Mille et une histoires

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n°93 les grands parents

Mille et une histoires

Les plus beaux contes du monde entier

L’enfant qui sauva son grand-père

Le corbeau qui voulait imiter l’aigle

Petite oursonne fait souvent des cauchemars. Heureusement, sa Grand-mère ours trouve une idée pour la rassurer...

Un prince et une princesse sont très amoureux et veulent se marier. Hélas, la mère du prince veut les en empêcher.

Pierrot vit avec son père, sa mère, et son grand-père adoré. Mais un jour ses parents veulent chasser son grand-père...

Pour épater ses amis, Cocor le corbeau se met à imiter l’aigle acrobate. Il essaie même d’attraper un mouton !

PRESSE ENFANCE

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Les trois fileuses

T 04309 - 93 S - F: 4,70 E - RD

Le secret de Grand-Mère ours

N°93 - février 2008 - 4,70 € - Bel / Lux / Dom : 5,50 € - Suisse : 9,40 CHF - Tom : 760 XPF - ISSN  : 1297-0662


P. 3

Le secret de Grand-Mère ours P. 11

Les trois fileuses P. 21

L’enfant qui sauva son grand-père P. 29 : Ta fable

Le corbeau qui voulait imiter l’aigle P. 33

Pour s’amuser

34 L es aventures de Loulou 38 La famille Perlimpinpin au carnaval 40 Tableau : “Les trois âges de la vie”

par Gustav Klimt

P. 43

Parents

44 Si Grand-mère m’était contée... 49 Une histoire qui fait du bien :

L’enfant qui sauva son grand-père


On racontait cette histoire aux enfants indiens d’Amérique du nord, afin de les aider à vaincre leurs peurs. L’araignée y joue un rôle protecteur, celui que remplissait l’attrape-rêves, objet traditionnel du folklore indien que l’on suspendait au-dessus des berceaux.

Le secret de Grand-mère ours

Grand-mère ours s’occupait beaucoup de Petite oursonne. Elle avait été très belle dans sa jeunesse et elle avait encore de grands beaux yeux noirs. Petite oursonne lui ressemblait. Grand-mère veillait sur elle quand elle jouait avec les autres petits ours et elle lui apprenait aussi à tricoter de belles écharpes pour l’hiver.

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Quand la nuit tombait, Grand-mère ours prenait Petite oursonne dans ses bras, la berçait doucement et lui chantait des chansons. Petite oursonne s’endormait vite et faisait de beaux rêves.

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Seulement, une nuit, Petite oursonne fit un horrible cauchemar : elle rêva qu’un méchant chasseur la poursuivait. Elle se réveilla en pleurs et appela sa grand-mère. Grand-mère ours accourut aussitôt. - N’aie pas peur Petite oursonne, dit-elle doucement. Le chasseur ne te chassera pas car Grand-père ours te protégera. Il fait très peur aux hommes, tu sais ! Puis elle chanta une berceuse et Petite oursonne se rendormit. Mais la nuit d’après, elle rêva qu’elle tombait dans la rivière. - Ne t’inquiète pas, lui dit Grand-mère ours, ta maman t’apprendra à nager et tu n’auras plus peur de l’eau. Petite oursonne se rendormit. Mais la nuit suivante, elle rêva qu’elle s’était perdue dans la forêt et qu’elle ne retrouvait plus la maison. - Rendors-toi ma chérie, lui dit sa grand-mère. Ton papa te montrera la forêt et tu ne te perdras jamais.

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Mais les cauchemars de Petite oursonne continuèrent. Elle se réveillait chaque nuit. Même les chansons de Grand-mère ours ne la rassuraient plus. La vieille ourse ne savait plus quoi faire.

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Un soir, alors qu’elle tricotait dans sa grotte, elle entendit pleurer doucement. Elle demanda : - Qui pleure ici ? - C’est moi, l’araignée, murmura une petite voix. Grand-mère ours leva les yeux et aperçut une minuscule araignée qui tissait sa toile. - Pourquoi pleures-tu ? lui demanda-t-elle. - Je pleure parce que personne ne m’aime. Les hommes ont peur quand ils me voient et ils disent que je suis inutile. Sur cette terre, chacun a son rôle à tenir, et pas moi ! Grand-mère ours s’approcha de la petite bête et soupira : - Je ne sais pas comment t’aider...


C’est alors qu’elle remarqua la jolie toile qu’avait tissée l’araignée. - Quelle merveille ! s’exclama Grand-mère ours. Comme tu tisses bien ! Tu vois que tu n’es pas inutile. - Mais ma toile ne sert à rien, lui répondit la petite araignée, tandis que toi, tu tricotes des écharpes pour toute ta famille.

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À ces mots, la vieille ourse eut une idée. Elle sourit de tous ses crocs et dit : - Je crois que je sais à qui tu peux être utile. Écoute-moi : chaque soir, tu tisseras ta toile au-dessus du lit des enfants endormis. Ainsi leurs cauchemars seront emprisonnés dedans. Grâce à toi, les petits dormiront tranquillement et ils ne feront que de beaux rêves.

