Mayotte magazine
Mayotte
novembre-décembre 2009
n°14
magazine
Cours d’eau et cascades à Mayotte
3,90 €
ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS
ACTUALITé
La France, acteur majeur de l’amélioration de la santé en Union des Comores
RENCONTRE
Jack passe TRADITIONS
La beauté mahoraise REPORTAGE
mohéli Perle méconnue des Comores
Mayotte magazine n°14 Une publication bimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.com DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Frédérique Cadieu Alban Jamon Annette Lafond Stéphanie Légeron Guy Monnot Thierry Stoecklin Laurence de Susanne Halda Toihiridini PHOTOGRAPHES Stéphanie Légeron Guy Monnot Bruno de Villeneuve BD Vincent Liétar Alice Lopez Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE AR’IMAGE SARL COMMERCIAL Thierry Stoecklin IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice Photo de couverture : jeune Mahoraise © Bruno de Villeneuve Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 € Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.
éDITO
C
ette édition qui marque la fin de l’année 2009 présente dans son dossier « Actualité » les actions de coopération régionale menées par la France en Union des Comores dans le domaine de la santé. Quels sont les acteurs majeurs de cette coopération ? Quels rôles jouent-ils ? Et quels résultats obtiennent-ils aujourd’hui ? Notre journaliste Laurence de Susanne est partie enquêter à Moroni pour tenter d’apporter des éléments de réponse concrets. Nous verrons que dans ce domaine de la santé, comme dans bien d’autres, c’est parfois la volonté tenace de quelques individus, plus que l’installation de lourdes structures administratives, qui peut faire bouger les choses...
La volonté et le courage sont aussi des valeurs qui caractérisent le parcours de Jack Passe. Rencontre avec un passionné de la mer et de chasse sous-marine, créateur de la course de pneus, du festival de l’image sous-marine et du triathlon de Mayotte. La rubrique des traditions mahoraises est consacrée quant à elle à la beauté des femmes à Mayotte. Halda Toihiridini est allée à leur rencontre pour tenter de vous révéler quelques-uns de leurs secrets... Connaissez-vous la rivière de Bouyouni, les cascades d’Hajangua, Majimbini ou Ouangani ? Alban Jamon, avec l’appui de plusieurs photographes que nous remercions ici de leur contribution, a réalisé pour vous en exclusivité un magnifique sujet sur les cours d’eau et cascades de l’île. Enfin, nous vous invitons à vous évader le temps d’un reportage à Mohéli, perle méconnue des Comores. Ce petit territoire d’écotourisme tout proche de Mayotte est vraiment à découvrir. Très bonne lecture. Stéphanie Légeron
Directrice de publication
7 AU JOUR LE JOUR 14 ACTUALITé
La France, acteur majeur de l’amélioration de la santé en Union des Comores
27 rencontre Jack Passe, le passionné de la mer qui fait avancer Mayotte
34 traditions mahoraises La beauté féminine à Mayotte
48 HISTOIRE
Mayotte de 1976 à nos jours
51 environnement
à la découverte des cascades et cours d’eau de Mayotte
Sommaire
62 REPORTAGE mohéli
84 BD
78 INTERNET
89 TENDANCE
Mohéli : la perle méconnue des Comores
10 sites de littérature
80 LE COIN DU LIBRAIRE
Découvrez vite notre sélection et nos coups de coeur
Le coin des petits, Bao et Abass Néka
96 RECETTE MAYOTTE Espadon banane au coco
98 JEUX 106 HORAIRES
Des marées et des barges
Actualité, sport Culture, histoire, tradition Rencontre, tendance Environnement, voyage Loisirs, jeux
107 Maxi-coupons Détachez vos 16 bons d’achat !
Au jour le jour Mayotte : une nouvelle
2012 et une piste d’aéroport de 2 600 mètres en 2015 aérogare en
Le secrétaire d’état français chargé des transports, Dominique Bussereau, en visite à Mayotte les 7 et 8 octobre 2009, a précisé les échéances de deux dossiers essentiels pour le développement économique et touristique de l’île au lagon : la nouvelle aérogare (l’actuelle est régulièrement saturée) et l’allongement de la piste à 2 600 mètres pour permettre le décollage des gros porteurs à pleine charge et donc une liaison directe Mayotte / métropole, sans escale technique. La nouvelle aérogare permettra de recevoir 600 000 passagers par an et jusqu’à 1,2 million après quelques aménagements complémentaires : les travaux, d’un coût de 30 millions d’euros, démarreront en 2011, pour une ouverture en 2012. Concernant la question de la concession de l’aéroport, l’appel à candidatures pour trouver un gestionnaire a suscité quatre réponses. L’appel d’offres a été lancé fin octobre. L’allongement de la piste pour atteindre 2 600 mètres, d’un coût de 200 millions d’euros (crédits d’état et, si possible, crédits européens FEDER - Fonds Européen de Développement Régional) : les études sont en cours, notamment sur l’impact environnemental de sa construction sur une partie du platier (remblais dans le lagon). Après une déclaration d’utilité publique, l’appel d’offres sera lancé en 2012, pour une ouverture de la nouvelle piste en 2015. L. d. S.
Une nouvelle politique pour l’outre-mer Le 6 novembre, le Président de la république présidera le premier Conseil ministériel de l’outre-mer. Sur la base des analyses et propositions en provenance des états généraux qui sont fournies par Marie-Luce Penchard, secrétaire d’état chargée de l’outre-mer, ce Conseil arrêtera les premières décisions sur lesquelles se basera le gouvernement pour proposer une nouvelle politique à l’égard de l’Outre-mer. Les mesures annoncées à cette occasion concerneront « le renforcement de la concurrence
dans le secteur privé, le développement et la structuration des filières de production locale, la modification des règles de gouvernance, la meilleure insertion des territoires dans leur environnement régional ou encore l’amélioration concrète de l’égalité des chances » a déclaré Nicolas Sarkozy au groupe Hersant Médias.
Le 1er octobre, en présence du ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités Territoriales, les représentants des huit ateliers des états généraux de Mayotte (formation des prix, production locale, projets structurants, dialogue social et formation professionnelle, évolution de la gouvernance, insertion dans l’environnement régional, garantir l’égalité des chances, et comment réconcilier mémoire, culture et identité) avaient présenté leurs travaux respectifs. La crise des Antilles au mois de février avait accéléré la tenue des ces états généraux. « C’est une éruption sociale, mais derrière il y a eu l’éruption identitaire » exprimait Marie-Luce Penchard citant Daniel Maximin : « ce qui est en jeu aujourd’hui c’est l’avenir des
outre-mers, l’avenir des relations entre la métropole et les outre-mers. Je veux que tous ensemble nous « tournions la page ».
A.L.
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Le parc naturel marin de Mayotte devrait naître début 2010 Durant le mois d’octobre, la population a été appelée, dans chacune des 17 communes de l’île, à donner son avis sur la création du parc naturel marin de Mayotte. La synthèse de ces contributions sera faite fin novembre puis remise par le Préfet au ministre de l’environnement. Pourquoi un Parc naturel marin (PNM) à Mayotte ? Parce que cette île dispose d’un territoire maritime d’une grande richesse en faune et flore, avec une spécificité rare - une double barrière récifale. Mais cette biodiversité est notamment mise à mal par les déchets et eaux usées polluant le lagon et l’exploitation mal maîtrisée des ressources halieutiques... Le lagon est LA richesse de Mayotte, un patrimoine exceptionnel et une source de revenus à préserver et valoriser en concertation avec les professionnels de la mer et ses usagers. La création d’un Parc naturel marin devrait fortement contribuer à atteindre ces objectifs.
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Une 3è et dernière réunion du Comité de pilotage avait défini les limites du futur Parc : il couvrira l’intégralité de la Zone économique exclusive soit 69 468 km2, s’étendant jusqu’au banc de la Zélée, à l’Est de Mayotte. Cette réunion avait aussi fixé les sept orientations de gestion du Parc, dont celles-ci : « Obtenir une bonne qualité de l’eau dans le lagon », « déve-
lopper les filières aquacoles respectueuses de l’environnement », « faire découvrir le milieu marin et sa biodiversité grâce à l’organisation des activités de loisir … ». Il ne s’agit pas pour
autant de mettre le lagon « sous cloche ». Un exemple parmi d’autres : les pêches traditionnelles, comme la pêche au djarifa, pratiquée par les femmes, pourront perdurer. Le Parc devrait naître officiellement à la fin de l’année 2009 ou au tout début 2010. Ce serait le deuxième Parc de ce type en France, après celui de l’Iroise (d’une superficie de 3.550 km², situé au large du Finistère, il a été créé en 2007). L. d. S.
Mayotte
dévoreuse d’électricité La cérémonie d’inauguration de la centrale électrique de Longoni a eu lieu le mardi 29 septembre en présence de messieurs Ahamed Attoumani Douchina, président du Conseil général de Mayotte, Christophe Peyrel, Secrétaire général de la Préfecture, Ahmed Fadul, président du conseil de surveillance d’EDM et Augusto Soares Dos Reis, directeur général d’EDM. Ce dernier a souligné que « cette
centrale de 40 MW double la capacité de production de l’île, en réponse à l’accroissement de 14 % en 14 ans de la consommation mahoraise, plus forte évolution de consommation d’électricité de tout le territoire français ».
Christophe Peyrel s’est réjoui de cette « modernisation des infrastructures », mais a souligné la nécessité de convertir « l’énergie 100 % fossile
dont Mayotte est trop dépendante, en gaz naturel, carburant moins polluant ». Les besoins
de l’île en électricité sont tels qu’une extension est déjà prévue par Augusto Soares Dos Reis : « il est possible de doubler la capacité de pro-
duction, et nous avons prévu une surface assez vaste pour accueillir d’autres moteurs et une autre cheminée qui amènerait la production à 80 MW. Les premières tranches sont programmées pour 2013 ».
A.L.
Leader en bureautique à Mayotte, RECTO VERSO développe les chauffe-eau solaires et devient précurseur de la papeterie en ligne Maîtrise des énergies renouvelables Mayotte magazine : - Comment cette activité créée par RECTO VERSO en février dernier se présente-t-elle ? Tedd Le Bihan : - Nous avons mis en place une vingtaine de chauffe-eau solaires. RECTO VERSO est en contact avec les promoteurs et environ 250 installations sont en projet. Le potentiel d’équipement en chauffe-eau solaires à Mayotte est considérable, de l’ordre de 7 500 installations d’après l’Insee. Nos services s’adressent aux particuliers et surtout aux professionnels. Nous allons par exemple présenter notre candidature pour équiper le pôle social de la SIM. Notre fournisseur, SOLAHART, n°1 mondial, propose, en plus de l’offre économique la plus attractive du marché et d’un entretien pendant 2 ans, une garantie du système sur 5 ans et des panneaux sur 10 ans. Il est regrettable qu’en dépit de la forte implication de l’ADEME et d’EDM, les administrations ne soient pas avant-gardistes en matière de maîtrise de l’énergie.
Papeterie en ligne
www.rectoverso-oceanindien.com
Mayotte magazine : - Pourquoi avoir lancé une papeterie en ligne ? Quels services proposez-vous ? Laurent Richard : - RECTO VERSO s’est diversifié dans le domaine de la bureautique en créant un service de papeterie en mars 2008. La vente de papier est en liaison directe avec le photocopieur,
produit phare qui a fait la réputation de RECTO VERSO. La boutique en ligne RECTO VERSO a vocation à s’affirmer rapidement comme le spécialiste Tedd Le Bihan, Responsable de la en fournitures de maîtrise des énergies renouvelables. bureau à Mayotte. éric Delsaut, Directeur de Recto Verso. Laurent Richard, Responsable Papeterie. Ce site présente une gamme complète d’articles de papeterie à destination aussi bien des entreprises que des particuliers. 550 références répondent ainsi à l’ensemble des besoins. Un service de livraison est assuré par notre équipe dans les 24 à 48 heures suivant la commande.
RECTO VERSO, reconnu pour sa qualité de service Mayotte magazine : - Quelle est votre ambition ? éric Delsaut : - Je tiens à conserver les valeurs propres à l’entreprise depuis ses débuts : le sérieux, le suivi du client et le professionalisme. Mon ambition est que RECTO VERSO passe leader sur tous les marchés où nous sommes présents. L’entreprise est déjà leader en bureautique à Mayotte. Je milite aussi pour une économie plus propre, pour une gestion plus proche et une prise en considération de la problématique locale. Mayotte est un territoire spécifique. Son développement passe par le soutien des entreprises locales, créatrices d’emplois et de richesse.
RECTO VERSO - Villa Hedja - Bas de la route de la convalescence - BP 803 - 97 600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 55 55 - Fax : 0269 61 81 00 - recto-verso-ocean-indien@wanadoo.fr
« Mieux comprendre la société mahoraise
Prix des lecteurs de Mayotte 2010 La Maison des Livres organise le Prix des lecteurs de Mayotte 2010. La population de Mayotte est cordialement invitée à participer à cet événement, en déposant un bulletin de vote dans l’urne de la librairie place Mariage à Mamoudzou, avant le 31 mars 2010. Sur ce bulletin devront figurer : • le titre et l’auteur du livre que vous avez préféré. Il doit s’agir d’un roman ou recueil de nouvelles paru après le 1er janvier 2000, dont le sujet ou l’auteur est lié à l’océan Indien. • vos coordonnées si vous souhaitez faire partie du jury.
