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ENTREVUE avec

BIONEST Convention de la poste-publications no 41122591

À l’assaut des marchés mondiaux La fluorisation de l’eau potable : le débat est relancé ! Dessaler l’eau de mer : la panacée du XXIe siècle ? Le procureur général du Québec deviendra-t-il la police de l’eau ? www.maya.cc


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tête-à-tête

sommaire

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CHRONIQUES

8 En lien avec la ministre Connaître les eaux souterraines du Québec

Un engagement vital

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« Nous avons investi des sommes très importantes puisque nous jouons dans la cour des grands. L’investissement financier est important, mais le capital humain l’est tout autant. Ça nous prend toute une équipe pour y arriver. Les exigences sont tellement élevées et complexes que même les gros joueurs ont de la difficulté à monter leurs dossiers. À vrai dire, sachant aujourd’hui toutes les implications reliées à ce marché, je ne suis pas convaincue que notre décision aurait été la même à l’époque. »

17 19 22

— Marlène Bonneville

24 G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

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LE JURIDIQUE

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LE S B O N S C O NTA CTS

29

L’ E N V E R S D U D É C O R

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LE MUNICIPAL LA FLUORISATION DE L’EAU POTABLE : LE DÉBAT EST RELANCÉ ! EAUX USÉES COMMENT ENLEVER L’AZOTE AMMONIACAL ? INSTRUMENTATION COMMENT MESURER L’ALCALINITÉ ? SUR LE RADAR DESSALER L’EAU DE MER : LA PANACÉE DU XXI e SIÈCLE ? TECHNOLOGIE LE CENTRE DES TECHNOLOGIES DE L’EAU, UN PARTENAIRE TECHNOLOGIQUE DE CHOIX !

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : Line Beauchamp John Cigana Dominique Dodier Marc-André Desjardins France Gauvreau Hervé Pageot Christian Sauvageau Monique Tardat-Henry

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie (Syma) Photos de la page couverture et de l’entrevue : Studio Oncle J Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Carpe diem

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction :

Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 508-1514 info@maya.cc www.maya.cc

toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine S O U R C E re c o m m a n d e c e s p ro d u i t s e t s e r v i c e s . C o n v e n t i o n d e l a p o s t e - p u b l i c a t i o n s n o 4 1 1 2 2 5 9 1 . Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.


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É D I TO R I A L

Sommes-nous nés pour

un petit pain ? Qui n’a jamais entendu cette expression populaire québécoise ? Elle est tellement connue qu’elle fait maintenant partie intégrante de notre culture et de notre folklore. Certains associent la paternité de cette expression au frère mariste Jean-Paul Desbiens, mieux connu sous le pseudonyme de Frère Untel. Bien que tous ne s’entendent pas sur son origine exacte, c’est assurément ce dernier qui l’a popularisée avec son ouvrage publié en 1960 : Les Insolences du Frère Untel. L’œuvre marque à ce point la société québécoise qu’elle devient l’un des premiers best-sellers québécois avec un tirage de 100 000 exemplaires. Ce qui était phénoménal à l’époque et l’est encore aujourd’hui. L'ouvrage a, depuis, été réimprimé plusieurs fois et est considéré comme l’un des éléments déclencheurs de la Révolution tranquille. Pour ce qui est de l’expression en tant que telle, vous aurez compris qu’elle signifie « être condamné à rester pauvre et à une destinée misérable ». Voilà pour la tranche d’histoire !

L’idée de ne pas être né pour un petit pain ne s’applique pas seulement aux entreprises exportatrices. C’est davantage une question de philosophie et d’attitude, que l’on peut retrouver tant dans une entreprise locale que dans une municipalité.

André Dumouchel

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adumouchel@maya.cc

Qu’en est-il de l’industrie québécoise de la gestion de l’eau ? Estelle née, elle aussi, pour un petit pain ? Il semblerait que non, du moins si on se fie au parcours exceptionnel de l’entreprise Bionest, dont nous avons récemment rencontré les dirigeants, lesquels se sont prêtés à notre tête-à-tête. L’entreprise de Grand-Mère n’a même pas dix ans d’existence que déjà elle se retrouve sur les marchés internationaux à jouer dans la cour des grands. Il va donc sans dire que cette expression ne fait pas partie du vocabulaire de l’entreprise. Bionest est-elle la seule entreprise québécoise de l’industrie de la gestion de l’eau à faire affaire à l’extérieur du Canada ? Bien sûr que non. Des noms comme ceux de S N C Lavalin et d’Axor nous viennent rapidement en tête. Cela dit, il s’agit plus souvent de firmes de génie-conseil que d’entreprises offrant des produits. Le risque et

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l’investissement semblent moins grands pour les premiers. Cependant, il existe plusieurs formes d’aide pour les entreprises. Trop souvent, ces dernières ignorent leur simple existence. La peur de l’inconnu et le confort d’un marché local nuisent également à l’émancipation. C’est donc en ce sens que Bionest s’est démarquée puisqu’elle a su profiter de l’aide du MDEIE, de Développement économique Canada et de plusieurs autres programmes pour se lancer. De plus, ses dirigeants ne se sont pas contentés du marché sursaturé que représentent les ÉtatsUnis; ils ont plutôt ciblé les endroits où leur technologie avait le plus de chances d’être en demande. Attaquer le marché des Émirats arabes, il fallait le faire ! L’idée de ne pas être né pour un petit pain ne s’applique pas seulement aux entreprises exportatrices. C’est davantage une question de philosophie et d’attitude, que l’on peut retrouver tant dans une entreprise qui œuvre localement que dans une municipalité. Il s’agit bien souvent d’avoir le désir de faire autrement, de faire mieux. La Ville de Saint-Hyacinthe en est un bon exemple. En effet, elle a décidé d’implanter un digesteur anaérobie et un assécheur thermique à sa station de traitement des eaux usées. Ce faisant, la Ville a diminué la quantité de boues rejetée et transportée au site de compostage. De plus, le procédé a permis de diminuer les pathogènes et les mauvaises odeurs dans l’air, de réduire les coûts de transport des boues et de diminuer les gaz à effet de serre engendrés par le transport de ces dernières. En outre, la technologie a permis à la Ville de procéder à la méthanisation de la boue afin de produire du biogaz pour alimenter sa flotte de camions et d’utiliser le digestat comme fertilisant. Avouons que ce projet mérite qu’on s’y attarde. C’est d’ailleurs ce que nous ferons dans le prochain numéro. Comme vous le voyez, il est faux de prétendre que notre industrie est née pour un petit pain. Mais quelquefois, si l’on veut manger à la table des grands ou encore simplement améliorer son sort, il faut mettre les bouchées doubles, faire preuve d’initiative, d’audace, de vision et, surtout, croire en nous. ■

Connaissez-vous le bdd ?


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En lien avec la ministre Connaître les eaux souterraines du Québec

Un engagement vital Mme Line Beauchamp Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

Le Québec est véritablement choyé. Il possède, en quantité, l’une des ressources les plus précieuses au monde : l'eau! Les eaux de surface et les eaux souterraines font partie de notre patrimoine commun, et l’État a une grande responsabilité en tant que gardien de ces ressources. Il lui faut les préserver et les gérer adéquatement au bénéfice des générations actuelles et futures.

Les eaux souterraines sont très sollicitées. Elles servent d’approvisionnement sur près de 90 % du territoire habité. Elles constituent souvent l’unique source d’eau économiquement exploitable en raison de leur qualité généralement bonne et de leur proximité avec le lieu où elles sont consommées. Et pourtant, malgré leur importance, nos connaissances sur ces eaux sont fragmentaires.

les territoires municipalisés du Québec méridional. Un premier appel de projets a déjà permis d’octroyer plus de six millions de dollars pour la réalisation de cinq projets. Ceux-ci permettront de caractériser les eaux souterraines de l’est de la Montérégie, de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay Lac-Saint-Jean, du sudouest de la Mauricie et d’une partie du Centre-du-Québec. Bientôt, d’autres projets de caractérisation débuteront.

Nous avons donc décidé de dresser l’inventaire des grands aquifères du Québec, les réservoirs de stockage des eaux souterraines. À cet effet, j’ai annoncé, en septembre 2008, qu’il y aurait des investissements majeurs. Depuis, nous avons mis en œuvre le Programme d’acquisition de connaissances sur les eaux souterraines qui permettra d’obtenir une image réaliste de cette ressource sur

Par ailleurs, mieux connaître les eaux souterraines implique aussi de la recherche scientifique. À cet égard, nous avons instauré deux programmes de recherche en partenariat avec le Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture. Ainsi, nous voulons élaborer ou améliorer des méthodologies et concevoir des technologies et des outils d’aide à la gestion du territoire qui intègrent les connaissances sur les aquifères acquises dans le cadre du Programme.

