Suara 49: Appelés à la rencontre

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La voix des peuples

Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles

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Publication trimestrielle de Missio

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Appelés à la rencontre Pacte de la rencontre

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Le 16 novembre 1965, sous l’impulsion de Mgr Helder Camara (Recife, Brésil) et de Charles-Marie Himmer (Tournai, Belgique), 40 évêques, en majorité latino-américains, ont signé, dans les catacombes de Sainte Domitille à Rome, ce qu’on appelle le “Pacte des catacombes”. Ils se sont engagés notamment à mener une vie conforme aux exigences de l’Evangile. Ils ont promis de mettre tout en oeuvre pour que les responsables de leurs gouvernements et de leurs services publics décident et appliquent “les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes”. Cette orientation de la vie est tout un appel à la conscience humaine et chrétienne. Puissent les Eglises de par le monde s’en inspirer sans cesse et témoigner, à leur tour, de la solidarité avec les victimes de l’injustice! Ainsi, elles signeraient le pacte de leur rencontre avec la société. Et cela à l’instar de Mgr Romero tombé sous les balles d’un pouvoir dictatorial au moment où il confessait sa foi et symbolisait dans une eucharistie le bonheur des pauvres.

Réunion au Guatemala

Sylvain Kalamba Nsapo

Guido Deschryver & Ward Ceyssens (Journal de campagne 2012, p. 4)

«Les évêques du Guatemala ont publié des lettres pastorales qui constituent une plainte contre les évacuations avec violence, perpétrées par la police et l’armée, à l’encontre des familles d’agriculteurs qui tentent de récupérer les champs confisqués par les grands propriétaires terriens. Dans leurs lettres, ils plaident en faveur du droit des gens à une vie de dignité, y inclus ceux qui migrent vers le nord. Ils se plaignent également, dans leurs lettres, de l’impunité persistante à l’égard des criminels.»

parle avec le journaliste Pascal André «Dans certains pays, comme l’Espagne, par exemple, des prêtres ont renoncé à une partie de leur salaire par solidarité avec les plus pauvres. Très peu de gens le savent et c’est dommage, car ils sont de plus en plus nombreux à croire que l’Église catholique ne s’exprime que pour défendre le droit à la vie et la famille traditionnelle.»

Suite à la page 8

© Wereldmediatheek, Johan Denis

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La voix des peuples

Rencontre

Des rencontres qui Solidarité transforment une vie

leurs fautes. Un des leurs devient même un disciple proche du Fils de Dieu. Viennent enfin les apôtres. Après qu’ils aient rencontré Jésus, ils restent à ses côtés. Par les rencontres quotidiennes qu’ils ont avec Jésus, ils sont formés afin que plus tard ils puissent continuer son œuvre.

Que se passe-t-il lors des rencontres avec le Christ?

«Rencontre» est un mot-clé dans la vie de Jésus-Christ. Les Évangiles nous rapportent une série de récits sur la façon dont Jésus agit et parle au cours des nombreuses rencontres qu’Il a avec différentes personnes et avec son Père.

Ces rencontres sont un événement dynamique. Les deux parties vont l’une vers l’autre. Très souvent, Jésus sait quelle question lui sera soumise, avant même que n’en soit prononcé le premier mot. Habituellement, une personne pose une question à Jésus ou exprime un souhait. Parfois, c’est Jésus lui-même qui s’adresse à quelqu’un d’autre. Ainsi donc on parle, on écoute, on questionne et on répond. On en vient ainsi au dialogue.

Il n’est pas surprenant que «rencontre» soit l’un des motsclés de la Bonne Nouvelle. Missio a choisi «rencontre» comme mot-clé, parce que cette organisation s’engage à diffuser le même Evangile. Il est de notre devoir de veiller à ce qu’il y ait des personnes et des ressources pour faire parvenir ce message libérateur partout dans le monde. Mais qu’en est-il précisément lorsque nous parlons de rencontre? Qu’y a-t-il de typique dans les rencontres faites par Jésus? Qui rencontre-t-il? Que se passe-t-il lors de ses rencontres? Et quels en sont les résultats?

La vie du Christ est une série de rencontres

La vie du Christ est une succession de rencontres. Malgré le fait qu’il soit né dans un endroit isolé, parce qu’il n’y avait pas de place pour Lui-même à l’auberge, il y a quand même des gens qui Le trouvent. Ce sont des bergers qui Lui témoignent leur amour. Eux, qui sont considérés comme les derniers des hommes, rencontrent Jésus, dans une crèche, entouré de ses parents. Ils viennent Lui rendre hommage et ouvrent leurs cœurs à une vie qu’ils reconnaissent recevoir en cadeau. Ce sont ensuite des hommes qui, depuis l’Orient, ont suivi une lumière étonnante pour arriver finalement auprès d’un nouveau-né. Ils lui firent don de cadeaux coûteux. La rencontre avec le Christ est pour eux une source de chance et elle est un tournant significatif dans leur vie. Toute personne qui découvre une nouvelle vie ne peut rien faire d’autre que d’exprimer sa profonde reconnaissance. Quelques années plus tard, lors de la présentation au temple, Jésus rencontre deux personnes âgées. Ici, Jésus vient au-devant de l’histoire du peuple de Dieu qui attendait la venue d’un Messie, d’un libérateur. C’est la rencontre avec les événements de l’Ancien Testament. Avec cette dernière, l’histoire prend une nouvelle dimension. Dieu lui-même s’est fait homme pour écrire l’histoire, ensemble avec les hommes, une histoire qui sait traverser l’espace et le temps. Au cours de la rencontre avec Jean-Baptiste, après sa résistance aux tentations du démon, Jésus rend publique sa mission. Les gens ne doivent pas venir à Lui, mais Lui ira vers les hommes, pour les rencontrer et leur offrir une nouvelle vie. Il les plongera dans l’Esprit de son Père très aimant. Plus tard, Jésus croise le chemin des pharisiens et

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Michel Coppin

des scribes, les chefs religieux et juridiques. Ils exploitent la religion en vue d’en retirer du respect. Jésus perce à jour leur désir d’honneur, de pouvoir et de possession. La rencontre avec Jésus est une désillusion pour eux et ne leur est en rien agréable. Il y a également des rencontres avec les dirigeants politiques et les conquérants romains. Certains, comme Pilate, voient dans le Christ une menace pour leur position et leur pouvoir. Par contre, d’autres officiers romains laissent s’ouvrir leur cœur à la vie et l’amour de Jésus.