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Début avril 2010, les votes seront dépouillés. Les cinq livres qui auront obtenu le plus de suffrages seront présentés à un jury de sept membres, tirés au sort parmi les votants qui auront souhaité être membres du jury. Après lecture de tous les ouvrages, le jury se réunira fin juin pour délibérer et voter. (bulletin à découper et à remettre à la Maison des Livres Place Mariage à Mamoudzou pour participer)
Je vote pour : • titre : • auteur : Je souhaite être membre du jury : • nom : • prénom : • téléphone :
»
C’est sous ce titre et pour une conférence des Naturalistes du mois d’octobre, que Mouhoutar Salim, Chef du service santé environnement à la DASS (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales) a choisi d’expliquer aux nombreuses personnes présentes dans l’hémicycle Younoussa Bamana, les us et coutumes de la société mahoraise. « Depuis 1976, la société mahoraise a connu un développement très rapide, mariant valeurs importées et traditions locales. Or, notre société est attachée à la prééminence de la spiritualité, un de ses quatre axes avec la communauté, la matriarcalité et la matrilocalité », assure Mouhoutar Salim. « La société mahoraise préfère les valeurs spirituelles aux matérielles. La religion, avec 800 mosquées, rythme la vie : elle enseigne l’écriture arabe à travers les écoles coraniques, elle indique la meilleure période pour la circoncision, elle donne les règles du mariage et s’exprime aussi à travers le folklore : deba, daïra, shengue, etc. ». Mais c’est dans ses valeurs que la société mahoraise est la plus intéressante : « à Mayotte les
qualités de cœur et d’esprit sont mieux jugées que les valeurs économiques ». La maîtrise de soi par exemple : « c’est une vertu musulmane, car nous pensons que la colère est irraisonnée. Nous fuyons donc souvent les questions gênantes, et ceux qui parviennent le mieux à cette maîtrise de soi ont parfois les rênes du pouvoir ici. Sans cette approche, un occidental pourrait penser que nos hommes politiques sont mous !... » Autre valeur, la franchise : « ce n’est pas forcément une qualité pour le Mahorais, car la franchise peut blesser. Nous préférons « la caresse verbale » par respect pour l’autre. Par ailleurs, le sourire n’est pas comme en Europe une marque de politesse, mais plutôt un signe de plaisanterie, voire de moquerie. Et enfin, nous utilisons le silence en réponse à une critique, c’est une marque de respect. » A. L.
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Interview Patrick Tacoun
Directeur des agences de Mayotte Banque de la Réunion De gauche à droite : Idaya Omar (chargée d’accueil Z.I. Kawéni), Delphine Moreau (assistante commerciale), Ahmed Soyifoudine (chargé d’accueil place Mariage), Assna Ahmed (conseiller particuliers), Patrick Tacoun (directeur des agences de Mayotte), Stéphanie Daizé (chargée d’affaires entreprises) et Ben Mohamed (conseiller professionnels).
Mayotte magazine : - Vous dirigez les deux agences BR de Mayotte depuis quelques mois. Quel est votre parcours ? Patrick Tacoun : - Après des études en sciences économiques, j’ai intégré la Banque de la Réunion en 1989 au service caisse. J’ai ensuite occupé des postes de conseiller particulier et professionnel au sein de plusieurs agences à la Réunion. Je suis arrivé à Mayotte en mai 2009. C’est une année importante pour l’île, après le référendum de mars et également pour la Banque de la Réunion à Mayotte, puisque nous fêtons nos 10 ans de présence sur cette belle île. M. m. : - à quelles valeurs la BR est-elle attachée ? Patrick Tacoun : - Tout au long de notre histoire qui a aujourd’hui 156 ans, nous nous sommes attachés à être proche des gens et à leur apporter des réponses et des solutions sur mesure. Nous prenons le temps de recevoir
les clients. L’accueil, l’écoute, le conseil font partie de nos valeurs que nous essayons d’appliquer chaque jour. Pendant longtemps notre signature était « Il y a beaucoup plus que de l’argent à la BR ». C’est encore plus vrai aujourd’hui.
M. m. : - Quels principaux services financiers commercialisezvous ? Patrick Tacoun : - Je ne vais pas vous faire une liste complète. Nous sommes une banque généraliste qui intervenons sur les 3 marchés : Particuliers, Professionnels et Entreprises. à chacun de ces marchés correspondent des services dédiés. Par exemple sur les marchés des particuliers, nous avons une offre pour les 18-25 ans, une des meilleures de la place. Pour seulement 3 € par mois, vous avez un compte, une carte de paiement, une facilité de caisse et un accès à vos comptes via internet, pour ne citer que les principaux avantages. Dans le domaine du financement de l’habitat, nos spécialistes ont
Agences Kawéni (Rond-Point el Farouk) et Place Mariage
Tél. 0269 60 82 82 - Fax : 0269 60 82 83
PUBLI-COMMUNIQUé des outils de simulation permettant au client de choisir la solution qui répond le mieux à sa situation. De même, pour les professionnels et les entreprises, nos conseillers sont spécialisés pour chacun de ces marchés. Je préfère dire à nos futurs clients de passer nous voir et de nous solliciter. Ils pourront comparer. M. m. : - En dépit de la crise financière et économique actuelle, la BR ne restreint-elle donc pas les crédits bancaires ? Patrick Tacoun : - La BR ressent la crise actuelle qui frappe Mayotte. Notre activité est directement liée à celle de nos clients. Quel est notre rôle dans cet environnement morose ? Accompagner les entreprises à passer ce mauvais cap et leur donner les moyens de redémarrer. Nous devons en même temps nous assurer de la bonne fin de nos concours. Là encore nous n’avons pas de solution toute faite. Chaque dossier demande une étude spécifique. Elle est gratuite.
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actualité
Rédaction et photos : Laurence de Susanne
La France, acteur majeur de l’amélioration de
la santé
en Union des Comores Coopération en matière de santé entre la France et les Comores : qui fait quoi ? En faveur de qui ? Tour d’horizon concret, nourri d’interviews auprès de médecins et d’opérateurs, directs acteurs de cette coopération.
Grande-Comore, paysages du centre de l’île.
L
es actions de coopération entre l’Union des Comores et la France ont réellement démarré en 2005, après la fameuse Conférence des bailleurs de fonds pour les Comores qui a eu lieu à l’île Maurice. La dimension « santé » a été précisée lors de la Conférence de coopération régionale dans la zone de l’océan Indien qui a eu lieu en mars 2005 à Mayotte, sous l’égide de Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-mer de l’époque. Objectifs : améliorer l’état de santé des habitants des trois îles de l’Union des Comores – en particulier la santé maternelle et néo-natale – et réduire ainsi l’écart entre la situation sanitaire de Mayotte et celle régnant sur ces îles. Des inégalités qui entraînent frustrations, immigrations sauvages vers l’île française… et instabilité politique.
L’écheveau est complexe Plusieurs organismes participent à ces actions de coopération franco-comorienne, notamment en matière de santé : l’Agence française pour le développement (AFD) et son bureau de Moroni avec notamment le programme PASCO, l’Ambassade française auprès de l’Union des Comores pilotant le Fonds social de développement (FSD), le Ministère français de l’immigration (MIIINDS*) qui finance et pilote le programme de co-développement, la Préfecture de Mayotte avec le Fonds de coopération régionale Mayotte géré par la Direction des affaires sanitaires et sociales (DASS) et le Centre hospitalier de Mayotte (CHM). L’écheveau est complexe ! Tant et si bien qu’une des principales préoccupations de ces acteurs est de ne pas dupliquer les aides et de rendre cohérent l’ensemble. Quand on ajoute à ces actions d’origine française, celles des ONG, de la Banque mondiale, des Nations Unies (PNUD, UNICEF…), de l’Union européenne (auxquelles la France participe à hauteur de 18 %), de la Mission Caritas… l’objectif de cohérence, de complémentarité et d’efficacité devient quasiment inaccessible !
Consultation du Dr Mohamed Chanfi, chef du service ophtalmologie de l’hôpital El-Maarouf
Les « Mission santé » : des médecins au chevet
des malades, directement sur place à côté de ces grosses pointures aux budgets d’aides de plusieurs millions d’euros, il y a aussi les « Missions santé » mises en place par le Dr Martial Henry, un médecin de Mayotte, qui, après avoir été médecin-chef à l’hôpital de Mamoudzou, est depuis plusieurs années le président du Conseil d’administration du CHM, et son ami d’origine malgache, médecin à la Réunion, le Dr Koytcha. Des missions pragmatiques, efficaces et dont les résultats, loin de rapports plus ou moins technocratiques, s’alignent le long de la cinquantaine de pages qui concluent chaque mission. Nombre de patients vus par chaque médecin, description précise des pathologies détectées, des opérations effectuées… Chaque malade vu et soigné repart avec, dans son carnet de santé, le diagnostic de sa maladie, le traitement à effectuer et, la plupart du temps, les médicaments adaptés… Ainsi peut-on lire dans le rapport de l’avant-dernière « Mission santé » menée à
* MIIINDS = ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire.
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Moroni en juillet 2005, à l’hôpital de Mitsamiouli, dans le nord de la Grande-Comore, sous le titre « Ophtamologie » : 574 consultations, 31 opérations réalisées (essentiellement des cataractes). Octobre 2009 : ils sont 35 médecins, infirmiers, dentistes à embarquer pour Anjouan, dans le cadre d’une nouvelle « Mission santé ». Parmi eux 14 viennent de Mayotte, 18 de la Réunion et 3 de Madagascar. Mission ? Examiner, soigner, opérer le maximum de patients résidant dans la région la plus déshéritée d’Anjouan, et identifiés par les médecins locaux comme nécessitant des soins urgents. Durant 10 jours, basés à l’hôpital de Domoni, ils apporteront leur savoir-faire mais aussi leurs outils et équipements dernier cri, et, bien entendu, des médicaments. Cette mission « coup de poing », qui peut apparaître même comme une mission « commando » n’est pas une lubie de quelques médecins passionnés d’actions humanitaires. Elle a été longuement préparée avec l’accord des autorités de l’Union des Comores décroché directement auprès du Président Sambi par le Dr Koytcha en août 2009, et le soutien financier du Conseil régional de la Réunion, de la Préfecture de Mayotte (via la DASS) mais sans celui du Conseil général en mauvaise posture financière actuellement. Il faut y ajouter l’aide de plusieurs sponsors à Mayotte. Budget total : 120 000 euros.
Cette mission aurait dû se dérouler en 2006 mais les tensions politiques au sein de l’Union ne l’ont pas rendue possible. Et pourtant ce n’était pas la première du genre et les précédentes avaient fait leurs preuves.
C’était une « coopération de fortune », raconte le Dr Martial Henry Retour en arrière. Année 2000 : cela fait plusieurs années que le Dr Martial Henry lorgne avec admiration et envie vers les actions humanitaires menées par le Dr Firoze Koytcha, un ami de toujours avec lequel il a effectué une partie de ses études secondaires puis médicales. Ce dernier a en effet mis en place, depuis la fin des années 1970, des missions médicales entre la Réunion et Madagascar, son pays d’origine (il est né à Sainte-Marie), qui sont une véritable réussite. Et cela n’a pourtant pas été facile : il faut bien entendu trouver des financements, mais surtout des médecins et des infirmiers qui sont prêts à laisser de côté leur job à l’hôpital durant plusieurs jours (même si une loi, dite loi Kouchner, autorise le personnel hospitalier à s’absenter pour une mission humanitaire sans perdre son salaire), trouver un transporteur… Non que Mayotte n’ait pas apporté jusque-là sa pierre à l’amélioration des soins aux Comores. Mais c’était une « coopération de fortune », raconte le Dr Martial Henry : « Quand il y avait,
à l’hôpital de Moroni ou à celui d’Anjouan, un manque de médicaments (nivaquine, notamment) ou de produits consommables comme des seringues, des ligatures… je constituais des paquets, les remettais à la Brigade de la gendarmerie à Dzaoudzi, qui elle-même les remettait au pilote d’Air Comores en partance pour les Comores qui, enfin, les remettait à l’arrivée, en mains propres, au Dr Halidi Boudra ou au médecin de l’Ambassade de France de Moroni. »
Entrée de l’hôpital de Mitsamiouli dans le nord de la Grande-Comore.
Hôpital El-Maarouf- service des urgences.
En 2000 se crée enfin l’« Association sanitaire de la Réunion en partenariat avec Mayotte », à but humanitaire. La première mission dans ce cadre aura lieu à Pemba, au Mozambique, du 26 mars au 4 avril 2001 : 6 160 patients traités. Mais toutes les suivantes auront pour destination l’Union des Comores : à Anjouan en juillet 2002, à Mohéli en octobre 2003, en Grande-Comore du 28 juin au 8 juillet 2005 (7 513 malades traités).
gastro-entérologie, dentaire. En plus des soins et des opérations, des conférences médicales sont données qui profitent aux médecins internes locaux, des campagnes d’hygiène buccodentaires sont lancées. Dans le rapport de la mission de 2005 en Grande-Comore, un médecin note « J’ai vu en une semaine plus de cas
Toute mission est précédée d’une préparation avec les autorités civiles de chaque île concernée. Un hôpital sert de plate-forme opérationnelle et réunit une délégation hospitalière de 30 à 40 personnes. Quasiment toutes les disciplines sont couvertes : cardiologie, ORL, ophtalmologie, échographie, anesthésie-réanimation,
D’où viennent les financements ? Numéro un, le Conseil régional de la Réunion, puis le Conseil général de Mayotte, la Préfecture de Mayotte et… l’armée française (la Faszoi) qui, à chaque mission, met à disposition un de ses avions Transall pour le transport des praticiens, des équipements et des médicaments.
de paludisme et de splénomégalie (augmentation du volume de la rate) qu’un généraliste de métropole n’en verra dans toute sa carrière ! ».
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La France, acteur majeur de l’amélioration des soins aux Comores, à travers plusieurs opérateurs institutionnels Ces missions ne sont pourtant qu’un volet de la coopération en matière de santé entre la France et l’Union des Comores. Pour tenter de comprendre qui fait quoi, qui finance quoi, avoir une visibilité sur ces autres actions, tenter de mesurer leur impact réel dans les hôpitaux, il n’y a pas 36 solutions : se rendre sur place, en Grande-Comore en l’occurrence. Ambassade de France, au sud de Moroni (la France est le seul pays d’Europe à disposer d’une Ambassade auprès de l’Union des Comores). On montre patte blanche. Dans un bureau un jeune diplômé gère le FSD, Fonds Social de Développement, doté d’1,5 million d’euros et tourné vers les femmes et la jeunesse. Cet après-midi, les porteurs de projets, tous Comoriens, vont plancher devant une
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Entrée de l’hôpital El-Maarouf.
