Suara 59: Chrétiens du Moyen-Orient

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suara le journal de l’église en mission Trimestriel » 15ème année n°59 » mars / avril / mai 2015

Chrétiens du Moyen-Orient

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» VÉHICULES POUR LA MISSION » CHANTEURS À L’ETOILE » AVEC JÉSUS, SORTIR DE LA VIOLENCE

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PHOTO: GALINA BARSKAYA / SHUTTERSTOCK

editorial

sommaire suara 59

Bien malin qui peut prétendre tout connaître des tenants et aboutissants des conflits qui déchirent notre monde aujourd’hui.

“La promotion des valeurs de liberté, d’égale dignité et de respect de tous les êtres humains contribuerait à apaiser l’instrumentalisation de la religion au Moyen-Orient.”

Tout connectés que nous soyons, des données nous échappent et la vitesse de diffusion de l’actualité fait que nous oublions vite ce qui, hier, faisait la une des medias.

Dans le tohu-bohu médiatique qui a suivi les attentats islamistes des Paris et d’ailleurs, les regards se sont de nouveau tournés vers le Proche-Orient. On le sait, une des conséquences de la radicalisation d’un certain islam dans la région est la précarité de la situation des chrétiens qui y vivent. Que ce soit en Egypte, en Irak ou en Syrie, beaucoup connaissent l’angoisse du lendemain, sont chassés de leur maison, de leur ville.

Certains décident de rester. D’autres préfèrent l’exil.

Mais ce choix n’est jamais simple, comme le suggère la photo de notre couverture. Nous ne voyons qu’une moitié du visage de cette jeune femme. Quels sont les sentiments, les interrogations qui nous échappent?

Avec ce numéro de Suara, nous tentons d’apporter des éléments de réponse aux questions que nous nous posons. Nous avons recueilli des témoignages de chrétiens qui vivent en Irak, en Syrie. Certains ont préféré garder l’anonymat.

Et aussi de personnes qui ont quitté la région mais continuent à se préoccuper de ce qui s’y passe.

Il nous paraît en tout cas important qu’on n’oublie pas nos frères chrétiens du Moyen-Orient qui sont les héritiers des premières communautés de disciples du Christ. Nous souhaitons vous partager notre conviction que le maintien de leur présence dans la région est essentiel.

» Lire l’article en page 6.

“Je rêve parfois que les chrétiens aient une foi plus solide. mais je sais que la plupart d’entre eux vivent avec la peur au ventre.” » Lire l’article en page 7.

“Jésus, lui, reconnaît la part positive de toute personne et l’invite à faire de même avec les autres.” Une clé pour sortir de la violence? » Lire l’article en page 10.

DANS CE NUMERO Chrétiens en Syrie Véhicules pour la mission Les Chanteurs à l’Etoile à Bruxelles Projet pour les réfugiés en Irak Missio, un nom, des personnes À noter Billet

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PHOTO: TAREK ZELN

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PHOTO: JUDIT KLEIN

chrétiens dans le monde

Un chrétien d’Alep témoigne Maurice Agob, catholique du rite Maronite*, est professeur de philosophie dans plusieurs écoles d’Alep et membre de divers organes de l’Eglise locale, notamment du Conseil pastoral du diocèse maronite. Comme beaucoup de chrétiens syriens il est confronté à la question du maintien de la présence chrétienne en Syrie. »» MAURICE AGOB (TRADUIT PAR DIBO HABBABÉ DOCTORANT À LA KULEUVEN)

Rester pour témoigner

Le contexte actuel de guerre, a des effets divers sur la façon dont les chrétiens de Syrie vivent leur foi aujourd’hui. Il faut une foi solide pour interpréter la crise syrienne à la lumière de l’Evangile. On découvre ainsi une nouvelle manière d’accomplir sa vocation et on envisage sa présence comme une mission et un témoignage; cette présence est comme une réponse des chrétiens à l’amour du Christ. C’est pour cela que certains décident, en toute conscience de ne pas quitter la Syrie.

violence?». Ils en viennent même à la dépression et au désespoir. Ceux-là décident de quitter le pays par tous les moyens, légaux et illégaux. Ceux qui ne peuvent pas partir restent à contrecœur. Beaucoup accusent l’Église de ne pas assumer ses responsabilités… Comment les blâmer? Leurs rêves d’avenir sont morts, étouffés par l’angoisse!

