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Mayotte magazine

Mayotte

JUIllet-août-septembre 2010

n°17

magazine

LE banga, art de vivre des jeunes

ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS

3,90 €

ESCAPADE

KANI-kéli, la perle du sud sauvage et discrète

économie

à quand la sortie de crise ? REPORTAGE

Thaïlande



Mayotte magazine n°17 Une publication trimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.com DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Frédérique Cadieu Juliette Camuzard Annette Lafond Stéphanie Légeron Guy Monnot Roger Serre Bruno de Villeneuve PHOTOGRAPHES Stéphanie Légeron Guy Monnot Bruno de Villeneuve Photo de couverture : plage de N’gouja à Kani-Kéli © S. L. BD Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE ET COMMERCIALE AR’IMAGE SARL IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 € Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.

éDITO

L

a situation économique s’avère, dans bien des entreprises locales, assez préoccupante. Comment mesurer l’ampleur de la crise qui affecte Mayotte depuis début 2009 ? à partir de quand pouvons-nous espérer une reprise des activités ? En nous appuyant sur les analyses approfondies de l’Iedom, nous vous proposons une synthèse de la conjoncture économique mahoraise. C’est à Kani-Kéli, perle du sud discrète et sauvage, que vous mène la rubrique « Escapade dans l’île », entre balades, plages secrètes, légendes et troupe de théâtre... Le banga, art de vivre des jeunes, est ancré dans les traditions de Mayotte. Partons à la rencontre de ces adolescents qui, pendant quelques années, vivent une expérience unique d’émancipation créative.

Vous découvrirez à travers un reportage inédit l’île éparse de Juan de Nova appartenant aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). L’évasion se poursuivra au royaume du Siam, à Bangkok, Sukhotai, Chiang Mai, au Triangle d’or, avant de s’achever avec la magie des baies du sud, du golfe de Thaïlande jusqu’à la mer d’Andaman. Si vous souhaitez découvrir les anciennes parutions de Mayotte magazine, vous pouvez consulter gratuitement et dans leur intégralité les quatorze premiers numéros sur le site www.mayottemagazine.fr.

Très bonne lecture. Caribou à Mayotte aux nouveaux arrivants et, à tous ceux qui ont la chance d’y être, bonnes vacances ! Stéphanie Légeron

Directrice de publication


6 AU JOUR LE JOUR 14 RENCONTRE

Bruno Marie, directeur des éditions du Baobab

20 éCONOMIE

à quand la sortie de crise ?

28 ESCAPADE DANS L’île Kani-Kéli, la perle du sud, sauvage et discrète

38 traditions mahoraises Banga, art de vivre des jeunes Mahorais


Sommaire

50 environnement

Le lagon de Mayotte inscrit un jour au Patrimoine mondial de l’Humanité ?

56 évasion

Juan de Nova, Terre australe et antarctique française

64 REPORTAGE Thaïlande

Les couleurs magiques du Siam

82 INTERNET

5 sites humoristiques

84 LE COIN DU LIBRAIRE Découvrez notre sélection et nos coups de coeur

88 BD

Abass Néka

92 TENDANCE

Le shopping du moment

96 RECETTE MAYOTTE

Ailerons de volaille au gingembre

Actualité, économie Culture, tradition Rencontre, tendance Environnement, voyage Loisirs, jeux

98 JEUX 106 HORAIRES DES MARéES


Au jour le jour Premières assises de l’eau à Mayotte Le service de l’eau est sous la responsabilité des communes qui se chargent de distribuer l’eau potable et d’assainir les eaux usées. Elles se sont regroupées en syndicat intercommunal pour mutualiser leurs moyens. C’est ce syndicat, le Sieam (Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte) qui organisait les 10 et 11 juin les 1ères Assises de l’Eau et de l’Assainissement. L’une des tables rondes de la journée posait la question « Quelles technolo-

gies de traitement des eaux usées adopter pour répondre aux enjeux environnementaux ? »

car sur les 175 stations d’assainissement que compte Mayotte, seules cinq sont en état de fonctionnement.

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Pour assainir l’eau, deux tendances s’opposent : les grosses stations, du type station du Baobab, qui sont utiles pour les principales agglomérations mais qui coûtent cher en construction et en entretien, et les petites, qui prennent davantage de place, donc nécessitent l’achat de foncier toujours difficile à Mayotte, mais qui permettent la mise en place de procédés « bio », souvent moins coûteux de type lagune (procédé biologique utilisant la photosynthèse) ou filtres plantés (un substrat de sable et de graviers où sont plantés des roseaux qui créent un milieu favorable à l’activité biologique). « En réponse à la question de la table ronde je dirais que la meilleure technologie, c’est l’entretien ! » constatait non sans ironie un des

intervenants. En conclusion, une cohabitation entre grandes et petites stations pour lesquelles la configuration du terrain diffère d’une commune à l’autre semble être la carte d’avenir de Mayotte. A. L.

Passeport mobilité : la saison est ouverte Avec l’hiver austral arrive la saison des passeports mobilité : les bacheliers souhaitant poursuivre leurs études en métropole ou dans un autre DOM peuvent prétendre à la prise en charge de leur billet d’avion aller/retour. Pour cela, il faut remplir plusieurs conditions détaillées par Emmanuelle Perros, responsable administrative à LADOM : « Résider avec ses

parents à Mayotte et y avoir accompli les classes de 1ère et terminale. Le lycéen qui part pour la première fois doit fournir ses résultats du bac, l’attestation de pré-inscription 2010-2011 dans son école ou en faculté et la copie du livret de famille » en plus des pièces habituelles. Concernant les demandes de renouvellement 2010-2011, les étudiants doivent fournir les résultats de l’année 2009-2010 ainsi que l’attestation de pré-inscription 2010-2011 afin de compléter leurs dossiers. LADOM a déjà reçu 1 300 demandes concernant les premiers départs. Les bénéficiaires doivent être âgés de 26 ans au plus au 1er octobre 2010, et suivre, y compris par le CNED, des formations de l’enseignement supérieur en métropole, dans un autre DOM ou état membre de l’Union européenne, une filière inexistante ou saturée à Mayotte. Cette année, comme l’année dernière, l’aller Mayotte-Métropole est accordé avec retour « open » c’est-à-dire que l’utilisateur va programmer son retour à la date de son choix, en fonction de ses examens. La date limite de dépôt des dossiers pour la campagne 2010-2011 était le 15 mai 2010, et les prochaines inscriptions pour l’année 2011-2012 commenceront en janvier 2011 sur http://oceane.ladom.fr LADOM : ouvert au public de 8h00 à 12h00 et sur RV les après-midis du lundi au jeudi. Espace Coralium à Kawéni. Tél. : 02 69 61 51 28. passeport-mobilité-mayotte@ladom.fr A.L.



Raid Amazones à Mayotte ! Du 13 au 21 octobre, l’animateur de télévision Alexandre Debanne lance la 9ème édition de son Raid Arbre vert Amazones entièrement dédié aux femmes à Mayotte, destination qui lui a été recommandée par l’ex-préfet Denis Robin. Un clip évocateur est d’ailleurs à découvrir… en plusieurs fois sur le site http://www.raidamazones.com, le bas débit ne permettant pas de faire des folies dans ce domaine.

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Tara au chevet

du massif corallien L’équipe de scientifiques de la mission « Tara Oceans » s’est donnée une mission : connaître les évolutions des écosystèmes. Présents à Mayotte depuis le 25 mai, ils ont commencé à restituer leurs travaux. Avec une certitude selon une des chercheuses : « la mortalité des

Gil Mention, qui établit les programmes pour la société organisatrice ZBO, détaille les trois catégories d’épreuves au programme du raid : « deux épreuves de canoë de 18 à 20 kms, deux

coraux est essentiellement due à l’attaque de la microflore perforante (algue microscopique qui pénètre au cœur du corail) et aux animaux brouteurs comme les oursins et les poissons perroquet. C’est de la bio érosion qui s’explique par l’accroissement de température et l’acidification des océans ». Le corail, déjà blanchi par

course de pneus avait été évoquée lors de la conférence de presse…

« Nous avons eu une première alerte de blanchiment d’octobre 2009 à mars 2010 dans le canal du Mozambique, qui peut s’expliquer par les eaux particulièrement chaudes » retrace

de treks de 15 à 17 kms, une de VTT d’environ 40 kms. Nous proposons également une journée de multi-activité sur l’île avec du tir à l’arc et une course d’orientation nautique ainsi qu’une épreuve surprise dans la semaine ». Une

à l’heure actuelle, une vingtaine d’équipes de trois sportives se sont inscrites, informe ZBO, dont Loéla, le Sieam et Rhum Charrette, partenaires du Raid à Mayotte. Le coût d’inscription de 9 500 € par équipe est élevé, « mais les candidates montent des dossiers pour aller à la chasse aux sponsors et tout est compris (billets d’avion, nourriture, etc.) » explique l’animateur. Les parcours ne seront connus qu’au dernier moment. A. L.

la perte des algues avec lesquelles il vit en symbiose, devient une proie plus facile.

Lionel Bigot, chef scientifique pour les travaux à Mayotte, « mais nous avons remarqué

qu’après une attaque de micro algues, la colonie arrive à se restructurer. Cependant, nous avons constaté dans le lagon un blanchiment de 52% à 70% des coraux en surface, ce qui est considérable ! Les formes de coraux les plus grandes sont plus affectées que les petites, et c’est dans le nord et l’est de Mayotte qu’il y a le plus de dégâts ». D’autres restitutions permettront de mieux cerner un massif corallien qui continue à se dégrader.

A.L.



La Résidence à Kawéni, un état d’esprit Voici un endroit où règne la convivialité et où l’accueil se veut chaleureux. La Résidence existe pourtant depuis 1993. Gilles Biehler et le personnel sont à Mayotte depuis plus de vingt ans. « La Résidence, c’est un état d’esprit » nous dit-il. Après des travaux de rénovation finalisés en mai 2010, la Résidence vous propose désormais quatre chambres climatisées avec salle de bain individuelle, huit studios meublés avec kitchenette. Vous pourrez vous rafraîchir dans la piscine au milieu du jardin tropical ou admirer la vue verdoyante depuis la grande et belle terrasse du bar à l’étage. La grande nouveauté c’est l’arrivée du restaurant « Le Ravinala » au sein de la Résidence. Laurent et son équipe vous accueillent tous les jours midi et soir (sauf le samedi midi et le dimanche). La Résidence, route de la Geôle à Kawéni. Pour plus d’infos, vous pouvez contacter Gilles Biehler au 0639 69 17 86. E-mail : laresidence-mayotte@stoinet.com. Site internet : http://bond-residence.populus.org


LA Caisse d’assurance chômage de Mayotte au service des entreprises

• employeurs

• ALLOCATIONS CHôMAGE • ACCOMPAGNEMENT DES DEMANDEURS D’EMPLOI

Attoumani Abdallah, Directeur de la CACM

Le taux de cotisation est passé à 0,9% pour la part patronale depuis le 1er juillet 2010. La part salariale reste au même taux, à savoir 0,5%. Le taux global de cotisation est de 1,4%.

618 056 € ont été versés en 2009, contre 4 826 € en 2006, année de création de la CACM. Le nombre d’allocations versées en 2009 est passé à 1 245. Afin d’améliorer les prestations mises à disposition des demandeurs d’emploi, la CACM a signé une convention avec :

• le Pôle Emploi • LADOM, organisme géré par le Ministère de l’Outre-mer qui permet aux bénéficiaires de l’allocation chômage de se former en métropole. Les actions de la CACM en faveur de la formation des demandeurs d’emploi ont permis d’atteindre le taux de

reclassement très élevé de 49%.

• DE GRANDES AVANCéES

La CACM travaille de concert avec les ministères concernés

pour que le régime de Solidarité spécifique soit étendu à Mayotte. Lors d’un récent entretien avec le

Ministère de l’Emploi et des Finances, il est ressorti que l’extention à Mayotte d’autres minima sociaux, dont le financement serait assuré par l’état, était à l’étude.

• PETITS déjeuners d’entreprises

Tél

Un projet pour mieux communiquer avec nos affiliés et mieux connaître leurs besoins.

0269 61 95 55 - Fax 0269 61 95 56

Résidence de l’Horloge - 33 lotissement les Hauts Vallons BP 801 - Kawéni 97600 Mamoudzou Accueil du public du lundi au vendredi de 08h00 à 12h30 (Accueil uniquement sur rendez-vous en dehors de ces heures)


Magazine des vacances et des loisirs de Mayotte Le Comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM) recevra début août 20 000 exemplaires du Magazine des vacances et des loisirs. Ce support de promotion touristique de l’île sera en distribution gratuite à Mayotte, notamment au CDTM. En parallèle, 50 000 exemplaires seront diffusés pendant un an en métropole, en particulier lors des salons du tourisme, et 10 000 exemplaires à la Réunion.