Commission présidée par l’Ambassadeur de France auprès de l’Union des Comores, pour faire accepter leur projet. Parmi ces projets, l’un concerne le secteur de la santé : il s’agit de réactiver l’« Initiative Hôpital Ami des bébés » (IHAB) à la maternité du grand hôpital ElMaarouf de Moroni, mise en place une première fois à la fin des années 1990. Aujourd’hui plus d’un bébé par mois y décède et presque autant de mères ! Des modules de formation des sages-femmes sont à la base de ce projet qui sera financé - le vote de la Commission a été positif - par le FSD : bienfait du lait maternel, du « peau à peau » durant une heure après la naissance, examen du placenta, nettoyage du sein. Ces consignes de base de l’OMS doivent être de nouveau inculquées aux sages-femmes qui s’en sont peu à peu éloignées. Durée de la formation : six mois. Ce projet reflète cruellement les difficultés des actions menées ici, comme dans beaucoup de pays en voie de développement : un projet est mené à bien par un organisme extérieur mais il n’y a pas de suivi, pas de relais réellement assuré en local… Résultats : ce qui est mis en place tombe, en quelques mois, en désuétude.
Créer d’abord un service de maintenance local Après l’Ambassade de France, direction le siège de l’AFD, l’Agence française pour le développement. Cet organisme est le pivot de l’aide française en faveur des pays pauvres. Ses fonds proviennent du budget de l’état français et, plus précisément, de celui du Ministère des Affaires étrangères. « Entre 1978 et 2005 le budget (1
million d’euros par an) et les projets menés par l’AFD étaient à la hauteur des capacités d’absorption de l’Union des Comores », explique Philippe Collignon directeur de l’antenne de Moroni. « Lors de la conférence des bailleurs
de fonds pour les Comores en 2005, un programme global d’aides de 240 millions de dollars sur la période 2006/2010 a été décidé. Dont 88 apportés par la France, la moitié gérée par l’Ambassade de France, l’autre par l’AFD. Soit 10 millions d’euros d’engagements à mettre en place par an par l’AFD, contre 1 million auparavant. Irréaliste et… irréalisable. Nous ne
Le petit marché de Moroni.
trouvons pas d’interlocuteurs comoriens qui puissent porter avec nous des projets de cette ampleur. Et, de toute façon, cette somme n’est pas « absorbable » par une population de 700 000 habitants ! ». Néanmoins il a fallu faire, au mieux et au plus rationnel : « La santé est notre principal secteur d’intervention », continue Philippe Collignon. « Donc, nous avons mis en place en un an le
programme PASCO : Projet d’Appui au Secteur de la Santé aux Comores. Durée de vie : 5 ans. Budget : 10 millions d’euros ». Jacques Myaux, de nationalité belge, a été nommé à la tête de ce programme. Maître d’ouvrage : le « Ministère de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre » comorien.
La mĂŠdina de Moroni.
« Les trois composantes de l’intervention du PASCO ? » explique Jacques Myaux nommé il y a quelques mois : « le renforcement du cadre
institutionnel et des capacités du ministère de la Santé comorien, l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des services de santé de base à Anjouan et à Mohéli surtout en ce qui concerne la santé de la mère et de l’enfant, et enfin le renforcement des capacités de prise en charge médico-chirurgicale des hôpitaux de référence en Grande Comore (El Maarouf, Mitsamiouli), à Mohéli (Fomboni) et à Anjouan (Hombo et Domoni) ». Deux exemples concrets : l’autoclave installé à l’hôpital d’Hambo en 2004 est inutilisable et doit être réparé ; à Domoni le bloc opératoire, réhabilité en 2000, est devenu à ce point insalubre qu’il faut le démolir et en reconstruire un neuf. On le voit bien : le problème majeur est
la maintenance et l’entretien des équipements médicaux (les experts appellent cela la « biomaintenance ») et des bâtiments. La mise en place au début des années 2000 par la Banque mondiale d’équipements très sophistiqués avec une importante part d’électronique, dans un pays où le courant est instable, est unanimement critiquée. Jacques Myaux entend donc organiser dès le départ une formation de « maintenanciers » et créer ainsi un service de maintenance local en liaison avec les services analogues de la Réunion et de Mayotte, économie d’échelle oblige. D’autre part, les premiers experts techniques se mettent en place dans les hôpitaux. Leurs missions : réorganiser les urgences à Hambo, la maternité à Mitsamiouli et à Domoni mais, d’abord et avant tout, former.
Une antenne de Mission Caritas, dans le nord-est de la Grande-Comore.
Hôpital El-Maarouf
le combat quotidien de deux chefs de service L’hôpital El-Maarouf est le plus grand hôpital de l’Union des Comores. Les malades ne s’y précipitent pas forcément : les soins par les plantes, recettes transmises de génération en génération, sont monnaie courante. D’autant plus que les soins à l’hôpital ne sont pas gratuits. Chaque patient paye l’équivalent de trois euros pour une visite auprès d’un généraliste, quatre pour un spécialiste. Médecins et infirmiers ne sont pas payés depuis le 1er janvier 2009. Les premiers survivent grâce à leurs cabinets privés où ils reçoivent après 15 ou 16h00, une fois leur travail à l’hôpital terminé.
La pharmacie de l’hôpital.
Traversée de la grande cour sur laquelle donnent les différents bâtiments. Lambas qui sèchent, poubelles en attente, murets de pierre largement effondrés. Pas de problème d’alimentation électrique grâce aux groupes électrogènes ; on ne peut en dire autant de l’eau qui manque régulièrement. Direction : service ophtalmologie. Le Dr Mohamed Chanfi, 49 ans, dirige ce service depuis 13 ans. Avec optimisme et opiniâtreté. Autour de lui, dans son service : uniquement des femmes, « seules capables d’appliquer strictement les règles d’hygiène ». Soigneusement protégés de la poussière : des appareils de mesure et d’examen ophtalmologiques. Quand il est arrivé ici, en 1996, après avoir fait ses études supérieures à Montpellier et travaillé quelques années à Avignon, plus rien ne fonctionnait.
Une coopérante était partie trois ans auparavant, il ne restait que les murs ! Pendant un an, le Dr Chanfi n’a pu effectuer que des consultations de routine. L’aide demandée au gouvernement pour obtenir du matériel restait lettre morte. Le patron du service ophtalmologie a alors décidé, en désespoir de cause, de se tourner vers ses professeurs de Montpellier et ceux de Bamako où il avait effectué un stage. C’est grâce à eux qu’il a pu enfin obtenir du matériel pour son service, celui qui est encore utilisé aujourd’hui : montage de dossier de financement auprès du service de la Coopération française, mise en relation avec le Laboratoire Chauvin. C’est aussi grâce au Dr Negrel de Bamako et l’OPC (Organisation pour la prévention de la cécité) basé à Paris que le Dr Mohamed Chanfi a pu mettre en place un programme national de lutte contre la cécité (2005-2012). Mais cela ne suffisait pas : il fallait parallèlement former de nouveaux ophtalmologistes. Le service de coopération auprès de l’Ambassade française a alors attribué une puis deux bourses de formation. Aujourd’hui, ils sont deux ophtalmologistes certifiés en Grande-Comore, un troisième les rejoindra après sa formation de quatre ans à Bamako. Cela n’est pourtant toujours pas suffisant : le Dr Chanfi a mis en place une filière de formation d’infirmiers spécialisés au sein même de l’Université des Comores, et des Journées médicales d’ophtalmologie des Comores pour sensibiliser les généralistes.
Derniers projets : créer une unité de chirurgie ophtalmologique mobile, financé par le Lions Club et Sight First, pour opérer les cataractes dans les villages, faire du dépistage dans les écoles... Aujourd’hui le service ophtalmologie voit environ 20 malades par jour en dehors des urgences et souhaite pouvoir opérer bientôt 500 cataractes par an. Tout cela à force d’efforts parfois démesurés et de système D ! Même volonté à faire vivre son service chez Ibrahim Djabir, patron du service des Urgences. Après avoir exercé à Madagascar et bénévolement auprès du Dr Chanfi, le Dr Ibrahim Djabir décroche une bourse de formation auprès du service de la Coopération française qui lui permet de se former durant deux ans à la Réunion au métier d’urgentiste. Dans la foulée, d’autres infirmiers et médecins comoriens sont formés à l’urgence à l’île Maurice. à son retour, il prend en charge le service des urgences de l’hôpital El-Maarouf. Ce service est ouvert sept jours sur sept, 24h sur 24 ; six médecins tournent, dont deux urgentistes. Ce qui manquait cruellement ? Un service d’accueil et d’orientation pour « trier » les malades qui arrivent aux urgences en taxi car il n’existe pas de SAMU aux Comores. Indispensable hiérarchisation pour optimiser les soins. Après d’innombrables démarches, ce service d’accueil est enfin né le 18 février 2009, jour marqué d’une pierre blanche par le Dr Ibrahim Djabir qui nous montre avec une juste fierté le mini-dossier d’accueil d’un malade rempli méthodiquement par l’infirmier. Tout n’est pas rose pour autant, loin de là. Il suffit de visiter les salles-cabines masquées par un rideau de couleur où sont examinés les malades. équipement presque inexistant. Autre exemple : les médicaments, quasiment absents. Les médecins les réservent aux grosses urgences. Il est arrivé plusieurs fois au Dr Ibrahim Djabir de défoncer d’un coup d’épaule la porte de la pharmacie de l’hôpital pour prendre un médicament, seule chance de sauver tel malade en situation extrême.
Interviews et texte Laurence de Susanne
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Chaque projet est « bordé » pour qu’il ne se désagrège pas dès le dos tourné Autre intervenant français dans la coopération franco-comorienne : le ministère de l’immigration (MIIINDS) / département « Développement solidaire » et son programme de codéveloppement, créé en avril 2006. Mission : mobiliser et organiser l’aide financière provenant de la diaspora comorienne qui regroupe… 250 000 personnes essentiellement en métropole (80 000 rien qu’à Marseille) mais aussi à la Réunion et à Mayotte. Ces millions d’euros qui viennent des Comoriens expatriés sont dirigés, canalisés vers des projets montés par les communautés villageoises. Pour être financés par ce programme, ces pro-
Une plage de Grande-Comore.
jets doivent remplir plusieurs critères : être au service du développement local tel que la réhabilitation du poste de santé du village, mobiliser le savoir-faire de la diaspora (en faisant appel à un expert qui en est issu pour démarrer le projet : billet d’avion et indemnités de séjour lui seront versés), susciter la création d’entreprises chez les Comoriens qui reviennent s’installer au pays. « Sur chaque projet la diaspora verse sa dîme,
on vérifie que la somme est bien versée sur un compte spécifique, le compte-projet, le MIIINDS apportant de son côté environ 30 000 euros par projet », explique Stany Gi-
rard, responsable à Moroni de ce programme de co-développement. Lui et son équipe « bordent » chaque projet de tous côtés pour qu’il ne se désagrège pas dès le dos tourné ! Formulaire présentant le projet rempli par l’association villageoise, comité consultatif, comité de pilotage, signature d’une convention. En 2009, 18 projets ont été acceptés.
Enfin, du côté de la Préfecture de Mayotte, on s’emploie, avec la DASS, à piloter et gérer au mieux le Fonds de coopération régionale doté, pour la partie santé, de 140 000 euros en 2009. Formation et échanges de personnels médicaux et para-médicaux entre l’Union des Comores et Mayotte, fourniture de médicaments gérés par la pharmacie centrale des Comores qui les dispatche sur place en fonction des besoins, construction aux urgences de l’hôpital El-Maarouf d’un sas pour les grands brûlés. Ce sas - sorte de mini-chambre stérile - permettra d’isoler totalement les patients avant de les transporter au CHM pour qu’ils ne risquent pas d’être contaminés par des maladies nosocomiales. Mots d’ordre de ces actions : pas de saupoudrage, suivi méthodique, coordination. « Une coopération qui s’inscrit dans la durée », tout comme celle, encadrée par une toute récente convention, entre
le Centre hospitalier régional de la Réunion et le ministère de la santé comorien. Comme on le voit, la coopération entre l’Union des Comores et la France en matière de santé est foisonnante et dotée d’importants budgets. De nombreux acteurs s’attèlent à sa nécessaire coordination et à son optimisation, particulièrement l’Ambassade de France, en accord étroit avec les autorités sanitaires comoriennes. Le dernier en date est le Groupe de Travail de Haut Niveau, créé officiellement en 2008, réunissant d’importantes autorités françaises et comoriennes et dont une des trois missions est le développement de la coopération régionale. Mais là, nous poussons la porte de la haute diplomatie et de la politique internationale… Or ce n’est pas le sujet de cet article qui se veut descriptif, pragmatique, concret.
Laurence de Susanne
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RENCONTRE
Rédaction : Thierry Stoecklin - Photos : Jack Passe
Jack Passe, le passionné de la mer qui fait avancer Mayotte Jack Passe revient de la chasse avec un marlin au Banc de l’Iris, dans le nord de Mayotte.
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Qui a créé la course de pneus, le triathlon et le festival de l’image sous-marine à Mayotte ? Jack Passe ! à force de travail et de conviction, il a fait de la course de pneus, depuis sa création en 1984, un événement incontournable à Mayotte. C’est avec un grand plaisir que nous sommes allés à la rencontre de cet homme simple, discret et fort sympathique. Amoureux de la mer et passionné de chasse sousmarine, il est également le président de l’association Mudana club.
Mayotte magazine : - Quand êtes-vous arrivé à Mayotte et quel est votre parcours ?
