HIVER 2012, vol. 7 no 3
Le magazine de l’eau au Québec
ENTREVUE avec
Pierre
Payment L’importance
Convention de la poste-publications no 41122591
du partage des connaissances
C’est l’hiver, on gèle deboues !
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Neige en hiver… déversement au printemps ?
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La biométhanisation des boues municipales : un procédé plus que jamais d’actualité
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www.magazinesource.cc
tête-à-tête 8
« Entre 25 et 35 % des maladies gastro-intestinales étaient attribuables à l’eau potable. L’eau qui a été testée dans ces études correspondait aux normes de qualité du temps. Quand j’ai commencé à travailler sur le sujet, mon hypothèse était que moins de 5 % des maladies de ce type étaient causées par des virus se retrouvant dans l’eau potable. Les résultats se situaient donc bien au-delà des projections. Les investisseurs ont fortement réagi, bien sûr. C’est ce qui explique qu’il y a eu deux études ; personne n’arrivait à croire ce que nous avancions. » — Pierre Payment
SOMMAIRE
chroniques 18 20 23
EAUX USÉES
C’EST L’H IVER, O N GÈLE D E BOUES ! SUR LE RADAR
N EI G E EN H IVER… DÉVERSEM ENT AU PRI NTEM PS ? INSTRUMENTATION
M ESU RE D ES N ITR ATES-N ITRITES TECHNOLOGIE
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G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S L E S A M I S D E S O U R C E LES
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BONTSS 33 AC
CONT
L’ E N V E R S D U D É C O R
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L A BI O MÉTHAN ISATI O N D ES BO U ES M U N I CI PALES : U N PRO CÉDÉ PLUS Q U E JAMAIS D’ACTUALITÉ
Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : John Cigana Marc-André Desjardins Dominique Dodier France Gauvreau Françoise Petitpain-Perrin
Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Photos de la page couverture et de l’Entrevue : Sébastien Arbour www.arbourphoto.com Révision linguistique : Annie Talbot
Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc
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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 3 HIVER 2012
© Tous droits réservés. D r o i t s d ’ a u t e u r e t d r o i t s d e r e p r o d u c t i o n : t o u t e d e m a n d e d e r e p r o d u c t i o n d o i t ê t r e a ch e m i n é e à M AYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOU R CE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.
HIVER 2011, vol. 7 no 3
Le magazine de l’eau au Québec
adumouchel@maya.cc
ĂŠditorial
Pour une façon diffÊrente de partager les connaissances
AndrĂŠ Dumouchel
Partage des connaissances Je connais le docteur Payment depuis des annÊes. Il a d’ailleurs signÊ plusieurs chroniques dans ces pages au fil des ans et je suis certain que plusieurs d’entre vous ont apprÊciÊ sa façon habile de vulgariser et de dÊdramatiser ce que bien d’autres scientifiques s’Êvertuent à monter en Êpingle pour le plus grand plaisir des mÊdias d’information gÊnÊralistes en mal de nouvelles sensationnalistes.
Or, cette sommitÊ de la santÊ publique tirera bientôt sa rÊvÊrence. Calme, prÊparÊ et serein, il a l’intention de tourner complètement la page sur un pan entier de sa vie. PassionnÊ de la nature et de civilisations anciennes, il a l’intention de s’y consacrer. Jusque-là , rien de particulier, me direz-vous ; le QuÊbec foisonne de baby-boomers partis à la retraite trop tôt. Mais là oÚ j’y vois un grave problème, c’est en ce qui concerne le transfert des connaissances. De son propre aveu, Pierre Payment, qui a œuvrÊ dans le milieu pendant plus de 40 ans, a amassÊ une somme colossale de donnÊes et de statistiques dans son laboratoire qui, rappelons-le, fermera en même temps qu’il franchira les portes de l’Institut Armand-Frappier pour la dernière fois en tant que salariÊ. Lorsque je lui ai demandÊ ce qu’il adviendra de ces donnÊes si prÊcieuses, il m’a dit le plus calmement du monde qu’elles se retrouveraient au recyclage. Cette situation me dÊsole et me frustre. Comment se fait-il que, dans une sociÊtÊ dite avancÊe en termes de communications, des mesures ne soient pas mises en place pour s’assurer que ce savoir si chèrement acquis soit transfÊrÊ à ceux qui prendront la relève ? Notre sociÊtÊ a-telle vraiment le luxe de sans cesse recommencer à zÊro ? Bien sÝr, ce n’est pas la fin du monde. Il me semble cependant que nous avons le
devoir d’assurer le transfert des connaissances, que ce soit dans des cas comme celui-ci ou en entreprise, comme le souligne habilement notre chroniqueuse Dominique Dodier, ou encore simplement dans la vie de tous les jours avec nos aĂŽnĂŠs. Ce qui est vieux n’est pas nĂŠcessairement inutile, bien au contraire. En attendant, je tiens Ă souhaiter Ă Pierre une belle retraite, en espĂŠrant qu’elle sera active et qu’il ne passera pas son temps au soussol Ă regarder Deux filles le matin‌ Nouvelle TV Parlant de tĂŠlĂŠ et de sous-sol, pour ĂŞtre en lien avec la nouvelle tendance en communication, nous avons dĂŠcidĂŠ de lancer un tout nouveau site Internet de webtĂŠlĂŠ dĂŠdiĂŠ au dĂŠveloppement durable. Sans prĂŠtention et de façon très crĂŠative, le site Dans mon sous-sol proposera une panoplie de clips regroupĂŠs par thĂŠmatique touchant l’industrie de l’environnement. La gestion de l’eau ne sera pas en reste avec la sĂŠrie Le monde de petit Tom. Mettant en vedette des spĂŠcialistes de l’industrie, ils traiteront de thèmes aussi variĂŠs qu’intĂŠressants sous forme d’Êditoriaux ou d’anecdotes. Certains rĂŠagiront aux propos alors que d’autres se rĂŠgaleront de la folie de notre mise en scène. Une chose est certaine, les clips ne laisseront personne indiffĂŠrent ! Bien des gens ont dĂŠjĂ manifestĂŠ leur enthousiasme Ă grossir les rangs de cette webtĂŠlĂŠ oĂš le rire, le plaisir et l’information se cĂ´toieront de façon quelquefois irrĂŠvĂŠrencieuse, mais jamais mĂŠchante ! Du nouveau contenu vidĂŠo s’ajoutera de semaine en semaine afin de stimuler notre industrie. Le lancement officiel du site www.dansmonsoussol.tv se fera Ă l’occasion du Salon des technologies environnementales du QuĂŠbec les 13 et 14 mars prochains. Nous y aurons d’ailleurs un stand. Venez nous y saluer ! â–
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Le magazine de l’eau au QuÊbec SOURCE VOL. 7 NO 3 HIVER 2012
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Entrevue réalisée par André Dumouchel
SCIENTIFIQUE DE RENOM, PIERRE PAYMENT S’EST FORGÉ UNE RÉPUTATION ENVIABLE DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ PUBLIQUE. MÉTHODIQUE ET TRÈS RIGOUREUX, IL A DÉVELOPPÉ UNE EXPERTISE TOUTE PARTICULIÈRE LIÉE À LA MICROBIOLOGIE DE L’ENVIRONNEMENT. SES TRAVAUX DE RECHERCHE ONT FAIT DE LUI LA RÉFÉRENCE EN MATIÈRE DE MICROORGANISMES PATHOGÈNES DANS LES EAUX POTABLES ET USÉES.
À L’AUBE DE LA RETRAITE, LE DR PAYMENT EST SEREIN. I L QUITTERA SON POSTE À L’I NSTITUT ARMAND -FRAPPIER DANS QUELQUES SEMAINES POUR SE CONSACRER À SA PASSION DE TOUJOURS QU’EST LA NATURE.
COMMENT CES INTÉRÊTS DE RECHERCHE ONT-ILS PRIS FORME ? QUE PENSE-T-IL DU RÔLE DES SCIENTIFIQUES ? QUE RÉPOND -T-IL AU DISCOURS ALARMISTE DE CERTAINS DE SES CONFRÈRES ?
LE MAGAZINE POUR VOUS.
SOURCE L’A RENCONTRÉ
À quel endroit avez-vous grandi ? Je suis né dans le quartier Hochelaga, mais mon père a acheté une maison à Ahuntsic dans les années 1950, quand j’avais deux ans. J’étais l’aîné d’une famille de six enfants. Devant la maison, il y avait le domaine Saint-Sulpice. Pour moi, c’était la nature; je partais m’y promener, j’étais fasciné par tout ce que j’y voyais : des mantes religieuses, des couleuvres... J’aimais les insectes et les plantes.