«Toute personne qui écoute le Christ et son Père en reçoit finalement une mission. Celle de rencontrer d’autres personnes et d’en être solidaire dans le cadre divin.» Jésus rencontre aussi plusieurs malades: des aveugles, des sourds, des boiteux, des personnes ayant une forte fièvre, des lépreux et des malades mentaux. Ils sont considérés comme des pécheurs qui doivent expier leur vie de péché. Ils sont impurs. Personne ne peut avoir de contact avec eux. Cependant, le Christ permet qu’ils Le rencontrent. Il les écoute, les guérit et leur confie une mission. Les femmes aussi ont la chance de rencontrer Jésus. C’est quelque chose d’encore rare dans la culture juive. Plusieurs femmes apparaissent sur la scène. D’abord sa propre mère, Marie. Puis, les sœurs de son ami Lazare. Ensuite, une femme adultère qui continue à Le suivre et est témoin de sa résurrection. Il y a des pauvres veuves et des mères qui pleurent leur enfant décédé. Toutes sont l’objet de l’attention de Jésus et sont consolées par Lui. Elles sont ses disciples les plus fidèles qui L’assistent même dans son agonie sur la croix. Il y a encore les rencontres avec les publicains qui ne sont pas particulièrement populaires au sein de la communauté juive. Ils sont considérés comme des collaborateurs des détestés occupants romains. Mais la rencontre avec le Christ les a changés. Ils se repentent et veulent réparer

Très souvent, dans ce dialogue, un souhait ou un désir se trouve exprimé. Le Christ peut toujours interpréter correctement la question de l’autre. Est-ce un véritable souhait? Ou y a-t-il autre chose derrière les mots? Il renvoie la question pour stimuler la réflexion de l’autre. Celui qui interroge le Christ est invité par Lui à réfléchir sur sa question et sur lui-même. Le dialogue est donc élevé à un autre niveau. Le Christ n’est pas un magicien qui permet simplement d’acquérir ce qui est souhaité: il confronte les gens à euxmêmes. Cette confrontation n’est pas toujours réjouissante, les gens se rendent compte de leurs limites. Au moment où, parfois, ils menacent de décrocher, un tiers intervient dans la conversation: son Père. Le dialogue a alors lieu entre trois parties. Une nouvelle dimension apparait de cette manière: la présence divine. Quelle que soit l’expérience humaine aussi frustrante qu’elle soit, elle s’inscrit dans un nouveau cadre: la bonté et le charisme de Dieu, un Dieu clément et miséricordieux. La personne qui pose la question doit être véritablement elle-même et a alors la possibilité d’apporter des modifications dans le cours de sa vie.

La rencontre des hommes avec le Christ change les deux partenaires. Le Christ répond aux questions et aux souhaits de l’autre et essaie de les transmettre à son Père. L’autre, qui, par l’intermédiaire du Christ, peut faire l’expérience de l’amour de Dieu, éprouve un nouveau bonheur et une énergie renouvelée. Il (ou elle) se sent un enfant de Dieu, dont on peut recevoir l’amour. Le Christ est solidaire de la personne qu’Il rencontre et celle-ci est solidaire du Christ, de son message et surtout de son Père. Toute personne qui écoute le Christ et son Père en reçoit finalement une mission. Celle de rencontrer d’autres personnes et d’en être solidaire dans le cadre divin.

Une communauté des témoins

Les rencontres avec Jésus ont toujours lieu dans une communauté de témoins. Ceux-ci doivent écouter, penser et réagir ensemble. Alors, en fin de compte, ils peuvent exprimer ce qu’ils ont retiré de cette rencontre et de son dialogue. Non seulement au point de vue de la connaissance, mais aussi au point de vue du sens de la vie. Tout comme aussi en ce qui concerne les valeurs qui peuvent donner de la couleur à leur vie. Parmi ces témoins, il y a toujours deux groupes. D’une part, ceux qui ont ouvert leur cœur au message libérateur du Christ. Leur rencontre avec le Christ conduit à un profond bonheur. Les autres ne veulent pas Le comprendre ou ils se sentent menacés par Lui.

Comme nous le trouvons dans l’Écriture, nous pouvons aller à la rencontre de Jésus de façon distante, en regardant cela comme un simple événement historique. Ou bien nous pouvons considérer ces rencontres comme une série de récits qui, maintenant encore, peuvent nous marquer. Nous pouvons même prendre la place des spectateurs et regarder les rencontres de Jésus avec différentes personnes. Comment dès lors comprenons-nous ces rencontres? Sommes-nous libres de regarder? Que retirons-nous de ces récits pour le futur de notre vie? Sommes-nous solidaires avec les hommes, avec le Christ, avec son Père? Nous sentonsnous aussi appelés à apporter notre petite contribution? Ceux qui franchissent le pas vers une solidarité effective en union avec les communautés chrétiennes à travers le monde, méritent grandement notre gratitude.


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Implication de l’Eglise dans la société L’union de l’Église et de la société et la place de l’Eglise dans le monde constituent un point crucial en discussion dans les milieux ecclésiastiques. Cette question a reçu une place formelle dans les documents ecclésiastiques depuis 1891. C’est à cette époque que le pape Léon XIII publia l’encyclique Rerum Novarum. Cette dernière a officialisé la doctrine sociale de l’Eglise Cette doctrine vise à répondre aux problèmes concrets auxquels la société est confrontée. De cette manière est démontrée l’implication de l’Eglise dans la société .

les plus faibles. Donc, il va à l’encontre, entre autres, d’un capitalisme débridé et du socialisme marxiste, qui étaient alors en vogue. Au lieu de cela, l’Eglise souhaite un partenariat entre le gouvernement et les syndicats nouvellement créés.

Penser et agir

Bien évidemment, l’Eglise, dès avant le 19e siècle, s’est préoccupée des personnes en difficulté. Jésus donna à ses disciples la mission de prendre soin des moins fortunés: «Tout ce que vous aurez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à Moi que vous l’aurez fait.» (Mt 25, 31 à 46) Les premiers chrétiens ont déjà poussé cette mission beaucoup plus avant. Au Moyen Age, il existe de nombreux exemples de chrétiens et de communautés ecclésiales qui se sont engagés en faveur de personnes en détresse. La nouveauté de Rerum Novarum, c’est que les autorités de l’Eglise vont réfléchir davantage sur ce qu’entraîne avec elle l’oppression qui repose sur ces gens et sur le rôle que l’Eglise peut avoir pour les libérer de leur joug.