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L’araignée trouva que c’était une très bonne idée et elle s’installa aussitôt au-dessus du lit de Petite oursonne. Elle y tissa une belle toile qui devint un attrape-rêves. Cette nuit-là, Petite oursonne ne fit pas de cauchemar, la nuit suivante non plus et aucune des nuits qui suivirent.

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Il existe plusieurs versions de ce conte. La plus connue est celle des frères Grimm. Nous nous sommes inspirés de versions suédoise et brésilienne, plus humoristiques et intitulées Les Trois vieilles. Elles évoquent avec ironie la transmission intergénérationnelle...

Les trois fileuses

Il était une fois un prince et une princesse de deux royaumes voisins, qui étaient très amoureux. La jeune princesse était belle et gentille mais elle aimait mieux jouer et se promener plutôt que coudre, tisser ou filer. Or la mère du prince trouvait que c’est ce qu’elle aurait dû savoir faire, comme toutes les princesses bien élevées. D’ailleurs, la vieille reine se prenait pour la meilleure couturière, la meilleure tisseuse et la meilleure fileuse de tous les temps !

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Un jour, le prince lui dit qu’il voulait épouser sa princesse. Sa mère répondit sévèrement : - Pas question ! Celle que tu épouseras devra être aussi habile que moi en couture ! Le prince fut très malheureux car il ne pouvait pas se passer de son amoureuse. Il supplia sa mère : - Donne-lui une chance. Essaie de mieux la connaître. La reine réfléchit et dit : - Mon cher fils, je doute que ta fiancée parvienne à filer aussi bien que moi. Mais je vais la mettre à l’épreuve et si elle réussit, elle pourra t’épouser. Aussitôt, elle fit installer la princesse dans une petite maison près du château et on lui apporta un énorme tas de laine à filer pour le lendemain matin. La pauvrette se mit à pleurer : elle savait bien qu’elle n’arriverait jamais à tout filer en une seule nuit ! À ce moment-là, on frappa à la porte...

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- Entrez, murmura la princesse en sanglotant. Une petite vieille entra dans la maison. Elle marchait bizarrement car elle avait des pieds immenses. - Pourquoi es-tu si triste ? demanda-t-elle à la jeune fille. - Je dois filer toute cette laine pour demain, répondit la princesse et si je ne le fais pas, je ne pourrai pas épouser mon prince. - Hum ! Je vois... dit la vieille femme. Je suis Mère gros-pieds et je vais t’aider. Mais en échange, promets-moi de m’inviter à ton mariage avec le prince. Il y a si longtemps que je n’ai pas été à un mariage. - D’accord, tout ce que tu voudras ! promit la jeune fille, soulagée.

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Et elle alla se coucher pendant que la vieille femme s’occupait de tout. Le lendemain, Mère gros-pieds vint la réveiller. Elle avait filé toute la laine et la pièce était remplie de bobines. - Quelle merveille ! s’exclama la princesse. Mais elle n’eut pas le temps de remercier la vieille femme car celle-ci disparut en un clin d’œil. Quand la reine vit que la princesse avait réussi l’épreuve, elle s’empressa de lui donner autre chose à faire. - Eh bien ! lui dit-elle, puisque tu as su filer, tu vas tisser une couverture avec toutes ces bobines. J’en ai besoin pour cet après-midi ! La jeune fille se remit à pleurer car elle savait bien qu’elle n’y arriverait pas. Soudain, la porte s’ouvrit et une deuxième petite vieille entra. Elle avait de très grosses fesses et marchait en se balançant. - Que t’arrive-t-il ma petite ? demanda-t-elle à la princesse.

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La jeune fille lui raconta ses malheurs. - Je suis Mère grosses-fesses, dit la vieille. Je m’occuperai de ton ouvrage si tu me promets de m’inviter à ton mariage. J’adore les mariages ! La jeune fille promit et partit faire la sieste pendant que la vieille femme travaillait. Quand elle revint, Mère grosses-fesses avait disparu. À sa place, la princesse trouva une magnifique couverture en laine.

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La reine fut très surprise de voir la couverture terminée et elle s’écria : - Ah ! mais ce n’est pas fini ma belle ! J’ai une montagne de chemises à te faire coudre pour ce soir. Et elle partit en claquant la porte. Des serviteurs apportèrent cinq brouettes de chemises en morceaux et la princesse éclata en sanglots. - Je suis nulle en couture, pleurait-elle. Cette fois, c’est sûr, je ne reverrai jamais mon prince bien-aimé ! C’est alors qu’une troisième petite vieille entra. Elle avait des pouces dix fois plus gros que les autres doigts. Elle consola la princesse : - Ne pleure plus ma jolie, je suis Mère gros-pouces et je veux bien coudre toutes ces chemises si tu m’invites à ton mariage. La princesse sauta de joie et invita la vieille à son mariage. Puis elle fila prendre un bain. Lorsqu’elle revint toute pimpante, elle trouva la pile de chemises cousues et joliment brodées.


Le soir, quand la reine arriva, elle faillit s’étrangler de jalousie et déclara : - Puisque tu es si habile en couture, épouse mon fils mais je ne t’aimerai jamais ! Sans perdre un instant, le prince et la princesse se mirent à préparer leur mariage. La princesse n’oublia pas d’inviter les trois petites vieilles comme elle l’avait promis.

