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Mayotte magazine

Mayotte

oct.-nov.-décembre 2010

n°18

magazine

calendrier des fêtes musulmanes

ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS

3,90 €

environnement économie

Zoom sur les GRANDS PROJETS structurants

le blanchissement des coraux, un phénomène sous surveillance

REPORTAGE

Tamatave et sa région

madagascar



Mayotte magazine n°18 Une publication trimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.fr DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Juliette Camuzard Alban Jamon Annette Lafond Stéphanie Légeron Guy Monnot Bruno de Villeneuve

éDITO

L

a situation économique s’avère, dans bien des entreprises locales, assez préoccupante. Comment mesurer l’ampleur de la crise qui affecte Mayotte depuis début 2009 ? à partir de quand pouvons-nous espérer une reprise des activités ? En nous appuyant sur les analyses approfondies de l’Iedom, nous vous proposons une synthèse de la conjoncture économique mahoraise. C’est à Kani-Kéli, perle du sud discrète et sauvage, que vous mène la rubrique « Escapade dans l’île », entre balades, plages secrètes, légendes et troupe de théâtre...

PHOTOGRAPHES Alban Jamon Stéphanie Légeron Guy Monnot Bruno de Villeneuve

Le banga, art de vivre des jeunes, est ancré dans les traditions de Mayotte. Partons à la rencontre de ces adolescents qui, pendant quelques années, vivent une expérience unique d’émancipation créative.

Photo de couverture : souimanga © Bruno de Villeneuve

Vous découvrirez à travers un reportage inédit l’île éparse de Juan de Nova appartenant aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). L’évasion se poursuivra au royaume du Siam, à Bangkok, Sukhotai, Chiang Mai, au Triangle d’or, avant de s’achever avec la magie des baies du sud, du golfe de Thaïlande jusqu’à la mer d’Andaman.

BD Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE ET COMMERCIALE AR’IMAGE SARL IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 € Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.

Si vous souhaitez découvrir les anciennes parutions de Mayotte magazine, vous pouvez consulter gratuitement et dans leur intégralité les quatorze premiers numéros sur le site www.mayottemagazine.fr.

Très bonne lecture. Caribou à Mayotte aux nouveaux arrivants et, à tous ceux qui ont la chance d’y être, bonnes vacances ! Stéphanie Légeron

Directrice de publication

Mayotte

m ag az in e

3 ans


6 AU JOUR LE JOUR 12 RENCONTRE

Sophiata Souffou, commerçante militante de Chirongui

19 éCONOMIE

Zoom sur les futurs chantiers structurants de Mayotte

32 traditions mahoraises

Calendrier des principales fêtes musulmanes à Mayotte


Sommaire

46 environnement

Mort blanche des coraux : un phénomène sous surveillance

58 REPORTAGE madagascar

Tamatave, porte orientale de l’écotourisme malgache

77 INTERNET

5 sites d’immobilier à Mayotte

78 LE COIN DU LIBRAIRE Découvrez notre sélection et nos coups de coeur

82 BD

Abass Néka

84 TENDANCE

Le shopping du moment

88 RECETTE MAYOTTE

Confit de canard au riz coco, légumes et salade

90 JEUX Actualité, économie Culture, tradition Rencontre, tendance Environnement, voyage Loisirs, jeux

98 HORAIRES DES MARéES


Au jour le jour Habitants du bord de mer : il va falloir racheter les terrains

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« Il ne suffit pas d’occuper un terrain pour en être propriétaire. Sinon, c’est la loi de la jungle » c’est par cette phrase que le Préfet Hubert Derache a ouvert l’information média sur l’application à Mayotte du dispositif de cession de parcelle comprise dans la zone des pas géométriques. La ZPG est l’espace situé sur 81,20 m au-delà de la plus haute marée. à Mayotte, bon nombre d’habitations sont situées dans cette zone. Il faudra donc que les propriétaires de ces terrains les rachètent à l’Etat... Ils devront d’abord prouver que la construction de l’habitation est antérieure au 1er janvier 2007 et qu’ils en sont propriétaires. Sinon, ils devront fournir la preuve d’une AOT en cours (Autorisation d’occupation temporaire) et du paiement de sa redevance. Pour atténuer le coût du rachat des terrains par les propriétaires, des décotes sont prévues en fonction du revenu, de l’antériorité d’occupation des parcelles et du nombre d’enfants. La valeur du terrain nu est fixée par France Domaine en fonction de son emplacement. La surface ne pourra excéder 500 m². Une fois le prix fixé, l’offre sera valable 6 mois, et le paiement pourra éventuellement être échelonné. Dominique Alfonsi, Trésorier Payeur Général et directeur de France Domaines, explique qu’ « il n’y aura pas d’expulsion dans les cas de propriétaires qui ne veulent ou qui ne peuvent se porter acquéreur : nous maintiendrons une AOT lorsqu’elle existe avec un paiement de redevance, ou nous en délivrerons en étudiant chaque cas ». Une vraie révolution à Mayotte où la plupart des villages se sont développés au bord de l’eau. A.L.

Apprendre à accueillir les touristes Le Comité Départemental du Tourisme de Mayotte (CDTM) se prépare à organiser les Premières assises du Tourisme les 3 et 4 décembre. Pour Christophe Gravier, le directeur du CDTM, le but est de « sensibiliser les mai-

res et les élus du Conseil général à l’accueil des touristes et ainsi faire passer le message aux administrés. Nous envisageons des conférences en matinée et des tables rondes l’après-midi, avec présentation d’éco-gîtes, et d’écolabels. Les Mahorais doivent se former au commerce ». Gros efforts donc pour développer le tourisme à Mayotte, au moment où les Seychelles lancent un nouveau concept, celui de « Seychelles Brand », dévoilé jeudi 26 août par le président de la République, James Michel. Il s’agit de dépasser le cliché habituel de destination offrant mer, soleil et sable, en proposant au touriste la découverte d’une autre culture et d’une autre civilisation. Alors que le portrait-robot du touriste à Mayotte établi par le CDTM montre qu’il est déjà passé auparavant par la Réunion, Maurice, Madagascar ou les Seychelles, l’effort à faire pour être à la hauteur est conséquent. D’autant que 30% ont trouvé l’île sale, avec un manque crucial de poubelle, et une lacune dans l’offre de produits artisanaux. Accueil qu’il faudra mettre en pratique dès la saison des croisières, puisque « cette année 6 paquebots sont annoncés de novembre 2010 à janvier 2011 » selon Christophe Gravier.qui prépare un manuel de candidature des croisières auprès des tour opérateurs. Au mois d’août, le CDTM a mis en ligne son site internet. Cette interface web permettra aux vacanciers de préparer leur séjour à Mayotte ou aux résidents d’organiser leurs loisirs : http://www.mayotte-tourisme.com A.L.



6ème Forum économique des Iles de l’océan Indien, du 19 au 22 octobre 2010 Mayotte fait sa pub Les événements qui vantent Mayotte auprès de la clientèle métropolitaine se font de plus en plus nombreux, et accompagnent un travail de fond du Comité du tourisme. La dernière campagne en date affiche Mayotte dans 114 stations de métro parisien (voir affiche) pour le Raid l’Arbre vert Amazone, lancé par Alexandre Debanne : du 14 au 20 octobre 2010, 45 équipes féminines, dont 5 locales, vont s’élancer en VTT, canoë ou trek sur les parcours mahorais. Deux équipes sont sponsorisées par le Comité du Tourisme. Mais auparavant c’est aux côtés du célèbre top model Gisèle Bünndchen que la destination Mayotte s’affiche pour le lancement de la nouvelle collection de sandales dans les boutiques Eram. à la clé, un séjour de 5 jours pour 2 personnes à l’Hôtel Le Jardin Maoré en demi-pension, photos alléchantes à l’appui.

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Et Mayotte s’est parée de tous ses atouts lors d’émissions telles que « échappées belles » en juin sur France 5 ou sur la chaîne Voyages avec la série « Amis d’en France », où le couple habituel Roxanne et Renaud faisait découvrir le 31 mai les beautés du lagon, la diversité de la faune et de la flore terrestres, le patrimoine historique, la richesse de la culture locale. Mais ce n’est pas tout : les sites comme www. jevoyagedurable.com, ou www.libération.fr « Mayotte, l’île aux merveilles à visiter durablement », ainsi que des articles dans les journaux La Vie « Danse avec les baleines à Mayotte », ou Plongée magazine « Authentique Mayotte » vantent une destination encore sauvage. Enfin, Mayotte avait un stand au Salon Top Résa à Paris, du 21 au 24 septembre, en face de celui de Madagascar et des Seychelles. A.L.

Le Forum économique des îles de l’océan Indien (FEIOI) s’est déroulé pour la première fois en 2005. L’année dernière, il avait lieu à Mayotte. Organisé par l’Union des Chambres de commerce et d’industrie des îles de l’océan Indien (UCCIOI) en partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI), le FEIOI est destiné à faciliter l’échange d’idées et la participation aux projets entre partenaires publics ou privés. Comme chaque année, les participants sont Mayotte, les Seychelles, Maurice, la Réunion, les Comores et Madagascar, îles de l’océan Indien ayant des défis communs à relever, audelà de la spécificité de chacune d’elles. Les trois thèmes qui seront abordés au Centre de conférence international des Seychelles à Victoria, sur l’île de Mahé, sont : un nouvel espace économique et commercial intégré, le tourisme vers un label « Océan Indien » et le co-développement durable océan Indien. Le Forum se structure en deux parties : les ateliers et les rendez-vous business to business (B2B). Cet événement offre l’opportunité d’une mise en réseau des institutions et opérateurs de la région, qui peuvent partager leurs expériences et connaissances dans l’optique de dynamiser le co-développement des îles. Les organisateurs mettent en place une procédure permettant d’organiser des rencontres entre les participants. Cela aide ces derniers à découvrir de nouveaux marchés dans la région et à prendre conscience des opportunités d’investissement de chaque île, à concrétiser des projets tout en devenant partie intégrante du réseau économique des îles de l’océan Indien. Espérons qu’il y ait des retombées pour Mayotte. S.L.


LA Caisse d’assurance chômage de Mayotte au service des entreprises

• employeurs

• ALLOCATIONS CHôMAGE • ACCOMPAGNEMENT DES DEMANDEURS D’EMPLOI

Attoumani Abdallah, Directeur de la CACM

Le taux de cotisation est passé à 0,9% pour la part patronale depuis le 1er juillet 2010. La part salariale reste au même taux, à savoir 0,5%. Le taux global de cotisation est de 1,4%.

618 056 € ont été versés en 2009, contre 4 826 € en 2006, année de création de la CACM. Le nombre d’allocations versées en 2009 est passé à 1 245. Afin d’améliorer les prestations mises à disposition des demandeurs d’emploi, la CACM a signé une convention avec :

• le Pôle Emploi • LADOM, organisme géré par le Ministère de l’Outre-mer qui permet aux bénéficiaires de l’allocation chômage de se former en métropole. Les actions de la CACM en faveur de la formation des demandeurs d’emploi ont permis d’atteindre le taux de

reclassement très élevé de 49%.

• DE GRANDES AVANCéES

La CACM travaille de concert avec les ministères concernés

pour que le régime de Solidarité spécifique soit étendu à Mayotte. Lors d’un récent entretien avec le

Ministère de l’Emploi et des Finances, il est ressorti que l’extention à Mayotte d’autres minima sociaux, dont le financement serait assuré par l’état, était à l’étude.