Catherine De Ryck

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progrès, mais relègue également la classe ouvrière dans une situation indigne. Le pape Léon XIII en appelle à un bon salaire, au droit à la propriété et à la solidarité avec

Le Concile Vatican II (1962-1965) confirme et renforce cette implication de l’Eglise. Les Pères Conciliaires plaident pour une Eglise plus ouverte aux problèmes du monde. Ils réfléchissent sur la place, le rôle et la mission de l’Eglise dans la société. C’est une réflexion qui n’est jamais complètement achevée.

«Réfléchir au rôle de l’Eglise dans la société est un exercice de pensée qui n’est jamais complètement achevé »

Le Pape Benoît XVI également, comme beaucoup de ses prédécesseurs, se situe dans la même ligne d’idées au sujet de la doctrine sociale de l’Eglise. Dans Caritas in Veritate (2009) le Pape analyse les systèmes économiques et la situation dans laquelle se trouve le monde. Des thèmes tels que la solidarité et l’écologie sont aussi discutés. Le Pape ne craint nullement de faire connaître la position de l’Eglise afin qu’elle définisse avec précision le meilleur chemin à suivre.

Les documents de l’Eglise ne sont pas uniquement axés sur une analyse, ils veulent aussi penser à la résolution. C’est une réflexion sur ce comportement qui ressort des documents de l’Église!

LUCIEN LEGRAND |“Le Nouveau Testament est populaire” Lucien Legrand est né en Belgique. Très jeune, il s’installe en France avant de quitter l’Europe en 1952 pour la mission en Inde. Depuis lors, il vit et travaille dans ce pays. Il s’est plongé dans l’étude de la Bible. Il se préoccupe de la relation entre l’hindouisme, le christianisme et la puissance de la foi. Catherine De Ryck & Herlinde Hiele

“Les gens doivent prendre eux-mêmes l’initiative d’améliorer leur situation.” En échange de leur travail, ils ont reçu de quoi manger de la part de l’Eglise. Si quelqu’un venait à découvrir une source, de grandes étendues de terre étaient rendues à nouveau fertiles. Autre exemple: en 1980, la population du même village était totalement analphabète. Il y avait seulement une école primaire, mais qui enregistrait peu de résultats. En coopération avec le gouvernement, les missionnaires ont démarré là un lycée.

Cela a complètement changé le village. Les gens peuvent trouver un emploi ou travailler leurs champs de façon plus efficace. Entretemps, nous avons atteint une étape de plus. Plutôt que de simplement donner de l’aide, nous voulons maintenant conscientiser les gens. Avec une aide de l’extérieur, il y a toujours le risque qu’une certaine vision s’impose. Les gens doivent prendre eux-mêmes l’initiative d’améliorer leur situation. Il s’agit d’une forme de coopération au développement, mais le désir de changement vient des gens eux-mêmes.» Missio: La religion et la culture ont, selon vous, une grande influence l’une sur l’autre. Pouvez-vous nous donner un exemple? Legrand: «Pour une personne de l’Inde, la religion vient de l’intérieur. En Occident, on associe la religion avec l’intervention d’un dieu d’au-delà. Les Indiens ne comprennent pas ce qu’est la théologie précisément. Ils appellent cela la philosophie. Dieu est pour eux une réalité intérieure et la religion est une expérience interne. Il y a aussi une dif-

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Lucien Legrand: «Beaucoup de choses ont déjà changé en bien grâce aux Eglises. Quand j’étais encore actif dans le village où j’ai longtemps travaillé, il y a eu une période de grande sécheresse. C’est alors que l’Église a inventé la notion «food for work» (échange travail contre nourriture). Tout le monde a commencé à creuser des puits, chacun sur son propre terrain.

férence dans l’expression religieuse. En Inde, la relation avec Dieu est naturelle et spontanée. En Europe, nous cachons ce genre de chose. Si en Inde des gens passent en bus devant une église, ils feront spontanément avec leurs mains un geste d’adoration. Personne ne les regarde pour ça. Mais imaginez qu’un bus en Europe passe devant une église et que certains des passagers joignent les mains: les autres personnes regarderaient ça de façon bizarre. (Rires)» Missio: La Bible est-elle encore aujourd’hui un instrument pertinent? Legrand: «Tout d’abord et surtout, la pertinence de la Bible en Inde est énorme.

L’Inde est une terre d’écritures. Les Hindous ont les Védas, les musulmans ont le Coran. La Bible s’inscrit dans la série. Certainement, le Nouveau Testament est très populaire. Je connais un médecin hindou qui a consacré tout son temps libre aux évangiles. Il a même écrit un livre sur la figure de Jésus. Il en est tout autrement avec l’Ancien Testament qui est beaucoup plus difficile à comprendre pour les nonchrétiens. Mais peut-être aussi pour les chrétiens? La pertinence de la Bible va bien au-delà des seuls chrétiens.» Missio: Merci beaucoup pour cet entretien.


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La voix des peuples

La force des liens entre la Belgique et le Guatemala Pour de nombreux Belges, le Guatemala est un territoire inconnu. C’est Ă peine si nous savons le situer sur la carte du monde, sans parler de ce Ă quoi les gens s’y consacrent. Qu’en penser? Quelques Belges ont cependant un contact très ĂŠtroit avec ce petit pays. Le Guatemala est pour eux un pays d’inspiration, voire mĂŞme une seconde demeure, ses habitants sont de lointains voisins mais de bons amis. Herlinde Hiele

Certains de nos compatriotes sont chaque jour en activitĂŠ au Guatemala. Ils se rallient Ă la lutte entreprise pour que ces sympathiques habitants obtiennent une existence plus ĂŠquitable.

La colline d’Herent

Guatebelga

Un autre exemple de l’engagement de la Belgique envers le Guatemala, est Guatebelga, une asbl fondĂŠe par les familles et les amis de Serge Berten et de Walter Voordeckers. Ces deux jeunes Pères scheutistes ĂŠtaient dans les annĂŠes septante des missionaires actifs au Guatemala. Ils se sont engagĂŠs dans la lutte des paysans contre les grands propriĂŠtaires terriens. En 1980, Walter Voordeckers fut tuĂŠ et, deux ans plus tard, Serge Berten fut enlevĂŠ et probablement assassinĂŠ. Vingt ans plus tard, l’asbl Guatebelga fut fondĂŠe. L’association tente de faire avancer le travail de deux jeunes prĂŞtres. Elle se bat pour la dĂŠmocratie et les droits de l’homme au Guatemala et conduit des actions contre l’impunitĂŠ. Elle porte plainte contre des criminels et tente de les faire citer devant un tribunal.