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Pourtant, elle était un peu inquiète et elle se demandait quelle tête ferait le roi en voyant ses étranges invitées. Le jour du mariage arriva. À l’église, la princesse ne vit pas les trois petites vieilles. Pendant le repas de noces, non plus. Mais lorsque le bal commença, elle vit Mère gros-pieds, Mère grosses-fesses et Mère gros-pouces danser au beau milieu de la piste ! Le roi, intrigué, alla trouver les trois vieilles. - Qui êtes-vous ? leur demanda-t-il. Et qui vous a invitées ? - Je suis Mère gros-pieds et je suis invitée par la princesse, répondit la première. J’ai de gros pieds car j’ai passé trop de temps à filer dans ma jeunesse.

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- Mon Dieu ! Quelle horreur ! s’écria le roi. Alors il n’est pas question que notre jolie princesse passe son temps à filer. - Moi, je suis Mère grosses-fesses, dit la deuxième. J’ai de grosses fesses car j’ai passé trop de temps assise à tisser. - Ah bon ! s’exclama le roi. Alors pas question que notre princesse passe du temps à tisser. - Et moi, je suis Mère gros-pouces, dit la troisième. J’ai de gros pouces car j’ai passé trop de temps à coudre et ils se sont mis à enfler ! Le roi réfléchit un petit moment puis il se tourna vers la princesse...

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- Ma belle, lui dit-il, je vous interdis de faire de la couture ! C’est ainsi que la jolie petite princesse épousa son prince et qu’elle put continuer à s’amuser sans jamais s’embêter à filer, tisser ni coudre. Et finalement, cela arrangea bien la mère du prince car elle resta la meilleure fileuse, la meilleure tisseuse et la meilleure couturière du royaume !

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Issue d’une légende du Moyen Âge, cette histoire émouvante existe aussi en Russie sous un titre significatif : Pourquoi on ne chasse plus les vieillards... Elle donne une belle leçon de vie aux enfants et nous dit combien leur relation avec les grands-parents est précieuse...

L’enfant qui sauva son grand-père

Un riche marchand avait perdu sa femme et avait élevé seul son fils, Pierre. Un jour, celui-ci tomba amoureux de sa voisine qui avait de longues tresses blondes et un doux visage. Elle s’appelait Aurore.

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Le marchand alla trouver le père d’Aurore et il lui demanda sa main pour son fils, Pierre. - J’accepte, mais à une condition, répondit le père de la jeune fille. Il faut que vous donniez dès aujourd’hui toutes vos richesses à votre fils. Ainsi je serai certain que ma fille chérie ne manquera jamais de rien. Le marchand était un peu ennuyé mais il avait confiance en son fils. Aussi, sans attendre, il lui confia toute sa fortune. Bientôt, les amoureux se marièrent et ils s’installèrent dans la grande maison du marchand.

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Quelque temps plus tard, Aurore mit au monde un petit garçon roux comme son grand-père, le marchand. On le surnomma Pierrot-taches-de-son. Son grand-père l’aimait tendrement. Il passait ses journées à s’occuper de lui. Il lui apprenait le nom des animaux, des fleurs et des arbres du jardin.

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Les années passèrent. Taches-de-son eut dix ans et il était de plus en plus attaché à son grand-père. Seulement Aurore, la mère du petit garçon, en avait assez d’habiter avec le vieil homme. Un jour, elle dit à son mari : - Ton père prend trop de place et puis il mange beaucoup. Il nous coûte trop cher. Il devrait aller vivre ailleurs. - C’est impossible, répondit Pierre, c’est mon père et il nous a tout donné. Il ne peut pas partir d’ici. C’était sa maison, après tout.

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Mais sa femme continua à se plaindre du vieil homme. Elle le supportait de moins en moins et elle était jalouse quand elle le voyait s’occuper de son petit-fils. Bientôt, le vieux marchand dut s’appuyer sur une canne pour marcher et le bruit de sa canne résonna dans toute la maison. C’en fut trop pour Aurore. Un soir, elle déclara à son mari : - Je ne veux plus vivre avec un vieillard, et puis Pierrot est trop souvent avec lui. Cette fois, si tu ne le renvoies pas, c’est moi qui pars !

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Pierre aimait beaucoup son père mais il aimait encore plus sa femme et il ne voulait pas qu’elle le quitte. Il appela donc le vieux marchand et lui dit : - Mon pauvre père, cela me rend très triste mais il va falloir que tu quittes cette maison. - Que dis-tu ? s’étonna le vieil homme. Tu ne peux pas faire ça ! Tu sais bien que je n’ai nulle part où aller. Je n’ai plus d’argent. - Je n’ai pas le choix, répondit son fils, ma femme ne veut plus de toi ici. - Mais je serai à la rue, je vais mourir de froid dehors, protesta le grand-père. - Je te donnerai une couverture. Aussitôt, il ordonna à Pierrot d’aller chercher une couverture. L’enfant, qui avait tout entendu, se mit à pleurer. Il s’écria : - Non ! je n’irai pas. Je ne veux pas que tu chasses grand-père !