• PETITS déjeuners d’entreprises

Tél

Un projet pour mieux communiquer avec nos affiliés et mieux connaître leurs besoins.

0269 61 95 55 - Fax 0269 61 95 56

Résidence de l’Horloge - 33 lotissement les Hauts Vallons BP 801 - Kawéni 97600 Mamoudzou Accueil du public du lundi au vendredi de 08h00 à 12h30 (Accueil uniquement sur rendez-vous en dehors de ces heures)


La TNT

Mayotte : ça va faire du bruit ! à

Initiales connues jusqu’alors comme le puissant explosif Trinitrotoluène, la TNT est devenue la Télévision numérique terrestre. Alors que tous les départements français n’ont pas encore tous basculé sur la TNT, Mayotte s’apprête à vivre cette révolution le 30 novembre 2010. Lors de son passage à Mayotte, le président de la République avait annoncé l’arrivée de 10 chaînes de TNT gratuites au cours de l’année 2010. Les 8 chaînes publiques sont connues : Télé Mayotte, France 2, France 3, France 4, France 5, France O, Arte et France 24. Les deux chaînes privées, dont l’une sera sans doute « Kwézi TV » lancée par Patrick Millan (sémillant animateur de sa radio Kwézi FM), sont en attente de la décision finale du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), toujours pas rendue à l’heure où nous écrivons ces lignes. Mayotte, qui n’a actuellement qu’une chaîne publique, RFO Mayotte, devrait faire l’objet d’une délibération particulière car partout ailleurs dans les Dom-tom ce sont des chaînes de télévision privées déjà existantes qui seront diffusées sur la TNT. En métropole, le CSA annonce une couverture de 89% des foyers par la TNT, avec un objectif de 95% le 30 novembre 2011. Le paysage audiovisuel mahorais va donc proposer aux téléspectateurs un choix plus diversifié et qui devrait tirer la qualité vers le haut. Avec un gâteau publicitaire bien tentant... Pour capter ces nouvelles chaînes, « la loi impose

un décodeur TNT intégré aux téléviseurs vendus depuis le 1er décembre 2009. Décodeur qu’il faudra acheter si votre téléviseur est antérieur à cette date, ainsi qu’une antenne hertzienne »

explique Gérard Yeselnik, inspecteur à l’UT CCRF (Consommation, concurrence et répression des fraudes). « Je conseille néanmoins

de patienter avant d’acheter les décodeurs car leur prix pourraient baisser et même être divisés par 4 ». Avec la TNT, la télé va faire une entrée accrue dans les foyers.

A.L.

L’Agenda de Mayotte,

hymne à la beauté du lagon L’édition 2011, haute en couleur, est une belle réussite. Le nouvel Agenda de Mayotte couvre la période de décembre 2010 à janvier 2012. 208 pages que les éditions du Baobab et leur directeur Bruno Marie ont superbement consacrées au lagon de Mayotte. Les textes sont signés Jean-François Hory. Les photographies, très nombreuses, ont été réalisées par Yannick Stephan, Marc Allaria, Alban Jamon, Stéphanie Légeron, Bruno Marie, Dreamstime. On y découvre par exemple le domaine des poissons sédentaires, tels que le mérou, le perroquet, le poisson-clown, le scalaire ou encore les lutjans, que chassent les barracudas en bandes ou les carangues voraces. On se prend à rêver au milieu des coraux multicolores du lagon sur fond de sable blanc offrant un spectacle féerique... L’agenda s’enrichit de nouvelles cartes, plans et informations sur Mayotte, horaires des marées au jour le jour, vues aériennes et sous-marines du lagon. Vous y trouverez notamment une page emploi du temps (scolaire) et toujours, les numéros utiles, vacances scolaires, fêtes légales et musulmanes, calendriers solaire et lunaire 2011 et 2012, les phases de lune... L’Agenda de Mayotte 2011 est disponible depuis septembre dans les points de vente de l’île au prix de 18 €. Une première aux éditions du Baobab : la publication en parallèle de l’Agenda de Mayotte d’un carnet de plongée proposant des fiches de suivi et de validation de niveaux, l’inscription des plongées et des sorties en mer et un carnet d’adresses des clubs de l’ouest de l’océan Indien. Disponible au prix de 10 €. Deux ouvrages à s’offrir ou à offrir pour les fêtes de fin d’année ! S.L.


PUBLI-COMMUNIQUé L’équipe du centre de distribution de Chirongui. De gauche à droite : Oissila Hamadani, Salime Zalifa, Oussounati Tsimaidi, Mohamadi Djitimani, Mahaboubi Salim Madi, Ali Djoumoi Mahamoud, Omar Marcel Joseph et Nemati Madi Said.

L’adressage, une priorité

PARCOURS D’UNE LETTRE

Pour une meilleure distribution de vos courriers et colis, pensez à vous équiper d’une boîte aux lettres normalisée et à indiquer dessus votre adresse et les noms de l’ensemble des personnes qui y résident.

Le tri général : à l’arrivée

• Vous êtes arrivé(e) récemment à Mayotte : merci de signaler votre installation auprès de votre facteur.

1.

du courrier, chaque membre de l’équipe le trie par secteur de tournée de distribution. Le sud de l’île dont est responsable le centre de tri de Chirongui compte 8 tournées.

2. Coupage : le courrier est réparti par quartiers ou rues. 3. Piquage : enveloppes et colis sont classés dans l’ordre de distribution.

Recommandés : un flashage permet le traçage du courrier avec un suivi sur le site www.laposte.fr

• Vous allez bientôt quitter Mayotte : merci de venir signer un ordre de réexpédition de votre courrier, afin qu’un suivi soit assuré par la Poste.


RENCONTRE

Rédaction : Denise Harouna

Sophiata Souffou la commerçante militante de

Chirongui

« Dans ce monde les choses arrivent lorsqu’on se secoue. »


Gérante de la boutique d’alimentation générale située au carrefour de Chirongui, propriétaire de la boulangerie de Tsimkoura, Sophiata Souffou est une figure de Mayotte. Femme très active, elle s’implique au quotidien dans le développement de ses entreprises mais aussi dans la vie associative locale.

à

quelques Dur dur de réussir à interviewer madame Sophiata Souffou. Cette maman de six enfants âgée d’une quarantaine d’année est constamment en action. Tantôt comme caissière et gérante de sa boutique d’alimentation générale située au carrefour de Chirongui. « Posez-moi vos questions, je reçois mes clients et vous écoute en même temps », lance notre hôtesse entourée de clients et embellie d’un large sourire. Chez Sophiata Souffou, la valse des clients est permanente, mais il semble que chaque habitué qui pousse la porte de ce magasin, soit à recherche d’un petit plus dont seule la dame semble détenir le secret … « Sophiata, qu’avez-vous pensé du discours de Marie-Luce Penchard ? » interroge un client. « Nous devons absolument nous réunir pour parler des soucis que rencontrent nos enfants au collège. Quel jour seras-tu disponible ? », sollicite un père de famille. « Sophiata, j’ai entendu ton intervention hier soir à la radio au sujet de la formation de nos enfants ; je suis tout à fait d’accord avec toi », félicite une maman accompagnée de son enfant. Notre interlocutrice semble être plus qu’une simple vendeuse… Quelques heures plus tard, nous la retrouvons en train de manager l’équipe de la boulangerie de Tsimkoura. « J’y suis propriétaire », nous oriente t-elle rapidement, en plongeant le nez dans la vitrine, histoire d’y effectuer quelques rangements. Ici, le rapport consommateurs,

commerçant ne varie pas de Chirongui. Les conseils de la dame sont tout autant brigués. La voilà à présent tenant les comptes de l’association Fourahatsara de Chirongui, qui encadre les femmes et la jeunesse. « Nous luttons contre les violences faites aux femmes et menons des actions de préventions contre les IST et le sida, contre l’obésité et la malnutrition, contre l’alcoolisme. Nous organisons des journées traditionnelles de wadaha* ou de mbiwis*. Les fonds récoltés servent par exemple à récompenser les jeunes de la commune qui réussissent aux examens en leur offrant des fournitures scolaires, en les aidant à régler leurs loyers en chambres universitaires… », déclare-t-elle entre deux calculs. Pas de temps à perdre, elle est à présent attendue à la préfecture de Mamoudzou pour une réunion de réflexion sur l’avenir de la jeunesse mahoraise (crèches de quartier, formation des jeunes, développement des lycées professionnels…). Sophiata en profite pour passer à la Chambre des Métiers vérifier son courrier. Elle en est la trésorière générale. Elle est aussi l’ancienne présidente de l’association des parents d’élèves du lycée de Chirongui, l’actuelle trésorière de cette même association et la représentante des parents d’élèves de son village, Chirongui. Sur sa route, Sophiata sera arrêtée à plusieurs reprises par des parents et des clients quémandant des informations… Au petit bonheur, la dame s’y attardera avec le sourire.

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Mayotte magazine : - Madame Souffou, où trouvez-vous l’énergie nécessaire pour gérer toutes ces activités et cela dans la bonne humeur ? Sofiata Souffou : - Il m’est arrivé de voir des Mahoraises peser 35 kilos. Une fois mariées, elles atteignent souvent jusqu’à 100 kilos. Je refuse de me laisser aller. Je veux servir d’exemple pour ma fille. Je veux qu’elle me voit bouger pour qu’elle prenne conscience que dans ce monde les choses arrive lorsqu’on se secoue. J’ai un dicton qui marche toujours : « quand le train passe, il prend ceux qui sont près. Les autres restent sur le quai ». Je suis la deuxième d’une famille de 12 enfants. Mes parents ont tout donné pour nous. Petite fille, je cultivais et plantais avec la pic (shombo que les gens utilisaient dans le temps)… Je n’ai jamais appris à baisser les bras. M. m. : - Vous êtes très connue dans l’île pour vos activités diverses. Si nous devions vous donner une spécificité, quelle serait-elle ?

S. S. : - La trésorerie. Lorsque j’étais enfant, mon père nous faisait vivre grâce à la pêche et à sa petite ferme. M’ayant scolarisé, il m’avait confié la trésorerie. J’y ai pris goût. Ensuite, une fois mariée, mon mari ne voulait pas me voir travailler dans l’administration. Il disait que certains patrons essaient de vous exploiter. Alors il m’a initié à la gestion. M. m. : - Quel regard pensez-vous que la société mahoraise pose sur vous aujourd’hui, en tant que femme dynamique ? S. S. : - J’entends très souvent ce qui se raconte derrière mon dos. « Une femme qui livre à elle seule deux tonnes de ciment, elle va se tuer au travail pour de l’argent », se moquent les mauvaises langues. Bien sûr, ces deux tonnes de ciment je ne les porte pas sur mon dos, j’en mourais si c’était le cas. Je les transporte dans mon camion… (Rire). Ensuite, je paye beaucoup d’impôts. Suis-je seule à profiter de cet argent ? Dans mon village, de nombreux enfants qui vivent seuls avec leurs mères. Il arrive que ces dernières me demandent de l’aide. Grâce à mes magasins, je donne ce que je peux, du riz, des couches, du lait, des fournitures scolaires… Ce sont des raisons qui me pousseraient à croiser les bras d’après vous ? M. m. : - Justement, comment vivez-vous ces situations de femmes livrées à elles-mêmes ?

