Mille et une histoires 127

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n°127 les souris

Mille et une histoires

Les plus beaux contes du monde entier

La queue coupée

Madame TrotteMenu aimerait que son mignon terrier reste propre. Pas de chance, un crapaud va lui rendre visite...

Sissi, la petite souris des bois, doit faire des provisions pour ses souriceaux, mais gare au chat sauvage !

Clac ! Renard se fait couper la queue dans un piège. Il a tellement honte de n’avoir plus sa queue qu’il invente un gros mensonge.

Le grand éléphant d’Afrique n’a peur de rien et détruit les récoltes des paysans. Qui sera assez fort pour l’en empêcher ?

PRESSE ÉVEIL

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La brave petite souris

M 04309 - 127 - F: 5,50 E

La souris Madame Trotte-Menu et l’éléphant

N°127 - mars 2011 - 5,50 € - Bel / Lux / Dom : 6,50 € - Suisse : 11  CHF - Tom : 500  XPF - CAN : 5,50 CAD - Tunisie : 5,50 TND Maroc : 35 MAD - Zone CFA : 2000 CFA - ISSN  : 1297-0662


Relations abonnés (9h-18h) De France : tél. 01 75 43 35 42 De l’étranger : tél. +(33) 1 75 43 35 42

P. 3

Madame Trotte-Menu P. 13

La souris et l’éléphant P. 21

La brave petite souris P. 29 : Ta fable

La queue coupée P. 34

Pour s’amuser 34 36 40 42

Poésie : Impression fausse Les aventures de Loulou La famille Perlimpinpin au grenier Ton tableau : « Nature morte » de Georg Flegel

P. 44

Parents

44 Une histoire qui fait du bien :

« La souris et l’éléphant » 46 Beatrix Potter, la très grande dame des tout petits livres

Mail : relation.abo@fleuruspresse.com Fleurus Presse TSA 90324 92898 Nanterre cedex 9 Tarif France : 1 an (11 nos) : 60,50 € Suisse : Edigroup tél. (0041) 22 860 84 01 Fax (0041) 22 348 44 82 Mail : abonne@edigroup.ch Belgique : Tél. (0032) 70 233 304 Fax (0032)70 233 414 Mail : abobelgique@edigroup.org

Abonnez-vous sur www.fleuruspresse.com Rédaction (tél. 01 56 79 36 61) Directeur de la rédaction : Pascal Teulade Rédactrice en chef : Valérie Chevereau Première rédactrice graphique : Julie Haffner Secrétaire : Valérie Gauchet Ont participé à ce numéro : Adaptation des histoires : « La souris et l’éléphant », Françoise Laurent « La brave petite souris », Valérie Chevereau « La queue coupée », Pascal Teulade « Une histoire qui fait du bien », Dominique Naeger « Pour vous parents », Laurence Caracalla Révision : Catherine Petrini - Iconographie : Nathalie Lasserre Illustrations : Couv. et « Madame Trotte-Menu » : Illustrations from “The Tale of Mrs Tittlemouse” by Beatrix Potter. © Frederick Warne & Co., 1910, 2002. Reproduced under licence from Frederick Warne & Co. www.peterrabbit.com Illustration from “The Tale of Benjamin Bunny” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1904, 2002. « La souris et l’éléphant » et « La queue coupée », Fabienne Teyssèdre « La brave petite souris », Myriam Deru « Impression fausse », Laetitia le Saux « Les aventures de Loulou », scénario : Laurence Gay - dessins : Christel Desmoinaux La famille Perlimpinpin, Appoline Harel Crédits photos : p. 43 : © RMN, S. Maréchalle/Musée Magnin, Dijon - p. 45 : Oval Char Border © Frederick Warne & Co., Ltd, 2006 - Ill. from “The Tale of Peter Rabbit” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1902, 2002- p. 46-47  : © Rue des Archives/ The Granger Collection N.Y.C - Ill. from “The Tale of Peter Rabbit” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1902, 2002 - Oval Char Border © Frederick Warne & Co., Ltd, 2006 - Drawing of Rabbit Sitting by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1987 - Ill. from “The Tale of Benjamin Bunny” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1904, 2002 - Sketches of rabbit head by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1955 - p. 48 : Ill. from “The Story of a Fierce Bad Rabbit” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1906, 2002 - Ill. from “The Tailor of Gloucester” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1903, 2002 - Ill. from “The Tale of Two Bad Mice” by Beatrix Potter © Frederick Warne & Co., Ltd, 1904, 2002 - Oval Char Border © Frederick Warne & Co., Ltd, 2006 p. 49 : Oval Char Border © Frederick Warne & Co., Ltd, 2006 Mille et une histoires est un mensuel édité par Fleurus Presse, SARL au capital de 49 783  €. Actionnaire : Héros et Patrimoine. 34 rue du sentier 75002 Paris www.fleuruspresse.com - Directeur de la publication : Jean-Martial Lefranc - Comité de direction : J.-M. Lefranc, P. Teulade, P. Notarianni. Responsable administrationGestion : P. Notarianni. Dir. commerciale : N. Rollin. Dir. Adjointe pôle petite enfance : V. Boulze. Dir. marketing et diffusion : F. Nodé-Langlois : 01 56 79 36 13 - Service des ventes : Réservé au dépositaires et aux marchands de journaux : Destination Media 01 56 82 12 06 - Kiosques et promotion : Lin Anglard, 01 56 79 36 78 - Fabrication : Créatoprint 06 71 72 43 16 - Images numériques : Gilles Lot. Conditionnement : BRC, ZI du bois de l’épine, 10 av. du Front Populaire, 91130 Ris Orangis - Publicité : Cauris Média 18 rue Troyon. 75017 Paris, Dir. commercial : V. Leluc, 01 43 27 23 07, vleluc@cauris-media.com - Dir. de clientèle : A. d’Hardemare, 01 40 55 97 74, adhardemare@cauris-media.com - Impression : Artegrafiche Boccia, via Tiberio Claudio Felice, 7. 84131 Salerno Italie - Commission paritaire n°1014 K 79002. Loi n° 49-956 du 16.7.49 sur les publications destinées à la jeunesse. Dépôt à date de parution. Tous droits de reproduction réservés sauf autorisation écrite préalable. © Mille et une histoires. Les coordonnées de nos abonnés sont communiquées à nos services et aux organismes liés contractuellement à Mille et une histoires, sauf opposition écrite. Les informations pourront faire l’objet d’un droit d’accès et de rectification dans le cadre légal. Ce numéro comporte : un encart d’abonnement broché sur la partie kiosque France et un catalogue abonnés posé sur une partie des exemplaires abonnés.