Les données scientifiques et socioéconomiques recueillies sur les eaux souterraines constitueront la base sur laquelle pourront s’appuyer les décisions gouvernementales et territoriales visant une gestion durable des ressources en eau. Les données scientifiques et socioéconomiques recueillies sur les eaux souterraines constitueront la base sur laquelle pourront s’appuyer les décisions gouvernementales et territoriales visant une gestion durable des ressources en eau. Elles permettront aux autorités municipales de voir à une meilleure conciliation des usages de l’eau et de localiser adéquatement le développement de pôles d’activité sur leur territoire. En outre, les connaissances acquises leur fourniront des données essentielles quant aux risques de contamination et de surexploitation de cette ressource. En améliorant nos connaissances sur les eaux souterraines et en encourageant la recherche scientifique, nous posons un geste de plus pour assurer la pérennité et la qualité de l’eau au Québec. Nous voulons, en définitive, planifier un développement optimal du territoire en nous assurant que les besoins d’approvisionnement en eau nécessaires aux diverses activités humaines puissent être satisfaits, et ce, de génération en génération, tout en préservant l’intégrité des écosystèmes. ■

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tête-à-tête

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BIONEST

À l’assaut des marchés mondiaux Entrevue réalisée par André Dumouchel

Q UI A DIT QUE NOUS SOMMES NÉS POUR UN PETIT PAIN ? LES DIRIGEANTS DE L’ENTREPRISE BIONEST N’ADHÈRENT ASSURÉMENT PAS À CETTE CROYANCE PUISQU’ILS ONT DÉCIDÉ D’UTILISER LE MONDE COMME TERRAIN DE JEU. N E SE LAISSANT PAS ARRÊTER PAR LES BARRIÈRES TERRITORIALES TRADITIONNELLES, ILS ONT DÉCIDÉ D’EXPLORER DES MARCHÉS, QUOIQUE PROMETTEURS, QUE BIEN PEU D’ENTREPRISES DE CHEZ NOUS ONT TENTÉ DE CONQUÉRIR. FORTS D’UNE TECHNOLOGIE INGÉNIEUSE ET UNIVERSELLEMENT EXPORTABLE, UN PÈRE ET SA FILLE SONT À LA TÊTE D’UNE ENTREPRISE QUÉBÉCOISE À LA CROISSANCE FULGURANTE ET PROMISE À UN BRILLANT AVENIR. COMMENT L’ENTREPRISE BIONEST A-T-ELLE VU LE JOUR ? COMMENT S’EST-ELLE DÉVELOPPÉE ? Q UELS SONT SES PROCHAINS DÉFIS ? LE MAGAZINE SOURCE A RENCONTRÉ SES DIRIGEANTS POUR VOUS. ● ●

Gilles Champagne, président Marlène Bonneville, vice-présidente

Gilles, de quel endroit êtes-vous originaire ? ● Je suis né à Grand-Mère. J’ai ensuite déménagé à Montréal pour aller faire mon cours classique, après quoi j’ai demeuré à Québec durant la période où j’ai fait mon droit à l’Université Laval. Jeune, quelle était votre réalité familiale ? ● J’étais le treizième enfant d’une famille de classe moyenne. Ma mère avait une épicerie et un restaurant. Mon père, quant à lui, travaillait pour Abitibi-Consol à Grand-Mère. On ne manquait donc de rien, j’avais même mon bicycle neuf !

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● Il devait être le seul à avoir une bicyclette neuve ! [Rires.] Comment se sont déroulées vos études ? ● J’avais beaucoup de facilité. J’ai tout d’abord étudié pendant deux ans pour devenir prêtre, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas pour moi lorsque j’ai discuté avec mon conseiller spirituel. On me demandait d’arrêter la fête alors que je venais d’une famille où tout était prétexte à s’amuser. Je n’arrivais pas à concevoir cette réalité. Par la suite, comme j’étais très doué en mathématiques, j’ai pensé me diriger en

ingénierie. Mais après mon cours classique, j’ai plutôt opté pour le droit. J’ai fait mon bac en assistant à environ 5 % des cours. Au même moment, j’enseignais l’anglais, je vendais des voitures, bref je faisais mille et un métiers afin de payer mes études. Après le bac, j’ai été accepté au MBA. Toutefois, j’ai dû y renoncer faute d’argent. Quelle a été votre première entreprise ? ● Il s’agissait d’une entreprise de lobbying, située à Québec. Chaque semaine, j’organisais des dîners privés où j’invitais des décideurs politiques que


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je mettais en contact avec des gens d’affaires. Seuls à seuls, la porte fermée, ils pouvaient discuter des vraies choses. Il y avait des listes d’attente pour participer à mes dîners. Même René Lévesque y a participé. Qu’avez-vous fait par la suite ? ● J’ai été propriétaire du parc commémoratif de Montréal, l’un des plus gros cimetières et salons funéraires de l’île. Nous vendions 4500 préarrangements par année. J’ai vendu le tout à Urgel Bourgie. Après cela, j’ai pris trois ans de vacances. En 1987, j’ai acheté Shalwin, une entreprise de portes et fenêtres située à Shawinigan. Je la possède toujours aujourd’hui. N’êtes-vous pas revenu à la pratique du droit ? ● Sur l’insistance de ma femme, je me suis ouvert un bureau d’avocats. Je croyais n’avoir que quelques clients, mais le cabinet a connu un vif succès. En 2000, j’ai laissé mes clients aux soins de mon associé pour m’investir dans ma nouvelle passion : Bionest. Comment l’idée de Bionest vous est-elle venue ? ● L’idée est venue de mon partenaire. Il m’a approché en 1997 afin que je m’associe à lui. Il disait travailler à l’élaboration d’un produit pouvant nettoyer les eaux usées. Quel a été l’élément déclencheur de votre intérêt ? ● J’étais peu intéressé à m’investir dans une nouvelle aventure jusqu’au jour où il m’a convaincu d’aller chez lui pour voir son expérience. À partir d’un conteneur dans lequel il faisait les tests, il rejetait l’eau dans sa piscine. Et l’eau était belle ! Je lui ai alors proposé d’utiliser le garage de mon bureau pour y installer un prototype et réaliser des tests. Nous avons engagé une personne techniquement solide pour enregistrer les données de façon quotidienne, question de bien monter notre dossier. Chaque matin, je constatais que la fosse septique contenait une eau brune. Par la suite, lorsqu’on ouvrait la valve, une belle eau en sortait. Je me suis dit : « Son système, il marche ! » Marlène, à quel moment vous êtes-vous jointe à l’aventure ? ● J’ai commencé dès les débuts de Bionest tout en poursuivant mes études en microbiologie. J’étais responsable de la partie laboratoire.

Elle voulait réaliser une maîtrise à l’université. Mais je l’ai convaincue d’attendre. Je voulais qu’on bâtisse l’entreprise ensemble. Je lui ai dit : « L’université sera toujours là si tu as envie de faire une maîtrise un jour. »

● Beaucoup de gens croient que mes études étaient prévues en ce sens ou encore que mon père a démarré cette entreprise dans le but de m’y faire travailler. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’un concours de circonstances.

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résidence, on est en droit de s’attendre à un délai de certification beaucoup plus rapide. Nous avons eu gain de cause et le délai est passé à 10 jours. Le ministère de l’Environnement a par la suite modifié ses règles pour toutes les entreprises « approuvées » par celui-ci. Quand avez-vous vendu vos premières unités ? ● Le 1er août 2003. Rapidement, on est passé de 60 à 800 unités. Depuis, nous avons attaqué le marché international. La France, les États-Unis, la République dominicaine, les îles Turks et Caïcos, les Bahamas, le Costa Rica, la Colombie et le Panama font partie des pays où l’on retrouve nos produits. De plus, il y a quelques jours, nous avons signé une entente avec le plus important fabricant de réservoirs français, une entreprise qui compte 48 usines ! Quel a été votre premier marché d’exportation ? ● Nous avons d’abord tenté une percée aux États-Unis, mais le contexte économique n’y était pas propice. On s’est donc tourné vers l’Europe, plus particulièrement la France.

● Trouver le bon pays pour commencer n’est pas une mince tâche. Notre tentative en Suisse, par exemple, a été un cauchemar en raison de la bureaucratie. Par contre, pour le marché français, nous avons pu compter sur Édouard Préfontaine, un partenaire parfait qui a fait un travail de démarchage extraordinaire.

Comment s’est orchestrée votre entrée en France ? ● J’ai demandé à Édouard d’aller sur le terrain et d’interroger des consultants. En cours de mandat, il a rencontré un jeune loup nommé Louis de Mentque. Louis vendait déjà 150 unités par année pour une autre entreprise. Lorsqu‘Édouard lui a montré notre technologie, il a aussitôt été séduit. Nous l’avons donc engagé. Quels résultats avez-vous obtenus ? ● Louis n’avait pas la tâche facile puisque nous n’avions pas de certificat d’autorisation, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, mais qui devrait changer le 1er avril. Entre-temps, il a tout de même vendu des unités en obtenant pour chaque projet des dérogations. Par contre, quatre clients sur cinq ne veulent rien entendre d’une dérogation, ce qui nous a fait perdre plusieurs occasions d’affaires.

● Il y a plus de quatre ans que la France annonce une importante réforme de sa réglementation. Réforme qui n’est toujours pas au rendez-vous. Cela complique grandement le travail de Louis.

● Cela dit, nous sommes très bien positionnés en raison de nos appuis. Par exemple, Véolia nous a placés sur sa liste des 10 meilleurs produits. Notre entreprise commence à déranger en France…

Marlène a apporté la fraîcheur d’une finissante universitaire. Son intelligence et ses idéaux ont contribué à nos processus de qualité. De mon côté, j’ai assuré le côté administratif, la gestion financière, le développement de marché et j’ai apporté mon expérience.