Pierre
Payment L’importance du partage des connaissances
À quel âge avez-vous commencé à vous intéresser vraiment à la nature ? Je ne saurais pas dire à quel âge exactement, mais j’étais encore au primaire. Enfant, j’étais plutôt ermite. Je lisais beaucoup, j’aimais particulièrement les livres de sciences et je dévorais les encyclopédies. Au Collège Saint-Ignace, où j’ai fait mon cours classique, j'ai fait partie du cercle des Jeunes Naturalistes. Ça m’a donné l’occasion de toucher un peu à tout, de découvrir l’ensemble des sciences naturelles. Y avait-il dans votre famille des gens qui cultivaient un grand intérêt pour la nature ? Non, pas vraiment. Mon père a été employé des postes tandis que ma mère avait mis fin à ses études en cinquième année; c’étaient des gens intelligents qui nous ont laissés faire des études. Sur l’île de Montréal, on sélectionnait les premiers de classe dans les écoles catholiques primaires et on les envoyait faire des tests d’intelligence. À partir de cette sélection, on formait des classes et on nous permettait d’aller suivre le cours classique en milieu laïc à peu de frais. Imaginez, 30 premiers de classes ensemble ! J’étais plus près du cancre que du génie dans cette nouvelle configuration. Était-ce frustrant pour vous ? Oui, bien sûr. Il faut dire que j’arrivais à de très bons résultats dans les cours qui m'intéressaient, mais j’étais incapable de fournir l’effort nécessaire dans les autres domaines. Heureusement, au fil du cheminement, il y avait de plus en plus de sciences au programme et j’ai pu augmenter ma moyenne. Puis, à la fin de mon cours classique, je suis devenu biologiste au parc du Mont-Tremblant. Nous étions trois biologistes; nous
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arrivions en mai, avec les brûlots, les maringouins et les mouches noires, alors qu’il y avait encore de la neige. Nous devions répertorier, inventorier la faune et la flore du parc pendant l’été, ce que j’ai fait pendant deux ans. Et pourquoi n’avez-vous pas continué à œuvrer dans cette discipline ? J’arrivais au bac et je m’orientais en sciences biologiques avec l’intention de devenir entomologiste. Puis, j’ai décroché un emploi d’été chez un parasitologue. C’est là que j’ai appris à travailler avec encore plus petit, soit le microscopique. J’ai continué ce travail à temps partiel pendant trois ans tout en poursuivant mes études. Où avez-vous fait vos études ? À l’Université de Montréal. Il y avait aussi des docteurs qui travaillaient sur des virus humains, parmi eux le Dr Pavilanis, qui m’a demandé si je voulais faire une maîtrise. Quand j’ai été invité à travailler ici, à l’Institut Armand-Frappier, mon objectif était de devenir chercheur, mais je n’avais pas de plan clair. Tout est arrivé un peu comme dans un jeu de dominos, une chose en a entraîné une autre, toujours au bon moment. Avec le recul, que pensez-vous du nouveau système d’éducation par rapport au cours classique et au système qui était en place quand vous étiez étudiant ? Je pense que le cours classique était quelque chose de très positif qui s’est perdu. On nous enseignait alors à penser, à agir, sans nous bourrer le crâne. Aujourd’hui, on remarque qu’il y a souvent un manque de culture générale, ce qui donne à l’étudiant une vision réduite du monde. En voulant éduquer le plus grand nombre à l’université, le système fait en sorte qu’il y a parfois des gens qui ne sont pas à leur place dans leur domaine d’études. Par exemple, il faut avoir de la dextérité, de l’agilité pour travailler dans un laboratoire. Pour les tester, je demande parfois à des étudiants de visser et dévisser 20 fois une vis dans un boulon. Ça me donne une bonne idée de leur capacité à cet égard. Or, ça ne suffit pas; il faut encore être capable de réflexion scientifique. Avec le système actuel, on peut réussir avec des notes de 60 % comme de 90 % et obtenir au bout du compte le même diplôme. Ça donne forcément des équipes de chercheurs de niveaux différents, alors que l’ancien système avait tendance à ne garder que les meilleurs. Que pensez-vous de la vulgarisation et de la démocratisation de la science ? Avec Internet, on assiste à une érosion, à une dégradation continue de la qualité de l’information scientifique. Il y a des articles dont on se demande comment ils ont pu être publiés tellement le contenu est fantaisiste ! Mais ce n’est pas étonnant; même les réviseurs abaissent leurs exigences. C’est presque de la shot gun research. C’est difficile d’y retrouver la bonne science et les articles de qualité. Que suggérez-vous pour remettre un peu d’ordre et de sérieux dans le monde scientifique ? C’est difficile de renverser cette tendance parce que c’est tout le système universitaire qui tend à se dégrader. Il y a de bons professeurs qui sont forcés de faire de la recherche pour pouvoir gagner leur vie décemment, et inversement. Je pense que les bons enseignants devraient pouvoir exercer sans se soucier d’être également chercheurs et que les chercheurs ne devraient pas non plus avoir à enseigner pour boucler leurs fins de mois. On se retrouve avec de mauvais chercheurs et de mauvais professeurs parce que la majorité des gens sont incapables d’assumer aussi bien les deux tâches, celles-ci étant fort différentes bien que complémentaires. On obtiendrait peut-être de meilleurs résultats en faisant comme avant, c’est-à-dire en laissant l’université aux professeurs et les centres de recherche aux chercheurs. Pourquoi n’est-ce plus le cas aujourd’hui ? On a décidé que l’université était l’endroit où devait se faire la recherche. L’objectif était d’augmenter les connaissances en sciences. Le pari, c’était qu’on allait faire plus de découvertes et qu’ainsi la recherche serait mieux financée, que ce soit en pharmacie, en génie, etc. C’est d’ailleurs vrai qu’il s’en fait, mais en même temps on a surchargé les universités avec la recherche. En obligeant le monde de la recherche à fusionner avec le monde universitaire, on crée entre autres un manque de cohésion parmi les équipes de recherche. Une équipe de chercheurs qui se concentre exclusivement sur la recherche, qui a donc un bagage de connaissances et des contacts avec d’autres chercheurs susceptibles de pouvoir l’aider à atteindre son but, c’est précieux. Quelle est la part de l’équipe dans le succès des recherches ? Le succès repose sur la dynamique du groupe. C’est d’ailleurs souvent une lacune. Les carrières sont atomisées et les chercheurs travaillent d’abord à l’évolution de leur carrière. Les scientifiques sont souvent des cavaliers solitaires. Revenons à votre entrée à l’Institut, qui s’appelait à cette époque l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal... Au départ, c’était situé sur la rue Saint-Denis, puis l’Université a déménagé sur la montagne. Le groupe de recherche devenant de plus en plus important, Armand Frappier et Duplessis Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 3 HIVER 2012
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ont alors acheté la terre sur l’île Jésus; le groupe s’y est installé en 1967 parce qu’il y avait les animaux dont il avait besoin. Il y avait alors des écuries, 300 ou 400 moutons, et aussi pendant un certain temps des milliers de singes, quand on travaillait sur le vaccin contre la grippe. Les plus vieux parmi les gens du voisinage se souviennent sûrement qu’une fois des singes s’étaient échappés pendant leur transport à l’Institut et se promenaient dans les arbres ! Donc, en 1970, j’ai intégré un groupe de recherche qui était bien établi et qui faisait du diagnostic virologique humain. Et sur quelle maladie ce groupe travaillait-il ? Quand je suis venu faire ma maîtrise ici, on travaillait sur la rubéole. On devait observer comment ce virus se développait dans les cellules, par microscopie électronique. Quel était l’état des recherches sur la rubéole à ce moment-là à l’échelle internationale ? On commençait à comprendre que c’était un virus qui provoquait des malformations s’il infectait une femme dans les trois premiers mois de la grossesse. Donc, il fallait absolument créer un vaccin ou du moins des tests diagnostiques. Ma maîtrise portait plus particulièrement sur le vaccin, et je l’ai faite en six mois. C’était rapide ! Je dormais parfois ici, travaillant 24 heures en continu. Je devais prélever des échantillons toutes les heures pour analyser le développement du virus. Alors, comment faire autrement ? Ce sont de beaux souvenirs. Avez-vous eu un mentor au cours de votre carrière scientifique ? Oui, Dr Pavilanis , un virologiste lituanien qui avait été engagé par Armand Frappier et qui est arrivé ici dans les années 1950. On dit qu’il est le père de la virologie au Québec. Il est d’ailleurs devenu directeur scientifique. C’est lui qui m’a invité à faire ma maîtrise. J’ai eu une discussion avec lui un jour je lui ai dit : « Je crois que je vais aller faire ma médecine après ma maîtrise. » Il m’a demandé pourquoi. Je lui ai répondu que de cette façon je comprendrais mieux ce que je faisais. Il m’a répondu : « Soyez un bon virologiste et trouvez un bon médecin comme collègue et discutez plutôt ensemble. C’est exceptionnel de trouver quelqu’un qui peut bien faire les deux. » C’est lui aussi qui m’a engagé pour mon doctorat; il m’a envoyé aux États-Unis, et les liens que j’ai créés au Texas m’ont servi toute ma vie. Il savait que je devais aller voir ailleurs pour être un bon chercheur, pour développer des contacts, un réseau. Qu’avez-vous fait au Texas ? Pendant un an, chez le Dr Melnick, j’ai travaillé sur deux sujets : les virus dans le sang et les virus dans l’eau. C’était en 1974. Le seul virus dans le sang qu’on connaissait était l’hépatite B. Aujourd’hui, bien sûr, on connaît le VIH, celui de l’hépatite C et tous les autres. Dr Melnick était un virologiste de renommée internationale, il s’y connaissait bien. Quand je suis revenu à l’Institut, j’ai commencé à travailler sur l’hépatite A. Avec mes collègues, on développait des méthodes de diagnostic en virologie pour les maladies humaines et animales. J’étais un touche-à-tout. Qu’est-ce qui vous faisait vibrer dans tout ça ? La collaboration. On avait de grandes tables et, le matin, nous nous retrouvions une dizaine de virologistes au café : on discutait, on s’échangeait des conseils, et même ceux qui faisaient des mots-croisés dans leur coin avaient l’oreille tendue. C’est souvent dans le cadre de ces Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 3 HIVER 2012