Des signes d’espoir

Cependant, malgré les multiples dangers en Syrie, des signes d’espoir apparaissent. L’Eglise continue à vivre et à témoigner. Comme les équipes de Notre-Dame d’Alep qui ont organisé en novembre 2014 et janvier 2015 diverses rencontres pour accompagner le Synode des évêques sur la famille. Les chorales d’Alep continuent d’organiser des récitals et de veillées de prières et de méditation.

“La présence des chrétiens est une mission, un témoignage”

Être attentif à nos frères

Comme les premiers chrétiens, ils sont assidus à la prière et à l’eucharistie, surtout pendant ce Carême. C‘est pour eux une incitation à restaurer leurs relations avec les autres, à se réconcilier et à être plus attentifs aux besoins de leurs frères en humanité. Ils se rapprochent ainsi d’avantage de Dieu et de l’autre, quel qu’il soit. C’est la vocation du chrétien au sein de sa communauté.

Partir?

Certains cependant, en viennent à accuser Dieu et douter de son existence. Ils se demandent: «S’il existe vraiment, comment permet-il toute cette

La présence chrétienne à Alep a des racines profondes, dans la terre où le Christ a vécu et où ses premiers disciples ont diffusé sa bonne nouvelle aux peuples. Sur la croix, Jésus a racheté l’humanité; c’est pour nous le signe de son amour pour son Dieu, son Père, et pour l’homme qu’il invite à la vie éternelle. •

* L’Eglise Maronite, catholique de rite oriental, est rattachée à Rome

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projets

Une moto pour M. le Curé!

Pour remplir sa mission et donner les sacrements aux paroissiens Népomuscène a besoin d’une nouvelle moto, robuste et adaptée aux pistes. La communauté ecclésiale locale prend en charge l’assurance, les taxes, la plaque d’immatriculation et le transport de la moto. Népomuscène et sa communauté pourront-ils aussi compter sur votre aide? •

Avec l’action ‘Moyens de transport’, Missio aide les communautés chrétiennes en Afrique, Amérique Latine et Asie à acquérir des véhicules facilitant leur travail pastoral.

Grâce au soutien financier de Missio, des prêtres, religieux et religieuses, catéchistes, peuvent acheter une moto, un vélo, voire un hors-bord. Nous demandons une contribution locale. En Afrique, nous avons tissé des liens particuliers avec les églises locales du Burundi, du Rwanda et de la R.D. Congo. En Asie, nous travaillons en partenariat avec les Philippines, l’Inde, le Myanmar et Sri Lanka.

Sur la route

En Afrique, de nombreux prêtres, religieux et agents pastoraux, ont de longues distances à

parcourir pour visiter leurs fidèles. En outre l’infrastructure routière en mauvais état rend l’accès aux communautés chrétiennes difficile aux véhicules non adaptés.

L’histoire de Népomuscène

Népomuscène Harelimana, curé de Muyanza au nord du Rwanda, en sait quelque chose!

Récemment encore, il enfourchait sa moto rouge pour se rendre dans les coins reculés de la paroisse, visitant les fidèles, célébrant l’Eucharistie et d’autres sacrements. Aujourd’hui, à cause du mauvais état des routes, sa moto est bonne pour la ferraille.

Népomuscène et sa vieille moto.

SOUTENIR L’ACTION VÉHICULES Vous souhaitez participer à notre action Véhicules pour aider les prêtres, religieux(ses) et agents pastoraux dans leur mission? Versez votre contribution sur le compte deMissio asbl:

IBAN BE19 0000 0421 1012 • BIC BPOTBEB1 • Communication: “Suara Véhicules” Ou rendez-vous sur www.missio.be S’agissant de projets pastoraux nous ne pouvons pas délivrer d’attestion fiscale.

Pensez au legs!

Pour qu’après vous votre générosité demeure, choisissez dès maintenant la solidarité grâce à un legs mentionné dans votre testament. Vous pourrez ainsi continuer à aider les communautés locales qui, au Myanmar, en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs, annoncent l’Evangile. Ce testament peut être manuscrit (écrit de votre propre main), doit être daté et signé par vous ou fait devant notaire. Vous y pensez?

