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mix magazine lifestyle / culture

magazine BON ANNIVERSAIRE

TOMI UNGERER

NOËL COUPS DE CŒUR & CADEAUX POUR LES LECTEURS

LOÏC PRIGENT

strasbourg

#209 décembre 2016

SEXY MAINTENANT

TNS

Fiesta Dada



Illustration de Jennifer Yerkes pour Mix

ÉDITO

VOIR UN AMI TOMBER On n’est pas un grand artiste à mi-temps. Leonard Cohen, pour qui l’Art et la vie se confondaient, a écrit et composé jusqu’à son dernier souffle, à 82 printemps. Juste avant de nous quitter, il a livré un poignant disque-testament (tout comme Bowie en ce début d’année 2016, sombre sur bien des tableaux), un classique, au même titre que son premier album sorti il y a 50 ans, avec les sublimes Suzanne ou Sisters of Mercy. Parions que dans un siècle, les gens écouteront toujours religieusement les chansons de ce juif errant, pâtre grec, poète Casanova, dandy zen et moine bouddhiste. Les musiciens s’en inspireront, le reprendront (mention spéciale pour la relecture électrique du Partisan par Electrelane), le vénéreront. L’immortelle Hallelujah demeure une “sacrée” chanson qui nous ferait presque croire en Dieu si ce monde n’était pas celui des murs qu’on érige et des bombes qu’on lâche. Christophe Lebold, maître de conférences à l’Université de Strasbourg, vient de perdre « un ami », au sens propre. L’auteur de Leonard Cohen, l’Homme qui voyait tomber les anges, “bible” de

plus de 700 pages, était encore en sa compagnie il y a peu, chez lui, à L.A., cité des Anges. Il a rendu visite à un homme apaisé, exprimant sa joie d’être au monde, libéré de sa dépression chronique. Ensemble, ils ont parlé de son œuvre « sur le cœur et la chair : Cohen disait de son cœur qu’il brûlait comme de la viande de Kebab et de son corps qu’il se dissolvait dans l’amour et la mort ». Malgré la tristesse, retenons la dissolution, voire l’élévation d’un artiste qui prenait la chanson, médium populaire par excellence, très au sérieux, se référant à deux modèles, les plus grands selon lui : Hank Williams et le Roi David. Christophe Lebold : « En contact direct avec le mystère des choses, Cohen voulait sauver les Hommes avec sa musique ! Il saisissait la “matière noire”, notamment de la dépression, et la laissait macérer jusqu’à ce qu’elle devienne lumière. C’était comme un cireur de chaussures les frottant pour que le noir se mette à briller. » Une chandelle est morte, mais des volutes de fumée s’élèvent.

Emmanuel Dosda

Réédition de Leonard Cohen, l’Homme qui voyait tomber les anges (janvier 2017) chez Camion Blanc – www.camionblanc.com / Dernier album, You Want it Darker (Columbia) – www.sonymusic.fr

16 rue Teutsch - 67000 Strasbourg - www.magazinemix.fr

www.facebook.com/mgzmix

Directeur de la publication julien.schick@bkn.fr | Service commercial +33 (0)3 90 22 93 36 | Contacts France dimitri.langolf@bkn.fr, rudy@bkn.fr | Contact Allemagne sarah.krein@bkn.fr Contact rédaction emmanuel.dosda@bkn.fr | Développement web alix.enderlin@bkn.fr | Graphisme anais.guillon@bkn.fr, luna.lazzarini@bkn.fr | Éditeur BKN ÉDITEUR Sarl au capital de 100 000 € RCS : 402 074 678 +33 (0)3 90 22 93 30 — www.bkn.fr | Photo de couverture © Giovanni Cittadini Cesi : Par-delà les marronniers - Revu(e) au TNS (voir p.14) | Imprimé en France | Dépôt légal Novembre 2016 Des coups de cœur à partager et des infos à annoncer ? Envoyez-les à emmanuel.dosda@bkn.fr 209 l

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EN BREF

© Frédéric Godard

PAPA NOËL

EST UNDERGROUND

LES SAISONS En décembre, l’Opéra national du Rhin présente l’attachante Petite renarde rusée de Janáček (11-23/12, Opéra) dans la merveilleuse mise en scène de Robert Carsen. Au fil des saisons, la nature est l’écrin de cette belle production narrant les relations d’une renarde et d’un garde-chasse qui veut domestiquer l’animal : feuilles d’automne, neiges d’hiver puis prairies verdissantes au printemps accueillent cette fable philosophique en musique sur le temps qui passe et l’éternel recommencement. www.operanationaldurhin.eu

FIESTA !