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échanges que prenaient naissance les projets et collaborations sur tel ou tel sujet en particulier. C’était un partage d’idées et une mise en commun des expertises; une grande partie du travail se faisait finalement grâce à cette collaboration. Il y avait des passionnés, des acharnés qui pouvaient mener des réflexions scientifiques en profondeur. Le nom de l’Institut a changé souvent au fil des années... Il est d’abord passé d’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal à l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal. Le mot « université » a été délaissé parce qu’on n’avait plus de liens réels avec elle. Puis, les années 1974-1975 ont vu la création de l’Université du Québec. Nous avons été le premier Institut à y être intégré. Il a fallu à nouveau changer le nom. Étant donné qu’à ce moment-là le Dr Frappier prenait sa retraite, l’Institut a été renommé l’Institut Armand Frappier–Université du Québec en son honneur. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous fixer en virologie alors que vos intérêts étaient si diversifiés au départ ? J’avais fait une demande de fonds au Conseil de recherches médicales pour travailler sur les virus dans le sang, plus précisément les hépatites. Mais tout le monde autour de moi disait qu’il était très difficile d’obtenir des bourses canadiennes pour ce domaine de recherche et qu’il était préférable de lorgner du côté des États-Unis. J’ai donc changé de sujet de recherche pour commencer à travailler sur les virus dans l’eau. Nous avons commencé avec les virus dans l’eau d’égout, sur les plages, les parasites, les bactéries, jusqu’à l’eau potable. Dans les années 1980, on trouvait des virus dans l’eau potable à Pont-Viau, à Montréal... Je me suis mis en quête de savoir si l’eau potable rendait les gens malades; ça m’a pris 10 ou 15 ans de ma carrière. J’ai trouvé de bons épistémologistes avec qui j’ai fait deux études, et j’ai continué à travailler sur les méthodes de détection des parasites en parallèle. Qui a investi pour soutenir ces années de recherche et qui s’est occupé de trouver le financement ? Principalement Santé Canada, USEPA aux États-Unis, La Générale des eaux en France et la fondation de l’American Water Works Association. C’est moi qui ai mené les négociations. Comme dans n’importe quel autre domaine, les investissements sont faits sur la base de l’enchère, en quelque sorte; il suffit qu’une institution commence à financer un projet pour que les autres suivent. Et comme ces recherches concernaient la santé publique, l’intérêt a été suffisant pour soutenir financièrement les recherches. Mais le succès d’une recherche comme celle-là ne repose pas seulement sur l’argent. Beaucoup de gens se sont impliqués, notamment les infirmières qui s’occupaient de faire remplir les questionnaires aux malades qu’on suspectait d’avoir été infectés par l’eau. Et quels ont été les résultats de ces études ? Entre 25 et 35 % des maladies gastro-intestinales étaient attribuables à l’eau
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LEMYSTÈRE MYSTÈRE LE DELA LAPAGE PAGE13 13 DE Vous êtes curieux ? Scannez le code QR à l’aide de votre téléphone intelligent ou rendez-vous sur www.sourcemystere.com
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potable. L’eau qui a été testée dans ces études correspondait aux normes de qualité du temps. Quand j’ai commencé à travailler sur le sujet, mon hypothèse était que moins de 5 % des maladies de ce type étaient causées par des virus se retrouvant dans l’eau potable. Les résultats se situaient donc bien au-delà des projections. Les investisseurs ont fortement réagi, bien sûr. C’est ce qui explique qu’il y a eu deux études ; personne n’arrivait à croire ce que nous avancions. Nous avons observé de plus près ce qui se passait avec les filtres dans les usines de filtration d’eau. Il y avait bel et bien, de temps à autre, des parasites qui réussissaient à déjouer ces barrières, comme le Cryptospridium qui était devenu plus résistant. Nous avons aussi constaté que l’état du réseau n’était pas parfait. C’est donc vers ces deux aspects-là – les filtres et la qualité du réseau – que se sont concentré les efforts et améliorations. À l’heure actuelle, ce taux a été ramené entre 10 et 15 %. Donc, vous ne faites pas partie des scientifiques alarmistes en ce qui concerne les risques d’épidémie ? Non, pas du tout. Je serais alarmiste s’il y avait 200 épidémies par année. On apprend toujours des épidémies, il faut en tirer les leçons. Par exemple, lors d’une épidémie sérieuse avec des milliers de malades comme à Milwaukee, les scientifiques se sont rendu compte qu’ils avaient commis une erreur grave. En l’admettant, on peut faire en sorte qu’elle ne se reproduise plus. Mais il ne faut pas exagérer non plus.
Il se développe en ce moment une tendance qui fait la promotion de la pureté totale de l’eau, et c’est exagéré. Les risques sont toujours présentés de manière alarmiste. Que voulez-vous dire ? Il se développe en ce moment une tendance qui fait la promotion de la pureté totale de l’eau, et c’est exagéré. Les risques sont toujours présentés de manière alarmiste. On n’analyse pas les données en rapport avec d’autres dangers qui nous entourent. Entre janvier et mars, on se retrouve parfois avec 40 %, voire 50 % de la population ayant une gastro entérite. Il s’agit le plus souvent du même microbe que l’on retrouve dans l’eau. En effet, on peut soutenir que certaines personnes pourraient boire de l’eau, attraper la gastro, comme on dit, et en mourir. Mais ça représente un risque au pourcentage infime. Fréquenter une garderie représente un risque d’infection beaucoup plus élevé !
Vous prendrez donc votre retraite en avril. S’agira-t-il d’une vraie retraite ou poursuivrez-vous vos activités scientifiques ? Je vais sûrement continuer à être professeur honoraire pendant un an, car j’ai encore quelques étudiants à suivre. J’ai aussi un projet qui me tient à cœur sur l’analyse de risques, avec le Réseau canadien de l’eau, qui prendra fin en avril. Et en quoi consistait ce projet ? C’est un projet sur quatre ans qui fait la promotion, en quelque sorte, du QMRA (Qualitative Micro Risks Assessment), une méthode de plus en plus utilisée. Il s’agit de présenter le modèle aux scientifiques et de s’assurer de leur compréhension du modèle de risque en vue d’une uniformisation de son usage. Au moment de votre départ à la retraite, que pensez-vous de l’état actuel de la science ? On est passé d’un mouvement lent, persistant, à un mouvement frénétique et sans but. Les temps d’expérimentation et de validation sont de plus en plus courts. C’est l’attrait de la nouveauté qui prime. Il faut toujours suivre la course aux nouveaux modèles en termes de nouvelles technologies. On observe le même phénomène pour l’ensemble des sciences, lesquelles suivent ce mouvement hyperactif aux dépens de la qualité des recherches et des articles. C’est la course à la primeur. Même pour les informations, c’est comme ça ; elles sont diffusées avant d’être validées. Auparavant, quand on voulait publier un article, ça pouvait prendre deux, trois ans avant qu’il soit approuvé, le temps de valider les informations. Une fois publié, il allait nourrir la littérature scientifique. Aujourd’hui, les articles sont approuvés avant même que les expériences ne soient terminées ! En même temps, l’accès à l’information est meilleur que jamais ; c’est l’envers de la même médaille. Il y a beaucoup plus d’informations disponibles, accessibles en un temps record, mais beaucoup moins de révision, de contrôle de la qualité de l’information. Et en général, les gens ont aussi un esprit critique beaucoup moins développé, pourtant essentiel à une bonne lecture des informations. Avez-vous l’intention de devenir consultant pendant votre retraite ? Non, je ne crois pas. Mes amis qui se sont lancés dans cette aventure m’ont tous dit qu’on n’est plus à jour à partir du moment où on arrête de pratiquer, à moins d’avoir les moyens de participer aux congrès, aux grandes réunions. Mais je n’ai pas l’intention de faire ça pendant ma retraite ! Avez-vous des plans précis, des intérêts que vous voudriez développer pendant votre retraite ? Je suis passionné par les fossiles, l’astronomie. Les insectes ? Peut-être que j’y reviendrai, quoique que ma fascination soit moins grande maintenant. Je suis aussi très intéressé par l’égyptologie, les vieilles civilisations, la manière dont les hommes vivaient à d’autres époques. Je crois que j’irai visiter les grands sites fossilifères en Gaspésie et en Alberta. D’après vous, quels sont les défis liés à la gestion de l’eau au Québec ? Le premier défi est d’appliquer la Politique nationale de l’eau pour favoriser la protection des sources. Puisqu’on sait maintenant d’où viennent les microorganismes qui causent des problèmes de santé publique, il faut agir sans délai. Monsieur Payment, merci beaucoup ■
On LE cuisine pour vous! 14
Combien de langues parlez-vous ? Je parle le français et l’anglais. Et puis un poquito español, mais c’est anecdotique.