Comment s’est déroulé le processus d’autorisation de votre technologie ? ● Nous n’avions pas réalisé les multiples embûches de la réglementation gouvernementale. Nous avons dû faire de nombreuses représentations auprès des gouvernements pour faire modifier le délai d’obtention des certificats d’autorisation. Celui-ci était de 90 jours, ce qui était totalement déraisonnable pour notre clientèle composée de particuliers. Lorsqu’on construit une Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

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tête-à-tête Comment y est-elle arrivée ? ● À travers son poste de présidente de la Chambre de commerce et par la peinture ! Elle est peintre et vend des murales à 50 000 $ la pièce. Elle était invitée partout de par son rôle dans la Chambre de commerce; elle côtoyait les plus grands, les ministres, etc. On peut dire qu’elle sait bien se brancher. Je n’ai jamais vu une personne aussi douée pour les relations publiques. Si on est là-bas, c’est grâce à sa détermination. Je lui donne tout le mérite. Entre-temps, nous lui avions envoyé le frère de mon associé. En plus de détenir une solide expertise technique, il connaissait bien l’Arabie Saoudite et la mentalité de ses gens, ce qui a grandement aidé. Maintenant, on est très bien implanté là-bas. Contrat signé avec le Qatar

Quel type d’investissement a-t-il été nécessaire ? ● Nous avons investi des sommes très importantes puisque nous jouons dans la cour des grands. L’investissement financier est important, mais le capital humain l’est tout autant. Ça nous prend toute une équipe pour y arriver. Les exigences sont tellement élevées et complexes que même les gros joueurs ont de la difficulté à monter leurs dossiers. À vrai dire, sachant aujourd’hui toutes les implications reliées à ce marché, je ne suis pas convaincue que notre décision aurait été la même à l’époque.

● Si on n’avait pas voulu faire une percée internationale et si mon partenaire n’avait pas cru autant en la recherche, l’entreprise aurait une somme de 10 M$ de plus dans son compte en banque.

Comment en êtes-vous venu à courtiser le Moyen-Orient ? ● C’est une belle histoire ! En visite à Dubaï, Marlène y a rencontré une Québécoise nommée Marie-Josée Primeau. Il s’agit d’une femme d’affaires extrêmement brillante et charismatique. Elle a entre autres été présidente de la Chambre de commerce et du Conseil des entreprises canadiennes de Dubaï et des Émirats du Nord. Marlène a été très impressionnée par cette dernière.

● Je voulais qu’on l’engage. À mon avis, s’il y avait un endroit dans le monde où il y avait des besoins, du dynamisme et les moyens pour réaliser les projets, c'était aux Émirats arabes. Je croyais qu’on se devait d’être présents dans ce marché pour faire croître l’entreprise. Et il me semblait que Marie-Josée était la personne qu’il nous fallait pour atteindre notre objectif. ●

Pour mon partenaire et moi, il n’en était pas question. Nous trouvions que nous en avions plein les bras avec le Canada, la France et les États-Unis. Cependant, Marlène a été très tenace. Mon partenaire et moi avons finalement convenu d’embaucher Marie-Josée pour une période de six mois avec un budget prédéterminé.

Quels ont été les résultats ? ● Elle a fait un excellent travail. Elle avait décroché de gros contrats à Dubaï, mais tout a été mis sur la glace en raison des problèmes financiers de l’endroit, ce qui était évidemment hors de son contrôle. Elle a par la suite flairé des opportunités au Qatar et à Abou Dhabi. Toutefois, elle avait besoin d’un délai de six à neuf mois supplémentaires. Ce que nous lui avons accordé. Mais au bout de ce délai, nous lui avons dit que si elle n’arrivait pas à accoucher, que nous nous passerions du bébé ! [Rires.] Parce qu’elle était convaincue, elle a décidé de poursuivre l’aventure à ses frais. Elle a finalement réussi un peu plus de quatre mois plus tard. 12

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Comment l’actionnariat de l’entreprise se décline-t-il ? ● Certains des employés-clés, dont Marlène, détiennent 17,7 % des actions. Mon associé et moi nous partageons le reste. La participation des employés à l’actionnariat a toujours été importante pour moi. J’ai toujours cru que, dans la vie, celui qui partage ne devient pas pauvre. À une autre époque, j’ai vendu 40 % de mes actions pour 1 $ à mes employés-clés. Ils sont ainsi devenus millionnaires. Avez-vous bénéficié d’une aide extérieure dans les débuts de Bionest ? ● Oui. Le MDEIE et Emploi Québec ont été d’une grande générosité. Je tiens également à souligner le soutien extraordinaire de Développement économique Canada, plus particulièrement de Richard Drouin. Ils ont été d’une aide exceptionnelle au moment où nous en avions réellement besoin. Combien d’employés compte Bionest ? ● Nous comptions une centaine d’employés en date d’août 2009. Ce nombre a par contre diminué en raison de certains contrats donnés en sous-traitance. Quels sont les marchés les plus prometteurs pour votre technologie ? ● Les endroits où les gens doivent acheter l’eau. Les îles Turks et Caïcos sont un bon exemple. Les propriétaires doivent débourser près de 3000 $ pour s’approvisionner en eau chaque année. Près de 40 % de cette eau est destinée à l’arrosage. Avec notre système, chaque propriétaire voit sa facture diminuer de façon draconienne. La clientèle est donc facile à convaincre. Les terrains de golf, les terrains de camping et les hôtels sont aussi visés. Le marché québécois est-il encore intéressant pour vous ? ● Oh oui ! Environ 80 % de notre chiffre d’affaires provient du Québec. Ce marché demeure très intéressant même si ce pourcentage diminue en raison de l’exploitation de nos nouveaux marchés. Au Québec, votre marché est-il municipal ou résidentiel ? ● Résidentiel.

Cela dit, on ne vend pas nos produits directement aux consommateurs, mais plutôt aux fabricants de fosses septiques et de réservoirs. Le fait de ne pas fabriquer de réservoir est un choix innovateur qui nous évite bien des embûches sur le plan de l’exportation.

Quels sont les principaux défis qui attendent votre entreprise ? ● Bionest est en pleine croissance et je crois qu’elle est sur le point d’exploser au niveau des ventes. Je prévois une croissance


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tête-à-tête de 25 ou 30 % par année. Nos plus grands défis se situent assurément sur les plans de la recherche et du capital humain. Quel conseil donnez-vous aux gens désireux de se lancer en affaires ? ● De ne pas se décourager ! [Rires.]

● S’ils se lancent dans un secteur d’activité réglementé, je leur conseille d’être patients et d’avoir les poches creuses, car chaque pas coûte 50 000 $ et nécessite des expertises ou des tonnes de paperasse. Monsieur Champagne, Mme Bonneville, merci beaucoup. ■

On les cuisines pour vous! Exceptionnellement, nous avons demandé à nos interviewés de répondre à nos questions indiscrètes en plus de nous dire quelle serait, selon eux, la réponse de l’autre. À noter que les questions ont été posées de manière individuelle. Voyons voir s’ils se connaissent bien !

Quelle est sa plus grande qualité ? Elle a une intelligence extraordinaire. Elle est très douée pour avoir une vision d’ensemble de notre industrie. Votre plus grande qualité ? Je suis une personne très loyale, en amitié comme en affaires. Est-elle nationaliste ? Je ne crois pas. Quel est son chanteur / sa chanteuse préféré(e) ? Je l’ignore !

Et vous ? On l’est tous un peu. Mais je suis surtout pour le respect de la langue française.

Quel est son plus grand défaut ? Elle est trop perfectionniste.

Si elle devait vivre ailleurs qu’au Québec, où serait-ce ? Elle voyage à Dubaï, au Mexique et dans différents endroits. Mais je ne saurais pas dire quel endroit elle préfère. Je crois qu’elle est davantage une citoyenne du monde !

Le vôtre ? J’ai de la difficulté à signer des chèques. Non pas par avarice, mais c’est que je n’aime simplement pas dépenser.

Et vous ? En Amérique du Sud. J’aime la mentalité et la façon de vivre des gens.

Le vôtre ? J’aime beaucoup les chansons d’Aznavour.

Quel est son plan professionnel ? Elle m’a déjà dit vouloir passer du temps en famille. Je crois donc qu’elle voudra ralentir.

Quel est son chanteur / sa chanteuse préféré(e) ? Selon moi, c’est Édith Piaf. Et vous ? Radiohead. Quel est son plus grand défaut ? Une certaine impulsivité. De plus, quand il a une idée, on doit la suivre. Ça va avec son côté entrepreneur ! [Rires.] Et le vôtre ? Je suis quelquefois trop minutieuse. Je veux tout prévoir et tout planifier. Quelle est sa plus grande qualité ? Il est un grand visionnaire. 14

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Et vous ? J’aimerais amener Bionest à un niveau exceptionnel afin qu’elle soit un bel héritage pour mes enfants. Je veux aussi qu’on puisse dire que j’ai fait de bonnes choses pour l’environnement. Pourrait-elle faire de la politique active ? Non, elle n’est pas faite pour ça. Et vous ? Moi, je le suis, mais je ne veux pas. Ça ne me tente plus. Quel est son film favori ? Je l’ignore. Le vôtre ? Aucun en particulier, mais j’aime beaucoup les films historiques, ça nous permet de mieux comprendre ce qui s’est passé. Qu’apprécie-t-elle le plus de vous ? Le fait que je donne toujours l’heure juste. Et vous d’elle ? Son intelligence et sa beauté ! [Rires.] Est-ce difficile de travailler avec sa fille ? Oui, c’est très difficile. D'une part, il y a une dualité qui peut être parfois difficile, mais de l’autre côté notre loyauté est indéniable.

