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TOP GUN VOLTIGE : S'ENVOYER EN L'AIR
MOTORS | TOP GUN VOLTIGE
S'ENVOYER EN L'AIR
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La voltige n’est pas un domaine réservé aux as du pilotage et aux professionnels. Et si vous êtes amateur de belles mécaniques, Top Gun Voltige propose de découvrir de façon inédite cette discipline et ses sensations. Texte et photos : Shervin Fonooni
Dans les années 80, Ridley Scott sort Top Gun, un film dédié à l’aéronavale américaine. Parmi celles et ceux qui se souviennent de cette production hollywoodienne et qui attendent la sortie du second opus, combien ont rêvé d’être dans la peau de Maverick et s’adonner à des figures acrobatiques ? Soyons francs, beaucoup se reconnaîtront...
Si Top Gun Voltige n’a pas vocation à former les futurs pilotes de la Marine, elle a le mérite de proposer un avant-goût de ce qui peut se faire en matière de voltige, sur des machines inédites. Nous sommes partis à La
Roche-sur-Yon rencontrer ces aviateurs qui souhaitent partager leur culture aéronautique à un large public.
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Top Gun Voltige, c’est l’histoire de deux frères, et plus particulièrement d’un homme, François Dubreuil. L’aventure débute en voltige, avec la création d’une équipe (Vendée Sport Aérien) qui va remporter trois titres mondiaux... en cinq ans. Excusez du peu. Dans le même temps, elle propose des baptêmes de l’air sur un Extra 330LX. Le succès est au rendez-vous et le groupe vendéen n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Ambitieuse, Top Gun Voltige se spécialise alors, en 2013, dans les vols à sensations. François est un commandant de bord qui comptabilise environ 20 000 heures de vol ; son équipe est constituée de pilotes professionnels expérimentés et tous sont adeptes de la voltige aérienne. Ces passionnés n’ont qu’un but : se faire plaisir et le partager avec tout le monde. Pourtant, François veut toujours innover et a une idée en tête : le pari de passer sur jet. Lors d’un championnat de voltige à Dijon, l’entrepreneur fait part de son idée à Jacques Bothelin, fondateur d’Apache Aviation et du Jet Team : « Nous sommes partis d'une feuille blanche. Nous avons d'abord acheté deux avions neufs, puis un camion, à l'image des écuries de sport auto, et nous sommes arrivés avec des idées nouvelles », explique le président. « Jacques, qui aime les choses bien faites, est venu me voir et j'en ai profité pour lui parler du projet L-39. Il m'a donc bien épaulé. » En 2017, l’équipe compte désormais un Albatros dans son hangar. Le L-39 Albatros est un avion d'entraînement militaire construit par la firme tchécoslovaque Aero Vodochody. Il est l’un des avions les plus fiables et répandus dans le monde : « Ce n'est pas un Mirage 2 000, où tu es collé au siège, mais les commandes de vol sont hyper agréables, là où un avion d'aéroclub est aseptisé. C'est comme comparer une voiture classique bas de gamme avec une monoplace de compétition. Tout est fait pour l'efficacité et instinctif » apprécie François. « Le plus sympa est de faire de la voltige avec, ce qui donne des volumes d'évolution et des vitesses qui n'ont rien à voir avec un avion de voltige à piston. L'accélération dure plus longtemps, avec le pantalon anti-g qui gonfle, tu t'y crois », assure-t-il. Point fort de Top Gun Voltige : des vols sur L-39 sont également proposés à Avignon, Grenoble, Rouen et Carcassonne. Le baptême est identique, seul le paysage varie. L’offre est inédite en Europe. Preuve du succès et des demandes qui se multiplient, l’équipe a formé récemment un troisième pilote sur L-39 et prévoit dans un futur proche l'achat d'un second appareil,pour des baptêmes en patrouille.
UNE OFFRE À LA CARTE
Vous vous dites qu’il est désormais temps de réaliser votre rêve d’enfant ? Voler en avion de chasse est-il accessible ? Bien qu'il reste une expérience exceptionnelle, le coût d’un tel loisir avoisine quelques 2 400 euros (voire plus), ce qui peut refroidir l'exaltation d’un baptême de l’air d’une rare intensité, d’autant plus si vous avez quelques appréhensions. Néanmoins, certaines structures proposent des vols d’initiation à la voltige élémentaire à des prix très abordables. Parmi elles, Top Gun Voltige a conçu des programmes à la carte, avec des niveaux de sensations différents. L’équipe yonnaise accueille ainsi tous les profils de candidats. Certains n’ont jamais fait de la voltige alors que d’autres ont déjà une petite expérience, comme en témoigne Aurélien, l’un des pilotes : « On a fait voler un passager de 88 ans, transplanté cardiaque, et il est reparti à vélo ! » Vous avez donc plusieurs offres pour découvrir, ou faire découvrir à un proche, cette discipline aux sensations déroutantes et nouvelles. Un moment de pur plaisir gravé à tout jamais dans la mémoire. D’ailleurs, l’équipe attache une grande importance à cet aspect, qu’elle optimise pour toutes ses activités, tout en garantissant naturellement la sécurité des passagers. Le pilote évolue ainsi en fonction de votre tolérance au vol et aux acrobaties : « Nous ne voyons pas le passager à bord ; nous devons donc sentir ses émotions à travers les échanges et adapter le vol en fonction », affirme le président. « Nous ne sommes pas là pour en mettre plein la vue et gonfler nos biscoteaux. Nous sommes là pour que les gens ressortent avec la banane. L'avion de chasse, c'est l'expérience d'une vie ». Mais ce qui distingue Top Gun Voltige de ses confrères est de proposer des vols à bord d’avions rares et inédits.