Sur une île déserte, quel livre aimeriez-vous lire ? Aucun. Mes intérêts seraient uniquement tournés vers la nature.
Si vous deviez habiter un autre endroit que le Québec… Quelque part en France, possiblement en Normandie.
Est-ce que ce serait différent pour la musique ? Non, pour moi, la nature est ma musique.
Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 7 NO 3 HIVER 2012
Quel est votre artiste préféré en musique ? Je n’ai ni artiste favori ni chanson favorite en particulier. Comme je suis Poisson, je change souvent d’avis sur ce type de questions. Pour moi, c’est en fonction du moment. Mais ces temps-ci, j’aime bien ce que fait Bïa.
On LE cuisine pour vous! Avez-vous un quelconque intérêt pour la politique ? Pas beaucoup. Mon côté scientifique teinte sans aucun doute ma perception. Je trouve que le monde politique actuel fait beaucoup de promesses et réalise peu de projets. J’ai aussi l’impression que la manipulation est très grande et d’une certaine façon, j’en suis un peu dégoûté. Vous considérez-vous de gauche ou de droite ? J’ai fait un test sur le site Internet de Radio-Canada [la Boussole électorale] dernièrement, et malgré plusieurs tentatives, je suis toujours au milieu. Pour moi, la notion gauche/droite ne s’applique pas. Je suis davantage intéressé par les projets auxquels je crois, peu importe le parti politique qui les porte. Éprouvez-vous du respect pour un quelconque politicien actuel ou passé ? Oui, pour Lester B. Pearson. Il fait partie de ces politiciens qui avaient des projets. Vous considérez-vous comme un libre penseur ? Oui, et n’essayez surtout pas de m’influencer ! [Rires.] Que pensez-vous de la tarification de l’eau par le biais de compteurs ? Je n’ai jamais voulu partager publiquement mon opinion sur le sujet, car je crois qu’il me manque trop d’information. Néanmoins, je suis à l’aise de dire que je suis en faveur pourvu que les compteurs soient utilisés à des fins de gestion et non de taxation détournée. Êtes-vous conséquent dans vos actions quotidiennes en matière d’environnement ? J’essaie, mais ça demeure un combat. Si je prends l’exemple de l’arrosage de mes fleures en été, je trouve très difficile de résister à l'envie de les arroser en période de sécheresse alors que j’ai mis trois ans à les faire pousser. Bien sûr, je peux éventuellement me doter d’un baril de pluie, mais quelquefois, au moment où ça arrive, la tentation d’être délinquant est très forte. [Rires.] Buvez-vous l’eau du robinet ? Toujours ! Si vous pouviez retourner en arrière, feriez-vous le même choix de carrière ? Ma carrière s’est jouée comme un jeu de dominos. Je n’ai pas véritablement choisi mon parcours. J’ai eu la chance dans ma vie d’être poussé par des gens dans le sens de ma nature et de ma façon de penser. Avez-vous des regrets sur le plan professionnel ? Oui. J’ai fait confiance à des gens qui m’ont déçu. Mais en même temps, c’est normal parce que la vie est ainsi faite.
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Le jeudi 1er septembre dernier se tenait au Club de golf Glendale de Mirabel la 7e édition du tournoi annuel de votre magazine SOURCE. Les prévisions météorologiques annonçaient une journée ensoleillée et c’est heureusement ce à quoi ont eu droit les participants de cette classique ayant foulé le magnifique parcours Élite du Glendale. Les traditionnels chapelets sur la corde à linge ont assurément fait le travail ! C’est donc avec un soupir de soulagement que les organisateurs ont accueilli les nombreux participants de ce tournoi qui comportait une multitude de concours, dont celui du plus long coup de départ, proposé par un remarquable Oralien ! Par la suite, bières importées et trio jazz attendaient les golfeurs. Ils ont également eu la chance de trouver chaussure à leurs pieds, puisque le cabinet juridique Sodavex commanditait la distribution de superbes chaussures de golf Callaway. La soirée s’est poursuivie avec un succulent repas arrosé de vin et ponctué de nombreux prix de présence de valeur. Les participants ont de plus eu droit à un spectacle décapant du magicien Vincent C.
photos studio Oncle J.
Il est à noter qu’encore une fois, le tournoi s’est déroulé à guichet fermé. La prochaine édition de votre tournoi se tiendra le jeudi 6 septembre 2012. Serez-vous des nôtres ?
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Les sourires étaient au rendez-vous pour accueillir les invités.
Serge Chouinard remarque que le logo de Kemira n’est pas sur l’affiche des commanditaires. Un détail qui peut se régler si facilement…
Les participants ont pu se régaler avec le succulent brunch à volonté… surtout ceux qui en ont plus long à remplir !
L’entreprise Inpak nous présentait son tout nouveau camion sous l’œil avisé de nombreux experts de l’industrie.
Après la visite des Télétubbies l’an dernier, c’était au tour des Oraliens de venir saluer les golfeurs de l’environnement.
Quelle ne fut pas la surprise de cet Oralien de retrouver son frère sur terre.
Marc Larivière a toujours rêvé de porter un tel casque. Il ne pouvait pas rater pareille occasion !
Les golfeurs prenaient beaucoup de temps avant de quitter le trou no 1. Avec un tel accueil, il est facile de comprendre pourquoi.
En fin stratège, Jean-François Bergeron a su choisir les bonnes enveloppes. Il n’a malheureusement rien gagné cette année.
Pour la traditionnelle photo de quatuor, l’équipe de Sodavex a troqué les bâtons pour un sandwich. Une décision savoureuse.
Pour l’équipe de Filtrum, l’important est de suivre la ligne. Ça semble bon… birdie !
Réaliser un superbe coup devant le regard attentif de ses amis et d’un Oralien, ça n’a pas de prix.
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Aucun golfeur n’a osé plonger dans la piscine, ce qui n’a pas empêché le cocktail d’être une grande réussite.
Les participants ont eu la chance de faire du réseautage et de belles rencontres.
… tout ça au son de notre talentueux trio jazz.
Gregory Pratte, au développement des affaires du magazine, avait une grande surprise à offrir aux gens lors de la soirée.
Un GRAND MERCI à nos précieux commanditaires Après avoir réussi à mettre ses jambes derrière la tête, il a mis au défi l’assemblée de l’imiter.
Mais quelles étaient les chances qu’il y ait quelqu’un d’autre capable de le faire… Sachez que l’homme élastique se cache chez Newalta.
Une nouvelle équipe a été sacrée championne du tournoi. Son secret ? Une petite tape sur les fesses pour s’encourager !
L’équipe composée de Philippe Côté, Sébastien Lafontaine, Gary Gagné et Éric Paquin avait fière allure.
Rien de mieux que de chanter Câline de blues d’Offenbach pour casser la voix… ou les oreilles !
… ce qui n’a pas empêché les gens de sourire. Il faut dire que gagner un beau prix offert par IPL, ça aide toujours !
Pour faire réagir la foule, le très talentueux magicien Vincent C. n’a pas hésité à sortir un lapin de son chapeau.
… ni même à se percer la langue avec une broche sous l’œil à la fois amusé et dégoûté de Karine Gaudreau. Magie !
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C’E ST L’H IVER, O N GÈLE D E BOUES !
EAUX USÉES
Marc-André Desjardins ing., Ph.D., vice-président, division Environnement AXOR Experts-Conseils inc. m d e s j a rd i n s @ a x o r . c o m
n a beau parler de changements climatiques et de réchauffement planétaire, l’hiver, il fait froid ! Remarquez que pour les amateurs de sports d’hiver, c’est parfait. Par contre, qu’on aime la saison ou non, les températures froides hivernales apportent leur lot de désagréments et rendent franchement la vie de tous les jours un peu plus compliquée.