Illustrations from “The Tale of Mrs Tittlemouse” by Beatrix Potter. © Frederick Warne & Co., 1910, 2002. Reproduced under licence from Frederick Warne & Co. www.peterrabbit.com - Texte : © Gallimard Jeunesse

Publié pour la première fois en 1910 au Royaume-Uni, ce conte de Beatrix Potter dépeint l’univers de Madame Trotte-Menu, une petite souris méticuleuse qui ne supporte pas d’intrusion dans son terrier. Découvrez page 46, le portrait de cette grande dame de l’illustration.

Madame Trotte-Menu

Il était une fois une souris des bois, qui s’appelait Mme Trotte-Menu. Elle habitait dans un talus sous une haie. C’était une drôle de maison ! Il y avait des mètres et des mètres de couloir creusés dans le sable entre les racines de la haie, conduisant à des réserves à provisions, et à des entrepôts pour les noix, pour les glands et pour les graines.

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Il y avait une cuisine, un salon, un office et un garde-manger. Mme Trotte-Menu avait aussi sa chambre, où elle dormait dans un petit lit de buis. Madame Trotte-Menu était une souris terriblement soignée et méticuleuse. Toute la journée, elle époussetait et balayait le sol sablonneux de sa maison. Quelquefois, un hanneton s’égarait dans le dédale de couloirs. « Pssch ! Pssch ! Sauve-toi avec tes pattes malpropres ! » disait Mme Trotte-Menu en tapant sur sa pelle à poussière. Un jour, elle vit une vieille dame en manteau rouge à pois noirs trottiner à sa rencontre. « Votre maison a pris feu, grand-mère Coccinelle ! Volez vite au secours de votre famille ! » Un autre jour, une grosse et grasse araignée vint s’abriter de la pluie. « Vous demande pardon, je suis bien chez Mlle Moflette ? » - Veux-tu t’en aller, vilaine effrontée

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d’araignée. Je ne veux pas de tes nids à poussière dans ma jolie maison toute propre ! » Elle poussa l’araignée dehors ; celle-ci tissa un long fil pour descendre le long de la haie. Madame Trotte-Menu partit chercher des noyaux de cerise et des duvets de pissenlit pour le déjeuner dans une réserve à provisions assez éloignée. Tout au long du chemin, elle renifla et scruta le sol. « Cela sent le miel ! Serait-ce le parfum des coucous dehors ? Et pourtant, ne voilà-t-il pas des traces de pattes sales ? » Un peu plus loin, elle tomba nez à nez avec Babillon Bourdon. « Bzz, bzz, bzz... », fit-il. Mme Trotte-Menu lui jeta un regard sévère. Elle regrettait de ne pas avoir pris son balai. « Bonjour, Babillon Bourdon. Je t’aurais bien volontiers acheté de la cire. Mais pourquoi faut-il toujours que tu viennes par la fenêtre faire tes bzz, bzz, bzz ? ». Mme Trotte-Menu sentait la colère monter en elle.

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« Bzz, bzz, bzz ! » répliqua le bourdon d’un ton moqueur. À petits bonds, il entra dans la réserve à glands. Mme Trotte-Menu avait mangé tous les glands avant Noël ; normalement, la pièce aurait dû être vide. Or, elle était remplie de brins de mousse sèche. Mme Trotte-Menu arracha une poignée de mousse. Trois ou quatre têtes d’abeille sortirent en bourdonnant férocement. « C’est trop fort ! Je ne veux pas de locataires ici ! s’exclama-t-elle. Je vais les mettre dehors. » « Bzz, bzz, bzz ! » «Mais il faut que je me fasse aider par quelqu’un. » « Bzz, bzz, bzz ! » « Je ne peux pas demander à M. Rodolphe ; il ne s’essuie jamais les pieds avant d’entrer ! » Madame Trotte-Menu décida de s’occuper des abeilles après le déjeuner. En arrivant dans son salon, elle entendit une toux grasse.

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C’était M. Rodolphe en personne ! Étalé sur le petit fauteuil à bascule, il se tournait les pouces en souriant béatement, les pieds sur le rebord de la cheminée. Il habitait derrière la haie, dans un fossé qui était toujours humide et boueux. « Bien le bonjour, M. Rodolphe ! Mais, dites-moi, vous êtes bien trempé ! - Merci, merci, chère Mme Trotte-Menu, je me sèche très bien, et dans un petit moment, il n’y paraîtra plus ! » dit M. Rodolphe. Immobile, il gardait un large sourire, et l’eau dégoulinait des pans de son veston. Mme Trotte-Menu courut chercher une serpillière. Il resta assis là si longtemps qu’il fallut bien lui demander s’il ne prendrait pas un petit quelque chose pour le déjeuner. Mme Trotte-Menu lui offrit d’abord des noyaux de cerise. « Merci bien, Mme Trotte-Menu, pas de dents, pas de dents ! » fit M. Rodolphe, en ouvrant tout grand la bouche, sans en avoir été prié pourtant.