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112 pages couleur, de courts articles portant sur de nombreuses thématiques... Le support a été créé sur le concept d’un véritable magazine, contrairement aux éditions des années passées, qui s’apparentaient davantage à des guides-répertoires. Les rubriques « Atterrissage » (informations pratiques), « Survol » (belles photos aériennes), « Trésors exotiques » (excursions terrestres), « Trésors marins » (découverte du lagon) et «Trésors de traditions » (immersion dans la culture mahoraise) sont autant d’invitations à explorer Mayotte, l’île aux trésors...

Raconte-moi... l’Histoire Ce nouvel ouvrage réalisé par le Vice-rectorat est destiné à l’ensemble des élèves des écoles primaires de Mayotte. Manuel d’apprentissage de l’Histoire et livre d’images, son contenu, aux textes choisis et à l’iconographie riche et variée, dont plusieurs pages se réfèrent à Mayotte, est conforme aux programmes nationaux. Au service de la découverte du monde pour les plus jeunes (cycle 2 - CP et CE1) et de l’appropriation de la culture humaniste dans sa perspective historique pour les plus grands (cycle 3 - CE2, CM1 et CM2), cet outil a aussi pour vocation de proposer des textes et autres supports en vue de l’apprentissage de la lecture.

Livre disponible au Centre de documentation pédagogique (CDP), rue du Lycée à Mamoudzou (tél. 02 69 61 22 52) au prix de 7 €.



RENCONTRE

Rédaction : Stéphanie Légeron

Bruno Marie, directeur des éditions du Baobab

© Fofo Forey Fumey

« L’édition, partie intégrante de la culture, n’est pas une préoccupation des pouvoirs publics mahorais. »

Bruno Marie reçoit la visite sur son stand de Marie-Luce Penchard, Ministre de l’Outre-mer, au Salon du Livre de Paris.

Le 30ème Salon du Livre de Paris, vitrine de la production éditoriale française et internationale, s’est déroulé Porte de Versailles du

26 au 31 mars 2010. 190 000 visiteurs ont fait le déplacement.


« Raconter le monde » était le thème retenu pour fêter les 30 ans du principal salon culturel grand public en Europe. 90 auteurs de renom, français et étrangers, ont été conviés à se joindre aux festivités : Paul Auster (états-Unis), Dany Laferrière (Canada), Umberto Eco (Italie), Jean-Marie Blas de Roblès (France), Luis Sepulveda (Chili), ou encore Tarun J. Tejpal (Inde)…

à

quelques mètres du stand de France Télévisions, le Ministère de l’Outremer a rassemblé du 26 au 31 mars dans l’espace « Terres d’Océan » une dizaine d’éditeurs et une centaine d’auteurs ultramarins. Unique représentant de Mayotte présent lors de cet événement exceptionnel, les Éditions du Baobab, dirigées par Bruno Marie, ont disposé d’un stand où la promotion de l’île et des auteurs mahorais était à l’honneur. Rencontre. Mayotte magazine : - Comment l’aventure des éditions du Baobab est-elle née ? Bruno Marie : - Cette aventure est née de la rencontre entre deux passionnés, Jean-Claude Pichard, créateur de la librairie « la Maison des Livres » et moi-même, en 1998. J’ai toujours eu un faible pour les livres, mais ne sais encore aujourd’hui si c’est pour les auteurs que l’on y croise ou pour l’objet livre lui-même, pour ce qu’il représente de « solide » dans une société qui fuit dans le virtuel. Probablement les deux… Jean-Claude Pichard, directeur de la Maison des Livres, et quelques-uns de ses amis ont lancé, dans les années 80, le label « Bwi », plus tard devenu « Éditions du Baobab ». Sous ce label, propriété de la Maison des Livres, quelques titres ont été édités (notamment « Banga Mayotte », un bel ouvrage sur la tradition mahoraise du banga, « Image et magie du lagon », un ouvrage de photographie sous-marines, « à la découverte de Mayotte », l’un des tout

premiers guides touristiques de l’île, et quelques livres de contes mahorais tel « Wano » d’Ousseni Maandhui). Le 1er janvier 1999, le label « Éditions du Baobab » a été intégré à une toute nouvelle structure, l’agence Archipel (édition, communication et distribution). L’idée de base était de créer une maison d’édition à part entière mais nous avons choisi d’élargir le champ d’action de la structure en y intégrant un pôle communication, pôle qui a très vite pris le dessus sur le secteur édition. Je devais, au sein de cette nouvelle entité, avoir la charge du secteur édition (Serge Carpentier, la communication et Jean-Claude Pichard, la distribution) mais me suis retrouvé à gérer, au fil des années, les trois secteurs seul. En 2006, les éditions du Baobab ont été dissociées de l’agence Archipel, agence que nous avons, en 2008, cédée au groupe Luvi Ogilvy.

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M. m. : - Combien d’ouvrages avez-vous édités et comment définissez-vous la ligne éditoriale ?

M. m. : - Si vous deviez sélectionner trois titres des éditions du Baobab, quels seraient-ils ?

B. M. : - Une cinquantaine d’ouvrages composent notre catalogue. En comptant les livres dont les tirages sont épuisés et l’agenda de Mayotte, on arrive à près de 80 titres. Les éditions du Baobab publient de nombreux auteurs, dont les textes et/ou les illustrations portent essentiellement sur Mayotte : guide touristique, agenda, livre jeunesse, polar, roman, essai historique, poésie… Il serait intéressant d’adopter une logique de développement régional, d’ouvrir notre catalogue à des auteurs régionaux, mais la dimension de notre structure ne permet pas de l’envisager pour le moment. Il nous faudrait pour cela développer un réseau de distribution à plus grande échelle, notamment dans les territoires voisins, mais le manque d’intérêt du public envers Mayotte, qui demeure encore assez méconnue, et envers sa littérature, ajouté aux coûts de diffusion, qui restent élevés pour les « petits » éditeurs, ne le permettent pas. Ainsi, 90% des ventes se font à Mayotte. Nos tirages se situent entre 2 000 et 5 000 exemplaires, ce qui est assez élevé par rapport à la moyenne nationale, de 1 500 exemplaires.

B. M. : - Je choisirais d’abord deux des nombreux agendas que nous avons réalisés (et parce que je n’ai droit qu’à trois titres…). L’agenda 2008, édité pour le compte du Conseil général de Mayotte, qui rend hommage aux femmes mahoraises et l’agenda historique édité en 2003, ayant fait l’objet d’une nouvelle édition enrichie en 2009. L’incroyable travail de recherche documentaire et iconographique réalisé par JeanFrançois Hory sur ces projets mériterait que ces agendas soient déclinés en beaux livres, qu’un espace plus large soit ouvert à l’expression des passions qu’il entretient pour cette île singulière qu’est Mayotte. Choix étonnant quand on sait que la réalisation d’un agenda consiste principalement à produire des pages blanches et à frustrer les auteurs, tenus de limiter leurs élans, à un espace d’expression bien réduit (c’est la contrainte du genre) – ajoutons à cela que l’agenda de Mayotte, qui reste chaque année l’ouvrage le plus attendu, n’est qu’accessoirement considéré comme livre en tant que tel. Ensuite, « La Course de Pneus » de Jack Passe. Ce beau livre retrace le parcours historique de la fameuse Course de pneus créée il y a 25 ans par Jack Passe. Claude Sérillon, que j’ai rencontré au Salon du Livre de Paris et à qui j’ai offert ce livre, a trouvé la Course de pneus si intéressante et insolite qu’il a présenté cet ouvrage dans l’émission Vivement Dimanche le 13 juin sur France 2. Une belle carte de visite pour les éditions du Baobab ! Je l’en remercie chaleureusement.

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M. m. : - Votre participation au 30ème Salon du Livre de Paris s’est-elle bien déroulée ? Bruno Marie en compagnie de Claude Sérillon, qui a sélectionné le livre « La Course de Pneus » dans sa chronique de Vivement Dimanche, diffusée le 13 juin.

B. M. : - Le Salon du Livre facilite les contacts avec les éditeurs ultramarins et nationaux et plus largement avec les professionnels du livre. Les


retours ne se mesurent pas en terme commerciaux, mais sur le plan relationnel et de la représentation : il s’agit de représenter Mayotte. Mais nous ne pouvons, faute de moyens et sans aide aucune des pouvoirs publics, - qui ne semblent pas mesurer, encore moins comprendre, l’importance d’un tel salon, sinon la chance de disposer d’un éditeur local - assurer la présence, pour des dédicaces ou conférences, de nos auteurs sur ce salon, démarche qui nous est pourtant demandée chaque année par le Ministère de l’Outre-mer et qui permettrait de mettre un peu plus en avant les richesses de la culture mahoraise. Les autres îles et territoires d’Outre-mer l’ont bien compris, comme le traduisait la présence de nombreux représentants et auteurs sur les stands de leurs maisons d’éditions respectives (pour lesquelles une vraie synergie éditeur / pouvoirs publics existe). J’étais donc malheureusement bien seul ou presque (Jean-François Hory, Mansour Kamardine et Henri Jean-Baptiste on pris la peine de nous rendre visite et nous soutenir). Aucun élu mahorais en activité, pas même un journaliste (en dehors de Mayotte mag)… Au 30ème Salon du Livre, qui a accueilli 190 000 visiteurs !

rectorat, les Affaires culturelles de la Préfecture ou du Conseil général, la BDP, les Archives départementales. Chacun travaille dans son coin. Car il n’y a pas de volonté politique de promouvoir l’édition.

Jean-François Hory, Mansour Kamardine et sa fille se sont rendus au Salon du Livre...

M. m. : - Ces absences révèlent-elles le manque d’intérêt de Mayotte à l’égard de l’édition ? B. M. : - Disons-le clairement. Le monde du livre et de l’édition n’est pas reconnu à Mayotte. Les pouvoirs publics ont bien sûr d’autres préoccupations, mais ils pourraient accorder plus de crédit à la littérature mahoraise ou à la sauvegarde de la tradition orale (autant qu’à la musique), qui font partie intégrante de la culture. Ils s’en désintéressent. La dynamique autour du livre à Mayotte est inexistante ! C’est dommage, car je reçois environ 10 manuscrits par mois, que je ne peux pas éditer faute de moyens. Dans les autres territoires ou départements d’Outre-mer, le soutien à l’édition repose sur un partenariat et des synergies entre différents intervenants publics et privés. À Mayotte il n’y a pas de lien entre les éditeurs privés, le Vice-

... ainsi qu’Henry Jean-Baptiste, député de Mayotte élu en 1986, 1988, 1993 et 1997 (jusqu’au 18 juin 2002).


M. m. : - Que pensez-vous du développement du livre numérique ?

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B. M. : - Il est inévitable. Quand on observe l’engouement pour les Smartphones ou autres tablettes « à tout faire », dans lesquelles des bibliothèques entières pourraient entrer, on voit bien qu’on n’échappera pas à cette tendance. Tout comme on est passé du disque vinyl au téléchargement de mp3. Lire sur une tablette est une autre démarche. Certaines maisons d’édition commencent à s’intéresser aux supports numériques, d’autres les boudent carrément (certains grands éditeurs ont d’ailleurs boycotté le Salon du Livre cette année pour manifester leur mécontentement face à l’imposante place qui était faite, sur le salon, au livre numérique). Je ferai probablement un essai prochainement avec l’un de nos ouvrages, je ne sais encore lequel... C’est un marché qu’il ne faut pas négliger. M. m. : - Comment envisagez-vous l’avenir de l’édition à Mayotte ? B. M. : - Les Mahorais lisent de plus en plus, passant progressivement de la tradition orale à l’écrit ; ne serait-ce que parce qu’à l’école on travaille

avec des livres. L’édition a de beaux jours devant elle. Mais en l’absence de partenariats avec les institutions, de nombreux projets resteront dans les cartons. Une seule personne ne peut tout faire. La mise en place d’un travail collectif dans le domaine de l’édition, appuyé par le Conseil général, et/ou le service culturel de la Préfecture est indispensable. Elle serait bénéfique : aux auteurs, aux éditeurs, aux lecteurs, mais aussi aux pouvoirs publics et aux élus eux-mêmes qui, grâce à des ouvrages de qualité contribueraient à une meilleure valorisation de l’île lors de leurs nombreuses missions extérieures. Aujourd’hui, les élus se déplacent avec des brochures ou de simples dépliants. L’image de Mayotte véhiculée de cette manière est regrettable. Au-delà des enjeux culturels et politiques évidents qui entourent le livre, celui-ci joue également un rôle social majeur en tant qu’outil irremplaçable, et pérenne, de la maîtrise du français et de la lutte contre l’illettrisme. Le livre est un élément de la promotion de Mayotte et de la langue française que les pouvoirs publics mahorais devraient rapidement considérer à sa juste valeur.

Propos recueillis par Stéphanie Légeron Plus d’infos : www.editionsdubaobab.com editionsdubaobab@wanadoo.fr



économie

Rédaction : Juliette Camuzard

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à Quand la sortie de crise ?


Depuis 2009, l’activité économique de l’île est en baisse et les chefs

d’entreprises ne voient pas la reprise poindre à l’horizon.

Un manque de dynamisme qui s’explique notamment par les difficultés financières des collectivités locales qui paralysent une partie de l’économie.

Les secteurs les plus touchés : le commerce et le bâtiment.