LE GAMEBIRD
Lorsqu’on se rend à une compétition de voltige, ou dans les aéroclubs, on croise souvent les mêmes aéronefs, notamment les Extra 330. En Vendée, il existe un modèle qui éveille la curiosité des visiteurs. Son nom : le GameBird ! Le dernier-né de GameComposites fait partie de la nouvelle génération d'avions de voltige. Biplace entièrement en carbone, il a été conçu par Philipp Steinbach et fabriqué aux USA. Dans le monde de la voltige, où Extra Aircraft est omniprésent, l'arrivée du GB1 est un tournant face à l'hégémonie du constructeur allemand. C'était donc sans compter sur la détermination et la passion de Steinbach pour dessiner et produire ce bolide des airs. L'ingénieur allemand n'en était pas à son premier coup d'essai et le GB1 est le fruit de ses expériences. François Dubreuil fut l'un des premiers à l'essayer et à être conquis par le potentiel de l'avion, ainsi que les nouvelles perspectives qu'il offre. Avec son Lycoming de six cylindres de 315 ch, il affiche des performances similaires à celles des meilleurs monoplaces, et se démarque des autres biplaces. Plus polyvalent, il offre une plus grande facilité de pilotage et permet de réaliser les mêmes figures Unlimited, seul ou à deux. La société vendéenne est devenue le distributeur exclusif en Europe de ce bolide. Depuis 2018, Top Gun Voltige est la seule à proposer des vols sur le GB1. Le GameBird est une machine qui a de la gueule, avec des lignes pures et racées qui se distinguent des autres. L'ergonomie est très bonne et le passager prend du plaisir lors de son vol. L’avion est stable et on ne ressent pas de vibration. Le confort est plus limité pour les grands gabarits, mais meilleur que sur les modèles concurrents. Si vous êtes un adepte de sensations extrêmes, les baptêmes de GB1 vous sont destinés. Assis en place avant, vous allez découvrir les sensations de la voltige aérienne. Tonneau, renversement, facteurs g… vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer tant cet aéronef procure des émotions qu’on ne ressentirait pas autant dans un avion de chasse tel que le L-39. Prêt à franchir le pas ?
TUTOYER LES NUAGES
À votre arrivée sur les lieux, vous sentez une ambiance particulière. Dès l’accueil, vous êtes en immersion dans l’univers de la chasse et de la voltige. Si vous êtes un passionné, votre âme d’enfant refait surface à la seconde où vous voyez les avions parqués dans le hangar. Après avoir fait connaissance avec l’équipe, vous êtes invité à assister au briefing technique et de sécurité. La sécurité prime sur tout ; alors les membres, à l’image du chef pilote Benoît Buffière, n’hésitent pas à consacrer une heure pour décrire étape par étape le déroulement et les spécificités du vol au passager. Une fois qu’on s’est assuré que toutes les conditions sont réunies, vous essayez votre équipement : casque, combinaison de vol et bottines, voire pantalon anti-g si vous volez à bord du L-39. Puis vous vous dirigez vers le mécanicien en charge de votre installation. Sur le tarmac, le pilote vous présente l’avion. Vous grimpez ensuite dans le cockpit et, pendant le brêlage, un autre membre de l’équipe procède au briefing des instruments,
du contrôle radio et de la procédure d’éjection (avec votre parachute ou siège éjectable). Le pilote effectue un test radio, ferme la verrière et procède au démarrage. Désormais, vous resterez en contact permanent avec lui. Puis l’avion part s'aligner sur la piste, le temps de permettre aux moteurs d’être à la bonne température. Sur la piste, le régime monte et les freins vont être lâchés au feu vert de la tour de contrôle. Les roues décollent de la piste et l’excitation monte crescendo. La région se prête parfaitement à ce genre d’activité. Survoler les Sables-d’Olonne et autres îles de la côte est un argument non négligeable pour choisir la société vendéenne. Pour peu que vous ayez la chance d'avoir une météo maussade avec un temps couvert, vous pourrez alors tutoyer et émerger de la mer de nuages ; un instant magique ! Après quelques minutes, les affaires commencent et vous découvrez au fur et à mesure certaines figures de voltige de base et les sensations qui s'y accordent. Vous enchaînez ainsi les boucles, les tonneaux et les vrilles. Pour ce type de vol, seules des acrobaties au facteur de charge positif seront réalisables. Comme toutes les bonnes choses ont une fin, vous retournez à la base. Arrivé sur le tarmac, les images défilent dans votre tête ; il ne vous reste plus qu’à vous demander quel a été le moment le plus intense et partager votre ressenti avec vos proches. D’un point de vue physiologique, le vol est acceptable pour tout le monde et l’expérience est unique. L’âge minimum requis est 14 ans, pour une question de maturité, afin d’éviter toute action inconsidérée dans le cockpit, notamment dans le L-39 où chacun est assis sur son siège éjectable. Celui-ci ferait subir au corps une accélération de l'ordre de 17 g ; il faut donc y être apte physiquement et mentalement.