Jack Passe : - J’ai quitté la métropole en 1972 après avoir obtenu mon CAPES d’éducation physique et sportive. Je suis ensuite parti à Abidjan en Côte d’Ivoire pour effectuer mon service militaire. J’ai exercé pour l’armée de 1972 à 1975, C’est là que j’ai découvert l’Afrique et l’outre-mer. J’ai fait des demandes pour rester en Afrique car je ne souhaitais pas rejoindre mon poste dans la Somme à Amiens. J’ai obtenu un poste en Algérie de 1975 à 1980 à Constantine. Je suis ensuite reparti à Abidjan de 1980 à 1983. Ayant postulé pour les pays d’outre-mer, je suis arrivé à Mayotte en septembre 1983. J’ai trouvé ici un petit bout d’Afrique au milieu de la mer qui est ma passion depuis toujours. M. m. : - Vous êtes à l’origine de la course de pneus à Mayotte, pouvez-vous nous en parler ?
Jack Passe et un thon à dents de chien. En compagnie de Vincent Liétar à la course 2009.
Jack Passe : - Partout où il n’y a pas de jeux électroniques ou de gadgets, les gamins jouent avec ce qui roule. à l’époque il n’y avait pas la télévision, l’électricité, c’était Petite-terre, Mamoudzou et M’tsapéré donc le pneu était un jouet très utilisé. La première édition de la course de pneus a eu lieu en juillet 1984. On était seulement trois profs d’EPS, (pour l’anecdote quand j’ai quitté le métier en 2007 on était 140) et on s’est dit qu’on pouvait organiser cette course en compétition pour étoffer les festivités du 14 juillet. Il y a eu un engouement énorme auprès des jeunes qui venaient s’inscrire par centaines. Au fil des années, on a essayé de contourner tous les problèmes rencontrés et on a monté une vraie structure pour l’encadrement. C’est pourquoi nous avons créé l’association « Tousport » en 1993, loi 1901, dont l’objet est la promotion de toutes activités sportives ou culturelles. Cela nous permettait de percevoir des subventions de l’état ou de la collectivité. étant aujourd’hui à la retraite, j’ai confié la course de pneus à la commune de Mamoudzou et à Angalia.
M. m. : - Comment avez-vous réalisé le festival de l’image sous-marine et le triathlon à Mayotte ? Jack Passe : - Au départ, concernant le festival de l’image sous-marine, je rencontre le directeur de la jeunesse et sport Jacques Stuppa, chasseur sous-marin, et nous pratiquons la chasse sousmarine ensemble. Lui venant d’Antibes connaît bien ce festival. En 1995, il reçoit Daniel Mercier, président fondateur du festival mondial de l’image sous-marine d’Antibes (festival qui fête ses 36 ans cette année) et vient à Moroni faire découvrir les films. Jacques me le présente et au cours d’un dîner, je lui soumets l’idée de les projeter à Mayotte et il accepte à condition de lui payer son billet d’avion. J’ai donc trouvé un sponsor, AGF, et c’est comme cela que nous avons commencé le festival
à Mayotte. Depuis, nous essayons de prendre les bonnes choses qui se font là-bas et de les appliquer ici. Au début, on ne présentait que les films sélectionnés à Antibes et maintenant, il y a des films qui se font ici, des diaporamas, des photos, des concours de dessins pour les enfants et de musique (depuis cette année). Je pense que la sensibilisation à la richesse du monde sous-marin viendra des enfants. Déjà avec les concours de dessins, on fait participer énormément de gosses, on organise des séances scolaires gratuites en matinée. Par exemple, l’an dernier plus de 6 000 gamins on assisté à un spectacle scolaire gratuit pendant le festival. Cette année nous l’avons organisé sur la place du Comité du tourisme. Nous espérons que le succès sera encore au rendez-vous pour l’année prochaine. Le festival aura lieu vers la fin du mois de mai. Pour ce qui est du triathlon, il n’existait rien de comparable à Mayotte. étant impliqué dans le milieu sportif je trouve que c’est une épreuve magnifique avec plusieurs disciplines enchaînées : 500 mètres en natation, 20 kilomètres à vélo et 5 kilomètres de course à pied à Mayotte. Au niveau de la gestion du triathlon, nous fonctionnons avec les bénévoles de l’association, les subventions du service jeunesse et sport de Mayotte et quelques entreprises locales.
Vincent Liétar
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M. m. : - Vous êtes passionné de chasse sous-marine, quelles sont les conditions et les qualités requises pour la pratiquer ?
Jack Passe : - Tout d’abord, la règlementation est la même que celle de métropole, à savoir : les interdictions de chasser la nuit, d’avoir un foyer lumineux, de revendre le produit de la pêche… Il existe ensuite des spécificités locales telles que des zones interdites et autorisées. Il est par exemple interdit de chasser à l’intérieur du lagon et dans les passes, mais c’est autorisé à l’extérieur. Ensuite il faut une assurance en responsabilité civile. Pour toute ces démarches ou aides, nous avons le Mudana club (tél. 0639 69 18 40), signifiant en mahorais le Barracuda. Nous sommes une quarantaine de licenciés et la cotisation couvre l’assurance de responsabilité civile. La chasse sous-marine est pratiquée en apnée. Les plongeurs descendent à 20 ou 30 mètres avec un bon entraînement et une session dure une minute trente secondes en moyenne. Il faut savoir que toute compétition de chasse sous-marine est interdite à Mayotte.
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Ce qui est formidable ici, comme le milieu marin est vaste et varié, c’est la chasse pour tous les niveaux : le débutant va pouvoir chasser les petits poissons comme les rougets, les niveaux plus avancés peuvent chasser le thon, l’espadon, le marlin de 100 à 200 kg. Mon poisson de prédilection est le thon à dents de chien, c’est un adversaire redoutable. Poisson de pleine eau, très puissant et très dangereux car dès qu’il est fléché il tire vers le fond. Au sommet de la pyramide le « graal » du chasseur sous-marin, c’est le marlin qui peut atteindre 300 à 400 kg et là évidemment il faut du matériel adapté.
M. m. : - De quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?
Jack Passe : - Sans hésiter je dirais la course de pneus parce qu’elle a été créée de toutes pièces et qu’elle n’existe nulle part ailleurs. C’est une activité
spécifiquement mahoraise qui s’est construite année après année « à la force du poignet ». Je suis aussi fier de l’avoir intégré au baccalauréat en tant qu’épreuve facultative depuis 2005 avec l’appui du Vice-rectorat. M. m. : - Avez-vous un message à transmettre ?
Jack Passe : - Ce serait que les instances mahoraises se prennent en main pour continuer à développer les activités de l’association. Déjà je suis très content vis-à-vis de la course de pneus puisqu’elle est en de bonnes mains avec la municipalité et Angalia. Concernant le festival de l’image sous-marine, j’aimerais que ce soit le service culturel qui le reprenne car ils disposent d’un espace de projection et toute la technique. Le triathlon est géré actuellement par Sandrine Sestier-Carlin au sein de l’association depuis 2008, qui organise également de l’aquathlon (parcours de natation et de course à pied) pour les jeunes sur l’île. L’association est affiliée à la fédération française de triathlon avec une quinzaine de licenciés qui vont pouvoir reprendre le flambeau et continuer à faire vivre ce sport à Mayotte.
Propos recueillis par Thierry Stoecklin
Ouvrage de 160 pages paru en 2008 aux éditions du Baobab. Format : 27 x 27 cm. Prix public : 30 €. Le 1er samedi du mois de juillet, plus de 1 000 coureurs munis de leur pneu et de leurs bâtons déferlent dans les rues surchauffées de Mamoudzou pour tenter de remporter le Grand Prix de Mayotte : la désormais célèbre « Course de Pneus ». L’ouvrage retrace l’épopée de cette course unique au monde et totalement déjantée, qui fête son 26è anniversaire en 2009.
Les défis du SMIAM
écoles & équipements sportifs « Nos agents sont au coeur du développement du SMIAM. Laissons la parole à quatre femmes qui nous accompagnent dans nos missions depuis de longues années », Abdou Dahalani
Rama Abdou Hamissi
Amina Mari
• née le 29 juin 1964 à M’tsapéré • année d’entrée au SMIAM : 1993 • fonction : agent de bureau au service courrier
• née le 18 décembre 1968 à Sada • année d’entrée au SMIAM : 1989 • fonction : secrétaire administrative
Son
parcours
rier. J’étais chargée d’organiser les réunions des commissions : comité, bureau, aménagement, affaires sociales et administratives et appels d’offre. Enfin, je préparais les documents nécessaires au départ des élus en missions extérieures. Depuis 2002, je suis assistante de direction et je dirige le service courrier, qui compte deux personnes. J’assure le secrétariat de la direction générale. Mon travail consiste aussi à préparer les réunions, les délibérations et à gérer l’agenda d’Abdou Dahalani.
Les
changements observés
à mes débuts, j’étais standardiste : j’accueillais le public en l’orientant vers les différents services, je répondais aux appels téléphoniques et les transférais aux services demandés. En 1999, j’ai intégré mon emploi actuel d’agent de bureau au service courrier. Je m’occupe surtout du recensement des courriers entrants, de la distribution aux personnes destinataires et de l’enregistrement des courriers départ. En 2004, j’ai validé une formation d’intégration à la fonction publique territoriale catégorie C. Les locaux ont beaucoup changé : avant, le SMIAM avait des antennes à Tsingoni, Poroani et Kawéni. Aujourd’hui, nous sommes tous unis dans un même bâtiment, ce qui permet une meilleure circulation de l’information.
Un commentaire Le SMIAM a une mission im-
portante pour le développement de l’île.
Son parcours De 1989 à 2001, je gérais le cour-
Les changements observés Au fil des années, le SMIAM a connu de fortes évolutions. Le personnel est plus nombreux aujourd’hui et nous travaillons davantage qu’avant étant donné que le rythme des constructions est très soutenu. Un commentaire J’ai une inquiétude pour l’ave-
nir : si l’état transfère ses responsabilités aux communes, celles-ci seront-elles à même de bien gérer les projets d’aménagement ?
PUBLI-COMMUNIQUé
Anziza Boura
• née le 11 février 1969 à Tsingoni • année d’entrée au SMIAM : 1993 • fonction : chef de service des ressources humaines et des moyens généraux
Son
De 1993 à 2001, j’étais secrétaire comptable. Ensuite, pendant quatre ans, j’ai rempli la fonction d’assistante de direction. Depuis octobre 2005, je suis embauchée à mon poste actuel. Je pilote le service comptabilité et je gère l’assistance du président ainsi que celle du bureau syndical : plannings, réunions, courriers, délibérations... Je m’occupais déjà du personnel dès mon arrivée au SMIAM, quand le service n’existait pas encore. J’ai aujourd’hui 20 personnes sous ma responsabilité. parcours
Souffou Saffi
• née en 1966 à M’tsamboro • année d’entrée au SMIAM : 1984 • fonction : secrétaire commande publique
Son parcours Depuis mon arrivée au SMIAM, j’ai travaillé dans des services très différents : secrétariat dactylo, accueil physique et téléphonique, comptabilité. Depuis 1994, je suis secrétaire au service de la commande publique. Chargée de rédiger les publications des avis d’appels d’offre et de réceptionner les candidatures, je vérifie que les dossiers soient complets et bien enregistrés. Les
Les changements observés Les salariés du SMIAM sont de plus en plus sensibilisés à la formation. Le Centre national de la formation publique territoriale (CNFPT), créé fin 2005, a ouvert au personnel de nouvelles perspectives de carrière. 8 de mes 20 agents sont intégrés.
changements observés L’ensemble du travail est maintenant informatisé. L’outil informatique a rendu les tâches moins pénibles et a dégagé des gains de temps importants. Aujourd’hui les employés du SMIAM travaillent en équipes supervisées par des chefs de services, tandis qu’avant le même chef dirigeait tout le personnel. En travaillant en équipes, nous bénéficions d’une meilleure organisation.
Un commentaire La carrière passe par la forma-
Un
tion mais celle-ci reste une affaire personnelle. Il faut avoir ses projets, ses ambitions. Les salariés doivent se prendre en main et, alors, des services sont là pour les accompagner.
commentaire Durant toutes ces années, le SMIAM n’a pas cessé de se développer, au rythme élevé des constructions d’écoles et d’établissements sportifs.
L’école notre Avenir, le sport notre épanouissement
2 rue de l’Hôpital à Mamoudzou - tél 0269 61 12 58 - fax 0269 61 12 70
Traditions mahoraises Rédaction : Halda Toihiridini - Photos : Bruno de Villeneuve
La beauté
féminine à Mayotte à Mamoudzou et dans les villages, les jeunes femmes ont petit à petit adopté le style occidental, et beaucoup de rituels traditionnels de beauté se sont perdus.
Seules
quelques matrones et grand-mères fabriquent encore leurs produits cosmétiques.
Dans
la culture mahoraise, la beauté est évaluée
selon des critères bien précis, principalement liés aux origines.
Une ascendance noble sera marquée par un teint clair. Plus les traits se rapprocheront des visages arabes et
occidentaux (nez fin, peau claire, cheveux longs et lisses…), plus la personne correspondra au canon de la beauté mahoraise.
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LA BEAUTé selon les âges
T
raditionnellement la jeune fille mahoraise ne doit pas s’embellir avant son mariage. Bébé, elle est juste percée des oreilles. Du nez quelques années plus tard. Elle porte des boucles d’oreilles ou le « shipini » (bijou pour le piercing nasal) pour bien marquer sa distinction avec les garçons. « Avant, les filles n’avaient pas le droit de s’épi-
ler avant le mariage. Du coup elles étaient obligées de cacher leurs jambes. Ce n’était pas grave parce qu’elles mettaient des salouvas et des vêtements qui cachaient tout. Celles qui ne le faisaient pas devaient supporter les moqueries. Aujourd’hui la société a changé, la plupart des filles se rasent les jambes et les aisselles pour pouvoir porter les tenues qui leur plaisent. Pour les débardeurs, les mini-jupes ou les maillots de bains, on est obligée de s’épiler » ex-
plique Haïrati. Comme toutes les adolescentes mahoraises, elle jongle constamment entre les interdits de la tradition et ses envies de jeune fille moderne. Salouva un jour, mini-jupe et collant le lendemain.