Son père lui ordonna de se taire et Pierrot-taches-de-son dut lui obéir. Mais quand il revint, il tenait une couverture coupée en deux. Son père se fâcha : - Pourquoi apportes-tu une couverture coupée en deux ? Taches-de-son répondit : - C’est moi qui l’ai coupée en deux, je garderai l’autre moitié pour toi, le jour où ce sera mon tour de te chasser de la maison !

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Soudain, grâce à son petit garçon, Pierre comprit combien il avait été cruel avec son père et il en fut rempli de honte. Il se jeta aux genoux du vieil homme : - Père, je t’en supplie, pardonne-moi. Je me suis très mal conduit. Je ne veux plus que tu partes. Pierrot mérite d’avoir son grand-père auprès de lui. Le vieux marchand pardonna et resta vivre avec eux. Petit à petit, Aurore apprit à apprécier son beau-père. Mais le plus heureux de tous, ce fut Pierrot-taches-de-son qui grandit aux côtés de son grand-père chéri.

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Cette fable de Jean de La Fontaine illustre un adage bien connu : « Au royaume des aveugles, le borgne est roi. » Un corbeau tente un exploit au-dessus de ses forces pour épater la galerie. Il en sera pour ses frais, mais heureusement, il saura retomber sur ses pattes !

Le corbeau qui voulait imiter l’aigle

Un aigle s’amuse à faire des acrobaties dans le ciel. Une bande de corbeaux et de corneilles crie : - Bravo ! Qu’il est fort cet aigle !

Pour les épater, l’aigle plonge et il attrape dans ses serres une pauvre petite marmotte qui passait par là .

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Cocor le corbeau bougonne : « Pff ! facile ! » « Gros malin, dit la corneille, toi tu n’es même pas capable d’attraper une souris ! »

Et clac ! Cocor plante ses griffes dans la laine. Il essaie de soulever le mouton. Ho ! Hisse ! Mais rien ne bouge.

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Vexé, Cocor lance :  « Attends, tu vas voir ! » Zou ! Il plonge à son tour sur un troupeau de moutons. Il choisit, le plus gros, le plus gras...

Il recommence. Ho ! Hisse ! Il est si occupé qu’il ne voit même pas un petit agneau accrocher un fil de laine à sa patte. Tout le troupeau éclate de rire.


Furieux, Cocor finit par s’envoler. Mais l’agneau tient le fil. Les moutons rient : « Regardez, Cocor est devenu un cerf-volant ! »

Vexé, le corbeau s’enfuit très loin. Sur un fil, il rencontre trois jolis petits oiseaux.

L’aigle se moque : « Pour qui te prends-tu, minus ?  Tu me fais honte. Allez, je te libère ! Mais que je ne te revoie plus par ici. »

La mésange dit : « Bonjour corbeau ! Tu veux déjeuner avec nous ? Nous partons chasser... » « Et que mangez-vous ? » demande le corbeau, prudent.

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« Un moustique me plairait bien », dit la mésange. « Je préférerais une mouche », dit l’hirondelle. « Une fourmi me suffirait », dit timidement le rouge-gorge.

Ravis, les oiseaux le remercient : « Bravo corbeau ! Tu es le meilleur chasseur qu’on ait jamais vu ! »

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Cocor s’exclame : « Attendez-moi, je m’en occupe. » Hop ! Hop ! Hop ! Il attrape les insectes et les donne aux petits oiseaux.

Cocor est fier. Il décide de rester vivre dans ce quartier. Il est heureux, si heureux d’être le plus fort des oiseaux... ou presque !


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La course de bateaux

Aujourd’hui, sur le lac, il y a une course de bateaux rigolos. Les amis y participent. Loulou regarde le règlement : chaque équipe doit construire son bateau, comme elle veut.

Les amis trouvent une magnifique baignoire pour faire la coque et une chemise pour la voile. Loulou s’écrie : « Regardez, un lampadaire ! Ça fera le mât ! »

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Quand ils arrivent au bord du lac, beaucoup de concurrents sont déjà là. Les trois frères cochons, tout fiers, répètent :« Pédalo tout en boudins, pédalo supermalin ! »

Raoul et Raymonde sont dans leur voiture sous-marine.

Le chien Lancelot s’est fabriqué un vélo flotteur.

Et un poisson s’est fait un bocal à moteur.

Henriette la sorcière klaxonne sur son balai aquatique. Gudule dit : « Oh ! regardez, un vautour sur une machine à laver, c’est bizarre ! » Rocco se moque : « Pfff ! Il est nul son bateau ! »

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L’heure du départ approche. Tout le monde se met sur la ligne. Monsieur le maire crie : « Attention au départ ! 5, 4, 3, 2, 1, partez ! » BANG ! Il tire un coup de feu.

Loulou manœuvre bien. Il y a du vent. Les amis avancent, ils prennent la tête.

Mais le vautour fonce sur eux et arrache la voile en disant : « Alors, qui est nul ? »

Maintenant tout le monde les dépasse. Ils se retrouvent presque les derniers. Rocco hurle : « C’est pas juste ! » Derrière eux, il n’y a plus que la limace sur sa bouée.

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Jean Édouard retire son tee-shirt Il s’énerve : « Zut ! Impossible de l’accrocher ! » pour en faire une voile. Rocco enrage : « N’importe quoi, cette course ! »

Mais heureusement, leur amie Pupuce la baleine arrive à la rescousse. Elle se met sous le bateau des amis, souffle un puissant jet d’eau qui le fait s’envoler et arriver pile sur la ligne d’arrivée !

