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TEMPS LIBRE

Retour Au Sommet

Une Maison historique et un homme féru de belles histoires, c'est l'alchimie qui s'est créée entre Montblanc et son CEO. Entretien au sommet avec Nicolas Baretzki.

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: Vous avez été l'initiateur de collaborations originales chez Montblanc (BAPE, Naruto, etc.), avec quelles autres marques aimeriez-vous collaborer dans le futur ?

C'était plus des hommages que des collaborations. Aujourd'hui on recherche des collaborations qui nous élèvent, comme l'exemple récent avec Ferrari, avec lesquels nous avons codessiné un instrument d'écriture ; c'était une première. La question n'est pas de savoir avec qui nous aimerions collaborer, je dirais plutôt quels seraient les critères de sélection. J'ai besoin d'associer Montblanc à une maison qui a une histoire, qui a la même philosophie. Je crois beaucoup aux collaborations avec des talents, comme l'alpiniste Reinhold Messner qui a gravi les 14 sommets les plus hauts du monde en 6 mois en se disant que « rien n'est impossible ». C'est ce que j'aime, une histoire vraie, un personnage important, comme Enzo Ferrari.

: Vous avez travaillé pour Cartier et JaegerLeCoultre, qu'est ce qui vous a poussé à rejoindre Montblanc ?

J'ai commencé chez Jaeger avec Jérôme Lambert, et quand il est parti chez Montblanc, il m'a demandé de venir avec lui. Montblanc, c'était la synthèse d'une grande marque multi-catégories comme Cartier et la spécificité d'une marque mono-catégorie comme Jaeger. C'est une Maison qui est extrêmement complexe et j'aime ce qui est difficile.

: Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixés ? Je suis reconnaissant mais jamais content. La Maison a été transformée, grâce à la Montblanc House qui symbolise le handwriting, l'arrivée d'un nouveau directeur artistique qui a révolutionné la partie maroquinerie de luxe, et nous retrouvons depuis deux ans une pente ascendante dans l'horlogerie avec des montres différenciées. On a la chance d'avoir une manufacture comme Villeret et l'expertise Minerva qui nous ont permis de faire cette révolution dans le monde du chronographe.

: Après le lancement de la collection sur les 14 sommets les plus hauts, quel autre sommet allez-vous gravir ?

Nirmal Purja (alpiniste et ambassadeur de Montblanc) me disait justement lors d'un dîner : « Il faut absolument que tu viennes au basecamp de l'Everest avec moi. » Ce sera mon challenge personnel ! [Rires]. Pour l'entreprise, mon objectif sera d'élever la maison, moins de références, plus d'expérience. On a ouvert un flagship à Paris, aux Champs-Elysées ; c'est une bonne façon de montrer comment la Maison évolue. On peut aller encore plus loin dans la maroquinerie, dans l'écriture on a encore de belles innovations sur lesquelles on travaille...

: Les gens aiment donc encore écrire ?

Ce n'est pas qu'ils aiment écrire encore, mais ils aiment écrire encore plus. Je ne sais pas si c'est lié à la crise du Covid, mais la résilience dans le monde de l'écriture a été plus forte durant cette période.

Constante Qualit

Frédérique Constant ou l’histoire de deux néerlandais férus de savoir-faire horloger. Rencontre avec Niels Eggerding, le Managing directeur, pour une interview où le temps semble filer à toute vitesse...

: L’identité de la marque s’est souvent définie par la création de montres de bonne facture à prix abordable ; comment défendez-vous votre production de grande qualité avec des tarifs bien en dessous de ceux pratiqués par nombre de vos confrères ?

Une réponse assez simple : nous prenons moins de marché ! Un prix plus élevé s’explique aussi par l’application d’une plus grande marge. A contrario de la politique de notre Manufacture qui applique une plus petite marge mais avec un plus grand volume : ce qui est normal au final. La marge est nécessaire pour investir dans la manufacture, pour développer des projets, etc.

: Le premier succès de la Maison est la Heart Beat, la première montre avec une ouverture du cadran pour laisser apparaître le cour de son mouvement mécanique. En oubliant de protéger le concept, vous avez été copié. Etesvous sensible à la protection de vos créations à présent ?