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Il n’avait pas une seule dent, cela était sûr. Elle lui proposa alors des duvets de pissenlit. « Coâ, coâ, coâ, pffui, pffui, pffui... », souffla-t-il en faisant voler le duvet dans toute la pièce. « Merci bien, merci bien, chère Mme Trotte-Menu. Vous savez, ce qui me ferait vraiment plaisir, c’est une petite bolée de miel... » « Malheureusement, je n’en ai pas, M. Rodolphe ! répondit son hôtesse. - Coâ, coâ, coâ, mais je le sens d’ici ! » dit M. Rodolphe avec un grand sourire, « c’est justement pour cela que je suis venu. » Il se leva lourdement, et commença à fouiner dans les placards. Mme Trotte-Menu le suivait avec un torchon pour essuyer les traces de ses pieds mouillés. S’étant assuré qu’il n’y avait pas de miel dans les placards, M. Rodolphe s’engagea dans le couloir. « Attention, attention, vous allez rester coincé !

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- Coâ, coâ, mais non, mais non, chère Madame ! » Il dut s’écraser contre la porte pour rentrer dans l’office. « Coâ, coâ, où est le miel, où est le miel ? » Trois petites bêtes sortirent en rampant de l’égouttoir à vaisselle où elles s’étaient cachées ; deux réussirent à s’échapper. Mais la plus petite fut attrapée par M. Rodolphe. Il eut plus de peine encore à pénétrer dans le garde-manger. Mlle Papillon y goûtait le sucre ; elle s’envola par la fenêtre. « Coâ, coâ, coâ, vous en avez des visiteurs, Mme Trotte-Menu ! - Et je n’ai invité personne ! » répliqua Thomasine Trotte-Menu.

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Ils s’enfoncèrent dans les couloirs. « Coâ, coâ » « « Bzz, bzz, bzz ! » Babillon Bourdon leur barrait la route. M. Rodolphe fit mine de le happer, et le relâcha aussitôt. « Je n’aime pas les bourdons : ils piquent », dit-il en s’essuyant la bouche du revers de sa manche. « Ôte-toi de mon chemin, vieux crapaud ! siffla Babillon Bourdon. - Je vais devenir folle », se lamentait Mme Trotte-Menu. Elle s’enferma dans le cellier à noisettes, pendant que M. Rodolphe s’occupait du nid d’abeilles. Apparemment, les piqûres ne lui faisaient pas peur. Quand Madame Trotte-Menu se risqua à sortir, il n’y avait plus personne. Mais quel désordre ! « Jamais je n’ai vu ma maison dans un état pareil - des traînées de miel, de la mousse, des duvets de pissenlit, des traces de pattes sales partout ! oh, ma pauvre petite maison ! » gémissait-elle.

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Elle ramassa la mousse et ôta les taches de cire. Puis elle sortit chercher des brindilles pour boucher une partie de sa porte d’entrée. « Ce sera trop petit pour M. Rodolphe, comme cela ! » Elle alla chercher du savon mou, un chiffon propre, et une brosse à parquet toute neuve. Mais elle était trop fatiguée pour en faire davantage. Épuisée, elle s’endormit sur une chaise, et monta ensuite se coucher. « Comment viendrai-je à bout de tout ce désordre ? » se demandait notre pauvre Mme Trotte-Menu. Le lendemain matin, elle se leva à l’aube, et commença un grand nettoyage qui ne dura pas moins de quinze jours. Elle frotta, balaya dépoussiéra, Elle polit ses meubles à la cire d’abeille, et nettoya ses petites cuillères d’étain.

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Quand tout fut étincelant de propreté, elle invita cinq de ses amis à déjeuner. M. Rodolphe n’avait pas été convié. Alléché par les bonnes odeurs, il avait passé le museau par la porte, mais n’avait pas réussi à entrer. Alors, les souris lui passèrent par la fenêtre des coupelles de glands remplies de miel, et il ne fut pas vexé le moins du monde. Il était assis au soleil, et ne cessait pas de dire : « Coâ, coâ, coâ, à votre bonne santé, Mme Trotte-Menu ! »

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« Savez-vous comment avaler un éléphant ? dit un proverbe africain, en le grignotant par petites bouchées ! » Une façon de dire que rien n’est impossible  si on a confiance en soi (voir p. 44). C’est le cas de cette drôle de souris qui se distingue des autres animaux par son audace et sa malice...

La souris et l’éléphant

Il était une fois en Afrique, un village où les hommes vivaient heureux car leurs terres donnaient de belles récoltes. Hélas, un grand éléphant s’installe dans les environs et, à chaque fois qu’il passe, il abîme les récoltes et écrase les maisons avec ses énormes pattes. Les hommes ont beau essayer de le faire fuir, aucun guerrier ni aucune flèche ne l’effraient.

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- Ça suffit ! s’exclame un matin le chef du village. Je vais aller trouver Nzamé, le marabout, il saura faire partir le grand éléphant. Après l’avoir écouté, Nzamé hoche la tête et déclare : - Ce grand éléphant se croit plus fort que tout. Il faut lui faire peur ! Envoyez un animal plus fort que lui et il vous laissera tranquilles. À ce moment, une petite souris sort de son trou et s’exclame : - Je suis l’animal qu’il vous faut ! Je saurai faire peur au grand éléphant ! Les deux hommes éclatent de rire. Puis Nzamé dit : - Toi, une petite souris, tu ferais peur au grand éléphant, alors qu’il ne craint pas les meilleurs guerriers ? Non, il faut envoyer le léopard aux griffes acérées !