D

étérioration du marché de l’emploi, baisse des exportations de produits propres, faible consommation des ménages, recul de l’activité et de l’investissement des entreprises, tassement de la progression de l’épargne collectée et des crédits…

Tous les indicateurs économiques ou presque sont au plus bas. Une tendance négative confirmée par le dernier bulletin trimestriel de l’Iedom. « L’indicateur du climat des affaires se situe à un niveau historiquement bas », indique-t-il. « Cette détérioration s’explique par les

anticipations pessimistes pour les prochains mois, à l’exception des prévisions d’investissements moins déprimées mais qui traduisent plus des renouvellements de matériel que des extensions d’activité ».

Seule lueur d’espoir : la consommation des ménages est en hausse. Les importations de produits alimentaires progressent de 10% au premier trimestre 2010, tandis que celles de textiles et de biens d’équipement augmentent respectivement de 39 et 31%. Le secteur automobile lui aussi affiche une légère reprise (+9% des ventes de véhicules neufs). Néanmoins, un chiffre à prendre avec prudence puisque les ventes avaient reculé de 33% en 2009. « Tous les secteurs de l’économie sont en berne

pour trois raisons. La baisse de la commande publique, les retards de paiement de la collectivité et la frilosité des banques à prêter de l’argent », explique Madi Abdou N’tro, président de la Jeune chambre économique de Mayotte. « Depuis deux ans, les banques sont de plus en

plus réticentes à l’emprunt et à l’autorisation

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de découvert. » Du coup, la capacité de trésorerie des entreprises locales est fortement diminuée. « Les banques ne font plus confiance aux entreprises parce qu’elles craignent que celles-ci ne soient pas payées par la collectivité »,

explique Sanya Youssouf, vice-présidente de la Confédération générale des PME. Pour cette raison, Bastoi Said, patron d’une société de fournitures de bureau, a choisi de faire fonctionner son commerce sans l’appui des banques, « incapables, dit-il, de lui prêter de l’argent ». « La collectivité a un an de retard et elle me doit 70 000 euros », enrage-t-il. « Je dois me

débrouiller directement avec mes fournisseurs car ce n’est pas la banque qui va me donner l’argent pour les payer en attendant que la collectivité me rembourse ce qu’elle me doit ! ».

Les délais de paiements gèlent les investissements Mais si l’économie mahoraise est en peine, c’est en grande partie à cause du contexte local et notamment la situation financière de la collec-

tivité. « Elle présente un déficit budgétaire chronique sur plusieurs années d’exercice. Et des arriérés de paiement datant de 2002 ! », peste Madi Abdou N’tro. Problème : « les communes ne réduisent pas leurs charges de fonctionnement (véhicules, salaires, etc.). Par conséquent, l’argent manque pour les investissements alors que ce sont eux qui font vivre les petites entreprises et les artisans ». Même les

moteurs de l’activité économique privée de l’île, les secteurs du commerce et de la construction, sont en difficulté. La crise entamée en 2009, année au cours de laquelle « le secteur du commerce est resté atone » dixit le rapport 2009 de l’IEDOM, s’est poursuivie en 2010. Informatique, vêtements, services, automobile… Aucune branche n’échappe à la crise.

Les commerçants interrogés se plaignent tous d’un chiffre d’affaires en baisse constante. « Les gens regardent plus à la dépense », explique par exemple Laurent Dily, à la tête d’un magasin d’informatique. « à Jumbo, on voit bien

les effets de la crise. La galerie commerciale est beaucoup moins fréquentée », observe de son

côté la patronne d’un magasin de vêtements. «

L’année 2010 est très difficile. Mes ventes ont


chuté de 50 à 70% », se désole une commerçante du centre-ville de Mamoudzou, qui a dû se séparer d’une partie de ses employées. La grande distribution n’est pas épargnée. D’ailleurs son activité est moins dynamique alors que la conjoncture était très favorable depuis 2005. « On ne peut pas parler de volume de baisse, mais les progressions que nous constations jusqu’alors ne sont plus d’actualité. Et ce malgré la baisse des prix liée à la deman-

de forte de la Préfecture pour faire gagner du pouvoir d’achat (environ 2% sur la totalité des produits de 2009 à 2010) », indique Alexandre

Charalambakis, directeur de Sodifram.

Le moral des commerçants au plus bas Mais ce sont les petits commerces (90% des entreprises de Mayotte ont moins de 5 salariés) qui pâtissent le plus de la crise. Eux aussi voient leur chiffre d’affaires baisser continuellement.

« Les petits commerçants subissent de plein fouet l’application du Code de la consommation à Mayotte (qui impose notamment des critères de transparence, de traçabilité et de sécurité pour le consommateur, ndlr). Ils vont devoir se conformer à certaines règles alors

qu’ils vont chercher leurs produits en Chine ou à Dubaï », analyse Ibrahim Ali Maskati, élu du petit commerce à la CCI. « Beaucoup d’articles sont contrefaits ou ne sont pas conformes aux normes européennes. Ils ne sont donc pas autorisés à la vente ». Du côté du marché de Mamoudzou, le moral est aussi bas. « Mes ventes se sont effondrées », témoigne Hassani, son carnet de comptes à la main. « J’ai même dû diminuer mes prix.

Avant, je pouvais faire 100 ou 150 euros par jour. Aujourd’hui, je ne fais plus que 10 ou 15 euros. Ce mois-ci, je n’ai même pas gagné 100 euros ! » Quand on parcourt les allées du mar-

ché de Mamoudzou, les témoignages des commerçants se ressemblent tous : les ventes n’ont jamais été aussi faibles. « Ça fait deux jours que je n’ai rien vendu », se désole ce vendeur de vêtements. « La semaine dernière, j’ai gagné 15 euros ! ». « L’activité commerciale est toujours déprimée, confirme la dernière enquête de conjoncture économique de l’Iedom. Les délais de paiement gèlent les investissements et les chefs d’entreprises font état d’une réduction significative des effectifs. » Quant au secteur du bâtiment, le bilan n’est pas réjouissant, alors que la construction constitue pourtant un secteur stratégique. La croissance démographique génère en effet des besoins significatifs en logements et infrastructures.

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Les carnets de commandes sont vides

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« Nous sommes complètement dépendants de la commande publique », détaille un petit entrepreneur tout en se plaignant d’avoir dû licencier une partie de son personnel devant le manque de marchés. Et à ce compte-là, petites et grosses entreprises sont dans le même bateau. « Dépendantes du marché, les gros-

sagent pas une accélération du renouvellement des carnets de commandes d’ici fin 2010.

à cela s’ajoutent de graves difficultés de trésorerie. Les délais de paiement élevés constituent une difficulté supplémentaire pour les entreprises dont beaucoup dépendent des collectivités locales et des administrations publiques. Conséquence directe : les entrepreneurs ne veulent pas investir dans les mois prochains. « La collectivité me doit plus de 200.000 euros,

enrage un chef d’entreprise. Comment voulezvous que je fasse des projets dans ces conditions ? Je n’ai aucune visibilité sur l’avenir ».

ses entreprises ont dû stopper les CDD et les contrats de chantier à cause du manque de lisibilité dans la commande. Cette année, aucun chantier n’est garanti, à part le terrassement du lycée de Dembéni », constate Ali Soufou, dé-

« Les déficits budgétaires successifs, mais éga-

Les professionnels sont inquiets des retards pris par les chantiers d’envergure tels qu’ils avaient été prévus dans le contrat de projet état-Mayotte 2008-2014 (infrastructures aéroportuaires notamment dont une piste longue permettant la liaison directe entre Mayotte et la métropole et une nouvelle aérogare). Et n’envi-

port 2010 de l’Iedom.

légué général de la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP).

lement le décalage entre le paiement des dépenses d’investissement et l’encaissement des financements externes (subventions, fonds intercommunal de péréquation), ont généré une forte tension sur la trésorerie des communes de Mayotte, qui connaissent des difficultés récurrentes de plus en plus prononcées. La dette totale des communes s’élevait à 25 millions d’euros au 31 décembre 2009 », souligne le rap-



L’avenir encore incertain « En réalité, les entreprises jouent le rôle de

banquiers de la collectivité. Elle paie avec beaucoup de retard, mais nous, nous devons payer les fournisseurs et les salariés à temps »,

poursuit Ali Soufou, délégué général de la FMBTP. Il ajoute être pessimiste sur l’avenir. « Je

ne veux pas qu’on nous dise de ne plus nous inquiéter, ça fait trois ans qu’on nous serine ça, mais ça s’est empiré chaque année. » En lien avec l’essoufflement du secteur du BTP en 2009, les importations de matériaux de construction (ciment, métaux et ouvrages en métaux) ont elles aussi diminué. à titre d’exemple, « les importations de ciment restent

à un niveau inférieur de 30% à celui de mars 2009 », souligne le dernier bulletin trimestriel

de conjoncture de l’Iedom.

à quand la fin de la crise ? Impossible de faire de telles prévisions. Mais les carnets de commandes étant au plus bas, les professionnels n’envisagent pas d’investir ni de recruter dans

les prochains mois. Et n’entrevoient pas de début de reprise avant la fin de l’année 2010. Globalement, les acteurs de la vie économique mahoraise ne sont pas optimistes, qu’il s’agisse de l’activité, de la trésorerie, des prévisions d’investissements et d’effectifs des entreprises. D’autant que ce repli de l’activité risque de se répercuter sur les chiffres de l’emploi. D’ailleurs, 1 200 créations d’emplois sont prévues en 2010 contre 3 088 en 2009.

Juliette Camuzard

Nous remercions l’Iedom pour la fourniture des graphiques de cet article, issus de l’édition 2010 du Rapport annuel de Mayotte.


PUBLI-COMMUNIQUé

Le Port de Longoni ouvre ses portes à l’Outre-mer. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte accueille pour la première fois du 29 au 30 juillet 2010 la Commission des ports de l’Outre-mer (CPOM), instance de l’Union des Ports de France (UPF).

L’UPF (statut, composition, rôle et missions) L’Union des ports de France est une association regroupant les établissements gestionnaires de ports maritimes de commerce et de pêche en Métropole et dans les départements et territoires d’Outre-mer. Composée d’une cinquantaine d’établissement, la Fédération professionnelle des ports de France comprend : les grands ports maritimes, les ports autonomes maritimes et fluviaux, les chambres de commerce et d’industrie concessionnaires de ports maritimes, des sociétés d’économie mixte (SEM) ou sociétés anonymes d’économie mixte locales (SAEML) concessionnaires de ports de pêche ou gestionnaires de criées. Elle a pour mission de défendre les intérêts communs de ses membres et se donne pour objectif d’étudier toutes les questions relatives aux ports, au transport maritime, à la pêche maritime et, plus généralement, aux responsabilités qu’assument ses membres dans l’économie locale, régionale, nationale et européenne.

Interlocuteur reconnu de l’état et membre de l’Association pour le Développement des Ports Français (ADPF), l’Union est également l’interlocutrice des partenaires sociaux pour la gestion de la convention collective et la négociation des accords de branche : salaire, prévoyance, retraites....

La CPOM (Qui, Quand, Quoi ?) Composée des Présidents des CCI de Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte et des Ports de Guadeloupe, de Nouméa et Papeete, la CPOM se réunit tous les ans pour traiter des questions intéressant plus spécifiquement l’outre-mer tel que la politique de l’état outre-mer, la politique européenne vis à vis des zones ultramarines... Cette année à Mayotte, dans l’ordre du jour de la Réunion Annuelle de la CPOM, plusieurs sujets seront abordés tels que : • l’évolution du trafic et la concurrence des ports étrangers ; • les taux des prélèvements douaniers et les droits de port outre-mer ; • l’impact de l’agrandissement du canal de Panama sur les trafics portuaires ; • l’actualité sur la convention collective nationale unifiée et la pénibilité... Autant de sujets auxquels la CCI de Mayotte, en tant que Concessionnaire de l’Outillage Public et membre de l’UPF prendra part lors de ces échanges. Pour plus d’infos sur l’UPF rendez-vous sur le site de l’UPF : www.port.fr

Pour plus de renseignements sur la CPOM à Mayotte, contacter Mlle Zakya Chadouli : zchadouli@cci-mayotte.com

CCIM - Place Mariage BP 635 97600 Mamoudzou - MAYOTTE - Tél. 0269 61 04 26

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Escapade dans l’île

Plage de N’gouja.


Kani-Kéli

Rédaction : Juliette Camuzard Photos : Stéphanie Légeron (sauf ©)

La perle du sud, sauvage et discrète

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C

Du haut de ses 594 mètres, le cône du Choungui domine fièrement. Où que l’on aille dans la commune, il est là, immuable. Au-delà

’est au milieu du XIXème siècle que le village de Kani-Kéli voit le jour, lorsque Abal Mantzingui, né à Madagascar et d’abord installé à M’ronabéja, émigre à KaniKéli. à l’époque, le village n’est occupé que par quelques mabanga et des champs. Il s’étend ensuite le long de la mangrove vers KaniBé. Aujourd’hui encore, on y parle en majorité le shibushi (dialecte malgache). Et les liens avec Madagascar restent forts. Si Kani-Bé signifie « grand Kani » et Kani-Kéli « petit Kani », c’est le second qui a finalement pris le pas sur son frère, dont la création est pourtant antérieure. Quant à l’origine du nom « Kani », elle viendrait de la canne à sucre autrefois produite ici (« kani » veut dire « canne »). Kani-Kéli, c’est aussi la ville d’origine de l’actuel président du Conseil général… et du premier président Youssouna Bamana, resté 18 ans à la tête de l’institution (de 1977 à 2004).

de cette montagne atypique,

Kani-Kéli

offre une côte

accidentée d’une grande beauté.

