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Mayotte magazine

Mayotte

septembre-octobre 2009

n°13

magazine

ACTUALITé CULTURE VOYAGE LOISIRS

rencontre avec eliasse

3,90 €

les danses traditionnelles masculines

économie

AQUACULTURE Un pari ambitieux REPORTAGE

Zanzibar

L’île d’Unguja : les trésors d’Oman



Mayotte magazine n°13 Une publication bimestrielle de AR’IMAGE SARL ZI de Kawéni BP 268 97600 Mamoudzou tél : 06 39 09 03 29 contact@mayottemagazine.com DIRECTRICE DE PUBLICATION Stéphanie Légeron RéDACTEURS Frédérique Cadieu Stéphanie Légeron Guy Monnot Thierry Stoecklin Laurence de Susanne Bruno de Villeneuve PHOTOGRAPHES Alexandre Charalambakis Stéphanie Légeron Guy Monnot Bruno de Villeneuve BD Vincent Liétar Alice Lopez Yann Moreau DIRECTION ARTISTIQUE AR’IMAGE SARL COMMERCIAL Thierry Stoecklin IMPRESSION PRECIGRAPH St Vincent de Paul Avenue West Pailles P.O. Box 727 Bell Village Ile Maurice Photo de couverture : danse du daïra devant la mosquée de Sada © Bruno de Villeneuve Remerciements à Jean-François Hory pour le texte « Une histoire d’esclavage » Numéro ISSN 1962-4379 Prix de vente : 3,90 € Toute reproduction (même partielle) des articles publiés dans Mayotte magazine sans accord de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique.

éDITO

L

es Mahorais ont exprimé avec force le 29 mars dernier leur volonté que Mayotte accède au statut de 101è département français. Le Premier ministre François Fillon, en visite officielle sur l’île le 11 juillet, a confirmé que la départementalisation ne prendrait aucun retard, tout en rappelant que l’avenir de Mayotte, entre les mains des Mahorais, restait à construire et devait passer par le développement local. Parmi les « locomotives » économiques de l’île, on cite de plus en plus l’aquaculture. Comment ce secteur d’activité est-il organisé ? Et quel est son véritable potentiel ? En cette période de ramadan, la photographie de couverture - représentant la danse du daïra devant la mosquée de Sada - souligne le lien unissant certaines fêtes mahoraises traditionnelles aux cérémonies à caractère religieux. Un article est consacré aux principales danses masculines : le shigoma, le maulida shengue, le daïra, le mulidi et le dinahu. Mayotte, terre de cultures et de métissages, est riche d’un héritage unique, légué par la côte est-africaine, Madagascar et l’Orient, comme l’aide à comprendre la découverte de l’île d’Unguja à Zanzibar suivie d’un texte signé Jean-François Hory. Enfin, l’équipe de Mayotte magazine tient à vous remercier de votre fidélité. Grâce aux annonceurs qui nous font confiance, aux personnes qui nous encouragent et, comme dans tout projet d’entreprise, à une certaine détermination, nous avons le plaisir de fêter aujourd’hui notre deuxième anniversaire... Très bonne lecture. Stéphanie Légeron

Directrice de publication

Mayotte

m ag az in e

2 ans


6 AU JOUR LE JOUR 12 ACTUALITé

Mayotte 101è département en mars 2011. Le processus est en marche. Rétrospective sur la visite de François Fillon

20 économie

Aquaculture : un pari ambitieux pour l’île au lagon

33 rencontre Eliasse , le groupe de Za N’goma qui monte en flèche

38 traditions mahoraises Les danses traditionnelles masculines

52 HISTOIRE

Mayotte de 1841 à 1976


Sommaire

54 environnement

92 BD

66 REPORTAGE ZANZIBAR

97 TENDANCE

Des panoramas somptueux mais fragiles

Unguja : les trésors d’Oman

86 INTERNET

10 sites de réseaux sociaux

88 LE COIN DU LIBRAIRE

Le coin des petits, Abass Néka et Bao

104 IDéE RECETTE MAYOTTE Poulpe au coco

106 JEUX 114 HORAIRES

Des marées et des barges

Actualité, sport Culture, histoire, tradition Rencontre, femme Environnement, voyage Loisirs, jeux

123 Maxi-coupons Détachez vos 16 bons d’achat !


Au jour le jour

Lycée de Mamoudzou

Hubert Derache, préfet de Mayotte

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Hubert Derache, nommé préfet de Mayotte lors du Conseil des ministres du 22 juillet, a posé le pied sur l’île le 17 août. Une semaine avant la rentrée des classes et... le début du Ramadan. Son prédécesseur, Denis Robin, sera resté moins d’un an sur l’île au lagon. Sa gestion du processus d’information et de préparation du référendum sur la départementalisation - avec, notamment une tournée d’explication et de rencontres dans chacune des communes - a été appréciée par les Mahorais… et sa hiérarchie ! La preuve : il a été nommé directeur de cabinet de la nouvelle secrétaire d’état à l’Outremer, Marie-Luce Penchard. Le nouveau préfet était jusqu’ici sous-préfet (1è catégorie) d’Aix-en-Provence. âgé de 56 ans, diplômé de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1976 et de plusieurs DESS, Hubert Derache a débuté sa carrière dans l’armée. En cela jusqu’en 1990. Puis il a été sous-préfet, notamment en Outre-mer, en Martinique plus précisément (de septembre 1997 à décembre 2000). Le nouveau préfet de Mayotte a été aussi conseiller technique de deux ministres de l’Outre-mer, de mai 2002 à juin 2005 : Brigitte Girardin puis François Baroin.

Deux nouveaux lycées dans les cartons : un second à Mamoudzou et un à Dembéni Un sacré challenge pour le vice-rectorat de Mayotte : faire face à la croissance forte de la démographie locale, notamment en faisant construire suffisamment de locaux pour le second degré, la construction des écoles du premier degré relevant quant à elle de la compétence du SMIAM. 10 000 élèves étaient scolarisés en 1980, 43 158 en 1997 et 72 958 à la rentrée 2008 ! Chaque année, le système éducatif accueille environ 1 500 élèves supplémentaires dans le premier degré et 1 700 dans le secondde gré, soit une progression de 5 à 7 % par an. 14 candidats se présentaient au baccalauréat en 1984 ; ils étaient 140 en 1994, 1 400 en 2004 et 2 093 en 2009. Ainsi, deux nouveaux lycées sont dans les cartons : un deuxième pour Mamoudzou – annoncé par le Premier ministre le 11 juillet – et un lycée à Dembéni, de 1 200 élèves. Pour ce dernier, l’appel d’offres a été lancé le 25 juillet. Ils s’ajouteront aux cinq lycées généralistes et trois lycées professionnels existants.


TP BTP INDUSTRIE TRANSPORTS hôtellerie AGRICulture pêche

OCéORANE

Groupe Caisse d’épargne votre partenaire en défiscalisation industrielle

Mayotte magazine : - Quels changements la loi LODEOM du 27 mai 2009 va-t-elle engendrer ? Joël Cuenca : - Cette Loi d’orientation pour le développement économique outre-mer (LODEOM), qui sera effective pour toute livraison de matériel à compter du 29 novembre 2009, modifie un certain nombre de paramètres propres à la défiscalisation industrielle. Pour résumer, dans tous les secteurs d’activité à l’exception de la pêche, de l’agriculture et des transports, une demande d’agrément auprès des Services fiscaux était obligatoire pour tout achat d’un matériel unitaire dont la valeur dépassait 300 000 € ; la loi limitera ce seuil à 250 000 €. Ce sont les transports qui seront le plus touchés par la nouvelle législation. Dans ce secteur, alors qu’un agrément fiscal était exigé à partir de 300 000 € d’investissement annuel, l’agrément sera désormais obligatoire dès le premier euro investi, sauf pour les véhicules de moins de sept places. De mon point de vue, cette mesure risque de limiter le développement économique. Avant la loi, les dossiers qui ne nécessitaient pas de demande d’agrément auprès des Services fiscaux étaient traités par OCéORANE en 48 heures. Avec la mise en oeuvre de la loi, ces mêmes dossiers feront visiblement l’objet d’un traitement plus approfondi ; les délais de réponse s’en trouveront donc allongés. à titre d’exemple, 65 % des dossiers gérés par OCéORANE en 2008 se situent dans la tranche qui sera bientôt concernée par la demande d’agrément. Ce rallongement très important des délais de livraison risque de décourager les locataires et les fournisseurs. C’est le client qui va être perdant. Par exemple, une commande de matériel

« La loi LODEOM du 27 mai 2009 imposera davantage de demandes d’agréments sur les dossiers de défiscalisation industrielle », Joël Cuenca, Directeur Océorane à Mayotte

passée en janvier 2010 ne pourra pas être livrée avant juin 2010. L’agrément fiscal viendra valider l’éligibilité et la pertinence de l’investissement, ainsi que ses répercussions économiques et sociales : c’est exactement ce que nous faisons déjà chez OCéORANE. Cette loi a été instaurée selon moi pour empêcher les dérives auxquelles se sont livrés certains cabinets de défiscalisation dans les Dom-Tom. Chez OCéORANE, nous ne cherchons pas à traiter absolument le ma-ximum de dossiers mais nous garantissons que chaque investissement soit en adéquation avec le coeur de métier de nos locataires. C’est une éthique à laquelle nous sommes très attachés. Deux fois par an, les Caisses d’épargne contrôlent l’ensemble de nos dossiers afin de vérifier leur parfaite conformité. Chaque dossier est examiné de près par notre service Risques, avant d’être affecté en SNC. Il paraîtrait qu’à partir de septembre, des contrôles seront effectués dans tous les cabinets de défiscalisation à Mayotte. Je le souhaite vivement. Cette loi LODEOM permettrait de clarifier enfin les choses en imposant les mêmes règles déontologiques à tous les cabinets de défiscalisation.

Z.I. kawéni - Centre Maharaja (face HD) - Mamoudzou - Tél. : 0269 61 30 99 - Fax : 0269 61 30 97


© L. d. S.

Le Hamaha Beach Hôtel, quatrième hôtel à ouvrir en bord d’océan

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Le Hamaha Beach Hôtel, futur quatre étoiles, se construit peu à peu sur la plage du Pendu, à quelques encablures de Mamoudzou. Tout en bois venu directement d’Afrique du Sud, trois grands bungalows sur les douze prévus s’élèvent lentement mais... sûrement. Plus de trois ans que la construction a commencé ! Alain Le Bihan, investisseur et promoteur français partageant son temps entre l’Afrique du Sud et l’île au lagon, est plutôt serein : d’ici fin 2011, le Hamaha Beach Hôtel devrait ouvrir ses portes avec quarante-huit chambres, deux suites, une piscine, un spa… Son combat d’aujourd’hui : faire en sorte que le Conseil général finance, au moins en partie, l’arrivée des réseaux sur le site (eau, électricité). Alain Le Bihan espère aussi que la décharge, proche de l’hôtel et… saturée, déménage le plus vite possible, comme prévu ! Rappelons que le Plan d’aménagement et de développement durable (PADD) de Mayotte, document majeur pour l’avenir économique et environnemental de l’île, a été adopté par le Conseil d’état récemment (décret paru fin

juin). Le PADD autorise des dérogations par rapport à la « loi Littoral » et localise neuf nouveaux sites pour l’accueil potentiel d’aménagements touristiques importants : • M’tsanga Tsoha à M’tsamboro, • Bambo Est à Bandrélé, • M’tsanga Beach à Sada, • Plage du pendu à Mamoudzou, • M’tsanga Chanfi et M’tsanga Hadsalé à M’tsangamouji, • Mironi Kanoa, Mariani Lidi et M’tsanga Guela dans la commune de Bouéni. En dehors de ces neuf zones potentielles de développement touristique majeur, aucun aménagement touristique important ne pourra être réalisé en discontinuité des espaces bâtis existants. à ce jour, il n’existe que trois hôtels situés en bord d’océan à Mayotte : le Jardin Maoré (à N’Gouja, dans l’extrême sud), l’hôtel Sakouli (sur la côte Est, à 25 minutes au sud de Mamoudzou) et l’hôtel Trévani (sur la côte Est, à 15 minutes au nord de Mamoudzou). Le Hamaha Beach Hôtel sera très vraisemblablement le quatrième à ouvrir…



Grippe A H1N1 La grippe est une maladie présente dans le monde entier. Elle peut être responsable d’épidémies saisonnières ou bien se manifester sous forme d’épidémies mondiales appelées pandémies. Celles-ci sévissent lors de l’apparition d’un nouveau virus grippal de type A, contre lequel la population mondiale n’est pas immunisée. Une pandémie grippale est une épidémie qui sévit à l’occasion de l’apparition d’un nouveau sous-type de virus résultant d’une modification génétique majeure. Une pandémie (venant du grec Pan = tout et de Demo = peuple) peut ainsi se diffuser à l’ensemble des pays, sur tous les continents.

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Au XXè siècle on a dénombré trois pandémies grippales. En 1918-1919, la pandémie dite de la « grippe espagnole » (virus A H1N1) a touché le monde entier. Les estimations disponibles sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent qu’au moins 40 millions de personnes en sont décédées. Les pandémies suivantes ont été beaucoup moins sévères : en 1957-58, la « grippe asiatique » (virus A H2N2) puis en 1968-69, la « grippe de Hong-Kong » (virus A H3N2). Les premiers cas de grippe A H1N1 sont apparus au Mexique au mois de mars. Le 29 avril, l’OMS déclenchait la phase 5 d’alerte de pandémie imminente. La pandémie a été officiellement déclarée, par une alerte de niveau 6, le 13 juin. Depuis, biologistes et cliniciens s’affairent pour mettre au point un vaccin efficace face au constat inquiétant du virus banal H1N1 à l’origine abrité par le porc, modifié génétiquement via l’animal (A H1N1) puis transmis par lui à l’homme et maintenant d’humain à humain.

« En France métropolitaine, au 4 août 2009,

605 cas ont été confirmés (...). Au total, on observe une tendance à la hausse des passages pour grippe depuis fin juillet. Néanmoins cette tendance reste limitée et n’évoque pas une circulation large du virus. » (source inVS). Le 4

août, 50 cas confirmés et 6 cas probables ont été détectés à La Réunion. à Mayotte, un premier cas de grippe A H1N1 a été identifié le 31 juillet chez un enfant venant de La Réunion. Dans la course contre la montre qui s’est enclenchée pour que l’industrie pharmaceutique fournisse des doses suffisantes de vaccin aux autorités sanitaires internationales - visiblement en octobre -, comment lutter pour que l’épidémie ne devienne pas pandémie ?