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Les hommes envoient alors un léopard à l’éléphant. Zou ! le léopard lui saute dessus et plante ses griffes dans son dos. Mais le grand éléphant en colère, se dresse sur ses pattes arrière et vlan ! il jette le léopard à terre. Effrayé, le fauve se sauve et va tout raconter à Nzamé. Le marabout déclare : - Le grand éléphant n’a pas peur du léopard, qui allons-nous envoyer ? À ces mots, la petite souris sort de son trou et dit encore : - Moi ! je te dis, je saurai faire peur au grand éléphant ! Mais Nzamé secoue la tête : - Non ! Il nous faut plutôt le crocodile aux dents longues et pointues. Les hommes envoient alors le crocodile à l’éléphant. Il s’approche rapidement, la gueule grande ouverte, prêt à le mordre. Mais l’éléphant n’a pas peur du tout et bing ! il lui donne un bon coup de patte sur la tête.


Le crocodile s’enfuit sans demander son reste et file chez le marabout. Quand elle le voit arriver avec sa bosse sur la tête, la souris s’écrie : - Je vous l’avais bien dit ! C’est moi qu’il vous faut ! Cette fois, Nzamé s’énerve : - Retourne dans ton trou et cesse de nous déranger ! Il nous faut le serpent, au corps long et puissant. Il saura faire peur au grand éléphant ! Les hommes envoient alors le serpent à l’éléphant. Le serpent se cache dans les hautes herbes. Quand il voit le grand éléphant, il s’approche et s’enroule autour de sa patte pour le piquer. Mais l’éléphant secoue fort sa patte et hop là ! il expédie le serpent dans les airs. Les villageois pleurent : - Le grand éléphant n’a peur ni du léopard, ni du crocodile, ni du serpent. Il n’a peur de rien, il continuera à abîmer nos récoltes et à détruire nos maisons !


La petite souris passe encore la tête hors de son trou et insiste : - Moi, je ferai partir le grand éléphant. Je lui ferai peur et croyez-moi, il s’enfuira très loin ! Cette fois, Nzamé ne rit pas et ne se met pas en colère. Il dit simplement : - Très bien, puisque c’est ainsi, va faire peur au grand éléphant. La souris part d’un pas décidé. Mais quand elle aperçoit l’éléphant, elle se contente de le suivre en se cachant dans les herbes. Les hommes l’observent de loin et murmurent : - Elle a peur. Elle nous a menti ! Comment une si petite bête pourrait-elle faire fuir le grand éléphant ? Le soir venu, l’éléphant s’endort. C’est alors que la souris s’approche de lui et, “cric, cric”, en deux coups de dents, elle grignote la patte du grand éléphant.


L’éléphant se réveille en sursaut, mais pfuit ! la petite bête disparaît dans l’herbe. - Qui me mord la patte ? s’écrie le grand éléphant, furieux qu’on le réveille. Il n’y a personne ? Bon, j’ai dû faire un mauvais rêve… Toute la nuit, la souris revient lui mordre la patte et, à chaque fois, le grand éléphant se réveille, de plus en plus inquiet. Tout tremblant, il pense : « C’est un démon qui m’attaque et il disparaît dès que j’ouvre l’œil ! »

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Au petit matin, l’éléphant a mal à la patte et est très contrarié. Il se demande bien qui l’a attaqué durant la nuit. Alors il va voir Nzamé, le marabout, et grogne : - Nzamé ! Un grand et méchant démon est venu cette nuit pour me dévorer ! Protège-moi de lui ! À ces mots, Nzamé sourit. Puis il lui montre la petite souris et s’exclame : - Le voilà ton grand démon ! Mais je te préviens, si tu abîmes de nouveau les récoltes, il recommencera à te tourmenter !

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La grosse bête a tellement peur que la souris revienne le grignoter qu’il promet de se tenir à l’écart des maisons du village et de faire attention aux champs. Puis il repart plutôt honteux, car les hommes se moquent de lui. Ces derniers sont si contents qu’ils organisent une belle fête en l’honneur de la souris qui a sauvé leur village. Toute la nuit, ils dansent au son des tam-tam en mangeant des galettes. Et c’est depuis ce jour qu’on dit que les éléphants n’ont peur de rien sauf… des souris !

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Cette vieille histoire, tirée d’une fable d’Ésope, nous montre une fois encore que même si la solidarité est parfois de mise entre les animaux, il faut savoir rester sur ses gardes ! À l’image de cette courageuse maman souris qui ne perd pas le sens des réalités !

La brave petite souris

Il y a dans le grand bois, un chêne auprès duquel vivent des bêtes fort différentes. Tout en haut, niche le vieux hibou. Au milieu du tronc, un peu plus bas, Dame Belette s’est installée. Entre les racines du chêne, un gros chat sauvage aime se prélasser et faire ses griffes sur l’écorce de l’arbre. Et puis, un peu plus loin sous la terre, Sissi la petite souris grise a élu domicile...

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Elle loge dans son terrier avec sa famille, trois mignons souriceaux qui jouent du matin au soir à attrape-queue et à saute-raton. Mais ces trois souriceaux-là ont toujours faim ! Chaque jour, Sissi doit leur rapporter des fruits, des graines, et toutes sortes de bonnes choses à manger. Quel travail pour la petite souris ! Quand elle met le nez dehors, elle doit être prudente, car elle sait qu’autour du grand chêne, plusieurs dangers la guettent : le chat sauvage, son vieil ennemi, ainsi que Dame Belette et le hibou qui apprécient aussi les souris...