Tout le monde applaudit. Le maire crie : « Admirable victoire de l’équipage de Loulou ! »

Les amis n’en reviennent pas. Ils sont fous de joie : « On a gagné ! »

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Trouve toute la famille Perlimpinpin cachée dans cette image.

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a famille Perlimpinpin au carnaval

Papy Fan

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La grand-mère, la maman et l‘enfant Dans ce tableau, trois personnes dorment côte à côte. Observe les détails qui montrent qu’elles ne sont pas du même âge.

La vieille dame est courbée et son visage est caché par ses cheveux.

Peintre autrichien de la sensualité féminine, Gustav Klimt (1862-1918) fut le chef de file de l’art nouveau, un mouvement d’artistes en révolte contre l’art traditionnel et moraliste. Cette toile de la période dorée est caractéristique du style de l’auteur à la fois symboliste et décoratif. L’enfance et la maternité y apparaissent lumineuses et paisibles au regard de la déchéance de la vieillesse qui est ici crûment représentée.

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Le beau visage de la mère est tranquille et ses cheveux sont pleins de fleurs.

L’enfant dort profondément, protégé par sa maman.

Les mains de la grand-mère sont ridées et plus foncées que celles de la maman. Vois comme leurs mains sont grandes à côté de celle de l’enfant. Et maintenant, retrouve ces beaux tissus  dans le tableau :


Les trois 창ges de la vie, Gustav Klimt. 1905 41


Mille et un dessins Bravo à tous les artistes qui nous ont envoyé leur dessin d’ours. Hélas, nous n’avons pas la place de tous les publier. Alors, voici nos cinq préférés et le nom des autres gagnants d’un DVD “Frère des ours 2”, offert par Éveil & Jeux.

Léna, 5 ans 1/2. Echirolles, 38

Justine, 6 ans Paris IXe

Matéo, 7 ans. Nantes, 44

Marion, 5 ans. Fréjus, 83

à gagner !

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Les 15 autres gagnants

Faites glisser le couvercle en bois et découvrez deux incontournables jeux de société pour les petits : les petits chevaux et le jeu de l’oie, avec pions et dés en bois. Pour participer au prochain jeu-concours, envoie-nous vite le dessin de ta famille en précisant ton âge et ton adresse. Les gagnants re­cevront le jeu “Dada-Oie”, offert par :

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et une histoires, jeu-concours

“Dessine

Abel,5ans.Lyon,69-Helen,5ans.Paris13e-Lou-Ann,4ans.Montmerle,01-Pierre, 5 ans. Cergy-le-Haut, 95 - Victoria, 6 ans. Marseille, 13 - Émile, 4 ans 1/2. St-JulienMontdenis, 73 - Émilie, 5 ans. École maternelle Jules Ferry, Limoges 87 - Louna, 8 ans. Robion, 84. - Salomé, 9 ans & Agathe, 7 ans, St-Bardoux. 26 - Pauline, 5 ans & Charlotte, 6 ans 1/2. Chambéry,73 - Cathy, 5 ans & Sarah, 7 ans, St.-Pierre d’Allevard - Apolline, 6 ans 1/2. Béziers, 34 - Maële, 6 ans. St.-Julienles-Villas, 10 - Alice, 5 ans. Thaire, 17 - Pauline, 7 ans. Wissous, 91.

ta famille”, 8 rue Jean-Antoine de Baïf (bât. e), 75212 Paris Cedex 13


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Nos chers grands-parents

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ouvent chéris durant notre enfance, les grands-parents jouent un rôle essentiel dans notre existence. Qu’ils aient été très proches, distants, tendres ou autoritaires, ils ont influencé les adultes que nous sommes devenus. En nous racontant des histoires, ils nous ont aussi transmis la leur et celle de notre famille. Ce mois-ci, les contes Les trois fileuses et Le secret de Grandmère ours rappellent à nos enfants à quel point on a besoin de l’expérience et de la protection des plus âgés. Quant à L’enfant qui sauva son grand-père, il nous montre la force du lien qui se tisse avec un aïeul. Dans les légendes du monde entier, ces figures tutélaires occupent une place significative. Retrouvons-les au cœur des plus célèbres contes de fées. Kéthévane Davrichewy

« Raconte-moi, grand-mère... » Contes de Perrault, gravure de Gustave Doré (XIXe s.)

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Si Grand-mère Les aïeuls traditionnels et bienveillants sont rares dans les contes de fées. Pourtant, les personnes âgées y apparaissent souvent comme des gages de sagesse ou de malignité. Juges, médiateurs ou bienfaiteurs, ils détiennent les clés de la destinée des jeunes héros.

I

Hansel et Gretel grignotant la maison de pain d’épices de la vieille ogresse. Celle-ci veut les manger mais les enfants parviennent à s’échapper avec son magot. (Conte de Grimm, image publicitaire de F. Schoen, début XXe s.)