Maes

En outre, il y a ĂŠvidemment encore diffĂŠrentes congrĂŠgations religieuses qui apportent leur contribution. Les SĹ“urs de Huldenberg, les SĹ“urs de Jacht, des Pères scheutistes, et des prĂŞtres Fidei Donum scheutistes agissent dans diffĂŠrentes parties du pays (voir la carte). Un de ces prĂŞtres Fidei Donum a ĂŠtĂŠ Cesar Maes, un prĂŞtre originaire de Overmere qui oeuvra au Guatemala de 1970 Ă 2003. Son travail ĂŠtait si inspirĂŠ que plusieurs sympathisants ont, après sa mort, poursuivi son travail. Ils ont crĂŠĂŠ la Fondation Padre CĂŠsar Maes. Cette organisation est active Ă Renaix et organise rĂŠgulièrement des concerts et d’autres actions de solidaritĂŠ en faveur du peuple maya au Guatemala.

L’enseignement est un droit fondamental

Missio est une des organisations actives au Guatemala. Le directeur national raconte: ÂŤJe trouve que l’Eglise au Guatemala rĂŠalise du très bon travail. La confĂŠrence ĂŠpiscopale a ĂŠlaborĂŠ un plan jusqu’en 2016. Cela porte sur ce que l’Eglise peut faire pour dĂŠfendre les droits de l’homme. Missio, en tant qu’organisation internationale, a dĂŠjĂ beaucoup comptĂŠ pour l’Eglise au Guatemala, entre autres pour l’enseignement catholique. Je suis, depuis mars 2010, le directeur de Missio Guatemala. Avec quatre autres religieux, je travaille au SecrĂŠtariat Ă Guatemala City. A nous quatre, nous ne pourrions pas mener Ă bien tout le travail, mais heureusement, nous pouvons compter quotidiennement sur de nombreux bĂŠnĂŠvoles. Une fois par an, tous les directeurs Missio d’AmĂŠrique centrale et du Sud se rĂŠunissent. Nous parlons de ce qui nous prĂŠoccupe. L’ambiance est toujours très agrĂŠable.Âť

cercle vicieux de la pauvretÊ. Sans formation, il est en effet difficile de trouver un emploi. Par ailleurs, les personnes non qualifiÊes sont souvent insuffisamment au courant de leurs droits et devoirs. Missio met cette annÊe à l’honneur une Êcole de Guatemala City. L’institut Emiliani Somascos à Guatemala City a ÊtÊ fondÊ afin qu’un enseignement catholique soit Êgalement organisÊ dans la capitale. Missio a aidÊ cette Êcole à dÊmarrer ses activitÊs et continue à l’aider pour assurer un bon fonctionnement. (cdr)

En outre, de nombreux enfants ne frĂŠquentent pas l’Êcole par manque d’argent. Ils travaillent souvent au lieu d’aller en classe. Par consĂŠquent, de nombreux GuatĂŠmaltèques stagnent dans le

Voudriez-vous aider Missio Ă soutenir cette ĂŠcole? *#"/ #& Â… #*$ #105#&#

Photo: Missio

Juan Grogorio Mendoza Arevelo

Bien que l’enseignement primaire soit obligatoire au Guatemala, de nombreux enfants ne sont pas scolarisĂŠs. Afin d’amĂŠliorer cette situation, le gouvernement guatĂŠmaltèque accorde beaucoup d’attention Ă un enseignement primaire gratuit. Mais les parents doivent se procurer eux-mĂŞmes les uniformes, les livres et le matĂŠriel scolaire et ÂŤgratuitÂť paraĂŽt donc bien n’être qu’une illusion.

Photo: Missio

Directeur de Missio Guatemala

Graphique: Missio

Le Guatemala n’est pas un pays officiellement partenaire de la CoopĂŠration belge au DĂŠveloppement. Mais au niveau des communes, la coopĂŠration au dĂŠveloppement y atteint de hauts sommets. Cette initiative est nĂŠe dans les annĂŠes quatre-vingt, lorsque des bĂŠnĂŠvoles engagĂŠs et des ONG ont frappĂŠ Ă la porte de leurs communes pour obtenir du soutien Ă des projets et des actions de solidaritĂŠ. La commune d’Herent, en particulier, a rĂŠalisĂŠ un jumelage avec des municipalitĂŠs de Coban et de CahabĂłn, deux zones du Guatemala. Ă€ peine 13.000 personnes y vivent, d’oĂš on peut facilement y travailler localement. Les liens entre ces zones et Herent sont forts. En dĂŠcembre de l’annĂŠe dernière, est dĂŠcĂŠdĂŠ le guatĂŠmaltèque Manuel Paau, un prĂŞtre maya qui ĂŠtait Ă mĂŞme d’inspirer d’autres personnes. Il avait sĂŠjournĂŠ plusieurs fois Ă Herent. Sa mort a donnĂŠ lieu Ă une rĂŠunion spirituelle avec chant, feu et cacao, au sommet d’une colline d‘Herent.


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L’Eglise avec ses deux pieds sur terre | partie 1: Guatemala

Brigitte Jorissen

Missio: Que font les missionnaires dans le Jocatán? Jean-Marie Boxus: «Depuis une cinquantaine d’années, les missionnaires travaillent à l’alphabétisation de la population. Nous avons construit des écoles, mis sur pied diverses campagnes pour apprendre aux gens à lire et à écrire. Le résultat est là: pendant ce temps des syndicats et des organisations populaires ont vu le jour, dont profite l’autonomie de la population locale. Les autorités politiques au Guatemala font tout pour faire taire l’Eglise, parce que celle-ci est très proche des gens dans les zones rurales. Aujourd’hui, il y a une forte pression dans le pays afin d’attirer les investisseurs étrangers. Le

Guatemala prend la route du capitalisme et les gens ordinaires s’en rendent compte. Récemment les autorités ont voulu lancer un grand projet économique mais la population locale n’y était pas associée. Elle a cité en justice celui qui a développé le projet. Et je les ai soutenus dans cette action. Aux yeux des autorités, nous sommes des fauteurs de troubles qui incitent les gens à la désobéissance civile.»