Sauvage, préservée, elle recèle une panoplie de secrets

encore bien gardés.

Des maisons bleues adossées à la colline… Dès l’entrée dans le village, elles attirent le regard, ces maisons bleues, adossées à la colline. Un quartier de cases SIM toutes bleues situées à flanc de pente. « Ces maisons sont atypi-

ques parce qu’elles sont adaptées à la situation du terrain. On a voulu les harmoniser, d’où le choix d’une couleur unique. Les habitants ont choisi le bleu, parfaitement assorti au ciel… »,

© Juliette Camuzard

témoigne Soulaïmana El-Sadate, premier adjoint au maire chargé de l’aménagement.

Avec ses 4 329 habitants, Kani-Kéli est la plus petite commune de Mayotte. Située sur la côte sud de l’île, elle reste enclavée compte tenu du réseau routier minimum et de la présence de massifs montagneux qui l’entourent. Mais cet isolement n’est pas sans déplaire à ses habitants. à l’image d’Ahmed Bouana. Du haut de ses 80 ans, il a passé toute sa vie à Kani-Kéli.


En arrière-plan, le village de Kani-Bé.

« Ici, c’est très calme, on est en face de la mer, on est tranquille », raconte le vieil homme qui ne dit aller à Mamoudzou que quand il ne peut faire autrement. Même sentiment chez Fatima Saindou, adjointe au maire chargée du tourisme et de l’environnement. « C’est la commune la

moins peuplée de l’île, donc c’est très reposant. Il fait bon y vivre. » Mais progressivement,

elle se dépeuple. Les secteurs de la pêche et de l’agriculture encore dominants à la fin des années 1990, sont délaissés pour le tertiaire, provoquant l’émigration des habitants vers Mamoudzou. Ainsi en 2002, le secteur agricole ne représentait plus que 3,8% des actifs contre 42% en 1997. « Depuis une dizaine d’années,

il y a une forte diminution du nombre de pêcheurs », note Shaduli Abdou, vice-président de la Covipem (Comité villageois des pêcheurs et des éleveurs mahorais). « Aujourd’hui, ils ne pêchent plus que le week-end. » La municipalité tente donc de relancer l’économie locale. « Nous avons prévu de construire

une nouvelle coopérative de pêche pour soutenir le secteur. Et de bâtir un ponton de plusieurs centaines de mètres permettant de faciliter l’accès à la mer à marée basse », explique

Soulaïmana El-Sadate. Les travaux devraient commencer dès cette année. Autre projet dans les cartons : créer un marché dans le centre de Kani-Kéli. La mairie espère mettre en marche les travaux au plus tard en 2011.

Un potentiel touristique à développer L’extraordinaire potentiel touristique de ce territoire est encore sous-exploité. Dommage, car la côte est magnifique. Coincée entre le majestueux et non moins impressionnant Choungui et la mer, la commune de Kani-Kéli se dévoile sur des kilomètres de côtes escarpées bordées de baobabs. On découvre successivement les villages de Kani-Bé, M’ronabéja, Passi-Kéli et M’bouini. La route est parsemée de quelques farés offrant, de caps en vallées, de superbes points de vue sur le lagon et les baies (plus visibles en saison sèche, sinon cachés par la végétation). Des paysages incitant à la rêverie.

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La municipalité compte d’ailleurs sur le tourisme pour rendre la commune plus attractive. Et dans ce domaine, les idées fourmillent. « En partenariat avec le Conseil général, nous avons

un projet d’aménagement des plages, à commencer par celle de M’ronabéja », explique

Fatima Saindou. Effectivement, N’gouja mise à part, aucune des plages de la commune n’est aménagée. C’est aussi ce qui fait leur charme. On apprécierait la présence de quelques panneaux indicateurs, mais l’aspect sauvage des plages est très séduisant (lire encadré). Kani-Kéli se développe sur le plan touristique puisque trois établissements proposant restauration et chambres d’hôtes ont vu le jour au cours de la seule année 2010. Sans compter le projet de village-vacances à Choungui, qui piétine, mais que les élus ne désespèrent pas de voir se concrétiser d’ici quelques années. Enfin, la mairie aimerait profiter des richesses naturelles de la baie de Kani pour créer une sorte de musée de la mangrove avec un parcours de découverte. Il n’en est encore qu’à ses tout débuts, exigeant des études approfondies de la DAF.

Chemins de randonnée en projet de balisage Entre le Choungui et la proximité de la mer, les opportunités de découvrir la région à pied ne manquent pas. Pourtant, les sentiers de randonnée sont encore méconnus. « On travaille

actuellement à une sorte de balisage, avec la mise en place de panneaux indicateurs », ex-

plique Fatima Saindou de la mairie. Un projet en partenariat avec l’association les Naturalistes, sollicitée pour installer des poteaux de départ sur les chemins qui partent de la commune. Objectif : valoriser le développement touristique en indiquant le nom des circuits de randonnée et les distances à parcourir. Une riche idée car le territoire souffrait jusqu’alors d’un réel manque de panneaux indicateurs. Impossible pour le touriste de passage ou le randonneur du dimanche de s’y retrouver seul. L’entretien des chemins devrait être effectué par la commune et des associations locales.



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L’occasion, entre autres, de découvrir les trois massifs qui bordent Kani-Kéli : le Mlima Choungui (594 m), le Vatounkaridi (377 m) et le Mlima Djialimou (264 m). Une dizaine de circuits devraient ainsi être balisés, parmi lesquels une boucle partant de M’ronabéja, et qui passe par Andambé. Elle offre une jolie vue sur la baie de Kani-Kéli et est riche d’enseignements sur l’histoire et l’économie de ce village. Il y a aussi le tour du mont Choungui pour ceux qui hésitent à franchir son sommet.

Un autre vous propose de découvrir le Bwe Foro, après le village de Kani-Bé sur la route de M’ronabéja, un lieu sacré habité par des djinns qui conserve encore aujourd’hui des traces de culte des habitants aux Marumbas (esprits d’anciens rois malgaches). La légende remonte à l’époque des invasions malgaches de la fin du XVIIIème au début du XIXème siècle, alors que les habitants de Mayotte étaient assaillis par les pillards. Elle raconte que lors d’une razzia, le chef du village a eu l’idée de relier ce rocher à des boutres avec des cordes pour déplacer l’île. Cette tentative est bien évidemment restée infructueuse. Depuis cette époque, le lieu s’appelle Bwe Foro, littéralement « pierre au trou ». D’autres lieux sacrés (ziaras) comme la Bwe La Yezi (pierre au pouvoir) où les villageois font des offrandes aux djinns ou celle de Vatounkaridi (rocher du chat sauvage) peuvent être découverts au détour de ces sentiers. La marche à pied est certainement l’un des meilleurs moyens pour découvrir les richesses de KaniKéli et dénicher ses petits coins de paradis les mieux cachés.


Côté plages, Kani-Kéli recèle quelques trésors cachés qui ne se dévoilent qu’avec un peu de ténacité. Si la mairie espère rapidement remédier à ce manque d’indication, on se dit que finalement ce n’est pas plus mal que ces plages restent secrètes. Cela rend d’autant plus agréable leur découverte. Passi-Bé (M’bouini), Charifou (Dapani), M’titi (Bandrakouni), Tchapou (Kani-Kéli)… L’accès à ces plages réclame de la marche à pied, mais quel bonheur de se retrouver dans un lieu sauvage et isolé. Une fois sur le sable, cette sensation d’être seul au monde vous envahit. Leur point commun : ce sont presque toutes des plages de sable noir bordées de baobabs et où la nature est reine. Si vraiment vous tenez au sable blanc, il y a tout de même la magnifique plage de M’tsanga Tchapou, à la sortie de Kani-Kéli, vers l’ouest. Si elle se voit très nettement depuis Kani-Be, plus difficile de repérer son chemin d’accès une fois sur la bonne portion de route, mais patience. La solution se trouve au détour d’un manguier…

© Juliette Camuzard

Les plages secrètes de Kani


Une troupe de théâtre réputée Deux MJC (à Kani-Kéli et Kani-Bé), un projet de maison des associations à M’bouini… La commune est dynamique sur le plan associatif et notamment culturel. à l’image du succès rencontré par les Enfants de Mabawa, une association qui permet aux jeunes de la commune de pratiquer théâtre, chants et danse traditionnelle. « On fait des tournées dans l’île

et dans tout l’océan Indien (Madagascar, les Seychelles, la Réunion) », raconte avec fierté Anli Darouech, secrétaire de l’association.

« L’an dernier, on a même été sélectionné à la

Réunion par un jury de professionnels pour participer à un festival en métropole ». La

troupe assoit sa renommée. Lors de ses tournées à Mayotte, ce sont à chaque fois pas moins de 200 personnes qui font le déplacement. La trentaine d’enfants travaille sans relâche les week-ends et presque tous les jours des vacances scolaires pour répéter. Une activité qui leur est bénéfique. « La scène leur donne

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confiance et de l’aisance à l’oral. La pratique du théâtre facilite leur concentration et leur réussite scolaire », explique le dynamique secrétaire. D’autant que les thématiques des pièces (écrites par un professeur local) sont en adéquation avec les grands problèmes de société.

L’an dernier, par exemple, la troupe a présenté « Wanaïssas », une pièce sur la colère des esprits de la mangrove à cause de la pollution. La pièce jouée cette année, « La nuit de la longue traversée », évoque quant à elle l’immigration clandestine. Elle sera jouée à la Réunion du 19 au 24 juillet mais la troupe devrait aussi se produire à Mayotte au cours de l’été. L’association, décidément très active, a même décidé de mettre sur pied le premier festival entièrement consacré au théâtre à Mayotte en mai 2011. Itinérant sur plusieurs jours, il partirait bien sûr de Kani-Kéli.

Objectif : faire venir des troupes de tout l’océan Indien pour faire découvrir cet art au plus grand nombre. Dernier projet du président Bassoiri Soulaïmana, certainement le plus fou de tous : se produire à Avignon en juillet 2011. Ce n’est pour le moment qu’un rêve, mais l’association se démène pour trouver les financements et la salle pour se produire là-bas. Et y croit dur comme fer.

Juliette Camuzard Association Enfants de Mabawa Bassoiri Soulaïmana : 06 39 29 06 99 enfantsdemabawa@hotmail.fr



Traditions mahoraises

BANGA

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RĂŠdaction et photos : Bruno de Villeneuve

Art de vivre des jeunes


S

’il y a un mot qui symbolise à lui seul le patrimoine culturel de Mayotte, c’est bien celui du banga ! Cette petite case est un véritable cocon pour de futurs hommes, un lieu de métamorphose, de l’enfant naïf et célibataire à l’homme marié, au statut différent, ayant accompli avec succès, son passage vers une autre classe d’âge. Le terme de banga désigne plus généralement une petite case, d’une seule pièce. Il y a donc plusieurs types de banga, notamment dans le shandza, la cour principale dans laquelle les différents espaces de vies sont présents, comme la cuisine (banga lao pishia). Mais c’est dans le cadre de la case utilisée par les jeunes hommes que le banga est le plus connu, même si le terme est souvent utilisé par la presse pour désigner toute case en tôle abritant des clandestins ou des familles, créant parfois une confusion de sens. Le banga de jeune est, pour tout adolescent,

pubère et célibataire, un rite ancestral de passage de l’enfance à l’âge adulte. Lorsque l’enfant grandit et devient pubère, il est soit « chassé » de la maison pour créer son banga, soit il décide d’en faire un lui-même, sans le demander à ses parents, pour le plaisir d’être indépendant.

La construction La première question qu’il faut se poser, naturellement, c’est où construire ? Généralement, sur un terrain appartenant aux parents ou à la famille. Mais comme un banga ne comporte ni cuisine ni salle d’eau, quelle distance est-on prêt à parcourir pour effectuer les tâches quotidiennes ? Par nature, le jeune reste dépendant de ses parents. Il peut certes consommer chez lui des plats préparés par sa mère, ramenés du foyer principal ou achetés dans le commerce,

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Sur l’ossature en bois du banga, le torchis est déposé entre les bambous pour réaliser les murs. (Poroani)


mais ne peut pas cuisiner sur place. De même, il doit rentrer chez ses parents pour pouvoir se laver. Le banga sera-t-il construit dans l’enclos familial ou à l’extérieur ? Si c’est dans l’enclos, la proximité des parents apporte toute la facilité des tâches quotidiennes, mais l’indépendance ne sera pas totale, avec notamment une vue sur les petites copines et copains que l’on peut inviter. Les jeunes construisent donc près des parents lorsque le choix ne se pose pas. Vers 10 ans, il est préférable de rester près de maman, mais à 16 ans, mieux vaut s’en éloigner un peu !