Renseignez-vous auprès de votre notaire ou contactez le directeur de Missio Belgique, le Père Michel Coppin: dir@missio.be ou 02 679 06 30.

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PHOTO: MISSIO

»» CATHERINE DE RYCK

Dans les coulisses de Missio

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Les Chanteurs à l’Etoile dans un home

En Belgique francophone, les groupes de Chanteurs sont peu nombreux. Mais ils savent être créatifs.

Dans le cadre du cours de religion, des enfants de 4ème primaire de l’Ecole Européenne de ‘’Bruxelles II’’ sont ainsi allés chanter pour les personnes âgées dans une maison de retraite. Ils racontent. »» ARMELLE GRIFFON AVEC LA COLLABORATION DE: ADRIEN, ARNO, ELLIOT, FLORE, GABRIEL, INGRID, KASPAR, LÉA, LUCAS, MANON, MIALY, NOA, PÉNÉLOPE, VADIM, ZOÉ

“Le 16 janvier 2015, le cours de religion était un peu spécial. Au lieu d’aller en classe, nous avons enfilé des gilet fluos des Chanteurs à l’Etoile de Missio et nous sommes allés chanter des chants d’Epiphanie à la maison de retraite, à côté de l’école européenne de Woluwe. Madame nous a dit que cette année, Missio aide les enfants du Myanmar réfugiés en Thaïlande.”

Les élèves du cours de religion catholique de 4ème primaire francophone

L’action des Chanteurs à l’Etoile vous tente?

Vous voulez en savoir plus sur cette activité de Missio?

Rendez-vous sur www.missio.be

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pour aller plus loin

Non à l’instrumentalisation de la religion Le Pr Younès enseigne la théologie à l’Université Catholique de Lyon.

Spécialiste reconnu du Moyen-Orient, il livre ici à Missio quelques clefs pour comprendre la situation qui prévaut dans cette région aujourd’hui. »» EMMANUEL BABISSAGANA

Pouvez-vous nous apporter votre éclairage sur la situation qui prévaut aujourd’hui au Moyen Orient?

Michel Younès: “Sur le plan géopolitique, les conflits qui ensanglantent le Moyen-Orient ont plusieurs causes, parmi lesquelles les guerres menées par des puissances occidentales pour chasser des dictateurs en Irak et en Syrie, sans en mesurer toutes les conséquences. C’est aussi un conflit

“l’Eglise est en situation delicate au Moyen-Orient.

Elle doit veiller aux consequences de ses prises de position.”

l’échec de l’islam politique, (style frères musulmans en Egypte) a ouvert la voie à l’islamisme politique qui ensanglante aujourd’hui l’Irak et la Syrie, en instrumentalisant la fibre religieuse pour raviver ou créer des tensions entre Chiites, Sunnites, Alaouites, Kurdes, minorités chrétiennes, etc.”

à plusieurs tiroirs ethno-religieux et mêlant des frustrations séculaires de certaines communautés. D’autre part,

Quelle est la position du Vatican?

M. Younès: “Je n’ai pas une vue d’ensemble de la position du Vatican, mais j’observe deux choses, d’abord une grande

solidarité entre minorités chrétiennes dans la région, et ensuite des initiatives fortes de la part de certaines personnalités de l’Eglise, à l’instar de celle du Cardinal Philippe Barbarin, évêque de Lyon, qui a mobilisé son diocèse pour fournir de l’aide matérielle aux chrétiens d’Irak, et s’est personnellement rendu en Irak au plus fort de la crise.”

Rome est parfois accusée d’être trop discrète dans ce dossier, partagez-vous cette critique?

M. Younès: “Non, l’Eglise est en situation délicate dans cette région, car elle doit faire attention à ses prises de position, dont les conséquences pourraient être terribles pour les chrétiens vivant sur place.”

Espérance chrétienne

La démocratie, est-ce la panacée aux maux qui minent la région?

M. Younès: “La promotion des valeurs de liberté, d’égale dignité et de respect de tous les êtres humains contribuerait certainement à apaiser l’instrumentalisation de la religion aux fins d’asservissement ou de guerre.”

PHOTO: ZOUHAIR GHAZZAL

Êtes-vous optimiste pour l’avenir des minorités chrétiennes?