«Les autorités politiques au Guatemala font tout pour faire taire l’Eglise.» Missio: Que fait Missio au Guatemala? Boxus: «Missio agit beaucoup en faveur des enfants de la région. Chaque année nous organisons un rassemblement des enfants et des jeunes gens. Le slogan en est ‘Tu Vida es Mission’, ce qui signifie: ‘Ta vie est une Mission’. Nous pouvons vraiment apprendre des choses du Guatemala, qui est un pays de mission. Les jeunes sont très impliqués et organisent toutes sortes d’activités dans leurs paroisses. Chaque dimanche soir, les églises sont remplies de monde.»

Photo: Jean-Marie Boxus

Le Père Jean-Marie Boxus vit dans les montagnes du Jocatan,une région du Guatemala. Il y a 42 ans, il a quitté la Belgique, pour aller travailler là-bas comme missionnaire. Récemment, il était de retour au pays pour célébrer son cinquantième anniversaire de prêtrise.

Jean-Marie Boxus.

Prêtres Maya

«La population maya est très préoccupée par la spiritualité: il y en a, parmi elle, qui se veulent missionnaires sur base des traditions indigènes. Il y a également des prêtres-Maya qui mélangent tradition et religion. Nous essayons de les amener à la religion catholique. Mais, comme une croyance déterminée s’avère trop imposante, la population y fait résistance.» Missio: Quelle image de l’Eglise essayez-vous de donner? Boxus: «Nous sommes actifs dans six diocèses de l’est du Guatemala, où nous avons récemment fondé beaucoup de «communautés de la mission». Ce sont des communautés où les gens vivent et travaillent ensemble pour changer en mieux la société. Il s’agit d’un projet qui durera quatre ans, jusqu’à la Pentecôte 2014. Nous espérons que l’Eglise sera, d’ici là, dans un état de «mission continue». Nous attendons que tout un chacun s’efforce d’agir de façon appropriée. Nous luttons aussi contre l’exploitation des personnes et voulons être proches de celles-ci, pour exercer une bonne influence. Ces collectivités missionnaires sont ainsi devenues des communautés au sein desquelles la foi est très importante.» Une procession religieuse dans Jocatán Photo: Jean-Marie Boxus

Lu pour vous | Pasteur Musuvaho Un livre d’hommage vient d’’être publié à l’occasion des 70 ans de Mgr Jan Dumon, Secrétaire Général de l’Œuvre de St Pierre Apôtre à Rome et ancien directeur de Missio Belgique. Le titre de ces Mélanges est véritablement évocateur: «Qu’as-tu fait de ton frère?. Un passionné de la lecture et témoin des expériences de fraternité, en parle. Il s’agit du pasteur et théologien Musuvaho qui a déjà signé quelques titres significatifs sur la fraternité et la migration. Sylvain Kalamba Nsapo

Missio: De quoi s’agit-il dans ce livre? Pasteur Musuvaho: «L’ouvrage est un hommage à Mgr Jan Dumon. Il contient des réflexions sur la fraternité, la solidarité, l’interculturalité, etc. C’est là une manière de se situer dans la perspective de ce à quoi Jan Dumon à consacré sa vie.» Missio: Que trouvez-vous de spécial à ce livre? Musuvaho: «Dans un monde dominé par l’individualisme et la loi du plus fort, cet ouvrage permet d’attirer l’attention sur le fait qu’une société a besoin de symbole. Sinon, elle se condamne à la perdition.

Jan Dumon est perçu comme un symbole signifiant de façon concrète l’importance des valeurs de solidarité et du ‘mieuxvivre ensemble’. La mise en évidence de sa personnalité dans un collectif rappelle le sens d’une vie consacrée aux autres. Lui dédier une somme d’études sur la fraternité, révèle la volonté commune de croire qu’un autre monde est possible, où l’on peut s’aimer les uns les autres.» Missio: Y a-t-il une idée de ce livre dont il restera une trace en vous? Musuvaho: «Il apparaît que les personnes ayant contribué à la publication de ce livre

sont décidées à dire à tout le monde que l’avenir de l’humanité réside dans la gestion de l’idéal fraternel et dans la coexistence pacifique et harmonieuse. Philosophie, sociologie, théologie, exégèse, histoire, missiologie, sciences politiques, sont mises à contribution pour le sosuligner avec force.» Missio: À qui offririez-vous le livre ? Pourquoi? Musuvaho: «A toutes les personnes et à toutes les communautés en recherche d’un monde plus humain, plus fraternel. Tant il est vrai qu’il y a de quoi nourrir sa pensée et son action en lisant cet ouvrage capital.»


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SolidaritĂŠ

Lutte contre la contrefaçon de mĂŠdicaments Calendrier et l’expropriation des terres Au dĂŠbut du mois d’octobre 2012, il y aura, dans diffĂŠrents coins de la Belgique, le lancement de la campagne annuelle de Missio. Les activitĂŠs de lancement se dĂŠrouleront durant tout le mois d’octobre. Exceptionnellement, le diocèse de Tournai a prĂŠsentĂŠ la campagne d’octobre le 30 aoĂťt. Retenons quelques dates significatives en rapport avec la campagne d’octobre et d’autres campagnes de Missio:

Au Cameroun, l’Eglise apporte sa petite pierre à l’Êdification d’une sociÊtÊ Êquitable. Le RÊseau Africa Europe Faith and Justice Network s’attache depuis 2010 à lutter contre le commerce des mÊdicaments contrefaits et contre l’expropriation des terres au Cameroun. Missio Êpaule cette initiative.