Un banga dit « traditionnel » est une case réalisée avec des matières naturelles comme la paille, le bambou, les palmes de coco, la terre et l’eau. Il n’a aucune vocation à durer des années puisqu’il représente un passage, une transition temporelle. Un jeune peut donc réaliser plusieurs mabanga (pluriel de banga) au cours de son adolescence et de sa jeunesse. Cependant,

un banga construit solidement peut durer plus de vingt ans ! Le plus souvent, il ne sert pas qu’à un jeune homme, mais aussi à son petit frère, cousin ou ami par la suite.

Il faut tout d’abord un terrain. De nos jours, cette question pose quelques problèmes, créant avec d’autres points, la disparition progressive des mabanga…. Le terrain peut être clôturé ou bien ouvert, mais doit être aplani. Si le site est en pente ou cabossé, un terrassement en pierre est réalisé, ce qui rend l’effort plus intense. La terre est brossée et nettoyée à l’aide d’un balai de paille et l’armature est généralement fabriquée en bambou ou à partir de branches droites, solides et sèches. L’adolescent pétrit alors de ses mains son futur cocon de métamorphose. Sans cuisine ni douche, il demeure dépendant de ses parents, mais développe son autonomie et le sens des

Pour faire un bon torchis, il faut mélanger de la terre, de l’eau et de la paille. (Hamjago)


Les différents types de mabanga

Construire un banga traditionnel nécessite l’aide d’amis. C’est la musada ou « entraide ». (M’tsamboro)

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responsabilités, grâce à la liberté qui lui est accordée. C’est également lorsque la famille est composée de garçons et de filles que le banga a son importance. Car à la puberté, la cohabitation entre la mère, les sœurs et le garçon n’est plus souhaitable. Il faut éviter toute pulsion, notamment l’inceste entre frères et sœurs. C’est pourquoi il est bon d’éloigner le jeune homme avant son mariage pour qu’il se forge sa propre identité, sans commettre l’irréparable. En partant à la campagne chercher le bois, le bambou et la paille, le chantier peut alors commencer, généralement pendant les vacances scolaires. Cette étape peut être exécutée seul, mais nécessite le plus souvent de l’aide. Le jeune invite donc ses frères ou cousins, ses amis et camarades pour cette réalisation lors d’une grande musada qui pourra se renouveler au cours de l’avancement des travaux. Les dimensions d’un banga, de par les limites de solidité des bambous et par l’essence même du banga, sont limitées. Ainsi, il se résume le plus fréquemment à une pièce de 6 à 20 m².

Le plus courant et traditionnel est le banga en torchis avec une toiture en coco tressée. Mais selon l’imagination des jeunes, certains n’hésitent pas à faire évoluer ce modèle vers d’autres types de mabanga. Quoi qu’il en soit, l’évolution du banga ne se traduit pas de la même manière, que l’on soit en ville ou en brousse. En effet, en ville, les terrains sont de plus en plus difficiles à trouver et ceux disponibles servent en priorité à la construction de maisons en dur. En milieu urbanisé, les mabanga traditionnels ont donc totalement disparus. C’est le cas à Mamoudzou, Dzaoudzi, Pamandzi, Labattoir, Koungou et quelques villages importants comme Sada, Chirongui et d’autres. Mais à y regarder de plus près, le banga existe toujours. Il s’est adapté à son environnement, se caractérise le plus souvent par la tôle ondulée ou se cache dernière les clôtures. En ville, il se construit même parfois sur le toit en béton de la maison des parents ! C’est une tendance d’avenir, mais ces mabanga en tôle disparaîtront lorsque les parents auront les moyens financiers de construire un étage de plus. Dans ce cas, le banga devient simplement une chambre supplémentaire, intégrée au sein de la maison, dans laquelle le jeune trouve sa place. De l’extérieur, on ne distingue plus le banga, lieu d’habitat des célibataires, des maisons des adultes mariés. En revanche, à la campagne, les choses sont différentes. Le banga traditionnel s’efface, mais laisse encore une large place à ce que l’on appelle le banga-tôle. Seul le toit est remplacé par de la tôle mais l’esprit de la construction, façonnée par la terre, et de la musada reste le même. Pour combien de temps encore ? Mayotte évolue rapidement et les jeunes n’ont plus toujours par la même énergie que leurs aînés. L’évolution est telle qu’ils veulent tout et tout de suite. Les adolescents recherchent


Fier d’avoir achevé son banga, le jeune aménage son accès avec des escaliers parfois en pneus. (Chirongui)


les dernières technologies, jeux vidéo, téléphones portables ou autres appareils modernes. La frustration n’est donc que plus grande car ces nouvelles envies excèdent souvent leurs capacités financières ou celles de leurs parents. Les traditions changent à Mayotte et rapidement, trop diront certains. Mais contrairement à une idée répandue, l’extinction du banga, annoncée depuis des années, n’est pas encore d’actualité, sauf dans les zones urbaines. Le banga garde encore une présence certaine en brousse et surtout dans la manière de vivre des Mahorais. Ainsi, la construction de mabanga au cœur même de logements sociaux construits en dur témoigne de l’adaptation progressive au milieu, avec des traditions encore fortement ancrées. La tôle ondulée remplace progressivement le toit de coco tressé.

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Il existe également le banga double-tôle qui fait des ravages dans le paysage mahorais actuel, en ville comme en brousse. C’est un banga dont la toiture et les murs sont en tôles ondulées. Ces mabanga sont bâtis plus rapidement. Mais compte tenu du prix des tôles, ils sont plus chers, pouvant revenir à plus de 500 €, voire 1 000 € selon la superficie, en comptant les portes et les fenêtres ! C’est donc souvent aux parents de mettre la main à la poche… Quant au banga traditionnel, mis à part les efforts à fournir, il ne coûte strictement rien ! Les mabanga double-tôle sont généralement plus grands, leur superficie variant de 12 à 30 m². Selon l’imagination des jeunes, il existe d’autres types, en coco, en bambou, en contreplaqué… « Banga des villes » ou « banga des champs », ils ont la même vocation : transformer un jeune homme pubère en homme responsable. Au fil des années passées en banga, les enfants deviennent grands et se préparent à créer leur propre foyer avec leur épouse. Certains jeunes hommes mariés gardent leur banga au cas où le couple tournerait mal ! D’autres le conservent en souvenir ou pour y ranger leurs effets personnels.

Signification culturelle Le banga est fortement intégré à la vie quotidienne mahoraise. Tout le monde s’y met ! De la banque, avec son « bangab », un distributeur de billets, aux restaurants « Banganini », en passant par les grands distributeurs qui


Afin de personnaliser le banga, les murs sont souvent peints et décorés. (Combani)

illustrent leurs camions de mabanga traditionnels ou les peintres qui dessinent et peignent les mabanga sous toutes les formes, le banga est incontestablement le patrimoine culturel le plus marqué de Mayotte, le plus identitaire, mais aussi le plus en danger… Certains projets touristiques intègrent la construction de mabanga traditionnels dans les habitations. D’autres, particuliers ou agriculteurs, se

construisent d’immenses mabanga à étage, mais en terre séchée. De manière générale, le banga est ancré dans les racines identitaires et culturelles de l’île. Même des entreprises utilisent le nom de « banga » pour désigner leur activité, comme « Banga Cycles » par exemple. D’un point de vue sociétal, le banga est un rite de passage de l’enfant à l’adulte. Dans toutes


Le banga comprend généralement plusieurs fenêtres et parfois deux portes. (M’tsamboro)

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les sociétés traditionnelles, la vie est partagée en classes d’âges. Et le passage d’une classe à une autre, doit être officialisé par des rites particuliers, en présence des anciens, soit par une épreuve de force (capturer un zébu), soit par des maquillages particuliers (cas des Massaï) ou encore par un éloignement physique pour supporter l’épreuve. à Mayotte, ce passage est donc symbolisé par la construction de ses mains d’une case, en quelque sorte le cocon de métamorphose. Puis par la vie de célibataire dans cette case pendant cinq, 10 ou même 20 ans ! Car si en métropole l’âge du mariage a reculé en raison des études supérieures, il en est de même à Mayotte où les jeunes, qui se mariaient à 15 ou 20 ans se marient de nos jours vers 25 ou 30 ans (70% de la population mahoraise a moins de 30 ans). Et cette tendance est confortée avec l’accroissement du nombre de jeunes mahorais qui poursuivent des études supérieures au-delà de l’âge de 25 ans.

Le banga est donc cette épreuve, plutôt agréable, de vie tranquille, chez soi, avant le mariage. Certains attribuent au banga la fonction de « piège à fille » pour trouver l’âme sœur. C’est surtout une phase de la vie où l’adolescent, en pleine puberté, connaît de nombreuses transformations physiques et il est naturellement attiré par les filles qu’il n’hésite pas à inviter chez lui.

Vivre en banga L’art de vivre en banga ne s’improvise pas. Pour la scolarité, les jeunes travaillent et révisent dans leur banga le plus souvent. Le banga permet aussi de s’éloigner de la famille et des cris des petits frères et sœurs ou des services à rendre aux parents ! L’aménagement intérieur a son importance, sachant que les jeunes peuvent y rester longtemps.


Dessins et messages expressifs achèvent le banga…

L’aménagement extérieur fait partie de la personnalisation du banga pour accueillir des amis(es). (Ouangani)


Ci-dessus : de nos jours, les jeunes s’équipent de jeux vidéo, chaîne stéréo, télévision, lecteur DVD et parfois réfrigérateur et parabole ! (M’tsahara). Ci-dessous : véritable patrimoine culturel et identitaire à Mayotte, préserver la tradition du banga est indispensable… (M’tsamoudou)

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Ces « beaux gosses » feront alors tout pour attirer les filles et séduire la gente féminine qui passe devant le banga. à l’extérieur, le jardin fleuri est un premier élément d’attirance et d’invitation pour visiter « le paradis de l’amour ». Et bien entendu, pour les rendez-vous secrets, le téléphone portable (ou « les » téléphones, en fonction des offres des opérateurs ou du nombre de copines) permet de draguer à distance ! L’intérieur est pensé pour les filles. Des fleurs colorées sont posées sur une table, des parfums et déodorants sont toujours placés à proximité, des lamba colorés tapissent les murs... L’ambiance est assurée par un éclairage tamisé et coloré, accompagné d’une technologie moderne : chaîne hi-fi, musique, ordinateur parfois, télévision avec parabole... Certains possèdent aussi un réfrigérateur pour les boissons fraîches. Les jeunes sont unanimes : la vie en banga est agréable. Elle représente l’accès à l’autonomie et

permet pleinement de profiter de l’adolescence et de la jeunesse. Leur joie est palpable car la vie est belle en banga, avec de la musique, du sport, des copains et des copines et de plus en plus de loisirs apportés par le portable, la télévision, les clips vidéo, les bons films. « Le bonheur est dans le banga », bien plus que dans le pré !

Bruno de Villeneuve



ENVIRONNEMENT

Rédaction : Frédérique Cadieu

Mayotte : patrimoine mondial de l’Humanité ? L’île de Mayotte pourrait prétendre à son classement au patrimoine mondial de l’Humanité, à l’image de la

Nouvelle-Calédonie dont le lagon est classé depuis 2008…

C 50

’est en tout cas une possibilité envisagée de près par l’Association des Naturalistes qui, depuis quelques mois, travaille à la candidature de Mayotte. Pour l’heure, il s’agit d’un travail préalable à l’attention des élus et de l’état afin d’appréhender les avantages et les contraintes d’un tel projet.

Patrimoine mondial de L’UNESCO : un long processus d’inscription

Au mois de juin, Arthur Musy, étudiant en master « Tourismes, loisirs et patrimoines » à l’université de Lyon II, a présenté au Conseil de la culture, de l’environnement et de l’éducation un dossier de présentation de l’éventuelle inscription du lagon de Mayotte au patrimoine mondial de l’humanité, après quatre mois de stage chez les Naturalistes.

Le patrimoine mondial a pour vocation d’identifier et de préserver les sites qui possèdent une valeur patrimoniale pour l’ensemble de l’humanité. On distingue deux types de sites : les biens culturels et les biens naturels, mais un site peut également être inscrit en tant que bien mixte.

Cette proposition a été évoquée pour la première fois lors du Grenelle de la mer il y a un an, dans la continuité de la création du parc naturel marin. Ce classement représenterait pour Mayotte une reconnaissance internationale de la qualité exceptionnelle de son patrimoine naturel mais également un engagement fort dans la préservation de ce patrimoine.

Pour évaluer la valeur universelle des sites, le comité du patrimoine mondial a mis en place un ensemble de dix critères. Si un bien répond à au moins un de ces dix critères, il est considéré comme possédant une « valeur universelle exceptionnelle » et peut prétendre à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial. La première étape pour prétendre au titre de patrimoine mondial est l’inscription sur une liste indicative dressée par chaque état. Ensuite, chaque inscrit




doit préparer un dossier de proposition faisant apparaître le caractère unique du site ainsi que la volonté de le protéger et de le valoriser. Une fois par an, les 21 membres du comité se réunissent pour décider des sites à inscrire sur la liste du patrimoine mondial. à ce jour, on compte 890 sites classés par l’Unesco, dont 689 biens culturels, pour seulement 176 naturels et 25 biens mixtes.