M. Younès: “Oui, un optimisme basé sur l’espérance chrétienne, mais qui n’ignore pas les défis concrets à relever, et notamment celui d’une implication plus juste et plus cohérente de la ‘’communauté internationale’’ dans la région.” •

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PHOTO: CHRIS DE BRUYN

VIE DES EGLISES EN IRAK

La lourde croix des chrétiens iraquiens La situation dans une grande partie du Moyen-Orient, notamment en Irak est difficile, voire invivable pour un grand nombre de personnes. Certains groupes de population, parmi lesquels les chrétiens de diverses Eglises orientales, présents depuis 2000 ans dans la région, vivent aujourd’hui un véritable calvaire. Missio a rencontré un témoin Belge vivant en Irak. Compte tenu de la situation catastrophique de la région, il souhaite garder l’anonymat. »» CATHERINE DE RYCK

Pouvez-vous décrire brièvement la situation en Irak?

“Depuis la chute de Saddam Hussein (2003), l’Irak peine à trouver un bon équilibre. La communauté musulmane chiite a semé de la confusion. Avec l’aide des iraniens, les chiites ont pris le contrôle de Bagdad et n’ont pas

hésité à opprimer la minorité sunnite. Les chiites ont par la suite été aussi soutenus par le premier ministre Al-Maliki. Les nouveaux responsables politiques essaient de restaurer un juste équilibre entre les sunnites et les chiites et de mettre en place un gouvernement intègre. L’Irak veut aussi construire une armée capable de réduire l’organisation extrémiste “État islamique”.”

“Le nombre de chrétiens ne cesse de diminuer en irak. Ils étaient 1,3 millions en 2003.”

Quelle est la situation des chrétiens dans ce contexte?

“La vie n’est pas facile pour les chrétiens en Irak. En 2003 on estimait leur nombre à 1,3 millions mais depuis lors, il a chuté de façon spectaculaire. L’organisation de l’Etat Islamique a déplacé tous les non-musulmans vers le nord du pays. Ailleurs dans le pays, des chrétiens habitent encore dans des zones à majorité musulmane mais ils sont tout juste tolérés et pas vraiment accueillis.” 4

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Oppression et discrimination

“En Mésopotamie – la zone située entre le Tigre et l’Euphrate – à cheval sur la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, les chrétiens sont présents depuis le 1er siècle.

Ils ont souvent été persécutés au cours de l’histoire, comme en témoignent les martyrs persans des quatre premiers siècles après Jésus-Christ, les raids Mongols aux 8ème et 9ème siècles ou le génocide sous les Turcs Ottomans de 1895 à 1915. Ils ont subi l’oppression et la discrimination et ont dû lutter pour se faire accepter. Ce qui ne les a pas empêchés de développer un riche patrimoine religieux et culturel, du 4ème au 7ème siècle notamment. Sous le califat Abbasside (749-1258), un dialogue s’est noué entre le christianisme et l’islam. Malheureusement les chrétiens sont ensuite devenus des citoyens de seconde zone et ont été marginalisés.”

Aliénation

Y a-t-il tout de même des signes de coopération entre chrétiens et musulmans en Irak?

“Oui, bien sûr, mais surtout dans le passé. Par exemple, les Dominicains Français avaient mis en place un projet éducatif auquel ont participé des jeunes chrétiens et musulmans. Des liens s’étaient tissés.

Je connais également un Centre d’études orientales, où les chrétiens de la région ont eu l’occasion de se familiariser avec leur propre tradition. Souvent, ils s’en étaient éloignés et ne connaissaient que le rite Latin.

Des chrétiens de différents courants y ont participé, ainsi que des enseignants musulmans, notamment des professeurs de philosophie arabe. Un certain nombre d’étudiants musulmans ont également fait des thèses de doctorat sur des sujets chrétiens. Je crains seulement que cela ne tombe dans l’oubli.”

Que peut faire l’Eglise pour les chrétiens d’Irak?

“Des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses ainsi que de nombreux bénévoles de différentes communautés ecclésiales sont engagés auprès des chrétiens de la région. Ces derniers ont besoin d’une aide matérielle, parce que les villes et villages ont été détruits et les gens ont dû quitter leur foyer.