Lorsque des boues gèlent, c’est l’eau libre qui gèle en premier lieu. À mesure que la glace se développe, les flocs de boues sont déplacés en avant du front de glace. Lorsque la masse des flocs accumulés devant le front de glace devient trop importante pour être repoussée plus avant, ils sont emprisonnés dans la glace à l’intérieur de petites alvéoles, et le front de glace continue sa progression. Avec le temps, l’eau interstitielle et l’eau de surface contenues dans les flocs emprisonnés finissent par geler. Cette progression de la glace à l’intérieur des alvéoles comprime les flocs et provoque la coagulation des particules. Après le dégel, les différentes fractions d’eau (à l’exception de l’eau liée) se retrouvent sous forme d’eau libre qui se draine facilement.
En contrepartie, l’hiver comporte des attraits, et pas juste pour ses magnifiques paysages. En effet, les températures froides peuvent faciliter la déshydratation des boues en raison de l’effet conditionnant du gel-dégel.
Le conditionnement par gel-dégel est efficace pour tous les types de boues pourvu qu’elles aient complètement gelé. Il modifie irréversiblement leur structure et produit un résidu granulaire hydrophobe et peu odorant.
Le gel-dégel : une méthode de conditionnement des boues
Le cas de Lac-Etchemin
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le gel-dégel conditionne les boues et facilite leur déshydratation aussi bien que l’ajout de polymères. Pour vous en convaincre, prenez un échantillon de boues liquides et mettez-le au congélateur. Une fois les boues complètement gelées, sortez l’échantillon du congélateur et laissezle dégeler à température ambiante. Lorsque l’échantillon sera totalement dégelé, vous observerez une séparation entre les matières solides et l’eau surnageante, exactement comme si vous aviez mis un polymère dans les boues. Selon la nature des boues, le surnageant sera plus ou moins clair, mais la séparation des boues sera bien réelle. Si vous versez ensuite l’échantillon ainsi conditionné dans un entonnoir muni d’un filtre, vous remarquerez que le filtrat se draine facilement, ce qui permet aux boues sur le dessus du filtre de s’assécher.
À Lac-Etchemin, cela fait plus de 15 ans que l’on a recours au gel-dégel pour déshydrater les boues de déphosphatation chimique accumulées dans les étangs. À l’initiative du responsable de la station d’épuration, M. Stéphan Mimault, la municipalité a mis en place en 1994 un lit de séchage conçu pour traiter les boues par gel-dégel. Au lieu de vidanger la totalité des boues accumulées dans les étangs en une ou deux opérations, ce qui aurait nécessité un lit de très grandes dimensions, la municipalité a judicieusement choisi d’étaler les vidanges dans le temps, minimisant ainsi la taille de l’ouvrage dont la surface de filtration est de 450 m2. De 1994 à 2006, la municipalité a procédé sans interruption à la vidange annuelle d’environ 500 m3 de boues chimiques. Les boues, dont la siccité moyenne est de 3,5 %, sont typiquement pompées à l’automne dans le lit de séchage situé à proximité des étangs. Durant l’hiver, la municipalité procède au déneigement de la surface du lit afin d’assurer le gel complet des boues. Au printemps, après le dégel, les boues déshydratées, dont la siccité excède déjà 30 %, sont laissées sur le lit où elles continuent de s’assécher. Les boues sont récupérées seulement à l’automne suivant, ce qui évite que la végétation ne s’installe à la surface du média filtrant. Leur siccité moyenne est alors de plus de 75 %.
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En pratique, pour profiter du gel-dégel naturel, on a généralement recours à un lit de séchage dans lequel les boues sont pompées durant l’automne. Pendant l’hiver, les boues gèlent pour ensuite dégeler au printemps. La majeure partie de l’eau contenue dans les boues s’écoule vers le bas et est évacuée par le réseau de drainage du lit de séchage. Les boues déshydratées continuent de s’assécher par évaporation et peuvent ainsi atteindre des siccités très élevées.
Comment ça marche ? Pour comprendre comment le gel-dégel peut conditionner les boues, il importe de rappeler que les boues sont constituées d’une phase liquide et d’une phase solide : l’eau et les flocs de boues. Les flocs de boues sont formés de particules agglomérées de façon plus ou moins lâche, tandis que l’eau comprend quatre fractions distinctes, définies selon leur lien avec la phase solide : 1. L’eau libre constitue la plus importante partie de la phase liquide. Elle entoure les flocs de boues, mais n’en fait pas partie. 2. L’eau interstitielle est emprisonnée à l’intérieur des flocs de boues. Elle n’est pas liée chimiquement à la phase solide, mais se déplace avec les flocs. 3. L’eau de surface constitue une couche relativement mince autour des particules qui composent les flocs de boues. Cette eau adhère aux particules par des forces de surface.
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4. L’eau liée constitue un film très mince immédiatement à la surface des particules, sous l’eau de surface. Cette eau est liée chimiquement à la phase solide.
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Lac-Etchemin n’est pas la seule municipalité au Québec qui s’est dotée d’un lit de séchage pour déshydrater ses boues d’épuration à l’aide du gel-dégel. D’autres municipalités ont suivi cet exemple avec succès. L’arrivée du GéotubeMD est venue accroître l’éventail des solutions pour la déshydratation des boues d’étangs aérés. Comme cette solution implique le recours à un sac poreux qui permet de contenir les boues liquides, il n’est plus nécessaire de disposer d’un lit de séchage conventionnel (avec digues ou murets), ce qui diminue considérablement les coûts de construction associés. En revanche, il faut conditionner chimiquement les boues pompées dans le GéotubeMD, ce qui n’est pas nécessaire lorsqu’on dispose d’un lit de séchage par gel-dégel. Finalement, si les boues sont déshydratées à l’aide d’un GéotubeMD, il est malgré tout recommandé de leur faire subir un cycle de gel-dégel (à l’intérieur du sac), ce qui permet d’accroître encore leur siccité. Avec toutes ces vertus, une conclusion s’impose : le gel-dégel des boues, c’est cool ! ■
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SUR LE RADAR
N E I G E E N H IVE R… DÉVE R S E M E NT AU PR I NTE M PS ?
John Cigana ing., M.Sc. A. vice-président, Développement des affaires et marketing John Meunier inc. filiale de Veolia Water Solutions & Technologies jcigana@johnmeunier.com
La pureté de la neige mile Nelligan, le plus connu des poètes québécois, de l’avis de plusieurs, commence son œuvre Soir d’hiver avec ces deux vers : « Ah ! comme la neige a neigé ! / Ma vitre est un jardin de givre. » Voilà la force du poète. En deux phrases anodines, il résume parfaitement les hivers du Québec : il neige (et souvent beaucoup !), il fait froid, il y a de la glace, du givre sur nos vitres et dans nos rues. Il ressort de ces deux phrases un sentiment de pureté. D’ailleurs, beaucoup d’expressions populaires associent la neige à l’innocence et à la pureté : « être blanc comme neige », c’est être innocent. Même le grand Shakespeare, dans Hamlet, affirme que la neige et la glace sont pures : « Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n’échapperais pas à la calomnie. »
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Neige pure ou polluée ? Très bien, laissons aux poètes et aux écrivains le droit d’affirmer que la neige est symbole de pureté. La neige, par définition, n’est-elle rien de plus que de l’eau pure transformée en flocons ? Les analyses physico-chimiques indiquent que la contamination de la neige
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commence bien avant qu’elle ne touche le sol. Lors des précipitations, les flocons de neige sont exposés aux polluants atmosphériques et absorbent ceux-ci. D’ailleurs, la neige absorbe beaucoup plus de contaminants que la pluie, car le flocon offre une plus grande surface que la goutte de pluie et sa chute est beaucoup plus lente, donnant autant de temps aux contaminants d’être absorbés. Tout le monde se doute que la gadoue de la fin du printemps n’est pas d’une pureté absolue, mais même la neige la plus blanche tombée en janvier recèle une quantité impressionnante de constituants. Voici la liste non exhaustive des contaminants contenus dans les neiges usées établie par le MENVIQ (ancêtre de l’actuel MDDEP) en 1991 : chlorures, sodium, calcium, ferrocyanures, huiles et graisses, phosphates, matières en suspension et métaux lourds (zinc, fer, chrome, cadmium, etc..). Une soupe chimique inattendue !
[…] même la neige la plus blanche tombée en janvier recèle une quantité impressionnante de constituants Les déversements de neiges usées aux cours d’eau interdits Notons que jusqu’à la fin des années 1980, l’affirmation que la neige était pure était admise par l’ensemble de la société, allant même jusqu'à en influencer nos choix techniques et technologiques. Cette neige, très souvent, se retrouvait tout simplement déposée dans les cours d’eau. C’est uniquement en 1988 que le ministère de l’Environnement du Québec a mis de l’avant sa politique sur l’élimination des neiges usées. Cette politique visait essentiellement à interdire tout déchargement de neiges usées dans les cours d’eau à partir de 1997.
