SOURCE printemps 2013

Page 1

Jean-Paul

Trudel Convention de la poste-publications no 41122591

Coup d'œil sur la relève

Stratégie d’économie d’eau potable : de nouveaux outils

14

Entretien des électrodes de pH

22

Émissions de gaz à effet de serre : affichez vos pratiques de gestion responsable !

24

xclusif Contenduiffeusé sur

ol.tv monsouss www.dans 0

ENTREVUE avec

Vo ir p ag e3

PRINTEMPS 2013, vol. 8 no 3

Le magazine de l’eau au Québec

www.magazinesource.cc




tête-à-tête 8

« Quand avez-vous vu une publicité à l’échelle municipale ou nationale pour expliquer ce que nous devons éviter de jeter dans les toilettes ? On y jette n’importe quoi, de l’applicateur de tampon en plastique aux médicaments périmés, sans oublier la peinture, les solvants et une multitude de produits chimiques. En période d’orage, les égouts peuvent déborder et entraîner une surverse. Les eaux usées et les déchets qu’elles contiennent se retrouvent alors dans les cours d’eau et c’est néfaste pour l’environnement. Penser qu’aucun impact n’en résulte relève d’une grande naïveté.» — Jean-Paul Trudel

SOMMAIRE

chroniques 14 16 22

C A R B O R E S P O N S A B LE

24

G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

26

L E S A M I S D E S O U R C E LES

BONTSS 28

CONT

L’ E N V E R T D U D É C O R

AC

30

EAU POTABLE

STRATÉGIE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE : DE NOUVEAUX OUTILS SUR LE RADAR

RETOUR VERS LE FUTUR INSTRUMENTATION

ENTRETIEN DES ÉLECTRODES DE PH

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : John Cigana Marc-André Desjardins Dominique Dodier France Gauvreau Mathieu Laneuville Manon Laporte

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Photos de la page couverture et de l’Entrevue : Alexandre Nadeau Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Carpe diem

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé

4

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

© Tous droits réservés.

Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère QC J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc

D r o i t s d ’ a u t e u r e t d r o i t s d e r e p r o d u c t i o n : t o u t e d e m a n d e d e r e p r o d u c t i o n d o i t ê t r e a ch e m i n é e à M AYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOU R CE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.

PRINTEMPS 2013, vol. 8 no 3

Le magazine de l’eau au Québec


DÉCOUVREZ LE PARADIS DES GOLFEURS À 15 minutes de Montréal

FORFAITS

TOURNOI • GOLF ET SOUPER 4 SERVICES • RÉUNION ET GOLF • MARIAGE

Un complexe haut de gamme à prix abordable Nouvellement membre du regroupement PAR 2 parcours de prestige de 18 trous Salle à manger pouvant accueillir 260 personnes Ambiance chaleureuse Piscine creusée Information et réservation 514 990.8392 9500, montée Ste-Henriette, Mirabel

www.golf-glendale.com

LIVRETS CORPORATIFS DE 40 ET 50 PARTIES EN VENTE


adumouchel@maya.cc

éditorial

UN PEU DE DISCERNEMENT, S.V.P.

André Dumouchel

S

i vous êtes comme moi, vous éprouvez probablement un grand malaise à suivre les activités de la commission Charbonneau. Depuis que la juge a commencé ses travaux, il ne se passe pas une journée sans que je ne jette un coup d’œil nerveux aux manchettes des quotidiens. Je vous rassure tout de suite, je n’ai absolument rien à me reprocher et vous ne risquez pas de m’y voir la binette. Par contre, j’ai toujours peur de voir l’une de mes relations d’affaires être mise sur la sellette.

De par la nature de notre secteur d’activité, nous sommes quotidiennement en lien avec les fonctionnaires municipaux, les firmes de génie-conseil et les entreprises en construction. Et comme ce sont justement des individus appartenant à ces groupes qui font les frais des interrogatoires serrés, les chances d’y entendre le nom d’une personne que nous connaissons sont donc beaucoup plus grandes que si nous travaillions dans un autre domaine. Ce qui est extrêmement malheureux pour notre industrie. Cela dit, il faut évidemment éviter à tout prix la chasse aux sorcières. Par exemple, rendre tout le monde coupable par association pourrait porter préjudice à d’honnêtes gens. Penser que tous les ingénieurs sont coupables de malversation ou que tous les fonctionnaires et maires sont corrompus serait totalement injuste. C’est pourtant ce que vivent plusieurs ingénieurs et fonctionnaires municipaux. Beaucoup d’entre eux m’ont dit être découragés de devoir constamment faire la preuve de leur honnêteté. Cette situation me fait penser à une triste période de l’histoire de la France où la présomption d’innocence était suspendue. Durant cette courte période, vous étiez coupable jusqu’à preuve du contraire. Imaginez le cauchemar. Les Français se sont vite rendu compte que cette façon de fonctionner n’avait aucun sens, car sans être coupable de quoi que

6

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

ce soit, il est généralement bien difficile de prouver qu’on n’a rien à se reprocher. Le pauvre Danton n‘aurait probablement pas été guillotiné en d’autres circonstances. Poursuivons les coupables, faisons-les payer leur cupidité, mais de grâce agissons avec discernement pour ne pas faire vivre un enfer à ceux qui ne le méritent pas.

SUIVEZ-NOUS SUR TWITTER

@dansmonsoussol Une initiative

MAYA.cc Suivi de la une L’entrevue publiée dans notre dernière édition semble avoir piqué la curiosité de bien des gens de l’industrie. Vous êtes nombreux à m’avoir contacté afin d’obtenir des précisions quant à la nature de l’implication politique de Jean Lavoie. J’ai donc contacté ce dernier il y a quelques jours afin de m’enquérir de l’avancement de sa réflexion. Il m’a fait part de sa décision de se présenter à titre de conseiller municipal. De plus, après avoir rencontré tous les candidats à la mairie, il en est venu à la conclusion qu’il serait préférable de se présenter comme candidat indépendant. Souhaitons maintenant que les différents aspirants maires de cette grande ville ne lui opposent pas un candidat vedette. Rappelons simplement qu’en cette période trouble, la ville de Laval n’a pas les moyens de se passer d’une personne aussi intègre au conseil de ville. ■



ENTREVUE avec

Jean-Paul

Trudel

Entrevue réalisée par André Dumouchel

Coup d'œil sur la relève

FORT D’UNE VASTE EXPÉRIENCE EN TRAITEMENT DES EAUX, J EAN-PAUL TRUDEL A RÉORIENTÉ SA CARRIÈRE VERS L’ENSEIGNEMENT IL Y A UNE DOUZAINE D’ANNÉES. SOUS DES DEHORS QUELQUEFOIS UN PEU SÉVÈRES SE CACHE UN PASSIONNÉ D’ENVIRONNEMENT QUI TENTE PAR TOUS LES MOYENS DE TRANSMETTRE SES CONNAISSANCES AUX FUTURS OPÉRATEURS EN TRAITEMENT DES EAUX. À L’AUBE DE LA RETRAITE, IL GARDE TOUTEFOIS UN ŒIL BIENVEILLANT SUR LA RELÈVE. QUEL A ÉTÉ SON PARCOURS PROFESSIONNEL ? COMMENT S’EST-IL ADAPTÉ À CET IMPORTANT CHANGEMENT DE CARRIÈRE ? QUELS SONT LES DÉFIS DU CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE PAUL-GÉRIN-LAJOIE ? LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.