Caroline Medats

Le rĂŠseau Africa Europe Faith and Justice Network (AEFJN), basĂŠ Ă Bruxelles, a quatorze antennes: douze en Europe, une au Cameroun et une en CĂ´te d’Ivoire. InspirĂŠ par la foi chrĂŠtienne et Ă l’initiative d’une cinquantaine de congrĂŠgations, cette organisation internationale se bat contre l’injustice et milite pour la promotion d’une sociĂŠtĂŠ ĂŠquitable. Pour rencontrer les besoins de la population, l’antenne camerounaise s’impliquera pour les annĂŠes Ă venir, dans une lutte en vue d’obtenir de bons mĂŠdicaments qui soient bon marchĂŠ, et aussi pour arriver Ă une autonomie alimentaire au niveau central. En 2011 et 2012, l’AEFJN a organisĂŠ, au Cameroun, cinq sessions de formation, d’une durĂŠe de trois jours, pour sensibiliser la population, dĂŠvelopper des stratĂŠgies et renforcer le rĂŠseau Ă travers le pays. Septante personnes appartenant Ă diffĂŠrentes congrĂŠgations y ont participĂŠ. A travers son Fonds CIM, Missio a financĂŠ la session de formation Ă Bamenda. Les participants y ont appris Ă distinguer les bons mĂŠdicaments de ceux contrefaits. Ils ont regardĂŠ un film sur la production de ces produits en Inde et ont discutĂŠ de plusieurs actions possibles. Après la discussion d’un cas d’Êtude sur l’expropriation des terres au Cameroun, la projection du film Planet to Sell et une

discussion sur les aspects juridiques de l’expropriation des terres, ils ont dÊveloppÊ des stratÊgies pour l’application de leur droit à l’autonomie alimentaire. Avec toutes ces connaissances, les participants peuvent sensibiliser ceux qui les entourent et les pousser à l’action. Parce que de bons mÊdicaments et une nourriture satisfaisante sont un droit pour tout un chacun!

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PrĂŠsentation de la campagne et du matĂŠriel pĂŠdagogique aux enseignants

-JoHF

Depuis 2011, le CIM a ĂŠtĂŠ intĂŠgrĂŠ dans Missio. Le Fonds-CIM soutient des micro-projets pastoraux de congrĂŠgations en Afrique, en Asie et en AmĂŠrique Latine.

Lancement de la campagne (Rue des Bruyères 127, 4000 Liège)

-JoHF

Souhaitez-vous soutenir le Fonds CIM de Missio? "MPST GBJUFT VO EPO BV DPNQUF

JournĂŠe interculturelle Ă Dison.

,JDL PGG Lancement de la campagne dans tous les diocèses de l’Eglise belge.

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#SBCBOU 8BMMPO CĂŠlĂŠbration eucharistique pour lancer la campagne au Vicariat de Wavre. Heure: 9h.

#SBCBOU 8BMMPO JournĂŠe interculturelle Transmission Ă Gentinnes (paroisse et mĂŠmorial Kongolo)

Une ĂŠquipe de AEFJN au Cameroun

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Visite de la coordinatrice

UN BONJOUR DU SÉMINAIRE |

Des sĂŠminaristes engagĂŠs dans la sociĂŠtĂŠ Dans la ville d’Isiro (Province Orientale de la RD Congo), on remarque que les sĂŠminaristes s’impliquent dans la vie sociale. Georges Talizo, recteur du grand sĂŠminaire Bienheureuse Anoalite, livre, Ă ce sujet, un tĂŠmoignage: Après avoir parlĂŠ de l’implication des prĂŞtres formateurs dans la pastorale de la ville d’Isiro, il fait remarquer que les sĂŠminaristes sont eux-mĂŞmes engagĂŠs dans la paroisse Notre-Dame de l’Annonciation Tely (lieu d’implantation du sĂŠminaire), surtout dans les services liturgiques (cf. chorale, lectorat). Et de poursuivre: ÂŤNous ne mettons non plus de cĂ´tĂŠ les actions caritatives Ă l’occasion des temps forts de l’Eglise (Avent et CarĂŞme).

Bien plus, notre emplacement à proximitÊ des deux formations sanitaires: l’Hôpital GÊnÊral de RÊfÊrence

ÂŤLes domaines d’intervention les plus en vue sont notamment: les prières, les accompagnements spirituels et moraux, les dons du sang aux anĂŠmiques, l’assistance matĂŠrielle‌

et la Clinique Universitaire, nous permet d’intervenir de temps en temps en faveur de quelques malades en difficultĂŠ. Les domaines d’intervention les plus en vue sont notamment: les prières, les accompagnements spirituels et moraux, les dons du sang aux anĂŠmiques, l’assistance matĂŠrielle‌ Un autre domaine non nĂŠgligeable des implications du SĂŠminaire dans la vie sociale de la ville est bien ĂŠvidemment l’encadrement de quelques ĂŠtudiants, entre autres: en direction spirituelle; octroi d’un cadre de travail intellectuel (salles, lumière) et de recherche; initiation en informatique; orientation pour les travaux acadĂŠmiques, voire leurs saisies, etc.Âť

Lancement de la campagne. Du 12 au 19 octobre, la soeur Hubertine Babe de Papouasie-NouvelleGuinÊe sera dans les paroisses et les Êcoles pour parler de son travail. Elle sera associÊe à d’autres ÊvÊnements et livrera son tÊmoignage.

/BNVS Lancement de la campagne lors de l’ouverture de l’AnnÊe de la Foi. Heure: 14h45. Lieu: Beauraing.

/BNVS JournĂŠe missionnaire des enfants Ă Beauraing: ÂŤLa rencontre est une chance et un dĂŠfiÂť. Heure: 9h30-16h. Grande veillĂŠe missionnaire en compagnie de Jean-Claude Gianadda. Lieu: CathĂŠdrale de Namur. Heure: 20h.

%nCVU KBOWJFS $IBOUFVST h M¾nUPJMF L’occasion est donnÊe aux enfants d’exprimer leur solidaritÊ à l’Êgard d’autres enfants du monde.

+PVSOnF EF M¾"GSJRVF La JournÊe de l’Afrique est l’expression de la solidaritÊ de l’Eglise de Belgique avec les Eglises de la rÊgion des Grands Lacs.

Dimanche de la .JTTJPO 6OJWFSTFMMF 21 octobre 2012.


Suara 7 49

La voix des peuples

Erratum

Column

Dans le Suara 48, Emilio Platti nous a accordé une interview. Nous nous excusons sincèrement de l’erreur de traduction repérable dans la version française de notre journal. En effet, à la question de savoir «quelle est la situation des Chrétiens en Egypte aujourd’hui?», il est noté que « des lieux de culte salafistes ont été attaqués. Des mausolées de soufis… ont subi le même sort…». Ce n’est pas la bonne traduction. Ce que Emilio Platti veut souligner, c’est que «des salafistes ont attaqué des églises et des mausolées de soufis…». Nous vous remercions de votre compréhension!

Michel Coppin Pendant un séjour agréable dans notre monastère au bord du lac de Constance, j’ai lu dans l’Osservatore Romano une contribution de Mgr Müller. En tant que préfet, récemment nommé, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il écrit: «Comment peut-on parler de l’amour et de la miséricorde de Dieu, alors que tant de personnes souffrent? Des gens qui n’ont ni nourriture, ni eau et qui ne savent pas comment ils peuvent offrir un avenir à leurs enfants, là où la dignité humaine est foulée aux pieds et où les droits de l’homme sont ignorés par les dirigeants?»