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l était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eut su voir ; sa mère en était folle et sa grand-mère plus folle encore. » C’est par ces lignes que Charles Perrault introduit le conte du Petit Chaperon rouge. L’histoire est célébrissime et existe dans de nombreuses versions, orales ou écrites, de par le monde. Si la grand-mère du Petit Chaperon rouge disparaît bien vite, croquée par le loup, l’animal devient ensuite son étonnante doublure. La face cachée sous son bonnet, le loup fait une grandmère vraisemblable, à tel point que le Chaperon rouge s’y méprend et se glisse innocemment dans le lit de son aïeule. Certes, sa voix est étrange, ses jambes bien longues (“poilouses” disent certaines versions orales), ses dents pointues. La fillette doute mais se laisse convaincre… et avaler ! Inquiétant personnage que ce loup en forme de grand-mère, créature hybride, mélange de vieillesse et de voracité. Dans la version des frères Grimm, ouf ! le chasseur intervient, pour mettre de l’ordre dans cette effroyable aventure.


m’était contée... Armé de ses ciseaux, il délivre Chaperon rouge (fraîche comme une rose) et sa grand-mère (nettement moins vaillante) du ventre de la bête... À l’exception de ce classique qui met en scène trois générations (fille, mère et grand-mère), les tendres mamies ou vénérables grands-pères, sont plutôt absents des contes traditionnels. Les héros sont dotés de marraines étranges, de marâtres ou de beaux-pères abominables, et croisent parfois au fil de leur route de vieux ermites un peu médiums… On remonte rarement plus haut dans la généalogie.

De la grand-mère à la sorcière La vieillesse est souvent représentée dans les contes, particulièrement la vieillesse féminine. Connaissances occultes et pouvoirs magiques lui sont souvent associés… Jambes tordues, nez crochus, teint jaunâtre : le grand âge et ses attributs physiques suscitent l’effroi. Certaines vieilles sont d’ailleurs de pures et simples sorcières, des croqueuses d’enfants, des ogresses aux ruses redoutables : comment résister à l’appel d’une exquise maisonnette de pain d’épices et de sucre filé (des gâteries dignes d’une douce mamie !), quand on erre affamé dans la forêt, comme les malheureux Hansel et Gretel. Baba Yaga, la sorcière des contes russes, est plus ambiguë. Nichée dans sa maison à pattes de poules, flanquée d’une jambe en os et de lourdes mamelles qu’elle jette derrière son dos, elle a d’immenses pouvoirs, règne sur les animaux de la forêt et ne dédaigne pas un bon repas de chair fraîche. Mais elle s’avère parfois une alliée précieuse pour le héros, donnant un indice ou un objet qui l’aidera à retrouver celle qu’il cherche de par le monde. Quant à la vieille fée de La Belle au Bois dormant, qui penchée sur son berceau, jette un sort à la

La confrontation avec une vieille, mi-fée mi-sorcière, émaille de nombreux contes... (H. Ferran, image d’Épinal, 1920). À droite, Grand-mère y es-tu ? Le Petit Chaperon rouge et sa célèbre Mère-Grand, avant que le loup ne les croque ! (Conte de Grimm, édition allemande de 1846).

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Ci-dessous, illustration de Jean Simard pour le conte russe La Fille de neige (1946). Il arrive souvent dans les contes qu’un couple de vieux fabrique

petite Aurore, c’est elle qui détermine le sens de l’histoire et scelle le destin de l’héroïne. Comme si son grand âge, en plus de ses pouvoirs magiques, lui conférait une certaine prescience et une influence sur l’avenir.

un bonhomme de neige, de pain d’épices ou de bois (Gepetto dans Pinocchio) afin de combler leur désir d’enfant. Ils endossent ainsi un rôle de parents âgés donnant vie à un être singulier. À droite, la Belle au Bois dormant sur le point de se piquer au fuseau d’une vieille fileuse... Gravure de Gustave Doré.

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Les “bonnes vieilles” un peu fées D’autres vieilles femmes sont dénuées de toutes mauvaises intentions : apparaissant au détour d’un chemin, à côté d’une fontaine, au milieu de la forêt, elles sont là pour révéler la bonté ou la malhonnêteté des uns et des autres. Car, qui vient en aide à une pauvre vieille un peu fée, mérite bien une récompense ! Dans Les Fées de Charles Perrault, deux sœurs, l’une aussi douce et belle que son aînée est brutale et laide sont ainsi départagées par une vieille femme (qui, dans certaines versions, est la Sainte Vierge en personne) : la première sœur qui sert aimablement à boire à la vieille, se verra attribuer un don fabuleux, l’autre, qui a refusé le même service, connaîtra un sort sinistre. Dans Les Trois dons, un garçon, détesté de sa marâtre, partage par trois fois sa ration de pain, de plus en plus petite, avec une vieille en haillons : grâce à quoi il verra trois de ses vœux exaucés. Il arrive qu’une “bonne vieille” se cache sous des traits évoquant irrésistiblement une sorcière. Ainsi la Befana du folklore italien se déplace à cheval sur un balai, sa cape noire toute déchirée et ses cheveux hirsutes volant au vent ! Mais c’est pour

s’acquitter de sa distribution de jouets aux enfants sages - les autres n’auront que du charbon ! - la nuit de l’Épiphanie. En Russie, la brave Babouchka (“grand-mère” en russe) qui se met en route derrière les Rois mages pour aller saluer l’Enfant Jésus, se charge du même travail durant la nuit de Noël. Affrontant la neige et le vent glacé, elle trotte de maison en maison, sa hotte pleine de jouets sur le dos.