Enfant, quel métier rêviez-vous d’exercer ? Je me voyais travailler à la ferme. Il faut dire que je passais mes étés sur la ferme familiale de mes grands-parents maternels. Ma mère était l’aînée d’une famille de 15 enfants. Neuf d’entre eux étaient encore à la maison, et comme sur une ferme il y a beaucoup à faire, lorsque j’y étais, je me sentais très utile. Je conduisais le tracteur à sept ans et c’était le bonheur ! Quel a été votre parcours scolaire ? J’ai étudié pendant deux ans au Cégep du Vieux-Montréal en sciences pures. L’objectif était de poursuivre des études en géologie par la suite. Mais, réalisant que les perspectives d’emploi m’amèneraient à travailler dans le Grand Nord, j’ai abandonné l’idée. De plus, en 1970, le monde s’ouvrait à nous. Il y avait beaucoup de choses à découvrir, et comme étudier n’était pas ma priorité à ce moment-là, les multiples tentations ont eu raison de ma première présence au cégep. J’ai par la suite mis mes études en veilleuse durant un an pour travailler à la Société des alcools et à un projet d’initiative locale de L’Île-Perrot pour ensuite retourner sur les bancs d’école au Cégep St-Laurent duquel j’ai reçu un diplôme en assainissement de l’eau.

8

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

Quel est le professeur qui vous a le plus marqué ? Jean-Paul Beaudry. Il avait une vaste connaissance du domaine de l’eau et une rigueur exemplaire. Pour la première fois de ma vie, quelqu’un me donnait le goût d’étudier. Quel travail pensiez-vous effectuer une fois vos études terminées ? Je croyais que j’allais travailler en plein air, la plupart du temps sur le bord de la rivière. Mais j’ai vite déchanté. Le 11 juin 1974, je faisais mon entrée chez Degrémont. Enfermé dans un bureau toute la journée, j’avoue avoir vécu une certaine désillusion. Les deux premières années, j’avais toujours un œil sur la porte de sortie. J’ai même envisagé la possibilité d’acheter une ferme. Comment avez-vous obtenu votre premier emploi chez Degrémont ? Robert Cyr, qui en était le directeur technique à l’époque, était venu donner une conférence auprès des finissants de l’école. À la fin de la conférence, je lui ai demandé s’il y avait des postes vacants. Il m’a proposé un poste à la mise en service avant même que ma formation soit terminée. Combien de temps avez-vous œuvré chez Degrémont ? J’y ai travaillé pendant 27 ans. C’est une vie ! Bien que j’aie été engagé pour faire la mise en service, on m'a informé lors de mon arrivée qu’on avait embauché


La clientèle étudiante a-t-elle changé depuis 12 ans ? La clientèle de l’école est aujourd’hui plus âgée. Il y a 7 ou 8 ans, la moyenne d’âge tournait autour de 23 ans, alors que l’an dernier elle était d’environ 30 ans. Une clientèle plus âgée est souvent plus motivée et a plus de facilité à se concentrer. Par contre, elle a généralement un peu plus de difficulté à mémoriser la matière. L’étudiant de 30 ans fréquente l’école le jour, mais le soir, il doit élever ses enfants et faire des tâches ménagères. Certains travaillent même les soirs et les fins de semaine. Cette réalité vous amène-t-elle à modifier votre façon d’enseigner ? Bien sûr. Par exemple, lorsque je donne des devoirs et des exercices à faire à la maison, bien souvent ils ne sont toujours pas faits une semaine plus tard. C’est pourquoi j’essaie maintenant d’être le plus productif possible pendant les heures de cours et ainsi leur éviter une surcharge de travail les soirs et les fins de semaine.

quelqu’un d’autre pour faire ce travail. On m’a alors offert un autre poste, celui de l’estimation. Par la suite, j’ai été appelé à faire de l’ingénierie, et ce, même sans diplôme universitaire. De nos jours, il faut être ingénieur avec une maîtrise pour faire ce genre de boulot. Ce n’est que par la suite que j’ai intégré le service des ventes municipales. Lors de mes quatre dernières années chez Degrémont, j’en étais le directeur commercial. Pourquoi avoir quitté Degrémont ? À cette époque, Degrémont France était en difficulté financière. Les dirigeants sont débarqués dans les différentes filiales avec le mandat de faire d’importantes coupes. Après des épisodes de grenouillage et quelques jeux de coulisses, ils ont visé quelques têtes, dont la mienne et celle de mon supérieur immédiat, Christian Chevalier. Pourtant, ce dernier était vice-président et avait été embauché pour devenir le futur président. Pour ma part, la surprise a été très grande, puisque cette année-là, non seulement j’avais atteint mes objectifs de vente de trois millions, mais je les avais doublés. Comment s’est déroulée la suite ? J’ai obtenu une indemnité de départ, ce qui m’a permis de prendre le temps de respirer. J’ai eu des offres de la part de concurrents de Degrémont. Mais, après mûre réflexion, je me suis rendu compte que si j’allais chez un concurrent, ce serait pour faire la même chose alors que je trouvais mon travail de plus en plus difficile. Il faut savoir que dans ce domaine, il y a généralement trois ans qui séparent le premier coup de fil de la signature du contrat. Le cycle de vente est très long. Et comme le taux de succès est souvent d’un sur cinq, chaque réponse négative est un coup dur, car tu pensais avoir tout fait pour obtenir le contrat. À cela s’ajoutent les nombreux voyages. En fait, j’étais continuellement en déplacement pour mon travail. Disons que mon enthousiasme s’essoufflait. J’ai donc décidé de changer d’environnement de travail. Comme je demeure à cinq minutes à pied du Centre de formation professionnelle Paul-Gérin-Lajoie, j’ai décidé d’aller y faire un tour. À mon grand bonheur, il y avait un poste d’enseignant de vacant. C’était en septembre 2001. La transition s’est-elle bien déroulée ? Ce n’est pas du tout la même réalité. Il m’a fallu m’adapter. Maintenir l’intérêt d’une classe durant six heures par jour n’est pas de tout repos. Auparavant, lorsque je devais faire une présentation d’une heure devant des ingénieursconseils, ça allait rondement. En classe, ce n’était pas du tout le même défi. Vous êtes-vous senti compétent ? Oui ! Il faut toutefois avouer qu’au départ, je donnais trop d’information, mon matériel était trop dense. Tu as beau parler, l’important, c’est ce que les étudiants vont retenir. Puis, j’ai fini par couper la matière pour l’adapter à la réalité étudiante.

En quoi le programme de votre centre est-il différent des programmes offerts ailleurs ? Notre programme permet d’obtenir un DEP et nous sommes les seuls au Québec à offrir ce type de programme. À mon avis, notre programme offre la formation la plus ciblée pour les activités d’usine grâce aux cours pratiques dans notre propre usine. Quand l’un de nos finissants entre dans une usine de filtration ou de traitement des eaux, il est fonctionnel la journée même. D’autres établissements en province offrent aussi des formations en traitement de l’eau. Tout près de chez nous, le Cégep St-Laurent offre, quant à lui, un DEC en assainissement des eaux ainsi qu’un AEC en traitement des eaux. L’usine fonctionne-t-elle vraiment ? Absolument. Grâce entre autres à des investissements de 18 millions $, nous recevons l’eau brute du lac des Deux-Montagnes. Nous traitons cette eau avec des procédés à l’échelle pilote, qui sont instrumentés et automatisés. De plus, nous recevons une partie des eaux usées de la ville de Vaudreuil, ce qui explique l’odeur qui règne dans l’usine.