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N E IG E E N H I V E R… DÉV E RSE M E NT AU P RI NTE M PS ?
Que faire de toute cette neige ?! Bon an mal an, les municipalités du Québec reçoivent entre 200 et 350 cm de neige au sol. Pour l’ensemble des municipalités du Québec, il est estimé que ce sont environ 90 millions de m3 de neige qui doivent être éliminés tous les hivers. Les modes d’élimination de la neige usée se regroupent en deux grandes catégories : • le dépôt terrestre ; • le déversement, lorsque possible, des neiges usées dans le réseau d’égout. Les deux modes ont leurs avantages et inconvénients. Le dépôt de neige est la moins chère des solutions en termes de coût d’exploitation, mais demande beaucoup d’espace. Pour déverser les neiges usées, deux méthodes sont présentement utilisées : les fondeuses à neige d’une part et les chutes (mécanisées ou non) à l’égout d’autre part. Les fondeuses à neige requièrent un apport calorifique externe, ce qui en rend l’utilisation prohibitive pour les très gros volumes à traiter. Les chutes à neige ont aussi leurs contraintes : elles doivent être conçues de façon à minimiser les blocages dans l’égout et doivent doser les quantités de neige qui atteignent l’égout en fonction de la capacité de transport et de la capacité calorifique des eaux usées.
L’impact sur les déversements des réseaux combinés ? Toutefois, les techniques de déversement des neiges usées à l’égout possèdent un avantage indéniable et fondamental par rapport au dépôt
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terrestre : elles retirent de l’environnement des volumes considérables de neiges usées lors des mois à faible pluviosité, soit grosso modo de novembre à mars, et lorsque les égouts et les stations d’épurations peuvent accueillir ces volumes additionnels sans problème. Les dépôts à neige ne font qu’accumuler les neiges usées. Tous ces volumes de neige seront appelés à fondre au printemps, au moment même où la pluviosité est plus importante. Les égouts recevront donc non seulement la pluie « normale » du printemps, mais aussi un apport additionnel provenant de ces neiges usées qui fondent et entraînent avec elles des sédiments et des matières en suspension. On se retrouve alors dans une situation où il faudra gérer des volumes d’eaux usées importants, pouvant causer des débordements d’égouts si la capacité hydraulique du réseau est atteinte... alors qu’il aurait été bien plus simple de régler cette situation en amont, lors des mois d’hiver, et non au printemps. Les normes du Conseil canadien des ministres de l’Environnement, publiées en 2009, spécifient la nouvelle stratégie pancanadienne pour les eaux usées municipales. Certes, le document introduit des normes de rejets à atteindre pour les eaux usées, mais l’impact néfaste des débordements unitaires sur le milieu récepteur y est clairement mentionné. Un des objectifs de cette stratégie pancanadienne est de n’accepter aucune augmentation des débordements d’égouts unitaires attribuables aux opérations de développement urbain. S’il continue de neiger entre deux et trois mètres tous les hivers au Québec, il faudra peut-être songer à gérer différemment nos neiges usées en les introduisant dans les égouts dès l’hiver afin d’éviter qu’elles n’occasionnent, bien malgré elles, des déversements inopinés lors des orages du printemps… ■
I N STR U M E NTATI O N
M E S U R E D E S N ITR ATE S-N ITR ITE S
France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. f ra n c e g @ h a n n a c a n . c o m
Sources La présence de nitrates dans l’eau de consommation est principalement attribuable aux activités humaines (Santé Canada, 1992). L’utilisation de fertilisants synthétiques et de fumiers, associée aux cultures et à l’élevage intensifs, favorise l’apparition de nitrates dans l’eau. Les installations septiques déficientes de même que la décomposition de la matière végétale et animale peuvent aussi être des sources de nitrates dans l’eau. Le risque de contamination est plus important si le sol recouvrant la nappe d’eau est vulnérable (ex. : sablonneux) et si la nappe est peu profonde (puits de surface).
es nitrates (NO3-) et les nitrites (NO2-) sont des ions présents de façon naturelle dans l’environnement. Ils sont le résultat d’une nitrification de l’ion ammonium (NH4+), présent dans l’eau et le sol, qui est oxydé en nitrites par les bactéries du genre Nitrosomonas, puis en nitrates par les bactéries du genre Nitrobacter (Santé Canada, 1992). Les nitrates sont très solubles dans l’eau ; ils migrent donc aisément dans la nappe phréatique lorsque les niveaux excèdent les besoins de la végétation. La toxicité des nitrates résulte de leur réduction en nitrites et de la formation de méthémoglobine d’une part, et de leur contribution possible à la synthèse endogène de composés N-nitrosés d’autre part.
L
Concentrations dans l’eau potable
Les concentrations de nitrates et de nitrites dans l’eau peuvent être exprimées sous forme de nitrates (ou nitrites) ou sous forme d’azote. Ainsi, 1 milligramme de nitrates par litre (mg/l de NO3-) équivaut à 0,226 mg de nitrates, sous forme d’azote, par litre (mg-N/l). Dans le cas des nitrites, 1 mg/l équivaut à 0,304 mg-N/l (Conseil national de recherches Canada, 1995).
Normes québécoises
La concentration de nitrates dans l’eau potable peut être classée selon quatre catégories : 1. inférieure à 0,2 mg-N/l (aucune influence humaine); 2. entre 0,21 et 3,0 mg-N/l (influence possible des activités humaines); 3. entre 3,1 et 10 mg-N/l (influence très nette des activités humaines, mais sans impact apparent sur la santé); 4. supérieure à 10 mg-N/l (impact majeur des activités humaines et effets possibles sur la santé).
Le Règlement sur la qualité de l’eau potable prévoit une norme de 10 mg-N/l (équivalent à 45 mg/l de NO3-) lorsque les nitrates et les nitrites sont dosés simultanément (annexe I du règlement). Cependant, lorsque les nitrites sont mesurés séparément des nitrates, leur concentration ne doit pas excéder 1 mg-N/l (équivalent à 3,2 mg/l de NO2-) (MDDEP, 2001, mise à jour le 1er janvier 2012).
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M E S U R E D E S N I T R AT E S - N I T R I T E S
Tableau 1. Influence des activités humaines et impact sur la santé de différents niveaux de nitrates dans l’eau Concentration de nitrates dans l’eau potable (mg/l) < 0,2 Influence des activités humaines
Méthodes d’analyse Comme c’est le cas pour plusieurs paramètres physico-chimiques à analyser dans l’eau potable, les méthodes d’analyse offertes par les différents manufacturiers sont multiples, des bandelettes d’analyse (méthode la moins coûteuse, mais imprécise) aux systèmes de contrôle en continu (méthode la plus onéreuse) en passant par les trousses chimiques (un peu plus onéreuses que les bandelettes, mais également un peu plus précises) et les instruments portatifs et/ou de laboratoire. La méthode privilégiée par l’Agence de protection environnementale américaine (la United States Environmental Protection Agency) est sans contredit la photométrie (colorimétrie). Quelques modèles de photomètres (simple paramètre ou multiparamètres) offrant différentes gammes de mesure sont offerts tant pour la mesure des nitrates que pour la mesure des nitrites. Les nitrates sont généralement mesurés grâce à l’addition d’un réactif spécifique en conformité avec la méthode dite de réduction de cadmium alors que les nitrites sont généralement mesurés grâce à l’addition d’un réactif spécifique en conformité avec la méthode dite de diazotisation. Afin de mesurer les nitrates, l’option de mesure à l’aide d’un instrument portatif ou de laboratoire pouvant accepter une électrode à ion sélectif peut également être envisagée. Cette option, plus coûteuse mais offrant une plus grande précision, implique des manipulations plus délicates que la photométrie et présente une vulnérabilité à certaines interférences, dont la température, ce qui est non négligeable en période hivernale.
Mesures de contrôle En cas de dépassement des normes, les techniques de traitement par échange d’ions et osmose inverse sont privilégiées afin de permettre un enlèvement efficace des nitrates et des nitrites dans l’eau potable (Santé Canada, 1992; USEPA, 1989). L’échange d’ions est une technique qui utilise une résine sur laquelle sont fixés des ions chlorures. La résine libère des ions chlorures dans l’eau et ceux-ci sont remplacés par les nitrates et nitrites. L’efficacité d’échange varie entre 75 % et 99 %. L’affinité de la résine pour les ions sulfates étant plus grande que celle pour les nitrates et nitrites, le coût et l’efficacité d’enlèvement de ces derniers est influencé par la présence d’ions sulfates dans l’eau. La technique de traitement par osmose inverse utilise une membrane semi-perméable permettant de retirer un grand nombre d’ions inorganiques, incluant les nitrates et les nitrites. Cette technique permet l’enlèvement de plus de 95 % des nitrates et nitrites, et ce, à un coût raisonnable.