Sophiata Souffou et Zéna Moussa, présidente de l’association Faharatsaha de Chirongui.

S. S. : - Chaque femme devrait se mettre à réfléchir sur sa souffrance. Arrêtons de faire des enfants à tout va, auxquels nous ne pouvons pas offrir un vrai avenir et cherchons du travail pour gagner notre indépendance. Les pilules, les préservatifs, ça existe. Et puis arrêtons de nous dire, « je suis belle, mon homme me restera ». Au risque d’en choquer certains, n’oublions pas que beaucoup d’hommes aujourd’hui ne pensent qu’à aller à Madagascar…


M. m. : - Beaucoup de femmes ne savent peut-être pas comme vous, comment se sortir de leur situation ? S. S. : - Il y a pourtant tellement de projets à réaliser sur cette île. Comment expliquer que je les vois et pas les autres femmes? Les femmes clandestines à peine débarquées des kwassas trouvent des activités pour gagner leur vie. Elles vendent des brochettes, cultivent, jardinent, etc… La Mahoraise se dira, « je suis belle, j’ai ma carte d’identité, je ne veux pas me salir ». Pourquoi pas ne pas se salir ? Nos enfants ont besoin de nous. Attendre le RMI n’est pas une solution. Dans le passé, j’ai vendu des salades au bord de la route de Mitséni, commune de Bandraboua. Une mère n’a pas peur de se salir. M. m. : - On ressent l’amertume dans votre voix face à la femme mahoraise qui se laisse aller. Quels autres aspects de la vie à Mayotte vous déçoivent-ils ? S. S. : - La politique. Je me demande s’il arrive aux politiciens de regarder le fond des gens qui souffrent. Combien de voitures le Conseil Général utilise-t-il ? Cet argent n’aurait-il pas pu être investi autre part ? Combien de personnes sont-elles sans toit à Mayotte ? Ici par exemple, lorsque les personnes âgées reçoivent le V.S. (minimum vieillesse) distribué par les mairies, les agents de la mairie s’attribuent tous les mérites alors qu’en réalité c’est un droit, un acquis pour toutes les personnes âgées. Nous qui travaillons, nous cotisons pour cela. Il est urgent de mettre en place des cellules de communication pour mieux informer les personnes âgées de leurs droits. Et arrêtons enfin la démagogie qui se répand lors des élections. M. m. : - Des aspects positifs pour Mayotte néanmoins ?

S. S. : - L’évolution de l’éducation. Si je prends le cas de ma commune, avant, le lycée de Chirongui ne comptait qu’une seule première S et une seconde MPI (mesure physique et informatique). Aujourd’hui, il y a deux premières S et deux secondes MPI, dans lesquelles naissent même des mentions très bien ! L’éducation de pointe, l’informatique, les sciences, les lettres, c’est le luxe pour nos enfants. Les parents doivent s’investir d’avantage et faire prendre conscience aux enfants du rôle de l’éducation. M. m. : - Un avis sur le nouveau statut de Mayotte ? S. S. : - Un statut peut-être prématuré. Les dirigent mahorais n’arrivent pas encore à mener à bien leurs responsabilités. Ceux qui sont au pouvoir doivent définir leurs devoirs, leurs limites et ne pas risquer d’entraîner les autres à leur perte. Les Mahorais doivent être conscients des efforts qu’ils doivent fournir pour développer ce territoire qui est superbe et pour pouvoir bien encadrer la jeunesse.

Propos recueillis par Stéphanie Légeron Association Fourahatsara à Chirongui : danses traditionnelles, lutte contre la délinquance… Tél. : 06 39 28 35 76

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ĂŠconomie RĂŠdaction : Juliette Camuzard

zoom sur les futurs chantiers structurants de mayotte


Tourisme, transports, assainissement, aéroport… Mayotte est un immense chantier pour les dix ou quinze ans à venir.

Revue de

détail des différents projets structurants

qui s’annoncent à plus ou moins long terme et qui vont façonner l’image de

La

Mayotte.

nouvelle aérogare et

la piste longue

D

ernier établissement de ce type géré par les services de l’état, l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi devrait passer à une gestion privée à partir du 1er janvier 2011. L’Etat devrait s’engager à hauteur de 12 millions d’euros pour un coût évalué entre 36 et 40 millions suivant les candidats. « Nous sommes aujourd’hui en phase de négociation avec trois candidats retenus. Vinci/SNC la Vallin/ aéroports Nice Côte d’Azur. La décision devrait être connue courant octobre », confirme François Mengin-Lecreulx, secrétaire général chargé des affaires économiques et régionales (SGAER) à la préfecture. Nous n’en saurons pas plus sur les projets dont les contenus sont encore confidentiels. Démarrage de chantier prévu pour mars ou avril 2011. « Le résultat final sera vraisembla-

blement visible en septembre ou octobre 2012 », conjecture le sous-préfet. La nouvelle

aérogare (un bâtiment unique avec deux aérogares concomitantes) sera située au même emplacement que l’actuel hall de départ. Plus grande, plus fonctionnelle et en partie climatisée, elle sera digne des autres aéroports internationaux. Une évolution indispensable pour l’attractivité touristique de Mayotte. Les deux aérogares actuelles (arrivée et départ) sont effectivement dégradantes pour l’image de Mayotte. D’autant que c’est la première vision (et la dernière) que les touristes ont de l’île aux parfums… Ces travaux vont s’accompagner d’aménagements extérieurs. Cela signera la fin de l’organisation quelque peu chaotique du stationnement actuel de l’aéroport. Et le début de l’installation des aires de parking à accès payant… Si la construction de la future aérogare ne fait plus de mystère, l’incertitude plane encore sur la création de la fameuse piste longue. Depuis plus de dix ans, on parle de cette réalisation comme une évidence. D’ailleurs les dernières déclarations publiques des hommes d’état abondent dans ce sens. D’abord, le secrétaire d’état aux Transports, Dominique Bussereau en octobre 2009, ensuite Nicolas Sarkozy lors de son passage à Mayotte en janvier dernier. Il avait alors parlé d’une infrastructure « essen-

tielle pour le développement économique de Mayotte ».

« La procédure suit son cours. Début 2011, il y aura un débat public », assure de son côté le SGAER, quand certains acteurs du secteur du tourisme y croient dur comme fer. « La

construction des hôtels à Mayotte est conditionnée par la future desserte aérienne », dé-

crète Daniel Martial Henry, chef de service à la direction du développement économique et touristique du conseil général (DDET). Pourtant, des études de la direction de l’aviation civile avaient estimé que la piste longue permettrait d’apporter un surplus de seulement 7% en terme de fréquentation touristique. En faisant baisser le prix du billet d’avion, la


construction de la piste longue pourrait favoriser l’arrivée de touristes, mais le phénomène serait loin d’être massif. « Elle pourrait appor-

ter un nouveau souffle au tourisme à Mayotte notamment. Mais à elle seule elle ne va pas faire grimper d’un coup le tourisme. C’est une illusion », explique le sous-préfet.

Aujourd’hui, force est de constater qu’un certain nombre d’obstacles se dressent en travers de la piste longue, rendant très hypothétique sa réalisation. Son coût colossal d’abord. En réalité, la piste actuelle ne peut pas être rallongée, il faudrait donc bâtir de toute pièce une piste convergente. Montant de la facture estimé : plus de 400 millions d’euros. Côté délai, le coût exorbitant du projet ne pourrait être absorbé avant l’arrivée des crédits européens en 2014. Même dans un scénario des plus optimistes, les travaux ne pourraient donc pas commencer avant fin 2015, début 2016. Ensuite, il semble difficile d’imaginer des travaux d’une telle ampleur dans ce qui est devenu le deuxième parc marin français et au milieu

d’un lagon dont la préservation est devenue un enjeu capital. La proximité de la passe en « S » ou des lieux de pontes des tortues marines permettent de douter de la future réalisation d’un chantier dont les incidences écologiques sont inévitables. Par ailleurs, il se trouve qu’Air Austral pourra bientôt réaliser des liaisons directes Dzaoudzi/ Paris depuis cette même piste de 1930 mètres. La compagnie réunionnaise vient en effet de commander trois Boeing 777-200-LR dotés de réacteurs plus puissants, qui lui permettront de décoller à pleine charge de Dzaoudzi. Une vraie révolution. Et surtout une nouvelle qui donne du fil à retordre aux partisans de la piste longue. « Quel intérêt à mettre 300 mil-

lions dans une piste longue si la liaison directe peut se faire avec la piste actuelle ?, interroge le SGAER. Incontestablement, cette éventualité porte un coup à l’opportunité du projet. » Ces nouveaux appareils devraient être livrés en mars 2011, pour une exploitation à l’automne 2011. Ne pas construire la piste longue signifie

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alors dérouler le tapis rouge à Air Austral et renforcer sa position dominante sur la destination. Enfin, dernier obstacle à la réalisation de ce projet pharaonique : la rentabilité limitée d’une telle liaison. Avec 256 000 passagers en 2009, l’aéroport de Dzaoudzi n’offre pas un nombre suffisant de voyageurs pour assurer la rentabilité d’une ligne directe. D’autant que c’est souvent l’escale qui permet de remplir l’avion. « L’objectif aujourd’hui, c’est de peser les tenants et les aboutissants pour débattre jusqu’à mi-2011 », affirme le SGAER. Mais les dés semblent jetés d’avance. « Seul le politique peut jouer », poursuit-il. Autrement dit, seule une réelle volonté politique permettrait de faire aboutir un projet de cette envergure.

Tourisme : point sur les constructions hôtelières Tous les professionnels du secteur sont unanimes, le développement touristique de l’île au lagon passe par le secteur de l’hôtellerie. Car si l’océan Indien est une destination à vocation touristique affirmée grâce à la notoriété de l’Ile Maurice ou de La Réunion, le tourisme à Mayotte y est encore embryonnaire (près de 50.000 touristes en 2009, contre plus de 700.000 pour Maurice). La signature du PADD (Plan d’aménagement et de développement durable) en 2009 doit donner un coup d’accélérateur à la construction d’hôtels sur neuf sites sélectionnés par le plan, en bord de mer. Mais les démarches n’avancent pas aussi vite qu’espéré.


« Il est difficile de penser que les hôtels pourront sortir de terre avant 2020 », affirme net le SGAER. Christophe Gravier, directeur du Comité de tourisme (CDTM) est, lui, plus optimiste et espère voir un projet émerger sur un des sites PADD dans les cinq ans. Le Conseil général œuvre à identifier les potentiels de chaque site (surface/modalités d’accès/viabilisation/orientations en matière d’aménagements...), « mais après ces études approfondies,

certains sites seront certainement abandonnés. Celui de M’stanga Tsoha à M’tsamboro est trop étroit, celui de M’zouazia impraticable, etc. »,

poursuit François Mengin-Lecreulx. D’autant que les investisseurs peinent à se manifester. « Pour l’instant, Nouvelles Frontières a mani-

festé un intérêt timide pour M’tsanga Beach, à Sada. Un ou deux autres investisseurs se sont montrés intéressés, mais on a du mal à les faire venir, détaille le sous-préfet. En octobre, nous allons lancer un appel d’offres international. Il faut arrêter de tergiverser et attribuer des sites car ça patine ». La destination, qui possède de nombreux atouts indiscutables (présence d’un des plus vastes lagons fermés au monde, rencontre avec une population qui a gardé sa culture et son authenticité...) pourrait se vendre, notamment en misant sur le tourisme sportif. Seulement, elle souffre de nombreux handicaps. D’abord le cas du foncier. C’est un véritable obstacle car certains terrains sélectionnés par le PADD appartiennent qui à la collectivité, qui à des propriétaires privés, qui à l’état (au titre de la zone des pas géométriques). D’autres terrains sont en indivision avec des dizaines de propriétaires par parcelle. De quoi décourager les investisseurs et ralentir considérablement les acquisitions de terrain. Au Conseil général, on est pourtant optimiste. « Certains sites

seront opérationnels plus rapidement comme M’tsanga Beach, un terrain qui appartient à la CSSM ou Bambo Est, qui appartient à un privé prêt à le céder », détaille Daniel Martial Henry,

chef du service Développement touristique.

