Livret de paroles | Construir una Biblioteca | Brest

Page 1

Livret de paroles


C

e fanzine fut produit dans le cadre du projet éditorial “Construire une Bibliothèque”, réalisé par le collectif Chilien Mil M2 lors de la 6e édition du festival Dañsfabrik de Brest. “Construire une Bibliothèque” est un projet temporel de création d’une bibliothèque en temps réel par les usagers eux-mêmes. A partir de l’interaction entre les artistes et le public et des livres sélectionnés par la librairie nomade “Books on the Move”, ce projet génèrera une série de documents et d’objets graphiques interactifs, construits collectivement. 26 février - 4 mars 2017 Le Quartz, Scène Nationale de Brest. Ce fanzine fut créé à partir de TRANSMISOR de María Siebald et des photos réalisées par Didier Olivre et Thibault Montamat. Un Fanzine de Mil M2 Avec la participation de : Lazou Mégane, Le Guyader, Martin Guillaume, Platonoff Isabella Hermeline Myriam, Chloè Meyer, Milo, Marcela Santander, Margot Videcoq, Pierre Gonzales Mendoza et l’equipe du Quartz. © Textes et photos des auteurs.

www.milm2.cl

2


TRANSMISOR 1. Faire sortir la voix, Ana Tijoux. 2. Or Noir, Ana Tijoux. 3. Un jour je te dirai, Ana Tijoux. 4. Première rencontre, Françoise Hardy. 5. Rêver en l’air, Françoise Hardy. 6. Berceuse, Françoise Hardy. 7. L’attente, Françoise Hardy. 8. Je suis moi, Françoise Hardy. 9.Emmène-moi très Loin, Ana Tijoux. 10. Réveille-toi, Ana Tijoux. 11. Anti patriarcal, Ana Tijoux.


1. Faire sortir la voix Ana Tijoux

Se libĂŠrer 4


Respirer pour que la voix sorte, S’envoler aussi loin qu’un aigle rapide. Respirer un avenir splendide, Ça a plus de sens si nous le créons à deux. Se débarrasser de toute pudeur, En prenant les rênes, Ne pas se rendre à l’oppresseur. Marcher la tête haute, sans crainte, Respirer et faire sortir la voix. J’ai les poches vides, Les lèvres gercées, La peau squameuse, Chaque fois que je regarde dans le vide. Les semelles usées, Les mains liées, Sur la porte d’entrée il y a toujours eu un panneau, Qui disait que c’était fermé. Une épine plantée, Une blessure infectée, Une rage pleine, De tout et de rien. Le pas maladroit, au bord, sans accord, Chaque fois que je perds le nord, Je perds les appuis. Le temps qui me plante, Le poignard qui me bloque, La flamme me tue, sans calme aucun, En m’échappant des mains. Mais j’ai mon petit coin fleuri, Sortir la voix, Je ne suis pas seule, Je suis avec moi.


Se débarrasser de toute pudeur, En prenant les rênes, Ne pas se rendre à l’oppresseur. Marcher la tête haute, sans crainte, Respirer et faire sortie la voix. J’ai oublié l’amour, Il est fatigué, épuisé, jeté, Tous les morceaux sont tombés par terre, Ils étaient cassés. Le regard avachi, Le poing fermé, Je n’ai rien, mais rien, Ca s’ajoute à cette flaque. La mâchoire marquée, Le mot préparé, Chaque lettre aiguisée, Est au sommet de la vague . Sans peine ni gloire, J’écrirai cette histoire, Il s’agit de ne pas tomber, La victoire c’est de se lever. Revenir, Ouvrir la porte, C’est résolu, Etre alerte. Faire sortir la voix qui était morte, En faire un orchestre, Marcher, sûr, libre, sans crainte, Respirer et faire sortir la voix. Se débarrasser de toute pudeur, En prenant les rênes,

6


Ne pas se rendre à l’oppresseur. Marcher la tête haute, sans crainte, Respirer et faire sortir la voix. Le temps plante le poignard, Quoi que l’on fasse, Perversion opportune, Tu ne reçois pas ce que le temps paie. Il pervertit saga après saga, Il gratte avec sa spatule amère, L’orphelin se construit une boussole, Lucide, avec ardeur, L’arme blanche, les cheveux blancs, Blanc, son visage de crapule. « Voilà » dit une spinelle, Celle que chantait Violeta, Celle de la huitième syllabe du butteur, Vieille école. Et que ce qui doit faire mal fasse mal, Si ça doit faire mal, La flamme, sans calme aucun, qui doit brûler, Qu’elle continue faire mal, Qu’elle continue à brûler, Si elle doit brûler. Sur une ficelle, Un couplet en suspension, Qui se balance avec le vent, Qui rarement le mérite. Chaque peine, libère la voix, la toux, En pensant à faire sortir la voix.


