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FACE DES PFAS

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PERFLUORÉS

PERFLUORÉS

Pendant que nous respirons et buvons des nanoparticules chimiques quasi indestructibles, il pleut du plastique… Un nouveau roman de science-fiction tiré par les cheveux?

Dans un article récent du magazine européen UP’1, lequel citait les résultats d’une recherche scientifique de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, on apprenait que près de 5 000 particules de microplastiques se déposent chaque jour, en moyenne, sur chaque mètre carré des toitures de la ville d’Auckland, par la brume ou par des averses. Il pleut du plastique, que je vous disais…

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Par ailleurs, il y a quelques années, une étude de l’Université McGill s’est intéressée à une pratique pas aussi innocente qu’elle en a l’air : celle de manger de la neige2. Parce que la neige, aussi immaculée soit-elle, capture quantité de polluants présents dans l’atmosphère et tous les autres types de particules, dont des bactéries, des poussières et des PFAS. C’est pourquoi il est fortement recommandé de ne pas en manger. Avouez que vous aussi, vous pensez à votre prochaine visite à la cabane à sucre. Vous régalerez-vous de sa succulente tire d’érable sur la neige?

Avec un grand verre d’eau, tout passe, me direz-vous ? Pas si vite… Tout comme l’air que l’on respire et le sol d’où sortent nos fruits et légumes, l’eau, même potable, contient des PFAS, ces satanés combinés chimiques qui se retrouvent dans l’environnement pour l’éternité après une vie manufacturière, industrielle ou domestique souvent de courte durée.

Certaines de ces substances sont maintenant reconnues en tant que polluants persistants, voire éternels et

Conséquemment, de plus en plus de réglementations à travers le monde tentent de limiter les dégâts. Pendant ce temps, des PFAS maintenant interdits par des lois, à cause de leur perniciosité, sont remplacés par de nouvelles substances à la dangerosité encore méconnue. Il faut admettre que l’industrie de la chimie a toujours une longueur d’avance sur les restrictions et les interdictions légales.

Réglementer et interdire

Les PFAS sont donc des substances déclinées en des milliers de molécules différentes, dont l’industrie chimique ne cesse de renouveler l’offre et que le secteur manufacturier utilise dans de nombreux produits du quotidien — en fait, dans plus de 200 produits différents. Extrêmement persistants, voire quasiment indestructibles, les PFAS contaminent l’environnement, les populations et les organismes vivants. Nous respirons de l’air, nous respirons aussi des PFAS. Nous buvons de l’eau, nous buvons aussi des PFAS… Notons que même si la problématique des PFAS n’a pas de frontières, on peut s’interroger sur l’état de la situation au Québec.

Un indice : dans le lait maternel des bélugas du Saint-Laurent, on trouve beaucoup de PFAS. Faut-il s’étonner que ces mammifères marins voient la plupart de leurs bébés mourir dès la naissance et qu’en conséquence, cette espèce éprouve de la difficulté à maintenir une population décente, qui la sauverait d’une extinction ?

L’élimination des PFAS des objets du quotidien peut s’avérer compliquée. Néanmoins, cette démarche est absolument primordiale du fait de la persistance de ces forever chemicals (traduit maladroitement en français par « polluants éternels ») et de leurs graves effets sur la santé humaine et l’environnement.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Dans notre reportage principal sur les PFAS, deux experts, Jean Paquin et Charles Leclerc, nous brossent un portrait de la situation québécoise relativement aux PFAS, en soulignant la difficulté de les réglementer, mais en insistant sur le fait qu’il serait plus efficace d’interdire à la source la création de tels produits que d’en interdire l’usage un à un.

D’autre part, en page 24, notre chroniqueur Me Thibaud Daoust nous fait part de la faiblesse de la réglementation canadienne concernant l’usage des PFAS, tout en se demandant si ces normes, bien que très récentes, sont toujours d’actualité, alors que les recommandations de l’Environmental Protection Agency des ÉtatsUnis, adoptées cet été, sont 10 000 fois plus strictes que celles du gouvernement canadien.

C’est donc dire que pour l’instant, nos efforts visant à les enrayer sont insuffisants. Bien que les risques pour l’humain et la biodiversité soient bien réels, en ne mettant pas en place les actions justes, c’est comme si nous avions décidé de jouer à pile ou face avec la vie. Un pari que nous avons bien peu de chances de gagner. n https://up-magazine.info/planete/pollutions/110385-il-pleut-du-plastique https://www.maxisciences.com/neige/manger-de-la-neige-est-ce-dangereux_art37230.html

1 Aget, A. (2022). Il pleut du plastique. Up’.

2 (s. a.). (2016). Manger de la neige, est-ce dangereux ? Gentside.

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