« Le statut de département de Mayotte va

booster le tourisme. Les gens s’engagent dans les constructions touristiques pour 50 ans. La stabilité statutaire, l’ancrage définitif de Mayotte à la France vont améliorer la confiance des investisseurs ».

Ensuite, le déficit de main d’œuvre qualifiée. « Compte tenu du coût du billet d’avion, on

s’adresse à une clientèle aisée donc exigeante. Le personnel doit savoir parler anglais et doit être mieux formé », précise le SGAER. « On va mettre le paquet sur ce volet formation grâce à des formations à la Réunion et à Madagascar. Mais c’est un processus à moyen terme ». On ne pourra en apprécier les effets bénéfiques que dans quelques années.

Enfin, la résistance des élus et de la population. Selon François Mengin-Lecreulx, il existe à Mayotte un problème culturel au développement du tourisme. « Tout le monde veut que

le tourisme se développe, mais personne n’en veut sur sa commune. Il n’y a pas d’engouement sur le sujet », observe-t-il. Les investis-

seurs sont donc refroidis par les réticences de la population et par le manque d’enthousiasme des élus. Même son de cloche chez le directeur du CDTM. « Il est nécessaire que la population

s’approprie son projet touristique et y participe pleinement. Si la population est associée et qu’elle bénéficie directement des retombées économiques, elle s’investira. Par exemple, on pourrait imaginer des bouénis qui vendent des produits locaux sur les farés. En échange, elles pourraient assurer leur entretien. » Pour le moment, la capacité hôtelière de Mayotte est de 930 lits : c’est très faible. Selon les professionnels du secteur, il faudrait multiplier la capacité actuelle par trois pour accueillir les 120 000 touristes annuels prévus en 2020. « Un objectif réalisable, car les hôtels voient le jour aussi dans les zones agglomérées. En témoigne la résidence de tourisme Les Floralies, premier appart-hôtel de l’île qui vient d’ouvrir ses portes rue du Commerce », poursuit Daniel Martial Henry. Côté fréquentation touristique

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en 2009, les chiffres sont encourageants : elle avoisine les 50 000 touristes (contre 38 000 en 2008). « L’hôtellerie reste effectivement le sec-

teur à privilégier en priorité car Mayotte peut être une étape dans un tourisme régional plus large, une halte de quelques jours pour des touristes à Madagascar par exemple », conclut le

SGAER. Mais parallèlement aux constructions d’hôtels, il faudra aussi régler les problèmes de la gestion et du traitement des déchets et des eaux usées, catastrophiques pour l’image de Mayotte, pour espérer faire du tourisme un outil de développement économique.

Juliette Camuzard

Christophe Gravier : - C’est vrai que cela n’avance pas aussi vite qu’on le voudrait, mais il va bien falloir que ces hôtels sortent de terre un jour ou l’autre. Si on veut atteindre les 120 000 touristes d’ici 2020 comme envisagé par le Schéma directeur, il faut absolument développer notre capacité d’accueil et intéresser les groupes internationaux de manière à pouvoir figurer dans les catalogues d’opérateurs. L’objectif c’est de tripler la capacité d’ici 10 ans. C’est tout à fait faisable sachant qu’on prend pour base 80 à 100 chambres par établissement pour les 9 sites potentiels retenus par le PADD.

INTERVIEW

M. m. : - Quelle est la clientèle visée ?

Christophe Gravier,

C. G. : - Nous ne pouvons prétendre au même niveau de prestation et d’accueil que les autres îles de la région, comme Maurice ou la Réunion. Il faut donc jouer sur la valeur ajoutée de Mayotte (accueil, convivialité, authenticité, rencontre avec la faune et la flore ou encore la population locale) auprès d’une clientèle aisée. On a fait récemment un portrait-robot du touriste à Mayotte et il s’avère que la majorité des touristes sont CSP+. Et ce, même si Corsairfly a permis d’ouvrir un nouveau marché sur la classe moyenne.

Directeur du Comité

départemental du tourisme de

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Mayotte magazine : - Visiblement, s’agissant du dossier des constructions d’hôtels, le dossier semble patiner…

Mayotte (CDTM)

M. m. : - Quel type de structures hôtelières peuton imaginer ? C. G. : - En terme architectural, il est essentiel d’éviter les grands complexes hors-sol qui ne sont pas en symbiose avec l’environnement et la population. Ici, il faut des structures de 80 chambres implantées dans


l’environnement, à l’image du Jardin Maoré. L’idéal serait de travailler sur les aménagements paysagers en utilisant des produits locaux de façon à conserver l’authenticité de l’île. Réexploiter l’historique des bangas par exemple et le mettre en scène dans un contexte hôtelier. Coupler des matériaux tels que terre, pierre et bambou... Le volet environnemental est capital pour Mayotte. C’est aussi important de ne pas partir sur des concepts franco-français. Il faut associer la population pour que l’alchimie prenne. Elle n’est pas sensibilisée au développement touristique, il faut l’accompagner. On pourrait l’associer grâce à des coopératives agricoles qui passent des contrats avec les structures hôtelières pour les fournir en produits locaux. M. m. : - Qu’est-ce qui manque à Mayotte pour développer une vraie politique touristique ? C. G. : - Sa réussite ne dépend pas que de nous, mais des investissements de tous les acteurs du tourisme. Tout un faisceau de paramètres conditionne la réussite de cette politique. L’état des routes, l’aménagement du front de mer, l’insalubrité de l’île, etc. Le CDTM n’ira pas loin si les professionnels ne s’impliquent pas, dans le nettoyage des plages par exemple. Il n’y a pas de consensus autour d’un projet touristique. Pourtant tout le monde doit participer pour construire et défendre un projet. On ne fera pas de miracles tout seuls.

Propos recueillis par Juliette Camuzard


INTERVIEW

Maoulida Soula,

Le défi majeur de l’assainissement

Président du Syndicat des Eaux et de l’Assainissement de Mayotte (Sieam)

Un défi car seulement 3 000 habitants sur les 180 000 que compte Mayotte sont raccordés au réseau d’assainissement. Et si le problème est pris à bras-le-corps par le Sieam et l’état (qui va engager 40 millions d’euros d’ici 2014 dans le cadre du contrat de projet), ce retard ne pourra pas être résorbé du jour au lendemain. Pourtant, l’assainissement est vital pour la population : il faut renforcer la salubrité des villages et préserver la qualité des eaux. Faute de réseau d’assainissement, c’est le lagon qui en subit les conséquences. Une situation inacceptable sur le plan écologique.

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Problème : il faut revoir tout le système, car les mini-stations ne fonctionnent pas correctement, et encore quand elles sont en service. Certaines d’entre elles n’ont même jamais été mises en route. « Sur les 140 stations de l’île,

130 sont en panne par défaut de maintenance et de qualifications pour les entretenir », explique François Mengin-Lecreulx. « Il faut donc pérenniser celles qui peuvent l’être, mais cela ne représente que 4 ou 5 stations… Les autres sont rouillées et laissées à l’abandon », précise Maoulida Soula, président du Sieam.

D’où l’orientation choisie par le syndicat : réaliser de grosses stations d’épuration. La station du Baobab est maintenant terminée. Et la suivante sur la liste est celle de Dembéni en cours de construction. Elle devrait être achevée courant 2011. Objectif : capter 70% de la population en assainissement collectif, les 30% restants en assainissement individuel.

Mayotte magazine : - Quels sont les projets à venir pour améliorer l’assainissement à Mayotte ? Maoulida Soula : - Les études menées par le Sieam en 2009 ont conclu que pour assainir le territoire, il fallait 12 à 13 stations type à boues activées (la boue peut être utilisée à des fins agricoles ou engrais et l’eau traitée peut servir à arroser). Les stations de Dembéni et du centre (Ouangani) seront les premières. Mais la priorité absolue c’est Petite-Terre, en raison de la petitesse de l’île et de la biodiversité à préserver : tout se déverse dans le lagon, c’est une catastrophe. Le foncier


est difficile à décanter, c’est d’ailleurs l’un des plus gros freins à nos démarches, mais on est en train d’aboutir à un compromis pour un terrain vers les Badamiers. On aimerait que sa construction démarre au plus vite. Devraient suivre des stations à M’tsamboro, Bandrélé, Tsoundzou, etc. L’assainissement, c’est l’enjeu avec un grand « E » en terme de développement du territoire. M. m. : - Quelles sont les principales difficultés éprouvées par le Sieam ? M. S. : - Une station ne fonctionne que si 30% des usagers sont raccordés. En-dessous, cela peut même endommager la station. C’est pour cette raison que nous avons fait campagne à Mamoudzou pour le raccordement massif. Nous avons besoin que les usagers paient la redevance pour fonctionner correctement et assurer nos services. Nous avons donc mené un combat pour bénéficier d’une subvention au raccordement qui coûte 2 000 à 2 500 euros. Nous avons convenu avec l’Etat d’un déblocage de 18,5 millions d’euros pour aider les usagers à se raccorder à l’assainissement. Aujourd’hui, environ 3 500 foyers sont raccordés à Mamoudzou. Mais le but est de passer à 17 000 foyers

d’ici 3 ou 4 ans. C’est ce qui nous permettra d’équilibrer le service assainissement et de ne plus fonctionner à perte. Quand le service sera équilibré, alors les opérations de branchement pourront être supportées par le syndicat. La redevance nous permettra aussi de financer les investissements futurs. M. m. : - Quelles innovations comptez-vous mettre en place en terme de traitement des boues ? M. S. : - La station du centre va constituer un véritable test pour les agriculteurs. Nous allons mettre en place un procédé membranaire filtrant les eaux qui peuvent servir à irriguer les terres agricoles. à Dzoumogné, à côté du futur centre d’enfouissement des déchets ultimes, nous allons installer un centre de compostage. Les boues traitées serviraient comme compost là encore à des fins agricoles pour alimenter les cultures. Enfin, nous sommes en train d’étudier la capacité des algues à s’alimenter des boues de manière à produire de l’énergie et même des biocarburants.

Propos recueillis par Juliette Camuzard

© JVO3

Station d’épuration du Baobab à Cavani.


Le contournement de Mamoudzou

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Si le PADD signé en 2009 indique que le réseau de voiries actuel ne nécessite pas la création de nouvelles voies, il fait état d’une exception : le contournement de Mamoudzou, prévu pour soulager le trafic urbain. Objectif : construire une sorte de périphérique avec des portes d’entrée et des pénétrantes (seules 1 500 personnes traversent Mamoudzou du Nord au Sud sans s’y arrêter) pour atteindre Mamoudzou. Il s’agirait donc d’une rocade qui pourrait partir de Majicavo Lamir pour rejoindre Passamaïnty. « Mamoudzou ne possède que deux voies d’en-

trée, une au Nord et l’autre au Sud. On ne peut pas continuer dans ces conditions. Chaque jour, ce sont 16 000 véhicules qui rentrent dans la ville : les voies sont entièrement saturées »,

explique Dominique Vallée, le directeur de l’équipement. Deux scénarios sont possibles. « Soit on utilise la voirie existante en l’aména-

geant mieux, soit on construit une rocade, l’option qui semble la plus judicieuse », poursuit le directeur.