Mais les besoins spirituels et pastoraux sont également grands. Malheureusement, la communauté chrétienne est très divisée: les prêtres syriaques se demandent s’il faut ou non rester sur place; le 8»

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PHOTO: HOVIC

A partir du 13ème siècle, les chrétiens sont devenus des citoyens de seconde zone.”

patriarche chaldéen exhorte les fidèles à ne pas abandonner le pays. Mais les gens ne peuvent plus les accueillir. Parfois, je rêve que la foi des chrétiens soit plus solide, afin qu’ils puissent endurer le pire.

Mais je me rends compte que la plupart d’entre eux vivent avec la peur au ventre.”

Porter sa croix

C’est bientôt Pâques. Comment les chrétiens d’Irak vivront-ils ce moment?

“Pâques est la fête religieuse la plus importante de l’année liturgique dans le rite oriental. La situation actuelle jette un éclairage particulier sur ces célébrations pascales. La souffrance y est au premier plan.

Aussi l’Eglise chaldéenne peut-elle reprendre à son compte la tradition latine du chemin de Croix. C’est de la souffrance de ces chrétiens méprisés qui portent leur croix jusqu’au bout que nous parle la Passion.”

Comment voyez-vous votre avenir en Irak?

“Je ne suis pas (encore) vraiment intéressé par mon avenir personnel. Je me confie à la grâce de Dieu.

Elle me donne tant d’inspiration et de force que je ne ressens que de la gratitude.”

Pour les communions, professions de foi et confirmations, offrez une croix de Bethléem en bois d’olivier, en soutien aux chrétiens du Moyen-Orient.

À commander sur www.missio.be

Avez-vous un message pour les chrétiens de Belgique?

“Qui suis-je pour leur adresser un message...? Peut-être ceci: soyez vous-mêmes, là où vous êtes. Vous pouvez apprendre quelque chose des chrétiens d’Irak. Malgré tous les obstacles, ils restent fidèles à leur grand maître, ils transmettent à leurs enfants sa langue, qu’ils parlent encore aujourd’hui, et son enseignement: peut-être est-ce une leçon pour les chrétiens des pays occidentaux.” •

Chrétiens d’Irak persécutés

l’Eglise ne les laisse pas tomber “Nous ne pouvons pas nous résigner à l’idée d’un Moyen-Orient vidé de ces chrétiens qui, depuis deux mille ans, confessent le nom de Jésus.“ En s’appuyant sur cette déclaration du Pape François, Caritas-Italie invite les catholiques de ce pays à instaurer un jumelage avec des familles irakiennes chrétiennes. »» ARMELLE GRIFFON

Dans la seule région de Mossoul et de la plaine de Ninive voisine, 120.000 chrétiens ont été obligés d’abandonner leurs maisons. Les terroristes de l’Organisation de l’Etat islamique leur ont donné quelques minutes pour fuir, les contraignant à n’emporter que ce qu’ils avaient sur le dos. Ils ont été déplacés dans la région autonome du Kurdistan irakien, dans des conditions de sécurité déplorables. Ceux qui n’ont ni parents ni amis sur place sont entassés dans des écoles, des bâtiments publics, des constructions inachevées, des églises, dans des conditions inhumaines, sans équipements adéquats. Toutes les propriétés de l ‘Eglise locale accueillent des réfugiés.

Une aide à long terme

La conférence épiscopale, qui a déjà alloué une aide d’un million d’euros, propose ainsi un soutien à plus long terme par le biais de trois projets: • Un projet ‘’famille’’ consistant à soutenir pour 1 mois, 3 mois ou 6 mois, 1, 3, 10 ou 50 familles irakiennes. A titre d’exemple, avec 140 €, on peut financer la nourriture d’une famille de 5 personnes pendant un mois;

“L’aide à long terme est essentielle.”

avec 840 € cette même famille pourra se nourrir pendant 6 mois.

• Un projet ‘’maison’’: avec 3.140 €, on peut faire l’acquisition d’un container pour loger une famille de réfugiés.

• Un projet ‘’école’’: avec 40.270 €, on peut acheter un car pour le transport des enfants vers 8 écoles des villes d’Erbil et Dohuk.

Dans de nombreux autres pays, l’Eglise se mobilise pour que les chrétiens du Moyen Orient puissent continuer à vivre sur cette terre chargée d’histoire et de mémoire spirituelles. Chacun d’entre nous doit se sentir concerné par cette tragédie. •

Missio Italie a apporté son appui au projet de Caritas.