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Non
0,21 à 3,0
3,1 à 10
> 10
Possible, mais impact mineur
Certaine, mais avec impact modéré
Certaine, avec impact majeur
La performance de l’osmose inverse peut toutefois être affectée par la turbidité de l’eau de même que par la présence de fer, de manganèse et de silice. En conclusion, la présence des nitrates et des nitrites dans l’eau potable est quasi inévitable dans le contexte environnemental actuel. Aussi, une analyse périodique de ces derniers paramètres est essentielle. Le choix de la technologie de mesure de ces derniers reviendra à l’opérateur/technicien de laboratoire en fonction des besoins spécifiques et en fonction de critères économiques, de recherche de précision et/ou de simplicité d’opération. ■
TECHNOLOGIE
L A B I O MÉTHA N I S ATI O N D E S B O U E S M U N I C I PALE S : U N P R O CÉDÉ P LU S Q U E JAMAI S D’ACTUALITÉ
Françoise Petitpain-Perrin directrice technique Degrémont limitée f ra n c o i s e . p e t i t p a i n . p e r r i n @ d e g re m o n t . c o m
Pourquoi cette technologie plus que centenaire est-elle de nouveau d’actualité ? es quantités de boues générées par le traitement des eaux résiduaires municipales augmentent partout dans le monde, et leur devenir constitue un véritable casse-tête pour les opérateurs d’usines et les municipalités. À titre d’exemple, au Québec, les biosolides municipaux représentaient 910 000 tonnes en 2007. Devant ce constat, la biométhanisation suscite un regain d’intérêt, d’autant qu’un certain nombre de paramètres environnementaux et économiques évoluent :
L
- la volonté de réduire les consommations d’énergie fossile pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ; - la mise en place d’incitations financières pour le rachat d’énergie verte ; - la mise en place de réglementations visant à réduire la fraction organique des déchets enfouis et à encourager le recyclage de la matière organique ; - l’augmentation du coût des énergies ; à ce titre, on peut rappeler que la consommation d’électricité d’une usine de traitement des
eaux équipée d’un traitement biologique peut représenter jusqu’à 30 % des frais d’exploitation, de sorte que le bilan annuel de l’usine est très sensible à l’évolution des coûts de l’énergie. Dans ce contexte, la biométhanisation se révèle une solution gagnante. En effet, si l’on compare les émissions de CO2 globales avec celles d’autres filières de traitement des boues, on s’aperçoit que non seulement la biométhanisation produit un biogaz valorisable pouvant se substituer à la consommation d’une énergie fossile, mais qu’en outre elle permet de diminuer les quantités de boues et donc les émissions de gaz à effet de serre liées à leur transport, leur stockage et leur enfouissement. La biométhanisation se révèle également très intéressante dans le cas d’un séchage de boues par la possibilité de mettre en place une synergie énergétique tout en permettant un lissage des variations de la qualité de la boue avant séchage grâce au temps de séjour des boues dans le biométhaniseur.
Qu’est-ce qu’un biométhaniseur ? Un biométhaniseur est une enceinte fermée dont la température est contrôlée généralement à 35 °C (on parle alors de traitement mésophile) et dans laquelle sont admises les boues épaissies à une concentration de 50 g/l. Dans cette enceinte sans oxygène, un véritable écosystème de bactéries se développe qui transforme la matière organique complexe en biogaz riche en méthane par l’intermédiaire d’étapes d’hydrolyse, d’acidogenèse et de méthanogenèse. Cette dernière étape est le fait d’organismes méthanogènes appelés Archaea . Ces microorganismes ont un temps de dédoublement pouvant aller jusqu’à 10 jours.
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L A B I O M É T H A N I S AT I O N D E S B O U E S M U N I C I P A L E S : U N P R O C É D É P L U S Q U E J A M A I S D ’ A C T U A L I T É
L’activité des Archaea est directement liée à la température : à 35 °C, le temps de séjour de la boue est de l’ordre de 20 jours. Il est également possible de travailler avec des températures plus élevées (autour de 50 °C), ce qui permet de réduire le volume des réacteurs.
Mais quelles performances peut-on attendre de la biométhanisation des boues municipales ? L’efficacité de la biométhanisation se mesure par le facteur de réduction de la fraction volatile (correspondant à la matière organique) présente dans les boues et qui se traduit par la production du biogaz.
Cette efficacité est liée au type de boues à traiter et est donc indissociable du type de traitement d’eau : les boues issues de la décantation primaire contiennent en proportion moins de matière organique ; par contre, cette fraction organique sera très bien méthanisée. Les boues biologiques contiennent une fraction plus importante de matières volatiles correspondant aux cellules des bactéries épuratrices; toutefois, cette matière organique est beaucoup plus difficile à atteindre en méthanisation. À titre d’exemple, dans une boue provenant d’une décantation primaire, la fraction de matière organique est généralement comprise entre 55 et 75 %, et le pourcentage d’abattement de cette matière volatile est de l’ordre de 50 à 60 %. Il en résulte au final une diminution de la matière des boues pouvant atteindre 45 %. La production de biogaz se situe entre 0,9 et 1,1 Nm3 par kilogramme de matière volatile éliminée. Ce biogaz contient une quantité de méthane généralement comprise entre 60 et 65 %. Le biogaz a un potentiel énergétique qui dépend de sa composition en méthane ; il est de 5550 kcal par Nm3 pour un biogaz ayant 65 % de méthane. Cette énergie peut être utilisée par l’usine de traitement des eaux résiduaires. Brûlé en chaudière, le biogaz permet au minimum le chauffage nécessaire au processus de biométhanisation et des locaux, mais aussi le chauffage d’un fluide thermique nécessaire au séchage des boues. Combustible d’un moteur de cogénération, le biogaz peut être en partie transformé en énergie thermique et en partie en énergie électrique. Après un traitement plus complet, le biogaz peut soit être injecté dans un réseau de gaz, soit utilisé pour alimenter des véhicules.
Une technologie ancienne qui donne lieu à des développements innovants Si les performances de la biométhanisation dépendent étroitement de la ligne de traitement des eaux, il faut également être conscient que la biométhanisation a un impact sur le dimensionnement de la ligne de traitement des eaux. En effet, la déshydratation des boues digérées génère un filtrat ou un centrat riche en azote et en phosphore qui retourne en tête de traitement et qui peut représenter de 10 à 15 % des charges à traiter de l’usine. Pour limiter l’impact de ces charges sur le dimensionnement d’ouvrages existants, différentes technologies nouvelles se développent. L’ammonium concentré peut être traité de façon séparée par dé-ammonification grâce à la maîtrise des bactéries Anammox, permettant ainsi de diminuer de plus de 60 % le besoin en énergie pour transformer l’ammonium en azote gazeux. Le phosphore, quant à lui, peut être précipité de façon contrôlée sous forme de granules de struvite et valorisé comme engrais chez les pépiniéristes.
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La biométhanisation est donc sur toute la ligne respectueuse de notre environnement ! ■
G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S
LE TR AN S FE RT D U S AVO I R : PASS AG E O B LI GÉ PO U R LA S U RVI E D E L’E NTR E P R I S E
Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg
Les organisations ne peuvent pas compter sur un nombre limité d’employés pour préserver leurs connaissances institutionnelles vitales. Par conséquent, elles doivent trouver des moyens de préserver les connaissances tacites et de les rendre accessibles aux futurs travailleurs […]. – Hewitt & associés (2006) e marché du travail a beaucoup changé au cours des dernières années. Aujourd’hui, les entreprises doivent rester concurrentielles à tous les points de vue : rentabilité, ressources humaines, processus, technologies, etc. Concrètement, il s’agit de faire plus avec moins. Dans un contexte de mondialisation, les entreprises procèdent à divers aménagements, allant des nouvelles solutions technologiques aux changements de gouvernance afin de demeurer dans la course. Considérant ce besoin, le travail se métamorphose. Auparavant, le travail était surtout mécanique et opératoire, avec des instructions précises. Les travailleurs exécutaient leurs tâches selon des directives bien définies. Aujourd’hui, les emplois requièrent des compétences dites intellectuelles, c’est-à-dire des compétences qui allient savoirfaire et savoir-être.
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Mais la métamorphose ne s’arrête pas là. La pénurie de maind’œuvre dans diverses industries et les départs à la retraite de plusieurs milliers de travailleurs ne font que compliquer les choses. Car ces personnes possèdent une connaissance, un savoir et des compétences inestimables, voire stratégiques, qui finissent par se perdre sans une stratégie de transfert des savoirs. Comment conserver ces connaissances ainsi que toute l’expertise – noyau de la réussite de l’entreprise – qu’un travailleur a acquises au fil des années ? Plusieurs solutions sont à la disposition des employeurs déterminés à assurer le transfert des connaissances à la relève : la retraite progressive ainsi que la réembauche des retraités comme contractuels ou consultants, à temps partiel ou sur une base saisonnière, peuvent être envisagées comme des moyens de faciliter le transfert des connaissances. Ces moyens visent deux objectifs : maintenir le nombre de ressources et les forces de main-d’oeuvre aussi longtemps que possible et ainsi préserver les connaissances et compétences clés pour assurer le succès futur de l’organisation.