« Le coût total dépend des scénarios envisagés,

mais il faudra à coup sûr prévoir des ouvrages d’art pour éviter des lacets trop importants et rendre la route accessible aux poids lourds (sans quoi un tel projet perdrait de son intérêt) »,

détaille Amir Ahmed, directeur des infrastructures au Conseil général. Mais on parle déjà de 100 à 150 millions d’euros. De fait, le financement ne sera pas bouclé avant l’arrivée des fonds européens en 2014. « Nous nous si-

tuons donc dans une échéance à 4 ou 5 ans, mais les travaux pourraient être phasés, compte tenu des très fortes contraintes de relief »,

détaille-t-on à la Direction de l’équipement.

Le Conseil général va recruter un bureau pour lancer les études de faisabilité et analyser les flux de trafic et ensuite proposer des tracés. De l’avis de toutes les personnes proches du dossier, ce chantier, bien que colossal, semble incontournable. « L’urbanisation continue, le

trafic est de plus en plus dense et les activités


Banga Cycles


s’accroissent autour de Mamoudzou, comme en témoigne la nouvelle zone d’activité qui sera prochainement mise en place à Longoni », rai-

« En tout cas, la problématique des transports

« Le calendrier est le suivant : en 2011, les étu-

les sociétés qui perdent du temps dans les embouteillages ou qui reçoivent des marchandises avec du retard.

sonne Amir Ahmed.

des de scénarios d’avant-projet (études d’impact) seront lancées. En 2013, ce sera au tour de la déclaration d’utilité publique pour un lancement de chantier en 2014 avec l’arrivée des crédits structurels », explique le SGAER qui table sur un financement type état (25%) / Europe(50%) / Conseil général(25%). Si le projet est pharaonique, il n’est pas « inabsorbable » selon la Préfecture. Il s’avère effectivement indispensable pour l’avenir de Mamoudzou. De fait, il faudra faire des choix drastiques car l’Etat ne pourra pas financer la piste longue et le contournement de Mamoudzou… « Et entre

la piste longue et ce projet-là, le choix semble vite fait », ose le sous-préfet.

« Le contournement semble en effet essentiel,

mais à condition qu’il soit couplé avec la mise en place de transports en commun. C’est LA réponse à la saturation de Mamoudzou », assure

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de son côté Amir Ahmed au Conseil général. Même son de cloche à la Direction de l ’Equipement. « Pour résoudre la problématique de la circulation routière, explique Dominique Vallée, il faut penser les choses en matière de

déplacements et non d’infrastructures routières. En faisant plus de routes, on provoque la circulation et on favorise l’augmentation du nombre de voitures. » Mairie et Conseil général travaillent donc d’arrache-pied pour créer la première ligne de transport urbain. « Nous aimerions qu’elle soit

prête fin 2011. C’est faisable si les transports locaux actuels adhèrent », avance Sitti Maoulida,

directrice des transports et de la mobilité au Conseil général. Ni son tracé ni ses modalités ne sont encore arrêtés. Le nœud du problème se situe entre Tsoundzou et Majicavo. Il va falloir aménager cet axe pour libérer la circulation car les transports en commun ne fonctionneront que s’il existe des voies adaptées.

et des déplacements est un enjeu très fort, insiste Dominique Vallée. Si on continue, cela risque de devenir une contrainte au développement. » D’ailleurs, c’est déjà un frein pour

Un pont entre Petite et Grande-Terre ? Dernier chantier de taille dont on va entendre parler dans les 15 prochaines années, le projet de pont entre Grande et Petite-Terre. Cela relève encore du rêve mais ce projet pourrait devenir réalité selon le secrétaire général chargé des affaires économiques et régionales. « Il n’y a que 850 mètres de pont à réaliser en partant de la Pointe Mahabou », explique François Mengin-Lecreulx, confiant. Le projet est techniquement difficile à réaliser donc très coûteux, « mais pas impossible ». Il faut faire des études très poussées, car des bateaux suffisamment gros doivent pouvoir passer endessous et l’ouvrage doit résister à des vents de 200 à 250 km/h. Pourtant, il y a bien un réel avantage à construire un tel ouvrage. « La STM coûte 12

millions par an au Conseil général dont 5 seulement sont amortis par le prix des tickets »,

détaille F. Mengin-Lecreulx. En 20 ans un pont pourrait être rentabilisé. Le projet qui semble fou en apparence n’est donc pas complètement absurde. De là à convaincre la population de l’utilité d’une telle structure… le pari est loin d’être gagné. Les Petits-Terriens sont en effet attachés à leur barge et tiennent à leur insularité. D’autant que la barge fait partie de l’identité de Mayotte. Pas sûr que son retrait ne provoque pas l’ire de ses habitants… La faisabilité d’une telle construction fera à coup sûr l’objet de débats pour la prochaine majorité.

Juliette Camuzard



Quelle que soit la fête musulmane, la journée commence par une prière à la mosquée.


Traditions mahoraises Rédaction et photos : Bruno de Villeneuve

calendrier des principales fêtes musulmanes à mayotte Mayotte est une île à majorité musulmane. L’islam y est la religion d’environ 95% de la population. dévoilons ici quelques secrets des cérémonies locales afin de mieux les connaître et de pouvoir partager avec les

Mahorais leurs coutumes et leur culture.

L

e calendrier musulman n’est pas le même que le calendrier habituel, utilisé dans la vie quotidienne, car son année de référence est celle de Mahomet, né en 570 après Jésus-Christ. Il meurt en 632. Les musulmans utilisent comme départ de leur calendrier l’année de son départ de la Mecque vers Médine, en 622. Ce voyage s’appelle la hijra en arabe (l’Hégire en français).

L’année 2011 sera approximativement l’année 1432 pour les musulmans. Une autre différence, de taille, distingue les deux calendriers. Celui des musulmans, lunaire, diffère de quelques jours du calendrier solaire. Ainsi, le jour de l’an pour l’année 1432 chez les

35 musulmans n’est pas le 1er janvier mais le 8 décembre 2010.

Les fêtes religieuses, chez les musulmans, sont donc mobiles et varient toutes en fonction de la lune. Cependant, elles sont toujours prévisibles à plus ou moins 24 heures. La fête la plus importante, d’un point de vue religieux est l’Aïd el-Kébir. Mais la fête la plus visible, car devenue la plus commerciale, est certainement l’Aïd el-Fitr qui célèbre la fin du ramadan. D’autres dates rythment également l’année de quelques célébrations et festivités. Petit tour d’horizon des principales fêtes qui marqueront l’année civile 2011...


LE NOUVEL AN 1er MUHARRAM le 8 décembre 2010 Origine C’est l’Hégire, qui correspond au nouvel an musulman. En souvenir du départ du prophète Muhammad de la Mecque vers Médine le 24 septembre 622, ce jour est célébré par tous les musulmans.

Ce jour-là

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Le nouvel an ne comporte pas de prières rituelles obligatoires. Il est simplement célébré le 7 décembre dans les mosquées, par des veillées particulières. Les musulmans dessinent parfois, à cette occasion, la colombe qui fit son nid et l’araignée qui tissa sa toile à l’entrée de la caverne dans laquelle le prophète fugitif s’était caché, lui permettant ainsi de dérouter ses poursuivants. Les jeunes se livrent à des activités festives. C’est le nouvel an ! Les musulmans offrent des cadeaux et on rappelle des épisodes de la vie du Prophète et de ses contemporains. Mais le nouvel an solaire est bien plus célébré à Mayotte que le nouvel an lunaire.

MAOULID NAISSANCE DU PROPHÈTE le 16 février 2011 Origine C’est l’anniversaire du prophète Mahomet, né le 20 août 570 de l’ère chrétienne.

Ce jour-là Fêter les anniversaires n’est pas une pratique courante chez les musulmans. La célébration de Maoulid a même été condamnée par des mouvements intégristes d’Arabie Saoudite, comme le wahhabisme. Mais de nombreux territoires musulmans, comme Mayotte, honorent cet anniversaire de manière très populaire. Cette fête se célèbre en réalité durant les dix ou quinze soirs précédant l’anniversaire proprement dit. Elle offre l’occasion d’organiser par exemple un grand carnaval. Chaque année, des processions aux flambeaux ont lieu dans de nombreux pays. Le mois du Maoulid est considéré comme bon et béni. Un enfant né pendant ce mois est donc chanceux. Il sera l’un des rares enfants à se voir fêter son anniversaire tous les ans. Durant tout le mois se déroulent fréquemment de grandes cérémonies de la vie des musulmans (circoncision, mariage...).

Une famille se rend à la barge pour accueillir un hadj de retour de la Mecque.


Une jeune Mahoraise revient du petit pèlerinage à la Mecque, organisé par sa madarasa (école coranique) afin de récompenser les bons élèves.


MI’RAJ ASCENSION DU PROPHÈTE le 29 juin 2011 Origine C’est la fête du périple du prophète Mahomet de la Mecque vers Jérusalem qui dans la même nuit monta au ciel pour rencontrer Dieu. Durant ce voyage, fut révélé au prophète le commandement des cinq prières quotidiennes ainsi que du ramadan ramené à un mois au lieu de six mois. à Jérusalem est érigée la mosquée du Rocher d’où le prophète s’est élevé.

Ce jour-là Les musulmans rendent hommage au prophète. Des récits de cette nuit et de son ascension résonnent dans les mosquées. C’est aussi l’occasion de se retrouver en famille et de partager un bon repas.

38 Sortie de mosquée après la prière à M’tsangamouji.

RAMADAN MOIS DE JEÛNE le 1er août 2011 Origine Il s’agit de l’un des cinq piliers de l’Islam.

Ce jour-là Durant un mois, le jeûne est total du lever du soleil jusqu’à son coucher. Il est alors interdit de se nourrir, de boire, de fumer, d’avoir des relations sexuelles. C’est une expérience unique et annuelle d’autodiscipline qui permet à chaque musulman qui le pratique de connaître le renoncement et la privation de la pauvreté. Les voyageurs, les malades, les femmes enceintes ou qui ont leurs règles sont temporairement dispensés du jeûne. Ils compensent alors ces jours perdus par des aumônes. Les enfants sont incités à participer à ce jeûne, qui n’est obligatoire que pour les adultes. Tout au long du mois, les musulmans, après le futari, le repas de rupture du jeûne, dansent et chantent. Les week-ends sont alors très chargés en festivités.


Partage du futari en famille à M’tsamboro, le premier repas pris après le coucher du soleil, pour rompre le jeûne du ramadan.

Le futari se dispose sur une natte posée à terre (ddalo) et se comporte essentiellement de thé, bananes, manioc, poisson...


Le jour de l’Aïd el-Fitr, comme ici à Acoua, les Mahorais revêtent des vêtements neufs pour rendre visite à tous les membres de leur famille, tandis que les Mahoraises préparent des gâteaux.