2. Or Noir Ana Tijoux

Terroriste 8


de l’état


Il ne regarde pas, ne sent rien, Il marche juste quand l’odeur est permanente, La mort tue et tue, Ce n’est jamais suffisant, il attaque et attaque qui passe sur son chemin Sans que sa manière de penser ne lui importe, Il ravage tout, il tire sur son rouge et vise l’oeil, Au nom de l’or, au nom des drapeaux et des frontières, Au nom des absurdités, qui s’appellent guerre, qui s’appellent bêtise, au nom de la paix Voilà la folie dont nous sommes capables, Fils, enfants, familles, cris Balles, bombes, confits maudits, la colère, La rage, avec autant d’impuissance, Tes mains tachées. [Refrain] Combien de frères devras-tu tuer? La terre que tu pleures va saigner Que la vie arrive avec une tempête, Que germe la vie, qu’elle arrive avec force Que sa lumière irradie de toute son essence Or noir, or blanc, or vert, or sang Or noir, or blanc, or vert, or sang Or noir, or blanc, or vert, or sang Or noir, or blanc, or vert, or sang

10


Ils ne s’arrêtent pas, ils tirent, decident, et tuent En costume cravate, avec leurs lois, ils ravagent Patriarches, et chefs, ou présidents Patrons et propriétaires ou propriétaires terriens, Au nom de Dieu de la sécurité Au nom du calme et de la tranquillité Des croix, des osties, des empires, des couronnes, Des credos, pétrole, tous le dévorent Ce sont des terroristes d’Etat, des criminels lâchés de toute part Ils noient leurs vies depuis leurs bureaux, Envoyant leurs troupes vers une mort figée, Coupables de faire la terre, ils saignent, Coupables d’être en communauté, tuer Coupables, coupables d’avoir des enfants, pleurer Coupables d’être en vie, enterrer [Refrain] Combien de frères devras-tu tuer? Combien de nations devras-tu occuper? La terre que tu pleures va saigner De ton pouvoir, tu ne peux pas la faire fuir Que la vie arrive avec une tempête, Pour semer les fleurs qu’ils veulent couper Que germe la vie, qu’elle arrive avec force Que sa lumière irradie de toute son essence


3. Un jour je te dirai Ana Tijoux

Dire 12


Un jour je te dirai tout ce que j’ai gardé, Il y a des vides je le sais, mais au fond je t’aimais Je te dirai à ma manière peut-être… Que je t’ai aimé, si maladroitement je le sais. Dans une enveloppe, j’ai trouvé une feuille de papier, Où tu criais mille pardons, quelle étrange saveur… Je te dirai à ma manière peut-être… Que je t’ai aimé, si maladroitement je le sais… moi je te dirai Moi je te dirai… [x3] Un jour je te dirai tout ce que j’ai gardé, Il y a des vides je le sais, mais au fond je t’aimais Je te dirai à ma manière peut-être… Que je t’ai aimé, si maladroitement je le sais. Moi je te dirai, à ma manière peut-être… Que je t’ai aimé, si maladroitement je le sais. Moi je te dirai…


4. Première rencontre Françoise Hardy

Mal au coeur 14


je restais seule dans ma chambre rêvant de celui qui viendrait me sortir un jour de l'enfance et avec qui je partirais loin s'il m'avait fallu le décrire bien sûr je me serais trompée mais jamais déjà sans sourire avant de l'avoir rencontré avant que le concert commence quand tous les musiciens s'accordent un peu comme la mer qui avance un peu comme le mal au cœur quand je l'ai vu c'était un peu ça il n'avait rien de plus qu'un autre mais j'au su que c'était celui-là et pas un autre