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Et voilà qu’un matin, alors qu’elle sort faire des provisions, elle tombe sur le chat sauvage. Sissi sursaute mais se rassure vite, car elle voit que le matou est tout entortillé dans un grand filet. - Mazette ! s’exclame la petite souris, assez contente de voir son ennemi prisonnier. Qu’est-ce qui t’arrive ? - Tu vois bien, grogne le chat, des chasseurs ont posé ce filet et me voilà pris ! Sissi rit un bon coup, puis fait demi-tour en sifflotant, son panier à la main...

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Soudain... une feuille tombe. La souris lève la tête et aperçoit le vieux hibou sur sa branche qui déploie ses ailes, prêt à foncer sur elle. Sissi veut filer dans son terrier, mais zut ! Dame Belette lui barre la route ! «  Par mes moustaches ! Je suis faite ! pense Sissi affolée. Que vont devenir mes souriceaux si je me fais croquer ? » Le cœur de la pauvre petite souris bat très fort. Si elle échappe aux serres du hibou, ce sera pour tomber entre les griffes de la belette. Alors, ni une ni deux, Sissi s’approche du gros chat tigré et chuchote à son oreille : - Écoute, si tu me protèges du hibou et de la belette, je promets de te délivrer. - Sornettes ! répond le chat. Comment t’y prendras-tu pour me sortir de là ? - Eh bien, c’est simple, je rongerai les mailles de ton filet, dit la souris. - Marché conclu, dit le matou.

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La moustache frémissante, il sort une patte par un trou du filet et invite la petite souris grise à s’y réfugier. - Ne crains rien, viens, ronronne-t-il. - Merci, souffle Sissi, pas très rassurée, car les yeux du chat brillent de gourmandise. La voyant faire, Dame belette s’écrie : - Cette souris est folle ! - Complètement, rétorque le hibou, sur sa branche. Tant pis pour elle ! Déçus, la belette et le hibou décident d’aller chasser plus loin. Sissi se met tout de suite au travail. Elle ronge patiemment les mailles du filet. D’abord avec ardeur, puis, petit à petit, elle ralentit... Le chat trouve le temps long dans son filet et il ronchonne : - Alors, ça avance ? Tu traînes, petite ! On dirait que tu n’as plus très envie de me sortir de là. - C’est que j’ai peur que tu me croques dès que j’aurais fini, murmure Sissi.

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- Moi ? s’étonne le chat. Te croquer ? Quelle idée ! Je ne te toucherai même pas ! Mais la souris sait bien qu’elle ne devrait pas faire confiance à un chat et elle ronge le filet, maille par maille, le plus lentement possible. Enfin, à force de gagner du temps, voilà qu’un chasseur arrive sur le sentier... « Sauvée ! » pense Sissi en croquant la dernière maille. Aussitôt, le chat sauvage court se cacher dans un buisson tandis que Sissi se faufile tranquillement dans son trou.

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Le chat a eu tellement peur du chasseur qu’il en a oublié la petite souris. Et c’est tant mieux pour elle ! À son retour, les souriceaux de Sissi lui font la fête car leur maman a tout de même eu le temps de cueillir quelques framboises au passage. Quant au chat sauvage, on n’est pas près de le revoir dans le grand bois. Il est trop honteux d’avoir été sauvé par une souris, pardi !

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Cette amusante fable de La Fontaine trouve sa source chez Ésope (“Le renard écourté”). Son message : méfions-nous de ceux qui nous conseillent par intérêt et non par bienveillance ! Ici le goupil, très persuasif, ne parvient pourtant pas à lancer sa drôle de mode !

La queue coupée

Un renard était le chef d’un village. Un soir, il veut attraper une poule dans une ferme quand, clac ! un piège se referme sur sa queue, qui est coupée sur le champ !

Il hurle de douleur, puis file chez Docteur Blaireau, qui lui dit : « Ne t’inquiète pas, je vais te soigner. »

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Pendant qu’il le soigne, Docteur Blaireau se met à rire. « Pourquoi ris-tu ? » grogne Renard. Le blaireau répond : « Vraiment, un renard sans queue, c’est trop ridicule... »

Renard rentre chez lui et enfile une longue cape...

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Renard lui dit : « Blaireau, si tu dis à quelqu’un que je n’ai plus de queue, je te croque illico ! »

Puis il appelle les villageois et dit : « Chers amis, j’ai une chose importante à vous révéler... » Comme il est le chef, tout le monde l’écoute. « Il y a chez nous, les animaux, quelque chose d’inutile. Savez-vous ce que c’est ? »


L’âne propose : « Les oreilles ! » « Mais non, dit Renard, les oreilles servent à entendre ! » « Les taches ! » lance la vache.

« Non, dit Renard, ce qui est inutile, c’est la queue. C’est salissant, ça ne sert à rien... » Le chien dit : « Il n’a pas tort. » « Il a raison, ajoute le cheval, il faut toujours la peigner ! »

Le chat continue : « Moi, je dois la lécher, quel travail ! » « Eh bien, dit le renard, je propose que nous nous coupions tous cette chose inutile... » Le cochon dit : « Toi aussi, Renard, tu la couperas ? » « Heu, oui... comme tout le monde ! » répond Renard.Tous les animaux sont convaincus par l’idée du chef.

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Tous, sauf le singe qui a sa petite idée. Il dit : « Moi, j’aime bien ma queue. Elle me sert à grimper...

... aux arbres ! Zou ! il grimpe sur la branche au-dessus du renard. Mais elle me sert aussi à autre chose... » « À quoi ? demande le renard en se retournant. « À démasquer les menteurs ! »

Et hop ! avec sa queue, le singe soulève la cape du renard.Tous se mettent à rire. « Tu les as bien eus, Renard.Tu as fait le malin, mais le singe l’est plus que toi ! » dit Docteur Blaireau.

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Honteux, le renard s’en va. Il part pour un pays où les animaux n’ont pas de queue... Adieu Renard !


