éditions à la criée
texte Frédéric BARBE illustrations Marc VAYER
L’ORCHESTRE DU RÊVE
C’est une histoire comme toi et moi. Elle s’appelle peut-être Oasis-town. Oasis-town, c’est le village d’Alioun.
C’est un môme. Comme chaque matin, il sort la tête de sa maison en terre et en tôle et il regarde autour de lui, doucement.
Il est seul maintenant
Comment être partout à la fois quand on a que neuf ans ?
dans le village, la rue, la ville, le monde. Projet du jour : traverser l’Atlantique à vélo.
Il est en route. Il s’en va à la recherche du marigot du rêve et peut-être même du temps du rêve tout simplement. Quand on veut on peut. Si.
Dans le ciel, une ville énorme navigue. Mirage ou réalité tangible, il ne sait mais il crie quand la ville l’aspire. La ville est fragmentée en mille morceaux, les cases, des concessions, les
p la it . Ti re la la n g u e s‘ il te q u e la m ie n n e. e u g n lo i ss u a t es G râ ce à D ie u , el le
immeubles, les rues, les étals des marchands, les embouteillages, la poussière, les cris, la musique, les gens partout. Et puis encore. L’autoroute en construction, une station-service, l’hôpital public et même le lycée pour les enfants des amis du président, tout est dans le ciel.
Les gens parlent, tirent la langue et finissent par s’aimer, c’est grave.
Tout de manière, avec les rêves, on finit toujours par s’embrouiller. Pas vrai ? Ça dépend ? Ah. Si vous le dites. C’est vous qui le dites. Que des fois, ça débrouille ? Je dis pas non. Faut voir. Vous voulez prendre ma place ? Vous voulez en parler à Alioun, lui demander ce qu’il en pense.
Alioun commence à réaliser ce qu’on appelle la magie du rêve. Entre le lion chevelu dans sa bulle de savon et
Oh, Alioun, tu descends ! Eh pourquoi ?
les terrasses de la ville. Descends, y a quelqu’un qui veut te parler.
Il se fait tard, Alioun pense à sa maman et à son papa, et à l’institutrice, et aux copains.
Il a des tas de trucs à raconter.