Il faut savoir que la transmission du virus se fait selon deux modes : par les voies respiratoires (toux, éternuements, postillons...) et par les mains. Les symptômes courants sont la fièvre, les maux de tête, les difficultés respiratoires et la fatigue intense et anormale. Voici les mesures à adopter pour limiter la transmission de la grippe A H1N1 : se laver régulièrement les mains au savon, utiliser un mouchoir en papier pour éternuer, tousser et cracher, puis le jeter à la poubelle et se laver les mains. En cas de symptômes, appeler le 02 69 603 603. à Mayotte, l’objectif est le ralentissement de la contagion et le recueil d’un maximum de données. Si l’épidémie venait à se renforcer, les dispensaires de Mayotte et les centres de PMI seraient placés au coeur du dispositif de soins pour offrir à la population une réponse de proximité. Un circuit spécifique de collecte des déchets serait également mis en place.



ACTUALITé

Rédaction : Stéphanie Légeron


Mayotte 101è département en mars 2011. le processus est en marche. Rétrospective de la visite de François Fillon. Inauguration de la nouvelle mairie de

Mamoudzou, clôture

des états généraux

de l’Outre-mer, visite de la ferme aquacole

d’Hajangua, inauguration de l’extension du lycée

Pamandzi et remise de la Légion d’honneur à Mansour Kamardine... Retraçons les temps de

forts de la journée ministérielle du

11 juillet

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es Mahorais attendaient la venue de Nicolas Sarkozy depuis deux ans. à sa place, le Premier ministre François Fillon est venu à Mayottte en visite officielle le samedi 11 juillet avec trois membres de son gouvernement : Patrick Devedjian, ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance, Hervé Novelli, secrétaire d’état chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation, et Marie-Luce penchard, nommée le 23 juin, lors du remaniement du gouvernement, secrétaire d’état chargée de l’Outre-mer. à Mayotte, la dernière visite d’un Premier ministre français remontait au 18 mai 2006. Dominique de Villepin (UMP), accompagné notamment de l’ancien ministre de l’Outremer François Baroin, avait alors inauguré l’Institut de formation des infirmiers et le nouveau bâtiment du vice-rectorat. Il avait également annoncé une enveloppe pour la construction d’un nouvel hôpital en Petite-Terre.

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Extraits du discours du Premier ministre François Fillon lors de l’inauguration de la nouvelle Mairie de Mamoudzou... - « Inaugurer une nouvelle mairie au moment où va naître un nouveau département dans la République française, c’est un symbole qui réjouit le cœur de tous les Républicains et je vais vous dire qu’avec ceux qui m’accompagnent aujourd’hui, Patrick Devedjian, Hervé Novelli, Marie-Luce Penchard, nous sommes venus vous apporter le témoignage de respect et d’affection de la République. (...) Je veux saisir cette occasion pour saluer la municipalité de cette commune, la principale de Mayotte qui est appelée à devenir le fer de lance de la départementalisation. Le 29 mars dernier, les Mahorais ont en effet réaffirmé avec force leur volonté de faire de Mayotte le 101è département français. Ce rêve a été porté par plusieurs générations. Vous êtes les enfants des grands noms de l’histoire mahoraise : Zéna M’Déré, Younoussa Bamana, Marcel Henry, Zéna Méresse, Zoubert Adinani ! Ce rêve, beaucoup vous ont dit qu’ils le partageaient, mais la réalité c’est que nul n’avait osé vraiment le

mettre en œuvre. Le Président de la République vous a écrit en 2007 qu’il était prêt à engager avec vous ce processus et ensuite, tout le gouvernement s’est mobilisé pour que vous puissiez vous prononcer rapidement. Et à plus de 95 %, vous avez dit « oui » pour que Mayotte soit transformée en département. Le gouvernement vous a entendus et a déjà déposé un projet de loi organique qui institue « le département de Mayotte ». Cette transformation sera effective au prochain renouvellement du Conseil général, en mars 2011. Mayotte sera à ce moment-là un département de plein exercice, un département à part entière qui, de plus, exercera les missions d’une région. Une nouvelle assemblée sera intégralement élue. J’ai demandé à Marie-Luce Penchard d’organiser à la rentrée de septembre la concertation avec vous sur le nombre de conseillers de la nouvelle assemblée ainsi que sur le mode de scrutin. (...) Mesdames et Messieurs, la départementalisation, c’est un nouvel équilibre des pouvoirs qui donnera beaucoup plus de responsabilités aux acteurs locaux. Le Conseil général deviendra l’acteur central du développement économique et social de Mayotte. Et les dix-sept communes vont jouer le même rôle de proximité qu’en métropole ou à La Réunion. Grâce aux nouveaux moyens tirés de la fiscalité locale, elles seront en première ligne sur les équipements de proximité, l’action sociale ou encore l’urbanisme. Symbole fort de cette évolution, la mairie de Mamoudzou va devenir le siège d’un pouvoir municipal rénové au service des citoyens. L’état, quant à lui, restera à vos cotés. Ses services vont vous accompagner dans la mise en œuvre de la départementalisation, conformément au pacte que le gouvernement vous a proposé et que vous avez approuvé. (...) Je demande à Marie-Luce Penchard de faire le point tous les ans avec les élus de Mayotte sur la mise en œuvre du pacte et je veillerai personnellement à ce que la départementalisation ne prenne aucun retard et soit conduite selon le calendrier que nous avons prévu. D’ores et


déjà, le gouvernement a tenu ses engagements sur un sujet qui a fait l’objet de nombreuses critiques, c’est la fiabilisation de l’état civil des Mahorais. L’état a pris des décisions rapidement. La commission de réforme de l’état civil fonctionne à nouveau. Elle règle environ 1 000 situations individuelles par mois. Nous allons accélérer ce dispositif et je vous annonce que, dès le mois de septembre, des fonctionnaires se rendront dans les villages pour aider ceux qui le souhaitent à remplir leur dossier. Je veux inciter très vivement les Mahorais à s’engager dans cette procédure parce que, dans un an, il ne sera plus possible de déposer de nouveaux dossiers. Le gouvernement a aussi été habilité par le Parlement en mai dernier à réformer par ordonnances le droit du mariage, ce qui mettra notamment fin à la polygamie. Quand on veut rentrer dans la République française, on en accepte toutes les valeurs et tous les principes. Ces mêmes ordonnances supprimeront la justice religieuse, qui n’est pas compatible avec les principes de la République française. Je sais qu’un autre sujet préoccupe beaucoup les Mahorais : celui de la lutte contre l’immigration clandestine. C’est un sujet essentiel pour la cohésion sociale. (...) Sous l’autorité du Préfet, des moyens importants et croissants sont consacrés à ce combat : nous avons mis en place des effectifs supplémentaires de police nationale et de gendarmerie, nous avons renforcé les moyens maritimes, nous avons amélioré la coordination des services et déjà, il y a des résultats puisque 16 000 personnes ont été reconduites à la frontière chaque année depuis trois ans, et ce sera sans doute un peu plus cette année ! Nous savons tous que, dans ces résultats, un investissement a été très important : celui de l’implantation de trois radars. Je veux vous indiquer que j’ai décidé de compléter le dispositif en installant un quatrième radar dans le sud de l’île, pour assurer une couverture totale du lagon. Nous y ajouterons en appui un hélicoptère de la gendarmerie nationale qui sera positionné en permanence à Mayotte ; ce

sera un renfort important car la surveillance aérienne a fait la preuve de son efficacité. Mais je veux vous dire aussi, mes chers amis, que tous ces résultats resteront insuffisants tant que la société mahoraise ne s’attaquera pas aux causes de l’immigration clandestine. L’emploi de travailleurs clandestins ou la location de cases insalubres sont inadmissibles, d’abord pour la dignité de la personne humaine, mais ensuite parce qu’ils entretiennent des flux d’immigration qui risqueraient à terme de déstabiliser la société mahoraise. Je veux évoquer un autre sujet de préoccupation, celui du sort réservé aux enfants isolés. J’ai demandé au ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire en liaison avec la Secrétaire d’état chargée de l’Outre-Mer et le Conseil général de Mayotte, de me faire des propositions pour mettre fin à cette situation dramatique. (...) La départementalisation, c’est aussi l’égalité sociale. (...) Je vous confirme la revalorisation des allocations familiales et des allocations adultes handicapés dès 2010 ; une mise en œuvre plus complète des allocations logement sera également réalisée. Tous les minima sociaux seront ensuite mis en œuvre à partir de 2012 et ils progresseront pour atteindre le même montant qu’en métropole ou à La Réunion en une génération. En fonction de la croissance économique et du développement de Mayotte, nous pourrons ensemble accélérer la montée en charge de ce processus. Mais Mesdames, Messieurs, il faut bien avoir conscience que toutes ces évolutions, économiques et sociales, vont provoquer des change-

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ments profonds. Il est important de veiller à ce que ces réformes ne viennent pas rompre le lien social qui existe à Mayotte, qu’elles ne viennent pas casser les solidarités existantes. Il faut au contraire qu’elles viennent les compléter ; il faut qu’elles soient au service du développement local. (...) L’état a décidé d’accentuer son effort en faveur de Mayotte. D’abord, nous mobilisons sans retard notre part dans le contrat de projet étatMayotte. Il faut que, d’ici 2014, les 336 millions d’euros que l’état a prévu de consacrer au développement des infrastructures à Mayotte aient été effectivement et efficacement utilisés. En complément, le plan de relance, mis en oeuvre sous l’autorité de Patrick Devedjian, qui m’accompagne et que je remercie d’être à mes côtés, vient renforcer l’engagement financier de l’état. Il permet notamment de soutenir l’activité de vos petites et moyennes entreprises avec 12 millions d’euros supplémentaires qui ont été accordés en mars dernier, notamment pour la rénovation des écoles dans toutes les communes de l’île. Je veux vous annoncer que, compte tenu de la bonne réalisation de ces projets, j’ai décidé de donner une nouvelle enveloppe de plus de 6 millions d’euros à Mayotte. Cette enveloppe permettra notamment de poursuivre les travaux sur les bâtiments scolaires, d’améliorer le réseau routier, ici à Mamoudzou, en Petite-Terre et dans les zones rurales. (...) Mesdames et Messieurs, chers compatriotes mahorais, le 29 mars, vous nous avez invités à une démarche exigeante et ambitieuse. Celle-ci ne se concrétisera que par un travail sérieux et respectueux des engagements. La précipitation, la surenchère ne sont pas des gages de succès. (...) Nous nous sommes engagés pleinement dans une dynamique de développement (...). Je suis fier de la confiance dont les Mahorais honorent la République française et que je suis confiant dans la capacité de nos concitoyens de Mayotte à inscrire leur avenir au sein de la République, dans le respect de ses principes mais aussi dans la reconnaissance de votre identité et de votre culture. »

... Puis lors de la clôture des états généraux au

Conseil général

- « Je voudrais d’abord vous dire que je ressens beaucoup d’émotion à m’asseoir pour la deuxième fois devant cet hémicycle. J’y étais venu, avec le président Bamana, en 1994, aux côtés d’édouard Balladur, et je retrouve les lieux avec beaucoup d’émotion (...). Je voudrais vous féliciter pour la qualité du travail qui a été le vôtre dans l’organisation de ces états généraux. (...) Avec le président de la République, nous avons pensé qu’il fallait organiser ces états généraux, pour en finir avec une vision unique de l’avenir de l’Outre-mer ; qu’il fallait engager un débat profond avec chaque territoire, pour apporter des réponses adaptées à chaque territoire. Au fond, le premier message de ces états généraux, c’est que désormais il y aura des Outre-mers ; il y aura des politiques différentes, qui seront conduites par le gouvernement et par l’état, pour répondre aux besoins spécifiques des territoires. (...)

(...) Vous avez encore du travail à faire pour mettre en forme vos propositions, puis ensuite nous organiserons une restitution nationale ; et enfin, sous la présidence du président de la République, se tiendra un comité interminis-


tériel de l’Outre-mer, où nous mettrons en œuvre les décisions qu’appellent les états généraux. (...) (...) Je voudrais insister sur ce point : la départementalisation, ce n’est pas un aboutissement, c’est un commencement. (...) Ce n’est pas parce que vous allez avoir des textes, une organisation, des institutions qui seront les mêmes que celles de tous les départements de la République française, que pour autant les problèmes que vous connaissez, (...) vont être effacés comme cela. Il faut maintenant que vous continuiez ensemble, de la façon la plus cohérente possible, en ayant la cohésion la plus forte possible, à travailler à la mise en œuvre de la départementalisation, dans l’esprit d’un projet de société, d’un projet d’organisation économique, sociale, culturelle, qui doit être le vôtre, et que personne ne peut inventer à votre place. Je reviens maintenant sur quelques-unes des propositions qui ont été faites (...). D’abord, le pouvoir d’achat. (...) On va mettre en place un service compétent en matière de concurrence et de répression des fraudes, de manière permanente à Mayotte, parce que c’est un sujet qui doit mériter une attention toute particulière de l’état. Il sera en place avant la fin de cette année, ici à Mayotte. Il ne faut pas, pour autant, que vous pensiez que cette seule question va résoudre les problèmes de vie chère. (...) Le yaourt qui viendra de Normandie sera toujours plus cher à Mayotte qu’en Normandie. Et on pourra trouver toutes les solutions du monde, cette question-là ne sera pas résolue autrement que par le développement de productions locales, (...) et d’échanges avec vos voisins. Le deuxième sujet que j’ai relevé est celui du foncier. Je vais signer, dès mon retour à Paris, le décret relatif à la « zone des cinquante pas géométriques ». Ce texte est très attendu. J’espère qu’il permettra une politique raisonnée de régularisation foncière pour les particuliers occupants. Je suis certain qu’il permettra à l’état de mettre du foncier à disposition des communes, pour construire des équipements collectifs et surtout du logement social.