Impression fausse ame souris trotte Noire dans le gris du soir, Dame souris trotte Grise dans le noir. On sonne la cloche, Dormez, les bons prisonniers ! On sonne la cloche : Faut que vous dormiez. Pas de mauvais rêve, Ne pensez qu’à vos amours. Pas de mauvais rêve : Les belles toujours ! Le grand clair de lune ! On ronfle ferme à côté. Le grand clair de lune En réalité !

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Un nuage passe, Il fait noir comme en un four. Un nuage passe. Tiens, le petit jour ! Dame souris trotte, Rose dans les rayons bleus. Dame souris trotte : Debout, paresseux !

Paul Verlaine

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Loulou fait du cinéma

Tonton James a pris son avion pour emmener Loulou et ses amis visiter des studios de cinéma en Amérique. « Hello Hollywood ! » s’écrie Tonton James en amorçant la descente.

Devant les studios, il leur présente son ami Steven qui est réalisateur de films.

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« Vous voulez voir la voiture de Batman ? » propose Steven. « Oui ! » s’écrient les amis.


Ils pénètrent alors dans un grand hangar où Steven leur montre la Batmobile, mais aussi la maquette d’un vrai bateau de pirates. « À l’abordage ! » lance Loulou en sautant sur le pont.

Puis Steven dit : « Vous aimez Toy Story  ? » « Oui ! On va voir Buzz ? » dit Jean Édouard.

« Allez les cow-boys ! dit Tonton James. Steven a un tournage à finir. On continue sans lui. »

« Non, rit Steven, mais j’ai une panoplie de son copain Woody le shérif pour vous. »

« J’aimerais voir les décors de Ratatouille », dit Gudule. « On y va ! » lance James.

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« C’est là ! » s’écrie Rocco. Près d’un ordinateur et d’une caméra, les amis aperçoivent plein de gourmandises miniatures. Hop ! Jean Édouard engloutit deux mini-gâteaux.

Mais pouah ! il les recrache illico. « Eh oui, « Il y a même des petites casseroles et des miniexplique Loulou. C’est de la pâte à modeler ! » couverts. C’est trop mignon », sourit Gudule.

Soudain, un terrible cri résonne : « Au secours ! » Vite, les amis se précipitent et découvrent « Quelqu’un a besoin d’aide ! » dit Loulou. une scène terrible…

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… un affreux vampire s’apprête à mordre le cou d’une jeune fille !

« À l’attaque ! » hurle Loulou. Les amis foncent sur le vampire et Loulou le saucissonne avec son lasso.

« Quelle entrée en scène ! » s’exclame Steven. « Oh, bredouille Loulou, on a gâché votre film ! »

« Au contraire, rit Steven. Vous m’avez donné une idée. Écoutez... »

Steven a apporté quelques changements à l’histoire du film. Il s’appellera Dracula chez les cow-boys et voilà comment nos amis font leurs débuts d’acteurs à Hollywood !

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Retrouve toute la famille Perlimpinpin cachée dans l’image !

Mamie Sorcière

a famille Perlimpinpin au grenier

Papy Fantôme

L


Dragounet

B é b é D ia b o l o

P r i n ce s s e M i m i

Ti’lutin

Maman Fée

Papa Ogre


La souris gourmande Vois comme cette souris a l’air intéressée par ce qui est sur cette table : des fruits, des graines, des fleurs et même des pièces d’argent. On appelle ce tableau une nature morte. Retrouve ces détails. … ou cette noix.

Voici des graines, comme cette noisette…

… cette amande Des fruits secs, comme ces dattes.

Une pomme appétissante.

Et des pièces d’argent. Des grains de raisin bien brillants.

Spécialiste de la représentation de repas, de bouquets, d’oiseaux et de fruits, Georg Flegel (1566-1638) est considéré comme le premier peintre allemand de natures mortes. Apparues au XVIIe siècle, celles-ci mettent en scène des objets chargés d’une signification spirituelle, souvent religieuse. Ici, par exemple, la souris symbolise le Mal ; le raisin, le sang du Christ ; le sucre, la connaissance, et les fleurs, le temps qui passe...

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Mais la souris préfère cette friandise…

Elle s’approche d’un drôle de bâton en sucre. Osera-t-elle le grignoter ?

Devinette Vois-tu le dessin d’un visage dans le tableau ?


Nature morte, Georg Flegel. XVIIe siècle 43


UNE HISTOIRE QUI FAIT DU BIEN

La souris et l’éléphant

À sa manière, ce conte africain nous dit que rien n’est impossible, et qu’il faut savoir faire confiance aux « plus petits ». Commentaires de Dominique Naeger, psychologue. Les animaux ont un rôle important dans cette histoire, quelle est leur fonction ? Dans les contes africains, les animaux sont de vrais personnages qui parlent et agissent comme les hommes : ce sont des animaux à « figure » humaine. Ils conservent leurs caractéristiques dans les rivalités qui les opposent entre eux ou aux hommes. Ils sont parfois aussi dans un compagnonnage avec ceux-ci en les secourant. Ces récits inscrivent les hommes et les animaux, domestiques ou sauvages,

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dans une communauté où le désir d’assurer une alliance entre le monde des hommes et des animaux, entre les êtres et leur environnement, est essentiel. En cela, l’animal est animé d’une pensée et il endosse les qualités et les défauts de l’homme. Symboliquement, ils représentent nos angoisses, nos peurs, nos désirs, nos conflits. Ils deviennent ainsi le support d’identifications partielles ou de projections affectives.

Par cette proximité, l’enfant va partager des émotions et ainsi se reconnaître dans sa vie quotidienne. Tout comme la petite souris du conte, dont les propositions sont ignorées par le chef du village et le marabout, ces hautes autorités à qui on doit obéissance, le petit enfant peut se sentir écarté des conversations, des activités des « grands », jusqu’à se ressentir limité dans ses expériences ou même exclu de son environnement.