Quand vieillesse rime avec sagesse Loin de tout sortilège, la vieillesse est aussi simplement un gage d’expérience et de sagacité. Dans un conte arménien, Le Vase au fond du lac, seul un vieillard devine que le vase d’or réclamé par un roi tyrannique est caché dans un arbre alors que tous ont été trompés par son reflet dans le lac… C’est lui qui donne la clé de l’énigme et empêche ainsi que tous les vieux du


royaume soient massacrés... Savoir distinguer l’illusion du réel, le futile de l’essentiel, est une qualité rare qui ne s’acquiert qu’au bout d’un long chemin de vie, à l’approche de la mort. Certaines légendes le suggèrent. Parmi les plus émouvantes, l’histoire de Philémon et Baucis, contée par Ovide, met en scène un couple de vieux, vivant heureux malgré leur pauvreté. Parce qu’ils ont recueilli Jupiter et Mercure, déguisés en vagabonds, les dieux veulent les récompenser : leur seul souhait est qu’il leur soit accordé, l’heure venue, de mourir au même moment. Ces vieux amoureux, si sereins et contents de leur sort, auraient sûrement fait de merveilleux grands-pa-

Un chaperon rouge cannibale

rents… mais l’histoire ne dit pas si Philémon et Baucis ont eu des enfants et encore moins des petits-enfants... ■ Véronique Cohen En haut, image extraite du conte d’Andersen Ce que fait le vieux est bien fait. (F. Rojankovsky, 1939, album du Père Castor). Ci-contre, La petite marchande d’allumettes, de Hans Christian Andersen. Le souvenir de

Selon certaines versions orales du conte, la fillette parvient à s’enfuir juste à temps. Avant cela, elle a consommé un repas offert par le loup : il s’agit de la chair et du sang de sa grand-mère (sous forme de boudin) que l’animal avait laissé de côté. Ce motif très fréquent a suscité de nombreuses interprétations. Pour l’ethnologue Yvonne Verdier, le récit est une métaphore des transformations biologiques de la femme. Cannibale à son insu, la fillette ingère la force vitale de son aïeule, alors qu’elle-même va devenir pubère : la fille remplace la mère et la grand-mère est mangée.

sa grand-mère est le seul réconfort de la pauvre fillette (dessin de Honor

Nous remercions La Maison

C. Apleton, 1920).

des Contes & des Histoires pour leur aide précieuse quant à l’illustration de cet article. Séances de contes pour les tout-petits et exposition Les Contes Russes, du 6 février au 13 avril 2008. Maison des Contes et des Histoires 7 rue Pecquay, 75004 Paris. Rens. 01 48 87 04 01 www.contes-histoires.com

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Est-ce le murmure du vent dans les saules qui rend la rivière source de sagesse ? Et pourtant, Crapaud est devenu fou ! Le richissime et vaniteux animal s’est entiché des engins à moteur... rien ne l’arrête ! Il berne une blanchisseuse,

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Le petit garçon qui sauva son grand-père

UNE HISTOIRE QUI FAIT DU BIEN

Dans ce joli conte, un grand-père est en péril et à travers lui, la transmission des valeurs familiales. Explications d’Isabelle de Kochko, psychologue. Comment peut-on définir le lien entre Pierre et son père ? Le père s’est entièrement dévoué à son fils Pierre : il ne s’est pas remarié et s’est séparé sans hésiter de tous ses biens pour les lui donner. Il pense être payé en retour par l’affection de son fils. Ce qui est le cas, Pierre aime son père mais une part de lui-même est égoïste et trouve tout naturel le cadeau qu’il lui fait. En lui faisant don de ses biens, le père semble avoir oublié une chose essentielle : la transmission de valeurs fondamentales comme le respect dû aux anciens et la gratitude. De plus, son fils aurait mieux fait d’apprendre à gagner sa vie par lui-même. Quel rôle joue Aurore, la femme de Pierre ? Aurore symbolise l’égoïsme de Pierre. Elle illustre le côté “prédateur” qui existe en chacun de nous. Pour elle, rien n’est jamais assez. Mais si on laisse libre cours à ce côté “prédateur”, l’être humain développe une insécurité fondamentale. Aurore se sent peu ou prou persécutée par son beau-père.