Pertinence de la candidature : deS atouts mais encore quelques faiblesses

Avec un des lagons les plus grands du monde doté d’une double barrière, un littoral encore très peu bétonné, la confluence des courants marins de Madagascar, de la côte est-africaine et de la mer Rouge favorisant la biodiversité, des habitats remarquables comme les coraux, la mangrove, les herbiers, les plages de ponte, et la présence d’espèces menacées comme la baleine à bosse, le dugong ou les tortues marines, Mayotte a toutes les chances d’être un jour inscrite sur la liste indicative des sites sélectionnés par la France. D’ailleurs, Mayotte répond à trois des critères dressés par l’Unesco : les critères esthétique (VII), de représentativité de processus écologiques et biologiques (XI) et d’habitats naturels menacés (X).


Mais avant ce classement, il reste à régler les problèmes de l’assainissement et des macrodéchets rejetés dans le lagon, qui menacent la durabilité du bien. Le processus sera de toute façon très long, si les élus et l’état décident de la préparation de la candidature. La Réunion a par exemple attendu huit ans avant que la France ne présente sa candidature cette année au côté de la ville d’Albi.

Enjeux de la candidature de l’île au lagon Mayotte aurait tout intérêt à faire partie des 890 sites classés à ce jour par l’Unesco. Le prestigieux classement favoriserait la notoriété de

l’île à l’échelle internationale, le développement touristique et la recherche scientifique. Devenir un site classé signifie aussi intégrer un réseau international d’aide technique et financière.

Néanmoins, l’inscription de Mayotte suppose de nombreuses responsabilités et une réelle volonté de la part des élus locaux de respecter les critères définis par l’Unesco. Inscrire Mayotte au patrimoine mondial serait donc un engagement fort pour la préservation de ses richesses naturelles. Un projet de société ambitieux et sur le long terme, qui lie développement de l’économie touristique et préservation de l’environnement, deux enjeux majeurs à Mayotte.

Frédérique Cadieu


De gauche à droite : Zaïna Ali (gestionnaire), Sitina Anridhoini (secrétaire comptable), Régis Perrot (délégué régional de LADOM), Amina Boina (gestionnaire) et Emmanuelle Perros (responsable administrative).

DEPUIS LE 1ER JUIN 2010, LE PASSEPORT MOBILITE EST GéRé PAR LADOM La campagne d’inscription en ligne pour l’année universitaire 2010-2011 s’est terminée le 15 avril 2010 et la date limite de dépôt des dossiers est close depuis le 15 mai 2010. Les prochaines inscriptions pour la campagne 2011-2012 auront lieu sur le site http://oceane.ladom.fr à partir du mois de janvier 2011.

Info pratique Pensez à compléter votre dossier en nous faisant parvenir les résultats scolaires de l’année 2009-2010 (résultats du Baccalauréat 2010 pour les premiers départs) ainsi que les attestations de pré-inscriptions 2010-2011 !

Horaires L’agence est ouverte au public du lundi au jeudi de 8h00 à 12h00 et les après-midis sur rendez-vous.

Espace Coralium Route nationale de Kawéni 97 600 Mamoudzou Tel : 02 69 61 51 28 Fax : 02 69 61 51 31

passeport-mobilite-mayotte@ladom.fr


évasion

Rédaction : Roger Serre

Juan de nova


Les îles Éparses font partie des Terres australes et antarctiques françaises

(TAAF). Elles

se composent des îles

Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, Europa et Tromelin. Après une découverte d’Europa, Tromelin et Bassas da india dans le précédent numéro, Mayotte magazine vous emmène à Juan de Nova.

© DR.

LE NOM D’UN DECOUVREUR PORTUGAIS

L

e futur Amiral Juan da Nova Castella, Hidalgo de Galice au service du roi Manuel 1er du Portugal, a découvert les îles de l’Ascension et de Ste Hélène dans l’Atlantique. En 1501, au retour de la seconde expédition en Inde de Vasco de Gama, il a laissé son nom à l’une des îles éloignées des Seychelles rebaptisée depuis Farquhar, ainsi qu’à l’île qui nous intéresse. Elle apparaît sur les cartes du XVIème siècle sous cette appellation avec quelques variantes orthographiques. Seule exception, la carte d’Ortélius de 1570 où elle devient San Christoforo (St Christophe). En 1825, l’Anglais Owen en fixe définitivement le nom. Avant l’époque coloniale, on sait qu’elle était habitée une partie de l’année par des pêcheurs sakalavas, sujets du Roi Alindy de Maintirano qui en pillaient les tortues marines pour aller les

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Vue aérienne de Juan de Nova, île en forme d’enclume. © Crédit photographique Serge Jélabert.

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vendre jusqu’à Tuléar. Ce qui explique sans doute que ces chéloniens soient beaucoup moins abondants qu’à Europa plus éloignée et plus difficile d’accès. L’émission de Thalassa « Les tortues de Baren » traite de la survie actuelle de cette espèce dans cet archipel très proche, suite à la surpêche des pêcheurs Vezo. Un rapport du Professeur Lacroix du Museum publié en 1918 dans le bulletin de la Société Minéralogique mentionne la présence en quantité intéressante de phosphorite avec 32% de teneur en tricalcite. Appelée localement guano, elle sera exploitée par des ouvriers mauriciens et seychellois pour enrichir les plantations de canne à sucre de la région de Durban en Afrique du Sud, de Madagascar ou de l’île Maurice. Vue du ciel, l’île a la forme d’une enclume ; elle est entourée par un banc asséchant sur lequel bon nombre de navires sont venus se briser. Michel L’Hour, Conservateur Général du

Patrimoine Sous-marin, présent à bord du Marion-Dufresne, a pu y dénombrer une vingtaine d’épaves. Les deux plus faciles d’accès sont le Kwang Miong, chalutier coréen échoué sur la plage à proximité du phare, et « le charbonnier », minéralier accessible à marée basse. Le marnage, soit la différence de niveau entre les marées, est de l’ordre de 4 mètres, ce qui crée des courants et explique certains échouages. Un phare a été érigé en 1966 sur la dune la plus élevée de l’île (12 mètres !) et remplacé en 1996. Les ferrailles de l’ancien pylône ont été évacuées par le MarionDufresne en avril 2009.

L’ îLE PROVIDENTIELLE Située dans la partie la plus étroite du Canal de Mozambique, à 150 km de Madagascar et à 280 km de la côte africaine, l’île de Juan de Nova a constitué, dès le début de l’aviation dans


Sterne de Juan de Nova. © Crédit photographique Serge Jélabert.

la zone un repère naturel entre Quélimane, Majunga et Tananarive. En décembre 1929, à leur retour du premier vol sur la Réunion, les aviateurs Goulette, Marchesseau et Bourgeois, suite à une grosse fuite d’essence de leur réservoir supplémentaire y posèrent en catastrophe leur Farman F-192, cassant un peu de bois. Le navire Maréchal-Galliéni, alerté, les récupéra peu après. Le mécanicien Jean-Michel Bourgeois resté sur place commença par protéger l’appareil du soleil et de la pluie avec des palmes de cocotiers. Avec l’aide des travailleurs présents dans l’île, il dégagea une bande de 500 m de long pour en faire une piste afin de permettre à l’avion de décoller lorsqu’il serait réparé. Le sergent-chef Bourgeois reçut à Juan de Nova, lancés par l’équipage Roux, Caillol et Dodement, une lettre de son épouse et un mot de Marchesseau annonçant le prochain retour. Un mois et demi après l’accident, ses deux collègues rapportèrent une pompe à essence

neuve et les pièces nécessaires aux réparations.

Après un retour à Tananarive pour une révision générale de l’appareil, le voyage retour reprit pour se terminer définitivement dans les sables du Sahara à 300 km au nord de Gao, appareil irréparable mais aviateurs sains et saufs. Le Capitaine Goulette laissa son nom à la piste et plus tard à la station météo de l’île. Maryse Bastié (1898-1952), aviatrice recordwoman des vols en durée et en distance, a fait une brève escale à Juan de Nova le 9 avril 1932 avec son mécanicien Maurice Dronne. Dans le bâtiment de la météo devenu gendarmerie, une plaque commémore ce passage. Le 21 décembre 1934, René Lefèvre, créateur de la ligne Paris-Tana via Broken Hill y pose son trimoteur, la piste ayant été portée à 900 mètres. Le 2 novembre 1953, l’île a été le relais naturel pour refueler neuf Chipmunks de Havilland entre la Rhodésie et Madagascar. En 1973, la piste a été portée à 1 300 mètres.


Vestiges de la maison Paturau. © Crédit photographique DR.

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HECTOR PATURAU, PERSONNAGE CONTROVERSé

grade de Capitaine. Revenu dans l’océan Indien, il est à bord du Léopard qui prend possession de la Réunion en novembre 1942. Il remplira les fonctions de Consul de France à l’île Maurice de fin 1942 à 1953.

Fils d’un ingénieur français ayant épousé une Mauricienne, Hector Paturau (1902-1977) commence ses études à l’île Maurice, les poursuit en France à Arcueil-Cachan et devient ingénieur des Travaux Publics. Il fait son service militaire à l’école des Chars dont il sort major avec le grade de sous-lieutenant. En août 1940, il rallie Londres, s’engage dans les Forces Aériennes Françaises puis dans la RAF, n’hésitant pas à se rajeunir pour pouvoir voler, avec le

En 1951, la SOFIM (Société Française des îles de Madagascar) dont il est le directeur obtient pour 15 ans la concession de l’île de Juan de Nova pour la somme de 400 francs annuels (prix d’ami à un Résistant) pour en exploiter le guano. Il y établit un cantonnement pour une centaine de personnes, le « Camp Séga » et s’y fait construire une villa à étage avec dépendances où il reçoit somptueusement ses invités (spécialités : œufs de sternes farcis, tortue


Plage et lagon de Juan de Nova. © Crédit photographique DR.

de mer, mérous, cœurs de cocotiers…) mais les employés doivent se tenir à distance… En 1960, à l’Indépendance de Madagascar, le contrat est reconduit pour 25 ans, un peu moins favorable celui-là puisque la société doit reverser 10% des bénéfices... Un article du Nouvel Observateur de mars 1973, sous le titre « l’île aux Esclaves » condamne une gestion d’un autre âge et dénonce l’exploitation des « laboureurs » seychellois et mauriciens par un système d’amendes, de sévices corporels, de condamnations à des peines de prison… Le Préfet de la Réunion devra même envoyer à deux reprises des gendarmes pour mater un début de révolte. Même si un chemin de fer Decauville facilite les chargements,

la production périclite et les cours s’effondrent. Hector Paturau pense passer le relais à la Société des Villages Hôtels de l’océan Indien. Conduit par Paul Lemerle et Jean-Marie Dupuis, M. Trigano, PDG du Club Méditerranée, se rend sur l’île mais renonce bientôt à l’installation d’un village-vacances devant le manque d’eau douce, l’éloignement et les difficultés d’approvisionnement et de liaisons imposées par le nouveau gouvernement malgache. Fin 1973, les militaires français rejoindront les météos en place depuis 1953 et Hector Paturau quittera définitivement l’île pour aller poursuivre l’extraction de guano sur l’île seychelloise d’Assomption où le Mauritius venait charger le guano deux fois par an via Agaléga et Mahé.


Crevettier coréen Kwang Miong échoué sur la plage à proximité du phare de Juan de Nova. © Serge Gélabert.


DEUX CIMETIèRES Bien que peu peuplée, Juan de Nova n’en dispose pas moins de deux cimetières, l’un d’une cinquantaine de tombes à quelques centaines de mètres de la Maison Paturau, l’autre appelé « cimetière du phare » avec une quinzaine de tombes. Pas de constructions compliquées, une bordure cimentée, une croix sommaire avec, parfois, une plaque permettant d’identifier l’occupant. Alors, pourquoi deux cimetières distants d’un kilomètre ? J’avais posé la question pour un fait semblable à Agaléga ; il m’avait été répondu que les Blancs ne voulaient pas être enterrés à côté des Noirs, ceux-ci se livrant à des pratiques « pas très orthodoxes »… Les tombes de l’un et de l’autre sont parfaitement entretenues et repeintes avant la Toussaint. Un visiteur de passage avait félicité les météos en place pour ce travail de mémoire, ajoutant qu’il connaissait bien l’île pour y avoir relâché avec son sous-marin de la Kriegsmarine afin de faire le plein pendant la 2ème Guerre Mondiale.