AÏD EL-FITR le 31 août 2011

Ce jour-là

Les musulmans donnent de l’argent aux pauvres et partagent le repas avec ceux qui le souhaitent ou distribuent des gâteaux. Les croyants se rassemblent, tournés vers le lever du soleil. Des mosquées, sortent en cœur les chants des hommes qui répètent des centaines de fois « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), proclament l’unicité de Dieu et prient pour « monseigneur Mohammad, ses compagnons et ses épouses ».

Dans les familles qui le peuvent, les enfants reçoivent des cadeaux, sont habillés de vêtements neufs. Dans les maisons, embellies, les tissus sont changés (rideaux, draps, nappes...).

La réunion se termine enfin dans la prière après le lever du soleil. Dans beaucoup de pays, les fidèles se rendent au cimetière auprès des tombes familiales.

Origine L’Aïd el-Fitr achève le jeûne du ramadan.

Pendant tout le mois de ramadan, des foires sont organisées dans les villages car les familles doivent acheter des vêtements neufs et autres tissus pour la maison.


Alors qu’un membre de la famille a accompli son cinquième pilier de l’islam, nombreux sont ceux qui viennent l’accueillir en chantant.


AÏD EL-KÉBIR L’ACHÈVEMENT DU HADJ le 7 novembre 2011 Origine L’Aïd el-Kébir célèbre le jour où Dieu ordonna à Abraham de tuer son fils. L’archange Gabriel lui conseilla de sacrifier un mouton à la place. Le pèlerinage à la Mecque est un des cinq piliers de l’Islam. Il est obligatoire dans la vie pour tout musulman qui en a les moyens.

Ce jour-là C’est la plus grande fête des musulmans. Elle est parfois appelée Aïd al-adha selon les pays. Après la prière à la mosquée, les musulmans qui peuvent se le permettre sacrifient un mouton, une chèvre, un bœuf ou un zébu. Pendant quatre jours on pense à l’achèvement du Hajj, le pèlerinage à la Mecque. Dans le monde entier, les musulmans apportent des offrandes d’animaux, à l’instar du sacrifice d’Abraham. Le tiers de la viande est distribué aux pauvres, le reste étant consommé au sein de la famille.

Lorsque le hadj rentre chez lui, il est accueilli par toute sa famille. Pour rendre grâce et remercier Dieu d’avoir pu accomplir ce voyage, la famille prie avant de fêter ce retour autour d’un bon repas.


Les fêtes musulmanes les plus importantes de Mayotte donnent lieu à des jours fériés qui se cumulent à ceux des catholiques. Les occasions de faire la fête à Mayotte ne manquent pas, d’autant que les festivités de Noël commencent à entrer dans les foyers mahorais, par le biais des enfants naturellement et de l’offre de jouets abondante dans les magasins. Que l’on soit croyant ou pas, musulman ou catholique, la religion conserve une place importante à Mayotte dans la vie de tous, élevant les hommes au rang des personnes pensantes et raisonnées. Toute croyance doit être respectée et l’interaction des communautés ne peut être que bénéfique par l’échange et la convivialité.

Bruno de Villeneuve

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Dans toutes les familles, l’accueil d’un hadj se fait en grandes pompes. Le jardin est habillé de feuilles de coco tressées et la maison est décorée pour l’occasion.



environnement Rédaction et photographies (sauf ©) : Alban Jamon

mort blanche

des coraux : un phénomène sous surveillance 46


Cette année, le lagon a été marqué par un

phénomène majeur de blanchissement corallien.

Les plongeurs ont observé des colonies fluorescentes, blanches ou tristement sombres, recouvertes par les algues... Fort heureusement le blanchissement s’avère réversible pour de nombreux organismes marins. Quelles sont les origines et les conséquences de ce phénomène inquiétant, suivi par les scientifiques du monde entier ? Petit rappel : pourquoi les coraux sont-ils colorés ?

L

es coraux appartiennent au règne animal. Chaque animal ou polype se présente sous la forme d’une bouche cernée de tentacules munis de harpons venimeux, lui permettant de capturer ses proies et de se défendre. La majorité d’entre eux présente des couleurs jaune-brun. D’où proviennent-elles ?

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Les coraux hermatypiques accueillent de minuscules algues appelées zooxanthelles, à l’intérieur des tissus de chaque polype. Invisibles à l’œil nu, ces microalgues sont photosynthétiques. Leurs pigments jaunâtres donnent au polype ses couleurs, captent la lumière du soleil et contribuent à synthétiser de l’énergie. Des teintes fluorescentes bleues ou roses produites par le polype apparaissent également en réaction à la présence des algues. D’après les spécialistes, ce phénomène contribuerait à protéger l’animal des rayons du soleil… Pour résumer, les coraux sont donc de véritables cultivateurs d’algues ! Gros plan sur les polypes étoilés, la partie animale des coraux.


Zooxanthelles et blanchissement

Les couleurs chatoyantes des coraux hermatypiques sont induites par la présence des algues photosynthétiques zooxanthelles

Lorsque les zooxanthelles sont en surnombre, elles sont expulsées hors du polype. A l’extérieur, elles se retrouvent dans la chaîne alimentaire et constituent des proies de choix pour un grand nombre d’organismes (bactéries, zooplancton, etc.), eux-mêmes ciblés par les polypes coralliens ! Cette expulsion arrive également lors d’un stress environnemental. à titre d’exemple, l’élévation de la température de l’eau modifie le métabolisme corallien. Certains produits synthétisés par les algues deviennent alors toxiques pour le polype (ex : dioxygène). En réponse, le polype expulse une partie de ses algues, perd du même coup une partie de ses pigments et devient blanc : c’est le blanchissement.

Blanchissement ou blanchiment ? 48

Symbiose sous les mers : le rôle des zooxanthelles pour les coraux Ces algues microscopiques produisent du dioxygène, favorisent l’élaboration du squelette calcaire et fournissent des compléments alimentaires au polype. En échange, le polype leur fournit abris, dioxyde de carbone et éléments minéraux. On parle ici d’association symbiotique entre l’animal et les algues (échanges à bénéfices réciproques).

D’après les auteurs, il faut utiliser le terme blanchissement (se référant à un phénomène naturel) et non le terme blanchiment qui implique une action humaine directe.


© Yannick Stephan

Blanchissement corallien en réponse à un stress environnemental (photos de cette page et en bas à gauche).


Devenir des colonies blanchies La perte des zooxanthelles entraîne un ralentissement ou un arrêt des fonctions primaires de la colonie corallienne, c’est-à-dire sa croissance et sa capacité de reproduction. Deux alternatives se présentent : • Soit les conditions stressantes sont temporaires, les polypes retrouvent rapidement un nombre de zooxanthelles suffisant et le corail regagne peu à peu ses couleurs et survit. • Soit les conditions stressantes sont prolongées ou particulièrement sévères. Dans ce cas, la plupart des coraux vont mourir puis être rapidement colonisés par des algues. Les stades observés sont alors : polype blanc – gazon algal court – gazon algal long.

Enalguement des coraux suite à la mort des polypes par blanchissement. Ci-dessous : gazon algal court. à droite : gazon algal long.

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Différences entre les espèces coralliennes Il existe une grande variabilité dans la susceptibilité au blanchissement entre les différentes espèces de corail et même entre les colonies d’une même espèce. Différentes espèces de zooxanthelles sont capables de résister à différents niveaux de stress… Pour résumer, certains coraux résisteront mieux au blanchissement que d’autres.


Blanchissement : origines naturelles ou impacts des activités humaines ? Ce déséquilibre entre les polypes coralliens et leurs zooxanthelles provient de stress d’origines naturelles ou anthropiques :

• Dégradations naturelles

Des phénomènes climatiques ou météorologiques à l’échelle régionale (cyclones, ENSO) ou locale (marées, pluies saisonnières) peuvent entraîner un blanchissement corallien. Il résulte de plusieurs facteurs : modifications de la température des eaux de surface ; apports terrigènes ; dessalure ; exposition au rayonnement UV ; manque de luminosité.

Poissons clown inquiets pour leur anémone touchée par le blanchissement.

Autres organismes marins touchés par le blanchissement Les zooxanthelles sont associées à de nombreux organismes marins (foraminifères, vers, éponges, coquillages…). Le blanchissement peut donc affecter les coraux hermatypiques mais également d’autres animaux. Les coraux mous (Alcyonaires), les anémones (Actiniaires), les éponges (Spongiaires) et certains bénitiers (Tridacna spp.) qui possèdent également ces algues symbiotiques dans leurs tissus peuvent être touchés et finir par mourir si le stress environnemental est suffisamment intense.

Colonies coralliennes exondées à marée basse et exposées au rayonnement UV.




La prédation des polypes coralliens conduit également au blanchissement et à la mort des animaux. L’alimentation des étoiles de mer Acanthaster, oursins, poissons-perroquets ou papillons provoque ainsi des blanchissements localisés.

La flore peut également causer un stress écologique pour les colonies. La microflore perforante, sorte d’algue qui se développe à l’intérieur du corail, provoque le stress et le blanchissement des colonies d’accueil. Soulignons que le réchauffement des eaux favorise le développement de cette microflore perforante, qui vient donc s’ajouter au stress des colonies provoqué par les élévations de température…

• Dégradations humaines

L’aménagement du territoire (déforestation, imperméabilisation des sols), l’apport d’eaux douces ou usées, ou la surexploitation des récifs (prélèvements, fréquentation) peuvent également déclencher le blanchissement des coraux. Il résulte de plusieurs facteurs : destruction physique ; appauvrissement en oxygène ; manque de luminosité. Les dégradations humaines couplées aux dégradations naturelles aggravent donc le phénomène de blanchissement.

© Julien Wickel

L’étoile de mer Acanthaster se nourrit des polypes, laissant apparaître le squelette calcaire blanc de ce corail acropore après son passage…

Casse d’un corail acropore tabulaire (touché par le blanchissement de 2010) par une pierre de pêche au sein de l’Aire Marine Protégée de la Passe en S.


Le blanchissement corallien à Mayotte Chaque année, des colonies coralliennes fluorescentes ou blanchies sont observées entre la mi-mars et avril, période à laquelle les températures des eaux de surface sont les plus élevées. Ce phénomène temporaire est généralement très localisé (quelques colonies éparses touchées sur les différents types de récif). En 1998, un phénomène climatique mondial (El Nino) provoqua, entre autre, une augmentation significative de la température des eaux dans notre région. Dans certains secteurs comme Saziley, plus de 90% de coraux sont morts en avril 1998. Le phénomène peut s’étendre sur de vastes régions récifales. Depuis 1979, six épisodes majeurs de blanchissement ont été identifiés dans le monde. Ils ont été mis en relation notamment avec les événements ENSO.

En 2010, les premières observations de blanchissement ont été signalées à Mayotte dès la fin du mois de janvier. Les colonies impactées concernaient principalement le corail verrue (Pocillopora spp.), espèce pionnière sensible au blanchissement, et les acropores. Dès février, les colonies atteintes ont été observées au-delà de 35 mètres de profondeur sur le récif barrière !

Origines du blanchissement à Mayotte en 2010 à l’heure actuelle, deux principaux facteurs ont été mis en cause provisoirement pour expliquer le phénomène de blanchissement majeur observé en 2010 :

• Les variations de la température de l’eau…

El Nino ou ENSO Le phénomène ENSO (El Nino Southern Oscillation) est un dérèglement du système couplé océan /atmosphère. Dans le canal du Mozambique, donc à Mayotte, un événement ENSO se traduit par une augmentation de la température atmosphérique et océanique. à l’heure actuelle, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité du phénomène ENSO est attribuée en partie aux changements climatiques constatés à l’échelle de la planète, notamment aux gaz à effets de serre...