Et que représentent plus particulièrement la souris et l’éléphant ? La souris exprime la réduction de taille, on parle communément de « la petite souris » ! L’éléphant, au sens large, symbolise la puissance, la force physique mais aussi une taille imposante ! Il occupe tout l’espace et limite ainsi l’expression des autres en dictant sa loi. En Afrique, c’est le chef des animaux, le père. Dans le monde imaginaire de l’enfant, les animaux ont une place privilégiée, et lui permettent une identification aisée autour de différentes composantes (faible, fort, petit, désobéissant…)

Quel enseignement les enfants retireront-ils de cette histoire ? Que les éléphants ont peur des souris ! Que le plus petit, malgré les épreuves et les étapes à franchir, vient à bout de ce qui paraît énorme, insurmontable. Cette petite souris obstinée est une bouffée de réassurance pour les enfants qui ont du mal à dépasser leurs difficultés, et à affirmer leur personnalité. Peut-être aussi percevront-ils l’idée qu’il y a une chance pour chacun et que le plus fort n’a pas forcément le dernier mot ! Car, s’épanouir, c’est être le plus fort ou se sentir fort ? Propos recueillis par Valérie Chevereau


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Souris et compagnie Cheminant souvent auprès du héros, jouant le rôle de conscience ou d’auxiliaire magique, les souris peuplent les contes, les fables et les dessins animés. D’apparence vulnérable, elles font preuve de malice et d’intelligence et n’ont pas leur pareil pour prendre la poudre d’escampette. C’est sans doute pour cela que les jeunes lecteurs s’identifient volontiers à cette petite bête, qui tient tête aux hommes comme aux éléphants ! La célèbre illustratrice anglaise, Beatrix Potter, a fait d’une souris une héroïne à part entière, avec L’histoire de Madame Trotte-Menu, que nous vous présentons exceptionnellement dans ce numéro. Tournez la page et entrez dans l’univers familier d’une étonnante créatrice... Valérie Chevereau « Il était une fois quatre petits lapins qui s’appelaient Flopsaut,Trotsaut, Queue-de-Coton et Pierre... » C’est ainsi que débute l’histoire du célèbre Pierre Lapin (1902) qui fut inspirée à Beatrix Potter par ses propres animaux.

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Beatrix Potter La très grande dame

des tout petits livres Elle a fait plus qu’écrire des livres pour enfants : elle a créé un univers et a conquis son indépendance dans l’Angleterre victorienne. Histoire d’une femme moderne au sacré tempérament.

Beatrix Potter (1866-1943) devant chez elle à Sawrey, vers 1907. Ses 23 contes furent traduits en 35 langues et vendus à 150 millions d’exemplaires. Elle fit don de sa fortune et de ses terres à une organisation écologique. En 2006, l’actrice Renée Zellweger a incarné “Miss Potter” à l’écran. Grande amie des lapins, Beatrix aimait en faire des croquis (ci-contre) qui servirent de modèles au fameux “Peter Rabbit”.

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Une petite fille bien née Beatrix Potter naît en 1866, à Londres, en pleine ère victorienne. Helen et Ruppert Potter, ses parents, sont issus de familles d’industriels, et ils sont riches, très riches. On ne manque de rien chez les Potter. Sauf, peut-être, d’affection. La fillette est élevée, comme le veut la tradition, par une gouvernante. Elle voit sa mère de loin en loin. Son père, lui, est plus présent, plus attentif à cette enfant unique. Elle a six ans quand

naît un petit frère, Bertram, qui deviendra son meilleur ami. Le père, Ruppert Potter, même s’il n’est pas obligé de travailler, est avocat. Il côtoie la société la plus huppée de Londres : penseurs, peintres et artistes sont reçus dans la belle maison de Kensington. Beatrix partage avec son frère, Bertram, l’amour des animaux, et leur salle d’études se transforme vite en arche de Noé. C’est là qu’ils passent le plus clair de leur temps à recueillir et soigner lapins, canards, souris, grenouilles, hamsters ou hérissons... Beatrix a neuf ans quand elle dessine son premier lapin. Toute l’année, les enfants n’ont qu’une idée en tête : partir pour l’Écosse. En effet, quand l’été revient, la famille s’installe durant trois mois dans un château loué pour l’occasion. C’est là que Beatrix découvre une autre passion qui ne la quittera jamais :


la campagne. En 1882, le manoir écossais n’est pas libre et les Potter s’installent à Lake District (la région des Lacs), dans le nord de l’Angleterre. Beatrix y fait une rencontre capitale : le chanoine Canon Rawnsley qui lui parle de l’environnement et la sensibilise à l’écologie. Il deviendra l’un des fondateurs de la National Trust, une organisation qui lutte contre l’urbanisation et la construction des chemins de fer. Grande observatrice de la nature, Beatrix devient très jeune une aquarelliste hors pair. Elle croque sans relâche animaux, champignons, paysages... Son frère encourage ses talents et, en 1890, il la pousse à envoyer ses créations à un éditeur de cartes de vœux. Elle reçoit son premier salaire, qui symbolise pour elle un pas vers l’indépendance. Encore célibataire à vingt-quatre ans, elle ne supporte plus de devoir tout à ses parents.

Un lapin plein de ressources !

