurs manufacturiers d’instrumentation électro-analytique ont saisi l’occasion de développer des technologies qui permettraient aux superviseurs de traitement d’eau d’effectuer des analyses sur place. Les électrodes à ions sélectifs ont été envisagées, mais comme celles-ci n’offrent pas un seuil de détection assez bas en fonction de la CMA réglementaire, elles ont été écartées. L’option qui a été approuvée par l’Agence de protection environnementale américaine (USEPA) est la technologie voltamétrique avec une gamme de lecture de 2 à 100 µg/l. Cet instrument permet des analyses ponctuelles sur place qui donnent une indication de la concentration de plomb. Le MDDEP ne reconnaît cependant pas cette technologie comme assez précise pour la production officielle de données rapportées dans le cadre d’un suivi réglementaire. D’ici à ce que d’autres technologies soient développées et approuvées, les analyses effectuées par un laboratoire agréé demeurent les seules jugées valides et sécuritaires pour la mesure du plomb. Grâce aux réglementations de plus en plus strictes et à la conscientisation des entrepreneurs sur les dangers des soudures au plomb et d’autres accessoires contenant du plomb, la diminution de ce métal dans l’eau est imminente… pour le plus grand bonheur des consommateurs d’eau potable ! ■
24
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
CA R B O R E S P O N S A B LE
LUTTE AUX CHANG E M E NTS CLI MATIQU ES : ÇA BOUGE AU QUÉBEC !
Manon Laporte Présidente-directrice générale Enviro-accès inc. m l a p o r t e @ e n v i ro a c c e s s . c a
L
es municipalités et les organisateurs d’événements publics ont un rôle majeur à jouer dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils ont une grande influence et peuvent avoir un impact considérable sur la population. Plusieurs l’ont compris et agissent. LE MILIEU MUNICIPAL ET LA RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE Après la Banque Nationale, qui devenait la première organisation à obtenir l’attestation CarboresponsableMC d’Enviro-accès en février dernier, huit villes et municipalités du Québec ont reçu cette reconnaissance lors des assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec qui se tenaient le 10 mai au Palais des congrès de Montréal, soit Asbestos, Coaticook, Cowansville, Lac-Mégantic, Magog, Saint-Denis-de-Brompton, Sherbrooke et Waterloo. En plus d’avoir réalisé un inventaire de leurs émissions de GES, les actions entreprises par celles-ci pour les réduire sont nombreuses et variées. À titre d’exemple, mentionnons : • le remplacement progressif de l’éclairage public par des lampadaires à technologie DEL à la Ville d’Asbestos; • le remplacement des véhicules en fin de vie par des véhicules moins énergivores à Coaticook; • la gestion responsable de l’eau potable à Cowansville; • le captage et la valorisation du biogaz émis par le site d’enfouissement sanitaire fermé en 2008 à Lac-Mégantic; • la distribution de bacs bruns à Magog; • l’utilisation d’un véhicule électrique à Saint-Denis-de-Brompton; • la mise en place d’un plan de mobilité active à Sherbrooke; • et, finalement, la mise à disposition d’un transport adapté et collectif à Waterloo. Plus de 300 actions visant la réduction des GES sont actuellement en cours ou prévus dans le milieu municipal. Chacune de ces actions contribuera de façon très concrète à l’atteinte des objectifs fixés par le gouvernement du Québec qui, d’ailleurs, encourage les municipalités à développer leur propre plan d’action en les appuyant financièrement, au moyen du programme Climat municipalités. La reconnaissance des efforts investis par certaines municipalités dans la gestion proactive de leurs GES ne peut qu’encourager l’ensemble des organisations municipales du Québec et du Canada à leur emboîter le pas étant donné la prise de conscience grandissante des citoyens à l’échelle du pays en matière d’environnement et de GES; ces citoyens souhaitent maintenant voir leurs élus et les gestionnaires publics contribuer concrètement à la lutte aux changements climatiques. Une bonne façon de stimuler la mise en œuvre d’actions de réduction des émissions est de faire le calcul des retombées économiques qui leur sont associées. Bien que certaines actions requièrent une dépense initiale importante, les retours sur l’investissement demandent, en moyenne, deux ans. D’autres actions ont des retours à plus long terme, mais ne nécessitent que très peu d’argent et sont souvent associées à des efforts de sensibilisation. Toutes les villes qui ont été attestées ont accepté de partager la liste complète des actions en cours et prévues pour les cinq prochaines années. Ces listes