6 Les réfugiés sont hébergés dans des containers meublés.

La conférence épiscopale italienne a pu constater sur place la gravité de la situation et a décidé de lancer une action de parrainage/jumelage par les catholiques italiens – familles, paroisses, diocèses — des familles ou groupes de familles de chrétiens irakiens persécutés.

PHOTO: CARITAS ITALIANA

“Les chrétiens n’ont parfois que quelques minutes pour fuir.”

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Entrer dans l’Evangile, sortir de la violence Ariane et Benoît Thiran-Guibert sont cofondateurs de l’ASBL Sortir de la violence. Dans ce cadre, ils ont mené – à travers une lecture attentive de l’Evangile de Marc – une réflexion sur la façon dont le Christ, dans sa vie, fait face à la violence. C’est le sujet de leur trilogie, Jésus non-violent, dont le troisième tome, Passer de la mort à la vie, vient de paraître. »» ARMELLE GRIFFON

L’asbl Sortir de la violence, prône la non-violence active comme méthode de gestion des relations.

Elle se met au service des personnes ou des groupes désirant faire un chemin pour appréhender la problématique violence/non-violence, pour gérer les conflits et les relations. Il s’agit au fond d’essayer d’être ou de devenir artisan de paix.

La roue du changement

MOI

Avec Jésus, désamorcer la violence

Jésus, lui, reconnaît la part positive de toute personne et l’invite à faire de même avec les autres, tout en reconnaissant ses propres faiblesses. Dès qu’il y a discordance dans les relations interpersonnelles, jugement, enfermement de l’autre dans son ‘’rayé’’, on le voit comme son ‘’ennemi’’.

L’AUTRE MOI

L’AUTRE

Les formateurs de l’ASBL utilisent un instrument concret, la ‘’Roue du Changement de Regard’’ (voir illustration). Cet outil, qui comporte une moitié rayée et une autre transparente, nous montre comment la violence naît quand je crois être le seul à avoir raison (je suis tout transparent) sans prendre en compte le point de vue de l’autre (je le vois tout rayé), ni même lui reconnaître le droit d’avoir un point de vue différent du mien. On découvre que ce mécanisme relationnel conduit toujours, et à toute les échelles, à une violence destructrice.

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“Voir l‘autre comme un frère jumeau qui compte aux yeux de Dieu.”

En redonnant dignité aux exclus, Jésus interpelle aussi ceux qui se croient purs, parce que ‘’en règle’’.

5 Ariane Thiran porter sur l’autre un regard différent, de voir qu’il y a toujours en lui un potentiel d’humanité.

Au Moyen-Orient, par exemple, un moyen de sortir de l’impasse serait de voir l’autre comme un frère jumeau qui compte aux yeux de Dieu. Plus facile à dire, sans doute, quand on n’est pas pris dans la tourmente que lorsqu’on doit préserver sa famille.

Mais dans l’histoire politique de la région ceux qui ont osé faire ce pas on fait évoluer la situation.

Benoît et Ariane Thiran ont également publié Entrer dans l‘Evangile pour sortir de la violence, le point de départ de leur relecture de l’Evangile de Marc.

Aucun de leurs livres n’a été traduit en néerlandais mais ils seraient heureux que cela puisse se faire! •

Ainsi, aujourd’hui, condamner les actes terroristes n’interdit pas de s’interroger sur notre propre attitude vis-à-vis de l’islam et des musulmans. En tant que chrétien, il est important de pouvoir, à tout moment,

“Déceler en l’autre un potentiel d’humanité”

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site www.sortirdelaviolence.org illustrations: asbl sortir de la violence

À NOTER

MISSIO, UN NOM, DES PERSONNES

Afrika Filmfestival 2015 Du 20 au 24 avril 2015 la vingtième édition du Festival du Film Africain se déroulera à Louvain-La-Neuve (après avoir été présenté à Leuven du 20/3 au 4/4) Ce festival ne se contente pas de proposer au public les meilleurs films africains; il apporte également son soutien aux acteurs et réalisateurs d’Afrique. Il s’accompagne de diverses activités culturelles.