La vôtre ? Je suis très honnête et transparente dans mes rapports avec les gens.

Pourrait-il faire de la politique active ? On l’approche pour qu’il se présente à la mairie, mais il ne veut pas. Il serait toutefois un excellent candidat.

Est-il nationaliste ? Définissez votre question. [Rires.] Je crois qu’il est fier de son pays, peu importe la définition.

Et vous ? Je suis ambivalente. Mais une chose est sûre, il faudrait que j’aie réellement l’impression d’être utile.

Et vous ? Aussi, mais probablement de manière moins forte que lui.

Quel est son film favori ? Un film qui le fait pleurer.

S’il devait vivre ailleurs qu’au Québec, où serait-ce ? Au Costa Rica.

Le vôtre ? Shrek.

Et vous ? En Islande.

Qu’apprécie-t-il le plus de vous ? La qualité de mon jugement.

Quel est son plan professionnel ? Je crois qu’il est en mode plaisir. Il a beaucoup ralenti.

Et vous de lui ? Son expérience.

Et vous ? Je n’ai pas réellement de plan. Cependant, j’ai toujours souhaité prendre ma retraite à 30 ans. Cela dit, je ne veux pas rester chez moi à passer le balai. Je souhaite plutôt un heureux mélange de plaisirs et de travail.

Est-ce difficile de travailler avec son père ? Certains aspects sont positifs, d’autres moins. Certaines choses passent plus facilement en raison de notre lien. Par contre, quelquefois on se permet d’aller plus loin dans nos commentaires.


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LE MUNICIPAL

Christian Sauvageau directeur, Service de l’hygiène du milieu Ville de L’Assomption u s i n e f i l t ra t i o n @ v i l l e . lassomption.qc.ca

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LA FLUORISATION DE L’EAU POTABLE :

le débat est relancé !

Au Québec, 7 % de la population boit l’eau fluorée. Le débat sur la pertinence du traitement au fluor refait surface régulièrement… Ainsi, au moment des fusions municipales de 2002, la Ville de Québec ajoutait du fluor à son eau potable, ce qui n’était pas le cas de ses nouveaux arrondissements. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a alors recommandé à la nouvelle Ville de Québec d’étendre l’ajout de fluor à toutes les installations de traitement de l’eau potable de son nouveau territoire… L’administration municipale a répliqué en arguant que les instances gouvernementales devraient imposer la fluoration si celle-ci était si avantageuse. Aussi la nouvelle Ville de Québec a-t-elle abandonné le traitement au fluor en avril 2008. Dernièrement, la décision du conseil de la Ville de Saguenay d’intégrer le fluor au traitement de l’eau potable a relancé le débat. Il y a actuellement mobilisation d’une partie de la population de cette ville contre la fluoration de leur eau potable, comme ce fut le cas à Québec en 2002… Pour ou contre la fluoration de l’eau ? Une pratique qui déchire

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autant la population que les politiciens et les scientifiques. Les études sur les avantages et les inconvénients de la fluoration pullulent. Difficile pour le citoyen de s’y retrouver. Sauf que des organisations crédibles comme la Direction de la santé publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Santé Canada favorisent cette pratique très nord-américaine. Les tenants des fluorures allèguent qu’une telle pratique permet d’éviter de nombreux problèmes dentaires chez les enfants les plus défavorisés de la société. Moins de caries, moins de frais dentaires qui, on le sait, sont exorbitants. Ils affirment que les fluorures sont des minéraux que l’on retrouve couramment dans la nature, notamment dans l’eau, laquelle peut parfois présenter des niveaux beaucoup plus élevés que celui prescrit pour prévenir la carie dentaire. De plus, le gouvernement du Québec absorbe 100 % des frais d’installation des équipements d’injection des fluorures et la fourniture en vrac de ce produit. Ce sont là les principales raisons de la Ville de Saguenay pour aller de l’avant avec ce projet… Les opposants à l’eau potable fluorée s’appuient eux aussi sur un large éventail de publications scientifiques qui démontrent un

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L A F L U O R I S AT I O N D E L’ E A U P O TA B L E : L E D É B AT E S T R E L A N C É !

[…] le simple fait que le fluor se retrouve à l’état naturel ne signifie pas pour autant qu’il n’a pas d’impact. À preuve, le phosphore existe à l’état naturel, mais il a néanmoins un impact sur la prolifération des cyanobactéries. lien statistiquement significatif entre les fluorures et toute une série d’effets néfastes pour la santé : augmentation du risque de fracture osseuse, réduction de la fonction

thyroïdienne, réduction du quotient intellectuel, condition apparentée à l’arthrite, cancer des os et fluorose dentaire (décoloration ou marbrure de l’émail des dents). Ces spécialistes croient qu’il n’est pas nécessaire d’exposer l’organisme entier au fluor et à tous les risques qui sont associés à son ingestion, puisque cette substance agit uniquement lorsqu’elle est appliquée directement sur l’émail de la dent, et non pas lorsqu’elle est métabolisée par l’organisme. Ils soulignent que les dentifrices fluorés sont facilement accessibles et prônent le retour aux visites bisannuelles pour un traitement au fluor en cabinet dentaire comme dans les années 1970-80, et ce, aux frais des organisations de santé publique. L’objectif sera ainsi atteint, car pour eux, la question de la fluoration de l’eau potable en est une de société qui va au-delà du taux de caries chez les enfants défavorisés. Mais pour les organisations de santé publique, il est plus facile de « rejoindre » cette clientèle en ajoutant des fluorures dans l’eau potable… Cela dit, est-ce que le fluor améliore vraiment la situation ? Son impact sur l’environnement estil connu ? Moins de 1 % de l’eau fluorée sert à la consommation... et le reste se retrouve dans nos cours d’eau. Certains avancent que le fluor se retrouve à l’état naturel et qu’il ne peut être dangereux pour notre santé ainsi que pour l’environnement. Pourtant, le simple fait que le fluor se retrouve à l’état naturel ne signifie pas pour autant qu’il n’a pas d’impact. À preuve, le phosphore existe à l’état naturel, mais il a néanmoins un impact sur la prolifération des cyanobactéries. Les plantes aquatiques et terrestres affichent des vulnérabilités très variables à l’égard du fluor. Les insectes et les animaux aquatiques peuvent y être particulièrement sensibles ou vulnérables, et ce, même à de très faibles doses. La fluoration peut avoir des effets sur les cours d’eau : les gens arrosent leur pelouse, lavent leurs autos, etc. Donc, le fluor se retrouve directement dans un cours d’eau ou dans le réseau d’égout municipal, ce qui suppose que les stations d’épuration devraient ajuster leur traitement pour éliminer ce type de rejet avant que celui-ci ne soit renvoyé dans l’environnement afin de minimiser les impacts sur la faune, la flore ainsi que sur les humains. Ces derniers n’étant pas tous connus, c’est pourquoi le principe de précaution devrait alors s’appliquer… Nous ne pouvons continuer indéfiniment à polluer notre environnement et à risquer la santé de nos enfants sans jamais démontrer une fois pour toutes un quelconque bénéfice à l’ajout de fluor à notre eau de consommation. ■

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EAUX USÉES

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COMMENT ENLEVER L’AZOTE AMMONIACAL ? Marc-André Desjardins ing., Ph.D. vice-président, division Environnement AXOR Experts-Conseils inc. mdesjardins@axor.com

Dans ma chronique précédente, j’ai abordé certaines questions de base concernant l’azote ammoniacal. Dans celle-ci, nous allons traiter des principaux procédés d’enlèvement de l’azote ammoniacal pouvant être utilisés dans nos stations d’épuration au Québec. En premier lieu, il convient de mentionner que la façon la plus courante d’éliminer l’azote ammoniacal est par le biais de procédés biologiques. Les procédés physico-chimiques d’élimination de l’azote ammoniacal ne seront pas abordés dans la présente chronique, étant donné qu’il s’agit souvent de solutions de dernier recours appliquées dans de petites installations. Selon le type de station d’épuration et les exigences de rejet qui seront établies, les modifications requises sur les ouvrages existants pour l’implantation de procédés de nitrification pourront être très différentes. Je me limiterai ici à trois types de stations d’épuration : les étangs aérés, les boues activées et les stations physico-chimiques.

Étangs aérés Selon les plus récentes informations disponibles, on compte au Québec près de 500 sites d’étangs aérés, ce qui représente environ 70 % du nombre total de stations d’épuration en opération. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie pancanadienne pour la gestion des effluents d’eaux usées municipales, un certain nombre de ces stations vont se voir imposer, à court, moyen ou long terme, de nouvelles normes visant l’enlèvement de l’azote

ammoniacal. Si ces normes nécessitent que l’azote ammoniacal soit enlevé toute l’année durant, il est alors évident qu’un procédé additionnel sera requis. L’éventail des solutions technologiques permettant une nitrification continue dans les étangs aérés est actuellement très restreint et se limite pratiquement à l’ajout d’un réacteur biologique à support fluidisé (type MBBR/SMBR) en tête des étangs, ou encore entre les deux premiers étangs. Utilisé en tête des étangs, le réacteur à support fluidisé traitera en hiver une eau dont la température sera plus élevée, mais devra dans ce cas assurer non seulement l’enlèvement de l’azote ammoniacal, mais aussi l’enlèvement préalable de la DBO5. Utilisé dans la configuration inter-étangs, le réacteur traitera une eau plus froide, mais dont une bonne partie de la DBO 5 aura normalement été enlevée dans le premier étang. Dans le futur, d’autres solutions pourront venir enrichir le portefeuille d’options technologiques visant à rendre possible la nitrification à longueur d'année dans les étangs. Parmi ces solutions potentielles, on note l’utilisation combinée de la bioaugmentation (ajout de bactéries spécialisées) et de médias de support dans les étangs. Cette avenue, déjà exploitée dans certaines villes des États-Unis, n’a toutefois jamais été testée au Québec. Une autre solution possible consisterait en la mise en place, à la sortie des étangs, d’un réacteur à biomasse fixe de type SAGR (Submerged Attached Growth Reactor). Selon les données obtenues, ce procédé, qui utilise un média rocheux, pourrait permettre une nitrification à des températures aussi basses que 0,5 °C. D’autres procédés utilisant différents types de média de support sont aussi susceptibles de faire leur apparition au Québec. Des projets de démonstration de ces différentes technologies pourraient être réalisés dans un proche avenir.