Dirigés par Samuel Jean, les traditionnels Concerts de la Saint-Sylvestre et du Nouvel An de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sont placés sous le signe d’Offenbach et compagnie (31/12, 20h et 01/01, 17h, PMC). Avec la mezzo Sophie Marilley et le ténor Loïc Félix, est proposé un joyeux programme où s’entremêlent extraits de La belle Hélène ou de La Vie parisienne et pages bondissantes de compositeurs comme Chabrier. www.philharmoniquestrasbourg.eu

ART D’OFFRIR

La galerie associative Art’Course organise dans le cadre du Off de Noël (jusqu’au 31/12) la deuxième édition de son Marché de Noël ! On y trouve les objets d’art les plus divers – bijoux, céramique, dessins, textiles, photographies... – de créateurs internationaux et locaux, comme la Japonaise Beru Inou et ses splendides bagues en verre ou le Strasbourgeois Laurent Kohler et ses impressions de la ville. Des cadeaux hors du commun pour des personnes exceptionnelles. www.galerieartcourse.com

Femmes d’excellence Pour la 11e fois, la Chambre de Métiers d’Alsace organise le concours Madame Artisanat d’Alsace récompensant des femmes qui excellent dans le domaine de l’artisanat. Les jeunes talents sont également mis à l’honneur grâce au trophée Mademoiselle Artisanat d’Alsace s’adressant aux apprenties. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 13 janvier 2017.

à Places r ! gagne voir p.30

Un Noël loin des chemins balisés ? Optez pour l'alternatif Trok’ristkindelsmärik#7, marché de Noël réunissant artistes, graphistes et designers au Troc’afé (10-11/12 & 1718/12). Des objets faits main, des t-shirts sérigraphiés, des bijoux en série limitée et autres cadeaux DIY… Même état d’esprit à La Semencerie, les mêmes week-ends, avec Déclic déclic. La nuit venue, direction l’événement Paye ton Noël (02-17/12) au Molodoï pour faire le plein de musique hiphop, rock, electro and co qui fleure bon la dinde aux marrons. www.facebook.com/letrocafe www.lasemencerie.org www.pelpass.net

SUCCESS STORY

www.cm-alsace.fr

www.groupekraemer.com  l 209

Le légendaire Cirque d’hiver Bouglione part de ville en ville avec un show nommé Festif (09/12-01/01/2017, au Zénith et au Wacken). Ce spectacle féérique mêle des numéros inédits en France : les jockeys de la famille Donnert, le trampoline comique de Max Weldy, le trapèze volant balèze, la parade des éléphants, la cavalerie, les clowns hilarants, et beaucoup d’autres numéros extraordinaires, accompagnés par le grand orchestre Bouglione et les célèbres danseuses Salto Dancers qui magnifient ce grand show. www.cirquedhiver.com Au Zénith : 10/12 (14h et 17h), 11/12 (10h et 17h) et 17/12 (14h et 17h) Au Parc des Expositions– Wacken : du 23/12 au 01/01/2017

Yannick Kraemer coupe les cheveux aux quatre coins du globe, grâce à ses multiples franchises (à peu près 200 dans le monde). Le coiffeur strasbourgeois poursuit sa conquête en s’installant au Japon : une cinquantaine de salons devraient voir le jour dans les prochaines années. Kraemer, around the world !

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QUEL CIRQUE !