DES PÉPITES MÉCANIQUES
Si vous avez en tête de (vous) offrir une balade aérienne, mais que les Cessna 172 et autres DR-400 ne sont pas assez sexy, vous pouvez alors opter pour un modèle de collection. Pour ceux qui redoutent les sensations fortes ou n’ont pour autant pas besoin d’adrénaline, c’est l’occasion de prendre un grand bol d’air à bord d’un avion emblématique de la vieille époque. Et il est tout à fait possible de combiner avec un vol voltige. Une nouvelle machine a récemment rejoint la collection et pas n’importe laquelle ; il s’agit du célèbre PT-17 Stearman de 1943. C’est un biplan produit par Boeing à environ 10 000 exemplaires. Ce biplace en tandem était destiné autrefois à la formation des élèves pilotes de chasse. Le moteur en étoile (pour que les cylindres puissent être refroidis) est capricieux au démarrage, comme l’atteste Benoît : « Il ne démarre pas toujours du premier coup. Si ça ne marche pas, on va injecter un peu de carburant, mais pas trop, sinon on le noie. Une fois qu’il démarre, c'est comme une vieille moto. Ça ne tourne pas très rond, ça fait de la fumée le temps que ça chauffe. Il vibre énormément et fait du bruit ; c'est tout le charme de ces anciennes machines. Si c'était trop facile, ce ne serait pas rigolo ». Ce moteur consomme beaucoup d'huile et une partie de celle-ci arrive au fond de l'avion. Il ne faut donc pas être surpris, ni inquiet : « On passe autant de temps à voler qu'à nettoyer cet avion. Ce n'est pas la partie la plus fun, mais c'est hyper plaisant » affirme le chef pilote. Retirés du service par l'armée américaine, les Stearman étaient vendus pour un dollar symbolique à des propriétaires de ferme qui s'en servaient notamment pour faire l'épandage. Néanmoins, les 220 ch de base se sont montrés limités au bout d'un certain temps pour ce type d'utilisation. Ils ont donc retravaillé la motorisation pour monter à 450 ch. C'est une version qui est beaucoup plus rare et il n’en existe que deux en France : « Concrètement, ça ne fait pas avancer plus vite. C'est un aérofrein volant ; cet avion est une insulte aux lois de l'aéronautique, mais il permet de décoller plus court et d'emmener plus de charge » décrit avec humour Benoît. L’expérience est incroyable. Installé en place avant, le passager est replongé dans l’aviation des années 1940, avec le casque en cuir et les lunettes d’aviateur. Le paysage n’est pas renversant et ne défile pas ; vous avez ainsi tout le plaisir de contempler les Sables-d'Olonne. Au fond, prendre le temps, c’est dans cette idée que réside le véritable luxe. Par ailleurs, depuis février 2021, un nouvel engin est arrivé dans le hangar yonnais. L’équipe s'est ainsi lancée dans le chantier de restauration d'un avion qui a marqué l'histoire de l'aviation. Avec son énorme Wright de neuf cylindres, développant 1425 ch, le T-28 Trojan fut conçu après la Seconde Guerre mondiale pour remplacer le T-6 Texan. Son succès traversa l'Atlantique et la France en commanda quelque 150 exemplaires, sous la désignation "Fennec". Le modèle vendéen devrait reprendre les airs en 2022. L'intérêt est toujours de fournir des sensations sur un chasseur, mais sur un modèle historique. Enfin, Top Gun Voltige possède également un sacré jouet dans son coffre. Certains passionnés l’ont déjà vu voler dans certains meetings. Il s’agit de l’unique exemplaire Lockheed T-33 en Europe en état de vol. Deux avions exceptionnels à découvrir lors d’un prochain numéro. En attendant la saison 2022, un grand merci à toute l’équipe pour son accueil chaleureux et sa bonne humeur !