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Le concours Kawaskimhon pour la première fois à la Faculté
Dans le cadre de l’édition 2022 de la semaine autochtone Mitig de l’Université de Montréal, les 18 et 19 mars, la Faculté de droit a été l’hôte, pour la première fois, de la simulation en droit autochtone Kawaskimhon. Kawaskimhon vient d’un mot cri qui se traduit librement par « parler en ayant la connaissance ».
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Depuis sa première édition en 1994, cet événement regroupe des étudiantes et étudiants des facultés de droit à travers le Canada. Il leur permet d’avoir une meilleure compréhension des enjeux autochtones. Le Comité organisateur était composé des Prs Michel Morin et Jean Leclair, ainsi que de M. Éric Cardinal, chargé de cours à la Faculté.
Unique en son genre, l’objectif de Kawaskimhon est de permettre aux étudiantes et étudiants, à travers des processus autochtones de négociation entre différentes parties, notamment des représentants d’entreprises, des gouvernements et des communautés autochtones, d’arriver à une entente. Cette année, l’enjeu fictif concernait Hydro-Québec et la construction d’une ligne de transport à haute tension traversant des terres traditionnelles cries et atikamekw. De nombreuses lois ont dû être utilisées par les étudiantes et étudiants lors des négociations, dont la Loi sur les Indiens et la Loi sur la qualité de l’environnement. Cependant, l’importance accordée à l’inclusion des traditions juridiques autochtones est l’une des particularités de Kawaskimhon.
La présence d’un baluchon contenant les objets traditionnels offerts par chacune des universités hôtes constitue une tradition unique de Kawaskimhon. Cette année, l’Université de Montréal a offert un appelant en écorce de bouleau fabriqué et décoré à la main par Yvan Boivin, un artisan atikamekw de Manawan. Ce geste symbolique permet aux étudiantes et étudiants d’accueillir le passé et d’observer de nombreux objets culturels importants.
Audrey-Jeanne Caplain, étudiante à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, décrit ainsi son expérience : « Beaucoup d’experts […] étaient Autochtones donc ils pouvaient nous expliquer comment ça fonctionne quand ils sont face au gouvernement du Québec, mais aussi c’est quoi le résultat direct d’une certaine décision sur les communautés affectées. Je trouve que ça remet le droit en perspective. Je pense que Kawaskimhon ouvre la porte sur plein [sic] d’autres idées d’activités similaires pour éduquer les étudiantes et étudiants sur les enjeux du droit autochtone et on devrait beaucoup plus les explorer. » avec cœur ».
Alors que Kawaskimhon est ouvert à toute la communauté étudiante, la présence d’étudiants et d’étudiantes de plusieurs Premières Nations était appréciée de tous. Renaud Boisvert, étudiant à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, décrit ainsi son expérience en tant que participant : « ressourçant et nourrissant, tant au point de vue humain qu’intellectuel ». En effet, au-delà des aspects pédagogiques de Kawaskimhon, c’est aussi une occasion de souligner les cultures et les traditions autochtones.
Lors de la cérémonie d’ouverture, l’aîné du clan de l’Ours et gardien de la foi du mode de vie des Haudenosaunee, Otsi’tsakèn:ra, est venu dire l’Action de grâce. Puis, lors de la cérémonie de clôture, l’aîné et artiste Jacques Newashish a prononcé une allocution et chanté au son du tambour.
Selon de nombreux étudiantes et étudiants, ces cérémonies furent très émouvantes. Kawaskimhon prit fin avec un banquet et un spectacle de l’auteur-compositeur atikamekw Régis Niquay. Celui-ci a su susciter de nombreuses émotions chez les spectatrices et spectateurs qui sont retournés chez eux inspirés, le cerveau et le cœur bien remplis. ◆
Dévoilement de la murale « Ki Kicterimitin » dédiée aux Premiers Peuples
Dans le cadre de la dernière Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la Faculté de droit de l’Université de Montréal a dévoilé une nouvelle murale honorant les Premiers Peuples. Cette œuvre majestueuse a été réalisée par Jacques Newashish, artiste atikamekw, Eruoma Awashish, artiste atikamekw, Sage Harrington, artiste mohawk, Rodrigo Ardiles, artiste chilien et Pablo West, artiste chilien, en collaboration avec les Productions Feux Sacrés et Creativo Arts. Située au 2e étage aux côtés du mur honorant les grands diplômés et diplômées de la Faculté, elle pourra être appréciée par l’ensemble de la communauté facultaire et universitaire.
L’acte de donner et l’acte de recevoir une plume d’aigle
Un signe d’honneur et de reconnaissance pour celui ou celle qui donne et celui ou celle qui la reçoit; c’est un symbole très important pour les nations autochtones des Amériques. Elle était portée par les guerriers ou ceux qui avait réussi un exploit, elle est donnée pour souligner des épreuves surmontées et souligne la reconnaissance des membres de la communauté. Dans l’enseignement de la plume, on retrouve notre chemin car celle-ci a deux côtés; c’est à chacun et chacune de choisir. Les deux mains représentent l’échange de la plume entre un homme et une femme. L’offrande de la plume entre le masculin et le féminin évoque l’équité des genres. Les tatouages sur les bras représentent les diversités des nations autochtones, incluant les Inuits.
