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DES HOMMES D'EXCEPTIONS

Teddy Palassy et Chris Rinaldi ont en commun leur parcours dans les forces spéciales, mais sont aussi les co-auteurs d'un ouvrage qui raconte leur parcours d'exception. Rencontre avec des hommes extraordinaires dans un cadre extraordinaire.

Interview et illustration David Bail

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Le décor est fantastique : pas moins d’une cinquantaine de véhicules originaux en taille réelle (motos, voitures, avions, sous-marins, hovercrafts, hélicoptères, ...), tout droit sortis des 25 films de James Bond, se dévoilent sous nos yeux dans les 6 000 m2 du Palais 1 de Brussels Expo à l'occasion de l'exposition “Bond in Motion”. Henri Prevost, le fondateur et CEO du cabinet de conseils en stratégie BSPK, a judicieusement choisi ce cadre exceptionnel pour accueillir les deux invités de la conférence de cette soirée “Forces spéciales et unités d’élite pour inspirer le management” devant un public de chefs d’entreprise, décideurs, managers. Teddy Palassy et Chris Rinaldi sont visiblement tout autant émerveillés que nous par le décor qui les entoure. Mais le sujet principal est ce soir le parcours de ces hommes et la manière dont ils se servent aujourd'hui de leurs compétences dans un monde en perpétuel changement. Entretiens avec Teddy Palassy, ancien commando de marine, aujourd'hui cadre formateur sportif dans une grande entreprise, et Chris Rinaldi, excommando de marine et négociateur au GIGN.

Teddy

: Quel est le déclencheur qui vous a incité à vous engager dans les commandos de marine ?

Teddy Palassy : En voyant une affiche dans un camion de recrutement de la Marine Nationale, je me suis dit : c'est ce que je veux faire ! L'image parlait d'elle-même, avec 4 hommes sur un Zodiac, arborant le fameux béret vert porté à l'anglaise avec le badge à gauche ; seule unité de l'armée française à le porter ainsi en souvenir de la constitution des commandos français en Écosse en 1942. Cette valeur ajoutée des Commandos de marine réside dans leur spectre d'emploi qui est l'un des plus complets au niveau des Forces Spéciales, car ils maîtrisent les actions en Air, Terre et Mer. À partir de ce moment, j'ai caressé l'espoir de devenir un jour Commando Marine, chose réussie en 1998.

: Est-il nécessaire d'avoir une force mentale hors du commun pour intégrer une unité d’élite ?

T. P. : Bien évidemment, le mental fait partie des qualités requises, mais il se travaille également au fur et à mesure du temps. Notamment avec du drill, qui correspond à une répétition de procédures et qui permet de s'adapter aux différentes situations. La capacité d'analyse, la remise en question permanente, le perfectionnisme, l'esprit de groupe et l'abnégation font partie intégrante du savoirfaire et savoir-être d'un Commando marine.

: Votre mission la plus périlleuse ?

T. P. : Je pense que, curieusement, la plus difficile fut la première mission ! Tout fraîchement embarqué au commando de Penfentenyo, je suis arrivé en Afrique, à Djibouti pour relever le Commando Trepel qui venait de passer 7 mois sur le camp. J'avais l'impression d'arriver dans une fosse aux lions, avec des hommes hors gabarit, moi qui venais de sortir du stage Commando avec un poids de 68 kg tout mouillé. Je me suis retrouvé avec des hommes aguerris.

J'ai dû prouver à cette nouvelle famille que je méritais ma place parmi eux. J'avais 19 ans, j'étais encore au lycée l'année d'avant et me voilà au fin fond de l 'Afrique, dans un endroit spartiate, où chaque jour, pendant 6 mois, j'étais testé sur différentes compétences que je me devais de maîtriser. Un moment inoubliable et très dur qui m'a fait entrer dans le monde des Forces Spéciales.

: Le péril oui, mais certainement aussi des souvenirs... Quel est le meilleur de votre carrière ?

T. P. : Mon meilleur souvenir est la polyvalence des activités qui deviennent pour nous normales alors qu’elles sont juste extraordinaires. Monter dans un hélicoptère de combat comme prendre un uber, sauter d'un avion à 4 000 m de nuit et amerrir dans l'océan Indien, utiliser des armes que j'avais utilisées dans des jeux vidéos plus jeune, tout cela est ancré dans ma tête et contribue à ce que je suis devenu aujourd'hui... »

: Votre nouvelle vie est celle d’un coach sportif et instructeur TRX pour les employés d'une grande entreprise, comment avez-vous géré cette reconversion ?

T. P. : En quittant le groupe d'action spécialisé du Commando Jaubert en 2006, je suis parti faire le cours moniteur de sport au Centre national de la défense. J'ai donc fini ma carrière en tant que responsable de la préparation physique et sports de combat à Lorient chez les Commandos Marine. Après ma retraite en 2013, je me suis retrouvé à Prague pour devenir formateur instructeur TRX Force pour l'armée, la police, les pompiers et les sportifs de haut niveau. Suite à cela et à différentes rencontres, j'ai été recruté par Cyril vidal, PDG de la société Crosscall basée à Aix-en-Provence, avec comme but de développer le sport en entreprise et créer un vrai concept autour de la qualité de vie au travail. Chose réussie, car nous avons plus de 70% du personnel qui participe aux différentes séances encadrées et qui pratique, sur leur lieu de travail, 2 fois plus d'heures de sport que ce que recommande l'OMS.

Chris

: Comment avez-vous découvert que vous aviez les qualités pour exercer ce métier ?

Chris Rinaldi : Très sincèrement, je ne le savais pas, j'ai purement et simplement tenté ma chance et passé les tests. Les ayant réussis, j’ai continué. Le reste s'apprend en formation et au fil des opérations, et de l'expérience acquise.

: Quelle est la négociation la plus tendue que vous ayez vécue au GIGN ? Cette expérience est-elle une valeur ajoutée pour les chefs d’entreprise ?

C. R. : C'était avec un homme seul, en phase dépressive, fermé et qui ne voulait strictement rien entendre. Il voulait très clairement en finir ! Une situation complexe. Malgré toutes les tentatives, vous vous retrouvez face à un mur avec un homme qui préfère mourir que de profiter de la porte qui lui est offerte. Maintenant que je suis sorti de l’unité, toutes ces expériences, je les offre et les propose au monde des entreprises avec un programme de développement personnel adapté. J’utilise les différentes formes de persuasion dans les ateliers de formation pour les apprendre aux autres afin qu’ils les utilisent en communication non-violente et sous forme de bienveillance.

: Comment avez-vous géré votre reconversion du GIGN à la vie civile ?

C. R. : L’importance capitale de la préparation. Je m’y étais préparé. En reconversion depuis plusieurs mois, cela m’a offert l’opportunité de me mélanger à une autre population. J’ai pu constater tout le potentiel qu’il y avait à l’extérieur dans le domaine de la préparation mentale. Tous les stagiaires viennent d’horizons divers et d’un peu partout ! J’ai été formé à des aspects du développement personnel qui m’ont préparé à cette sortie vers la vie civile.

Pour terminer, je dirais que nos parcours paraissent toujours mythiques ou intouchables, alors qu’en réalité nous ne sommes à la base que des gamins un peu plus motivés que les autres. Notre livre le décrit : avec un minimum de volonté on peut y arriver ! Tel est le message. La façon de manager ou gérer une entreprise peut tout à fait être comparable à nos parcours et avec beaucoup de similitudes dans les difficultés rencontrées.

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