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Mais même si l’épilation du corps est tolérée, il est interdit aux jeunes filles de toucher leur visage. Pourtant, tout comme Naïdat, certaines ont appris à ruser : « Moi j’ai des sourcils
très épais, alors je les affine juste un peu pour ne pas me faire tuer par ma mère. Ca ne se remarque pas trop parce que les femmes mariées privilégient plutôt le sourcil super fin tiré au crayon noir. Je trouve ça moche. »
Ce n’est qu’à la puberté que la jeune fille a droit à quelques bijoux. Le jour des premières règles marque le passage de l’enfance au statut de femme. Durant une semaine, le temps des règles, la jeune fille sera traitée comme une mariée. Pendant ces quelques jours, on la désigne par le même terme que la mariée « mcharoussi ». Elle est coiffée, maquillée et porte ses
premières parures de bijoux. « Les premières
règles sont le signe que la jeune fille est désormais fertile, c’est-à-dire qu’elle est une femme. Et qu’elle est donc prête pour apprendre tous les secrets de la beauté des femmes » nous ré-
vèle Faouzia. Cette mama est elle aussi passée par ces étapes successives. Elle nous raconte comment les secrets de beauté sont transmis par la mère, les tantes et les grands-mères, qui les ont elles-mêmes reçus de leurs aïeules. Des recettes jalousement gardées par chaque femme. Pour beaucoup d’entre elles, c’est le seul moyen de garder les faveurs de leurs maris et d’éviter qu’ils ne les délaissent pour d’autres. Une perte importante pour ces femmes livrées à elles-mêmes. En effet, pendant longtemps, l’âge moyen du mariage pour les femmes était de quinze ans. Sans qualifications, ni formation, elles devenaient alors totalement dépendantes de leur mari. Ceci explique l’importance de l’entretien du corps chez les femmes mahoraises. Une culture qui s’est développée en dépit de la pénurie de nombreuses matières premières en ce qui concerne les produits cosmétiques. Pour y pallier, elles ont su rivaliser d’ingéniosité et trouver dans la nature ce qui leur manquait.
Mille et une
privilégié pour son odeur suave et envoûtante qui dure longtemps.
plantes cosmétiques
De la résine de m’trondro pour l’épilation. Aujourd’hui encore, il n’est pas toujours évident de trouver de la cire à épiler dans les magasins. Un problème qui ne touche que celles qui sont dépendantes des produits importés. Les femmes mahoraises ont pris l’habitude d’utiliser une résine issue d’un arbre appelé m’trondro. Après avoir entaillé le tronc, on récolte la résine qui est ensuite travaillée à la main. Elle permet de mieux agripper le poil avec les doigts.
Noix de coco, henné, bois de santal… des milliers de produits qui constituent la base de la beauté mahoraise. À une époque où les déodorants et les parfums n’étaient pas à leur portée, les Mahoraises ont développé leur propre système D.
Du citron et du m’sindzano, pour chasser les odeurs corporelles. Après s’être lavées avec du savon de Marseille, les femmes se frottent les aisselles avec une rondelle de citron. Elles y appliquent ensuite du m’sindzano pour absorber l’humidité. Des fleurs, pour pouvoir parfumer les
corps. La tradition des « tampas », les petits bouquets de fleurs dans les cheveux ou épinglés sur les vêtements perdure. Le jasmin est
Des graines de roukou en guise de rouge à lèvres. Le roukou est une plante qui donne des fruits en forme de châtaignes. Les graines qui se trouvent à l’intérieur sont écrasées pour obtenir une substance orangée qui sert de rouge à lèvres. Certaines femmes utilisent de la poudre de charbon pour en foncer la couleur.
Quelques ingrédients de beauté mahoraise... Bijoux en or
La femme se voit offrir de nombreux bijoux par son mari lors du grand mariage. C’est une fois mariée qu’elle peut se parer, de la tête aux pieds, de ses plus belles parures, lors de cérémonies publiques par exemple.
Parures de mariage
Traditionnellement, lors de la procession qui amène le marié (Bwana harussi) jusqu’à la maison de sa femme, les bijoux en or massif sont exposés sur un cœur recouvert de velours, au grand jour, dans tout le village. Cela permet de voir à quel point la famille est riche et à quel point les parures sont belles. Mais la valeur de ces bijoux étant de plus en plus élevée, certains mariés préfèrent, de nos jours, enfermer les bijoux dans un petit coffre porté sur la tête d’une femme de la famille.
Le henné
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Cette plante aux petites feuilles pousse un peu partout à Mayotte. Une fois broyées au pilon, la pâte obtenue est appliquée en formant des motifs géométriques ou quelconques pour décorer les mains, les ongles et les pieds. Marron foncée au naturel, la couleur est orangée sur la peau après séchage.
Le m’sindzano
C’est avec une pierre de corail et un bout de santal que le masque de beauté se confectionne au quotidien. Déposée sur le visage, la pâte obtenue est blanche à l’état naturel, jaune avec du curcuma ou rouge avec du santal rouge. Ce masque protège la peau du soleil et des piqûres de moustiques, la rafraîchit, la rend lisse et la parfume. Bruno de Villeneuve
Le coco, un produit indémodable à Mayotte, le coco a de multiples usages. Tout d’abord utilisé pour la cuisson, il est aussi à la base de nombreuses recettes cosmétiques dont notamment les soins capillaires. Comme dans de nombreuses cultures, la beauté de la femme mahoraise se cristallise principalement sur ses cheveux. Longs, lisses et noirs, voici l’exigence de nombreuses femmes. Beaucoup ont recours aux mèches artificielles, aux tissages et aux colorations et achètent leurs produits en grandes surfaces.
Mais pendant longtemps, c’est avec des feuilles de kapokier écrasées que se faisait le shampooing. On en tirait une substance gluante qui savonnait. Plus tard est arrivé le savon de Marseille, qui a aussi longtemps servi pour laver les cheveux. On appliquait ensuite de l’huile de coco pour bien démêler. Aujourd’hui quasiment plus personne n’utilise cette plante. Mais l’huile de coco a encore un bel avenir dans la cosmétique mahoraise. Après avoir été râpée, la pulpe de coco est essorée pour en récupérer le lait. Celui-ci est cuit durant de longues minutes jusqu’à ce qu’il se transforme en huile. Ce produit précieux est alors stocké dans des bouteilles. Pour dissimuler son odeur rance et peu agréable, on y ajoute des fleurs séchées : jasmin, ylang-ylang ou de la fleur de vacoas odorante, appelée « doua » en mahorais, c’est selon les goûts. Cette huile sert à la fois pour les cheveux mais aussi pour le corps lors des massages.
La beauté de la mariée Durant la période de son mariage, la mariée est massée avec du lait de coco pur mélangé à du henné et du safran. Une mixture appréciée pour ses vertus éclaircissantes. Ce qui en fait un produit indispensable lors des mariages. En effet, dans la coutume, la mariée doit être claire de peau le jour où elle revient dans le monde. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle doit rester chez elle durant toute la durée du mariage. Une période qui peut s’étaler sur deux ou trois semaines. Chaque jour une matrone vient la masser, la maquiller et la coiffer. L’application du henné sur les mains et les pieds ne se fait qu’une seule fois. Pour la tenue de mariage, ce sera un beau haut moulant que les femmes appellent « body » et un salouva. Des habitudes qui se perdent avec
la mode des saris indiens, de plus en plus appréciés pour leurs couleurs vives et leurs motifs dorés et scintillants. Avant cette mode, c’est surtout par ses bijoux que la mariée se distinguait des autres femmes. à travers les parures offertes en même temps que la dot, le mari témoigne de la valeur qu’il accorde à son épouse ; ainsi plus la mariée en porte, mieux c’est. Quant au maquillage, il s’est longtemps limité à des motifs floraux dessinés au m’sindzano, le masque de beauté traditionnel. On retrouve toujours ces pratiques dans certains villages. Ce n’est que pour les grandes occasions que les femmes l’appliquent de la sorte. En tant que maquillage, il est généralement appliqué avec un épi de maïs bouilli et égrené, ou avec une éponge. L’application se fait par petites touches légères, ce qui permet d’obtenir un masque plus fin que le m’sindzano appliqué avec les doigts, et donc plus esthétique.
Halda Toihiridini
© Thierry Stoecklin
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INTERVIEW Shifaou, experte en beauté Shifaou est originaire d’Anjouan. à Mayotte depuis 1994, c’est dans la rue du commerce qu’elle a réussi à ouvrir son salon de coiffure et de beauté dans lequel les coquettes de l’île se donnent rendez-vous. Mais c’est surtout sur ses activités de mise en beauté des mariées qu’elle a bâti sa réputation. Mayotte magazine : - Quelles sont exactement vos activités ? Shifaou : - Dans mon salon, je pratique la coiffure occi-
dentale mais aussi traditionnelle. Je crée des coiffures spéciales pour les mariées. Je propose à mes clientes l’épilation des sourcils, le maquillage du visage et l’application du henné sur les mains et les pieds. Avec des motifs que j’invente. J’ai la chance d’avoir un don pour cela. Mes clientes apprécient beaucoup. Je réalise des motifs plus modernes en guise de tatouage sur d’autres parties du corps. Ce sont surtout les métropolitaines qui me demandent cela. Je loue et je vends des tenues pour les mariages et autres grandes occasions. Avant je vendais des saris mais je ne le fais quasiment plus. J’oriente mes clientes vers des vendeurs. Los des mariages, on m’appelle pour m’occuper de la mariée. C’est ce qui marche le mieux aujourd’hui, car les femmes préfèrent se coiffer elles-mêmes et faire leur défrisage à domicile. Elles ne viennent que lorsqu’il y a eu un problème ou alors pour acheter des produits.
Mayotte magazine : - Comment êtes-vous arrivée à Mayotte ? Shifaou : - J’avais un salon à Anjouan et il arrivait que des Mahoraises viennent me chercher pour que je m’occupe de leurs mariées. On me payait le voyage jusqu’à Mayotte ainsi que la prestation. Plusieurs familles ont fait appel à mes services et sont venues me chercher à Anjouan. Le bouche-à-oreille a ainsi continué. Je revenais régulièrement. Un jour, j’étais ici et des troubles politiques importants ont duré plusieurs mois aux Comores. C’était en 1998. Du coup j’ai été obligée de rester. J’ai habité un certain temps chez des gens de ma famille. Avant qu’une Malgache qui avait un salon de coiffure ne m’embauche. Elle m’a déclarée et j’ai pu bénéficier d’un permis de séjour. Tout s’est enchaîné jusqu’à ce que je puisse ouvrir mon propre salon.
Mayotte magazine : - Quelle est la mode en matière de beauté ? Shifaou : - Aujourd’hui le style indien est très à la mode. C’est une tendance qui vient des Comores, et que j’ai ramené ici lorsque je suis arrivée en 1994. Au début les femmes étaient réticentes, elles n’osaient pas ; aujourd’hui beaucoup s’habillent en sari lors des mariages. Mais là-bas il existe des tenues traditionnelles typiques de certaines cérémonies ; c’est le cas du « gaouni » (tenue ou le salouva et le haut sont faits avec le même tissu). Les femmes le revêtent lors des taris (cérémonies très populaires aux Comores durant lesquelles les femmes chantent et dansent en files indiennes.) Actuellement, les mariées sont quasiment obligées de porter des tissus indiens parce qu’ils font beaucoup plus habillés. Un jour je suis allée à un mariage où la mariée portait juste un beau salouva traditionnel, alors les invités ont confondu la mariée avec une dame habillée d’un très beau sari. Les mariées doivent déployer de plus en plus d’efforts pour se distinguer des autres femmes. J’aimerais partir à l’île Maurice ou à Dubaï pour trouver des tenues spéciales, impossibles à trouver ailleurs et que seules les mariées
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pourront porter. Mais la mode indienne s’arrête aux vêtements et aux parures. Parce qu’en matière de coiffure, les indiennes lâchent leurs cheveux. Ici, elles préfèrent des coiffures plus sophistiquées. En ce qui concerne le maquillage, quasiment plus personne n’utilise le m’sindzano pour les mariées. Moi je leur explique que ce n’est plus la peine et que maintenant il y a le maquillage moderne. Le masque de beauté retrouve une simple fonction de masque contre le soleil et sert ainsi pour l’embellissement de la peau. Mayotte magazine : - Quelles sont les différences entre la mise en beauté d’une mariée et d’une autre femme ? Shifaou : - Le henné de la mariée doit être plus dense sur les mains et les pieds. Alors que dans la vie de tous les jours ont choisira des motifs plus simples et pas trop chargés. Pareil pour les fleurs dans les cheveux ainsi que les bijoux. La mariée en est couverte.
Article réalisé et propos recueillis par Halda Toihiridini
Histoire
Rédaction : Frédérique Cadieu
Mayotte depuis 1976
D
urant toute l’année, Mayotte Mag vous a invité à découvrir l’Histoire de Mayotte, de ses origines à nos jours. Numéro après numéro, nous avons retracé les grandes étapes qui ont marqué l’histoire de l’île. Une histoire complexe, aux influences multiples, que nous avons tenté de restituer de manière lisible. Six numéros pour six grandes périodes : nous voulions mettre en lumière les périodes clés qui ont forgé l’histoire de l’île.
48 Après s’être interrogé sur les origines du peuplement de Mayotte, nous sommes partis à la découverte des premiers sites occupés sur l’île entre le VIIIè et le XIIIè siècle. Nous nous sommes ensuite intéressés à la période allant du XIIIè au XVIè siècle, qui fut marquée par les premières constructions en pierre et la consolidation du sultanat, puis aux XVIIè, XVIIIè et au début du XIXè siècles, période pendant laquelle de nombreuses guerres ravagèrent l’île. Ensuite, vint la période, à partir de 1841, où Mayotte, puis le reste de la région, entra dans la sphère d’influence française, avant de devenir
une colonie. à partir de 1958, alors que les trois autres îles de l’archipel souhaitent accéder à l’indépendance, Mayotte ne va, quant à elle, n’avoir de cesse de réclamer la départementalisation… Dernier volet de l’histoire de l’île, les cinquante dernières années sont l’histoire d’un combat, celui de rester français pour être libre. Quelles sont les étapes, politiques et institutionnelles, qui ont mené Mayotte au statut de département ?