La naissance de Pierre Lapin Lorsqu’elle part en voyage, Beatrix envoie aux enfants qu’elle connaît, de petites let­tres illustrées. Parfois, elle invente même des histoires. En 1893, le petit Noël Moore, le fils de son ancienne gouvernante, tombe malade. Pour le distraire, Beatrix lui conte les premières aventures de Pierre Lapin. Son personnage lui plaît et, dans la foulée, elle décide d’envoyer son histoire à plusieurs éditeurs. Tous refusent le manuscrit. Qu’à cela ne tienne, Beatrix s’éditera elle-même ! Elle imprime quelques exemplaires de son œuvre qu’elle donne à ses proches. Un jour enfin, les éditions Warne lui proposent de la publier mais elle devra coloriser tous ses dessins. Beatrix tient à ce que ses livres soient de petite taille afin qu’ils « puissent tenir dans

Femme d’affaires accomplie, Beatrix Potter pensa vite à utiliser ses personnages comme produits dérivés, “attractions dérivées” disait-elle déjà, et elle déposa un brevet. Ainsi, après une poupée Pierre Lapin, vit-on fleurir, service à thé, pelu­ches, bouillottes ou mouchoirs à son effigie, à celle de Noisette l’écureuil ou de Sophie Canétang…

Pierre Lapin, le personnage fétiche de Beatrix apparaît dans plusieurs histoires. À gauche, Jeannot Lapin, où l’on retrouve Pierre en fâcheuse posture ! (1904). En haut, Jeannot le console : « Pierre, chuchota Jeannot, qui t’a pris tes habits ? » « C’est l’épouvantail de M. MacGregor, dit Pierre.   » À droite, études de têtes de lapins. Beatrix Potter disait : « Je n’invente pas, je copie. J’écris pour mon propre plaisir, jamais sur commande. »

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Une écologiste avant l’heure Ci-dessus, Le méchant petit lapin (1906). À dr., le chat du Tailleur de Gloucester (1903). En bas, Deux vilaines souris (1904). La vie à Hill Top Farm permettait à l’illustratrice d’observer à loisir le petit peuple des animaux. Depuis 1946, sa maison est ouverte au public et reçoit toujours de nombreux visiteurs.

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En 1905, Beatrix est riche. Et toujours céli­ bataire. Malgré la pression sociale, qui trouve incorrect qu’une femme du monde subvienne à ses besoins, elle quitte sa famille et s’achète un ravissant cottage à Sawrey, dans la région des Lacs. Peu après, Norman Warne lui demande sa main. Elle n’a jamais été aussi heureuse. Mais son prétendant n’est qu’un commerçant et les parents de Beatrix s’opposent à leur mariage. Beatrix se bat corps et âme et parvient à un accord : elle aura le droit de porter son alliance, mais ne devra divulguer son union à personne. Hélas, cinq semaines après sa demande, Norman meurt d’une maladie fulgurante. Sa fiancée tente de se consoler en faisant de longues promenades dans la campagne. Elle n’est pas le genre de femme à se laisser aller. Elle aime la communauté paysanne, les fermiers, le mode de vie rural, qui est menacé par une urbanisation galopante. Aussi, Beatrix décide de défendre les

valeurs auxquelles elle croit. Ses droits d’auteurs sont importants : ils vont lui servir à acheter toutes les terres environnantes et à rebâtir les fermes abandonnées. Grâce à elle, Lake District devient la région la plus préservée du pays. Miss Potter finit par se marier en 1913, avec William Heelis, le notaire local, et elle met un point final à l’écriture de ses livres. La légende raconte qu’elle se promenait chaque jour sur les terres sans fin de Sawrey. Qu’elle s’habillait de robes informes et se chaussait de sabots. Qu’elle se préoccupait des animaux croisés sur son chemin. Les gens de la campagne l’aimaient, la reconnaissaient et l’on venait parfois de loin pour la rencontrer. À un ami paysan, elle demanda d’enfouir ses cendres dans un endroit secret de sa propriété. C’est ce qu’il fit, à la mort de Beatrix, le 22 décembre 1943. Depuis, les lapins Pierre, Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton viennent parfois s’y recueillir… ■ Laurence Caracalla

Reproduced with permission by Frederick Warne & Co, Ltd. Frederick Warne & Co est le proprétaire des droits, copyrights et marques du nom et des personnages de Beatrix Potter, crédits p. 2.

de petites mains ». Elle insiste également pour qu’ils coûtent le moins cher possible (un shilling) et en discute passionnément avec Norman Warne, son éditeur. Son talent réside dans la pré­ci­sion naturaliste de son trait qui n’empêche pas l’anthropomorphisme de ses personnages. Elle a aussi le goût du mot juste et refuse la simplification de ses textes ou la mièvrerie. En 1902, Pierre Lapin (The Tale of Peter Rabbit) fait son entrée en librairie et obtient un succès immédiat.


Pi

Ce petit lapin gourmand et désobéissant veut explorer le potager de Monsieur MacGregor alors que sa maman le lui a interdit…

s

e

e n t i se s a p a L e m r Pierre Lapin (1902) r i Noisette l’écureuil (1903)

L’écureuil effronté ose se moquer d’un vieux hibou.

Jérémie Pêche-à-la-Ligne (1906)

Attaqué par une truite affamée, le crapaud réussit à se sauver grâce à son imperméable dont le goût ne plaît pas du tout au poisson…

Tom Chaton (1907)

Alors que sa maman l’a habillé avec soin car celle-ci reçoit de la visite, Tom se salit et accumule les bêtises avec ses petites sœurs.

Sophie Canétang (1908)

Sophie la cane naïve rencontre un rusé renard qui tente de la séduire. Heureusement le chien de la ferme veille…

Madame Trotte-Menu (1910)

La méticuleuse souris Madame Trotte-Menu ne supporte pas l’incursion d’insectes dans son mignon terrier... L’univers de Beatrix Potter comprend d’autres petits héros animaux dont les aventures sont parues dans la collection « La Bibliothèque de Pierre Lapin » (Gallimard Jeunesse)

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