Pour le programme et plus d’information consulter www.afrikafilmfestival.be et www.opt.be

Les chanteurs à l’étoile de Membach ont de nouveau mis leur enthousiasme au service de Missio et de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Ils sont les seuls à nous avoir envoyé une photo et remportent donc haut la main le premier prix de notre concours: un tirage grand format de leur photo de groupe. Bravo à tous les petits chanteurs de Membach!

billet Depuis octobre 2014 Missio met en exergue l’aspect missionnaire du baptême.

Nous avons tenté de montrer comment le vivent communautés chrétiennes au Myanmar (ex-Birmanie), pays également mis en vedette par Missio en Autriche, en Angleterre, aux Pays-Bas. Se sentant ainsi soutenus, les évêques birmans osent désormais prendre la parole en public malgré leur position minoritaire (moins de 1%).

En effet, depuis l’avènement des régimes dictatoriaux en 1962, les minorités religieuses, musulmanes et chrétiennes, ont fait l’objet de discriminations répétées. Les missionnaires ont dû quitter le pays. Toutes les écoles catholiques, qui dispensaient un enseignement de grande qualité, ont été nationalisées. Pendant les années de guerre civile, de nombreux catholiques ont été considérés comme des opposants, partisans

des rebelles. Des prêtres furent emmenés dans la jungle et exécutés. Les corps jetés dans le fleuve Salween, n’ont jamais été retrouvés.

Malgré l’effondrement du la dictature militaire, il y a quelques années, la transition vers une démocratie réelle est cependant difficile. Des militaires de l’ancien régime se sont maintenus au pouvoir en se faisant élire lors des premières élections libres.

La date des nouvelles élections, prévues pour cette année, n’est pas encore connue. Toutefois, la situation a beaucoup changé. L’Eglise catholique peut désormais agir plus ouvertement…

Il y a quelques semaines, l’Eglise Birmane célébrait officiellement son 500ème anniversaire, rappelant l’arrivée des premiers missionnaires dans le pays au 16ème siècle et inaugurant une nouvelle étape pour le christianisme. C’était la première grande action publique de l’Eglise catholique locale depuis le retour d’un régime civil. Les responsables ecclésiaux ont saisi l’occasion pour appeler à la paix et à la tolérance

Toute l’équipe de Missio vous souhaite de Joyeuses fêtes de Pâques

religieuse. Ces cérémonies étaient donc une opportunité d’œuvrer au rétablissement progressif de la confiance envers la communauté catholique locale. Autre signe de soutien: le Pape vient de ‘’créer’’ un premier cardinal birman en la personne de l’archevêque de Yangon Mgr Bo tandis que se prépare une rencontre de ce dernier avec les dirigeants des institutions européennes à Bruxelles.

Cette rencontre, organisée par Missio, permettra d’aborder quelques points cruciaux de la situation au Myanmar : le combat pour des conditions emploi décentes, la lutte contre la traite des êtres humains, la liberté pour les minorités religieuses et les règles sur l’exportation de matières premières et de minerais.

Directeur de Missio

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Rédacteur en chef: Kenny Frederickx Rédaction finale: Armelle Griffon Ont collaboré: Maurice Agob, Emmanuel Babissagana, Michel Coppin, Catherine De Ryck, Armelle Griffon, Dibo Habbabé, Ariane Thiran, Michel Younès Photos: Sortir de la Violence asbl, Galina Barskaya / Shutterstock, Tarek Zeln, delayed gratification, Missio, Maria De Ryck, Zouhair Ghazzal, Chris De Bruyn, Hovic, Caritas Italiana, Judit Klein en Maria Declerck Mise en page et impression: Halewijn nv Editeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles

Info et contact Secrétariat National de Missio Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles E-mail: reception@missio.be Site web: www.missio.be Tél.: 02 679 06 30 Abonnements et changement d’adresse suarafr@missio.be

Réactions et suggestions communication@missio.be Missio Wallonie-Bruxelles Anne Dupont Ch. de Bruxelles, 67 1300 Wavre Tél.: 010 23 52 62 wallonie@missio.be

Suara est un mot indonésien qui signifie voix.

Suara veut être la voix des sans voix, le porte-parole des catholiques à travers le monde. Suara vous informe sur la vie des Eglises locales et de leurs communautés qui s’efforcent de vivre à la lumière de l’Evangile. Suara vous relie à l’Eglise Universelle.

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