Je pense que Mayotte a beaucoup d’atouts pour réussir : une jeunesse, à condition qu’elle soit de mieux en mieux formée. (...) Et puis votre environnement, qui doit être préservé, mais qui doit être aussi un outil de développement local. Je veux évidemment parler du tourisme, pour lequel il y a d’énormes efforts à faire à Mayotte. Je sais bien qu’il y a des obstacles, mais vous savez, il faut toujours commencer. (...) Dans ce travail de construction de votre développement local, je voudrais simplement vous recommander de vous inspirer de ce qui a réussi et de ce qui a échoué dans les autres départements d’Outre-mer. Vous avez la chance d’arriver en dernier ; vous pouvez donc regarder ce qui s’est passé, et essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs que les autres. Première erreur à ne pas commettre : celle de construire un développement totalement artificiel, qui ne repose pas d’abord sur le développement local. Deuxième erreur à ne pas commettre : c’est d’endommager cet environnement exceptionnel, qui est votre principale richesse. Regardez les efforts qu’on est en train de faire, sur d’autres territoires, pour réparer les erreurs qui ont été commises, et protéger l’environnement. Vous avez la chance, vous, d’avoir un environnement quasiment intact, c’est évidemment une chance qu’il ne faut pas gâcher. Il faut que votre développement soit pensé et porté localement, par les initiatives, l’énergie et le travail de chacun, dans le respect de votre identité. Et enfin, il faut que cet ancrage local, qui sera le cœur de votre développement économique, ne soit pas exclusif d’une ouverture sur le monde. (...) Il faut à la fois penser local et agir global. (...) Votre environnement régional, au bord d’un océan de croissance, au carrefour d’une Asie dont l’économie explose, et d’une Afrique dont la démographie explose, c’est beaucoup d’opportunités, qu’il vous revient de saisir. Nous allons être là pour vous accompagner, pour vous aider à les saisir, mais c’est vous qui avez la clé de votre développement. Je ne cesserai jamais de répéter ce message. (...) »

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Patrick Devedjian

Hervé Novelli

Patrick Devedjian, Hervé Novelli et Marie-Luce Penchard à la ferme aquacole d’Hajangua Les trois ministres ont visité dans l’après-midi les installations et ateliers du site de la ferme aquacole. Le matin même, François Fillon, dans son discours à la Mairie de Mamoudzou, déclarait : « La départementalisation, c’est aussi le choix d’un modèle de développement économique. Elle doit vous inciter à promouvoir des filières qui permettront de générer un véritable développement local. Je pense à l’aquaculture. Ce développement nécessite bien sûr des investissements, des infrastructures et un accompagnement. Un fonds de développement économique, social et culturel sera donc installé dès la création du département. J’ai demandé à Marie-Luce Penchard de me faire des propositions pour la mise en place de ce fonds ». (voir article sur l’aquaculture p. 20 à 28)

Marie-Luce penchard


Jean-Claude Cirioni, Vice-Recteur et Denis Robin, ancien Préfet de Mayotte nommé le 12 juillet directeur de cabinet de Marie-Luce Penchard

Remise de la Légion d’honneur par François Fillon à Mansour Kamardine accompagné de son épouse

Inauguration de l’extension du lycée de Pamandzi

renforts permettront aussi (...) d’accueillir dans les écoles maternelles tous les enfants de quatre ans à la rentrée de 2009 et tous les enfants de trois ans à la rentrée de 2010. »

Cette inauguration a été l’occasion d’aborder le sujet de l’éducation à Mayotte. Voici un extrait du discours du Premier ministre à la mairie de Mamoudzou : - « (...) Bien formée, la jeunesse de Mayotte sera une richesse et un moteur pour le développement de l’île et pour notre pays dans son ensemble. L’état investit massivement dans les constructions scolaires. En dix ans, sept collèges et cinq lycées ont été construits. Et, en cinq ans, le budget de l’éducation nationale à Mayotte a été doublé en passant de 116 à 230 millions d’euros. Nous allons poursuivre cet effort et j’ai donné mon accord pour la construction d’un deuxième lycée à Mamoudzou.

L’état renforce aussi tous les ans les effectifs d’instituteurs et de professeurs (...). 100 nouveaux postes d’instituteurs sont ainsi affectés à la rentrée de septembre et 120 postes d’instituteurs sont ouverts localement au concours de recrutement, pour conforter les effectifs dans les années futures. Avec ces moyens, nous entendons combattre les problèmes de sureffectifs, qui risquent de nuire à l’acquisition des savoirs de base et notamment du français, si essentiel pour l’avenir de vos enfants. Je demande aux services de l’éducation nationale à Mayotte d’utiliser ces moyens supplémentaires pour garantir qu’aucune classe de l’élémentaire ne dépasse 28 élèves. C’est un impératif. Ces

Mansour Kamardine décoré de la Légion d’honneur par François Fillon De retour de sa visite de quelques heures à Moroni où il a rendu hommage aux familles endeuillées par l’accident d’Air Yéménia survenu le 30 juin, François Fillon a terminé cette journée à Mayotte en remettant les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à Mansour Kamardine - député de Mayotte (UMP) du 16 juin 2002 au 17 juin 2007 -, visiblement très ému de sa distinction honorifique.

Stéphanie Légeron

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économie

Rédaction : Laurence de Susanne

Aquaculture : un pari ambitieux pour l’île au lagon L’aquaculture est de plus en plus perçue comme une « locomotive » prometteuse du développement économique de Mayotte. Faisons un point sur cette filière : quel est son véritable potentiel et quelles sont les contraintes auxquelles l’aquaculture doit faire face aujourd’hui pour prendre de l’ampleur ?


I

ls sont en permanence 110 000 à grandir dans de grandes « cages » rondes ou rectangulaires fixées au fond du lagon, à quelques encablures du rivage de Mayotte : « ils » ce sont des « poissons d’élevage » – à ce jour essentiellement des ombrines tropicales mais aussi des cobias. à l’aise dans leurs milliers de mètres cubes d’eau de mer parfaitement limpide, au bleu profond, ils tournent dans une ronde sans fin. Dans un enclos doré, à l’abri des prédateurs grâce aux mailles serrées des filets qui constituent les parois des « enclos », ils sont nourris au moins deux fois par jour. Quand ils auront atteint le poids idoine – entre 4 à 6 kg – ils quitteront le sol mahorais en caisses réfrigérées, via Mayotte Air Service puis Air Austral, pour nourrir les gastronomes des plus grands restaurants européens. 120 tonnes - et non 150 comme on peut le lire partout - ont été exportées ainsi en 2008 qui font de Mayotte le n°1 de l’aquaculture de tous les Dom-Tom. La seule véritable exportation de Mayotte dont tout le monde dit qu’elle a un formidable potentiel de développement. Et pas seulement les ministres en visite sur l’île ! Des chiffres ? Sylvie Charvoz, responsable du développement et des relations publiques de Mayotte Aquaculture, acteur majeur de cette belle filière, annonce comme objectif 400 à 500 tonnes de poissons d’élevage exportées en 2011, 1 000 tonnes en 2015.

Au début de la chaîne : l’écloserie d’Aquamay Plutôt fascinantes : telles sont les coulisses du monde de l’aquaculture à Mayotte. Fascinantes parce que la qualité, la rigueur et la volonté de bien faire et de se professionnaliser sont au rendez-vous à presque tous les niveaux de la chaîne qui va aujourd’hui de la production d’alevins (bébés poissons) à la commercialisation de ces poissons d’élevage. Et qui ira demain jusqu’à l’atelier de transformation du poisson. Au début de la chaîne : l’écloserie de Koungou qui, ces derniers mois, a fortement amélioré ses règles d’hygiène et ses procédures. Elle est dirigée depuis juin 2007 par Timothée Gadenne. à quelques mètres du rivage, en contrebas de la route, juste avant la Pointe Koungou, des bâtiments abritent la nurserie dont le responsable est un jeune expert qui a fait ses armes à Darwin, en Australie. On y entre après avoir fait ses ablutions, les pieds plongés dans un mélange antiseptique. Première étape : les géniteurs. Un grand bac pour une trentaine d’ombrines, mâles et femelles bien sûr, qui ne posent pas de problème de reproduction. Au contraire : l’écloserie a aujourd’hui trop d’œufs par rapport à ce que la filière peut absorber. Un autre bac tout aussi grand pour les cobias dont on maîtrise au contraire très mal la reproduction… et l’élevage proprement dit. Le jour de notre visite il y avait dans ce bac seulement deux mâles et une femelle car ce poisson, qui vit isolé, a besoin d’énormément de place. à La Réunion comme à Mayotte, il y a eu des pontes régulières en 2007. Puis rien en 2008. Pourquoi ? Mystère. Autre bizarrerie, sans réponse encore : la plupart des cobias meurent en captivité à J+18. Alors, si l’élevage de ce poisson est si complexe, pourquoi s’acharner ? Tout simplement parce que le cobia est délicieux - chair blanche et ferme, au goût proche de celui du mérou – et atteint en douze mois de vie le poids étonnant

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de… 6 kg minimum et jusqu’à 10 ! Il grossit donc encore nettement plus vite que le saumon, le principal poisson d’élevage dans le monde à ce jour, qui lui, atteint 4 kg en un an d’existence. Et, bien sûr, plus vite que l’ombrine qui atteint 3,5 kg en 18 mois. Deuxième étape : la nurserie, aujourd’hui presque uniquement occupée par les ombrines. Les œufs, récupérés dans les bacs des géniteurs, deviennent larves puis alevins. Il va falloir les nourrir durant deux mois avec beaucoup de précision et de produits finement adaptés (plancton, algues, rotifères, granulés). Trois immenses bacs ronds abritent les alevins, suivant leur stade de développement : dans le premier, les 8 000 ombrines ont 16 jours, dans le second, elles sont âgées de trois semaines, dans le dernier elles ont deux mois et mesurent alors dix centimètres. Le lendemain celles-ci partiront pour Mayotte Aquaculture, près du Port de Longoni, pour continuer à grossir. Elles y resteront deux ans avant de s’envoler, en direction de Marseille ou Paris où elles arriveront douze heures plus tard. Un poisson qui débarquera en métropole frais, réfrigéré (entre 0 et 2°C au cœur du poisson) et entier (non éviscéré). Des caractéristiques qui s’expliquent par le type de clientèle qui va le déguster : haut de gamme !

Au bout de la chaîne : Mayotte Aquaculture et la pépinière

d’artisans-éleveurs Au bout de la chaîne de l’aquaculture mahoraise, donc : Mayotte Aquaculture, l’éleveurexportateur, un grand professionnel arrivé sur l’île en 1998 après avoir fait ses preuves à Cannes. Des outils de production performants, un conditionnement des poissons aux normes européennes, le tout soumis aux règlements d’hygiène rigoureux appliqués par la Direction des services vétérinaires (DSV). Pour atteindre l’excellence dans l’outil de production, « il ne

reste plus qu’une toute petite étape à franchir : donner une nourriture biologique aux poissons », explique Sylvie Charvoz. Ambiance laboratoire, chaussons et coiffe obligatoires. Impératif mais inhabituel à Mayotte !

La famille Charvoz est à l’origine de cette belle réussite. Une aventure démarrée à Cannes il y a 21 ans avec l’élevage en pleine mer de trois espèces de poisson méditerranéen : le loup, la daurade royale, le maigre. Aujourd’hui Cannes Aquaculture est le n°1 en France de l’aquaculture en mer (1 200 tonnes produites par an). D’origine métropolitaine, cette entreprise, dès le début de son implantation, s’applique à faire naître une filière mahoraise. Et à y intégrer les jeunes Mahorais intéressés par ce métier. Formés d’abord par le GSMA (Groupement de service militaire adapté), ils poursuivent leur formation à Cannes aux frais de l’entreprise pour venir ensuite travailler à Longoni ou monter leur propre ferme. Le leitmotiv de Mayotte Aquaculture, martelé par Yann Perrot, le directeur de l’exploitation : « Trouver des

© Mayotte Aquaculture

financements qui nous aident à lutter contre les surcoûts liés à l’isolement géographique et ainsi développer notre production pour passer à 1 000 tonnes et 100 emplois locaux en 2015. En continuant, bien entendu, à appliquer nos règles d’or : une aquaculture raisonnée, éco-


responsable, et de haute qualité – pas une seule maladie parmi les poissons depuis la création de notre ferme d’élevage ! ».

et une petite zone maritime concédées pour dix ans (AOT = autorisation d’occupation temporaire) et pilotés, comme l’écloserie de Koungou, par l’Association pour le développement de l’aquaculture à Mayotte (AQUAMAY), association professionnelle financée par le Conseil général, l’état (ODEADOM) et également par le produit de ses ventes (alevins et aliments).

Bientôt, un atelier de transformation du poisson à

Hajangua

Au bout de la chaîne aussi : la pépinière d’artisans-éleveurs aquacoles à Hajangua qui progresse lentement mais sûrement. Mayotte Aquaculture exporte tous ses poissons d’élevage (rappelons-le, 120 tonnes en 2008) ; la pépinière, elle, produit pour la vente locale (30 tonnes annoncés pour 2008). Une bonne complémentarité. Cette pépinière, née en 2001, est portée depuis quelques années par Dominique Marot, luimême arrivé dans l’aquaculture après avoir été simple pêcheur (interview p.24). Aujourd’hui, il est l’un des trois artisans-éleveurs, rejoint dans quelques semaines par un quatrième, qui apprennent le métier à Hajangua. Un terrain

De nouveaux bâtiments ont été inaugurés en décembre dernier : l’un gère la desserte des réseaux d’eau potable et d’électricité, un autre est destiné à la réception et au glaçage des poissons d’élevage sortis des cages et un troisième devrait servir mi-2010 à leur transformation. Un atelier d’une capacité de 30 tonnes par an pour pouvoir répondre, quand le poisson sauvage manque, à la demande de la restauration collective, de la coopérative Coopemay, du Centre hospitalier de Mayotte… Chaque artisan-éleveur y amènera ses poissons, les découpera en darnes et en filets. évidemment il y a un monde entre Mayotte Aquaculture et cette pépinière, pourtant tous deux producteurs de poissons d’élevage. L’une est ultra-pointue techniquement, l’autre est artisanale, embryonnaire, fragile. Malgré ces différences, une bonne connivence et une réelle solidarité existent entre les différents partenaires de cette filière, réunis au sein d’Aquamay, véritable trait d’union entre tous.

© Mayotte Aquaculture

© Aquamay

à Hajangua, des cages sont prêtées aux artisans en attendant que, grâce à des aides ou à des prêts, ils en acquièrent. Piste d’accès, clôture et ponton flottant sont flambant neufs.

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© L. d. S.

M. m. : - En tant qu’ancien pêcheur, que pensez-vous de l’avenir de la pêche à Mayotte ?

INTERVIEW

Trois questions à Dominique Marot, président d’Aquamay Mayotte magazine : - Quel est votre parcours ?