Dans le cadre du nouveau programme, un module d’intégration a été ajouté. En fin de programme, l’étudiant devra démontrer qu’il maîtrise la chaîne de traitement d’un bout à l’autre. Quel est l’impact du nouveau RQEP sur le contenu des cours ? Aucun. Nous nous apprêtons à implanter un nouveau programme en septembre 2013. Ce programme ne résulte pas d’une pression liée au nouveau règlement, mais plutôt d’une réforme de la part du ministère de l’ensemble des programmes professionnels. Des modifications majeures sont-elles à prévoir ? En ce moment, nous avons une suite de modules. Chacun des modules est présenté et noté séparément. Si l’étudiant réussit un certain nombre de modules, il obtient son diplôme. Dans le cadre du nouveau programme, un module d’intégration a été ajouté. En fin de programme, l’étudiant devra démontrer qu’il maîtrise la chaîne de traitement d’un bout à l’autre. Pour moi, il s’agit d’un changement important, mais qui assurera une meilleure compréhension de la chaîne de traitement par les futurs opérateurs. Est-ce qu’il y aura d’autres changements ? Nous en profiterons pour renouveler une partie du matériel. Par exemple, nous achèterons un corrélateur pour la détection de fuites. Nous voulons également Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

9


nous procurer de l’équipement membranaire, car ces technologies sont de plus en plus populaires sur le marché. Le coût de ces équipements est toutefois très élevé, ce qui nous freine dans notre désir de renouveler tous les équipements. Avez-vous un appui des entreprises privées ? On peut penser que l’on obtient un rabais institutionnel du fait que nous sommes une école et que l’utilisation de ces équipements par nos étudiants représente une belle vitrine pour les entreprises. Mais disons que c’est assez rare qu’une entreprise nous donne un équipement valant plus de 100 000 $... Le souhaiteriez-vous ? Oui, certainement ! Je pense entre autres aux équipements dans le secteur membranaire, qui coûtent beaucoup plus cher que ce que nos budgets nous autorisent. On réussirait peut-être à avoir l’une des technologies existantes. En fait, nos nouveaux équipements seront à jour, mais nous n’aurons malheureusement pas l’occasion d’offrir à nos étudiants l’éventail complet de ce qui existe sur le marché. Cependant, si quelqu’un veut nous aider, il est plus que bienvenu ! La technologie membranaire est-elle une tendance lourde dans l’industrie ? Très certainement. Il y a 20 ou 30 municipalités qui utilisent ce genre de technologie. Et c’est pourquoi nous avons le devoir de former nos étudiants en ce sens. Toutefois, si on achetait vraiment tout ce dont on a besoin, ça coûterait autour de 700 000 $. Et comme nous ne disposons que d’un budget total d’environ 250 000 $, il faut faire d’importants compromis et des choix judicieux. Combien de diplômés comptez-vous avoir cette année ? Environ 55, ce qui est très bien puisqu’en 2001, lorsque j’ai débuté en enseignement, il n’y avait que de 30 à 35 étudiants qui obtenaient leur diplôme.

10

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

Quel est le taux de placement ? Il oscille autour de 94 %. Et il risque fort de se maintenir dans ces eaux, car nous n’arrivons pas à répondre à la demande croissante du marché de l’emploi. Comment expliquez-vous cette réalité ? L’écart entre l’offre et la demande n’a pas réellement d’impact sur le nombre de candidats. Le défi d’intéresser un plus grand nombre d’étudiants à notre programme reste entier. De plus, l’implantation du règlement 44 obligeant les municipalités à embaucher du personnel qualifié et certifié n’est pas étrangère à l’accroissement de la demande pour nos diplômés. Ce règlement a-t-il un impact sur les emplois d’été proposés dans le secteur du traitement de l’eau pour vos étudiants ? Oui. Une fois leur première année complétée, nos étudiants peuvent travailler dans une station d’eau potable pourvu qu’ils soient supervisés par une personne jugée compétente et certifiée. Les étudiants des cégeps ont aussi cette possibilité de travail estival après avoir terminé la deuxième année de leur programme. Quelle est la procédure pour les villes désireuses d’embaucher un étudiant pour l’été ? C’est très simple. Elles doivent nous faire parvenir un appel de candidatures pour pourvoir un poste d’emploi d’été. Un enseignant s’occupe de l’afficher à la vue des étudiants. Répondez-vous à la demande ? Localement, je pense que oui. Par contre, les régions sont évidemment pénalisées pour des raisons géographiques évidentes.



Quelles sont les principales perspectives d’emploi pour vos finissants ? L’exploitation de stations d’eau potable ou des eaux usées municipales est la plus importante manne d’emplois pour nos finissants. Ils peuvent aussi œuvrer au sein d’entreprises privées, comme TEKNO ou NORDIKeau, qui sont également d’importants employeurs. Finalement, un certain nombre d’entre eux se retrouveront dans le secteur de la vente d’équipement. Que pensez-vous du degré de sensibilisation du public en matière de gestion de l’eau ? Les lacunes sont très importantes ! Aucun effort de sensibilisation n’est fait dans ce domaine. Quand avez-vous vu une publicité à l’échelle municipale ou nationale pour expliquer ce que nous devons éviter de jeter dans les toilettes ? On y jette n’importe quoi, de l’applicateur de tampon en plastique aux médicaments périmés, sans oublier la peinture, les solvants et une multitude de produits chimiques. En période d’orage, les égouts peuvent déborder et entraîner une surverse. Les eaux usées et les déchets qu’elles contiennent se retrouvent alors dans les cours d’eau et c’est néfaste pour l’environnement. Penser qu’aucun impact n’en résulte relève d’une grande naïveté. La gestion de l’eau devrait-elle être publique ou privée ? À mon avis, la gestion de l’eau devrait demeurer publique à la condition qu’elle soit aussi efficace et performante qu’au privé, car en fin de compte c’est toujours le citoyen qui paye. Les villes ont le devoir de se comparer entre elles, bien sûr, mais aussi avec le privé. Il est faux de prétendre qu’il est acceptable que la gestion de l’eau coûte plus cher si elle est faite par une municipalité parce qu’elle n’a pas à générer de profits comme une entreprise privée. Quels sont, selon vous, les grands chantiers à venir en matière de gestion de l’eau au Québec ? Des efforts seront faits pour enlever l’azote ammoniacal dans l’eau, ce qui aura assurément des répercussions sur les équipements. La réduction de la

12

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

consommation de l’eau est également un défi de taille. L’agrandissement des usines est collectivement très coûteux. En ce sens, d’importantes campagnes de sensibilisation devront être mises en œuvre pour continuer à sensibiliser le citoyen à utiliser son boyau d’arrosage avec parcimonie, mais surtout pour mettre en lumière les autres sources de gaspillage qui se retrouvent principalement dans la salle de bain. Au Québec, nous consommons en moyenne 400 litres d’eau par personne, alors qu’en Europe on en consomme 150 litres. Il s’agit là, à mon avis, de chiffres qui parlent d’eux-mêmes. En terminant, que peut-on souhaiter à votre établissement ? De recevoir plusieurs centaines de demandes d’admission. M. Trudel, merci beaucoup ! ■



E A U P OTA B LE

STR ATÉG I E D’ÉC O N O M I E D’E A U P OTA B LE : D E N O UVEAUX O UTI LS

Mathieu Laneuville ingénieur Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire m a t h i e u . l a n e u v i l l e @ m a m ro t . g o u v . q c . c a