Mayotte de 1976 à nos jours : la marche vers la départementalisation De 1958 à 1974, Mayotte affirme sa volonté de rester française, alors que les autres îles de l’archipel des Comores votent pour l’indépendance. Les revendications sont portées par le Mouvement Populaire Mahorais, présidé par Zaïna M’Déré. Les autres chefs de file de ce mouvement sont Marcel Henry, Younoussa Bamana, Abdallah Houmadi et Zoubert Adinani. « Nous voulons rester français pour être libres », le référendum d’autodétermination propre à Mayotte du 8 février 1976 consacre cette revendication puisque 99,4 % des Mahorais se déclarent en faveur du maintien de l’île au sein de la République française. Le 11 avril 1976, une nouvelle consultation porte sur le maintien ou l’abandon du statut de territoire d’outre-mer : près de 80 % des votants ne répondent pas à la question posée mais introduisent des bulletins
où ils réclament la départementalisation, ce qui signifie que le statut antérieur, qui était celui de territoire à autonomie interne, est rejeté. Le parlement français entérine le vote des Mahorais le 24 décembre 1976 : Mayotte se transforme en collectivité territoriale au statut provisoire initial prévu pour cinq années. En février 1977, Mamoudzou devient le cheflieu de Mayotte. La même année, les 17 communes sont créées et les premières élections municipales, cantonales et législatives sont organisées. Younoussa Bamana est alors élu premier député de la collectivité territoriale de Mayotte. En octobre 1986, Jacques Chirac est le premier chef de gouvernement à se rendre à Mayotte. Les Mahorais qui l’accueillent rappellent leur revendication : la départementalisation, mais Jacques Chirac ne répond pas à toutes leurs espérances. L’état français considère que Mayotte n’est pas encore prête à devenir département. Lors de la consultation du 2 juillet 2000 sur l’avenir de Mayotte, la population opte à 73 % pour un statut assez proche de celui des départements d’outre-mer : une collectivité départementale d’outre-mer. La loi du 11 juillet 2001 crée la collectivité départementale de Mayotte. Le 28 mars 2003, la constitution française est modifiée et le nom de Mayotte est énuméré dans l’article 72 concernant l’outre-mer. Du côté des Comores, la question de Mayotte perd peu à peu de son importance. Depuis 1995, cette question n’est plus inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU. En 2005, le colonel Azali Assoumani, président des Comores depuis 1999, déclare qu’« il ne
sert plus à rien de rester figé dans nos positions antagonistes d’antan, consistant à clamer que Mayotte est comorienne, pendant que les Mahorais eux se disent Français ».
Avec la loi sur la décentralisation, l’exécutif de la collectivité passe du préfet au président du
Conseil général le 1er avril 2004. La même année, Younoussa Bamana, président du Conseil général depuis 1977, se retire. Issu des élections cantonales de 2004, le premier président de la décentralisation est Saïd Omar Oili. Après les élections de mars 2008, Ahamed Attoumani Douchina est élu président du Conseil général. C’est sous sa présidence qu’un ultime référendum réaffirme le choix des Mahorais le 29 mars 2009. En effet, les électeurs se prononcent à 95,24 % des suffrages exprimés en faveur du changement de statut de la collectivité en département : c’est la fin d’un combat mené depuis cinquante ans.
Une page de l’histoire se tourne, une autre s’ouvre alors : la construction politique, sociale et économique du nouveau département résonne déjà comme un nouveau défi de taille pour les Mahorais. Frédérique Cadieu
Environnement Rédaction et photos (sauf ©) : Alban Jamon
© A. Malard
à la découverte des cours d’eau et cascades de Mayotte
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Vue impressionnante au sommet d’une des cascades de Majimbini.
L’eau… la vie ! Mayotte Magazine vous convie à une brève escapade à la découverte des rivières, parfois
méconnues, de l’île.
Bassins accueillants, petites chutes d’eau ou véritables cascades… Les cours d’eau de Mayotte réservent bien des surprises aux promeneurs.
Une petite excursion au fil de l’eau et de sa magie…
à
la lecture de la carte IGN de Mayotte, grâce aux nombreuses vallées, le réseau hydrographique de l’île est très ramifié. Il présente de nombreux cours d’eau et ravines. Pourtant, seules une vingtaine de rivières sont en eau toute l’année telles que l’Ourouvéni, la Kwalé ou celle de Bouyouni.
© J. Wickel
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Rivière pérenne de Bouyouni, alimentée par les eaux de pluie ou souterraines en fonction de la saison.
intensités importantes. à titre d’exemple, le 24 janvier 2008, pendant la dépression nommée FAME, 118 mm d’eau ont été enregistrés en moins de 2 heures, et 394 mm lors de cette seule journée, sur le site de la Convalescence (commune de Mamoudzou) ! Pour information, 1 mm d’eau de pluie enregistré équivaut à 1 litre par m² ! Les pluies intenses de FAME ont donc également engendré une élévation significative des niveaux des cours d’eau. Les enregistrements des variations du niveau de la rivière Kwalé (dont l’embouchure est située entre Tsoundzou I et II) révèlent une élévation de 0,66 m à 3,09 m en une heure ! (Akbaraly com. pers. ; source : DAF Mayotte). Heureusement, la décrue est généralement aussi très rapide… Rivière asséchée pendant le Kusi (saison sèche et fraîche).
L’année dite « hydrologique » présente deux saisons bien marquées : pluvieuse et chaude de mi-octobre à fin avril (Kashkasi) ; sèche et fraîche le reste de l’année (Kusi). Lors de la saison sèche, un grand nombre de rivières peuvent s’assécher, excepté celles qui sont soutenues par les eaux souterraines.
Pluies intenses et montée du niveau des cours d’eau En situation normale, les débits des rivières sont relativement faibles. En revanche, ils peuvent être très élevés en période de crues. Lors des épisodes de dépressions tropicales, relativement fréquents à Mayotte, des pluies intenses s’abattent sur l’île et permettent, entre autre, la recharge en eau des rivières et des nappes souterraines (aquifères). Les averses sont de courte durée et peuvent atteindre des
Embouchure de la rivière Kwalé en juillet 2009 et montée des eaux au même endroit lors de l’épisode FAME en janvier 2008… Le pic de crue avait déjà été atteint : le niveau baissait sur la photo ci-dessous !
études et suivis
© J. Wickel
des rivières de l’île
Prélèvements temporaires en 2008, notamment de l’anguille, poisson emblématique des rivières de Mayotte, capturée et relâchée dans le cadre du suivi de la faune d’eau douce de l’île.
à Mayotte, les débits des cours d’eau sont suivis chaque semaine par des agents de la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF), grâce aux techniques de jaugeage des rivières et à l’installation de stations de mesure du niveau d’eau. Dans le cadre de la mise en oeuvre Directive Cadre sur l’Eau (DCE), la définition des stations de mesures des réseaux de surveillance qualité est en cours. Des prélèvements d’une partie de la faune d’eau douce (poissons et crustacés) ont été réalisés sur plusieurs rivières de l’île en 2008. Les espèces ont été prélevées, identifiées et mesurées en fonction des habitats rencontrés, puis relâchées dans leur milieu naturel. Ces réseaux seront certainement opérationnels au début de l’année 2011.
Tour d’horizon
des bassins
© J. Wickel
et cascades de l’île
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Les bassins de Passamainty, comme ceux d’Hajangoua (ci-dessous), sont relativement faciles d’accès. à droite : blocs rocheux rencontrés sur la rivière d’Hajangoua.
Au fil de l’eau, les promeneurs chanceux profiteront des bassins pour faire halte, témoins de l’histoire géologique du site. Certains sont très accessibles, et peuvent même se rencontrer tout près de Mamoudzou... En amont des cours d’eau, les ravines à fortes pentes favorisent un régime torrentiel. Le lit de la rivière est surtout composé de blocs rocheux ou de galets.
C’est également dans ce secteur que l’on trouve des rapides et des cascades, comme à proximité du Dziani Karihani. Bref aperçu, non exhaustif, des cascades en présence… Kangani, Hajangoua, Ouangani ou Tsingoni abritent de telles chutes d’eau, plus ou moins accessibles.
La cascade d’Hajangoua, à quelques dizaines de minutes de marche.
Si généralement les cascades de Mayotte ne possèdent pas les dimensions vertigineuses rencontrées à la Réunion, certaines d’entre elles peuvent tout de même dépasser les 15 à 20 mètres de hauteur. Pour les plus aventureux, certaines activités « aquatiques » sont pratiquées occasionnellement dans les cours d’eau de l’île. Sur les versants du mlima (mont) M’tsapéré, la descente du canyon et des cascades de la rivière Gouloué près de Passamainty, ou de Majimbini à proximité de M’tsapéré, offre de bonnes sensations. La descente en rappel des différentes cascades peut totaliser plus de 80 mètres de dénivelé ! Entre les villages de M’tsangamouji et de Tsingoni, la cascade de la baie de Soulou aboutit sur la plage, voire directement dans le lagon lors des épisodes exceptionnels de marées.
Moment de détente au pied de la magnifique cascade de Kwalé.
Située entre les villages de Barakani et de Hapandzo, la cascade de Ouangani est très facile d’accès pour les visiteurs curieux.
© A. Malard
© L. Rousseau
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Descente en rappel des cascades de la Gouloué.
© Y. Stephan
Arrivés par la mer, halte à la cascade de Soulou lors d’un tour de l’île avec Mayotte Découverte.
Diversité
de la faune d’eau douce Dans le cadre de l’inventaire de la faune d’eau douce de Mayotte, les connaissances actuelles mettent en évidence au moins 11 espèces de crustacés (crevette, chevaquine, camaron, écrevisse, crabe, etc.) et 28 espèces de poissons.
La très grande majorité des espèces en présence sont indigènes. Seul le poisson appelé guppy (Poecilia reticulata), originaire du continent américain, a été introduit à Mayotte et dans la région de l’océan Indien. En ce qui concerne les insectes, citons trois nouvelles espèces de trichoptères récemment identifiées dans le cadre de la définition des réseaux de surveillance de la qualité des masses d’eau de Mayotte. Ces insectes, qui vivent dans les rivières de l’île sous leur forme larvaire, serviront de bio-indicateurs de l’état des cours d’eau. Précisons brièvement que la végétation et la forêt bordant les rivières (ou ripisylve) accueillent de nombreuses espèces et jouent un rôle essentiel. Vous pourrez par exemple y observer de nombreuses libellules adultes, dont la larve est aquatique.
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© J. Wickel
Libellule, appartenant aux Odonates, en bordure de la rivière de Kwalé.
Réglementation en vigueur
Observation d’une anguille dans les eaux claires de la rivière de Bouyouni.
à Mayotte, la capture des poissons d’eau douce est interdite par l’Arrêté Préfectoral n°347/DAF du 7 août 2000. La capture des camarons y est réglementée : prohibée pendant la période de reproduction de l’espèce entre le 15 décembre et le 15 mars par l’AP n°800/RG/SG/AGR du 28 décembre 1981 portant réglementation de la pêche fluviale à Mayotte.
Le saviez-vous ? Parmi les 28 espèces de poissons référencées à Mayotte, 27 possèdent une phase marine. Certaines d’entre elles passent la majeure partie de leur vie en eau douce à l’état adulte et se reproduisent en mer. On parle d’espèces catadromes telles que l’anguille ou le mulet. D’autres vivant en mer suivent le chemin inverse et remontent les rivières pour se reproduire. On parle d’espèces anadromes. Enfin, certains poissons se reproduisent en eau douce, descendent les rivières vers l’océan à l’état larvaire, puis les remontent au stade juvénile pour y vivre à l’état adulte. On parle d’espèces amphidromes telles que le cabot noir ou le cotylope à nageoires rouges.
Ce tableau idyllique ne reflète pas les menaces qui pèsent sur la faune et la flore inféodées aux rivières et leur proche périphérie. Concernant plus particulièrement les contaminants des cours d’eau (produits ménagers, macro-déchets, rejets non traités...), outre l’application du Code de l’environnement et de la Loi sur l’eau à Mayotte, des arrêtés préfectoraux précisent à l’échelle locale les opérations soumises à autorisation ou à déclaration ou fixent des seuils plus contraignants… Concrètement, toute pollution volontaire et non autorisée ou déclarée dans les cours d’eau de Mayotte est strictement interdite.
Ce constat soulève une nouvelle fois les interactions existant entre les rivières et le lagon à Mayotte, ainsi que l’intérêt d’une gestion globale des ressources naturelles de l’île.
© R. Rolland Camaron, savoureux crustacé surpris dans une rivière près de M’tanga M’tsannyounyi (Tahiti plage)
Pollution diverses…
Pour en savoir plus… AKBARALY A., 2008. Panorama des ressources en eaux de Mayotte. Séminaire « les enjeux de l’eau à Mayotte ». KEITH P., MARQUET G., VALADE P., BOSC P., VIGNEUX E., 2006. Atlas des poissons et des crustacés d’eau douce des Comores, Mascareignes et Seychelles. Publications scientifiques du MNHN, Patrimoine Naturels N° 65, 250 p.
Fort heureusement, la mobilisation pour diminuer l’impact des activités humaines sur les rivières et les milieux associés s’est largement développée ces dernières années : sensibilisation, actions citoyennes, amélioration des techniques, législation.