5. Rêver en l’air Françoise Hardy

Rêver 16


Rêver le nez en l’air, aller au hasard Rêver et ne rien faire, penser à ce soir M’asseoir à la terrasse pour voir les gens qui passent et puis Manger une ou deux glaces, vanille fraise et pistache aussi Rêver le nez en l’air, aller au hasard Rêver et ne rien faire, penser à ce soir Demander au garçon qu’il me donne un jeton et puis L’avoir au bout du fil, rien que pour savoir s’il s’ennuie


6. Berceuse Franรงoise Hardy

Les Yeux Clos 18


Mon amour Mon bonheur Mon tourment Je veille ton sommeil Comme on veille un enfant Les yeux clos Le visage Apaisé Je t’entends respirer Tu souris en rêvant J’imagine tes rêves Peuplés de princesses De lampes magiques De grands méchants loups


7. L’attente Françoise Hardy

Voir 20


Lui, il voudrait croire qu’il est libre il ferme la porte et s’en va sans me dire s’il reviendra et voilà moi, je vais faire un tour en ville je rentre dans un cinéma et après je ne sais pas ça dépend des fois quelquefois je me promène j’attends, je traîne ou je retourne chez moi lui, il croit qu’aimer une fille c’est parfois comme être en prison et pour mieux voir l’horizon il s’en va moi, je n’me sens pas très utile en face de la télévision toute seule à la maison je ne tourne pas rond quelquefois je change les draps j’appelle untel et lui dis viens chez moi


8. Je suis moi Franรงoise Hardy

Moi 22


Et la rue m'habitue à n'être plus personne presque plus personne et la ville me force à suivre son rhythme fébrile son rhythme fébrile mais quand on se retrouve quand il rentre le soir il suffit d'un regard et je suis moi j'ai le ciel au bout des doigts le monde au-dessous de moi comme pour la première fois je suis moi j'entends, je sens et je vois je suis moi comme pour la première fois je suis moi et la rue me ramène à sa vie monotone sa vie monotone dans la ville je me perds, je m'oublie, je m'abondonne oui je m'abondonne mais quand on se retrouve quand le ciel devient noir il suffit d'un regard

bouger Sans grandir, sans vieillir Le temps s'est arrêté Mon amour Reste là Sans parler Nous sommes dans un monde étranger, Étranger où les fleurs nous racontent Des contes de fées Où toutes les légendes sont réalités Reste là Sans bouger Mon amour Et s'il faut que demain Cesse l'enchantement Et que la vie reprenne son cours Désormais rien ne sera plus Tout à fait comme avant


9. Emmène-moi très Loin Ana Tijoux

Loin 24


J’aime te voir ainsi Me regardant ainsi Debout face à moi Me parlant ainsi Emmène-moi très loin Pour un voyage sans retour Emmène-moi très loin Là où il n’y a pas de souvenir Rien ne m’importe autant Que de te voir ici Dis-moi que tu m’aimes Et emmène-moi très loin de toi La vie est ainsi Etrange par elle-même Mon cœur est coupé en deux Et je dis ceci. Emmène-moi très loin Pour un voyage sans retour Emmène-moi très loin Là où il n’y a pas de souvenir Rien ne m’importe autant Que de te voir ici Dis-moi que tu m’aimes Et emmène-moi très loin de toi Emmène-moi très loin Pour un voyage sans retour Emmène-moi très loin Là où il n’y a pas de souvenir


10. Réveille-toi Ana Tijoux

Réveille-toi 26


Lève-toi ! Réveille-toi ! Dis - dis – Déguise-toi ! Lève-toi ! Concentre-toi ! Réveille-toi ! Dis - dis – Déguise-toi ! Coiffe-toi, marche, et au boulot Prends un café et commence la routine Tous les papiers dans la mallette Aujourd’hui est le début d’une nouvelle fin Plus de feux tricolores, d’angles de rues Prends le volant et klaxonne. Bouchons, congestion, frustration Cours plus vite, décide Vis, maudis, rigole Des folies collectives par milliers Trop tard si tu regardes l’horloge Ne parle pas ni lève la voix Sous le contrôle et en mesure Nous soXmmes l’avenir de l’économie Nous sommes heureux avec un grand sourire Endettés jusqu’au cou Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ? Oubliez-les maintenant ! Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ? Oubliez-les maintenant ! Installé dans ton carré Arrive le patron et son verset Il te parle de l’entreprise, de la motivation


Faire partie de l’équipe, être un autre disciple Le soleil se couche, ils courent tous Le temps passe, nous résistons Nous ne voulons que le dernier modèle L’ascension et toucher le ciel Bouchons, congestion, frustration Cours plus vite, décide Vis, maudis, rigole Des folies collectives par milliers Sous le contrôle et en mesure Nous sommes l’avenir de l’économie Nous sommes heureux avec un grand sourire Endettés jusqu’au cou Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ? Oubliez-les maintenant ! Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ? Oubliez-les maintenant ! Oubliez-le maintenant ! Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ? Oubliez-les maintenant ! Si tu sais que tu brûles Ce sera la douleur qui te tentera Pourquoi ajouter plus de problèmes ?