G

râce à l’implication des municipalités, ministères et experts du domaine de l’eau, les connaissances sur la gestion efficace de l’eau ont évolué depuis le lancement de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (la Stratégie) en mars 2011. Ces nouvelles connaissances ont été synthétisées et publiées dans des documents publiés sur le site Web de la Stratégie afin que chacun puisse en profiter pour optimiser ses interventions en économie d’eau. Voici un aperçu de quatre nouveaux outils qui faciliteront la mise en œuvre de la Stratégie. FORMULAIRE DE L’USAGE DE L’EAU POTABLE 2012 Le Formulaire de l’usage de l’eau potable (le Formulaire) est un fichier Excel qui permet aux municipalités de faire la mise à jour annuelle des mesures de la Stratégie en fonction des indicateurs de performance obtenus. Parmi les améliorations apportées au Formulaire 2012 pour faciliter son utilisation par les municipalités, mentionnons : • l’affichage des résultats de l’année précédente pour un suivi simple et rigoureux; • l’inscription des volumes d’eau importés et exportés pour s’assurer qu’ils soient pris en compte sur les périodes annuelle et nocturne. De plus, la section sur les coûts et revenus des services d’eau a été modifiée pour permettre d’améliorer leur estimation. D’ailleurs, la date limite pour remplir et transmettre le Formulaire a été reportée au 1er juillet 2013 afin que les données du Rapport financier 2012 des municipalités soient utilisées. Enfin, la précision des indicateurs sera améliorée dans les prochains bilans grâce aux interventions suivantes : • l’installation d’enregistreurs de données sur les débitmètres, d’ici décembre 2013 pour mieux évaluer les pertes d’eau potentielles sur le réseau de distribution; • la vérification de la précision des débitmètres, d’ici décembre 2015, pour que les données mesurées soient précises à 5 % ou moins. Par ailleurs, l’approbation annuelle du Formulaire par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) est une condition d’octroi d’aide financière pour tout projet d’infrastructures d’eau dans le cadre du Programme d’infrastructures Québec-Municipalités. GUIDE MÉTHODOLOGIQUE D’AUDIT DE L’USAGE DE L’EAU EN MILIEU INSTITUTIONNEL Réalisé par le Centre des technologies de l’eau, ce guide s’adresse aux gestionnaires et aux responsables de l’entretien des équipements. Bien qu’il soit écrit dans l’esprit d’un audit (bilan) en milieu institutionnel, toute organisation désireuse de contribuer à une meilleure gestion de l’eau dans un immeuble non résidentiel pourra y trouver des informations pertinentes telles que :

14

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

• une démarche pour implanter un plan de réduction de la consommation d’eau potable avec ou sans la réalisation d’un bilan de l’usage de l’eau; • des données canadiennes, américaines et mondiales sur les consommations typiques par poste de consommation ou par catégorie d’immeuble; • des trucs pratiques (ajustement, modification et remplacement) pour réaliser des économies d’eau à chaque poste de consommation; • une classification des mesures d’économie d’eau possibles en fonction du ratio mètre cube d’eau économisé par dollar investi. Les bilans menés à ce jour dans plus d’une vingtaine d’institutions ont permis de réaliser que les postes de consommation qui présentent les potentiels d’économie d’eau les plus intéressants sont : • les systèmes de climatisation et de refroidissement à l’eau potable sans boucle de recirculation; • les urinoirs à chasse automatique munis d’un réservoir de purge. LE GUIDE L’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE ET LES MUNICIPALITÉS Mis à jour par Réseau Environnement, ce guide constitue l’outil de référence pour les municipalités qui souhaitent améliorer la précision de leur bilan et mettre en place des mesures d’économie d’eau sur leur réseau de distribution et chez leurs consommateurs. La mise à jour du guide porte notamment sur la vérification de la précision des débitmètres et l’estimation de la consommation résidentielle. Ainsi, on y retrouve : • des conseils pour choisir la méthode de vérification la plus appropriée en fonction des conditions en place; • les paramètres à vérifier pour chaque type de vérification; • les actions à mettre en œuvre selon les résultats obtenus lors de la vérification; • la démarche pour estimer la consommation résidentielle par l’installation de compteurs sur un échantillonnage représentatif de résidences. MODÈLE DE DEVIS SUR LA RECHERCHE DE FUITES Ce modèle, qui devrait être disponible prochainement, présente deux méthodes de type écoute-corrélation pour rechercher les fuites sur les conduites métalliques et non métalliques. Il ouvre aussi la porte à l’utilisation de la sectorisation ou d’enregistreurs de bruit pour arriver à moyen terme à détecter les fuites plus rapidement. CONCLUSION Pour contribuer à l’atteinte des objectifs de la Stratégie, le gouvernement s’est notamment engagé à produire des guides et des outils afin d’accompagner les municipalités dans leurs démarches pour une saine gestion de l’eau, à poursuivre les politiques d’économie d’eau potable dans les immeubles des réseaux de la santé et de l’éducation et à ajouter des clauses d’écoconditionnalité à ses programmes d’aide financière pour des projets d’infrastructures d’eau. Les nouveaux outils et la mise à jour des outils existants permettront à chacun de mesurer la progression des efforts et des projets réalisés à ce jour. La démarche de la Stratégie est dynamique et des ajustements seront apportés au fur et à mesure de la progression de celle-ci. ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



R ETO U R VE R S LE F UTU R

EAUX USÉES

Marc-André Desjardins ing., Ph.D. vice-président, division Environnement AXOR Experts-Conseils inc. m d e s j a rd i n s @ a x o r . c o m

A

près plus de trois ans à vous entretenir de toutes sortes de sujets entourant les eaux usées, je signe aujourd’hui ma dernière chronique dans ce numéro de votre magazine Source. Pour cette ultime chronique, j’ai choisi de revenir sur certains sujets que j’ai eu l’occasion d’aborder dans mes chroniques précédentes afin de faire le point et de tenter d’anticiper ce qui nous attend. C’est en quelque sorte un retour vers le futur ! STRATÉGIE PANCANADIENNE SUR LES EAUX USÉES Au printemps 2009, je vous ai parlé de la Stratégie pancanadienne pour la gestion des effluents d’eaux usées municipales qui avait été approuvée au début de l’année par le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (CCME). Même si, au moment d’écrire la présente chronique, le Québec n’a toujours pas ratifié cette entente, la mise en œuvre des éléments de la Stratégie suit son cours. Jalon important de cette mise en œuvre : la publication, en juillet 2012, du Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées d’Environnement Canada, dont les premières dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2013, avec le début de la surveillance de la qualité et de la quantité des effluents.

[…] si vous vous posiez la question : « La Stratégie, c’est quand que ça commence ? », la réponse est simple : c’est déjà commencé ! Les installations qui ne satisfont pas les normes stipulées dans ce règlement devront être modifiées selon un échéancier prédéterminé étalé sur 10, 20 ou 30 ans, selon le niveau de priorité établi par un système de pointage défini dans le règlement. À noter que ces périodes de 10, 20 ou 30 ans ont débuté le 1er janvier 2011 et viendront donc à échéance les 31 décembre 2020, 31 décembre 2030 et 31 décembre 2040 respectivement. Autrement dit, si vous vous posiez la question : « La Stratégie, c’est quand que ça commence ? », la réponse est simple : c’est déjà commencé ! DIGESTION ANAÉROBIE À l’automne 2010, j’ai parlé du retour en force de la digestion anaérobie grâce à l’aide financière offerte en vertu du Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage du gouvernement du Québec. Dans les faits, depuis la mise en service des digesteurs anaérobies de la Ville de StHyacinthe, il n’y pas eu de nouvelles installations mises en route, mais plusieurs projets sont en cours et de toute évidence, la digestion anaérobie constitue maintenant une option à considérer par les gestionnaires de stations d’épuration en quête de solutions pour la gestion des boues produites par leurs installations. Ceci dit, il convient de rappeler que malgré la disponibilité d’une