Nous souhaitons remercier les auteurs des photographies mises à disposition ainsi que M. Anil Akbaraly, Responsable de la cellule Hydrométéorologie à la DAF de Mayotte, pour sa collaboration et sa relecture avisée. Alban Jamon
© R. Rolland
Une rapide balade le long des cours d’eau de Mayotte, en particulier à proximité des centres urbains, nous révèle l’omniprésence des déchets et des rejets polluants divers (eaux usées, détergents tels que l’eau de javel, les plastiques, cannettes, tissus...), associée ou non à la destruction des habitats naturels (déforestation, remblais...). La contamination de ces milieux remarquables soulève également les enjeux liés à la consommation et à la santé des habitants de l’île (alimentation en eau, consommation d’espèces d’eau douce ou marines...).
à titre d’exemple, plusieurs opérations de nettoyage ont été initiées sur l’île à l’initiative du réseau associatif ou des services publics avec la participation fructueuse de la population, notamment des jeunes générations. Sachant que les rivières débouchent sur le lagon, qui constitue, entre autre, une source d’alimentation essentielle à Mayotte, espérons que cette dynamique se poursuive dans les années à venir pour la conservation de ce patrimoine commun.
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Ferraille et plastique...
En aval des bassins versants, à l’embouchure des rivières, se développent des espaces naturels remarquables tels que la mangrove, le lagon et ses ressources pour la consommation humaine…
Reportage Rédaction et photos : Guy Monnot
mohéli
La perle méconnue des Comores
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L’hôtel Laka Lodge, devant une plage sauvage, au milieu du parc marin de Mohéli.
Eden caché des Comores, sanctuaire nature méconnu des îles de la lune,
destination oubliée des tours opérateurs, Sur la zone littorale, des travées magmatiques sombres alternent avec des plages de sable blanc et de petites criques discrètes qui s’ouvrent sur un océan turquoise aux dentelles d’écume.
Mohéli
recèle tous les atouts pour séduire les amateurs d’écotourisme.
problèmes géopolitiques régionaux pour préserver la nature sauvage et la culture « mvalienne » dans ce qu’elle a de plus authentique. Car plus qu’elle ne se raconte, Mohéli se regarde, se respire, s’écoute. Aussi la découverte de cette « perle des îles de la lune » se fait-elle pas à pas, avec patience, dans le respect de ses traditions séculaires et de son patrimoine naturel. Le lac de cratère Dziani Boundouni.
E
lle fait moins parler d’elle que la médiatique île d’Anjouan et pourtant… Avec une superficie de 290 km2, l’île comorienne de Mohéli (Mvali) est plus petite que sa soeur rebelle. Les interactions du temps, de l’océan et du volcan n’ont pas seulement modelé ses paysages chaotiques d’une rare beauté, elles ont aussi façonné les mentalités, nourri l’âme de ses habitants.
Mvali, destination nature Retranchés dans les villages perdus de l’intérieur ou dans les petites bourgades en bordure du littoral, les Mohéliens ont su, dans une autarcie agropastorale, rester à l’écart des
Dès son approche à bord du Let 410 de Comores aviation, le passager est fasciné par le chapelet d’îlots qui s’égraine sous son hublot. Au premier plan : le M’Chaco, ce gros rocher « nappé » de guano d’oiseaux marins, émerge de l’océan bleu azur et suscite déjà la curiosité du passionné d’ornithologie. Plus loin, les flancs érodés de l’ancien volcan sont recouverts d’une végétation luxuriante favorisée par le climat tropical et la fertilisation millénaire des laves basaltiques. à son arrivée à l’aéroport de Bandar es Salam, le voyageur en quête d’aventures est invité à se rendre à la maison du tourisme où une charmante hôtesse, cartes et dépliants à l’appui, l’informe sur les curiosités archéologiques, géologiques et biologiques de Mohéli. Outre la localisation des treize îlots satellites et des vestiges volcaniques tel le cratère du Dziani Boundouni, le randonneur curieux prend connaissance des circuits de découverte des espèces endémiques les plus emblématiques
Ci-dessus : panneaux de promotion touristique devant des bungalows de Nioumachoua. à droite : vol d’une grande roussette.
telles les roussettes de Livingstone (les plus grandes de la planète), des sites uniques au monde de ponte des tortues marines, des spots fréquentés par les « seigneurs de l’océan » : baleines à bosse, dauphins, dugongs… Témoin de l’activité volcanique intense qui a donné naissance à Mvali, le lac du Dziani Boundouni, principale étendue d’eau douce des Comores (30 hectares), reconnu zone humide d’importance internationale et classé au patrimoine de l’UNESCO, abrite de nombreux oiseaux : grèbes castagneux, poules d’eau, grandes aigrettes et hérons crabiers. Le cratère du Dziani Boundouni est aussi un sanctuaire protégé par les habitants d’Itsamia qui lui vouent un véritable culte, car selon une vieille croyance le lac serait habité par un djinn.
comme l’Association pour le développement socioculturel de Nioumachoua et l’Association pour le développement culturel d’Itsamia. Dans ce petit village, les écoguides de la maison des tortues organisent des sorties nocturnes sur les plages où chaque nuit des dizaines de tortues viennent pondre. La promotion de la destination Nioumachoua au cœur du parc marin permet la valorisation écotouristique du village et du plus bel hôtel touristique des Comores : le Laka Lodge (voir double page précédente) qui s’ouvre sur une guirlande d’îlots potentiellement très riches en terme de biodiversité marine. Les plages paradisiaques de Chissioua Ouénéfou sont aussi des sites préférentiels pour les tortues marines qui recherchent les eaux cristallines du lagon partiellement formé.
Le parc marin : axe de l’écotourisme Première aire protégée et première véritable initiative comorienne vers l’écotourisme, le parc marin de Mohéli (PMM) est partenaire du WWF et du Centre réunionnais d’études des tortues marines de Saint-Leu. Créé en 2001, le parc marin récompensé par un prix du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) coordonne plusieurs partenaires Ponte à Itsamia.
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Le parc marin de Nioumachoua, un lieu idyllique pour les passionnés de la mer et les plongeurs
Les coraux recouvrant à plus de 90 % les vieilles coulées basaltiques, les apnéistes découvrent une flore et une faune exubérantes : algues, anémones de mer, mollusques, nombreuses espèces de poissons multicolores... La périphérie des îlots est la « villégiature » des cétacés et se transforme en une véritable pouponnière de juillet à octobre, période de reproduction des baleines à bosse. Sollicités par les touristes ou les passionnés de cétologie, les écogardes et pêcheurs n’hésitent jamais à embarquer avec leurs visiteurs à la recherche des géants des mers ou des escadrons de dauphins. Ici pas de gros moteurs, pas de jet skis, pas de « tourisme prédateur ». On pratique à Mohéli l’écotourisme au sens noble du terme !
Pêche fructueuse à Ouanéfou.
Mégaptères entre les îlots du parc marin. Ci-dessous : l’écovillage de Nioumachoua.
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Pour satisfaire les touristes plus exigeants que les villageois en terme de qualité d’habitat, les concepteurs de structures hôtelières, à l’instar d’Akmal à Fomboni, de Bush à Ouallah 1 et de Nadjim à Ouallah 2, utilisent les ressources locales renouvelables et esthétiques. Chez ces « écorestaurateurs », les bungalows sont construits avec des matériaux naturels : poutres de bambous, murs en latérite, cloisons en raphia, plafonds en toile et coco tressé. Le préfabriqué mohélien affiche du 100 % bio. à Sambadjou, Nadjim privilégie le zéro émission : récupération optimale des eaux de pluies et captage de l’énergie solaire par des panneaux photovoltaïques. Cette énergie naturelle est transformée en électricité, qui alimente les lampes, la télévision satellite, les bungalows et l’électroménager de la cuisine.
Dans les gargotes, les clients apprécient le « tout écolo » décor nature comme les repas de crabes et de langoustes ainsi que les produits agricoles (ananas, bananes, cocos...) issus d’une culture biologique sans OGM, ni engrais ni pesticides.
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Le respect des traditions et de l’environnement Depuis la création du parc - agent de cohésion entre villageois - on observe chez les Mohéliens du littoral l’éveil d’une conscience écologique concrétisée par les associations de villages qui constituent l’outil premier de développement. C’est l’intérêt local qui prévaut. L’écovillage s’est créé naturellement et depuis longtemps. Héritiers de traditions séculaires respectueuses de la nature, les résidents du parc et des zones périphériques savent qu’on ne transgresse pas impunément ses lois. L’écotouriste à qui on a remis le code de bonne conduite s’engage à le respecter au même titre que les coutumes et les habitats des populations villageoises. Gecko poussière d’or sur coco tressé.
Depuis la plage, les enfants ont repéré les premières baleines à bosse à proximité des îlots.
Nioumachoua, qui signifie « derrière les îlots », en comorien, se trouve dans le sud de l’île.
Tourisme équitable et solidaire : un moyen privilégié d’échange
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Dans les écovillages d’Itsamia, Nioumachoua et Ouallah, les visiteurs séjournent au plus près d’une population accueillante, chaleureuse et authentique vivant en totale harmonie avec la nature et dans une ambiance conviviale. Dans le dédale des ruelles, les hommes jouent aux dominos et aiment palabrer avec le « Mjéni » (l’étranger) tandis que les femmes offrent généreusement leur artisanat, leur sourire ou leur joli m’sindrano (masque de beauté) aux objectifs du photographe. Une offre solidaire qui met l’accent sur l’échange, la rencontre et les retombées positives pour le site d’accueil. Les ventes des produits artisanaux, les repas de fruits de mer, les excursions aux îlots avec un écoguide, la location de la barque du pêcheur, les visites aux écovillages, les nuitées dans les bungalows génèrent aussi des ressources, des créations d’emplois et stimulent l’économie locale. Les profits ainsi réalisés bénéficient aux communautés villageoises et contribuent au développement durable de la région sud.
Ce principal pôle touristique de l’île pratique depuis quelque temps une forme originale de concept d’équité : le tourisme équitable.
L’île de Mohéli vit aujourd’hui encore dans une situation de quasi-autarcie agropastorale.
Un sanctuaire unique mais menacé L’un des enjeux majeurs de la protection de la biodiversité terrestre et marine de Mohéli réside dans la recherche d’un équilibre entre l’utilisation de ses ressources et la protection de son environnement. Les décideurs et « écocitoyens » doivent donc prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la biodiversité de ce paradis tropical. Outre « l’embargo anjouanais » et la pénurie de pétrole qui ont paralysé récemment le tourisme régional et le développement économique local, d’autres menaces pèsent sur Mohéli telles les pollutions anthropiques, la déforestation, les cultures sur brûlis, les surexploitations des ressources marines par les thoniers senneurs asiatiques et les appétits des promoteurs étrangers. Confrontés à des situations politiques, économiques et sociales parfois tendues, les représentants politiques trop discrets sur les questions environnementales sont souvent conduits à orienter les financements vers des projets plus visibles à court terme au détriment du développement durable. Les responsables concernés n’ont souvent qu’une vision partielle des besoins en matière de conservation de la nature et leur volonté en faveur de la défense de l’environnement fait parfois défaut.
La sensibilisation au développement durable devient une priorité Même si à Mohéli l’école participe à la sensibilisation aux enjeux cruciaux pour l’avenir de l’île, cela se fait de façon encore trop limitée. Aussi l’éducation au développement durable devrait-elle être une priorité pour tous et à tous les niveaux car sans connaissance, il ne peut y avoir prise de conscience.
Les instances locales voire internationales ont donc une équation difficile à résoudre : favoriser un développement qui ne sacrifie pas la viabilité écologique de l’île et placer les écosystèmes naturels au cœur de leur réflexion. Mohéli qui pourrait prétendre à un classement en réserve de biosphère par l’UNESCO, doit intégrer dans sa gestion quotidienne des démarches « écoresponsables » pour construire un développement équitable, plus solidaire et plus humain afin de faire face aux menaces anthropiques qui pèsent sur cette « perle des Comores ».
Guy Monnot
Vue depuis le Laka Lodge.
MOH é l i infos adresses bons plans
Association villageoise L’association de Ouallah 2 propose d’agréables bungalows en raphia et coco face à une jolie plage et un service de restauration. Dépaysement et exotisme garanti. Pour réserver, appeler au (0269) 72 60 23/70, qui fait sonner la cabine du village !
Roussettes de Livingstone 76
C’est l’espèce de chauve-souris la plus grosse et la plus rare de l’archipel des Comores. L’envergure de ses ailes peut atteindre 1,50 mètre. Son habitat est la forêt de montagne, dont la destruction est la principale menace qui pèse sur sa survie.
Auberge les Abou
L’Auberge les Abou Résidence de vacances nichée en plein jardin tropical, l’Auberge les Abou, située à proximité de l’aéroport de Bandar es Salam en allant vers Fomboni, vous accueille dans un décor authentique et traditionnel associé à un confort moderne. Au départ de l’auberge, un programme d’excursions complet vous est proposé pour vous permettre
de découvrir l’île. Comment s’y rendre ? Avec T.M.T : spécialiste de l’organisation de vos déplacements en individuels ou en groupes vers Mohéli et la région. Contact : Néma (responsable activité touristique) G.S.M : 06 39 69 66 62 Bureau : 02 69 63 32 21 Fax : 02 69 63 32 22 Adresse : 36 zone Nel Groupama - Kaweni 97600 Mamoudzou mahamoudou.nema@ tourisme-mayotte-tour.fr
Laka Lodge (voir photos reportage) Mohéli Laka Lodge*** est un hôtel en bord de mer au milieu du parc marin de Mohéli à Nioumachoua. Vous pourrez vous y relaxer et profiter de votre séjour dans les bungalows, la villa ou la suite panoramique. Les prix commencent à 60 € pour deux personnes en chambre double, demi-pension incluse. Toutes les chambres ont une salle de bain et une terrasse privée qui donne sur l´océan avec un accès direct à plage. Tél. : +269 772 60 38 Mail : info@lakalodge.com - www.lakalodge.com
L’ H i s t o i r e IXè-Xè siècle Mohéli aurait été habitée par des populations musulmanes, d’après les tessons de céramique sassano-islamiques trouvés à l’ouest, entre Fomboni et Bangoma.
XIVè siècle Début des constructions en dur et occupation du village de Mwali Mjini jusqu’au XVIIIè siècle, sur une colline surplombant la mer pour se protéger des envahisseurs.