d’actions sont disponibles et peuvent être consultées sur le site Internet d’Enviro-accès : www.enviroaccess.ca. VOLET ÉVÉNEMENT : LES ORGANISATEURS DES JEUX DU CANADA 2013 S’IMPLIQUENT L’attestation CarboresponsableMC s’adresse aux entreprises privées comme aux institutions financières, aux institutions d’enseignement et autres organisations publiques. De plus, un nouveau volet s’est ajouté afin de répondre à la demande des organisateurs d’événements qui souhaitent également afficher leur volonté de réduire leur empreinte environnementale, et en particulier les émissions de GES générées par l’organisation et la tenue de leurs événements. Les organisateurs des Jeux du Canada 2013, qui se tiendront à Sherbrooke du 2 au 17 août 2013, ont décidé de collaborer afin que les méthodologies et les exigences soient adaptées au contexte particulier des événements. La norme ISO 14064 partie 1, qui sert de référence pour réaliser l’inventaire des émissions de GES d’une organisation, a servi d’inspiration, mais certaines sources d’émissions doivent s’ajouter pour tenir compte du fait que les organisateurs d’événements ne sont pas propriétaires des installations et des véhicules utilisés. Les sources d’émissions qu’il a été convenu d’inclure, lorsqu’elles sont applicables, sont les suivantes :
• véhicules appartenant à l’organisateur de l’événement; • véhicules loués par l’organisateur de l’événement; • déplacements des employés de l’organisateur de l’événement dans le cadre de leurs fonctions; • autobus urbains utilisés dans le cadre de l’événement; • autobus nolisés utilisés dans le cadre de l’événement; • tout autre véhicule routier, marin ou hors route utilisé par les employés de l’organisateur de l’événement; • tout service sur lequel l’organisateur de l’événement exerce un contrôle (ex. : transport des matières résiduelles, services de sécurité, etc.); • équipements supplémentaires ajoutés aux sites sous le contrôle de l’organisateur de l’événement (ex. : génératrices); • consommation de combustibles fossiles des bâtiments et des sites extérieurs utilisés par l’organisateur de l’événement; • consommation d’électricité des bâtiments et des sites extérieurs utilisés par l’organisateur de l’événement; • système de climatisation des véhicules appartenant à l’organisateur de l’événement; • système de climatisation des véhicules loués par l’organisateur de l’événement; • système de climatisation des véhicules utilisés par les soustraitants de l’organisateur de l’événement; • système de climatisation et de réfrigération des bâtiments utilisés par l’organisateur de l’événement. En plus de comptabiliser toutes ces émissions, les organisateurs des Jeux du Canada ont entrepris plusieurs actions dans le secteur de l’énergie afin d’en réduire la consommation et de favoriser l’utilisation d’énergie en provenance de sources renouvelables. Dans le domaine du transport, des actions concrètes sont prévues afin de sensibiliser et d’inciter les employés et les bénévoles à utiliser des modes de transport durable comme le transport en commun, la marche et le vélo. De plus, ils ont choisi de compenser leurs émissions en achetant des crédits carbone. Le rayonnement et la portée canadienne de cet événement de même que l’engagement des huit premières municipalités contribueront à faire reconnaître encore davantage le leadership du Québec en matière de réductions des émissions de GES. ■
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
25
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
PORTRAIT-ROBOT DE LA MAI N-D’Œ UVRE DE L’I N DUSTRI E DE L’E NVI RON N E M E NT besoins, les entreprises doivent s’appuyer sur la formation et le développement des compétences, facteurs nécessaires à l’assimilation des changements occasionnés par la croissance du secteur environnemental.
Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg
T
ous les quatre ans, nous dressons un portrait-robot de la main-d’œuvre de l’industrie de l’environnement. Ce portrait permet de dégager des tendances, des éléments communs, des problèmes vécus par l’ensemble de l’industrie de l’environnement. Cet instantané de l’industrie offre la possibilité d’anticiper les changements, de poser les bonnes actions et de prendre les décisions stratégiques qui permettront aux entreprises du secteur de l’environnement de demeurer concurrentielles, productives et innovatrices dans leurs champs d’action propres. Il est à noter que le domaine de la gestion des ressources humaines est fortement lié à la compétitivité et à la survie des entreprises. Afin d’appréhender l’ensemble des problèmes, des constats ont été établis tant pour l’industrie que pour la main-d’œuvre et sa formation. La filière de l’environnement est en pleine croissance. Les consommateurs réclament des produits écoresponsables, les entreprises tentent d’afficher des tendances toujours plus vertes et la main-d’œuvre est de plus en plus sensibilisée à la cause. Tous ces éléments font en sorte que l’industrie de l’environnement, qui intervient désormais dans la plupart des secteurs économiques du Québec, connaît une expansion verticale et horizontale importante depuis quelques années. Pour pouvoir répondre aux nouveaux
26
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
Plus de la moitié des entreprises sondées sont actives dans trois secteurs, soit celui de la conception, de la recherche et des servicesconseils (60,4 %), des services-conseils et laboratoires (51,9 %) et de l’eau (51,3 %). Les matières résiduelles et dangereuses (44,8 %) et les sols (44,2 %) constituent également des secteurs d’activité relativement présents. Les principales centrales syndicales (FTQ, CSN, CSD et Teamsters) sont présentes dans le secteur de l’environnement. Après la conduite d’entrevues individuelles et de groupes de discussion, les principales tendances que l’on peut dégager sont : • • • • • •
une population de plus en plus sensibilisée à l’environnement; les changements technologiques; l’avènement des technologies propres; la certification LEED; l’efficacité énergétique; les énergies renouvelables : éolien, biomasse et géothermie.
Les entreprises générant un chiffre d’affaires supérieur à 5 M$ sont principalement des entreprises embauchant plus de 50 employés tandis que les entreprises générant moins de 1 M$ sont constituées essentiellement d’entreprises de 10 employés ou moins. Sur le plan stratégique, l’acquisition d’entreprises est la principale action réalisée par les entreprises au cours des trois dernières années, suivie d’une fusion avec une autre entreprise et du rachat par une autre entreprise. La moitié des entreprises exportent leurs produits ou leurs services.
Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc
P O R T R A I T- R O B O T D E L A M A I N - D ’ Œ U V R E D E L’ I N D U S T R I E D E L’ E N V I R O N N E M E N T
Généralement, les entreprises vont exporter des services-conseils et des services liés au traitement de l’eau. Les entreprises du secteur de l’environnement sont soumises à plusieurs lois et règlements. Le cadre réglementaire de l’industrie de l’environnement est très complexe. Il évolue rapidement et les entreprises du secteur se doivent d’être constamment à l’affût des changements quant à la réglementation. En 2010, on comptait près de 4 014 entreprises. Le nombre d’employés est estimé à 57 200 en 2006 et à 60 600 en 2012. La région métropolitaine de Montréal (Montréal, Laval, Laurentides et Lanaudière) et la Montérégie englobent respectivement 40,1 % et 19,7 % des établissements du secteur, suivies de la Capitale-Nationale (12,3 %). Selon les entreprises rencontrées en entrevues individuelles et en groupes de discussion, les principales difficultés vécues en matière de gestion des ressources humaines (GRH) sont : • • • • • •
l’attraction de la main-d’œuvre dans le secteur de l’environnement; l’attraction et la rareté de la main-d’œuvre qualifiée en région; la rétention de la main-d’œuvre qualifiée; les compétences des jeunes diplômés; le manque de candidats qualifiés; les différences de valeurs entre la génération Y et les générations plus âgées; • la rapidité des changements juridiques, réglementaires et technologiques; • le transfert des connaissances.
LES FAIBLESSES, CONTRAINTES ET MENACES • Le recrutement du personnel, le manque de candidats avec expérience et le manque de candidats qualifiés constituent les trois principales difficultés en matière de GRH jugées assez ou très importantes par les entreprises sondées.