28


Oubliez-les maintenant ! de te voir ici Dis-moi que tu m’aimes Et emmène-moi très loin de toi La vie est ainsi Etrange par elle-même Mon cœur est coupé en deux Et je dis ceci. Emmène-moi très loin Pour un voyage sans retour Emmène-moi très loin Là où il n’y a pas de souvenir Rien ne m’importe autant Que de te voir ici Dis-moi que tu m’aimes Et emmène-moi très loin de toi Emmène-moi très loin Pour un voyage sans retour Emmène-moi très loin Là où il n’y a pas de souvenir.


11. Anti patriarcal Ana Tijoux

LibertĂŠ 30


Je peux être ta sœur, ta fille, Tamara, Pamela ou Valentina Je peux être ta grande amie même ta partenaire de vie Je peux être ton alliée, celle qui conseille et qui raccommode Je peux être l’une de tous celles-ci tout dépend de comment tu surnommes Mais je ne serai pas celle qui obéit parce que mon corps est à moi Je décide mon temps comme je veux et où je veux Indépendante je suis née, indépendante j’ai décidé Je ne marche pas derrière toi, je marche ici et là Tu ne vas pas m’humilier, tu ne vas pas me crier dessus Tu ne vas pas me soumettre tu ne vas pas me frapper Tu ne vas pas me rabaisser tu ne vas pas m’obliger Tu ne vas pas me mettre en silence tu ne vas pas me faire taire Insoumise inobéissante Femme forte et insurgée Indépendante et courageuse Briser les chaînes de l’indifférence Ni passive ni opprimée Belle femme qui donne la vie Émancipée en autonomie Antipatriarcale et joie Remettre en liberté Je peux être cheffe de famille, employée ou intellectuelle Je peux être protagoniste de notre histoire et celle qui agite Les gens de la communauté, celle qui réveille le quartier Qui gère l’économie de sa maison de sa famille Belle femme debout Et que se brisent les chaînes de la peau Insoumise inobéissante Femme forte et insurgée Indépendante et courageuse Briser les chaînes de l’indifférence Ni passive ni opprimée Belle femme qui donne la vie Émancipée en autonomie Antipatriarcale et joie


Transmisor.cl Transmisor.cl

Transmisor est une installation spécialement conçue pour les malentendants. C’est une radio que l’on regarde. Un danseur-interprète traduit les paroles de musiques populaires. Des écrans lumineux à LED sont installés sur les côtés et clignotent au rythme de la chanson. L’amplitude sonore est quant à elle transcrite grâce à un oscilloscope placé au-dessus de l’interprète. Transmisor est un spectacle silencieux. Le danseur utilise des écouteurs et agit comme un intermédiaire entre la musique et la personne malentendante. Son corps devient alors une extension de la voix de l’artiste. En pénétrant dans la salle, les "entendants" ne perçoivent rien d’autre que le bruissement du corps en mouvement, le son des signes et le bruit des pas. Ce procédé permet de vivre la même expérience que les sourds mais le projet est également pensé pour la communauté entendante qui dispose elle aussi d’écouteurs pour lui permettre de comprendre ce qui est traduit en lumières, images et langue des signes. MARÍA SIEBALD (Chili) María Siebald est actrice et metteuse en scène au sein de la compagnie Nerven&Zellen. Depuis 2000, elle s’intéresse à la langue des signes et l’incorpore au langage performatif en imaginant des projets à destination de la communauté sourde. Son objectif est de rapprocher les malentendants de la musique. En 2013, elle est à l’origine du premier concert pour personnes sourdes au Chili. Ce projet est suivi de Transmisor réalisé en collaboration avec Garret Linn et Nicolás Spencer. En 2015, le spectacle est invité à la Bienal de Artes Mediales et reçoit le Prix National Innovation Culturelle – Avonni.

Livre de paroles 32


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.