Les employeurs qui comptent un grand nombre d’employés à la veille de la retraite doivent trouver des moyens de préserver leurs connaissances organisationnelles avant le départ de ceux-ci.
L E T R A N S F E R T D U S A V O I R : P A S S A G E O B L I G É P O U R L A S U R V I E D E L’ E N T R E P R I S E
Les employeurs qui comptent un grand nombre d’employés à la veille de la retraite doivent trouver des moyens de préserver leurs connaissances organisationnelles avant le départ de ceux-ci. La majorité des organisations ne pourront récupérer toutes les connaissances perdues lors des départs à la retraite. Les raisons évoquées : manque de temps ou de budget, de sorte que l’on néglige la formation. Le transfert des connaissances est une solution qui aide à maintenir et à améliorer l’efficacité et la rentabilité à long terme des organisations. C’est un processus qui demande à être planifié. Or, aujourd’hui encore, peu d’entreprises ont mis en place un tel processus et les outils facilitant le transfert des connaissances entre employés. Les nouveaux employés ou les nouveaux travailleurs fraîchement diplômés devront faire une série d’essais, erreurs et expérimentations au lieu de bénéficier directement des connaissances et du savoir de ceux qui sont passés par ce processus il y a déjà plusieurs années. Nombre de solutions s’offrent à vous pour améliorer le transfert des connaissances au sein de votre organisation. Il faut au moins entreprendre une réflexion rapide sur le transfert des connaissances et se poser les bonnes questions afin que la démarche soit fructueuse. Voici les questions que vous devriez vous poser comme gestionnaire : • Est-ce que l’entreprise comprend bien les enjeux du transfert des connaissances ? • La direction voit-elle l’utilité du transfert des connaissances ?
• Le transfert des connaissances fait-il partie des priorités de l’organisation ? • L’organisation a-t-elle les bons outils de transfert des connaissances à sa disposition ? • Y a-t-il quelqu’un dans l’organisation qui prendra le dossier sous sa responsabilité ? • Est-ce que cette personne connaît et maîtrise le concept du transfert des connaissances ? • Qui sont à court et à moyen termes les employés qui partiront à la retraite ? Dans une étude menée auprès de 348 entreprises de 5 secteurs (foresterie et exploitation forestière; fabrication de produits chimiques; fabrication de matériel de transport ; grossistes-distributeurs de machines, de matériel et de fournitures ; services de conseils en gestion et de conseils scientifiques et techniques), on constate que des pratiques de gestion des connaissances ont été adoptées afin d’améliorer l’avantage concurrentiel. La perte d’employés clés de même que la perte de parts de marché ont motivé les entreprises à mettre en place des solutions.
Bénéfices du transfert dans les organisations1 Améliorer la performance grâce à : • un meilleur apprentissage et une meilleure intégration des nouvelles ressources ; • une réduction des coûts ou des risques lorsqu’il y a échange de découvertes relatives à des solutions externes ; • une meilleure prise de décision en matière de production ; • une amélioration de l’efficacité organisationnelle ; • une amélioration de la satisfaction au travail. Favoriser l’innovation grâce à : • l’amélioration de la qualité et de la rentabilité des projets et des interventions ; • l’accroissement de la capacité d’innovation par l’entremise de l’amélioration et la découverte de solutions ; • l’amélioration des relations avec l’environnement. Préparer la relève grâce à : • l’amélioration du travail coopératif et des échanges entre les employés ; • la conservation de la culture, de l’expérience et de l’expertise dans l’entreprise. Entreprendre une démarche de transfert des connaissances devient nécessaire pour la pérennité de nos organisations. Celles qui emboîteront le pas seront devant la parade et sûrement plus concurrentielles. ■ Pour de plus amples renseignements sur le sujet et des formations offertes, visitez www.envirocompetences.org .
1. Étude menée par Lysanne Raymond, en collaboration avec Robert Parent, Lise Desmarais et Louise Leclerc, Laboratoire de recherche sur la dynamique du transfert de connaissances, Faculté d’administration, Université de Sherbrooke.
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L’ E N V E R S D U D É C O R
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L’AVEZ-VOUS VISITÉ ?
positionné à la page 13 de chaque édition du magazine SOURCE. Sur cette page 13 est affiché un code QR comme celui s’y trouvant actuellement. Le code QR, lorsqu’il est scanné au moyen d’un téléphone intelligent, vous dirigera vers la page Internet du choix de la personne ayant remporté l’enchère du numéro précédent. C’est en fait une façon originale de donner l’adresse d’un site Internet. Les lecteurs ne disposant pas d’un mobile intelligent peuvent tout de même visualiser le message via leur navigateur favori. Vous aimeriez diriger les lecteurs du prochain numéro vers un site de votre choix ? Rendez-vous à la page 13 et allez miser !
TOUTES NOS CONDOLÉANCES
UN SITE
Sources : L’équipe de SOURCE
ITT WATER & WASTEWATER DEVIENT XYLEM
QUI A DU PANACHE ! Un vent de folie soufflera bientôt sur l’industrie de l’environnement. L’équipe de MAYA.cc lancera un tout nouveau site Internet qui ne laissera personne indifférent à l’occasion du Salon des technologies environnementales du Québec. Nommé Dans mon sous-sol, le site proposera des clips vidéo informatifs très originaux qui vous feront assurément sourire. Tournées sans prétention, les capsules ont pour but de vous renseigner sur ce qui se passe dans l’industrie. Venez faire un tour dans notre sous-sol au www.dansmonsoussol.tv !
M. Hoang Van Hoi est décédé à l’âge de 63 ans l’automne dernier. Très présent dans le domaine de l’eau au Québec, M. Hoang a travaillé pendant plus de 20 ans avec Gabriel Meunier pour ensuite joindre les rangs de l’entreprise Mabarex à titre d’associé et vice-président ingénierie où il évoluait depuis les 16 dernières années. Il a également été conférencier et auteur de plusieurs publications spécialisées. Nos plus sincères condoléances à l’équipe de Mabarex et à la famille du défunt.
LE GRAND SUCCÈS DES PETITS
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ITT Corporation ne change pas de nom, mais il en va autrement pour le volet lié au traitement de l’eau de l’entreprise qui a été constitué en une compagnie internationale distincte appelée Xylem.
ASTIQUEZ VOS BÂTONS DE GOLF ! Le printemps est à nos portes. Avezvous commencé à frotter vos bâtons ? N’oubliez pas de mettre votre tournoi de golf annuel à l’agenda. Cette année, le tournoi se tiendra le jeudi 6 septembre, toujours au prestigieux Club de golf Glendale, à Mirabel. Serez-vous des nôtres ?
Le C.I.Eau tenait son 3e souper-bénéfice le 13 octobre dernier. Près de 300 intervenants de l’industrie de l’eau ont participé à l’événement. La somme de 34 500 $ a été amassée au profit de ce musée de l’eau interactif, notamment grâce au soutien de précieux commanditaires. Une vidéo a d’ailleurs été réalisée pour remercier ces derniers. Mettant en vedette deux enfants et plusieurs personnalités du milieu de l’eau, la vidéo produite par l’équipe de Dans mon sous-sol a provoqué bien des rires lors de sa présentation durant la soirée. Le succès a été tel qu’elle a été vue près de 700 fois sur YouTube, et ce, sans la moindre promotion. Elle est maintenant disponible au www.dansmonsoussol.tv. Pour participer au vif succès que représente le C.I.Eau, communiquez avec André Perreault au 450 963-6463.
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Réacteur à média fluidisé MD MABAREX A LIVRÉ AU QUÉBEC PLUS DE CAPACITÉ D’ENLÈVEMENT AÉROBIE DE DBO QUE SES CONCURRENTS RÉUNIS
Affluent
Procédé SMBR
Décanteur
MD SMBR SMBR
MD
Affluent
Extraction des boues Étang
SMBR
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Effluent
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Nos spécialistes ont réalisé ici, plus d’installations que quiconque de lits fluidisés en traitement municipal, industriel et lixiviats. ● Double ou triple la capacité épuratoire ● ● ● ●
des bassins existants Rendements élevés même à forte charge Rencontre les normes de rejet les plus sévères (DBO5 – N-NH3) Résiste aux chocs toxiques et hydrauliques Fiche technique du MDDEP
Traitement des eaux et des boues Water and Sludge Treatment Tratamiento de aguas y lodos
2021, rue Halpern St-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775 E-mail : mabarex@mabarex.com Web : www.mabarex.com