28
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
• Les entreprises interrogées ont, de façon générale, de la difficulté à évaluer leurs besoins futurs (au cours des cinq prochaines années) en termes de main-d’œuvre pour les professions liées au secteur de l’environnement. • Sur le plan de la gestion des ressources humaines, le programme ou la politique de gestion de la diversité culturelle constitue la politique la moins utilisée (24,7 %). • Trois autres pratiques en matière de GRH sont utilisées par moins de 50 % des entreprises sondées : - politique de développement durable; - programme visant le transfert de connaissances; - comité de travail interne sur l’organisation du travail. • Majoritairement, les emplois sont occupés par des hommes (entre 76 % et 89 % de la main-d’œuvre selon le secteur) et l’âge se situe sous la moyenne d’âge québécoise. Parmi les 25 professions analysées, le chargé de projets environnementaux est la profession la plus commune au sein des entreprises interrogées. Quatre autres professions sont relativement présentes bien qu’en moindre proportion : coordonnateur en gestion environnementale, opérateur et technicien en assainissement et traitement de l’eau (potable et usée), conseiller en prévention et mesures d’urgence et technicien de laboratoire de services. De toutes ces statistiques, ces chiffres et ces grandes tendances, on peut dégager des occasions d’amélioration et de croissance. Les défis de main-d’œuvre sont nombreux et nous n’en sommes qu’au début. Ce diagnostic peut devenir un outil d’amélioration continue et une source d’innovations en matière de main-d’œuvre et de développement des compétences. Pour voir et comprendre tous les chiffres, visitez la section Publications de notre site Internet. ■
LES AMIS DE SOURCE
LES
BONTSS AC
CONT
5 Secteurs : Assainissement des eaux usées, Infrastructures, Environnement, Services techniques et Urbanisme & aménagement. 1 800-563-2005 / www.avizo.ca Situées à Sherbrooke / Drummondville / Laval / Granby
SUIVEZ-NOUS SUR TWITTER
@dansmonsoussol
Une initiative
MAYA.cc
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
29
www.dansmonsoussol.tv Du nouveau pour L’enVert du décor. Les courtes nouvelles sont maintenant produites sous forme de capsules vidéo. Vous pouvez les visionner en naviguant sur www.dansmonsoussol.tv ou simplement en utilisant ce code QR. du décor
30
Si, vous aussi, vous voulez annoncer un bon coup, un nouveau produit, un nouveau service, une nomination, un événement ou une bonne nouvelle, rien de plus facile : rendez-vous à nos studios et placez-vous à votre tour entre notre lentille et notre mur vert ! Contactez-nous en écrivant à info@maya.cc.
Le Conseil des entreprises en services environnementaux (CESE) organise des petits déjeuners-conférences plusieurs fois par année. Il s’agit là d’une merveilleuse occasion de réseauter avec les principaux décideurs de l’industrie. Consultez le site Internet du CESE afin de connaître les prochains rendez-vous.
Solide, léger et modulable, les meubles Kübbii sont faits de carton recyclé. Offert dans un vaste choix de couleurs, les modules peuvent être personnalisés afin d’exprimer votre style, vos idées ou vos messages. Vous pourrez ainsi donner vie à un environnement à votre image et tout simplement unique en son genre. En somme, de par son originalité, l’entreprise québécoise Kübbii réinvente le mobilier !
Chaque année, la Fondation québécoise en environnement (FQE) organise son trad itionnel souper de homards. Cette année, l’événement avait lieu au magnifique Marché Bonsecours à Montréal, au grand plaisir des participants. De plus, la FQE s’est assuré les services de la firme Takt-etik afin de rendre l’événement écoresponsable. Une complète réussite !
Rencontré à l’occasion de la « pelletée de verre » officielle de l’usine de micronisation du verre de Tricentris, le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a salué les efforts de Tricentris dans sa démarche de valorisation du verre. Il en a profité pour préciser que l’instauration d’une consigne sur le verre ne fait pas partie de ses priorités.
Le vendredi 10 mai dernier se tenait la première « pelletée de verre » officielle de l’usine de micronisation du verre de Tricentris. Plusieurs notables se sont rendus sur place afin de souligner l’événement. Selon les prévisions, l’usine devrait être mise en service cet automne. Une bien bonne nouvelle pour l’industrie !
Pedro Rodriguez nous présente le nouveau conseiller en économie circulaire de l’entreprise Second Cycle. Le rôle de Julien Garcia au sein de l’entreprise est de trouver des débouchés à vos matières résiduelles. Contactez-le, il donnera une seconde vie à vos matières en plus de vous en débarrasser !
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 9 NO 1 ÉTÉ/AUTOMNE 2013
of Excel len ears Y ce 40
1973
2013
Le Muffin Monster, produit breveté, a établi de nouvelles normes en matière de performance et de fiabilité grâce à plusieurs décennies d'avancées technologiques. Ces broyeurs robustes déchiquettent toute matière susceptible d'entraver le bon fonctionnement de votre système. Les fonctionnalités éprouvées du Muffin Monster apportent aujourd'hui des solutions aux exigences sans cesse croissantes de ce secteur d'activité.
Traitement des eaux et des résidus organiques Water and Organic Waste Treatment Tratamiento de aguas y residuos orgánicos
2021, rue Halpern Saint-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. : (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775 Courriel : info@mabarex.com