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Dominique Marot : - J’ai 45 ans et suis né à Hajangua. Mon arrière grand-père, William Marot, un breton, a quitté l’île Maurice où il est né, pour créer le domaine sucrier de cette commune : 900 hectares ! Ma chance : avoir bénéficié d’une culture, d’un environnement occidental. J’étais pêcheur. Conscient des risques que je courais, moi, père de famille, en devant aller toujours plus loin pour pêcher, et conscient aussi de la raréfaction des poissons, je me suis tourné en 2001 vers l’aquaculture. Avec nos économies familiales, des aides pour l’achat des cages et l’appui du premier directeur d’Aquamay, j’ai monté mon projet d’artisan-éleveur avec la pépinière. Aujourd’hui, je prépare ma propre ferme d’élevage tout près d’Hajangua : j’ai obtenu une autorisation occupation temporaire en janvier 2009 pour dix ans. Début 2010, j’y installerai mes dix cages.

D. M. : - Aujourd’hui la pêche c’est de plus en plus de risques car il faut aller de plus en plus loin et il y a de moins en moins de poissons… Mais nous avons des solutions : il faut moderniser la pêche artisanale. Projet n° 1 : installer autour de l’île, à l’extérieur du lagon, à cinq miles de la barrière environ, une quinzaine de DCP performants (dispositifs concentrateurs de poisson) ; ce sont des systèmes simples qui attirent les poissons en un point précis. Projet n°2 : repousser plus loin les thoniers espagnols, français…Nous avons déjà obtenu, tout récemment, que l’état, à Mayotte, récupère le fruit des licences payées par ces thoniers ! 300 000 euros qui vont, notamment, permettre aux pêcheurs d’acheter du nouveau matériel, des moteurs. Projet n°3 : récupérer les poissons non calibrés rejetés à la mer par les thoniers, les transformer et les vendre. Un thonier peut rejeter pardessus bord, en une seule fois, une trentaine de tonnes de poissons ! Nous avons demandé des aides pour créer un atelier de transformation car la Coopemay est trop petite pour absorber ces quantités. M. m. : - Sur quels points avez-vous insisté auprès de la délégation ministérielle venue à Mayotte le 11 juillet ? D. M. : - J’ai insisté sur trois points, indispensables à mes yeux pour le développement de l’aquaculture à Mayotte : création d’un centre de recherche de l’IFREMER qui servirait d’ailleurs à tout l’Outre-mer français, diminution des coûts des aliments importés, obtention de prêts à des taux privilégiés pour les jeunes aquaculteurs.



7, 50 euros le kg à l’arrivée en métropole Alors aujourd’hui, que manque-t-il pour que l’aquaculture de Mayotte explose ? Où le bât blesse-t-il ? Un rapport remis à François Fillon, Premier ministre en visite sur l’île le 11 juillet dernier, évoque une production possible – tout en respectant les normes environnementales – de 5 000 à 10 000 tonnes par an. En 2009, malgré sa production modeste, centrée sur l’ombrine, la production piscicole mahoraise est la plus importante de tout l’Outremer français : la Martinique produit 60 tonnes, La Réunion 40, la Guadeloupe et Tahiti moins de 10 tonnes chacune. La partie exportée génère plus de 700 000 euros annuels et fait travailler directement 25 personnes.

Des atouts indéniables

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Une position de leader que Mayotte doit d’abord à son exceptionnel lagon et à ses conditions météorologiques. Météo clémente, océan le plus souvent calme, épargné presque complètement par les cyclones, marée importante – jusqu’à 4 mètres de différence entre la marée basse et la marée haute – et donc forte oxygénation de l’eau océane, faibles amplitudes thermiques (entre 24 et 30°C sur l’année), profondeur du lagon entre 30 et 50 mètres : tous les spécialistes de l’aquaculture l’affirment, Mayotte dispose de conditions climatiques idéales pour devenir le pôle n°1 de l’aquaculture française !

lement géographique de Mayotte. Explications concrètes : les aliments des poissons (farine de soja et de poisson, pas d’OGM) doivent être importés de métropole : le kg est à 1,30 euro alors qu’il est seulement à 0,90 à La Réunion par exemple. Or leur coût représente 70 % des coûts totaux de production. Un kilo de poisson est vendu 7,50 euros à l’arrivée en métropole. Sur cette somme, 3 euros vont au frêt ! Un coût qui pèse un peu moins lourd dans la balance depuis début 2009 grâce, à la prise en charge par le Conseil général non plus d’1 mais de 2 euros sur 3. Mais cela ne suffit encore pas, comme l’explique Yann Perrot, de Mayotte Aquaculture. Deuxième « obstacle structurel » : l’absence d’un maillon dans la filière, sur place, celui de la recherche. L’écloserie-nurserie peut difficilement mener expériences et recherche sur de nouvelles variétés de poisson – cobia, picot… – en même temps que jouer son rôle principal qui est de produire des alevins. L’arrivée prochaine d’une antenne de l’IFREMER* à Mayotte annoncée par François Fillon va permettre de disposer d’un laboratoire d’analyses et de recherches sur l’île, qui va travailler en étroite liaison avec les autres départements d’Outremer producteurs. Un outil pour explorer méthodiquement les nouvelles espèces de poisson à domestiquer sur l’île : le cobia, mais aussi des espèces herbivores telles le picot (très apprécié des Mahorais qui le nomment « cordonnier ») ou le mulet. Attention : développer une nouvelle espèce est coûteux et nécessite au moins deux ans de mise au point. D’où la remarque de certains, lors du séminaire « Aquaculture Outre-mer » de décembre 2008 qui a eu lieu sur l’île au lagon : « Pourquoi courir après la

diversification et ne pas développer les espèces dont on est sûr qu’elles fonctionnent ici ? ».

Mais des obstacles

Réponse des aquaculteurs de Mayotte : il faut pérenniser l’élevage de l’ombrine et du cobia avant de se lancer dans de nouvelles espèces.

Premier « obstacle structurel majeur » comme l’écrivent les experts et économistes qui se sont penchés sur le dossier : les surcoûts dûs à l’iso-

Troisième faiblesse : l’insuffisant développement du marché local. Le poisson sauvage, pêché chaque jour par de nombreux pêcheurs


M. m. : - Où en est votre projet ?

© Aquamay

INTERVIEW

Trois questions à Harache Abdoul Madjid, artisan-

H. A. M. : - Mon objectif est l’installation d’une unité de grossissement de poissons marins pour produire simultanément 10 tonnes de daurades et 20 tonnes d’ombrines par an sur un train de cages flottant. Je suis installé depuis décembre 2008 sur la pépinière d’entreprise aquacole à Hajangua, soutenu par l’association Aquamay (je suis adhérent), pour apprendre le métier. Je me suis associé avec un professionnel du monde agricole : M. Moussilimou Bouhari, qui, lui, assurera la plupart de la commercialisation des produits. Nous avons créé une Société Civile d’Exploitation Agricole (SCEA).

aquaculteur

Je viens tout juste de recevoir mes onze cages. Jusqu’ici, je travaillais avec du matériel prêté.

Mayotte magazine : - Quel est votre parcours ?

M. m. : - Comment financez-vous ce projet ?

Harache Abdoul Madjid : - J’ai 28 ans. Quand je travaillais à Aquamay, j’ai compris que l’aquaculture allait se développer à Mayotte, que c’était un secteur porteur. Comme c’est un métier que j’aime beaucoup, j’ai eu envie de me former et d’avoir des diplômes pour m’installer ensuite. En 2000, j’ai suivi une formation aquacole au GSMA de Mayotte, puis de 2003 à 2004 j’ai fait des stages dans des grandes surfaces avant de passer le BEPA « Production Aquacoles ». Puis de nouveau des stages dont un, en 2006, à Cannes Aquaculture. Enfin, en 2006 aussi, j’ai obtenu le Bac Professionnel Aquacole à Challans, en métropole.

H. A. M. : - En 2008, j’ai obtenu des aides publiques : la DIA, la subvention à l’investissement de la COREPAM, et le PIJ de la DTEFP. Mon associé et moi avons fait un apport personnel. Et, tout dernièrement, j’ai obtenu 5000 euros, le montant du 1er prix « Jeunes talents » piloté par la Boutique de gestion, dans la catégorie « Dynamiques Rurales ». Ils vont me servir à acheter alevins et nourriture pour les poissons auprès d’Aquamay.

Interviews réalisées par Laurence de Susanne


mahorais qui doivent aller toujours plus loin pour le trouver, se raréfie, même si des décisions prochaines vont en partie y remédier (voir interview de Dominique Marot). Le poisson d’élevage est un complément pour un marché local… qui reste à conquérir. Car à Mayotte, comme ailleurs, le poisson d’élevage jouit, à tort, d’une image mitigée. Sans oublier la concurrence du poisson congelé en provenance d’Asie et d’Afrique qui débordent des congélateurs de la Sodifram ou de Jumbo. Sait-on néanmoins que les « experts » affirment qu’en 2030, près de 80 % du poisson consommé dans le monde, sera du poisson d’élevage ? Augmentation de la population, et régression de la pêche obligent. Atelier de transformation, IFREMER… : les différents maillons de la chaîne « Aquaculture » à Mayotte continuent de se mettre en place.

Les outils, les compétences et un « plan de développement » sont là. Alors… rendez-vous en 2015 avec une exportation annuelle de 1 000 tonnes de poissons d’élevage signés Mayotte ! Un pari ambitieux pour le 101è département français et 5è d’Outre-mer, dans un secteur - l’élevage de poisson marin tropical - qui aujourd’hui, au niveau mondial, est au tout début de son développement.

Laurence de Susanne *L’IFREMER : institut français de recherche pour l’exploitation de la mer - 235 millions d’euros de budget, 1 500 salariés, huit navires - qui a notamment pour mission de « conduire et de

promouvoir des recherches fondamentales et appliquées, des activités d’expertise et des actions de développement dans les productions aquacoles et les ressources halieutiques ».



Les défis du SMIAM écoles & équipements sportifs « Nous devons développer et encourager à Mayotte la culture du respect du bien public », Abdou Dahalani Quelques éQUIPEMENTS LIVRéS ou en travaux

Plateau polyvalent de Doujani

• Réception en juin 2009 • Budget : 550 000 € • Entreprise de travaux : BET MEI

école élémentaire de Cavani stade

• Réception en août 2009 • 6 salles de classe / Budget : 1 700 000 € • Maître d’oeuvre : CONCEPT

Mayotte magazine - Le SMIAM aura 30 ans fin 2009. Quelles pourraient être aujourd’hui ses perspectives ?

école maternelle de Tsoundzou II

• Réception fin 2009 • 3 salles de classe / Budget : 800 000 € • Maître d’oeuvre : TANDEM

Abdou Dahalani : - Le SMIAM doit conduire une réflexion globale sur les équipements socio-éducatifs. Confrontés à des pressions foncières et démographiques fortes, nous devons faire en sorte que les équipements soient le plus polyvalents possibles. En l’absence de Maisons des jeunes et de la culture (MJC) ou de salles des fêtes, la plupart des manifestations culturelles et cultuelles


Interview Abdou Dahalani

PUBLI-COMMUNIQUé

Directeur général des services du Syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte ont lieu sur les plateaux polyvalents construits et aménagés par le SMIAM pour n’accueillir que des activités sportives. Nous devons parallèlement engager une dynamique pour prendre en compte les nouvelles contraintes budgétaires liées au contexte économique difficile que nous traversons. Il est important d’adopter une démarche de gestion optimale qui rende les infrastuctures le plus pérennes possibles. Pour cela, il faudrait que les usagers s’approprient les équipements et consentent des efforts pour les entretenir. Un plateau polyvalent par exemple constitue un véritable outil d’épanouissement pour les jeunes du village. Une mauvaise utilisation des équipements entraîne de nombreuses dégradations pouvant aller jusqu’à un abandon pur et simple. Des revendications voient ensuite le jour pour rénover les bâtiments... Nous devons développer et encourager à Mayotte la culture du respect du bien public. Mayotte magazine - La départementalisation va-t-elle impulser au SMIAM de nouveaux projets ? Abdou Dahalani : - La première mission du SMIAM a été

d’offrir aux enfants un lieu d’éducation : l’école. Au début des années 1990, nous sommes passés d’une logique de salle de classe à une logique d’établissement scolaire incluant l’ensemble des équipements nécessaires à la sécurité et à une bonne pédagogie. L’étape suivante est l’intégration de la restauration scolaire. C’est cette dimension que le SMIAM va tenter d’apporter dans les établissements sous réserve des décisions politiques qui s’imposent ici. Une opération expérimentale avait été lancée en 1988 dans l’école primaire de Bandrani à Sada. Cette expérience, sensée être généralisée, n’a pas portée ses effets en raison d’une logistique inadaptée et de l’incapacité des parents d’élèves à contribuer au financement. Les outils financiers ne suffisaient pas. La mise en place du département à Mayotte va d’abord imposer des règles. Nous allons nous retrouver face à une obligation de faire. Tout citoyen pourra revendiquer ses droits. Assurer à l’école l’équilibre alimentaire des enfants en est un. Reste à définir qui asssurera la responsabilité de la restauration scolaire : la commune ? le Conseil général ? un autre organisme ? C’est un sujet important car il faut donner aux enfants de Mayotte les mêmes chances de réussite qu’à ceux des Dom-Tom et de métropole.

L’école notre Avenir, le sport notre épanouissement 2 rue de l’Hôpital à Mamoudzou - tél 0269 61 12 58 - fax 0269 61 12 70



RENCONTRE

Rédaction : Thierry Stoecklin

Eliasse, le groupe de Za

N’goma qui monte en flèche

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Rencontre avec Eliasse Joma, auteur, compositeur et interprète grand comorien qui a fondé le groupe Eliasse en 2006. Après un premier album « Marahaba » sorti en juin 2008, le quatuor multiplie les concerts et nous transporte dans son très bel univers artistique, le Za N’goma.


à gauche et ci-dessus : concert à la Fête de la Musique du 21 juin 2009 sur le parvis du Comité du tourisme

Mayotte magazine : - Comment es-tu venu à la chanson ?