16

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

aide financière potentielle pour la mise en place d’équipements de digestion anaérobie, cette solution n’est pas nécessairement appropriée pour toutes les stations d’épuration. Pour qu’un projet de digestion anaérobie soit intéressant, il faut que le contenu en matière volatile dans les boues brutes soit le plus élevé possible. Il faut aussi, par-dessus tout, que la quantité de boues à traiter soit suffisamment importante pour justifier le coût d’immobilisation élevé de ce type d’ouvrage. La clé reste la maximisation du tonnage, d’où l’intérêt de considérer également l’option de la codigestion avec d’autres matières organiques (ex. : résidus domestiques) dans les usines de biométhanisation régionales qui verront le jour dans les années à venir. NOUVELLES TECHNOLOGIES À quelques occasions, j’ai traité dans mes chroniques de nouvelles technologies pour le traitement des eaux usées et des boues. Force est de constater que le domaine du traitement des eaux usées demeure en pleine effervescence et de nouveaux procédés – ou des variantes de procédés existants – sont régulièrement introduits, ce qui augmente l’éventail des solutions aux différentes problématiques de traitement des eaux usées. Parmi les procédés prometteurs qui sont encore en cours de développement, il y a lieu de mentionner l’ajout de médias de support dans les étangs aérés, technologie que j’ai évoquée à l’hiver 2010 et qui permet potentiellement d’augmenter la capacité des étangs tout en améliorant leur performance pour l’enlèvement de l’azote ammoniacal. Dans le contexte du recours croissant à la digestion anaérobie, les différentes technologies de lyse des boues, qui ont fait l’objet de ma chronique de l’hiver 2011, constituent également des solutions qui suscitent beaucoup d’intérêt et dont on devrait parler de plus en plus dans les prochaines années. Enfin, même si je n’en ai pas traité spécifiquement dans l’une ou l’autre de mes chroniques, il faut mentionner, au nombre des procédés aussi appelés à être de plus en plus utilisés, le bioréacteur à membrane qui, dans le contexte du resserrement des normes, constitue une solution des plus intéressantes, en raison notamment de la très grande qualité de l’eau produite et de la robustesse du procédé. Ce type de technologie est de plus en plus utilisé par les industries soucieuses de réduire leur consommation d’eau, dans la mesure où il permet la réutilisation des effluents traités. On utilise également cette technologie pour le traitement d’effluents domestiques, notamment lorsque les milieux récepteurs sont extrêmement sensibles ou pour la mise à niveau de stations d’épuration mécanobiologiques, lorsque l’espace disponible est très restreint. Malgré son apparente complexité, le bioréacteur à membrane est en réalité un procédé relativement simple à exploiter, ce qui en fait une solution tout à fait adaptée, même pour les installations en région éloignée où la main-d’œuvre spécialisée est moins nombreuse. Au terme de cette chronique, il me reste à adresser quelques remerciements. En premier lieu à André Dumouchel, en sa qualité d’initiateur et d’éditeur de Source; merci pour ta gentillesse et tes judicieux conseils. Merci aussi à mes collègues de la Division Environnement chez AXOR Experts-Conseils inc. à qui j’ai demandé à plusieurs occasions de me donner leur avis avant de soumettre mes textes. Enfin, merci surtout à vous, chers lecteurs. J’ai grandement apprécié vos commentaires et j’espère pouvoir poursuivre mes échanges avec vous dans le futur. ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



SUR LE RADAR

S I N G U LIÈR E S I N G U LAR ITÉ

John Cigana ing., M.Sc. A. vice-président, Développement des affaires et marketing John Meunier inc., filiale de Veolia Water Solutions & Technologies jcigana@johnmeunier.com

des théories à la fin du XXe siècle, suggérant que cette croissance exponentielle de la puissance de calcul serait un prélude à un progrès technologique inimaginable aboutissant à la capacité de simuler grâce à des puces l’ultime ordinateur : le cerveau humain. Dans le langage des futurologues, la capacité de simuler le cerveau humain par une machine a un nom : la singularité.

FÉVRIER 2045 n ce jour de février 2045, les premières pages des quotidiens du monde entier titrent : « La simulation du cerveau humain par un superordinateur est maintenant devenue possible ». Des équipes de recherche du monde entier ont collaboré à cette avancée technologique. En effet, depuis les années 1990, la capacité de calcul des ordinateurs double tous les 14 mois, ce qui permet de gérer et d’organiser des téraoctets et des téraoctets de données brutes. Au cours de la seconde décennie du XXIe siècle, la puissance et la vitesse de calcul des puces électroniques ont explosé, la quantité de données qui peuvent être gérées et organisées est devenue exponentielle. L’automatisation des activités les plus courantes est largement encouragée et les innovations basées sur cette automatisation sont rapidement commercialisées à un coût modique. Un chercheur américain, Raymond Kurzweil, avait d’ailleurs proposé

E

« Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau de réflexion. »

18

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

QUELS SERAIENT LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ? Alors, science-fiction ou science-réalité ? Et si les prochaines 15 à 30 années nous amenaient une prodigieuse accélération de la puissance de calcul des ordinateurs, au point de pouvoir simuler toute la complexité d’un cerveau humain ? Émettons l’hypothèse que tout ceci soit possible et que les années 2040 soient une réplique fidèle du film de science-fiction I, Robot ou quelque chose comme ça. Une question toute simple : si tout ceci devenait réalité, quels en seraient les impacts environnementaux ? L’ÉNERGIE Le premier élément qui vient à l’esprit est l’énergie requise pour faire fonctionner tous ces ordinateurs, des plus modestes aux plus puissants. Aujourd’hui, une entreprise comme Google, qui exploite et gère des centaines de serveurs informatiques, requiert des quantités phénoménales d’électricité. En 2010, c’était 2 milliards de kWh. La qualité de l’électricité requise et la fiabilité des systèmes électriques d’une entreprise comme Google font tourner la tête. La fiabilité requise pour le fonctionnement des serveurs : 99,9999 %, soit moins de 30 secondes par année de coupure de service. Pour en estimer l’impact planétaire, multipliez cette demande en électricité par toutes les entreprises hébergeant des serveurs et projetez-vous 30 ans

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



SI NG U LIÈRE SI NG U LARITÉ

plus tard; on peut imaginer une consommation électrique dépassant l’entendement. L’avenir nous dira si des sources facilement accessibles d’énergie deviendront disponibles, mais ce serait sûrement un des premiers facteurs qui nous empêcheraient d’atteindre cette superpuissance de calcul. MINÉRAUX ET TERRES RARES La rareté relative des ressources naturelles requises pour construire ces superordinateurs pourrait aussi contrecarrer ce scénario. Si on imagine une augmentation du nombre de ces superordinateurs, on peut aussi imaginer que les composantes nécessaires (minerais, terres rares, etc.) à la fabrication de ces superordinateurs seront aussi largement en demande, peut-être bien au-delà de leur disponibilité. Qui sait, les programmes d’exploration de la NASA des 30 prochaines années nous offriront peut-être des gisements de minéraux provenant d’autres planètes, mais si on demeure sur Terre, ce pourrait être une ressource limitant l’avènement de la singularité. L’EAU Les ressources en eau pourraient subir les conséquences les plus importantes. Pensons-y quelques instants. Nous avons évoqué une plus grande demande en énergie. Si on prévoit, par exemple, utiliser de l’énergie hydroélectrique pour faire fonctionner tous ces serveurs, ordinateurs et superordinateurs, le nombre de ces barrages hydroélectriques de par le monde sera à la hausse afin de répondre à la demande. Mais pensons aussi aux autres usages de l’eau qui seront affectés (transport fluvial, récréation, pêche, etc.), sans compter l’impact sur la disponibilité de la ressource pour la production d’eau potable. La même analyse, en termes d’utilisation