Boues activées Au Québec, il y a 48 stations d’épuration de type boues activées. Sur le plan de la nitrification, ce type de station est nettement

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C O M M E N T E N L E V E R L’ A Z O T E A M M O N I A C A L ?

avantagé par rapport aux étangs aérés puisque les boues activées constituent en elles-mêmes un procédé permettant l’enlèvement de l’azote ammoniacal à longueur d'année, lorsque l’âge des boues (temps moyen de rétention de la biomasse) est suffisamment élevé. Un âge de boues suffisamment élevé permet d’assurer le maintien des populations bactériennes nitrifiantes dont la croissance est relativement lente. Si la nitrification est insuffisante, particulièrement en hiver, des modifications pourront être envisagées afin d’améliorer l’enlèvement de l’azote ammoniacal. De façon générale, trois options sont alors considérées : 1. l’augmentation de l’âge des boues avec, si requis, des modifications au système d’aération et l’ajout de bassins d’aération et/ou de décanteurs secondaires; 2. la conversion du procédé en réacteur à support fluidisé (type MBBR/SMBR); 3. la modification du procédé en procédé IFAS. Le procédé IFAS (Integrated Fixed-film Activated Sludge) est un procédé hybride combinant les boues activées et le réacteur à support fluidisé. Ce procédé peut constituer une alternative intéressante pour l’amélioration des performances d’une station de boues activées, en tirant profit des avantages des procédés à biomasse fixe tout en maximisant l’utilisation des ouvrages existants.

Stations physico-chimiques Même si, au Québec, il y a peu de stations d’épuration de type physico-chimique (13 stations), c’est avec ce procédé que les eaux usées sont traitées en majorité (54,8 % de la capacité hydraulique

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Disons-le tout de suite : si une norme visant l’enlèvement de l’azote ammoniacal est imposée à une station d’épuration physico-chimique, ça va coûter cher ! totale en 2008). Ceci s’explique par le fait que certaines de ces stations sont de très grande capacité (à elle seule, la station physico-chimique de la Ville de Montréal représente environ 42 % de la capacité hydraulique totale des stations d’épuration au Québec). Disons-le tout de suite : si une norme visant l’enlèvement de l’azote ammoniacal est imposée à une station d’épuration physico-chimique, ça va coûter cher ! Et la raison en est fort simple : ce procédé n’est pas conçu au départ pour enlever la DBO5, et encore moins l’azote ammoniacal. Il s’agit en fait d’un traitement primaire qui ne vise généralement que la réduction des matières en suspension (MES) et du phosphore. Avant d’être touchées par une norme sur l’azote ammoniacal, les stations physico-chimiques vont donc devoir en premier lieu s’attaquer à l’enlèvement de la DBO5 carbonée, ce qui implique l’ajout possible d’un traitement biologique après le procédé physico-chimique. En fonction des objectifs environnementaux de rejets qui seront établis, certaines stations devront, en plus de l’enlèvement de la DBO5, réduire l’azote ammoniacal. La conception du procédé biologique devra alors en tenir compte. Dans tous les cas, on parle d’investissements majeurs qui seront nécessaires, tôt ou tard, en vertu de la Stratégie pancanadienne. ■

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I N STR U M E NTATI O N

France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. franceg@hannacan.com

Que ce soit dans l’eau potable ou dans les eaux usées, les effets de l’alcalinité sont omniprésents (tartre, corrosion, etc.). Il est donc surprenant qu’aucune norme ne s’applique en ce qui a trait aux concentrations maximales permises d’alcalinité dans l’eau. Toutefois, les experts en matière de qualité de l’eau s’entendent pour dire qu’on peut considérer la concentration d’alcalinité de l’eau potable « acceptable » lorsqu’elle se situe entre 30 et 500 mg/l (ppm) de CaCO3, et « bonne » lorsqu’elle se situe entre 100 et 200 mg/l de CaCO3. L’alcalinité est reconnue comme le principal facteur de contrôle de l’agressivité de l’eau et de son pouvoir incrustant. Une eau agressive a tendance à réagir avec le métal des canalisations et à le corroder, alors qu’une eau incrustante a tendance à précipiter les sels dans la tuyauterie et à réduire son diamètre utile.

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COMMENT MESURER L’ALCALINITÉ ? L’eau potable possédant une concentration élevée d’alcalinité peut également avoir un goût dit de « soude » et peut contribuer au dessèchement de la peau.

paramètre doit pouvoir déterminer la méthode adéquate qui lui procurera la précision et l’exactitude recherchée en fonction des exigences de l’application.

De façon générale, l’alcalinité de l’eau se définit comme étant sa capacité à neutraliser un acide. Elle est liée principalement aux carb onates, aux bicarbonates et aux hydroxydes. Les borates, les silicates, les phosphates et certaines formes de matières organiques contribuent également légèrement à l’alcalinité de l’eau. L’alcalinité d’un échantillon d’eau représente en somme sa capacité de résistance aux variations de pH, principalement causées par l’effet tampon des bicarbonates/carbonates. Un niveau faible d’alcalinité dénote une susceptibilité aux variations de pH alors qu’un niveau élevé d’alcalinité correspond à la résistance de l’eau aux variations de pH. Finalement, notons que l’alcalinité constitue un élément important dans le processus de nitrification.

Mesures de l’alcalinité

Il convient donc d’en faire l’analyse fréquemment afin de pouvoir opter pour les modes de traitement appropriés visant le rapprochement à sa concentration souhaitable. Les méthodes d’analyse sont nombreuses. Le spécialiste de laboratoire devant effectuer les mesures de ce

Comme pour la plupart des paramètres d’analyse de l’eau, les méthodes les moins dispendieuses de mesure d’alcalinité sont les trousses chimiques ou les bandelettes. Bien que simples d’utilisation, ces deux dernières n’offrent évidemment ni précision ni traçabilité. Une méthode d’analyse conductivimétrique peut être envisagée si la concentration d’alcalinité excède 0,3 mg/l. Cette méthode de titrage est basée sur la différence de conductivité qui existe entre les réactifs et les produits de réaction lors de la détermination de l’alcalinité. La méthode considérée « intermédiaire » quant au prix et à la performance est la colorimétrie, aussi appelée photométrie. Quoique non reconnue par les instances de réglementation, cette méthode bien répandue, et ce, particulièrement en Amérique du Nord, permet d’obtenir un affichage numérique relativement précis de la concentration d’alcalinité présente dans

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C O M M E N T M E S U R E R L’ A L C A L I N I T É ?

un échantillon d’eau simplement suite à l’addition d’un réactif dans ce dernier. La différence de couleur obtenue entre l’échantillon brut et l’échantillon ayant réagi est interprétée par le microprocesseur et ensuite exprimée numériquement en mg/l de carbonate de calcium (CaCO3). Le désavantage de la méthode colorimétrique est le contrôle requis de certains interférents afin d’éviter l’obtention de mesures erronées. Les colorimètres (photomètres) permettant d’effectuer ces analyses sont disponibles en instruments monoparamètres ou plus souvent en instruments multiparamètres qui incluent également des paramètres à analyser tels que le chlore, la dureté, le pH, le fer, etc. Selon les standards acceptés (Standard Methods for the Examination of Water and Wastewater et USEPA), deux méthodes par titrage (titration) sont reconnues pour la détermination de l’alcalinité, soit la détermination des bases fortes appelées « titre alcalimétrique » (TA) par titrage à la phénolphtaléine dont le point d’inflexion sur la courbe se situe à pH 8,3, et la détermination de l’alcalinité totale appelée « titre alcalimétrique complet » (TAC) par titrage au vert de bromocrésol dont la formation ionique change à un pH de 4,5. Le titrage pourra être effectué au choix manuellement à l’aide d’une burette ou automatiquement à l’aide d’un titrateur automatique potentiométrique. La plupart des titrateurs automatiques présentent les deux méthodes approuvées mentionnées plus haut. Dans les méthodes de titrages automatiques, le volume de titrant dosé correspond (via un calcul automatique du microprocesseur) au degré d’alcalinité de l’eau qui est typiquement affiché en mg/l de carbonate de calcium (CaCO3). Ces instruments qui intègrent généralement un agitateur magnétique, une burette automatique, une pompe péristaltique et un logiciel de gestion libèrent le technicien

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de laboratoire familier avec les titrages manuels des opérations fastidieuses requises telles que l’addition et le dosage du titrant, la mise en œuvre de la cinétique de la réaction, l’interprétation et le tracé des courbes de titrage, le calcul mathématique des points de mesure acquis pour les couples pH /volume ainsi que la documentation des résultats bruts et finaux obtenus. En conclusion, comme la plupart des résultats d’analyse doivent désormais être documentés et rapportés, les méthodes dites d’appréciation visuelle (trousses chimiques et titrages manuels) sont vouées à perdre en popularité au détriment des méthodes colorimétriques ou titrimétriques qui offrent des possibilités d’enregistrement et de transfert subséquent de données. La titrimétrie, bien que plus coûteuse que la colorimétrie, gagnera certainement en popularité au cours des années à venir en raison des précisions offertes ainsi que de l’absence d’interférence de cette méthode éprouvée. ■

Exemple de titrateur automatique

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SUR LE RADAR

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DESSALER L’EAU DE MER :

John Cigana ing., M.Sc. A. vice-président, Développement des affaires et marketing John Meunier inc. jcigana@johnmeunier.com

la panacée du XXIe siècle ?