DES HôTES INDéSIRABLES Qui dit naufrages, surtout proches des côtes, dit invasion de rats. Comme la nourriture est abondante (cocos, poussins), ils prolifèrent. Réaction humaine, on introduit des chats pour les chasser. Ceux-ci préfèrent consommer les poussins de sternes tellement plus faciles à capturer et plus tendres ! Les chats se multiplient, redeviennent sauvages et font plus de dégâts que les rats ! D’où la nécessité d’opérations de piégeage, toujours en hiver car les sternes étant hors de l’île, les animaux affamés se laissent plus facilement attraper. En 2006, l’ECOMAR, en partenariat avec les TAAF a mené quatre opérations pour les éradiquer. 50 cages à rats, 50 à souris et 13 à chats. Les premiers jours, les rats étaient capturés en

quantité mais les prises se raréfiaient au fil des jours. Dans des îles plus petites, l’empoisonnement est possible ; cela a été fait à Tromelin, à l’île du Lys aux Glorieuses et à l’île St Paul, là avec le concours de l’hélicoptère.

LA MANNE DU PéTROLE ? De plus en plus rare et de plus en plus cher, le pétrole est aussi de plus en plus recherché. à Madagascar, « les grès bitumeux » de Bemolanga et les « huiles lourdes » de Tsimora, longtemps simplement évoqués, sont devenus rentables et désormais exploités. Chine, états-Unis et France sont sur les rangs et usent de toute leur influence, ce qui explique en partie certains soubresauts politiques récents de la Grande île.

La recherche off-shore n’est pas oubliée et la partie centrale du Canal du Mozambique fait l’objet de plusieurs contrats de prospection. La zone potentielle de gisements mord sur la ZEE de Juan de Nova… Au cours de la récente campagne électorale des Régionales à la Réunion, un candidat a imaginé une Grande Région océan Indien comprenant la Réunion, Mayotte et les TAAF autofinancée par les ressources halieutiques (droits de pêche dans les ZEE cumulées) et… le pétrole de Juan de Nova ! Un rêveur ou un visionnaire ? Après l’exploitation du coprah et du guano, l’hypothétique implantation du Club Méditerranée, Juan de Nova verra-t-elle un jour débarquer des poseurs de derricks et accoster des tankers gigantesques ? Malgré l’intérêt financier indéniable, ce serait assurément un risque immense pour la faune et la flore exceptionnelles de cette réserve naturelle.

Roger Serre

63


Reportage RĂŠdaction et photos : Guy Monnot

64


Tha誰lande

Les couleurs magiques du SIAM


Carrefour géographique et humain, creuset de civilisations

anciennes, nature généreuse et plages paradisiaques.

Le pays le plus exotique d’Asie

Barge royale sur la Chao Phraya, fleuve qui coule à Bangkok et rejoint le golfe de Thaïlande, aujourd’hui encore axe majeur de transport et de commerce.

Bangkok, dite « la cité des anges », dresse comme les anciennes capitales royales de Sukhothai et d’Ayutthaya ses temples scintillants de spiritualité tels le Wat Phra Keo ou le Wat Arun - le temple de l’aube - dont les tours originales dominent le fleuve de la Chao Phraya.

dévoile ses

richesses…

Le « wai thai » : 66

un salut légendaire

«S

awadee Kha ». Les lèvres vermeilles de Noï, l’élégante hôtesse thaïlandaise, ont prononcé la formule magique. Son front fardé s’est incliné sur ses mains jointes orientées vers un visiteur surpris par ce wai gratifiant. La courtoisie thaïlandaise est aussi légendaire et mystérieuse que l’histoire du Siam. Un royaume qui au XVè siècle empiétait sur les pays limitrophes (Malaisie, Birmanie, Laos, Cambodge) et qui de nos jours reste encore ancré dans son passé culturel et religieux. La Thaïlande ou Muang thai : le pays des hommes libres - qui n’a jamais été colonisé - offre aujourd’hui au regard du touriste une myriade de sites historiques, des scènes magiques et des richesses séculaires. Ambiance sur la Chao Phraya depuis le luxueux hôtel Shangri-La de Bangkok.


Le mélange délicat du mythique, du sacré et du profane L’architecture thai classique révèle des jeux de lumières et d’infinies combinaisons d’images multicolores. Le regard de l’occidental peut être surpris par l’originalité du style thai symbolisée par l’élégance des toits des temples et par les frises scintillantes de porcelaines colorées. Les portes en bois sculpté qui représentent des personnages de la mythologie bouddhique montrent que les thaïlandais excellent dans l’art décoratif des merveilles orientales. La richesse des édifices témoigne de la foi de la population qui à 94% est composée de fervents bouddhistes. Témoins silencieux d’un héritage culturel ancestral, les moines en procession autour des temples recueillent de bon matin des dons de nourriture offerts par les laïcs en quête de reconnaissance. Le wai ou salut traditionnel à Wat Phra Keo, Temple du Bouddha d’émeraude à Bangkok. Vestiges symboliques du Siam, les barges royales devant le temple bouddhiste Wat Arun de Bangkok.



L’atmosphère des temples imprégnée du bouddhisme nimbe la vie quotidienne des moines en robe safranée d’une aura de sérénité

Des itinéraires insolites et romantiques Parcourant les avenues de Bangkok, le promeneur est étonné par les dualités architecturales où souvent l’ancien s’allie harmonieusement au moderne à l’image de cette bâtisse de Sathorn Thaï ou des vieilles villas en teck de Suan Plu.

Partout dans la mégalopole, les artères trépidantes contrastent avec la sérénité des jardins secrets ou des rares klongs, ces étroits canaux hérités des traditions siamoises. Pour appréhender la vie quotidienne et rurale des environs de la capitale qui s’étend sur une vaste plaine alluviale, rendez-vous au marché flottant de Damnoen Saduak au nord de Bangkok. Une brève balade en pirogue sur les klongs révèle les norias des petits sampans chargés de fruits et légumes qui font partie des images les plus pittoresques des marchés, symbolisant l’importance de ces esquifs fragiles et de l’eau dans la vie traditionnelle locale. Dans la région de Kanchanaburi, la rivière Kwaï enjambée par le pont des alliés offre aux passionnés d’histoire des vestiges insolites dans un décor de verdure.



L’image d’un temple dominant un patchwork de rizières s’étendant

à perte de vue dans la grande plaine centrale est sans doute l’une des plus

emblématiques du royaume du

Siam

Le festival des lumières de Loy Krathong.

Splendeur défunte des cités ancestrales Le touriste qui cherche à vivre une nuit de prince depuis la cité des anges jusqu’à la vieille ville de Sukhotai peut remonter le temps en direction du nord à bord d’une jonque en bois de teck. Au rythme du fleuve, l’historien découvre les résidences d’été des souverains siamois, les anciens temples khmers essaimés sur les rives oniriques ainsi que les vestiges des palais de pierres sculptés d’Ayutthaya et de Sukhothai qui évoquent le passé prestigieux de ces cités les plus somptueuses du sud-est asiatique. Sukhotai - la première capitale du Siam - est un chef d’œuvre de l’art classique siamois comme en témoignent les ruines des temples de Sri Satchanalai et Wat Mahathat. Cet édifice dominé par une statue de Bouddha est le berceau du bouddhisme theravada qui devient la « religion nationale ». C’est aussi dans ce parc historique que se célèbre la fête nationale de Loy Krathong. Durant ce festival de lumières initié par une nuit de pleine lune, les offrandes en forme de lotus (krathongs) sont lancées sur les étangs et les lacs en hommage à la mère des eaux. Le Wat Mahathat à Sukhotai.


72

Aux confins du Laos et de la Birmanie, la région montagneuse du triangle d’or a été dominée dès

1950 par la production d’opium les années

Sur l’itinéraire bucolique qui mène à la porte du nord, la monotonie des plaines centrales cède progressivement la place aux reliefs montagneux où les multiples rivières découpent des vallées escarpées. Ces paysages sylvestres qu’offre cette région septentrionale aux sommets nimbés de brumes fascinent le voyageur.

Chiang Mai, ancienne capitale siamoise, ou Lan Na (« le million de rizières ») est un des plus importants centres artisanaux de la planète. C’est ici que se fabriquent des ombrelles multicolores, des bijoux, des bracelets, des colliers ou des boucles en argent finement travaillés et très prisés des tribus locales. La province Nord attire de nombreux sportifs recherchant les sensations fortes du rafting tandis que les écotouristes, avides d’authenticité, glissent sur le Mékong à bord des radeaux de bambous ou se laissent bercer sur le dos d’un éléphant à travers la jungle ou dans le lit d’une rivière. Aujourd’hui les provinces du Nord de Chang Mai ou de Chang Rai ne cultivent plus les opiacés mais une douceur de vivre qui séduit les retraités ou les aventuriers installés dans la région.



La vie ancestrale des tribus montagnardes Après une visite de Mae Hong et de son temple d’inspiration birmane (voir photogaphie en double page d’ouverture du reportage), le visiteur peut sortir des pistes balisées, découvrir le charme désuet des villages traditionnels « Shan » et passer quelques jours chez l’habitant pour percer les secrets des tribus des collines restées à l’écart de la modernisation.

Scène traditionnelle d’un village Shan.

Les femmes de la tribu Padaung ou « femmes girafe » portent un collier-spirale en laiton enroulé autour du cou Les vêtements chamarrés du costume traditionnel Karen ajoutent un éclat coloré aux paysages sombres des montagnes boisées.

Costume traditionnel à Chiang Mai.




La nature, source d’inspiration spirituelle et philosophique Le royaume du Siam recèle d’innombrables trésors, des écosystèmes variés et de délicates espèces florales qui font le bonheur des naturalistes comme des habitants. L’orchidée, fleur préférée des Thaïlandais, comme le lotus qui symbolise la personne humaine, sont des fleurs omniprésentes dans la culture locale. Cependant, la civilisation qui a introduit la scie dans la forêt, la charrue dans la savane et la dynamite dans les estuaires a entraîné une régression des variétés biologiques. Aujourd’hui la survie de certaines espèces est compromise à l’instar des singes, de l’éléphant ou du tigre. Heureusement quelques parcs tel que celui de

Khao Yai dans le nord-est du pays, l’un des premiers parcs nationaux du monde, abrite des animaux en voie de disparition comme le léopard sombre et le tigre d’Asie (ci-contre).

La magie des baies du sud Le golfe de Thaïlande et la côte de la mer d’Andaman offrent un large choix d’activités balnéaires. à une heure de vol de Bangkok, les îles (ou Ko) faciles d’accès sont nombreuses. Les stations de Phuket - avec ses hôtels de luxe - et Ko Phi Phi sont sans doute les plus fréquentées d’Asie du Sud-Est. Certains sites sont connus pour leurs décors tels Ko Lanta, Maya Bay où a été tourné « The Beach » ou le piton rocheux de James Bond dans la baie de Phang Nga où fut immortalisé l’homme au pistolet d’or.


Mer turquoise, eaux cristallines, plages immaculées et végétation tropicale créent un cocktail idéal pour de

Le site idyllique de Ko Tao, au large de Surat Thani.

prestigieuses productions cinématographiques

Le roi Bhumibol - monarque le plus âgé de la planète - s’implique dans la réhabilitation des traditions siamoises pour les adapter aux exigences d’une société moderne tournée vers l’avenir. Après les émeutes récentes des chemises rouges qui ont ébranlé la cité des anges, la profonde influence spirituelle du souverain réussira-t-elle à recouvrer la sérénité et à convertir le peuple au processus irréversible de la mondialisation tout en préservant l’héritage culturel du Siam ?

Guy Monnot

Maya Bay, lieu de tournage du film « The Beach ».

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Après l’ère du Siam, celle du Spa La propension du peuple thaïlandais à se divertir, à prendre du bon temps (sanuk) se manifeste dans les spectacles, les jeux, les combats de coqs ou de boxe mais aussi dans la tradition sophistiquée des massages qui se transmet du centre initiatique du Wat Po jusque dans les hôtels les plus luxueux de la capitale. En bordure du Chao Praya, l’hôtel Shangri-La propose un Spa mêlant raffinement et élégance dans un cadre superbe où se pratiquent des traitements aux herbes traditionnelles aromatiques.


Mayotte - Bangkok via La RĂŠunion 2 vols par semaine

56<=,33, *(3i+650, (<:;9(30, 9i<5065 4(@6;;, 4(<90*, *6469,: 4(+(.(:*(9 :,@*/,33,: (-908<, +< :<+ ;/(Ă’3(5+, 7(90: 4(9:,033, 3@65 ;6<36<:,


t h a ï la n d e infos - adresses bons plans

2

Marché de nuit à Chiang Mai Chiang Mai, seconde ville du pays, très festive, est à 800 km au nord de Bangkok. Immense, le marché nocturne est incroyablement animé.

3

80

1

PARC NATIONAL MARIN ANG THONG Près de Samui, le parc comprend 80 îles et offre quelques-unes des meilleures plongées possibles en Thaïlande.

4 Parc Historique de Sukhothai Abandonnés et envahis par la végétation durant plusieurs siècles, les superbes temples et monuments de cette cité splendide fondée au XIIIè siècle ont été restaurés. Classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco, à ne surtout pas manquer, Sukhothai est l’un des plus importants sites historiques d’Asie du Sud-Est.

Le Parc National d’Erawan L’un des plus beaux parcs de Thaïlande, au départ de Kanchanaburi, connu pour ses nombreuses et magnifiques chutes.