Les fleurs
Les fleurs de chaque côté de la murale représentent un motif de fleurs atikamekw qu’on retrouve chez plusieurs nations au Québec. Elles sont lilas, lavande ou violet et rendent hommage à Joyce Echaquan, la jeune mère atikamekw de 7 enfants morte le 28 septembre 2020. Il est important de continuer de penser à elle. La justice n’a pas été rendue et c’est un symbole pour les futurs avocats et avocates en vue d’une prise de conscience de l’injustice qui subsiste envers les peuples autochtones et de la nécessité de continuer à défendre la justice.
Le cercle
L’enseignement du cercle rappelle l’interconnexion de tous les êtres vivants et du monde. Les oiseaux, l’air, la terre, l’eau, le soleil et les saisons qui reviennent chaque année. De la naissance à l’enfance, à l’adolescence puis à l’âge adulte pour enfin devenir un aîné ou une aînée dans la communauté. Par la suite, nous retournons d’où nous venons, c’est le cercle de la vie. Le cercle est éternel et est au cœur de la murale. ◆
La murale intitulée « Ki Kicterimitin » qui signifie Je t’honore, je te respecte, je suis fière de toi
(Photo du haut, de gauche à droite)
À l’arrière, Fanie Pelletier, Nadia Bastien, France Houle, Karine Joizil, Ledy Z. Rivas, Annick Nguenang Nono, Grace Manuela Nguebou Mboutchouang
À l’avant, Jonathan Pierre-Étienne, Élizabeth Ménard-Laberge, Guillaume Saliah, Aminata Bal et Hervé A. Prince
Premier Forum citoyen sur la représentativité des communautés noires dans les professions juridiques
Réunir, réfléchir et transformer
Le 11 mai 2022, la Faculté présentait le premier Forum citoyen centré sur la sous-représentativité des étudiantes et étudiants issus des communautés noires dans les programmes universitaires de droit et, par ricochet, dans les professions juridiques.
Par Ledy Z. Rivas, candidat au doctorat et Aminata Bal, adjointe à la doyenne
Mobiliser pour changer
La Faculté de droit de l’Université de Montréal, sous l’impulsion de la doyenne France Houle, a organisé au campus MIL le mercredi 11 mai 2022 le premier Forum citoyen sur la représentativité des communautés noires dans les professions juridiques sous le triptyque « Réunir, réfléchir et transformer ». Il s’agit en effet d’une occasion de réfléchir que nous devons actionner afin d’intéresser les étudiantes et étudiants de la communauté noire aux études en droit, c’est-à-dire davantage les attirer, les recruter, les former et les accompagner. Cet évènement a mobilisé plus de 150 personnes provenant d’horizons professionnels – le corps professoral, les membres de l’administration universitaire, la population étudiante, les barreaux de Montréal et du Québec, la Chambre des notaires, les membres de la magistrature, des praticiennes et praticiens, des personnes chargées du recrutement et des cégeps – autour d’une programmation thématique riche et ciblée. Le premier temps de cet évènement a recueilli les allocutions, des témoignages de parcours inspirants ainsi qu’une conférence inaugurale sur le thème « Le plafond de verre est-il noir? »
Réfléchir sur les enjeux de la sous-représentativité
Le deuxième temps de l’évènement a été l’occasion d’amorcer une réflexion globale sur les enjeux de la sous-représentativité des communautés noires dans les professions juridiques. À cet effet et afin de débattre des différentes idées, les parties prenantes ont été réparties en trois ateliers thématiques, l’objectif étant de déterminer les facteurs qui sous-tendent cet état de fait et de proposer les transformations nécessaires dans le parcours et aux différents paliers d’intervention – tant dans les organisations universitaires en ce qui concerne l’admission, le recrutement et la formation et dans les milieux professionnels pour ce qui a trait à l’insertion qu’au niveau de la société elle-même pour ce qui est du changement de culture. Les réflexions amorcées ont permis de dégager quelques recommandations qui seront d’ailleurs transcrites sous la forme d’un plan d’action.
Agir pour transformer
La démarche de l’organisation de ce forum citoyen est portée par une approche étapiste, la première étape étant l’organisation de l’évènement. Cela a permis de recueillir les idées et recommandations auprès des parties prenantes. L’étape suivante sera donc consacrée à l’élaboration d’un plan d’action triennal et à sa mise en œuvre. Ainsi, Ainsi, dès la rentrée de l’automne 2023, la Faculté de droit de l’Université de Montréal engage une série d’actions telles que la mise en place de bourses exclusivement réservées aux personnes issues de la commu nauté noire en vue de soutenir leur parcours d’études à la Faculté et l’organisation d’une journée portes ouvertes destinée aux étudiantes et étudiants de la communauté noire des cégeps de Montréal et des environs, pour n’en nommer que quelques-unes.
Enfin, la dernière étape à la suite de la mise en œuvre du plan d’action triennal consistera à organiser un autre forum de consolidation des acquis où il sera question d’évaluer les actions menées et d’apprécier les résultats qui en ont découlé. Ainsi, dans une perspective de long terme, ces résultats pourront être consolidés. ◆