Quelle serait la conséquence d’une utilisation toujours plus importante des ressources en eau douce ? Le stress hydrique. Selon un article récent, il est en effet estimé qu’en 2025, quatre milliards d’êtres humains, soit la moitié de la population mondiale, pourraient être confrontés à un déficit en eau. Quelles pourraient être les solutions ? L’eau de mer représentant près de 97 % de toute l’eau liquide sur terre, il serait raisonnable de croire que le dessalement de l’eau de mer pourrait constituer une solution valable aux problèmes de stress hydrique. Aujourd’hui, le dessalement des eaux de mer ne représente que 0,9 % de toute la consommation mondiale d’eau potable. Par contre, la capacité installée d’usines de dessalement augmente de 10 % par année un peu partout dans le monde. Creusons un peu cette technique assez peu connue au Canada pour y voir si c’est la panacée tant attendue. Il existe trois grandes techniques de dessalement de l’eau de mer : les technologies thermiques, les technologies membranaires et les procédés hybrides comprenant à la fois l’approche thermique et membranaire.

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Technologies thermiques Les technologies thermiques visent à reproduire les phénomènes naturels de l’évaporation et de la condensation afin de produire une eau douce, distillée, de grande qualité. Cette méthode est connue depuis très longtemps. Pour y arriver, de l’énergie, sous forme de chaleur, est appliquée afin d’amener l’eau sous forme de vapeur et ainsi de la libérer de ses sels minéraux. Deux méthodes existent pour faire s’évaporer et condenser l’eau salée : la méthode à détente étagée (ou, en anglais, MSF pour Multi-Stage-Flash) et la plus récente, la distillation à effets multiples (ou, en anglais, MED, Multi-Effect Distillation), qui permet de récupérer et de réutiliser l’énergie perdue. Les installations méridionales peuvent bénéficier, par exemple, de panneaux solaires pour diminuer la facture énergétique totale, mais la forte consommation d’énergie demeure une caractéristique des technologies thermiques et leur principal point faible. L’usine d’Al Jubail (Marafiq), en Arabie Saoudite est une des plus grosses usines de dessalement au monde, nécessitant 27 unités de dessalement et produisant près de 800 000 m3 d’eau potable par jour. Cette usine fonctionne sur le principe du dessalement thermique par distillation à effets multiples.

Technologies membranaires Grâce à des membranes semi-perméables d’osmose inverse, on arrive à extraire une partie de l’eau douce de l’eau salée en

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D E S S A L E R L’ E A U D E M E R : L A P A N A C É E D U X X I E S I È C L E ?

PROBLÈMES D’ODEUR Crédit: Photothèque VWS/Sidem

appliquant une force qui contre la pression osmotique. Une autre méthode fait appel à des techniques électromembranaires utilisant l’électricité pour séparer les sels minéraux de l’eau salée. Ces techniques, plus contemporaines, sont reliées de près aux efforts de recherche et développement dans le domaine des matériaux membranaires et semi-perméables. Les facteurs influençant les performances de ces membranes sont nombreux : température, salinité de l’eau de mer, pression d’opération, etc., sans parler des contaminants (huiles, plancton, etc.) pouvant contribuer au colmatage de ces membranes, donc à la diminution de la performance. L’énergie électrique est aussi un élément important du coût d’exploitation de telles installations. Par contre, le coût énergétique d’une installation d’osmose inverse demeure plus faible (de 3,5 à 5 kWh/m3) que celui des installations thermiques qui oscillent entre 15 et 18 kWh/m3 pour les installations plus anciennes utilisant le système MSF et entre 5,7 et 7,5 kWh/m3 pour les références plus récentes fonctionnant avec la technique du MED.

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Et les hybrides ? Les systèmes hybrides ne sont pas réservés uniquement aux automobiles ! Il est possible de combiner les techniques thermiques et membranaires de dessalement au sein d’une même installation. Pourquoi un client voudrait-il deux techniques différentes de production d’eau potable ? Tout simplement parce que ces deux techniques sont complémentaires et offrent une plus grande flexibilité opérationnelle.

Et le dessalement au Canada ? Bien sûr, le Moyen-Orient possède la plus grande part des 12000 installations de dessalement à travers le monde. Mais combien de gens savent que des installations de dessalement existent en quantité respectable dans les Amériques ? L’Amérique centrale et l’Amérique du Sud possèdent presque 40 installations produisant plus de 340 000 m3 par jour d’eau potable. Le sud des États-Unis possède une poignée d’installations de dessalement. Qu’en est-il au Canada ? Sauf quelques rares exceptions et de façon générale, nos réserves hydriques ne justifient pas le développement à outrance de projets de dessalement, du moins dans un avenir proche. Mais qu’en serat-il dans le futur ? Prédire l’avenir est toujours un pari risqué… Toutefois, si la neige et la pluie se font toujours aussi abondantes au Canada et que la gestion des ressources hydriques se fait de façon ordonnée, le dessalement continuera d’être une technologie dont l’utilisation sera l’exception plutôt que la norme sur notre territoire. ■

Installation facile et économique Aucun entretien Évite les déchets de tomber dans le regard Faits de matières recyclées Complètement biodégradable preautech@sympatico.ca Cell : 514-826-7767 Bur : 450-447-8581 2070 Chemin Des Patriotes, Richelieu, Québec, J3L 4A7 Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

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TECHNOLOGIE

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LE CENTRE DES TECHNOLOGIES DE L’EAU, Monique Tardat-Henry M.Sc. chercheuse Centre des technologies de l’eau

un partenaire technologique de choix ! fédérales. Elles sont assez nombreuses et souvent méconnues…

Il existe une cinquantaine de Centres collégiaux de transfert technologique (CCTT) au Québec couvrant différentes sphères d’activité. L’objectif de ces centres est d’utiliser l’expertise (et les équipements) disponible dans les cégeps, en particulier en région où les centres de recherche sont peu nombreux et où les PME ont bien du mal à obtenir de l’aide pour des problèmes « terre à terre », pratiques… à un coût raisonnable ! Les CCTT sont subventionnés par les ministères de l’Éducation (MELS) et du Développement économique (MDEIE) et sont « sans but lucratif ». L’un de ces CCTT est le CTE (Centre des technologies de l’eau). Il est affilié au Cégep de Saint-Laurent dont l’expertise dans le domaine de l’eau et de l’assainissement est reconnue. Il répond à un besoin pressant des PME aux prises avec des problèmes de rejets, de surconsommation d’eau ou de faible efficacité des systèmes existants. Sa mission est d’aider ces PME à résoudre des problématiques liées à l’eau par le biais de recherches appliquées, de formation et de soutien technique.

On peut illustrer comme suit ce que peuvent être l’intervention et la démarche du CTE pour diminuer l’impact d’un rejet industriel : - ségrégation des eaux les plus contaminées; - diminution de l’utilisation de produits problématiques (optimisation des doses utilisées, recyclage…); - substitution de ces produits par d’autres; - changement de procédures; - traitement des effluents (par voie physicochimique, biologique, etc.). Dans le cas d’une collaboration avec une PME, l’exemple de celle réalisée avec les Industries Fontaine a présenté les étapes suivantes : - cerner la problématique (corrosion des vannesportes lors du transport maritime); - rechercher une aide financière (subvention d’Enviroclub); - proposer une démarche scientifique, des essais pertinents; - réaliser ces essais en laboratoire (tests de corrosion, modification des agents chimiques et des procédures); - tirer les conclusions et suggérer des solutions;

Le CTE réalise des études de faisabilité et des essais de traitabilité, et peut effectuer la mise en route ou l’optimisation des systèmes. Le CTE réalise des études de faisabilité et des essais de traitabilité, et peut effectuer la mise en route ou l’optimisation des systèmes. Le transfert des connaissances doit être assuré à chaque étape, et cela, dans les deux sens : transfert des connaissances et des compétences vers le partenaire, mais aussi transfert de l’industrie vers l’enseignement. Le CTE collabore avec les autres intervenants comme les universités, les firmes de génie-conseil ou les équipementiers sans pour autant empiéter dans leur champ de compétence : l’université mène des recherches fondamentales, publiables, alors que le CTE se consacre à des recherches très appliquées ! Enfin, autre rôle essentiel, le CTE accompagne son partenaire (PME, municipalité ou autre) dans la recherche de subventions tant provinciales que