Par le fait même de son existence, il lui rappelle que c’est lui qui a tout donné. On comprend alors qu’elle ne puisse se sentir mère à part entière et qu’elle accuse son beau-père d’attirer son fils. À aucun moment, on ne parle, dans le couple, de transmission maternelle. Ce qui peut expliquer le déséquilibre de cette famille. Que se passe-t-il entre Pierrot-tache-de-son et son grand-père ? Le grand-père s’attache à transmettre à son petit-fils les vraies valeurs de la vie, ce qu’il n’a peut-être pas fait avec son fils. Il lui apprend à observer la nature et lui enseigne le nom des choses. Dans cet ordre naturel, chaque chose est à sa place. Pierrot a assimilé cette notion fondamentale. Ainsi, quand son père voudra sacrifier son grand-père, il lui montrera que chacun sera payé en retour. Si Pierre se montre ingrat, alors il doit s’attendre à de l’ingratitude. Ce passage est très subtil car Pierrot aurait pu simplement batailler pour garder son grand-père à la maison, ou il aurait pu vouloir partir avec lui. Mais

le symbole qu’il utilise, la couverture partagée (titre original de ce conte), est bien plus fort et plus juste. Le petit signifie à son père la place que chacun doit occuper. Pierre comprend le message et se repent. Aurore elle-même va changer d’attitude. Pourquoi ce revirement ? C’est que Pierre, prenant une position ferme (la psychanalyse insiste sur le fait que c’est le père qui est porteur de la Loi), contrecarre la tendance prédatrice d’Aurore et, du même coup, la soulage de cette tendance. Paradoxalement, en gardant son père à la maison, il montre que c’est lui qui a décidé. Il devient vraiment le maître de la maison, en se pliant volontairement à la loi des générations. Que nous enseigne ce conte ? Il nous montre que ce n’est qu’en acceptant et en comprenant le sens symbolique des lois naturelles que l’on peut acquérir la liberté. Plus simplement, il transmet aux tout-petits une image positive et fondatrice des grands-parents. ■ Propos recueillis par Kéthévane Davrichewy

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Relations abonnés (9h-18h) Mail : relation.abo@fleuruspresse.com Fleurus Presse B440 60731 Ste.-Geneviève cedex Tarif France : 1 an (11 nos) : 49,50 € Suisse : Edigroup Case Postale 393 1225 Chêne-Bourg Tél. (00) 41 22 860 84 01 Fax (00) 41 22 348 44 82 Mail : abonne@edigroup.ch

À paraître

le 27 février

Abonnez-vous sur www.fleuruspresse.com Rédaction (tél. 01 56 79 36 61) Directeur de la rédaction : Pascal Teulade Rédactrice en chef et adaptation des contes : Kéthévane Davrichewy Pascal Teulade (“Le corbeau qui voulait imiter l’aigle”) Secrétaire de rédaction : Valérie Chevereau Rédactrice graphique : Julie Haffner Secrétaire : Valérie Gauchet Iconographe : Liliane Diaz Ont participé à ce numéro : Véronique Cohen (dossier “Pour vous parents”) Isabelle de Kochko (Une histoire qui fait du bien) Illustrations : Couverture et Le secret de Grand-mère ours, Myriam Deru Les trois fileuses, Isabelle Assémat L’enfant qui sauva son grand-père, Gwen Le Gac Le corbeau qui voulait imiter l’aigle, Fabienne Teyssèdre La famille Perlimpinpin, Appoline Harel Les aventures de Loulou, scénario : Claire Laurens et Pascal Teulade, dessins : Christel Desmoinaux P. 51 : Nathalie Choux Crédits photos : pp. 40-41 : Imagno/Austrian Archives - p. 43 : © The Bridgeman Art Library - pp. 44-45 : © Coll. Kharbine-Tapabor - © Pellerin, Image d’Épinal/AKG Images - AKG - pp. 46-47 : © Jean Simard, Éd. Variétés - © The Bridgeman Art Library © F. Rojankovsky, Éd. Père Castor, Flammarion - © The Bridgeman Art Library Mille et une histoires est un mensuel édité par Fleurus Presse, SARL au capital de 146 000 €. 8, rue Jean-Antoine-de-Baïf 75212 Paris cedex 13. Tél : 01 56 79 36 36 www.fleuruspresse.com Principal actionnaire : Télérama. Groupe La Vie-Le Monde. Directoire : P. Jeantet, B. Patino, E. Fottorino. Pôle Magazine, directeur : F. Nora. Directeur de la publication : H. de Langre. Comité de direction : H. de Langre, F. Nora, B. Patino. Responsable Administration-Gestion : P. Notarianni. Directrice commerciale : N. Rollin. Service des ventes : Société Éditrice du Monde, Directeur des ventes : H. Bonnaud, Chef de produit : H. Dencausse Numéros verts diffuseurs-dépositaires : 0 805 05 0147 (Paris), 0 805 05 01 46 (Banlieue et Province). Responsable promotion : F. Nodé-Langlois. Fabrication  : Directeur de la fabrication : P. Rochas. Responsable fabrication : N. Mounié. Images numériques : N. Morelli. Publicité : C. Saugera, tél. 01 56 79 37 29. Relations presse : A. de Lagarde, tél. 01 55 30 56 98. Impression : Sipe 3, rue de l’Industrie 25110 Baume-les-Dames - Commission paritaire n°1009 K 79002. Loi n° 49-956 du 16.7.49 sur les publications destinées à la jeunesse. Dépôt à date de parution. Tous droits de reproduction réservés sauf autorisation écrite préalable. © Mille et une histoires. Les coordonnées de nos abonnés sont communiquées à nos services et aux organismes liés contractuellement à Mille et une histoires, sauf opposition écrite. Les informations pourront faire l’objet d’un droit d’accès et de rectification dans le cadre légal. Une planche de vignettes autocollantes est posée sur une partie des exemplaires destinés aux abonnés France.

Le mois prochain :

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Trois contes de petits ânes :


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