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GENEVIÈVE CHARRAS ET ROBERT BECKER

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FEUILLE DE ROUTES

FEUILLE DE ROUTES

Geneviève Charras et Robert Becker sont restés des enfants complices.

En arrivant devant leur immeuble de la Krutenau, je croise par hasard Robert qui rentre des courses, il sonne chez lui. « C’est le père Noël ». Le couple pousse la facétie jusqu’à vivre au-dessus – au 5e –d’un vendeur de semelles orthopédiques.

Geneviève est balafrée. Elle est tombée hier soir en allant voir le film Corsage au cinéma Star. Mais ce n’est pas très grave, car elle a pu danser un slow avec Orlan au 104 la semaine dernière.

Robert nous sert un échantillon de Noël alsacien, café, lebkuchen, et des biscuits à l’anis. Geneviève nous dit tout, malgré ses pieds plats, elle a toujours fait de la danse. En bonne historienne, elle parle du respect des règles de déplacement, du rapport à l’espace et au temps, avec un mélange de sens artistique et d’exaltation physique. Elle a commencé à Paris – « J’ai le mollet de Montmartre » –avec Jacqueline Robinson, la pionnière de la danse contemporaine. Son amour de la danse va jusqu’à comparer Bruno Chibane à Diaghilev : « Il donne des coups de pied pour sortir les potentiels. »

Elle arrive à Strasbourg à 22 ans ; s’ensuit un marivaudage avec Robert, apprenti réalisateur : « J’ai fait l’orchestre d’accueil au camp du Struthof pour Lelouch ». Robert était aussi prof de lettres dans un pensionnat pour jeunes filles où il passait son temps à faire du ski à Gstaad.

Saint Augustin

« Il est venu chez moi avec des fraises, de la crème et des pantoufles. » En 87, ils s’installent à la Krutenau. Ils se marient en 93. Il y avait 120 personnages à Dalhunden, pour une grande fête autour de l’étang de pêche. Geneviève portait du noir, un costume de diable, pour ressembler à une carte de tarot. Ils partent en voyage de noces en Chine. Elle pensait que le mariage entraînerait l’enfant. Au lieu de ça, une belle collection de cartes postales représentant des cigognes et des bébés de toutes les époques. Elle a gardé son côté fleur bleue et enfantin même si la danse macabre la tarabuste. Geneviève a eu la chance de faire la jongleuse pour le réalisateur baroque Peter Greenaway.

Fascinée par le judaïsme : « Tu me mets dans un cimetière juif, je jubile », par les histoires, les motifs de Christian Lacroix, Geneviève garde les petits objets trouvés dans la rue et les sacs krafts de boulangers. Robert me montre la première œuvre d’art de sa collection, un escargot sous verre. « Il faut accepter la perte, tout se casse, se brise. Les assiettes de Françoise Pétrovitch se sont cassées suite aux vibrations des travaux dans la rue. » lafleurdudimanche.blogspot.com

« Si la maison brûle, je ne garde qu’un objet, c’est ce livre, le Ballet en France du quinzième siècle à nos jours », nous dit Geneviève.

Robert, lui, est plus fasciné par les alexandrins et Marguerite Duras, notamment Le Ravissement de Lol V. Stein. Il fait la lecture à Geneviève, lors de leurs voyages. Ils ont quelques rituels comme l’œuf mayonnaise, le coucher de soleil au Dabo, les hôtels ringards, s’endormir en cuillère. Dans leur chambre, 400 Barbie sont cachées et le lit n’a pas d’oreillers. Robert et Geneviève, c’est le mariage de la danse et des fleurs. Puis, la fleur s’est transformée en banane.

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