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Eliasse : - à chacun de mes anniversaires, j’ai reçu un instrument de musique en cadeau. J’ai donc eu un lien avec la musique dès mon plus jeune âge. En 1998, quand Maalesh a sorti son premier album « Wassi Wassi », je l’ai acheté et j’ai trouvé sa musique très originale par rapport à ce qui existait aux Comores. J’ai bien accroché sur cet album et j’ai commencé à apprendre la guitare et les percussions. J’ai passé mon bac et l’année suivante, j’ai rencontré Maalesh. Il devait donner un concert à La Réunion et comme il m’avait vu jouer des percussions, il m’a demandé de remplacer un de ses musiciens qui s’était désisté. J’ai accepté et je me suis mis à déchiffrer les lignes de percussions de l’album et à tout retenir par cœur. Je ne me voyais par faire cela autrement vu que je n’avais pas d’expérience avec un groupe. On a répété pendant un mois et on est parti à La Réunion. (suite interview p.18)


EMMANUEL FLEURY

CéLINE LE FLEM

la basse acoustique et m’a proposé d’intégrer son groupe. Son style de musique m’a plu, je l’ai rappelé et c’est comme ça que cela a démarré. Je joue aussi du piano et les chœurs pour m’entraîner. En dehors de la musique, je suis chef d’entreprise dans le BTP. »

Mon rôle de choriste est ma première expérience musicale et dans un groupe. Dans la vie, je suis infirmière. »

40 ans, bassiste « Eliasse m’a vu jouer il y a trois ans de

ABDALLAH HALIFA

23 ans, percussionniste « Avec Eliasse c’est une longue histoire.

On s’est rencontré à Moroni où l’on accompagnait Maalesh. J’ai rejoint le groupe Eliasse il y a deux ans. Je fais aussi de la guitare acoustique, de la batterie et des voix. Aujourd’hui, je vis de la musique. »

29 ans, choriste « J’ai rencontré Eliasse il y a deux ans.

Retrouvez Eliasse sur internet www.myspace.com/eliassemusic976


C’était à l’occasion du festival du 31 décembre 1999 à Saint-Pierre. Mon premier concert a eu lieu devant 10 000 personnes pour le passage à l’an 2000 ! J’ai accompagné les tournées de Maalesh pendant les six années qui ont suivi. M. m. : - Comment définis-tu ta musique ? Eliasse : - Ma musique vient du Za N’goma. à l’origine c’est Baco, un artiste comorien de grande renommée, qui a regroupé les percussions de nos musiques locales sous l’appellation de Za N’goma. Lorsque je compose mes musiques, j’utilise plusieurs dialectes. Je commence à écrire mes premières paroles en grand comorien puis je place les mots suivants en shimaoré, shingazidja et shindzuani, selon les sonorités qui se prêtent le mieux à la mélodie.

M. m. : - Quels chanteurs t’ont le plus inspiré et que penses-tu de la musique mahoraise ? Eliasse : - Maalesh, Baco et un artiste que j’affectionne tout particulièrement : Kezia Jones. Je considère la musique mahoraise comme comorienne. Il y a des artistes dont les musiques restent traditionnelles et d’autres qui s’ouvrent à des genres différents. Le rap par exemple prend beaucoup chez les jeunes et tant mieux parce que cela vient enrichir et diversifier notre musique. Je cite souvent en exemple Bo Hauss qui cherche à créer du rap en intégrant de la musique traditionnelle. Je trouve cela assez intéressant.

M. m. : - Quels sont tes projets actuellement ?


Eliasse : - D’un point de vue musical, nous reprenons actuellement les titres de « Marahaba » et nous les jouons sur scène. D’autre part, je suis en train d’ouvrir une salle de répétition et un studio d’enregistrement. M. m. : - Qu’est-ce qui t’as poussé à faire partie du jury lors de la Scène des Jeunes Talents SFR ? Eliasse : - C’est simple. Au départ, SFR est mon partenaire et ce projet de donner une chance aux artistes est quelque chose qui ne peut qu’enrichir la musique locale. En tant qu’artiste, ce que je peux apporter, c’est mon aide technique. M. m. : - Que conseillerais-tu aux jeunes chanteurs

qui veulent faire de la musique leur métier ? Eliasse : - Ce que je conseillerais, c’est d’aimer ce qu’ils font et de savoir pourquoi ils le font. Il faut travailler, croire en ce que l’on fait et persévérer. Avoir aussi la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. M. m. : - Un message à faire passer aux hommes politiques ? Eliasse : - Ce serait bien que les politiciens dépassent les barrières entre Comoriens et Mahorais sur le plan culturel. Les gens doivent faire la différence entre la culture et la politique.

Propos recueillis par Thierry Stoecklin


Traditions mahoraises RĂŠdaction et photos : Bruno de Villeneuve

Les danses traditionnelles masculines


Malgré une communication largement orientée, voire focalisée sur le lagon, la culture mahoraise, dont font partie les

danses traditionnelles,

représente l’une des plus grandes richesses de

Mayotte. Les principales danses traditionnelles masculines pratiquées de

nos jours sont le shigoma, le mulidi, le daïra, le dinahu et le maulida.

«B

ien que ces danses masculines soient très courantes, elles sont néanmoins bien moins connues, notamment des wazungu, qui citent plus facilement le mbiwi et le deba, danses de femmes. L’une des explications à cette méconnaissance réside dans le fait que les danses masculines se déroulent le plus souvent la nuit, après 22h et jusqu’à l’aube, alors que les danses de femmes ont lieu généralement de jour. Tous les villages possèdent plusieurs associations qui tournent régulièrement dans l’île sur l’invitation de familles ou de villages pour faire vivre et perpétrer ces danses traditionnelles. Certaines danses ont un caractère religieux, d’autres, pas du tout, mais toutes ont en commun une chorégraphie très visuelle. Il est difficile de parler de danses religieuses sans évoquer les confréries musulmanes de Mayotte. Si par principe, un individu appartient à l’une ou l’autre de ces confréries et s’en tient aux pratiques de celle-ci, il n’est pas rare, chez les jeunes, de pratiquer les danses

de deux confréries différentes, comme le mulidi et le daïra, par exemple. Et puisque chaque confrérie regroupe d’abord des hommes aux caractères différents, il arrive malheureusement qu’une division s’opère au sein d’une même confrérie (cas notamment du daïra). De manière générale, toutes les danses se pratiquent sur la place publique, symbolisées pour l’occasion par une « tente » de tissus appelés bandrabandra. Il y a des tissus sur le sol, souvent des nattes sur lesquelles il faut se déchausser et des tissus pour s’abriter du soleil. Parfois des tissus magnifiquement brodés de messages coraniques ou de scènes de la vie quotidienne masquent la scène sur les côtés. Il arrive qu’une partie de la tente s’envole à cause du vent, mais le plus souvent, les structures aux abords des mosquées restent à demeure. Ou bien elles sont montées la veille à partir de bambous coupés à la campagne par les jeunes. La nuit, l’éclairage est parfois très sommaire, mais s’est grandement amélioré au fil des années !

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Manzaraka

Shigoma (ci-dessus et à droite)

Les danses

LE SHIGOMA,

traditionnellees

la danse du châle

masculines sont ancrées dans le quotidien à

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Mayotte

L’importance de cette culture et de ces danses traditionnelles se mesure au quotidien. Au fil des ans, on observe la présence de plus en plus marquée de caméscopes et de magnétophones qui permettent de revivre les chants dans la voiture ou à la maison, même chez les adolescents réputés plus éloignés de la religion que leurs aînés. C’est dire l’encrage des traditions à Mayotte, même auprès de la jeune génération. Et quelle plus belle illustration que cette période de ramadan où Télé Mayotte passe, tous les soirs après le futari - le repas de rupture du jeûne - soit un deba, soit un mulidi ! Lors des mariages aussi, dont la grande période vient de s’achever, les hommes dansent pendant le manzaraka ou le mulelezi. Au cours de cette danse, ils devancent le bwana harousi (le marié) suivi des femmes, qui dansent à leur tour le mbiwi en direction de la maison de la mariée. Et il n’est pas rare de poursuivre le mariage par un shigoma le week-end avant d’achever les festivités par un bon mbiwi…

Le shigoma est réputé par certains pour « bacoco », mais est plus apprécié des jeunes que le maulida shenge. Le shigoma est une danse populaire, très festive, qui associe toutes les générations, de 7 à 77 ans ! Le pas est bien particulier et la danse nécessite un châle, appelé sambi, balancé avec les mains dans une chorégraphie particulière, en synchronisation parfaite avec les dizaines de danseurs. Généralement, le shigoma se danse en cercle. Selon l’ambiance, les filles et les femmes peuvent se joindre au cercle. Lorsqu’une association lance la danse (moins de dix sur l’île), tous les hommes sont habillés de la même manière et portent le même sambi ; mais lorsqu’il s’agit d’un mariage par exemple, sans l’aide d’association de village, chacun peut danser le shigoma comme il le veut. Au cours de la danse, il existe une forme de défi ou de « battle » comme disent les jeunes, au cours de laquelle un homme en invite un autre à se mesurer à lui au cœur du cercle, un peu comme une danse russe où les genoux sont pliés à plusieurs reprises. Vu que la figure est assez fatigante, celui qui résiste le plus longtemps remporte l’honneur de l’assemblée et un châle est étendu à ses pieds en signe de reconnaissance. Les femmes peuvent lui asperger un peu de parfum ou lui offrir une broche de jasmin.



LE MAULIDA SHENGE, la danse du tambour Le maulida shenge (prononcer maoulida chènegué) est une danse de femmes, mais les hommes y jouent un rôle important. S’ils dansent parfois, ils sont surtout présents, séparés des femmes derrière un tissu, pour jouer les percussions et la musique. Hommes et femmes ne se voient donc pas. Le maulida a généralement lieu la nuit, à partir de minuit. Cette cérémonie religieuse rend hommage à un défunt et est organisée par la famille. Les femmes, par centaines, sont assises et revêtues de leurs lambes aux mille couleurs. Et lorsque les invocations chantées battent leur plein, elles se lèvent et dansent ensemble. De leur côté, les hommes imposent le rythme avec les tambours. Selon les jeunes, cette danse est réputée pour coco et bacoco car elle ne serait pas assez dynamique, mais certains assurent néanmoins la relève pour le bien des traditions mahoraises.

Maulida shenge


LE DAïRA, la danse du cercle Le daïra, danse religieuse pratiquée le plus souvent par les hommes, est une cérémonie religieuse du dhikr (cercle) et commence donc toujours à la mosquée par des prières avant de se poursuivre à l’extérieur. Si le maulida est réputé pour les bacoco, le daïra est en revanche fortement apprécié des jeunes pour sa dynamique et ses perspectives de séduction : les jeunes filles sont présentes surtout le soir et au petit matin, car elles dorment pendant toute la nuit pendant que la danse bat son plein. Le daïra se déroule à l’occasion d’un hommage à un défunt au cours duquel les grands moments de sa vie sont rappelés. Pendant la nuit est récitée la wazifa, une prière spéciale de la confrérie Shadhuliya. Après les prières, les jeunes se placent en cercle sous le bandrabandra qui s’agrandit rapidement au fur et à mesure que les danseurs

se joignent au groupe. D’un petit cercle de vingt personnes, il peut regrouper plus d’une centaine de danseurs en quelques minutes seulement ! Ces danseurs se défoulent et transpirent beaucoup, sur fond de “Ah! Ah! Ah! ” criés en haussant les épaules ainsi que les talons. Ils sont habillés d’un bubu, généralement blanc, et d’un kofia. Lors des grandes fêtes, certains portent même le djoho, ce beau manteau brodé de fils dorés. Au cours de la nuit, des hommes dorment un peu partout, dans la mosquée, sur les varangues des maisons alentours. D’autres discutent. Les meilleurs danseurs sont placés au centre du cercle en deux colonnes se faisant face. Mais lorsque sonnent quatre heures du matin, le rythme s’atténue et les plus âgés se préparent pour la première prière de la journée à la mosquée. Après quelques minutes, les plus jeunes reforment un cercle puis au bout d’une demi-heure, le daïra reprend de plus belle. Au lever du soleil, sous le chant des coqs, les hommes vont se servir en gâteaux et thé chaud avant de repartir en camion à plateaux vers leurs villages respectifs.

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Daïra (ci-dessus et pages 44 à 46)





LE MULIDI, la danse des mains Le mulidi (prononcer moulidi) est une danse traditionnelle dans la confrérie Kadiriya, pratiquée par les hommes uniquement. Il est célébré en hommage à un défunt et commence par une prière à la mosquée. Il se poursuit par une danse en deux groupes où toutes les générations sont confondues. Généralement, les plus âgés se placent debout, à l’arrière des danseurs, et accompagnent la danse de leur voix. Les plus jeunes sont placés devant, à genoux. Le mlidi (raccourci de mulidi) est une véritable danse des mains, comme le deba chez les femmes. Mais c’est avant tout une prière avec des extraits du Maulida Barzandji, c’est pourquoi les gestes sont recueillis et lents. Les mains bougent avec un peu plus de rapidité que lors du deba, mais toujours avec autant d’harmonie grâce à la synchronisation de tout le groupe. L’imam, placé au centre des danseurs comme au deba, lance le premier les gestes à accomplir avant d’être suivi par le groupe. Lorsqu’il penche

son corps vers la droite, chacun le penche vers la droite. Lorsqu’il pose sa main à terre, tout le groupe suit. Le mulidi se déroule le plus souvent la nuit. Peu avant minuit, les groupes se mettent en place. Et la danse dure toute la nuit, avec quelques pauses pour boire et se restaurer. La mixture phare pour tenir toute la nuit est un mélange de sucre, de gingembre et de poivre, idéal pour se donner des forces ! Car il y a toujours plusieurs groupes de danseurs qui se suivent pendant la nuit. En attendant le tour de son village, chaque groupe peut se reposer, voire dormir, allongé, dans la mosquée ou sur les varangues. Lorsque le soleil commence à se lever, vers six heures du matin, les groupes rentrent dans leurs villages. Et pour se restaurer après une nuit blanche, du thé et des gâteaux sont offerts aux danseurs. Certains jeunes aiment d’ailleurs le mulidi pour cela ! En plus des bons gâteaux distribués, le mulidi permet de visiter plusieurs villages. Car n’oublions pas que certains habitants de l’île ne sont jamais allés en Petite-Terre ou ne sont jamais allés à l’opposé de leur lieu d’habitation. Les associations de danse traditionnelle, au même titre que les équipes de football, permettent ainsi aux jeunes de voyager à Mayotte.

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Mulidi (ci-dessus et pages suivantes)




LE DINAHU, la danse de la canne Le dinahu est une danse religieuse masculine. Un groupe joue de la musique et des percussions tandis que les danseurs évoluent debout, une canne à la main. Les plus anciens restent assis. Le dinahu se danse aligné, avec des pas d’avant en arrière où les bras dansent aussi avec la canne, tenue d’une ou de deux mains. Les gestes sont lents. Le dinahu est dansé par les adeptes de la Twarika Rifãya et ressemble un peu au kandza. Et comme toutes les autres danses, le dinahu a lieu la nuit.