20

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

de la ressource en eau, ne serait guère plus rose en considérant une production d’énergie thermique. De la même façon, l’extraction des ressources minérales exerce une demande en eau fraîche, le raffinage des minéraux requiert de l’eau et les effluents d’eaux usées provenant du raffinage demanderont, comme aujourd’hui, un traitement toujours plus poussé. LES IMPACTS INDIRECTS : L’EXEMPLE DE L’EAU Dans les deux cas mentionnés plus haut, on peut constater des conséquences très indirectes mais néanmoins réelles sur la ressource en eau. C’est entre autres pourquoi les nouvelles méthodologies de mesure d’impact sur la ressource en eau (par exemple le Water Impact Index ou WIIX) intègrent de plus en plus l’utilisation non seulement de la quantité d’eau requise pour une activité (impact volumétrique), mais aussi tous les impacts indirects (énergie, produits chimiques, etc.) sur la ressource en eau. ET LA SINGULARITÉ ? Revenons à notre probable monde du futur : aurons-nous de notre vivant des ordinateurs toujours plus puissants, qui pourront régler une foule de tâches quotidiennes en soutien aux humains ? La réponse est clairement oui; l’innovation et le progrès vont entièrement en ce sens. Arriverons-nous à la « singularité » telle qu’elle est décrite par les futurologues, jusqu’à la simulation d’un cerveau humain par une machine ? Compte tenu de la pression incroyable sur les ressources naturelles, dont l’eau, qu’un tel développement technologique nécessiterait, il est quand même peu probable d’y arriver dans les 30 prochaines années. Mais qui sait, qui vivra verra ! ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



E NTR E TI E N D E ÉLE CTR O D E S D E PH

I N STR U M E NTATI O N

RÉGÉNÉRATION DES ÉLECTRODES La durée de vie d’une électrode peut être considérablement prolongée par une régénération périodique.

France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. f ra n c e g @ h a n n a c a n . c o m

V

ous n’êtes pas sans savoir que je rédige des chroniques pour la revue Source depuis son tout premier numéro. J’ai donc déjà abordé plusieurs sujets d’intérêt en matière d’instrumentation, notamment en ce qui concerne le pH. Bien que j’aie soulevé certaines problématiques concernant les lectures de pH en mettant en évidence le rôle fondamental de l’électrode de pH, un de mes fidèles lecteurs m’a demandé d’élaborer davantage sur l’entretien spécifique d’une électrode, question d’éliminer tout doute à ce sujet.

GÉNÉRALITÉS La durée de vie d’une électrode de pH varie de quelques semaines à quelques années (maximum trois ans) selon son utilisation et son entretien. L’entretien soigné et régulier garantit un temps de réponse rapide, l’exactitude des mesures et une longévité accrue. Lorsqu’une électrode de pH est plongée dans une solution, un film se forme autour du bulbe ion-sensitif. L’état de ce film essentiel n’étant pas visible à l’œil nu, un entretien régulier, un rinçage de l’électrode à l’eau distillée après chaque utilisation ainsi qu’un entreposage dans une solution appropriée garantissent la bonne condition de ce film. ENTREPOSAGE DE L’ÉLECTRODE Les électrodes entreposées dans une solution chimiquement balancée (solution d’entreposage) peuvent être utilisées immédiatement alors que les électrodes entreposées à sec nécessiteront une réhydratation de plusieurs heures avant leur utilisation. Si la solution d’entreposage n’est pas disponible, un entreposage temporaire dans l’eau du robinet ou dans une solution tampon pH 4 non colorée peut être envisagé. Ne jamais entreposer l’électrode dans de l’eau distillée, car celle-ci induirait une fragilisation du bulbe en verre de l’électrode et en réduirait la durée de vie. VÉRIFICATION D’UNE ÉLECTRODE Intégrité de l’électrode - Toujours s’assurer que le bulbe de verre est intact et sans égratignure. - Vérifier le niveau de l’électrolyte dans l’électrode, si celle-ci est « remplissable ». - Vérifier l’aspect de la jonction (normalement blanche), et nettoyer si requis. Fonctionnement de l’électrode Une procédure simple en deux étapes, à l’aide d’un pH-mètre avec fonction mV, peut être suivie afin de s’assurer du bon fonctionnement de l’électrode ayant été préalablement conditionnée : 1. Plonger l’électrode dans une solution pH 7 et noter la valeur en mV (normalement 0 mV + 30 mV). Si la valeur est supérieure à 50 mV, l’électrode doit être remplacée; si la valeur est inférieure à 50 mV, procéder au rinçage de l’électrode avec de l’eau distillée ou l’eau du robinet et poursuivre. 2. Plonger l’électrode dans une solution pH 4 et vérifier si la différence entre la valeur à pH 7 et à pH 4 se situe entre 160 à 180 mV. Voici deux exemples de tests et de diagnostics d’électrodes pour vous guider : 1er exemple : Valeur lue dans pH 7 : -16 mV Valeur lue dans pH 4 : 148 mV Δ = 164 mV : électrode encore utilisable

22

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

2e exemple : Valeur lue dans pH 7 : 18 mV Valeur lue dans pH 4 : 164 mV Δ = 146 mV: pente trop faible Électrode inutilisable; régénération requise

Dans quel cas doit-on régénérer ? - Lorsque la pente devient trop faible (souvent en raison d’une jonction contaminée ou obstruée). - Lorsque le temps de réponse se prolonge. - Lorsque le point 0 a dérivé (la dérive du point 0 peut avoir diverses causes : électrolyte pollué par la pénétration de liquide dans l’électrode, jonction contaminée, etc.). Quelles solutions utiliser pour la régénération ? 1. Solution de nettoyage standard La durée minimum de trempage recommandée dans cette solution est de 30 minutes pour un maximum de 90 minutes. Si l’embout (bulbe) de l’électrode semble recouvert d’une couche de contaminant, l’électrode peut alors être agitée délicatement dans la solution afin d’accélérer son nettoyage. Ensuite, il est important de permettre le conditionnement de l’électrode en la plongeant dans la solution d’entreposage spécifique pour une période minimale d’une heure. 2. Solution de traitement-choc La durée minimum de trempage recommandée dans cette solution est de 5 minutes pour un maximum de 15 minutes. Si le délai de trempage excède 15 minutes, l’intégrité du bulbe de l’électrode pourrait être compromise. L’électrode doit également être conditionnée pendant au moins une heure avant l’étalonnage. ÉTALONNAGE Chaque électrode est caractérisée par sa dérive du point 0 et sa pente. Ces deux points de mesure doivent être définis à l’aide de solutions tampons et transmis à l’instrument auquel l’électrode est raccordée. Comme ces caractéristiques ont tendance à dériver à l’usage, il est nécessaire d’effectuer des étalonnages réguliers. L’étalonnage en deux points, recommandé pour une meilleure représentativité des mesures, s’effectue d’abord dans un tampon pH 7, puis dans un tampon pH 4 (acide) ou pH 10 (alcalin), selon la nature de la solution à mesurer. À quelle fréquence dois-je étalonner mon électrode (pH-mètre) ? Un étalonnage est typiquement recommandé dans les cas spécifiques suivants : - Après chaque nettoyage avec une solution de nettoyage, suivi d’un conditionnement. - Après un remplissage d’électrolyte. - Après un entreposage de longue durée. - Lorsque les résultats obtenus diffèrent trop des valeurs attendues. La fréquence d’étalonnage lors d’une utilisation normale du pH-mètre peut s’avérer difficile à déterminer en raison des différentes applications et exigences des utilisateurs en matière de précision. Voici une procédure simple afin de déterminer plus adéquatement la fréquence d’étalonnage appropriée. • Faire l’étalonnage le premier jour. Le jour suivant, tremper simplement l’électrode dans la même solution utilisée pour l’étalonnage et noter les lectures. Si les lectures demeurent acceptables, continuer cette procédure tous les jours jusqu’à ce que l’appareil semble donner des mesures imprécises. Étalonner à nouveau et noter l’intervalle de temps écoulé depuis le premier étalonnage. Si 5 jours se sont écoulés, procéder à l’étalonnage tous les 4-5 jours. • Étant donné le vieillissement continu de l’électrode, refaire le test tous les mois pour confirmer le nombre de jours requis entre chaque étalonnage. Le bon fonctionnement de l’électrode de pH est crucial pour obtenir le rendement optimal d’un pH-mètre, et l’entretien de l’électrode garantit des mesures exactes et précises. De plus, l’entretien régulier contribue à prolonger notablement la vie de l’électrode, permettant ainsi aux utilisateurs de réaliser des économies appréciables au détriment des manufacturiers qui verront conséquemment leurs ventes d’électrodes de remplacement s’amenuiser ! ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



CA R B O R E S P O N S A B LE

ÉM ISSIONS DE GAZ À E FFET DE SE RRE : AFFICHEZ VOS PRATIQUES DE GESTION RESPONSABLE !