Effectivement, avant 2004, nous n’avions pas breveté notre création. À partir de 2004, quand nous avons lancé notre Manufacture, nous avons bien évidemment appris de nos erreurs et nous avons breveté chaque mouvement. D’une manière, être copiés par les plus grands était aussi une réussite pour nous.

: Cela fait presque 11 ans que vous avez rejoint la Maison Frédérique Constant ; quels sont les plus grands enjeux auxquels vous avez dû faire face lors de cette expérience ?

Le plus grand challenge a sûrement été la période de pandémie du Covid-19. J’ai commencé ma “Senior position” en 2018 en tant que Managing Director, et je devais préparer mon plan en 2019 pour les 3 années à venir. En 2020, le Covid-19 survient et tout est à l'arrêt. C’était compliqué non seulement financièrement, parce qu’il fallait avoir un certain contrôle de la situation et aussi devoir se séparer d’employés, mais aussi humainement car, après cette crise, il fallait s’en remettre. L'atmosphère, l’esprit, avaient complètement changé : il a été plus que nécessaire de discuter et de communiquer avec nos talents. De plus que le grand challenge des derniers temps est de réussir à les garder ! C’est très dur de rester attractifs, mais nous avons besoin d’eux dans notre croissance (qui s'élève à 26%).

: Nous avons vu vos collections NFT (classics worldtimer manufacture, Time To Travel); que pensezvous de l’univers de l’horlogerie dans le métavers ? Quelle vision en avez-vous pour Frédérique Constant ?

C’est la nouvelle génération qui s’impose avec la technologie. Cela va faire partie du futur, donc nous devons nous y intéresser mais nous ne sommes pas focalisés là-dessus.

La Manufacture Des H Ros

Première marque à avoir intégré le titane et la céramique dans ses montres, IWC est une manufacture qui innove. La mission de Walter Volpers, son directeur technique, est prépondérante. Rencontre.

: Expliquez-nous votre rôle de Directeur Technique produits.

Je gère toutes les étapes de production d'à peu près 600 montres par an. C'est très difficile car, depuis 8 ans, on a changé notre façon de travailler, il faut être plus agile et plus rapide pour livrer à temps, car le marché et les tendances changent.

: Le succès du film Maverick a t-il eu l'effet que vous attendiez sur la collection Pilot ?

Oui, définitivement. Pour l'anecdote, la production nous a demandé des montres exclusives pour le film. Nous avons donc dû réaliser 47 montres en deux semaines, dont 17 différentes. Ça a boosté la Pilot et la Top Gun. En parallèle, nous avons un programme officiel pour les pilotes d'escadrille, des modèles sur mesure, qu’eux seuls peuvent acheter. Nous avons beaucoup de succès grâce à ça.

: Comment se décide l'entrée d'une nouvelle édition de la Big Pilot dans la collection ?

Ce n'est pas très excitant, c'est très administratif : on fait des analyses, des benchmarks, sur le positionnement, les matières, les tendances, les couleurs. Avant le luxe n'était pas très fashion, maintenant la montre est devenue un moyen d'expression au même titre que la mode. Une fois que les ventes diminuent, à ce moment, on doit rechercher de nouvelles complications dans le mouvement ou une nouvelle couleur de céramique pour relancer le produit.

: IWC est partenaire de Alauda Aeronautics, les inventeurs du Airspeeder. Pourquoi avoir choisi de vous associer à ces voitures de course volantes ?

On recherche toujours des partenaires qui ont le même état d'esprit que nous. C'est une start-up innovante qui développe de nouvelles technologies et de nouveaux matériaux, c'est intéressant à ce niveau.

: Est-ce que vos ambassadeurs jouent un rôle dans la conception des modèles qu'ils portent ? Lewis Hamilton, Tom Brady ou les astronautes du programme Polaris...

Oui, pas seulement sur le design, il y aussi des facteurs de risques à prendre en compte. Par exemple, par rapport aux changements de température dans l'espace. La céramique est magnifique pour ça, car elle ne se modifie pas. On doit également veiller à ce que les couronnes des montres ne puissent pas sectionner le tissu des combinaisons. Ou savoir si le mouvement va fonctionner en l'absence de gravité, si la masse oscillante va tourner... Toutes ces décisions sont prises avec les astronautes de Polaris.

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