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réalités d’exercer en dehors des grandes villes Polyvalence et diversité

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AU-DELÀ DU DROIT

AU-DELÀ DU DROIT

En tant que président de l’Association des Jeunes Barreaux de Région (AJBR) et avocat pratiquant en région, je constate que la responsabilité de l’avocate ou de l’avocat de région diverge sur plusieurs aspects comparativement à une pratique dans un grand centre urbain.

Par Michaël Lévesque, LL.B 2014, associé Juriseo avocats et président de l’Association des Jeunes Barreaux de Région

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Quotidiennement, ma pratique en litige m’amène à plaider dans plusieurs districts judiciaires, notamment les palais de justice de Montréal, Longueuil, Laval, SaintJérôme, Joliette, Trois-Rivières ou encore Sherbrooke.

La modernisation de la justice suivant la pandémie nous permet même d’agir sur des dossiers à distance dans des districts judiciaires plus éloignés, par exemple à Roberval ou à Rouyn-Noranda.

Parmi mes expériences, la différence la plus notoire concerne les domaines de pratique qui varient entre les régions et les grandes villes comme Montréal. Dans les faits, les avocates et avocats de région sont responsables de dossiers dans des domaines de pratique très différents les uns des autres. Ils ont cette capacité d’être polyvalents dans divers domaines de droit. Il n’est pas rare qu’ils maîtrisent autant le droit familial que le droit immobilier, le droit des successions, le droit des sûretés ou encore le droit des affaires.

La polyvalence des avocates et avocats de région se constate particulièrement lors des rôles de pratique dans n’importe quel autre district judiciaire que Québec et Montréal au cours desquels on peut en voir piloter plusieurs dossiers de différentes natures.

Imaginez à quel point la diversité des dossiers en région peut devenir un défi; il faut être en mesure de maîtriser toute une gamme de notions juridiques et se tenir à jour dans plusieurs domaines à la fois. Cette responsabilité propre à l’avocate ou à l’avocat qui exerce en région rend la pratique plus stimulante, diversifiée et attrayante. On se sent ainsi capable de défendre un vaste éventail de causes dont les enjeux sont différents chaque fois. Les nouveaux clients qui téléphonent au cabinet présentent une variété de problématiques, sachant qu’on ne s’affiche pas comme étant spécialisés dans un seul domaine.

La raison en est bien simple : il existe une proportion beaucoup plus importante d’entreprises, de commerces et de lieux d’affaires sur l’île de Montréal, par exemple, que dans les régions. Les matières civiles et commerciales occupent donc une large place au sein du palais de justice de Montréal si on le compare à celui de Laval, par exemple, alors que ces deux villes sont pourtant géographiquement voisines.

Ainsi, la pluralité des mandats ne nous permet pas de nous concentrer exclusivement en droit des affaires, par exemple, considérant que la demande de services juridiques en région est bien différente de celle des grands centres. En fréquentant divers palais de justice de région, on s’aperçoit rapidement que les causes familiales y occupent une bonne partie du temps de cour, d’où la nécessité pour les avocates et avocats pratiquant en région de demeurer ouverts à la diversité des causes présentées par les justiciables.

Cette diversification des mandats démontre toute la dextérité dont les avocates et avocats de région doivent souvent faire preuve. Elle devrait d’ailleurs être recherchée par la magistrature, considérant que les juges, en région ou non, sont appelés à entendre une diversité de causes. Un autre facteur distingue la pratique en région : la relation de proximité développée avec notre clientèle. En effet, comme les cabinets sont généralement plus petits en région, l’avocate ou l’avocat est souvent attitré à un client en particulier, et ce, pour tous les mandats confiés par ce même client. Le cabinet ne peut se permettre aisément de répartir les dossiers en fonction de leur nature considérant le nombre d’avocats disponibles. Une relation de confiance s’installe rapidement avec le client. L’exemple commun est celui d’un entrepreneur issu d’une PME qui transmet tous ses dossiers au même avocat au sein du même cabinet. Au fil du temps, on peut avoir l’impression que l’avocat et le client sont de vieux amis à les écouter discuter. L’avocate ou l’avocat de région peut également paraître plus accessible, puisqu’il n’est pas rare de croiser nos clients dans les mêmes restaurants, pharmacies ou supermarchés. C’est clairement favorable à la relation avocat-client que de se croiser en famille et de se présenter l’un à l’autre dans un contexte naturel et décontracté. Avec le temps, l’image formelle de l’avocate ou l’avocat inaccessible disparaît pour laisser place à l’être humain qui vit essentiellement une vie tout aussi ordinaire que celle de sa clientèle. ◆

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