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Marc Vayer … décembre 2010
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C’est toujours un grand plaisir, brut, de parcourir Paris en tous sens, de suivre des chemins déjà balisés comme de découvrir des endroits inconnus. Et puis les étudiant(e)s qui s’interrogent, s’exclament et sont concentrés. Et puis les enthousiasmes et les déceptions. § Dans le désordre : Basquiat au Musée d’art moderne ; David Hockney à la Fondation Yves St Laurent ; Les décors du 7è art à la Conciergerie ; Blonde/Brune à la Cinémathèque ; Cy Twombly à la galerie Gagossian ; La fabrique des images au Musée du quai Branly ; Sally Mann à la galerie Karsten Greve ; Charles Burns à la galerie Martel ; Mœbius à la Fondation Cartier ; Les trucs au Musée du Jeu de paume ; Good Design au Lieu du design ; les sérigraphies de la galerie Issue ; l’atelier sérigraphique de Vivien Durhil ; Les éditions Steidl à la Monnaie de Paris ; Dado à la galerie Margaron ; la librairie Artazart ; la librairie du Centre culturel Suisse ; la conférence de Stefan Sagmeister au Centre Pompidou. 1 PARIS 3
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Le beau travail didactique, au Musée du quai Branly pour expliquer les quatre stratégies figuratives grâce auxquelles les différents peuples font exister dans des images les propriétés qui sont conférées aux objets du monde dans leur société. § ANIMISME [Le monde est animé] Continuités morales / Discontinuités physiques Un même esprit circule sous des apparences diverses TOTEMISME [Le monde est subdivisé] Continuités morales / Continuités physiques le corps animal = le corps social NAURALISME [Le monde est objectif] Discontinuités morales / Continuités physiques Le monde physique est reproduit avec un luxe de détails ANALOGISME [Le monde est enchevêtré] Discontinuités morales / Discontinuités physiques Les éléments disparates sont reliés par un système cohérent
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Pendant que Philippe Apeloig produit des images plutôt conventionnelles pour le théâtre du Châtelet, Stefan Sagmeister, lui, nous a expliqué quelques-uns des contextes de création dans son studio new-yorkais. Un discours très égocentré mais au final un bon moment avec beaucoup d’informations sur les attitudes contemporaines de création de logos. § « La proposition de Stefan Sagmeister pour la Casa da Musica à Porto est avant tout iconique : elle s’inspire directement de la forme architecturale du bâtiment réalisé par Rem Koolhaas, qui, à lui seul, représente déjà une figure identitaire forte. C’est d’ailleurs le point de départ de sa proposition : exploiter de manière conceptuelle l’édifice de Rem Koolhaas en le considérant comme la version haute résolution de l’identité visuelle, un logo en lui-même. Cette utilisation de la forme polygonale ira jusqu’à devenir partie intégrante de toutes les démarches graphiques entreprises par Sagmeister et l’équipe de la Casa da Musica, sur des modes allant de la discrétion à l’exubérance. » 6
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La Fondation Cartier n’a pas de vestiaire et n’accepte donc pas les bagages. § Ça ne nous a pas empêché de voir les travaux de Mœbius, dont un film en 3D. Personnellement, c’était la première fois que j’étais spectateur d’un film en 3D et j’ai compris l’engouement pour cette technique de visualisation qui crée son propre vocabulaire et sa propre dramaturgie. Nul doute que nous allons vers des films holographiques. § C’est selon. Lorsqu’on voit une exposition comme celle-ci, on est soit dégoûté — On ne joue pas dans la même cour , ou alors ça donne la pêche pour continuer son propre ouvrage — Je l’aurai, je l’aurai ! Dans le train, un autoportrait anamorphosé par la vitre de la rame.
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Les décors du 7è art à la Conciergerie nous a permis de contempler une multitude d’images très diverses. § Ici, une encre de Victor Hugo, une image du Napoléon d’Abel Gance et une peinture pour les décors du film L’anglaise et le Duc d’Eric Rohmer.
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Ça fait longtemps que je suis le travail de David Hockney. Un des grands livres d’histoire de l’art est son Secret knowledge (Savoirs secrets), dans lequel il dévoile l’histoire de la représentation assistée par l’optique. J’étais donc très heureux d’aller à la Fondation Yves St Laurent et Pierre Bergé pour regarder ses images fabriquées sur Ipod et Ipad. § Cerise sur le gâteau, à un moment, j’ai remarqué un personnage un peu voûté, dans une large gabardine anglaise, avec canne et casquette. qui s’est assis à côté de moi. C’était lui, himself, mister Hockney. Une grande émotion m’a étreint ; Davis Hockney n’est donc pas qu’un nom, c’est aussi un homme vivant.