Dinahu Mayotte est une île où l’esprit de communauté domine encore. Les danses traditionnelles montrent que cette philosophie est encore bien présente et pour longtemps grâce à leur aspect multigénérationnel. Le manque de conviction religieuse de certains jeunes et l’individualisme, qui ne pourra que progresser à Mayotte, ne manqueront-t-ils pas de modifier cette richesse ? Car faut-il rappeler aux Mahorais, dont certains en prennent heureusement conscience, que cette culture est une richesse qui vaut bien plus que tous les millions nécessaires au développement économique de Mayotte… Mais ceci repose sur du long terme, notion bien abstraite sur l’île ! Bruno de Villeneuve



Histoire

Rédaction : Frédérique Cadieu

Mayotte de 1841 à 1976 Dzaoudzi en 1845 (lithographie du XIXè siècle)

A

vec la défaite de Napoléon en 1815, l’Angleterre s’empare de l’île Maurice, de Rodrigues et de l’archipel des Seychelles. La France ne conserve dans l’océan Indien que La Réunion, colonie prospère mais dépourvue de port pour sa marine de guerre.

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Ravagée par les nombreuses guerres entre sultans rivaux et les razzias malgaches, Mayotte est à l’aube du XIXè siècle une île ruinée et en partie dépeuplée. En 1832, Mayotte est conquise par Andriantsoly, ancien Roi du Sakalava du Boina à Madagascar. L’intervention de la France aux Comores et à Mayotte commence au milieu du XIXè siècle.

Mayotte devient française En 1840, le capitaine Passot effectue une mission de reconnaissance à Madagascar. Il achète pour la France l’île de Nosy Be à la reine Tsioumeko, nièce d’Andriantsoly puis, ayant pris connaissance de la présence d’un roi de Sakalava à Mayotte, se rend sur l’île. Le sultan Andriantsoly, menacé par la rébellion d’Andriannavi, se déclare prêt à vendre à la France un royaume qu’il n’est pas sûr de conserver par les armes. Le 25 avril 1841, il signe avec Passot le traité de cession de Mayotte à la France contre une rente annuelle de 1000 piastres. Bien plus que les éventuelles richesses de l’île, c’est l’accessibilité de la rade de Dzaoudzi et la position stratégique de Mayotte dans le Canal du Mozambique qui intéresse les Français : « En acquérant Mayotte, le gouvernement

français voulait atténuer la perte de l’île de France (Maurice), autrefois seul port au-delà du cap de Bonne-Espérance où nos navires de guerre ou de commerce pouvaient se réparer et se ravitailler. Mayotte devait nous rendre ces avantages et nous assurer la domination du groupe des Comores, de Madagascar, de la côte orientale de l’Afrique. » (d’après A. Gevrey, Essai sur les Comores, 1870).

Le 13 juin 1843, le capitaine Pierre Passot prend possession de Mayotte au nom du roi. La population mahoraise s’élève alors à 3 000 habitants. Le 1er juillet 1847, Passot promulgue l’arrêté local qui proclame la liberté des esclaves de Mayotte.

Dans le cadre du traité du 25 avril 1841, l’île passe juridiquement sous protectorat français. C’était pour la France une question de stratégie : il fallait occuper le plus de territoires afin d’empêcher les Anglais et les Allemands de les acquérir. Le roi Louis-Philippe entérine cette acquisition en 1843.


Le sultan d’Anjouan, Salim, proteste contre cette transaction et rappelle que Mayotte est une dépendance d’Anjouan. Ne possédant aucun droit sur Mayotte, il doit renoncer à ses prétentions en 1843. Le sultan de Zanzibar réclame à son tour l’intervention de l’Angleterre. Celle-ci ne s’oppose pas aux projets français, à la condition qu’ils se limitent à Mayotte.

autonomie administrative et la ville de Dzaoudzi est choisie comme capitale du nouveau territoire. L’archipel devient autonome en 1946 et l’Assemblée territoriale des Comores choisit en 1958 le statut de territoire français d’outremer (Tom). Cependant, à Mayotte, 85 % de la population préfère le statut de département français d’outre-mer (Dom).

Quant aux Mahorais, épuisés par des décennies de guerre civile, ils accueillent avec indifférence cette nouvelle domination, espérant qu’elle leur apportera enfin la paix. Le 13 juin 1843, Passot, nommé commandant, prend officiellement possession de l’île au nom de la France.

Le 25 août 1972, le Comité spécial de la décolonisation de l’Organisation des Nations Unies inscrit l’archipel des Comores à sa liste de territoire devant accéder à l’autodétermination. Le 15 juin 1973, la France et les Comores signent des accords relatifs à l’accession à l’indépendance. En 1974, la France organise un référendum sur l’indépendance. Le référendum concerne les Comores dans leur ensemble mais Mayotte se singularise en votant en majorité pour le maintien des Comores au sein de la République française : les îles d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande-Comore optent pour l’indépendance à 95 %, alors que les habitants de Mayotte choisissent à plus de 60 % de rester des citoyens français.

étendue de la domination française sur l’archipel des Comores et à Madagascar En 1886, un protectorat est établi avec les trois autres îles des Comores. Grande Comore, Anjouan et Mohéli sont placées sous l’autorité du Gouverneur de Mayotte. Mayotte, quant à elle, garde un statut de colonie. En 1890, un accord de partage est mis en place entre la France et la Grande-Bretagne : les Anglais obtiennent l’île de Zanzibar en imposant l’anglais ; les Français conservent les Comores et Madagascar en imposant le français. Le rattachement juridique des trois autres îles à Mayotte s’effectue en 1904. Il est suivi, le 9 avril 1908, d’un second décret rattachant officieusement Mayotte et ses dépendances à Madagascar. La loi d’annexion du 25 juillet 1912 ne fait que confirmer ces décrets alors que Madagascar et les Comores (Ajouan, Mohéli, Grande-Comore et Mayotte) deviennent une seule colonie française. Après deux révoltes importantes (l’une en 1915 à la Grande-Comore, l’autre en 1940 à Anjouan), les Comores obtiennent en 1946 une

L’Union des Comores revendique Mayotte en refusant cette séparation qui remet en cause l’intégrité territoriale de l’archipel. Un second référendum a lieu en février 1976, mais là encore la population de Mayotte se prononce avec une très large majorité (99 %) pour son maintien dans l’ensemble français avec le statut de collectivité spéciale qui lui est accordé. L’assemblée générale des Nations unies considère ce référendum comme nul et non avenu, et condamne la présence française à Mayotte. L’ONU s’appuie sur la préservation de l’intégrité territoriale de la déclaration du 14 décembre 1960 « sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés », malgré le principe du droit des peuples à l’autodétermination. Depuis 1995, cependant, la question de Mayotte n’a plus été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU. L’année 1976 marque le début d’un autre combat pour Mayotte : celui de devenir département français. Frédérique Cadieu


Environnement Des panoramas somptueux mais fragiles

RĂŠdaction et photos : Guy Monnot


Mayotte n’est pas une île mais un archipel composé de deux édifices volcaniques principaux

et d’une vingtaine d’îlots localisés en majorité dans la partie orientale du lagon.

Une balade aérienne au-dessus de l’archipel suffit à rétablir cette réalité géomorphologique et permet de mieux découvrir la splendeur des paysages de l’île au lagon.

Un archipel sculpté par le temps

D

’après l’hypothèse la plus probable, Mayotte s’est édifiée sur le modèle du point chaud suite à la remontée d’un panache de magma qui a perforé le plancher océanique. En surface, le point chaud se repère par des alignements de volcans ordonnés suivant leur âge. Sur l’axe des Comores, Mayotte, chronologiquement la structure la plus ancienne, s’est formée par l’éruption de plusieurs édifices volcaniques durant une intense activité magmatique. Deux grands volcans boucliers dont l’émergence date d’environ 9 millions d’années sont à l’origine de Grande-Terre. Le survol de la partie sud de l’île donne un bon aperçu des vestiges de ces édifices primitifs qui forment des paysages colorés et sauvages : la caldeira de Bouéni, le piton phonolitique du Choungui et le dôme de Saziley.

à l’intérieur Grande-Terre est compartimentée par des chaînes de collines boisées dominées par quelques massifs basaltiques tels le Bénara, véritable patriarche qui culmine à 660 mètres et le M’Tsapéré.

Sous l’effet des intempéries et avec le temps, les roches volcaniques se sont désagrégées, ce qui a permis la formation des grandes plaines fertiles de Combani et de Coconi. Dans d’autres régions, notamment sur les flancs déboisés du Mt Lima Chirongui, les sols sont très érodés et se sont latéritisés pour constituer les padzas ou bad lands. Survoler ces terres stériles dans la région de Dapani et Chirongui permet de distinguer les variétés de couleur de ces buttes argileuses. Les argiles rouges latéritiques sont issues de l’altération des basaltes alors que les argiles blanches kaoliniques comme celle de Chiroungui proviennent de l’altération des phonolites* du Mont Choungui. *phonolite : roche volcanique acide et visqueuse contenant des feldspaths

à gauche : caye de sable blanc du sud à Saziley Ci-dessous : latéritisation des sols

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Padzas sur les flancs du Choungui où la forte érosion a mis la terre et la roche à nu



L’érosion naturelle des vieux socles volcaniques s’est exercée dans le nord et dans le sud. Le volcan de M’tsamboro qui a émergé il y a moins de deux millions d’années a été disloqué par des failles et sa caldeira s’est effondrée. Aujourd’hui subsistent quelques vestiges du volcan nord tels les îlots de M’tsamboro et Choisil alors que la barrière récifale a quasiment disparu.

Une silhouette pittoresque en forme d’hippocampe

L’épisode volcanique le plus récent de l’île date d’environ 80 000 ans et correspond à un volcanisme éruptif à l’origine de Petite-Terre. Le lac circulaire du Dziani Dzaha, les cratères effondrés en demi-lune ou maar* de Moya, ainsi que les hauts remparts de Papani sont les témoins du volcanisme hydro magmatique. * maar : cratère d’explosion volcanique, occupé ou non, selon le climat, par un lac

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Ci-dessus : piton phonolitique du Choungui et son ombre Ci-dessous : barrière orientale et cratère du Dziani en Petite-Terre


ĂŽlot de sable blanc du sud


Mangrove et alluvions latéritiques à Dapani dans le sud-est de l’île



des édifices basaltiques et permet l’émergence du récif frangeant en bordure du littoral par accumulation du calcaire élaboré par les madrépores. Cette sédimentation répétée des alluvions et des squelettes calcaires comble progressivement les interstices entre les dalles du platier et les patates coralliennes.

Pointe Duamunyo, tout au nord de Mayotte

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Ces formations originales issues des interactions de la lave et de la mer sont aussi des curiosités géomorphologiques incontournables pour les volcanologues avertis. Les randonneurs pédestres comme les amateurs d’ULM venus ¨survoler¨ cette région ne peuvent rester indifférents au bleu azuré du lagon, au jaune ocre des criques de Moya et au vert émeraude ou céladon des eaux sulfureuses du lac Dziani. Au cours des millénaires, les projections de laves, les pluies diluviennes ont sculpté les deux sœurs volcaniques (mais non jumelles) pour découper le littoral et lui donner cette silhouette pittoresque en forme d’hippocampe. Vu du ciel, l’archipel apparaît cerné par une barrière récifale entrecoupée de 12 passes dont la fameuse passe en S née d’un ancien méandre de la rivière Kwalé qui au quaternaire a incisé le récif oriental. Dans cette zone de l’océan Indien, les nombreux calcaires récifaux sont des formations géologiques importantes indirectement liées aux épisodes volcaniques. Du fait des roches magmatiques denses qui la composent, Mayotte s’enfonce inexorablement dans la mer par subsidence. Ce processus lent et régulier entraîne l’effondrement de la partie supérieure

Un complexe récifo-lagonaire unique Plus éloigné et protecteur du récif frangeant, le récif barrière se construit grâce aux algues, aux bryozoaires et aux polypes qui recherchent une oxygénation des eaux cristallines à bonne température. La double barrière récifale visible dans le sud est une structure unique dans l’océan Indien et une spécificité de Mayotte. Cette véritable muraille vivante de près de 200 kilomètres de long délimite un vaste lagon de plus de 1 100 km2. Conséquence directe de l’enfoncement progressif de l’île, cette ¨mer intérieure¨ présente des eaux calmes et chaudes d’une profondeur moyenne de 35 à 40 mètres hébergeant une exceptionnelle biodiversité. Les complexes récifaux sont souvent le siège d’une destruction naturelle par le ressac de la houle et par les cyclones. Les sables coralliens issus de cette érosion sont à l’origine des belles plages immaculées et des cayes (îlots submersibles) de sable blanc tels les îlots dits du sud ( Saziley ) ou du nord ( M’Tsamboro). à l’avenir, du fait de l’érosion continue du vieil édifice volcanique et de la subsidence, Mayotte disparaîtra sous les flots. Seul le récif externe devrait subsister et constituer un récif annulaire. Sauf nouvelle éruption volcanique, l’atoll Maoré est donc pour bientôt... Peut-être dans moins de 4 millions d’années ! Guy Monnot


Passe en S et c么te orientale


PUBLI-COMMUNIQUé

Notre priorité au SIEAM :

étendre le réseau collectif d’assainissement de Mayotte

D

es travaux d’extension de la station d’épuration du Baobab à Mamoudzou sont en cours pour un montant de 10 100 000 €. Ils permettront dès février 2010 de raccorder au réseau d’assainissement 40 000 habitants. La population de Mamoudzou qui dispose du réseau de collecte d’eaux usées aura l’obligation de se raccorder à compter du mois de février 2010, date de la mise en service de l’extension de la station du Baobab. Pour les secteurs ruraux disposant de systèmes d’assainissement, des campagnes de communication sont organisées dans les villages afin d’inciter les abonnés à se raccorder dès maintenant. Conformément aux articles L 13311 à L 1331-8 du code de la santé publique, les abonnés desservis seront facturés à la redevance assainissement, qu’ils soient raccordés ou non. Les démarches de raccordement se feront auprès du service assainissement du SIEAM.