Les coraux durs constructeurs de récifs sont des organismes sténothermes, vivant dans une gamme de température optimale comprise entre 25 et 29°c. Tout écart important à ces températures moyennes représente un stress pouvant conduire à un phénomène de blanchissement. à titre d’exemple, le blanchissement peut être induit par des écarts élevés (> 3 à 4°C) à court terme (1 à 2 jours), ou des écarts plus faibles (1 à 2°C) mais à plus long terme (plusieurs semaines)… L’intensité du blanchissement résulte donc de la combinaison de ces deux facteurs (importance des écarts de température et durée). En 2010, des températures des eaux de surface de 32°C ont été enregistrées à Mayotte sur plusieurs semaines !

• L’irradiation solaire trop élevée…

Les zooxanthelles symbiotiques nécessitent une irradiation solaire optimale pour assurer leur rôle photosynthétique. Ainsi les coraux

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© A. Gigou

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Différences de blanchissement entre les colonies exposées au rayonnement UV et celles plus à l’ombre.

Observations aériennes du phénomène de blanchissement corallien sur le récif barrière survenu en 2010.

hermatypiques sont localisés dans les couches océaniques superficielles, dans les 10 premiers mètres sous la surface. Les colonies sont donc par conséquent soumises aux rayonnements UV-A et B nocifs pour les organismes. Ces rayonnements peuvent également générer un stress environnemental et conduire au blanchissement. La pénétration des ces UV nocifs dépend de l’incidence du rayonnement, de la clarté de l’eau (favorisée par les périodes d’eaux calmes) et les exondations prolongées (épisodes de marée basse).

Cette première estimation a été complétée par la mission d’expertise Tara océans de passage à Mayotte en juin. Parallèlement aux autres études menées (plancton, macroalgues, poissons, etc.), une partie des scientifiques était mobilisée sur l’étude de la résilience des coraux au blanchissement survenue en début d’année.

Le blanchissement d’origine naturelle des colonies provient donc principalement de la combinaison des ces deux facteurs (température de l’eau et rayonnement UV). Ce constat explique les différences observées entre les polypes situés au sommet du récif, et celles à l’ombre des colonies. Une température de l’eau élevée influe sur la capacité des polypes à se protéger des rayonnements intenses, accélérant ainsi le phénomène de blanchissement.

Résilience écologique La résilience écologique est la capacité d’un écosystème, d’un habitat, d’une population ou d’une espèce à retrouver un fonctionnement et un développement normal (état d’équilibre dynamique) après avoir subi une perturbation importante.

Suivis en cours du blanchissement En mai 2010, des survols ULM ont été réalisés sur tous les récifs de l’île (frangeants, internes, barrière). Ils ont permis d’effectuer une première évaluation du phénomène (proportions impactées pour les récifs visibles en surface).

étude du blanchissement à bord du bateau Tara.


Les chercheurs ont pu observer le phénomène de blanchissement grâce à l’imagerie 3D. Ils ont notamment pu mettre en évidence une chute impressionnante du nombre d’algues au cours du blanchissement qui passent de 240 000/cm² à 3 000/cm² au sein des polypes ! Au cours de l’expédition, un grand nombre de stations ont été échantillonnées. Les premiers résultats mettent en évidence un blanchissement moins élevé qu’en 1998, avec en moyenne plus de 50% du nombre de colonies et plus de 20% des surfaces coralliennes impactées. Ils montrent également des disparités en fonction des secteurs échantillonnés (secteur Sud moins touché que le Nord), avec jusqu’à 80% des colonies impactées sur certains sites (au nord des îlots Choisil). Dans le cadre de cette expédition, un docu mentaire sur le

lagon de Mayotte a été réalisé par Christophe Kastagne (partie terrestre) et Eau Sea Bleue (partie marine). Il devrait sortir en France sur le petit écran début 2011. Fort heureusement ces animaux bénéficient de grandes capacités de régénération face à ces dégradations naturelles ponctuelles. Certains coraux peuvent récupérer leurs algues énergétiques plusieurs semaines, voir plusieurs mois, après un tel phénomène. D’autres misent sur la reproduction pour pouvoir recoloniser le milieu dévasté. En revanche, cette capacité à se régénérer est remise en cause dès lors que les agressions deviennent chroniques comme les dégradations d’origines humaines. Diminuer l’impact de nos activités, c’est donc contribuer à aider les colonies coralliennes dans leur lutte contre le phénomène de blanchissement.

Alban Jamon

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Reportage

RĂŠdaction et photos : Guy Monnot

Madagascar

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TOAMASINA, Porte orientale de l’écotourisme malgache


Hors des circuits touristiques

classiques, la province de

Toamasina recèle

des vestiges secrets dans des paysages sauvages et des sanctuaires de biodiversité où

l’écotourisme a souvent un parfum d’aventure

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!

Un écrin de verdure dans un océan azur L’île vue d’avion surgit tel un confetti boisé serti d’une couronne corallienne ourlée d’écume et incisée par un chenal étroit qui permet aux rares embarcations d’accéder à son ruban sablonneux. à seulement une heure de bateau du port de Tamatave, Nosy Alañaña - appelée plus familièrement l’île aux prunes - reste méconnue et préservée pour sa biodiversité à l’abri de toute incidence humaine. Cette île minuscule de deux kilomètres de périmètre est dominée par un phare de 66 mètres de hauteur. « C’est le plus haut phare d’Afrique » affirme Séraphin, le gardien, avant d’inviter ses visiteurs à gravir les marches étroites de l’interminable escalier en colimaçon.

Escalier du phare de Nosy Alañaña.

Le phare offre une vue panoramique sur la canopée des grands arbres, sanctuaire des « fanihy », ces grandes chauves-souris qui assurent la pollinisation des badamiers.

Nosy Alañaña, l’île aux Prunes.


Ensevelis sous la voûte des badamiers et des cocotiers, les vestiges de la léproserie rappellent que l’île fut habitée quelque temps au siècle dernier malgré l’absence d’eau douce et d’électricité. Sur le récif balayé par la houle git une épave où s’épanouit une vie sous-marine extraordinaire.

caractère donnant sur les longues avenues bordées de frangipaniers... Des palmiers royaux mènent jusqu’aux infrastructures du plus grand port de Madagascar où des cargos et porte-conteneurs accostent en provenance du monde entier avant de repartir chargés de bois, de crevettes ou d’épices aromatiques.

Vestiges à Nosy Alañaña.

Tamatave, le plus grand port malgache.

Toamasina (Tamatave) ou l’empreinte Mérina

Le long des venelles portuaires ou sur les marchés, l’amateur de parfums exotiques hume les senteurs de gingembre, girofle, cannelle, café et les essences de niaouli...

« Toa Masina ! » (c’est salé), se serait étonné Radama 1er en goûtant l’eau de l’océan. C’est ainsi - d’après la légende - que le monarque baptisa la localité éponyme avant d’y installer ses armées. Ancien lieu historique et stratégique, Toamasina et sa région dissimulent les ruines des nombreuses forteresses érigées par les Mérina au XIXème siècle. Premier port de commerce et seconde ville de Madagascar, Toamasina est aussi un carrefour culturel qui conserve un beau patrimoine architectural : bâtisses de style colonial, maisons de

Région de Toamasina et palmeraie de l’Ivondro.


La région de Toamasina est le point de départ de nombreuses excursions qui partent du port fluvial de Manangareza et permettent de découvrir les Pangalanes ou de remonter le fleuve Ivondro pour se rendre à la verrerie ou visiter les sucreries et les distilleries ancestrales.

Ci-dessus : bain de zébus dans l’Ivondro. Ci-dessous : commerce des bambous et ravinalas dans la région de Toamasina.

Eulémur à front blanc.

Ivoloina, un concentré

Dans le parc évoluent des lémuriens en semi-liberté : l’eulémur à front blanc, le varecia variegata, l’aye-aye...

de biodiversité Situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Toamasina, le parc zoologique d’Ivoloina et sa station agro-forestière modèle révèlent des écosystèmes variés abritant une flore et une faune spécifiques. Affilié à l’organisation Madagascar Fauna Group (MFG) à l’origine de sa création, le parc a pour vocation la conservation des espèces menacées.

Diversité des écosystèmes à Ivoloina.


Varecia variegata, une espèce de lémurien dont la survie est menacée par la déforestation.

La station forestière d’environ 300 hectares regroupe une centaine de plantes autochtones à découvrir sur les parcours balisés autour du lac, au pied des cascades, dans la forêt seminaturelle, sur les pistes de reboisement ou le long de la station de riziculture. Les centres d’éducation environnementale d’Ivoloina accueillent de nombreux touristes locaux ou étrangers, des scolaires et des scientifiques. Dans ce véritable réservoir génétique, la dizaine d’espèces de lémuriens fait l’objet de soins attentifs prodigués par Fidi, le vétérinaire du centre dirigé par Anne Bollen, qui énonce avec passion les objectifs d’Ivoloina : notamment la préservation de sa biodiversité par la réintroduction des lémuriens menacés ou la protection de certaines espèces faisant l’objet

de trafics illicites à l’instar de la grenouilletomate, espèce endémique des étangs de Maroantsetra menacée de disparition du fait de sa prédation et du drainage des étangs suite à la lutte contre le paludisme.

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Pour limiter l’impact des biodégradations environnementales, le parc travaille en collaboration avec les populations villageoises pour la sauvegarde du patrimoine naturel dans l’optique d’un développement durable.

La palmeraie de l’Ivondro labellisée Tourisme éthique ! La savonnerie tropicale de la palmeraie de Melville affiche d’emblée son objectif. Dès son entrée sur le site situé à une vingtaine de kilomètres de Toamasina, le visiteur peut admirer les voûtes de palmiers qui s’étendent sur près de 3 000 hectares.

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les régimes écarlates des palmiers à huile sont cueillis et transportés vers l’usine où l’huile de palme sera extraite de l’amande puis exploitée en savonnerie.