Fin XVIIIè siècle Des invasions malgaches assorties de pillages frappent Mohéli.
Début XIXè siècle Ramanetaka, ancien gouverneur de Mahajanga converti à
de
l’islam, devient en 1835 sultan de Mohéli sous le nom d’Abderraman. à sa mort en 1841, sa fille Djoumbé Fatima lui succède. Elle est élevée par une préceptrice créole dépêchée par les autorités coloniales françaises pour assurer son éducation et garantir discrètement la tutelle de la France sur la sultane et sur Mohéli. Djoumbé Fatima épouse le frère du sultan de Zanzibar. Après le décès de son mari, elle aura une relation passionnée avec Joseph Lambert, armateur et planteur de canne à sucre français à qui elle cède de nombreuses terres. En 1868, Djoumbé Fatima se rend à Paris pour défendre l’indépendance de Mohéli.
1912 La France annexe Mohéli.
Mohéli ...
en bref
Djoumbé Fatima (1836-1878), Reine de Mohéli de 1836 à 1867, puis de 1871 à sa mort.
1975 Le 6 juillet, l’indépendance de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli est déclarée unilatéralement par la République fédérale islamique des Comores.
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Tél. 0269
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Internet
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Gallica est la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. Le site propose la consultation en ligne de 70 000 monographies, 1 678 périodiques, revues et journaux, 1 200 volumes imprimés en mode texte, 500 documents sonores...
Ce site incontournable de littérature réunit un maximim d’informations sur les écrivains : portraits, notes biographiques, liens vers d’autres sites consacrés à ces écrivains. La consultation des pages se fait par ordre alphabétique ou chronologique.
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5 www.livredepoche.com
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littérature
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7 http://livres.linternaute.com
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L’Internaute, site présenté sous forme de forum, propose à ses visiteurs de faire part de leurs lectures favorites, d’échanger des idées d’ouvrages, de partager leurs coups de coeur.
Lieu d’échange pour tous les passionnés, ce site est ouvert à ceux pour qui lire est un plaisir. Un annuaire recense de très nombreux auteurs. Un livre est sélectionné chaque jour.
www.passiondulivre.com
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Sur ce site dédié à l’amour des livres, vous allez découvrir pour chaque ouvrage des dédicaces, un résumé ainsi qu’une revue de presse. Vous trouverez également une sélection de beaux livres.
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9 www.critiqueslibres.com
Un des meilleurs sites de critiques de livres. Vous avez accès à des avis constructifs sur les histoires, les personnages, les scènes de livres. Voici un site utile et pratique qui vous guide et vous oriente dans vos choix.
www.ricochet-jeunes.org
Ricochet assure la promotion des livres et soutient la création littéraire à destination des jeunes. Ce site propose une banque de données assez complète sur l’univers du livre jeunesse, son histoire et son actualité.
Vendetta de Roger-Jon Ellory - Sonatine éditions Thriller paru en août 2009
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Catherine, la fille du gouverneur de Louisiane, est enlevée, son garde du corps assassiné. Confiée au FBI, l’enquête prend un tour imprévu : le kidnappeur, Ernesto Perez, se livre aux autorités et demande à s’entretenir avec Ray Hartmann, un obscur fonctionnaire qui travaille à Washington dans une unité de lutte contre le crime organisé. à cette condition seulement il permettra aux enquêteurs de retrouver la jeune fille saine et sauve. C’est le début d’une longue confrontation entre les deux hommes, au cours de laquelle Perez va peu à peu retracer son itinéraire, l’incroyable récit d’une vie de tueur à gages au service de la mafia, un demi-siècle de la face cachée de l’Amérique, de Las Vegas à Chicago, depuis Castro et Kennedy jusqu’à nos jours.
Exit le fantôme de Philippe Roth Gallimard - Roman paru en octobre 2009
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Dans la ville de New York accablée par la réélection de George W. Bush, trois rencontres bouleversent les plans de Zuckerman : Amy Bellette, vieillie, elle qui, dans l’éclat de sa jeunesse, fut la muse de E. I. Lonoff, son mentor ; Richard Kliman, jeune arriviste qui le harcèle parce qu’il veut révéler les secrets de Lonoff ; et puis, surtout, un jeune couple d’écrivains avec qui il envisage un échange de maisons. Et voilà Zuckerman, qui se croyait immunisé, en proie à un dernier coup de foudre. Pour Jamie, la très charmante jeune femme du couple. Va-t-il passer à l’acte? Ou se servir de ce dernier amour pour écrire encore, traduire dans une fiction les fantasmes qu’il lui inspire ?
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La vérité sur Marie
de Jean-Philippe Toussaint Les éditions de Minuit Roman paru en septembre 2009
18,13 €
L’orage, la nuit, le vent, la pluie, le feu, les éclairs, le sexe et la mort. Plus tard, en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l’amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. La Vérité sur Marie n’est pas à proprement parler une suite, mais un prolongement de Faire l’amour (2002) et de Fuir (prix Médicis 2005).
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Romans
Le coin du libraire
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La forêt des mânes Le Club des de Jean-Christophe Incorrigibles Grangé - Albin Michel Optimistes de Roman paru en septembre 2009
Jeanne Korowa, brillante juge d’instruction enquête avec François Taine sur une série de meurtres particulièrement sauvages. Jeanne fait installer des micros dans le cabinet d’Antoine Féraud, le psychanalyste qui reçoit chaque semaine son ex-petit ami, et tombe sur une séance étrange où un père révèle les pulsions sanguinaires de son fils autiste et son passage à l’acte. Les pistes mèneront Jeanne au Nicaragua, au Guatemala, puis dans les marais argentins. Au terme de sa quête, dans la forêt des Mânes, elle découvrira une vérité qu’on aurait préféré ne jamais connaître.
Jean-Michel Guenassia Albin Michel - Roman paru en août 2009 Michel Marini avait douze ans en 1959. Il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l’arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres. Ces hommes avaient passé le Rideau de Fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, trahi leurs idéaux et tout ce qu’ils étaient. Ils s’étaient retrouvés dans ce club d’échecs que fréquentaient Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir...
L.A. Story
de James frey Flammarion - Roman paru en août 2009 « Le 4 septembre 1781, un groupe de quarante-quatre hommes, femmes et enfants - les Pobladores - s’établissent en un lieu proche du centre du Los Angeles d’aujourd’hui. Ils nomment leur village le Pueblo de Nuestra Senora la Reina de Los Angeles de Porciuncula. » Quatre
histoires d’aujourd’hui, quatre destins disent chacun à leur façon le roman de Los Angeles, ville des âmes perdues, où se rendent ceux qui ont tout quitté dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Ville cruelle, où règnent vice, cynisme et superficialité mais où la certitude que tout est possible l’emporte malgré tout.
Mayotte &
océan Indien Plus fort que la bière
de Paul Combo - éditions du Baobab - Mais je ne veux pas être constructif du tout, moi. Je ne veux rien construire... J’aime le vide, le néant, l’absurde. J’aime quand la mer rase les châteaux de sable, j’aime les cimetières, les poubelles, les livres incomplets, les œuvres vaines, les histoires de débâcles, l’odeur du moisi, les pierres descellées, la cruche qui casse, les cordes usées, et fraternellement, du fond du cœur, le nom de tous les morts oubliés.
Gin, whisky, et même champagne. Plus fort que la bière ? Facile ça ! Voire... Quand à Mayotte, les vagues s’élèvent, les avions s’écrasent, et que l’armée des cafards se lance en marche, l’abominable détective Nick Martine découvre que tous les morts ne ressuscitent peut-être pas.
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Ali chasseur de voyelles à Mayotte 10,00 €
de Gilles Renaud et Jean-Marie Le Jeune L’Harmattan
Aujourd’hui, sur l’île de Mayotte, c’est la rentrée des classes. Ali fait son entrée en sixième. Les autres élèves de la classe se moquent de sa chemise raccommodée et de ses affaires usées. Mais une autre épreuve attend le nouvel élève… De retour chez lui, pour faire ses devoirs, catastrophe ! Les voyelles de son cahier se mettent à bouger et s’enfuient.
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Mohéli une île des Comores à la recherche de son identité de Claude
Chanudet et Jean-Aimé Rakotoarisoa - L’Harmattan
26,69 €
Mohéli, la plus petite des Comores, a perdu au cours du XIXè siècle son enracinement historique et son identité sous l’effet de deux traumatismes : le drame des incursions malgaches et la colonisation française. Déstabilisée par les razzias malgaches à but négrier, la colonisation, elle, fait imploser la société. Depuis l’indépendance un fort sentiment identitaire se dégage difficile à concrétiser du fait que l’île est une véritable mosaïque de communautés.
jeunesse
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Un zoo en hiver de Jirô Taniguchi Casterman - Manga
Le jeune Hamaguchi n’a pas la fibre de la plupart des gens de son âge. Plutôt que de fréquenter les clubs de sport, il préfère assouvir sa passion du dessin en allant croquer sur le vif les animaux du zoo de la ville. Hamaguchi part pour Tôkyô. C’est là que sa route croise celle d’une communauté un peu particulière : celle des auteurs de BD, les mangakas.
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Je suis ton secret de Marc Cantin Rageot Roman junior dès 9 ans
Manah, 15 ans, vit heureuse entourée de sa famille, de son meilleur ami Lilian, et se prépare à passer sa ceinture noire de karaté. Jusqu’au jour où elle découvre dans son agenda un étrange message. Croyant qu’il s’agit d’une plaisanterie, elle cherche qui, parmi ses amis, en est l’auteur. En vain. Les messages se multiplient…
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La conquête de l’espace de
Lisa Regan - Quatre Fleuves
L’Univers fascine l’Homme depuis toujours... En 1944, la première fusée s’élance dans le ciel tandis que la mise sur orbite de Spoutnik, en 1957, signe le début de l’ère spatiale. Depuis, les scientifiques et les spationautes ne cessent de repousser les limites de notre connaissance de l’espace. Cet ouvrage retrace les temps forts de cette fabuleuse conquête.
Le premier dictionnaire de bébé Album éveil - Yoyo Books
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Idée recette de Mayotte Espadon banane au coco Pour 4 personnes
• 1 kg d’espadon
Préparation : 30 minutes Cuisson : 35 à 40 minutes Recette bon marché facile à réaliser
• 10 bananes vertes à cuire
Cuisinier : Ismaël
Ingrédients de base
• 1 manioc • 2 tomates • 2 boîtes de lait de coco • 2 cuillères à soupe de curcuma • 2 citrons
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• 1 piment • 1 botte de coriandre ou de hanga • 1 gousse d’ail • 3 oignons • sel, poivre
1
Coupez le poisson, salez-le et poivrez-le. Saupoudrez le poisson d’une cuillère à soupe de curcuma. Arrosez-le ensuite d’un jus de citron entier et faites-le revenir dans l’huile pendant 10 minutes.
2
Préparation des bananes vertes et du manioc. épluchez les bananes et le manioc. Découpez-les en morceaux. Faites-les bouillir dans une casserole pendant 5 minutes en ajoutant une cuillère de curcuma.
3
épluchez les oignons, les tomates, la coriandre ou le hanga. Retirez l’eau de la
casserole, versez-y une cuillère à soupe d’huile et faites revenir l’ail et les oignons avec la coriandre ou le hanga pendant une minute. Incorporez les bananes, le manioc et le piment en morceau. S’il n’y a pas assez de colorant, ajoutez un peu de curcuma. Versez ensuite les deux boîtes de lait de coco, salez et laissez cuire pendant 15 à 20 minutes.
4
Placez les morceaux d’espadon dans la casserole avec les bananes, le manioc et le lait de coco. Incorporez les tomates et un jus de citron entier, en mélangeant le tout. Laissez cuire encore 5 minutes. Bon appétit !
Astuce Pour éviter de vous tacher les mains avec les épices, enduisez-les d’huile.
Jeux Mot à trouver : étoiles
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à
es vos grill
!!
Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !
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Vos sautes d’humeur, votre tempérament impulsif vous rendent totalement imprévisible (surtout si vous êtes plus proche des 100 points que des 67 !). Vous êtes quelqu’un de bouillant qui agit et parle comme il le ressent à un moment précis mais oublie cinq minutes après ses gestes et ses déclarations. Ainsi, vous pouvez très bien agir un jour d’une manière totalement opposée à vos actions de la veille, comme vous pouvez dire des phrases que vous ne pensiez absolument pas vingt-quatre heures plus tôt. Mais après tout, n’estce pas cela qui fait votre charme ?
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la tête à cet instant précis, sans concession et sans effort pour faire plaisir à qui que ce soit. Mais ce genre d’attitude, il faut bien le reconnaître, ne vous est pas coutumier. Cela dépend des jours, du ciel, de votre caractère.
Grille n°4
Lorsque vous surprenez votre entourage par une déclaration percutante ou par une action dont vous n’êtes pas coutumier(e), chacun s’interroge. Êtes-vous furieux(se), avez-vous mal dormi ?… Non, vous éprouvez tout simplement le besoin de dire ce qui vous passe par
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Grille n°3
Si vous avez de 34 à 66 points :
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Grille n°2
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Parce que vous êtes très franc(che), très ouvert(e) et très naturel(le), vous en devenez aussi totalement prévisible. Chacune de vos actions est attendue par votre entourage, aucun de vos gestes ou de vos pensées ne surprend. C’est très bien ainsi pour les autres, peut-être moins bien pour vous car certains peuvent abuser de votre droiture et de votre simplicité. D’un caractère uni, vous ne décevez pas et l’on sait pouvoir compter sur vous, sans risque de désillusions éventuelles.
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Grille n°1
Si vous avez de 0 à 33 points :
SUDOKU
Horaires des marées NOVEMBRE
DéCEMBRE
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La prudence impose de confronter les données issues de ces grilles avec les documents officiels qu’il est obligatoire d’avoir à bord. On peut aussi consulter les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine à l’adresse : www.shom.fr
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