© JVO3

station d’épuration du Baobab actuelle

état projeté de la station en février 2010 après l’extension

Stockage des bennes Local surpresseur

Clarificateur

© JVO3

Bassin d’aération

écran végétal bas

Comptage relevage


Interview Maoulida Soula

Président du Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte « Les chantiers titanesques du SIEAM vont nécessiter une dotation comprise entre 400 et 550 millions d’euros » Mayotte magazine : - Quels sont vos principaux projets d’assainissement ? Maoulida Soula : - L’extension de la station d’épuration du Baobab vise à augmenter le nombre de raccordements au réseau dans la zone allant de M’tsapéré, au nord de la rivière de Majimbini, jusqu’à Majicavo Lamir. La station est actuellement saturée du fait des raccordements massifs mais clandestins entre 2004 et 2006, dont certains sont non autorisés. Plusieurs opérations très importantes sont en cours. Les études de maîtrise d’oeuvre ont été lancées concernant la station d’épuration de Mamoudzou Sud (couvrant le secteur Sud de M’tsapéré à Tsoundzou 2 et le village de Vahibé) qui sera installée à Tsoundzou en 2013. Pour pallier les problèmes d’insalubrité du village de Tsoundzou 1, une station mobile sera mise en service dès 2010. Nous sommes également en train d’approfondir les études sur la station du centre qui englobera les communes de Ouangani, Chiconi et Sada. Quant à la station de Dembéni, elle est prévue pour fin 2011.

Les chantiers du SIEAM sont gigantesques, d’autant plus qu’ils sont de deux natures différentes : la construction des stations d’épuration doit être concomitante aux travaux de collecte des eaux usées. Car une station sans raccordements, cela ne sert à rien... La station de Bandrélé est en phase de lancement. Nous travaillons sur ce projet avec nos partenaires de la DAF. La station de M’tsamboro englobera les communes de M’tsamboro et Acoua ; celle de M’tsangamouji les communes de M’tsangamouji et Tsingoni ; celle de Chirongui desservira Chirongui et Bouéni. Enfin, trois autres stations d’épuration sont prévues à Kani-Kély, Dzaoudzi / Labattoir et Koungou / Bandraboua. Ces chantiers titanesques nécessiteront une dotation comprise entre 400 et 550 millions d’euros. Nous disposons aujourd’hui d’environ 100 millions d’euros. M. m. : - Quelles conséquences l’assainissement entraîne-t-il ?

M. S. : - Sur la feuille de route de la

SIEAM - Z.I. de Kawéni - 97600 Mamoudzou Tél. 0269 62 11 11 - Fax : 0269 61 55 00

départementalisation, l’assainissement est mis en exergue. En assainissant le territoire, nous préserverons l’environnement, car les eaux usées ne seront plus déversées dans le milieu naturel. Nous pourrons construire des écoles et des logements sociaux alors qu’aujourd’hui, presque toutes les Résorptions d’habitat insalubre (RHI) sont bloquées faute d’assainissement. Parallèlement à cela, la fiscalité locale doit être mise en oeuvre à Mayotte avant 2014. Mais comment pourra-t-on la mettre en place sachant de 75 % des bâtiments n’ont pas de permis de construire ? Avec l’assainissement collectif, nous pourrons résoudre ce problème majeur. En lançant tous ces chantiers, le SIEAM parie sur la mise en place d’un assainissement collectif viable à Mayotte pour les 30 à 50 prochaines années.

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Reportage

ZANZIBAR

Le paisible village en pierres de corail de Jambiani, au sud-est de l’Île


L’île d’Unguja, les trésors d’Oman

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Rédaction et photos (sauf ©) : Stéphanie Légeron


Unguja est située à 40 kilomètres des côtes de Tanzanie face à la ville de Bagamoyo. L’île compte 85 km du nord au sud, et 20 à 30 km d’est en ouest.

« L’île de Zanzibar appartient à l’imam de Mascate allié de la France et de l’Angleterre, et c’est à coup sûr sa plus belle colonie.

»

Jules Verne, Cinq Semaines en ballon, 1863-1865.

à gauche et en haut : Stone Town, ou la ville de pierre, compte près de 20 000 habitants. Les maisons y ont pour la plupart 100 à 200 ans.


Dans le centre de Stone Town, près des jardins Forodhani, des femmes attendent le retour des pêcheurs. à Zanzibar, où environ 95 % de la population est musulmane, le voile noir (bui bui) est la tenue traditionnelle féminine, tandis que les hommes portent une robe blanche (kanzu) et se couvrent la tête d’un kofia.

Z

anzibar, d’après l’étymologie, se traduit par la « Côte noire ». « Zinj el Barr » se compose du mot arabe « Zinj » qui luimême provient du persan « Zang » désignant la terre d’Afrique de l’Est habitée par des populations noires et non-musulmanes. Le mot arabe « Barr » désigne « la côte ». Zanzibar est composé de deux îles distinctes, Unguja et Pemba située à 50 kilomètres au nord-est. Zanzibar Town est la capitale de l’île d’Unguja et de l’archipel. Ses quartiers historiques, à l’ouest de la ville, sont communément appelés Stone Town. Unguja, « l’île aux épices » mythique et légendaire, est un haut lieu de mémoire. Sur cette petite île qui transporte le voyageur dans une autre époque, cohabitent des influences culturelles d’Afrique et de l’océan Indien bien sûr, mais aussi du Portugal,

de Grande-Bretagne, et surtout d’Orient, avec le sultanat d’Oman, l’Inde et l’Arabie. L’île est suffisamment petite pour y consacrer une semaine de séjour. La visite de la vieille ville de Stone Town, passage obligé, peut durer deux jours en incluant les musées comme House of Wonders et Zanzibar Palace Museum. En dehors de la ville, de nombreuses excursions sont organisées pour conduire les visiteurs au coeur des plantations de la moitié nord de l’île, dans lesquelles travaillaient les esclaves. Ce sont les spice tours. La récolte des clous de girofle a lieu en juin et en octobre. Plus au sud, la forêt de Jozany mérite elle aussi une balade, afin d’observer notamment les singes colobes rouges. Enfin, un voyage à Zanzibar ne devrait se dispenser de quelques jours à Jambiani, à la rencontre des habitants des villages côtiers.

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Ci-dessus : l’Old Fort, vieux fort arabe, fut construit par les Omanais au tout début du XVIIIè siècle, sur le site d’une chapelle portugaise. Chaque année en juillet, s’y déroule le Festival international du film de Tanzanie. La citadelle accueille également de nombreuses représentations de taarab. Le taarab met en musique des poèmes écrits à Zanzibar qui célèbrent l’amour. Les mélodies ont des racines bantoues, indiennes et égyptiennes. Un orchestre d’une trentaine d’instruments accompagne traditionnellement les chanteurs.

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Dans les étroites rues pavées de Stone Town subsistent plus de 500 portes en bois sculpté. Certaines sont de vraies oeuvres d’art. Elles ont toujours révélé le rang social de leur propriétaire dans la culture zanzibarite. Les portes de Zanzibar ont connu leur âge d’or au XIXè siècle, lorsque l’île était une riche place commerciale. Les portes arabes, parfois ornées de versets du Coran, sont rectangulaires. Les portes indiennes ont une forme arrondie. Celles-ci sont souvent hérissées de pointes en cuivre : en Inde, les piques représentent un moyen de protection traditionnel empêchant les éléphants de guerre d’enfoncer les battants.


Š Alexandre Charalambakis


Š Alexandre Charalambakis

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en 1861, grâce à l’insistance de l’explorateur David Livingstone, fervent abolitionniste, les missionnaires anglicans se rendent à Zanzibar pour mettre fin à l’esclavage et christianiser le pays. En 1873, sous la pression britannique, le grand marché aux esclaves de Mkunazini à Stone Town est fermé par le sultan Bargash. à son emplacement, une église est construite (photo en haut à droite). L’autel se situe à l’endroit où les esclaves étaient fouettés. Ceux qui criaient le plus, considérés comme plus fragiles, voyaient leur valeur marchande diminuer...

La ville a été un haut lieu de l’esclavagisme, un des principaux ports de

l’Afrique de l’Est pour la traite des

Noirs. En

1846, l’île aurait compté 360 000 esclaves pour 450 000 habitants. 73

Insoutenable, la visite des deux Slaves Chambers (chambres d’esclaves) à Stone Town dans lesquelles étaient entassées des dizaines de personnes sans eau ni nourriture laisse imaginer l’extrême cruauté de leur détention.

Le sultan Bargash aurait refusé que l’église anglicane ne dépasse le sommet de la Maison des Merveilles (voir p. 74). Près de l’église, une sculpture réalisée par la suédoise Clara Sornas représente cinq esclaves enchaînés. Au soussol du bureau des guides, se trouvent deux chambres d’esclaves (photo ci-dessus) où des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants étaient entassés parfois pendant plusieurs jours sans eau ni nourriture. Leur force de résistance ainsi mise à l’épreuve, les survivants étaient mis aux enchères sur le marché de Mkunazini.


Beit-el-ajaib ou House of Wonders : cette ancienne résidence de sultan construite en

1883 était

la plus grande demeure d’Afrique de l’Est

L’horloge du House of Wonders se détache sur le ciel rosé du soir. Face à la mer, la « Maison des merveilles », le plus grand monument de Stone Town, était le lieu de résidence du sultan Barghash qui régna de 1870 à 1888. C’est dans ce bâtiment à l’architecture coloniale que l’électricité a été pour la première fois installée à Zanzibar. Cette demeure est également la première de toute l’Afrique de l’Est à avoir disposé d’un ascenseur électrique.


© Alexandre Charalambakis

La vieille ville de Stone Town, un dédale de ruelles populaires empreintes de culture arabe et africaine

En dehors du quartier touristique de Shangani où les rabatteurs appelés papaasis (parasites en swahili) n’ont de cesse d’aborder les visiteurs en répétant inlassablement « Jambo ! » (bonjour), la vieille ville est reposante. Le contact avec les Zanzibaris, d’une grande gentillesse, est facile. Les passants, vendeurs ambulants et conducteurs de piki-piki (motos) se croisent dans ce labyrinthe où résonnent les paroles, les rires et le croassement des corbeaux. Sans que l’on sans aperçoive, une ruelle entière peut se remplir d’hommes venus répondre à l’appel lancinant du muezzin.

En quittant Stone Town pour se diriger vers Jambiani, au sud-est de l’île, on traverse des paysages qui ressemblent à ceux de Mayotte : petits hameaux disséminés dans la brousse, terre rougeâtre, cases en tôle, cocoteraies, enfants jouant au bord des routes... Jambiani est un grand village de pêcheurs qui s’étend sur quatre kilomètres face à une large plage. L’habitat traditionnel y est construit en pierres blanches de corail. Il est possible de découvrir le village en compagnie d’un guide, ce qui permet d’aller à la rencontre des habitants et même d’être convié dans leurs maisons. Jambiani est le point de départ habituel vers la côte sud et en particulier vers Kizimkazi, village situé à 53 kilomètres de Stone Town. Cet endroit est réputé pour ses dauphins. Des bateaux emmènent au large les visiteurs, qui la plupart du temps réussissent à nager avec les dauphins. Mieux vaut éviter la forte houle afin de bien les observer. Kizimkazi abrite aussi la plus ancienne mosquée d’Afrique de l’Est.

75


76

Ci-dessus et à droite : la plage de Jambiani s’étend sur des kilomètres de sable fin. Les hommes sont occupés à la pêche tandis que les petites filles ramassent des coquillages. à marée basse, les femmes du village cultivent les algues, chacune dans son « jardin » délimité par de simples bouts de bois. Ci-contre : élèves de l’école primaire de Jambiani. Ci-dessous : le jeu du bao est très populaire. Les graines capturées ne sont pas mises de côté, mais immédiatement remises en jeu dans son propre camp.



Dans la forêt de Jozany, les colobes rouges sont des singes à la chevelure blanche hérissée et aux pattes à quatre doigts. Ils se nourrissent de feuilles et de fruits, ne boivent pas d’eau et ont une espérance de vie de 22 ans. Ci-dessous : la côte nord de Nungwi, parsemée d’hôtels et de restos-bars, est une invitation perpétuelle à la baignade. C’est l’un des rares endroits de l’île où la mer ne se retire pas trop loin à marée basse.


© Alexandre Charalambakis

Ci-dessus et page suivante : le petit village de Nungwi, à l’extrême pointe nord de l’île, jouxte les infrastructures touristiques. Véritable atelier à ciel ouvert, les charpentiers y construisent les dhows, boutres locaux fabriqués selon des techniques séculaires à partir de planches de bois grossièrement équarries.


ZANZIBAR infos adresses bons plans

Brochetti face à l’Old Fort

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Brochetti Stone Town Devant Forodhani Gardens et face à l’Old Fort, à la nuit tombée, un immense brochetti vous attend avec ses mets copieux et variés de viande, fruits de mer et poissons. Goûtez au jus frais de canne à sucre pressé devant vous ! Langi Langi Beach Bungalows

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Terrasse de l’hôtel Emerson & Green

Blue Oyster à Jambiani Dans le sud-est de l’île, le village de pêcheurs de Jambiani peut se visiter avec l’aide d’un guide. L’endroit idéal pour eller au plus près de la vie quotidienne des habitants. L’hôtel Blue Oyster est une très bonne adresse, pour 50 € la nuit en chambre chambre double. Excellent restaurant. Tél. : (00 255) 24 2240163.



L’ H i s t o i r e

Zanzibar ...

en bref

1er siècle ap. J-C

1499

Milieu XIXè siècle

Des pêcheurs venus d’Afrique auraient débarqué à Zanzibar après avoir traversé la mer sur des canots.

Le navigateur portugais Vasco de Gama, de retour d’Inde, passe à Zanzibar.

La mainmise d’Oman décroît. Indépendant d’Oman, Zanzibar est dirigé par des sultans omanais sous protectorat britannique.

VIIIè siècle

Le Portugal, qui s’implante peu à peu sur la côte occidentale de l’océan Indien, prend le contrôle d’Unguja.

Une vague d’immigration perse menée par le sultan de Chiraz s’installe à Zanzibar. L’or, l’ivoire, les peaux de léopards et les esclaves sont envoyés au Moyen-Orient, dans le sous-continent Indien et en Chine tandis que les tissus indiens et les porcelaines chinoises sont importés.

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de

XIIè-XVè siècle Zanzibar prospère grâce à l’essor des liens commerciaux avec l’Arabie et le golfe Persique. Le commerce avec l’Orient apporte l’islam et l’architecture arabe, comme en témoigne aujourd’hui encore la mosquée de Kizimkazi dont le mirhab date du XIIè siècle.

1503

1859 et 1869 Deux épidémies de choléra font des dizaines de milliers de morts.

Fin XVIè siècle Les Britanniques convoitent eux aussi le contrôle de la région, idéalement située sur la route des Indes. En 1591, un navigateur anglais fait escale à Unguja.