Rédaction de Suara

Prière de la campagne d’octobre 2012

Dans le même écrit, Mgr Müller brise une lance en faveur de la théologie de la libération qui a débuté, en particulier, en Amérique latine. Selon lui, chaque pensée théologique doit conduire à des formes concrètes de libération. Dieu veut amener tous ses enfants à la liberté. Sa Parole est fondamentalement libératrice pour ceux qui y sont réceptifs. Mais il nous appelle aussi tous à nous engager pour cette liberté.

Père très aimant Chaque jour, je rencontre pas mal de gens. Certains de manière superficielle, D’autres de façon plus profonde. J’en rencontre dans l’environnement du travail, et d’autres en tant qu’amis fidèles. Certaines rencontres sont épisodiques, mais avec d’autres personnes je reste en contact régulier. Certaines habitent à proximité et d’autres sont plus éloignées. Parfois je me pose la question de savoir si notre monde nous laisse encore la chance de connaître les gens de façon approfondie. Disposons-nous d’assez de temps pour écouter les joies et les peines des autres? Ai-je l’énergie nécessaire pour apprendre à connaître cet autre qui, loin de moi, tente aussi de construire sa vie?

Les résultats des analyses doivent être mis à l’épreuve à la lumière de l’Evangile et de la doctrine sociale de l’Eglise. De cette interaction, se formeront des plans qui conduiront les personnes vers une libération sociale et une libération intérieure. Le désir le plus profond de Dieu est que nous puissions vivre ensemble en hommes libres. Ou au moins que nous cherchions des chemins qui fassent que ce rêve devienne en partie réalité. Ecouter la Bonne Parole libère ceux qui ne sont pas libres.

Et alors, je me demande si j’ai encore la possibilité de Te trouver. Seigneur, Toi qui désires donner pleine vie à chacun. Est-ce que je trouve encore le temps de lire et de méditer les récits qui parlent de ton Fils Jésus et de ses nombreuses rencontres? Des récits qui m’apprennent comment Tu veux nous rencontrer et qui me montrent clairement comment je peux aborder les hommes, qu’ils me soient proches ou éloignés, et ce avec un amour solidaire, sans tenir compte de la moindre frontière.

Telle est la route sur laquelle veut avancer Missio. Nous voulons, à partir d’un message libérateur, accompagner les personnes dans la création de communautés de vie où chacun se sente chez lui. Nous voulons faire cela par la prière et avec un soutien financier et scientifique. Nos projets visent à ce que le rêve de Dieu devienne réalité et aussi à créer des lieux où les gens vivront en bonne communauté. Ainsi, nous construirons une société où l’oppression et la peur n’auront plus leur place.

Michel Coppin

OURS 12ième année Suara est un mot indonésien qui signifie voix. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le désert. Au-delà d’être la voix des “sans-voix”, il nous revient de faire en sorte que les “sans-voix” en arrivent à avoir leur propre voix. Rédacteur en chef: Kenny Frederickx Rédaction finale: Kalamba Nsapo Ont collaboré: Michel Coppin, Catherine De Ryck, Herlinde Hiele,

Brigitte Jorissen, Kalamba Nsapo et Caroline Medats Photos: Herlinde Hiele, Erik Törner, Missio, Xavier Vankeirsbulck, Pascal André Mise en page et impression: Halewijn Printing & Publishing Directeur National: Michel Coppin Editeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internationale de solidarité et d’échange entre communautés chrétiennes et de pro-

motion des rencontres interculturelles et interreligieuses. Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales. Secrétariat National de Missio Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio Brabant-Wallon Ch. de Bruxelles, 67 1300 Wavre Tél.: 010 23 52 62 brabant.wallon@missio.be

Le prélat ajoute avec prudence qu’une lecture exclusivement marxiste de la société n’est pas la mieux appropriée. De mes expériences de terrain, je ne puis que rejoindre son propos. Mais cela ne nous dispense pas de la tâche d’analyser la société. Cette analyse doit être effectuée dans le cadre des diverses sciences humaines. Avec seulement des mots pieux, vous ne découvrirez pas les conséquences négatives des structures injustes du pouvoir et de la propriété. Mais l’analyse purement sociologique, psychologique ou économique, ne sera pas non plus suffisante.

Missio Bruxelles Rue de la Linière, 14 1060 Bruxelles Tél.: 02 533 29 80 bruxelles@missio.be Missio Eupen Bergkapellestrasse 46 4700 Eupen Tél.: 087 55 25 03 eupen@missio.be

Missio Liège Maison des Bruyères Rue des Bruyères 127/129 4000 Liège Tél.: 04 229 79 40 liege@missio.be Missio Namur Rue du Séminaire, 11 5000 Namur Tél.: 081 25 64 46 namur@missio.be

Missio Tournai Rue des Jésuites, 28 7500 Tournai Tél.: 069 21 14 59 tournai@missio.be IBAN: BE19 0000 0421 1012 BIC: BPOTBEB1 Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fiscale pour les versements effectués.


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La voix des peuples

Dialogue

PASCAL ANDRÉ | R

sans-papiers, les réfugiés, les demandeurs d’asile et les mendiants de toutes sortes qui viennent nous déranger dans notre petit confort bourgeois. L’Église, fort heureusement, ne s’est jamais désintéressée de ces personnes et est toujours présente à leur côté, notamment à travers les nombreuses associations qui travaillent en son nom (Caritas, Missio, Entraide et Fraternité, Justice et Paix, Pax Christ…).»

encontre

ChrétienSdans la société olidarité

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler les choses simples, bien connues de certaines personnes. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à Pascal André, journaliste et chef d’édition du journal «Dimanche», de répondre à quelques questions qui permettent de rappeler les enjeux publics de la foi et de comprendre ce que c’est qu’être chrétien au XXIè siècle. Ainsi, nous rejoignons à la fois le thème de la campagne de Missio et la lettre pastorale des évêques de Belgique intitulée «Etre chrétien aujourd’hui». Sylvain Kalamba Nsapo

«Dans certains pays, comme l’Espagne, par exemple, des prêtres ont renoncé à une partie de leur salaire par solidarité avec les plus pauvres. Très peu de gens le savent.» Cette opposition larvée mais bien réelle ne doit cependant pas nous empêcher de témoigner de notre foi, là où nous sommes: famille, école, paroisse, boulot, association, etc. Car si nous sommes vraiment convaincus que cela vaut la peine d’être chrétien et si notre foi est véritablement source de paix et de profonde humanité, nous devrions n’avoir qu’une seule envie: partager avec le plus grand nombre ce qui nous fait vivre et nous met en joie. Bien sûr, il n’est pas toujours facile de ramer à contre-courant, mais personne n’a jamais dit que cela le serait. Jésus lui-même prévient: «Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom, mais celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé» (Mt 7,13-14).