Internet

5 SITES

humoristiques

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1 www.rire-et-detente.com

www.blablagues.net

Un tas de blagues originales, des belges aux fonctionnaires en passant par les blondes, des images, des farces et beaucoup d’humour.

Le site détente et humour par excellence! Vous y trouverez des blagues, des vidéos, des jeux, des tests, des liens de sites utiles, des film d’animation, des dessins animés...

http://humourger.com

Humourger vous présente une sélection d’images drôles gratuites, de blagues rigolotes, de photos marrantes dans tous les genres.

3

82

4

5 www.jemeclate.com/ citations.htm

Le monde est trop sérieux, alors amusez-vous ! Citations, proverbes, pensées, best of des citations pleines d’humour : Coluche, Dutronc, ...

www.diaporamas-a-la-con. com

Les meilleurs diaporamas (pour les ouvrir, vous devez avoir la dernière visionneuse Powerpoint) humoristiques à télécharger gratuitement.



Meurtre dans un jardin indien de Vikas Swarup belfond - Roman paru en mai 2010

Playboy millionnaire, l’ignoble Vivek « Vicky » Rai est tué lors de sa propre garden-party. Six convives sont suspectés : un bureaucrate possédé par l’esprit de Gandhi ; l’actrice la plus glamour de Bollywood ; un tout petit aborigène très doué pour l’effraction ; un gamin des rues voleur de portables au physique de jeune premier ; un Monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire ; et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime. Entre soif de justice, vengeances et manigances politiques, tous les chemins semblent mener au jardin du crime. Mais qui a tué Vicky ?

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L’oasis secrète de Paul Sussman Presses De La Cité - Roman paru en avril 2010

84

26,25 €

Le Caire, de nos jours. L’Américaine Alex Hannen, ancienne cartographe de la CIA, succombe à une overdose de morphine alors qu’elle essayait de localiser une mystérieuse oasis cachée dans le Sahara. Venue en Egypte assister à son enterrement, sa sœur refuse de croire le rapport d’autopsie concluant au suicide. Et si Alex avait découvert des informations compromettantes lors de ses recherches ? Au cœur de ce roman d’aventures haletant se trouve l’une des plus fascinantes énigmes de l’archéologie : Zerzura, l’oasis légendaire que le désert aurait engloutie.

L’oiseau de mauvais augure

de Camilla Läckberg Actes Sud - Thriller paru en mai 2010

27,50 €

La ville de Tanumshede s’apprête à accueillir une émission de téléréalité et ses participants avides de célébrité, aussi tout le commissariat est mobilisé pour éviter les débordements de ces jeunes incontrôlables. Une femme vient d’être retrouvée morte au volant de sa voiture, avec une alcoolémie hors du commun. La scène du carnage rappelle un accident similaire intervenu des années auparavant. Tragique redite d’un fait divers banal ou macabre mise en scène ? Très vite, alors que tout le pays a les yeux braqués sur la petite ville, la situation s’emballe. L’émission de téléréalité dérape...


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Romans

Le coin du libraire

essais bd jeunesse coups de coeur

29,88 € 25,00 € 18,75 €

Tout piller, tout brûler

de Wells Tower Albin Michel - Roman paru en mai 2010 Tous ceux qui connaissent le territoire littéraire de la masculinité - Hemingway, Faulkner, Roth, Cheever, Yates, Bolaño… – reconnaîtront le paysage des nouvelles de Wells Tower : parties de chasse, bagarres, beuveries, adultères... Comme son titre apocalyptique le suggère, ce livre combine un esprit ravageur et une prose électrique. Les familles s’y déchirent et les couples tentent péniblement de recoller les morceaux. Inventeurs ratés, rêveurs alcooliques, pères malheureux, fils rebelles : un regard insolite sur l’Amérique et l’humanité, entre humour et poésie, tendresse et violence.

Le jour avant le bonheur

de Erri de Luca Gallimard - Roman paru en mai 2010 Nous sommes à Naples, dans l’immédiat après-guerre. Un jeune orphelin vit sous la protection du concierge, don Gaetano. Ce dernier est un homme généreux et très attaché au bien-être du petit garçon, puis de l’adolescent. Mais don Gaetano possède un autre don : il lit dans les pensées des gens, et il sait par conséquent que son jeune protégé reste hanté par l’image d’une jeune fille entraperçue un jour derrière une vitre, par hasard, lors d’une partie de football. Quand la jeune fille revient des années plus tard, le narrateur aura plus que jamais besoin de l’aide de don Gaetano…

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi de Katherine Pancol Albin Michel Paru en avril 2010

Souvent la vie s’amuse. Elle nous offre un diamant, caché sous un ticket de métro ou le tombé d’un rideau. Embusqué dans un mot, un regard, un sourire un peu nigaud. Il faut faire attention aux détails. Ils sèment notre vie de petits cailloux et nous guident. Les gens brutaux ou pressés ignorent les détails. Ils ne veulent pas perdre une minute à se baisser pour un sou, la main d’un homme tremblant. Mais si on se penche, si on arrête le temps, on découvre des diamants dans une main tendue… Et la vie n’est plus jamais triste. Ni le samedi, ni le dimanche, ni le lundi…


jeunesse Black Saphir

de Marc Seassau - Seuil Livre jeunesse dès 12 ans paru en avril 2010

9,38 €

Saphir, Quentin. Une belle histoire d’amour. La couleur de peau peut-elle être un frein à cette romance ? Rien ne va plus entre Saphir et Charlène. Que cache Saphir ? Pourquoi devient-elle si morose ? Pourtant, depuis le cours préparatoire, les deux adolescentes se confient leurs moindres secrets. Saphir venait alors de quitter la petite île de Mayotte, pour s’installer à Marseille ; Charlène la protégeait des autres, lui évitant bien des moqueries, Tout a changé aujourd’hui... Quentin y serait-il pour quelque chose ?

L’appel du sang (Twilight) la seconde vie de Bree Tanner

de Stephenie Meyer - Hachette Jeunesse Roman dès 12 ans paru en juin 2010

17,38 €

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Cet ouvrage est un spin-off ou roman dérivé du troisième volume de la saga, Hésitation. Il raconte l’histoire de Bree Tanner, une vampire de 15 ans transformée par Victoria (l’une des ennemies des Cullen, la famille d’Edward) en même temps qu’une vingtaine d’autres adolescents, pour former une armée de vampires qui combattrait les Cullen. Le roman se focalisera sur les trois mois qui se déroulent entre sa transformation en vampire et le combat final à la fin d’Hésitation à l’issue duquel elle meurt, tuée par les Volturi.

Cap’tain Daoud de Colette Tournes Gulf Stream Editeur Roman dès 12 ans paru en février 2010

10,00 €

Le Saint-Mato fait escale à la Grande Comore pour aider les habitants à se débarrasser des pirates. C’est là que le destin de Souni, une jeune Comorienne intrépide, va se lier à celui de l’insaisissable Cap’tain Daoud. Allié, ennemi ? Entre méfiance et compromis, les deux jeunes gens se lancent dans une aventure à travers l’océan Indien jusqu’au comptoir de Pondichéry. Pour sauver ceux qu’ils aiment, ils vont courir des risques insensés. Mais sans perdre de vue l’essentiel, ce que leur ont transmis leurs ancêtres des îles : la liberté !


Mayotte &

océan Indien

36,25 € 18,75 € 52,50 €

Histoire de Mayotte département français

Le sonneur noir de Lorient d’Alex Nicol éditions Nuits blanches

de Jean Martin Les Indes savantes Mayotte est le dernier-né des départements français. Pourquoi ses habitants ontils choisi l’appartenance à la République française ? L’histoire, bien avant la présence française dans la région depuis le XIXè siècle, est indispensable pour comprendre un choix largement confirmé par les urnes.

Gwenn Rosmadec, ancien grand reporter s’installe à Sainte Marine, petit village breton comme écrivain public. Entre les Comores et Mayotte, une vaste toile de passeurs de clandestins ne lui laissera aucun répit. Ce roman permet de mieux appréhender Mayotte aux multiples cultures et le fléau qui s’abat sur elle : l’immigration clandestine.

Le turban et la capote

de Nassur Attoumani L’Harmattan - Théâtre mahorais

Cette comédie satirique dans la lignée du théâtre nassurien a soulevé des vagues de rires à Mayotte et à la Réunion. Une pièce qui se fait l’écho des formidables mutations de la société mahoraise, où les traditions musulmanes sont confrontées à la modernité occidentale.

Panoramas des îles de l’océan Indien

de Jean-Luc Allègre Beau livre L’île Maurice, les Seychelles, Madagascar, l’archipel des Comores, la Réunion, Rodrigues... Il fallait un regard panoramique, comme celui du photographe Jean-Luc Allègre, pour embrasser tant de beautés.

Nassur ATTOUMANI

13,75 €






tendance Le shopping du moment...

FAUTEUIL ZANZIBAR

Voici un fauteuil de bonne qualité et très confortable réalisé en abaca (espèce de bananier originaire des Philippines). C’est l’occasion de meubler votre salon avec un design sympa. En vente chez : méGA, Z.I. de Kawéni.

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FONTAINE EAU DU ROBINET

La fontaine EVA assure une purification complète de votre eau du robinet grâce à une série de filtres naturels successifs. En retenant les éléments potentiellement nocifs présents dans l’eau (nitrates, chlore, sulfates, métaux lourds, produits chimiques, etc.), puis en la désinfectant. Enfin en diffusant des sels minéraux sélectionnés afin de restituer une eau proche des meilleures eaux naturelles... En vente chez : méGA, Z.I. de Kawéni.


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les 50 ml

invitation au voyage

ORIENS, le nouveau parfum femme de Van Cleef est une fragrance fruitée florale d’exception, précieuse, envoûtante, mystérieuse et sensuelle. Ce parfum est présenté dans un somptueux flacon aux couleurs fascinantes inspiré d’une bague de la Haute Joaillerie Van Cleef & Arpels. ORIENS dévoile tour à tour de subtiles notes de fruits rouges et de praline en tête, ainsi qu’un cœur floral de jasmin. En vente chez : mado parfums, galerie Jumbo Score.

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les 100 ml

L’Eau au Masculin

Cette nouvelle création dans l’univers de Lolita Lempicka propose la fraîcheur hespéridée d’une fragrance incisive et moderne. La note de réglisse est caractéristique de ce parfum. L’anis et la violette lui donnent son impertinence, les bois et le rhum lui confèrent sa masculinité. La praline, la fève tonka et le sirop d’orgeat invitent à la gourmandise. En vente chez : mado parfums, galerie Jumbo Score.


DéODORANT assorti

PARFUM pétillant

Bettie, irrésistiblement attirante, marque le retour à la féminité absolue. Elle laisse sur son passage un sillage aux senteurs d’agrumes mêlant pamplemousse et citron. Dans l’intimité, son coeur tendre se love parmi des effluves suaves de fleurs blanches et de rose. Insaisissable, elle cultive le mystère sous un fond ardent de musc et de patchouli.

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GEL DOUCHE BETTIE

Une base lavante douce délicatement parfumée pour un moment de détente.

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Ces trois produits sont en vente chez : frederic m, rue du stade de Cavani.

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Idée recette de Mayotte Ailerons de volaille

au gingembre Recette préparée par le Lycée Professionnel de Kawéni. Elève : Abdereman Mohamed Terminale BAC-PRO restauration

Ingrédients • 1 kg d’ailerons de poulet • 10 cl de vin blanc

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• 50 g d’oignon haché • 2 piments verts ciselés • 30 g de gingembre frais haché • 10 g d’ail haché • wee-sing (sel chinois), poivre • 1 bâton de citronnelle

Sauce pour enrobage • 100 g de fond de volaille (réduit) • 80 ml de sauce soja • 5 g de poivre de Mayotte • 10 ml de vinaigre blanc

Pour 6 personnes Préparation : 30 minutes Cuisson : 30 minutes Recette bon marché Facile à réaliser


• Frire 1 kg d’ailerons de poulet dans de l’huile d’arachide pendant quelques minutes. • Mettre dans le fond d’un wok une demi louche d’huile avec le bâton de citronnelle à feu vif. • Plonger à nouveau les ailerons pendant quelques secondes puis déglacer avec un trait de vin blanc. • Ajouter une cuillère à café de piment vert haché, une grosse cuillère de gingembre frais haché, une cuillère à café d’ail haché.

• Ajouter une pointe de poivre blanc et une pincée de wee-sing. • Faire revenir l’ensemble pendant 1 à 2 minutes à feu vif. • Ajouter une cuillère à soupe de glace de poulet et sauce soja, le poivre concassé et le vinaigre blanc. • Enrober et faire revenir pendant quelques secondes. • Servir avec un verre de punch parfumé au rhum.

Astuce égoutter les ailerons sur un papier absorbant afin d’éponger le surplus d’huile.


Jeux Mot à trouver : CONCOMBRE

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à

es vos grill

!!

Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !

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SUDOKU



SEPTEMBRE AOûT JUILLET

La prudence impose de confronter les données de ces grilles avec les documents officiels obligatoires à bord. Voir aussi les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine : www.shom.fr

H o r a i r e s

d e s

m a r é e s

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