Manon Laporte Présidente-directrice générale Enviro-accès inc. m l a p o r t e @ e n v i ro a c c e s s . c a

L

es émissions de gaz à effet de serre (GES) sont responsables de l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes : vagues de chaleur, inondations, ouragans. Dans les villes canadiennes, on estime en moyenne que de 30 à 40 % des émissions sont générées par le transport, de 50 à 60 % par les bâtiments (secteurs industriel, commercial, institutionnel et résidentiel) tandis qu’environ 5 % des émissions sont attribuables à l’enfouissement des matières résiduelles. La population québécoise compte parmi celles qui sont les plus conscientisées en Amérique du Nord par rapport à cette situation. Ainsi, elle sera sensible aux efforts déployés par ses institutions publiques pour réduire globalement les émissions de GES. Même chose pour les organisations avec lesquelles elle transige comme citoyen consommateur. Chaque organisation, qu’elle soit publique ou privée, qui se préoccupe de son empreinte environnementale doit faire l’effort d’identifier et de quantifier ses émissions de GES. Cet exercice lui permettra de cibler les sources d’émissions sur lesquelles elle pourra agir. La plupart du temps, les actions qu’elle mettra en œuvre pour les réduire apporteront également des réductions permanentes quant aux coûts d’exploitation, par exemple la diminution de la facture énergétique. Pour faire connaître son engagement dans le domaine de la gestion de ses émissions de GES, certaines organisations choisissent de rendre public leur inventaire de GES ou de compenser une partie de leurs émissions et ainsi de se présenter comme carboneutres.

En 2011, malgré le contexte économique défavorable, la valeur globale des transactions de crédits carbone sur le marché volontaire s’est élevée à 576 M$ US [...] TRANSACTIONS SUR LE MARCHÉ VOLONTAIRE DES CRÉDITS CARBONE En 2011, malgré le contexte économique défavorable, la valeur globale des transactions de crédits carbone sur le marché volontaire s’est élevée à 576 M$ US, ce qui représente une augmentation de 33 % par rapport à l’année 2010. Nouvelle encore plus réjouissante : 81 % de la valeur de ces transactions (soit 368 M$ US) a été investie par des acheteurs animés d’un désir réel de compenser leurs émissions1. Dans un contexte où les organisations nord-américaines sont de plus en plus conscientes du rôle majeur qu’elles jouent dans la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre, toute initiative permettant de les encourager dans cette voie ne peut être qu'un pas dans la bonne direction.

24

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

Les organisations qui s’inscrivent dans une démarche volontaire de diminution de leurs GES pourront désormais bénéficier de la mise en place d’une attestation crédible et rigoureuse, qui reconnaît leurs efforts réels pour quantifier et réduire leurs émissions. L’attestation CarboresponsableMC leur permettra de se démarquer de la concurrence et d’aller chercher la confiance de leurs diverses clientèles, et ce, en démontrant qu’elles se sont soumises à un processus rigoureux qui se base sur les plus hauts standards et normes en matière de quantification et de vérification GES. Les exigences à satisfaire pour obtenir cette attestation lui assurent une très grande crédibilité. L’attestation CarboresponsableMC offre deux niveaux de reconnaissance : la reconnaissance de base et la reconnaissance de neutralité. La reconnaissance de base atteste que l’organisation a réalisé un inventaire de ses émissions de GES conformément à la norme ISO 14064-1 et qu’elle a fourni des preuves tangibles d’initiatives mises en place pour réduire ses émissions de GES. Le deuxième niveau de reconnaissance est octroyé aux organisations qui, en plus, ont compensé la totalité des émissions GES directes et d’énergies indirectes quantifiées lors de la réalisation de leur inventaire. La compensation peut se faire par des crédits issus de standards reconnus ou par l’achat de réductions des émissions GES d’un projet documenté conformément à la norme ISO 14064-2 et vérifié par un organisme accrédité par le Conseil canadien des normes (CCN). UNE PREMIÈRE ORGANISATION CARBORESPONSABLEMC La toute première attestation CarboresponsableMC a été décernée à la Banque Nationale du Canada qui a obtenu le second niveau de reconnaissance : CarboresponsableMC – émissions compensées. Le directeur Ingénierie et développement durable à la Banque Nationale du Canada, M. André Longpré, vous expliquera qu’il y a maintenant plus de cinq ans que la Banque travaille de façon continue à réduire ses émissions de GES. Un premier inventaire des émissions de GES lui a permis d’établir son bilan carbone pour ensuite lui permettre de cibler des actions de réduction de ses émissions. Une dizaine de mesures concrètes ont été implantées depuis. La Banque a fait le choix de compenser toutes ses émissions résiduelles en achetant des crédits carbone à Sobeys Québec. Sobeys Québec a obtenu ces crédits après la réalisation de plusieurs projets de remplacement de gaz réfrigérants très dommageables sur le plan des émissions de GES par du CO2 ou du glycol dans les systèmes de réfrigération de plusieurs épiceries du groupe. L’attestation CarboresponsableMC s’adresse aux entreprises privées comme aux institutions financières, aux institutions d’enseignement et autres organisations publiques. L’équipe d’Enviro-accès peut aider les organisations à l’obtenir et travaille présentement à adapter les méthodologies et les exigences afin de pouvoir décerner les deux niveaux de reconnaissance CarboresponsableMC aux bâtiments et aux événements. ■

1. Developing Dimension-State of the Voluntary Carbon Markets 2012, Ecosystem Marketplace & Bloomberg New Energy Finance-May31 2012

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

P O RTR A IT-R O B OT D U G E STI O N NAI R E D E D E MAI N

Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg

C

omme gestionnaire d’une organisation et témoin de la vitesse de transformation fulgurante des entreprises, je me suis posé quelques questions. À quoi ressemblera le gestionnaire de demain ? Quelles qualités, compétences et aptitudes seront requises des hommes et des femmes qui dirigeront les entreprises ? Quels profils les gestionnaires présenteront-ils ? Pour répondre à ces questions, j’ai utilisé une boule de cristal, j’ai lu plusieurs articles, des revues et des livres de management; j’ai aussi utilisé et interprété mes visions et mes connaissances. Tous les jours, je fréquente des gestionnaires. Certains sont excellents; d’autres, malheureusement, ne font pas le poids. Tous les jours, je me demande : que puis-je faire d’autre pour mon équipe ? Comment être meilleure ? Et même si je n’arrive pas toujours à m’améliorer et même si certaines choses me paraissent loufoques, je me pose ces questions et j’espère me les poser encore longtemps. Constat des experts en leadership : les changements technologiques, démographiques, économiques, politiques et sociaux exigeront de nouvelles habiletés et des réflexes différents chez les gestionnaires. Avant de partager avec vous les résultats de ma recherche et de ma réflexion, il faut mentionner que les entreprises vont devoir se construire un nouveau modèle d’affaires. Elles devront remettre en question leurs pratiques, innover sans cesse, faire du changement et de l’innovation leurs lignes directrices. Pour y parvenir, ces entreprises devront exploiter tout le potentiel humain, rehausser constamment leur base de compétences, être à l’écoute de ceux qui la composent et investir en ce sens. Souvent sous-évaluée, la ressource humaine deviendra l’élément stratégique, essentiel pour soutenir toute concurrence. La démographie et les marchés mondiaux vont contribuer à valoriser la ressource humaine qualifiée qui sera de moins en moins nombreuse. Le gestionnaire de demain sera un expert social qui comprendra et jonglera avec la complexité humaine. Il sera un éducateur-