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- appliquer ces solutions dans l’industrie; - vérifier les gains environnementaux et financiers ainsi réalisés. Plus généralement, les activités du CTE visent à assurer le respect des normes présentes et à venir… et donc la protection de l’environnement ! N’oublions pas que les nouvelles règlementations, tant fédérales (stratégie pancanadienne) que municipales (règlements 2008-47 de la Communauté métropolitaine de Montréal) vont accentuer les pressions sur les municipalités et les industries dès 2012 ! Dans un autre ordre d’idée, l’inauguration officielle du Centre des technologies de l’eau aura lieu le 22 mars, Journée mondiale de l’eau. Les bureaux sont installés en face du Cégep dans la magnifique bâtisse historique qui a jadis abrité le premier Collège de Saint-Laurent. Plusieurs projets sont en marche et l’équipe du CTE attend avec enthousiasme vos suggestions, en particulier pour offrir des journées d’information et de formation sur les problèmes d’un secteur particulier (industries du placage, de l’agroalimentaire, nouvelles technologies, règlementations, etc.). Je vous invite à consulter notre site Web : http://www.cteau.com ■


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DÉMOGRAPHIE ET RENTABILITÉ DES ORGANISATIONS

Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg

Le meilleur manager est celui qui sait trouver les talents pour faire les choses, et qui sait aussi réfréner son envie de s’en mêler pendant qu’ils les font. – Theodore Roosevelt Les organisations, au Québec comme ailleurs, ont de moins en moins de marge de manœuvre en ce qui concerne le maintien de leur rentabilité étant donné la compétition qu’opposent les pays émergents disposant d’une main-d’œuvre bon marché et abondante. Cette abondance ne caractérise pas vraiment le Canada; avec une relève insuffisante pour prendre le relais des 10 millions de Canadiens qui partiront à la retraite sur un horizon de cinq ans, les organisations d’ici devront faire face à une

importante pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En effet, les babyboomers sont nés entre 1946 et 1965 et vont, de ce fait, commencer à prendre leur retraite en 2010, si ce n’est pas déjà fait. En 2006, un Canadien sur trois était né durant cette période, selon Statistique Canada. La gestion intelligente et humaine des ressources devient donc un facteur incontournable pour assurer la productivité, la rentabilité et la pérennité des organisations. Vous me direz que ce sont les problèmes du secteur privé... Eh bien non, la fonction publique prévoit 14 251 départs à la retraite d’ici 2014, d’où l’importance d’une réflexion globale sur le sujet, mais aussi particulière. Toutefois, avant de mettre en place toutes sortes de stratégies pour contrer la pénurie qui se fait déjà sentir dans certains secteurs, il convient de s’adonner à un exercice d’introspection organisationnelle. Que possède mon organisation de plus que les autres ? Qu’avons-nous à offrir ? Quel type de culture est véhiculé ici ? Qu’offrent les entreprises de ma région et de mon secteur d’activité ? Quels sont mes avantages concurrentiels sur l’axe des ressources humaines ? Pourquoi les gens partent-ils de chez nous, pourquoi restentils ? Ces questions, simples en apparence, sont cruciales au développement des affaires, car leurs réponses, plus complexes, sont à la base de toute réflexion stratégique organisationnelle.

La solution concernant les salaires doit être abordée avec finesse, car les générations montantes ne sont pas si avides de gros salaires, mais bien d’une meilleure qualité de vie et d’une plus grande capacité à évoluer au sein de l’organisation.

Êtes-vous sérieux lorsqu’il est question d’étanchéité? Lorsqu’il est question de réservoirs pour l’entreposage des eaux usées, une conception étanche gagne de l’importance. Installer un réservoir étanche comporte de nombreux avantages, particulièrement depuis les changements de la réglementation, car l’étanchéité est de plus en plus souvent obligatoire. Donc, si vous recherchez vraiment un réservoir étanche et facile à installer, songez aux réservoirs en fibre de verre ZCL Composites inc. pour vos projets futurs.

Les avantages des réservoirs étanches : • Construit d’une seule pièce - ne requiert aucune installation en chantier de composantes nécessitant joints ou scellements pour compléter leur mise au point. • Fabriqué en usine - élimine le besoin d’assembler ou de mouler le réservoir sur place ainsi que tous les imprévus causés par les intempéries, les équipes de chantier ou les délais de livraison. • Rendement éprouvé - les réservoirs ZCL entreposent des produits pétroliers depuis presque trois décennies où seule une conception étanche est acceptable. • Conception robuste - les réservoirs de base sont conçus pour être enfouis jusqu’à 7 pieds de profondeur, même en présence d’une nappe d’eau élevée et ils sont évalués pour soutenir une charge nominale H-20.

www.zcl.com • (780) 466-6648 Téléphone • (780) 466-6126 Télécopieur 26

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D É M O G R A P H I E E T R E N TA B I L I T É D E S O R G A N I S AT I O N S

Car comment procéder à une optimisation si on ne connaît pas le ciment de nos ressources humaines ? En examinant vos forces et vos faiblesses, vous pourrez établir et prioriser les cibles à atteindre pour favoriser la rétention de vos ressources et en attirer de nouvelles – la problématique étant double. Gérer les ressources de façon humaine, ça signifie optimiser le système de reconnaissance, l’organisation du travail, la communication, le développement des compétences, la formation, la santé et la sécurité au travail et l’approche de gestion. Cependant, vos décisions ou stratégies devront s’articuler autour de l’humain et de ses besoins. Dans un marché d’employeurs, ce sont ces derniers qui dictent les règles; les ressources humaines ont alors peu de pouvoir de négociation. Or, dans un marché d’employés, ce qui devrait arriver plus vite qu'on ne le pense, c’est l’employé qui détient le pouvoir. On estime que, dans un futur rapproché, une personne qualifiée recevra entre trois et cinq offres d’emploi. Alors, quel sera son choix ? Le futur employé choisira sans doute l’employeur offrant les meilleures conditions d’emploi et d’exercice. La filière de l’environnement ne sera pas en reste, car elle doit en plus concurrencer d’autres secteurs de l’activité économique; la tarte reste de la même grosseur, mais les pointes de tarte varieront en fonction de la visibilité du secteur, de sa notoriété et des conditions de travail offertes. Après avoir mesuré l’écart entre votre position et celle désirée, vous aurez à établir un plan d’action visant l’amélioration de vos pratiques RH. Ne pensez pas que ceci prend trop de temps ou demande trop d’argent; pensez plutôt que le personnel reste une des charges les plus importantes des

entreprises, puisqu’il peut représenter jusqu’à 50 % des dépenses dans le secteur des services. Ce facteur humain apparaît donc de plus en plus comme un des leviers essentiels de la performance. La direction des ressources humaines ne doit plus être perçue comme une fonction dans laquelle sont englouties des sommes dont on ne mesure jamais tout à fait les retombées. La DRH représente plutôt un investissement qui concourt au succès de l’organisation à court et long termes. Sans être une liste exhaustive de mesures, solutions ou suggestions, voici quelques exemples qui pourront vous mettre sur la piste : horaires variables, politiques de vacances, conciliation travailvie privée, télétravail, programmes de formation axés sur le développement des compétences, gestion des carrières, programmes de reconnaissance, etc. La solution concernant les salaires doit être abordée avec finesse, car les générations montantes ne sont pas si avides de gros salaires, mais bien d’une meilleure qualité de vie et d’une plus grande capacité à évoluer au sein de l’organisation. Une chose est sûre : avant de mettre en place des solutions ou actions, consultez vos gens, car qui de mieux placés que vos employés pour décider de ce qu’ils veulent ? Et pour mesurer les retombées de l’implantation des nouvelles conditions, préparez un questionnaire que devront remplir vos employés avant et après la mise en place de la politique. Cette façon de faire pourra vous donner des indicateurs très intéressants qui vous permettront d’ajuster votre offre au fur et à mesure que les résultats se feront sentir du côté de la productivité et de la rentabilité. ■

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LE PR O C U R E U R GÉNÉRAL D U Q UÉBE C D E V I E N D R A -T- I L L A P O L I C E D E L’ E A U ?

LE JURIDIQUE

Me Hervé Pageot avocat en droit de l’environnement Daigneault, Cabinet d’avocats herve.pageot@rdaigneault.com

La Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection (le « PL27 ») va modifier en profondeur la gestion de l’eau au Québec lorsqu’elle entrera en vigueur. Parmi les nouveaux mécanismes qui seront mis en place, le recours en réparation de dommages écologiques visant les ressources en eau constitue sans aucun doute une innovation majeure. Ainsi, lorsque par le fait, la faute ou l’acte illégal d’une personne, des dommages seront causés aux ressources en eau, notamment par une altération de leurs propriétés physiques, chimiques ou biologiques, de leur potentiel écologique ou de leur état quantitatif, le procureur général, au nom de la collectivité, pourra désormais intenter contre l’auteur des dommages une action en réparation.

L’État gardien de l’eau, ressource collective Ce nouveau recours trouve ses assises dans la confirmation du caractère collectif des ressources en eau par le PL27. En tant que gardien des intérêts de la nation, l’État a le devoir de protéger cette ressource collective et de demander réparation des dommages qui lui sont causés. Le PL27 rappelle par ailleurs que la protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion des ressources en eau sont d’intérêt général et concourent à l’objectif de développement durable. Il réaffirme également, à titre de corolaire, que toute personne est tenue de réparer, dans les conditions définies par la loi, les dommages qu’elle cause aux ressources en eau. Cette nouvelle mesure correctrice couvre les diverses atteintes que peut subir la ressource eau : on vise ici les altérations à ses propriétés physiques, chimiques ou biologiques, mais également à son potentiel écologique ou à son état quantitatif. Il s’agit donc d’une responsabilité objective indépendante de toute atteinte aux biens ou aux personnes.