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Missio: Comment nous efforçonsnous d’être signe et instrument du Règne d’amour, de paix et de justice dans notre société, nos familles, nos écoles, nos paroisses? Pascal André: «Il faut bien le reconnaître: nous n’osons pas toujours témoigner de notre foi, parfois même auprès de nos propres enfants. Un peu comme si nous avions honte de ce que nous sommes. Il est vrai que la société n’est pas toujours tendre avec les chrétiens. Certes, nous sommes loin d’être persécutés, comme le sont nos frères et sœurs du Nigeria, de Somalie, du Pakistan, d’Irak ou d’Inde. Mais il ne faut pas sous-estimer pour autant la montée de l’intolérance religieuse dans nos pays. La foi et l’Évangile sont effectivement devenus un corps étranger dans notre culture. Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU à Genève, le rappelait encore récemment : parce qu’en Occident, elle est perçue comme entravant les libertés individuelles, la religion est de plus en plus reléguée dans la sphère privée. Une stratégie sournoise et redoutablement efficace, qui vise à empêcher les valeurs chrétiennes d’être prises en compte dans les décisions publiques, explique le prélat.

Sommes-nous pour autant appelés au martyr, à verser notre sang pour l’Evangile? Non, nous n’en sommes pas là, fort heureusement, mais l’Évangile est d’une telle radicalité qu’il est difficile, avec lui, de faire dans la demi-mesure. En effet, «il ne suffit pas de dire: ‘Seigneur, Seigneur!’ pour entrer dans le Royaume des cieux» (Mt 7, 21), il faut faire la volonté de Dieu, insiste Jésus. Nous ne sommes donc pas chrétiens que le dimanche, pendant la messe, ou lorsque cela nous arrange. C’est à tout moment de notre vie que nous sommes appelés à témoigner de notre foi.» Missio: Comment sommes-nous des signes de la rencontre entre Dieu et les sans-abri ou les demandeurs d’asile de notre société? André: «Voilà bien un domaine où les chrétiens ont un rôle à jouer. La proximité avec les pauvres et l’accueil de l’étranger sont effectivement au cœur du message évangélique. Dans leur dernière lettre pastorale,

intitulée “Être chrétien aujourd’hui”, les évêques de Belgique insistent d’ailleurs beaucoup sur ce point, surtout dans le chapitre qui concerne le service et la solidarité. «C’est justement parce que nous sommes chrétiens, que nous avons accueilli la parole de l’Évangile et que nous célébrons la liturgie», écrivent-ils, «que nous sommes appelés à nous faire les amis des pauvres et à vivre des formes concrètes de solidarité.» Il est donc normal, à leurs yeux, que les chrétiens soient présents «partout où la vie et la véritable humanité sont détruites ou menacées». On peut difficilement faire plus clair. Il suffit de toute façon de relire les évangiles pour voir à quel point Jésus était proche de celles et ceux qui souffrent ou qui sont en détresse. «Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens», va-t-il même jusqu’à dire, «c’est à moi que vous le faites.» Et s’il était né à notre époque, nul doute qu’il serait allé en priorité vers celles et ceux dont personne ne veut: les SDF, les personnes du Quart-monde, les Roms, les

Missio: Comment les fidèles, les prêtres et les évêques de l’Eglise de Belgique sontils des signes de Dieu dans une société secouée par la crise internationale? André: «Il est regrettable que les affaires de pédophilie aient partiellement, voire complètement, occulté certaines prises de position très audacieuses de l’Église dans le domaine socio-économique. Car contrairement à ce que pensent certains, celle-ci ne s’est jamais désintéressée des grandes questions et des défis de notre temps, et la crise économique que nous traversons actuellement en fait certainement partie. Ainsi, dans «Caritas in veritate», la première encyclique sociale de son pontificat, Benoît XVI n’a-t-il pas hésité à condamner les excès du capitalisme financier et à rappeler que l’être humain «est le premier capital humain à sauvegarder». S’il n’avait pas de «solutions techniques à offrir» pour résoudre la crise actuelle, le pape a malgré tout donné quelques pistes concrètes: consacrer une part plus importante de notre produit intérieur brut au développement, gérer de manière beaucoup plus humaine les flux migratoires, développer un tourisme responsable, renforcer le pouvoir des organisations syndicales, réglementer le secteur de la finance, réformer l’ONU ou encore mettre en place une véritable Autorité politique mondiale. Ces propos, bien que relayés par nos évêques, n’ont eu malheureusement que très peu d’échos dans nos médias. Pas plus d’ailleurs que les initiatives menées ici et là, dans l’Église, pour venir en aide aux premières victimes de la crise. Dans certains pays, comme l’Espagne, par exemple, des prêtres ont renoncé à une partie de leur salaire par solidarité avec les plus pauvres. Très peu de gens le savent et c’est dommage, car ils sont de plus en plus nombreux à croire que l’Église catholique ne s’exprime que pour défendre le droit à la vie et la famille traditionnelle.»

Missio: Ont-ils été des instruments de Dieu dans le contexte des problèmes communautaires ayant agité la vie politique belge? André: «J’ignore si l’Église a été un instrument de Dieu dans le contexte des problèmes communautaires qui ont agité la vie politique belge ces dernières heures. La seule chose que je peux dire, c’est que la conférence épiscopale de Belgique est l’une des rares institutions de notre pays à avoir conservé une structure unitaire. Personnellement, je trouve rassurant de voir que les évêques du Nord et du Sud continuent de se parler et d’échanger, tout en étant confrontés à des problématiques très différentes. Pour ce qui est des prêtres et des fidèles, je crains malheureusement qu’à part l’une ou l’exception, ceux-ci suivent la même voie que le reste de la population, celle de la méconnaissance mutuelle et de la séparation. C’est dommage, car nous avons la chance de vivre dans un pays où plusieurs cultures se côtoient. Nous pourrions tellement nous apporter les uns les autres.»


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