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BENTLEY BOYS

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Bagues de haut-vol

Bagues de haut-vol

Tout le monde connaît la célèbre marque automobile au logo ailé, mais qui connaît l’histoire des Bentley Boys ? Gentlemen, aventuriers, férus de belles voitures et de vitesse, les Bentley Boys étaient de véritables icônes de la course automobile en leur temps.

BBeaucoup semblent oublier - ou ne pas savoir - que l’histoire de Bentley s’est bâtie dans l’odeur de l’asphalte et le bruit de ses moteurs vrombissant. Aux débuts de la marque, ses voitures brûlaient littéralement le pavé des circuits du monde entier et savaient s’y illustrer. Des records, des podiums, des courses mythiques, c’est aussi cela le pedigree de la marque. Bentley est la création d’un homme brillant, W.O. Bentley, qui se rendit compte rapidement d’une chose : le meilleur moyen de prouver la robustesse et la puissance de ses voitures, c’est de les mettre en piste.

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La piste... ce sera le lieu de prédilection des Bentley Boys, têtes brûlées, gentlemen fortunés, habiles pilotes, qui incarneront le chapitre décadent et prodigieux de l’histoire de la marque. Ils étaient tout. Ils avaient tout. Fortune et gloire. Aristocrates, hommes d’affaires, héros de guerre, leur réussite et leurs faits d’armes s’étendaient jusqu’aux circuits automobiles où leurs prouesses les hissaient au rang d’icônes. Les Bentley Boys étaient des pilotes hors normes, où leur personnalité flamboyante n’avait d’égale que leur talent en piste. Leur train de vie battait la cadence, ou la décadence et, pourtant, ils restaient implacables sur un circuit. Certains disaient qu’il étaient aussi connus pour leur consommation de champagne que pour leurs exploits en piste, mais l’histoire n’a de cesse de nous rappeler qu’ils formaient à l’époque une sorte d’équipe imbattable.

Soudés par une même passion et une force de vivre, ces types faisaient tout à fond : la fête et la course. Bons vivants, habités par un esprit de famille, nombre de Bentley Boys occupaient le quartier chic de Londres, requalifié de ‘Bentley Corner’ en raison de toutes les voitures qui étaient garées dans le secteur.

Célébrés dans le monde entier, ces hommes, parmi les plus riches d'Europe, traquaient plaisir et adrénaline. Et c’est cette génération de gentlemen drivers qui permettra à Bentley de devenir le premier constructeur britannique vainqueur aux légendaires 24 Heures du Mans en 1924, puis de remporter quatre autres victoires consécutives de 1927 à 1930 – avec le premier quadruplé de l’histoire de la course en 1929, Bentley domine Le Mans (elle se classe 1ère, 2ème, 3ème et 4ème). Avec eux, style, bravoure et brio battaient dans une même mesure. Et lorsqu’ils gagnaient des courses ou réalisaient des records de vitesse, ces exploits faisaient la une des journaux. Les héros de l'époque, c’étaient eux. Héros de l’asphalte, mais pas que.

Qui étaient ces Boys ?

Parmi ces boys, certaines personnalités les plus influentes de la société de l’époque. Leur soif d’aventure et de sensations fortes étaient telle que seul le succès remporté dans des courses mythiques pouvait l’étancher.

L’un d'entre eux, Woolf Barnato, riche héritier d’un magnat du diamant, fut sans doute le plus célèbre des Bentley Boys. Barnato est le premier pilote à avoir remporté trois fois les 24 heures du Mans. Trois victoires sur trois participations : un exploit ! Il aimait tellement sa Bentley qu'il a fini par acheter la société, la sauvant ainsi de la faillite... Et en devient président en 1926. Alors qu’il acheva le conflit de la Première Guerre avec le grade de capitaine, il servit dans la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale, assurant sur le territoire britannique la protection des sites de construction aéronautique contre les bombardements, et fut nommé lieutenant-colonel.

Sir Henry “Tim” Birkin était un ancien as de l'aviation du Royal Flying Corps pendant la Première Guerre mondiale et un pilote très accompli. Sans doute le plus rapide de tous les Bentley Boys, il peut être d’ailleurs considéré comme l'un des premiers héros sportifs britanniques que le pays ait connu. Une moustache bien taillée, une écharpe bleue et blanche à pois généralement nouée à son cou, on peut dire que Sir Henry soignait son style sans pour autant lésiner sur la performance. On peut même dire qu’il était obsédé par la vitesse. C’est lui qui a développé la Bentley “Blower” 4,5 litres suralimentée - contre la volonté de W.O. Bentley - pour contrer la Mercedes Kompressor d’alors, considérée comme une menace. En 1932, il établit un impressionnant record de vitesse lors de la célèbre course automobile anglaise de Brooklands avec sa voiture, une Bentley évidemment.

Le Dr J Dudley “Benjy” Benjafield est l'un des rares Bentley Boys à travailler pour vivre. Spécialiste en bactériologie la semaine, il s’adonne à la course auto le weekend par plaisir. Il est d’ailleurs tellement doué que c’est W.O. lui-même qui l’invite à courir pour la société. Surnommé “le chimiste chauve”, il est au cœur de la lutte contre la pandémie de grippe espagnole de 1919-1920 et sert en Egypte.

Glen Kidston est taillé pour l’aventure. Costaud, les épaules larges, il s'engage dans la Royal Navy dès ses 11 ans ! Ancien commandant de sousmarin, il a même été torpillé trois fois dans la même matinée, un jour mouvementé de 1914. Pilote de course automobile talentueux, il est un aviateur hors pair et établit en 1931 le record de la liaison aérienne Angleterre-Le Cap (Afrique du Sud), soit 12 900 kilomètres à la moyenne horaire de 211 km/h. Un an après sa victoire au Mans.

Pendant ce temps, “Sammy” Davis réussit autant dans l’écriture que sur la piste. Ce journaliste, écrivain et caricaturiste remporte non seulement les 24h du Mans en 1927, mais sera surtout l’une des grandes plumes automobiles de l’entre-deux guerres Amateur de voitures anciennes, il cofonda le Veteran Car Club of Great Britain en 1930, puis devint le vice-président de l'Aston Martin Owners Club à sa création en 1935, concevant dès 1932 le logo ailé de la marque (qui a pour origine le dieu égyptien Khépri, symbolisé par un scarabée). Son fils, Colin Davis, est lui aussi devenu un pilote automobile.

John Duff sera une star de l’ombre. Soldat en 1917 en Belgique à Passchendaele, il monte sur le podium lors des 24h du Mans en 1924 aux côtés de Franck Clement, puis devient cascadeur à Hollywood sur des films de cape et d’épée.

Grâce à leurs exploits, leurs personnalités et leur style de vie, les fabuleux Bentley Boys ont insufflé les premières années follement glorieuses du constructeur. Une épopée. C’est malheureusement l’arrivée de la Dépression qui mit à genou Bentley, à nouveau vendue, mais à Rolls-Royce cette foisci. La fin des Bentley Boys sonna en même temps.

« SIR HENRY "TIM" BIRKIN ÉTAIT UN ANCIEN AS DE L'AVIATION DU ROYAL FLYING CORPS PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE ET UN PILOTE TRÈS ACCOMPLI. SANS DOUTE LE PLUS RAPIDE DE TOUS LES BENTLEY BOYS. »

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