Une responsabilité sans faute Il faut comprendre qu’il s’agit là d’un pouvoir exceptionnel, car le régime retenu est celui de la responsabilité sans faute, alors que le régime général actuel de responsabilité civile extracontractuelle au Québec est fondé sur l’existence d’une faute, d’un dommage et d’un lien de causalité entre les deux (article 1457 du Code civil du Québec).

[…] même si une personne ne commet aucune faute et respecte les normes applicables à ses activités, sa responsabilité pourra être retenue si elle cause des dommages aux ressources en eau.

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Or, avec le PL27, la faute, l’acte illégal, mais également le fait d’une personne peuvent engager sa responsabilité. En d’autres termes, même si une personne ne commet aucune faute et respecte les normes applicables à ses activités, sa responsabilité pourra être retenue si elle cause des dommages aux ressources en eau. En outre, si les dommages ont été causés par une faute ou un acte illégal de deux personnes ou plus, l’obligation de réparation est solidaire, c’est-à-dire que l’État pourra recouvrer l’ensemble des dommages de l’une ou de l’autre. Ce nouveau recours vient s’ajouter au régime actuel de responsabilité civile et n’affecte donc aucunement les divers recours existants à la disposition des citoyens en vertu notamment du Code civil du Québec ou de la Loi sur la qualité de l’environnement. Bien qu’exceptionnel au Québec, il est à souligner qu’un recours semblable existe déjà au sein de l’Union européenne.

Finalités de l’action en réparation Le recours en réparation vise l’une ou l’autre des trois fins suivantes, ou une combinaison de celles-ci : 1) la remise en l’état initial ou dans un état s’en rapprochant; 2) la réparation par des mesures compensatoires; et 3) la réparation par le versement d’une indemnité, de type forfaitaire ou autre. La remise en état suppose une connaissance préalable de la situation qui prévalait avant le dommage, ce qui, on s’en doute, n’est pas toujours possible. L’article 8 tente de résoudre cette difficulté en stipulant que l’état initial « désigne l’état des ressources en eau et de leurs fonctions écologiques qui auraient existé sans la survenance de ces dommages, évalués à l’aide des meilleures informations disponibles ». Par ailleurs, le gouvernement pourra déterminer par voie de règlement les conditions applicables à la remise en l’état initial et à la réparation par des mesures compensatoires, de même que les éléments, barèmes ou méthodes à prendre en compte dans l’évaluation ou l’établissement des dommages et de l’indemnité exigible. Il faut donc s’attendre à ce qu’un règlement soit adopté bien qu’il ne s’agisse pas d’une condition préalable à l’entrée en vigueur de ce nouveau régime. Les indemnités obtenues seront versées au Fonds vert (art. 10 PL27) afin d’être « affectées au financement de mesures prises pour assurer la gouvernance de l’eau, entre autres pour favoriser la protection et la mise en valeur de l’eau, ainsi que pour la conserver en quantité et en qualité suffisantes dans une perspective de développement durable ». Cette nouvelle action en dommage se prescrira par 10 ans à compter de la date à laquelle le ministre a connaissance des dommages (art. 11 PL27). Encore une fois, il s’agit d’une exception par rapport au régime de prescription de trois ans prévu par le Code civil du Québec pour les actions personnelles et les actions relatives à des matières mobilières. À noter que cette prescription ne court qu’à compter de la connaissance du dommage par le ministre et non à partir du fait, de la faute ou de l’acte illégal à l’origine de ce dommage. Le gouvernement justifie un délai aussi long par la gravité du préjudice écologique en cause, soit l’atteinte à une ressource vitale pour les êtres vivants. Tout est donc prêt sur le papier pour imposer de nouvelles mesures correctrices aux atteintes aux ressources en eau. Reste à voir l’utilisation qu’en fera le gouvernement lorsque le PL27 entrera en vigueur. ■


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LE S B O N S C O NTA CTS

Spécialiste du traitement des eaux municipales et industrielles Services offerts : gestion, exploitation et optimisation. Distributeur des compteurs d'eau Neptune. 20 275, Clark Graham, bureau 200 Baie d'Urfé, Québec, H9X 3T5 Télé. : 514-457-9991 • Téléc. : 514-457-9922 • Courriel : info@tekno.ca

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L’ E N V E R S D U D É C O R

Sources : Umour.com, Nations Unies, Ushuaia et l’équipe de SOURCE.

es, ouvell ets n s e j d des su avez Vous ecdotes ou aire part ? des anêt à nous f tout à d’intér parvenir le Faites aya.cc m @ o f in

HISTORIQUE DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L'EAU C’est le 22 décembre 1992 que l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution déclarant le 22 mars de chaque année « Journée mondiale de l’eau ». Cette résolution invitait les États à consacrer ce jour, selon le contexte national, en concrétisant des actions telles que la sensibilisation du public par des publications, des diffusions de documentaires, l’organisation de conférences, de tables rondes, de séminaires et d ’ ex p o s i t i o n s l i é s à l a c o n s e r v a t i o n e t a u développement des ressources en eau. Vous sentez-vous interpellé par cette journée ? Que ferez-vous pour la promouvoir dans votre entreprise ou votre organisation ? Ayez une petite pensée pour les gens d’Haïti…

C’EST DANS LES PETITS DÉTAILS… En 2008, à l’occasion du dernier G-8 qui s’est tenu au Japon, les ministres des Finances des pays industrialisés réunis à Osaka ont été invités à se présenter… sans cravate ! Le gouvernement japonais avait décidé de faire cette demande aux dignitaires afin qu’ils aient moins chaud durant leurs réunions. Ainsi, les hôtes ont pu diminuer le recours au système de climatisation. Un geste banal en apparence, mais tout de même efficace pour l’environnement.

Le printemps est à nos portes…

Avec les temps plus chauds qui s'annoncent à l’horizon, pourquoi ne pas imiter le Japon en établissant cette règle pour vos réunions ? Tout le monde y gagnera !

ALLONS À LYON ! La dernière édition du salon Pollutec qui s'est tenue à Paris en décembre dernier a été un grand cru… Cette année, l’important salon international se tiendra du 30 novembre au 3 décembre 2010 à Lyon. Les organisateurs attendent plus de 75 000 visiteurs et 2 400 exposants. Le pays à l’honneur sera le Chili. Nous vous encourageons à participer à l’événement à titre d’exposant ou même de simple visiteur. Vous pouvez obtenir de l’information en écrivant à sylvain.stcyr@export-environnement.com ou sur le site Internet du salon : www.pollutec.com

Le printemps est à nos portes, le golf aussi… Avez-vous réservé votre départ pour le tournoi de golf annuel de votre magazine SOURCE ? Si vous croyez qu’il est trop tôt pour ce faire, détrompez-vous. L’événement est très couru et se déroule à guichet fermé année après année. Encore une fois, il se tiendra au prestigieux Club de golf Glendale. Inscrivez le jeudi 2 septembre à votre agenda et dépêchez-vous de remplir le formulaire d’inscription sur www.maya.cc. Four !

Si vous connaissez Joël Prud’homme de Nordmec construction, demandez-lui de vous parler de son incroyable prestation au Centre Bell, à l’occasion d’une partie organisée par la Banque Laurentienne. Vous pouvez aussi visionner le DVD en sa compagnie. Un match mémorable...

Le réchauffement de la planète est-il réel ?

Connaissez-vous le bdd ? 30

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À Saint-Hyacinthe : Le coût

de la disposition des boues sera ZÉRO

M. Louis Barré, président, Mabarex inc., M. Pierre Mathieu, surintendant usine d’épuration, Ville de Saint-Hyacinthe, M. Claude Bernier, maire, Ville de Saint-Hyacinthe, M. Vincent Pépin, directeur-général, Bio-Méthatech, M. Pierre Gabrielli, ing. , directeur service de l’ingénierie, Ville de Saint-Hyacinthe

Le Prix en infrastructures municipales décerné par le MAMROT et le CERIU lors du Congrès INFRA 2009, a été remis à la Ville de Saint-Hyacinthe le 17 novembre dernier. La Ville de Saint-Hyacinthe met en service un système innovateur de digestion et de séchage des boues et autres matières organiques résiduelles. Le biogaz en excès servira également à sécher l’ensemble des boues de l’usine d’épuration qui, de plus, pourront être utilisées en agriculture sans danger.

Digesteurs – procédé LIPP de Bio-Méthatech

Pour ce projet, Mabarex a conçu et installé les équipements de man manutention de boues humides et séchées, de génération et récu récupération de chaleur, le système de séchage et le silo de boues séch séchées. Le tout en intégration harmonieuse avec le système de dige digestion anaérobie.

Ce séchoir de boues municipales et iindustrielles est le plus populaire en Amérique du Nord, car il est

le plus fiable

Mabarex a réalisé au Québec plus de systèmes de déshydratation, digestion et séchage de boue boues municipales et industrielles que ses concurrents. Nous so sommes fiers partenaires du projet innovateur réalisé p par la Ville de Saint-Hyacinthe.

On est aux boues depuis plus de 25 ans!

Traitement des eaux et des boues Water and Sludge Treatment Tratamiento de aguas y lodos

2021, rue Halpern St-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775 E-mail : mabarex@mabarex.com Web : www.mabarex.com


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