Mahavelona : Une

La palmeraie de Melville est un centre de recherches biologiques classé écocert (Certificat Biologique) et constitue avec son artisanat, l’huilerie et la savonnerie un pôle incontournable du tourisme régional qui se veut équitable et solidaire. Accompagné de Gaëtan - le maître des lieux -, le visiteur se dirige vers le circuit « palmiers à huile » qui suit l’itinéraire technique de la fabrication d’huile de palme puis découvre le circuit « senteurs » et ses agréables essences aux vertus thérapeutiques. Outre les cultures vivrières, une des particularités de la palmeraie réside dans sa forte concentration humaine avec près de 600 personnes, réparties dans une cinquantaine de villages, vivant des activités du site. L’entretien des palmiers, la cueillette des régimes, l’extraction des huiles,

Coincée entre l’océan et la lagune, jalonnée de stands artisanaux et de scènes traditionnelles, la RN5 mène à Mahavelona. Ce village écologique, avec ses cases en latérite et bambous, ses toits en feuilles de ravinala uniformes, contraste avec le patchwork de parasols très colorés de la grande plage. Au début du XVIIIème siècle, les pirates anglais qui sillonnaient les parages avaient surnommé ce site « Hopeful point » qui devint Foulpointe. Aujourd’hui, du fait de la présence des nombreuses structures touristiques et des baignades sécurisées, Foulpointe

les analyses en laboratoire emploient des familles entières. à Melville, des associations de femmes présentent aux écotouristes des produits variés tels les huiles de palme et les savons, et assurent la démonstration des fabrications artisanales en fibres végétales à partir des rafias. Cette gestion participative associant les populations riveraines implique pour la palmeraie un développement rural équilibré et respectueux de l’environnement.

est la station balnéaire la plus prisée de la côte Est. C’est le lieu de villégiature des habitants aisés de Tananarive, des résidents de Tamatave, qui viennent pour une cure de repos ou de fruits de mer, une promenade en pirogue, un safari baleines ou pour plonger dans des eaux turquoises et cristallines. Après avoir été freinés par la barrière récifale, les courants oxygènent des vasques peu profondes, véritables aquariums où une foule de poissons multicolores

villégiature privilégiée





tournoie autour de magnifiques invertébrés marins : holothuries, oursins diadème, étoiles de mer… L’écotouriste recherchant la biodiversité terrestre se rendra dans la forêt de Mahavelona signifiant « là où la vie renaît » où s’épanouissent des orchidées, des ravinalas, des cocotiers et vieux arbres centenaires sur lesquels s’ébattent les lémuriens. à quelques kilomètres de cette forêt luxuriante, le passionné d’histoire visitera les vestiges du Manda, véritable forteresse érigée vers 1820 par le gouverneur Mérina et qui

abrita l’armée de Radama 1er. Cette citadelle atteignant six mètres de hauteur dissimule un véritable labyrinthe de galeries, de corridors et de passages secrets reliés par des escaliers étroits.

Fidèle, le guide qui propose de visiter l’édifice historique, décrit les événements s’étant déroulés dans ces lieux stratégiques et révèle que la rivière rouge d’Ambatari est à l’origine de la zone septentrionale des Pangalanes aujourd’hui ensevelie sous les jacinthes envahissantes.

Construit à partir de pierres cimentées par un mélange de blanc d’œuf et de poudre corallienne, le chemin de ronde du Manda permet de découvrir une vue circulaire sur toute la région.



Mahambo : l’authenticité préservée Nature exubérante, forêts primaires, longues plages de sable immaculé, criques secrètes mais facilement accessibles, authentiques villages de pêcheurs... Mahambo évoque le paradis terrestre. à 75 kilomètres de Toamasina, ce havre de paix offre tous les atouts à ceux qui désirent se ressourcer ou vivre une robinsonnade en harmonie avec la nature. Poussées par une brise complice et crépusculaire, glissant sur une mer assoupie, les fragiles embarcations finissent par se caler sur la plage animée. Là, les femmes pèsent les quelques kilos de poissons tandis que les hommes épuisés

fument une cigarette avant de s’affaler sur une couche spartiate. Le lendemain, le pêcheur jettera à nouveau son filet raccommodé sur sa pirogue fendue et montera sa voile dans l’espoir de ramener quelques subsistances. Mais il le sait, la mer s’appauvrit. Chaque année, il y a de moins en moins de poissons depuis que les senneurs japonais s’aventurent dans cette zone de l’océan Indien, détruisant les fonds coralliens et pratiquant une pêche intensive et dévastatrice.

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Le vent et la marée conditionnent la vie quotidienne des habiles piroguiers qui, naviguant sur leurs fragiles esquifs, ne possèdent que le strict nécessaire pour affronter la mer et le destin.


Face à l’immensité du lagon corallien, fantastique vivier de langoustes, le gastronome peut savourer d’excellents fruits de mer et contempler, à l’ombre des cocotiers, sous une cahute en fibres végétales conçue dans le respect de l’environnement, les prouesses des surfers ou le ballet incessant des pirogues à voile.

La nature comme base du développement à l’instar de ce qui se passe ailleurs sur la Grande île, les écosystèmes naturels menacés par le spectre de la surexploitation halieutique et de la déforestation régressent et en filigrane on devine la raréfaction programmée de la biodiversité malgache. Consciente de l’importance de l’enjeu et loin de négliger l’aspect économique, la province de Toamasina a fait de la préservation de son environnement l’une de ses priorités. C’est dans cette région orientale qui abrite une rare biodiversité que les autorités locales doivent faire la démonstration que la gestion durable des ressources naturelles n’est pas un vain mot ni un effet de mode ! La population locale a le droit d’en être la première bénéficiaire. Il y va de son avenir.

Guy Monnot



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Foulpointe, station balnéaire à 54 kilomètrse au nord de Tamatave, Foulpointe est un lieu de villégiature connu pour ses magnifiques plages bien abritées derrière une barrière corallienne et ses sites historiques comme Fort Manda. Un lieu assez calme où il fait bon de passer quelques jours.

L’île aux nattes, paradis tropical L’île aux Nattes est séparée de la pointe sud de l’île Sainte Marie par un magnifique lagon d’un bleu turquoise. Baignade, pêche, plongée, pirogue... de nombreuses activités nautiques vous attendent. Le tour de l’île à pieds dure environ 3 heures.

Hébergement les pieds dans l’eau L’hôtel le Grand Bleu, classé maison d’hôtes 1ère catégorie, est situé en face d’une des plus belles plages de Madagascar, bordant le lagon principal de Foulpointe, sur la route des épices qui mène jusqu’à Sainte-Marie. Cette adresse propose 7 bungalows, 3 chambres climatisées et 1 villa, dans un parc planté de cocotiers, bougainvillées, ravinalas et autres espèces endémiques de la flore malgache. Restaurant de spécialités locales, proximité d’un golf et possibilité de balades en pirogue sur le lagon. Bungalows à partir de 21 €. Consulter le site http://www.grandbleu-tamatave.com/.

Lacs ampitabe et rasoabe Ces superbes plan d’eau se trouvent à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tamatave et sont assez faciles d’accès (en voiture ou taxi-brousse jusqu’à Manambato, puis en pirogue). Ces excursions vous promettent une immersion très dépaysante dans le monde végétal et animal de la côte Est.

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de Jean-Claude Sanchez - Pygmalion Essai paru en mai 2010 27 septembre 1995 : début d´un coup d´État aux Comores. Son instigateur : Bob Denard. Jean-Claude Sanchez fut l´un des principaux organisateurs du putsch. Pour la première fois, il en raconte le déroulement. Le lecteur plonge dans l´atmosphère des préparatifs ; il accompagne les équipes chargées de préparer le débarquement des mercenaires... Sur cette affaire d´État qui a fait couler beaucoup d´encre, voici un témoignage de premier plan. Il pourrait faire l´objet d´un roman ou d´un film d´aventures tant la réalité dépasse parfois la fiction.

Les meilleures recettes du monde - Mayotte de Roland Benard Orphie - paru en juin

Mayotte, une nature et une mer généreuses : les ingrédients nécessaires pour que sa cuisine d’inspiration africaine trouve son originalité dans l’utilisation exclusive des produits locaux. Principalement à base de poissons, de légumes et de fruits, le tout souvent grillé, ces recettes traditionnelles sont une déceouverte de saveurs. La population mahoraise, au sein de son environnement idyllique, aurait-elle au fil du temps concoté la cuisine idéale : adaptée à la nature qui l’entoure tout en étant saine et gourmande ? Ce livre de recettes vous propose au fil des pages d’en apprécier l’exotisme, les saveurs et la fraîcheur.

Mayotte de A à Z

de Bruno de Villeneuve Éditions Ylang Images Guides pratiques - nov. 2010

Vol. 1 : Guide encyclopédique culturel

Ce grand guide de près de 300 pages, fruit de dix années de recherches, aborde plus de 200 thèmes de Mayotte, à travers notamment 350 questions-réponses et 650 belles photographies. Le guide de tous ceux qui veulent approfondir leurs connaissances sur la culture mahoraise ! Vol 2 : Guide encyclopédique touristique

Ce guide touristique vous fera voyager à travers les communes, les paysages et plus encore, avec 200 mots expliqués, français et mahorais, à travers 300 questions-réponses et 900 belles images. Il décrit les sites touristiques et naturels de l’île à ne pas manquer.




tendance Le shopping du moment... Spartiates

Toujours aussi mode la chaussure femme avec sa bride montante. Existe en vert et en rose. En vente chez : PARDON, galerie Jumbo Score.

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TENUE FILLE COCOYLANG

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Une nouvelle fragrance qui allie des notes sucrées-salées par sa touche de figue et sa pointe subtile de caviar. Eau de parfum avec vaporisateur ressourçable : 51 € les 30 ml. 71 € les 50 ml. 92 € les 80 ml. Womanity crème : 41 € les 200 ml. Womanity déo spray : 31 € les 100 ml. Coffret : parfum 80 ml, crème et déo. 164 €.

bleu de chanel

Un élan fougueux de fraîcheur parcourt la peau (agrumes, vétiver, baies roses). Une ascension d’énergie galvanise les sens (pamplemousse, notes cédrées sèches). Le corps gagne une incorruptible assurance (encens, gingembre, bois de santal). Nouvelle eau de toilette : 60 € les 50 ml. 82 € les 100 ml. Lotion après-rasage : 60 € les 100 ml. Déo : 31 € les 100 ml.

En vente chez : mado parfums, galerie Jumbo Score.


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Idée recette de Mayotte Confit de canard au riz coco, légumes et salade

Pour 4 personnes

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Préparation : 20 minutes Cuisson : 40 minutes (20 pour les courgettes, 20 pour le confit) Facile à réaliser

Ingrédients • • • • • •

confit de canard (boîte de 1 350 g) 500 g de riz 1 boîte de lait de coco 1 salade verte 3 tomates 1 courgette

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1 brède mafane 2 citrons 1 morceau de racine de gingembre 1 cuillère à soupe de curry 4 gousses d’ail 2 oignons vinaigre huile d’olive, sel, poivre


• Dans une casserole, lavez le riz 3 fois dans 50 cl d’eau. égouttez-le, ajoutez-y un petit verre d’eau, la boîte de lait de coco et la cuillère à soupe de curry. Mettez le riz coco à cuire à feu doux jusqu’à l’évaporation de l’eau. • épluchez les feuilles de brède mafane (n’en gardez que les meilleures avec quelques fleurs jaunes) ainsi que les feuilles de la salade verte. Dans un saladier, disposez l’ensemble nettoyé. Puis émincez les oignons, les tomates, le gingembre et l’ail. Versez 2 cuillères

à soupe de vinaigre et mélangez le tout dans le jus de citron pressé. • Découpez la courgette en lamelles et faites-les revenir dans la poêle avec de l’huile d’olive et de l’ail. Dans une autre poêle, versez le confit que vous laisserez cuire à feu doux pendant 15 à 20 minutes. Retirez le surplus d’huile si nécessaire. • Dans une assiette, dressez le riz, les courgettes, le confit et la salade. Bon appétit !

Astuce Vous pouvez aromatiser le riz avec d’autres épices que le curry : curcuma, safran, piment...


Jeux Mot à trouver : éDREDON

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à

es vos grill

!!

Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !

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C’est clair,

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Grille n°1

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SUDOKU



La prudence impose de confronter les données de ces grilles avec les documents officiels obligatoires à bord. Voir aussi les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine : www.shom.fr

H o r a i r e s

d e s

m a r é e s

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DéCEMBRE NOVEMBRE OCTOBRE




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