1698 Les Omanais reprennent Zanzibar aux Portugais.

1792 L’avènement d’un nouveau sultan sur le trône d’Oman marque le début d’une alliance stratégique avec les Britanniques.

1890 Les îles d’Unguja et de Pemba passent sous protectorat britannique.

1897 La couronne anglaise procède à l’abolition totale de l’esclavage dans l’île.

1963 Indépendance de Zanzibar. En janvier 1964, la république est proclamée et Zanzibar s’unit au Tanganyika pour constituer la Tanzanie.


Une

h i s t o i r e d ’ e s c l ava g e Texte de Jean-François Hory

le Tanganyika voisin ne s’étend à Zanzibar que de façon théorique, de lui échanger l’île au girofle et aux esclaves contre celle d’Héligoland, située dans la Mer Baltique. Affaire conclue. Pour le meilleur et pour le pire, Zanzibar passe sous protectorat britannique en 1890 et le Tanganyika également - c’est la loi des vainqueurs - en 1918. L’Angleterre et ses alliés paieront assez cher ce troc, pourtant bien dans l’esprit de la conférence de Berlin tenue en 1885, puisque Héligoland deviendra la base des sous-marins allemands pendant les deux guerres mondiales. Dans l’immédiat, la couronne anglaise procède à l’abolition totale de l’esclavage dans l’île en 1897.

*

Palais des Merveilles (Beït-el-Ajaid)

Photo prise au Palace Museum ou Beit al-Sahel à Stone Town

E

n 1886, l’Angleterre s’agace de ne pouvoir obtenir du sultan de Zanzibar, Saïd Bargash, la suppression effective du commerce des esclaves, qu’elle lui a pourtant imposée par un traité de 1873. Elle bombarde donc la vieille ville (Stone Town) et le Palais des Merveilles (Beït-el-Ajaid, voir ci-dessus) que les sultans d’Oman ont fait ériger lorsque, sous l’autorité de Seyyid Saïd (ci-contre), ils ont transféré leur capitale de Mascate à Zanzibar, fleuron de leurs possessions. Un peu comme si, en 1750, on avait localisé à Manhattan la capitale de l’Angleterre. Quatre ans après la canonnade, l’Angleterre propose à l’Allemagne, dont la souveraineté sur

Le sultan de Mascate Seyyid Saïd règne à Zanzibar de 1804 à 1856. En 1832, il transfère la capitale du sultanat de Mascate à Zanzibar et y réside désormais.


Ce n’est là qu’un épisode dans la longue querelle opposant les Européens et les Arabes sur les côtes est-africaines. Lorsque Vasco de Gama, dans son expédition de 1496-1498 vers Cochin, découvre Lourenço Marques, Ilha de Moçambique, Kilwa, Zanzibar, Mombasa, Malindi, les Arabes y ont déjà installé des comptoirs commerciaux pour s’y pourvoir en or de Sofala, en ivoire du Kenya, en esclaves de tout le continent. C’est d’ailleurs un navigateur arabe qui révèlera au capitaine portugais le secret, jusque-là bien gardé, de l’inversion des vents (alizé / mousson) permettant de traverser l’océan Indien directement sans cabotage côtier. Les Arabes ont perdu le monopole de la route de la soie et des épices. Les Portugais vont fortifier leurs positions précaires, notamment à Ilha, Kilwa et Mombasa. Pour peu de temps. Dès la fin du XVIè siècle, les Arabes vont les chasser de leurs principales places fortes et constituer, de Mogadiscio au

Cap Delgado, un chapelet de villes côtières et de cités insulaires, extraordinaire osmose d’Afrique et d’Arabie qu’on appelle le monde swahili. Une culture mixte, une architecture originale, une religion musulmane tolérante et surtout une obsession, celle du commerce. L’ivoire, l’encens, la gomme abondent sur les marché côtiers et spécialement à Zanzibar où l’on n’hésite pas, bien avant Stanley, à s’aventurer jusque dans le bassin du Congo, jusqu’à l’actuelle Kisangani, pour se fournir en esclaves. Au XIXè siècle, l’âge d’or de Zanzibar, le modèle de ces commerçants aventuriers sera représenté par Tippo Tip dont Stone Town conserve la maison et la mémoire, tandis que les campagnes de l’île montrent encore les « slaveries », ces prisons pour esclaves en attente de réexpédition.

* De façon certes marginale, l’archipel des Comores appartient peu ou prou à cet univers swahili qui rayonne depuis Zanzibar, le pays des Zanj ou des Zendj (ce mot a donné en mahorais ushenzi = sauvagerie, ou mshenzi = Africain, voire sauvage). Il est probable que les populations qu’on appelle à Mayotte anjouanaises ou grandes-comoriennes sont constituées de groupes makoa ou makonde arrachés au nord-Mozambique ou au sud tanzanien par les traficants de Zanzibar et revendus, sans autre forme de procès, aux sultans comoriens.

« Daté de 1846, l’exemplaire français du traité entre

la France et Mascate souffre probablement d’une erreur puisqu’il est signé au nom de... l’Empereur des Français. 1856 semble plus probable. » (Sources :

M. Abdul Sherif, Archives publiques de Zanzibar, Agenda de Mayotte 2009, éditions du Baobab)

Ce trafic se poursuivra même après l’établissement de la souveraineté française à Mayotte et malgré l’abolition théorique de l’esclavage dans notre île par l’ordonnance royale du 9 décembre 1846. Dix ans plus tard, un traité d’amitié perpétuelle entre la France et Mascate (voir cicontre) permettra notamment aux patrons de boutres de Zanzibar d’arborer le pavillon français, moyennant la propriété d’un hectare... ou d’une épouse à Mayotte. Cette précaution n’était pas inutile puisque, depuis le traité franco-anglais de 1824 proscrivant la traite, le drapeau


français protégeait les navires, en l’occurrence les grands dhows arabes, de la chasse anglaise basée aux stations du Cap et de Port-Louis. Dans son ouvrage « Comores. Quatre îles entre pirates et planteurs », J. Martin a d’ailleurs démontré que les dispositions du traité de 1856 n’étaient pas de pure forme et que la francisation des boutres zanzibari à Mayotte était chose fréquente (voir ci-contre). Ce trafic d’esclaves perpétué jusqu’à l’abolition de l’esclavage aux alentours de 1900 dans les trois autres Comores, trafic renforcé par des accords de fourniture de « travailleurs engagés » passés vers 1880 avec le capitaine portugais du Mozambique, est très sûrement à l’origine de l’essentiel du peuplement actuel de Mayotte et des îles voisines. L’étude comparée des toponymes zanzibari ou tanzaniens, d’une part, et mahorais d’autre part suffirait à le démontrer si ne s’y ajoutaient des parentés ethniques, linguistiques, culturelles, musicales, également repérables au Mozambique. Une histoire commune donc, que les aventures coloniales ont distendue sans la rompre ni l’enfouir.

* Depuis cette époque, Zanzibar a connu d’autres convulsions. Devenue indépendante en 1963, elle fut, l’année suivante, le théâtre d’une révolution conduite par la majorité africaine contre l’aristocratie arabe et conclue par l’élimination très violente de l’ancien sultanat, la nouvelle république décidant aussitôt de fusionner avec le Tanganyika de Julius Nyerere pour former l’actuelle Tanzanie. Mais c’est une autre histoire. Jean-François Hory

Un acte de francisation d’un boutre de Zanzibar (Sources : « Comores : quatre îles entre pirates et planteurs » de Jean Martin, Tome 1, L’Harmattan) Ci-dessous : la petite exposition historique du rez-de-chaussée du Palais des Merveilles. L’Histoire zanzibarite est riche et passionnante. Or mis à part quelques lieux d’exposition comme celui-ci, on peut regretter l’absence d’un véritable musée remémorant les grandes étapes historiques de Zanzibar et de Stone Town, ville pourtant classée au patrimoine mondial de l’humanité en novembre 2000.

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Internet

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4

3

5 http://fr.netlog.com

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réseaux sociaux 6

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Barcelone, années 1920. David Martin, dix-sept ans, travaille au journal La Voz de la Industria. Il faut trouver un remplaçant au feuilletoniste dominical. Sur les conseils de Pedro Vidal, chroniqueur, David est choisi. Son feuilleton rencontre un immense succès et, pour la première fois, David est payé pour ce qu’il aime le plus au monde : écrire. Il accepte l’offre de deux éditeurs peu scrupuleux : produire à un rythme effréné des feuilletons sous pseudonyme. Mais après quelques années, David va renoncer. Ses éditeurs lui accordent alors neuf mois pour écrire son propre roman. Celui-ci est un échec...

En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu’à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s’opère au grand jour, dans l’agitation de la ville, à l’aune de tous ces naufragés qu’on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne. Sylvie Germain poursuit une oeuvre impressionnante de force, de cohérence et d’exigence, interrogeant ici nos peurs et nos doutes sur ce qui fonde notre présente humanité.

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de Carlos Ruiz Zafon Robert Laffont - Roman paru en août 2009

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Mayotte &

océan Indien Zanzibar aujourd’hui d’Ariel Crozon - Karthala

La spécificité de Zanzibar au sein de la République Unie de Tanzanie s’inscrit dans l’histoire d’une double appartenance aux mondes arabe et africain. Les Zanzibaris, limités à un espace insulaire, tentent de repousser leurs limites et de retrouver une ouverture sur le monde. Leur appartenance musulmane les rapproche des pays du golfe arabo-persique, leur enracinement africain les rend solidaires de ce continent. Si cette observation contemporaine de l’île désenchante quelque peu les rêves orientaux et occidentaux, elle contribuera à donner une image plus claire de la réalité actuelle de ces îles économiquement pauvres mais culturellement riches.

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Mayotte en 200 questions réponses de Marie Céline et Yves Moatty - Orphie

Française depuis 1841, Mayotte commence à faire parler d’elle. Après avoir refusé l’indépendance, elle est en passe de devenir le 101è département de la République, le seul à majorité musulmane. Il n’est pas surprenant que l’on se pose nombre de questions sur l’île aux parfums également surnommée l’île au lagon. D’où viennent les Mahorais ? Quelles langues parlent-ils ? Pourquoi rendent-ils un culte aux djinns tout en priant à la mosquée ? Qu’est-ce qu’un cadi ? Qu’est venue faire la France dans ce confetti ? Pourquoi les Mahorais veulent-ils rester français ? Que veut dire ylang-ylang ? Et tant d’autres questions qu’un livre ne saurait épuiser...

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Tom et Zoé sont emportés par leur Talisman magique à Mayotte, où ils font la connaissance d’Abdou. Ce vétérinaire recueille des animaux en détresse ayant échappé aux griffes de Putnik, un trafiquant véreux. Cet ignoble escroc semble avoir des complices qui le protègent à l’intérieur même des services de la douane !

Depuis la mort de son père, Macy s’est réfugiée dans sa coquille. Et ce n’est pas sa mère qui trouvera le temps et les mots pour lui parler. Alors, quand son petit ami Jason s’éloigne et passe l’été au « Camp des crack s», Macy se retrouve livrée à elle-même... Et prête pour des aventures hilarantes, bourrées de rencontres inattendues...

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Idée recette de Mayotte

Poulpe au coco Pour 4 personnes

Ingrédients de base

• 3 tomates

Préparation : 30 minutes Cuisson : 40 minutes Recette bon marché facile à réaliser

• 5 gousses d’ail

Cuisinier : Ismaël

• 1 kg de poulpe • 300 g de carottes

• 1 petit chou • 1 gros oignon • 1 gousse de vanille • 1 cuillère à soupe de curcuma • 1 cuillère à soupe de coriandre

104

• 1 boîte de lait de coco de 400 ml • 2 feuilles de menthe sauvage • 1 citron • 2 piments • 1 cuillère à soupe de sauce huître • persil, huile, sel et poivre

1

Battez le poulpe sur une planche plusieurs fois pour le détendre. Faites-le chauffer dans une marmite avec du persil, des carottes, des oignons, de l’ail et deux feuilles de menthe sauvage. Versez une cuillère à soupe de curcuma et deux petits morceaux de chou ainsi qu’une pincée de sel. Laissez cuire à feu doux pendant 20 minutes.

2

Préparation des légumes d’accompagnement : coupez les carottes en lamelles, les tomates en dés et les oignons en rondelles. émincez l’ail et le persil.


3

Retirez le poulpe et les légumes cuits de la marmite et récupérez le fond de sauce. Dans une poêle, versez l’équivalent de trois cuillères à soupe d’huile et laissez chauffer pendant deux minutes. Rajoutez le poulpe et le reste de la préparation de légumes ainsi que le fond de sauce et une cuillère à soupe de sauce huître. Laissez mijoter pendant 10 minutes.

4

Versez le lait de coco (environs les trois quarts), les tomates et le citron. Laissez cuire pendant 5 minutes. Bon appétit !

Astuce Vous pouvez agrémenter ce plat en rajoutant des achards de citron.


Jeux Mot à trouver : CHAPEAU

106


à

es vos grill

!!

Complétez les cases de la grille de Sudoku avec les chiffres de 1 à 9 de sorte que ces chiffres ne se répètent ni dans chaque colonne, ni dans chaque ligne ni dans chaque carré. Il n’ y a qu’ une seule solution. à vous de la trouver !

9

1

6

1

6

8

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3

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5 8

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4 7

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7 7

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9 7 3

3

5 2

8

7

Grille n°3 : niveau moyen

7

2

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5 2

3

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7 3

4

2

4

1

2

Grille n°2 : niveau facile

2

3

1

7

8

9

4

2

9

5

7 1

5

1

1

Grille n°1 : niveau facile

8

8 4

6 8

6

8

3

2

3

3

6

7

2

2

3

4

7

4

3

6

1

3

7 6

7

9 4

5

Grille n°4 : niveau moyen Réponse p. 112



109

RĂŠponse p.112



111


Résultats jeux TEST

9

5

1

7

8

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2

4

1

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4

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2

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3

6

1

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1

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2

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8

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1

6

4

2

5

Grille n°4

5

4

Grille n°3

8

Grille n°2

3

Grille n°1

112

SUDOKU



Horaires des marées SEPTEMBRE

OCTOBRE

© StraussgrauerMarina Softwares

La prudence impose de confronter les données issues de ces grilles avec les documents officiels qu’il est obligatoire d’avoir à bord. On peut aussi consulter les prévisions du Service d’Hydrographie et d’Océanographie de la Marine à l’adresse : www.shom.fr


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