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La ville regorge d’anecdotes typographiques et ces voyages sont toujours l’occasion de compléter son répertoire de références. § Ici, un panneau (issu d’un dyptique) à la devanture d’une librairie de langue anglaise en face de Notre-Dame. Sur un fond d’ardoise, des capitales étroitisées sans empattements mais avec une certaine rondeur, sans doute due au pinceau qui servit à les tracer avec le blanc d’Espagne. Pas d’interlignage et des réglures bien visibles. Devant l’hopital St-Anne sont exposés les planchers gravés de Jeannot. « Dans les années soixante, Jeannot, personne taciturne et secrète, reprend la ferme familiale à la suite du suicide de son père. Progressivement, certains troubles du comportement viennent détériorer ses rapports avec le voisinage et l’amène à vivre en reclus. À la mort de sa mère en 1971, Jeannot sombre dans la folie. Confiné dans sa chambre, il grave ses hallucinations et son délire de persécution sur le plancher autour de son lit. Il se laissera mourir quelques mois plus tard à l’âge de 33 ans. » Enfin, le stupide impact d’une typo publicitaire dans le métro. 14 PARIS 9
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Yves Guilloux, éminent professeur d’arts appliqués m’a invité à venir au sein de l’atelier qui permet aux DSAA Communication visuelle de Rennes-Bréquigny de tirer des sérigraphies conçues dans le cadre d’un workshop. § Ce workshop est animé par Vivien Durhil, un ancien étudiant du BTS CV de Montaigu et désormais graphiste indépendant. J’ai pris de nombreuses photographies pour illustrer le processus qui va de l’insolation des « soies » au tirage proprement dit sur la table. Pratiquement aucune odeur de produits dans cet atelier — la plupart sont à l’eau — alors que j’avais encore en mémoire l’incroyable cocktail des odeurs de produits chimiques de l’atelier sérigraphie que je fréquentais assidûment en 1979/80, lors de mes premières années à l’école des Beaux-arts de Nantes.
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À la Cinémathèque, une très belle exposition intitulée Blonde/ Brune, nous raconte la chevelure au travers des films de cinéma. De la chevelure au poils, il n’y a qu’un micron, et ce fut l’occasion de voir un très beau tirage d’une photographie de Man Ray. Mais le cartel n’expliquait que la face « érotisante » de l’image — la chevelure qui cache le visage pour mieux révéler le corps nu — et se garde bien d’évoquer la face sombre, celle d’une mise en scène macabre. Par hasard, je lisais à ce moment-là le livre d’Annie Le Brun Si rien avait une forme ce serait cela où elle explicite sa version du diorama de Duchamp Étant donnés 1°) la chute d’eau, 2°) le gaz d’éclairage, image d’une « dévastation venue des profondeurs ». Et ça m’a renvoyé immédiatement au livre de Steve Hodel, contre-enquête sur la mort d’Elizabeth Short, le « dalhia noir », au cours de laquelle il découvre que son père est vraisemblablement un auteur de crimes en série, et où Man Ray apparaît très proche des faits, dans le sillage du milliardaire Howard Hugues. In fine, tout ça renvoie également aux livres de James Ellroy Le dalhia noir et Ma part d’ombre. 19 PARIS 11
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Découverte d’un nouveau lieu, c’est le cas de le dire : Le lieu du design, rue du Faubourg St Antoine, avec une exposition sur les campagnes de communication pour les produits pharmaceutique Geigy, en Suisse. « A l’origine d’une expression formelle moderniste, auréolée d’un vrai souci « d’unité dans la diversité », reposant tout à la fois sur des visuels symboliques, des images graphiques et typographiques saisissantes, le studio de Geigy était l’un des plus importants viviers de talents pour la conception graphique helvétique. » § Des années 50 aux années 70, on voit là se mettre en œuvre un graphisme ULTRA efficace et lisible, basé sur des jeux visuels ULTRA signifiants.
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Les blancs de cette mise en page renvoient au luxe infini qui consiste, dans le cadre de son travail, à voyager à Paris, d’expositions en galeries. Ces fumées photographiées au matin à Nantes et au soir à Paris sont une invitation à ne rien perdre de ce qui a été.
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Ce texte a été composé en Minion corps 9 et en DIN. Cette composition tient beaucoup à la lecture du livre acheté cette fois-ci à Paris : Le détail en typographie de Jost Hochuli, sous-titré : La lettre, l’interlettrage, le mot, l’espacement, la ligne, l’interlignage, la colonne. C’est une réédition aux éditions B42, 64 p, 125 x 210 mm, 15 €. l’ouvrage original était paru en 1987. Toutes photos de Marc Vayer, exceptées 6 [Studio Sagmeister], [Marcel Duchamp : Étant donnés 1°) la chute d’eau, 2°) le gaz d’éclairage]. 21
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La fontaine des quatre parties du Monde, dite Fontaine de l’observatoire, place Ernest Denis. Allégories sculptées par Carpeaux.