26

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

formateur qui s’assurera des compétences de son équipe, un gestionnaire vert et responsable qui prêchera par l’exemple, un chef de projets qui coordonne plusieurs projets simultanément. Il devra faire face à une nouvelle génération et saura composer avec de nouvelles valeurs qui ne seront pas nécessairement les siennes, gérer des équipes hétérogènes composées de personnalités différentes, de cultures différentes et de profils scolaires complémentaires. Il sera capable d’inspirer la motivation aux membres de son équipe, d’être une ressource de proximité pour les autres, d’amener son équipe plus loin en travaillant collectivement, de gérer le stress et d’avoir lui aussi un équilibre entre sa vie privée et professionnelle. Il sera capable de préciser les buts, de valoriser la discussion plutôt que le monologue. Il n’aura pas peur de se remettre en question, il devra suivre de près les technologies et de les utiliser à bon escient. Les compétences techniques ne suffiront plus; ces gestionnaires auront un savoirêtre plus développé. Ils devront valoriser la collaboration afin de limiter les luttes de pouvoir entre les membres. Les équipes seront plus soudées que jamais. Fini le gestionnaire traditionnel qui prend toutes les décisions sans consultation. Fini le gestionnaire qui agit en sauveur. Déjà, on a emboîté le pas du changement; on ne parle plus de gestion des ressources humaines, mais bien de gestion humaine des ressources. Peu importe la taille de votre organisation, votre culture d’entreprise, votre style d’organisation, le changement sera nécessaire. Nous avons vécu d’importants changements au cours de la dernière décennie; certains d’entre nous y ont adhéré avec enthousiasme, d’autres non ou alors avec beaucoup de réticence. Peu importe que les changements soient bons ou mauvais. L’histoire a démontré qu’il vaut mieux suivre la cadence et s’adapter pour tirer son épingle du jeu. Les entreprises qui provoqueront les changements ou qui les anticiperont seront toujours à l’avant-garde. Les gestionnaires qui se remettent en question et qui s’interrogent sur leurs pratiques auront toujours quelques foulées d’avance sur les autres. Le mot « gestionnaire » n’est pas synonyme de perfection. Ce qui fait qu’un individu atteint les échelons plus élevés d’une entreprise et devient un gestionnaire est une autre question encore plus complexe. Ce qu’il faut retenir, c’est que le changement n’est pas fini, qu’il faudra revoir nos façons de faire afin de demeurer concurrentiels, mais aussi nos façons d’être comme gestionnaire afin de pouvoir suivre l’itinéraire que choisira l’entreprise. Bonne route ! ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous au www.magazinesource.cc, sous l'onglet contact, ou envoyez-nous un courriel à info@magazinesource.cc



LES AMIS DE SOURCE

LES

BONTSS

AC CONT

5 Secteurs : Assainissement des eaux usées, Infrastructures, Environnement, Services techniques et Urbanisme & aménagement. 1 800-563-2005 / www.avizo.ca Situées à Sherbrooke / Drummondville / Laval / Granby

SUIVEZ-NOUS SUR TWITTER

@dansmonsoussol Une initiative

MAYA.cc

28

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013



Du nouveau pour L’enVert du décor. Les courtes nouvelles sont maintenant produites sous forme de capsules vidéo. Vous pouvez les visionner en naviguant sur www.dansmonsoussol.tv ou simplement en utilisant ce code QR. Si, vous aussi, vous voulez annoncer un bon coup, un nouveau produit, un nouveau service, une nomination, un événement ou une bonne nouvelle, rien de plus facile : rendez-vous à nos studios et placez-vous à votre tour entre notre lentille et notre mur vert ! Contactez-nous en écrivant à info@maya.cc.

du décor

Manon Laporte

www.dansmonsoussol.tv

L'équipe Durabac/Omnibac Patrick Charbonneau, président de Durabac, est très heureux de présenter son nouveau contenant semi-enfoui, le CSE-8000. Contenant monocoque, il est fabriqué à base de polyéthylène. Il est robuste et présente un design résolument urbain. Pour en assurer la distribution au Québec, Durabac s’est associée à Omnibac, pionnière de la distribution de contenants.

Martine Isabelle Le 22 mars prochain, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, le Musée Armand-Frappier et le Centre d’interprétation de l’eau organisent une grande conférence sur le thème de l’eau. Celle-ci mettra en vedette le réputé Dr Pierre Payment, microbiologiste et grand spécialiste de la santé publique. Un rendez-vous à ne pas manquer.

30

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 3 PRINTEMPS 2013

Compenser ses gaz à effets de serre c’est bien, mais être carboresponsable c’est encore mieux. C’est pourquoi EnviroAccès a lancé récemment son attestation carboresponsable qui permet de reconnaître et d’afficher clairement vos efforts en la matière. Renseignez-vous !

Marlene Cordato Marlene Cordato, mairesse de la ville de Boisbriand, est fière de souligner l’utilisation du thé de compost sur son territoire. Seule ville québécoise à utiliser ce procédé, Boisbriand innove en imitant des grandes villes comme New York et Toronto. Cet été, passez voir les résultats à Boisbriand !

Mathieu Laneuville Au Québec, l’équivalent de 620 litres d’eau par personne est acheminé quotidiennement via les différents réseaux de distribution aux résidences et aux ICI. Le double de la consommation ontarienne. C’est pourquoi la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable a été mise en place afin d’accompagner les municipalités. Renseignez-vous !

Sophie Bergeron Concours prestigieux, les Phénix de l’environnement ont pour objectif de mettre en lumière les bons coups des municipalités, des entreprises, des organismes à but non lucratif, des associations et des institutions scolaires en matière d’environnement. Pour soumettre une candidature, visitez le www.phenixdelenvironnement.qc.ca.

L'équipe des #mardiDD Les médias sociaux sont devenus incontournables pour quiconque désire communiquer ses bons coups ou connaître ceux des autres. À cet effet, Twitter est un canal de diffusion de choix et l’équipe des #mardiDD l’a bien compris. La Twittosphère québécoise, friande de développement durable, se réunit chaque mardi avec le mot-clic #mardiDD. C’est un rendez-vous !

Hélène Lauzon L’un des volets de la mission du CPEQ est de mobiliser et de sensibiliser ses membres afin qu’ils implantent une démarche de développement durable au cœur de leurs entreprises. Dans cette perspective, le CPEQ a fait une tournée québécoise afin de promouvoir l’écologie industrielle. N’hésitez pas à le contacter pour de plus amples informations.



Réacteur à média fluidisé MD MABAREX A LIVRÉ AU QUÉBEC PLUS DE CAPACITÉ D’ENLÈVEMENT AÉROBIE DE DBO QUE SES CONCURRENTS RÉUNIS

Affluent

Procédé SMBR

Décanteur

MD SMBR SMBR

MD

Affluent

Extraction des boues Étang

SMBR

Effluent

Effluent

MD

Nos spécialistes ont réalisé ici, plus d’installations que quiconque de lits fluidisés en traitement municipal, industriel et lixiviats.

● Double ou triple la capacité épuratoire

Fiche d’information technique de niveau standard du MDDEP

des bassins existants ● Rendements élevés même à forte charge ● Rencontre les normes de rejet les plus

sévères (DBO5 – N-NH3) ● Résiste aux chocs toxiques et hydrauliques

Traitement des eaux et des résidus organiques Water and Organic Waste Treatment Tratamiento de aguas y residuos orgánicos

2021, rue Halpern Saint-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. : (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775 Courriel : info@mabarex.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.