INTERVIEW

Catherine Deneuve lisant des tweets de Loïc Prigent pour Arte © Bangumi - Benoît Lelong

INTIME DE LA MODE Loïc Prigent porte un regard à la fois ironique et respectueux sur le monde de la couture. Il a compilé de brèves sentences assassines entendues lors de défilés et a réalisé des documentaires (pour Arte), reportages (pour Canal+) et pastilles (Stupéfiant, sur France 2 ) que l'on recommande à toute la fashion faune. Entretien, dans les locaux d’Arte (avant une rencontre à la librairie Kléber), avec celui qui adore la mode… et la déteste. # Emmanuel Dosda

Le testament d’Alexander McQueen (2015) montre un créateur hanté par ses démons, puisant dans la noirceur la plus profonde de son être pour ses collections. Exemple isolé ou cas fréquent dans un univers jugé artificiel ? À sa mort, on s’est mis à analyser son “corpus” d’œuvres, comme ça a également été le cas avec Yves Saint Laurent. Dès ses débuts, McQueen a un “truc” un peu barré, notamment lorsqu’il glisse une mèche de ses cheveux dans les étiquettes de ses vêtements… Il a cultivé et développé le thème du morbide, mais en s’inscrivant totalement dans le cadre commercial de la mode : son but reste de vendre le plus de pièces possible, avec des marges très importantes.

mains”. On ne parle pas assez des ouvrières, loin des paillettes et des bulles de champagne ? C’est un peu la lutte des classes, en effet. Les 24 Portraits d’artisanes d’Alain Cavalier et le documentaire de Mike Mills sur les Paperboys, ces gamins qui jettent les journaux sur les pas de porte américains, m’ont fortement marqué et donné envie de suivre ces femmes avec lesquelles j’ai sympathisé. Dans le doc, on voit une dame qui créait les galons de Chanel : plusieurs saisons après son décès, la “maison du galon” n’en a plus produit car elle ne trouvait personne pour reprendre le flambeau.

Dans Signé Chanel (2005), vous décrivez un Karl Lagerfeld control freak à outrance, voire tyrannique… Tyrannique ? Non, mais il sait ce qu’il veut ! Il a ce luxe d’avoir une véritable “machine” à sa disposition et aurait tort de s’en priver. Peut-être avez-vous été influencé par la musique utilisée dans mon doc qui est celle d’un péplum : je vois Lagerfeld en empereur romain dirigeant ses troupes !

Dans votre livre, on trouve cette phrase : « Il ne touche plus jamais un vêtement. Il croit que son métier c’est donner des interviews. » Les créateurs sont d’avantage des chargés de com’ que des artistes ? Je fais de la télé, donc j’arrive à la fin, « au moment où l’on fait les ourlets », comme me l’a dit Alber Elbaz lorsqu’il était chez Lanvin. Honnêtement, je préfère les gens qui parlent bien de leur travail, qui ont toujours le bon mot, plutôt que ceux qui n’ont rien à dire. Et il y en a…

Avec Signé Chanel, vous portez une attention particulière aux “petites

Qu’est-ce que vous aimez par dessus tout dans la mode : « Le système

de pensée fantaisiste » des couturiers ? Oui, c’est l’aspect “tout est permis”, sans filtre, hystérique, qui me plait. Et ce que vous détestez ? Le rythme infernal et le côté faux-cul-courde-récré. Qu’est-ce qui est Sexy demain ? Je sèche… La casquette bleue, comme la vôtre ? Non, je ne suis pas du tout prescripteur ! Je dirais les créations de Jacquemus qui creuse son sillon et utilise des mots proscrits dans la mode, comme “naïf”. J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste, compilation de phrases entendues et tweetées par Loïc Prigent lors de défilés de mode (Éditions Grasset, 18 €) www.grasset.fr

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INTERVIEW

Get up, stand up

© Julien Lienard

Vu et entendu sur les planches du Djamel Comedy Club, les plateaux de Canal+ ou à l’antenne de France Inter, Redouanne Harjane manie la guitare, l’art de l’absurde trash et du porté de chapeau comme personne. Entretien avec un fan du reggae de Trojan et du génie de Bach avant son Nouveau spectacle humoristicomusical. # Emmanuel Dosda

Le personnage que vous incarnez est border line : votre pratique de l’humour vous permet-elle de ne pas sombrer dans la folie ? C’est fort probable… même s’il m’est difficile de faire la part des choses entre qui je suis sur scène et dans la vraie vie. Cependant, durant mes spectacles, je ne laisse rien échapper : tout ce que je dis est écrit. Considérez-vous vraiment votre crâne comme une prison ? Il s’y passe beaucoup de choses ? Il s’y passe énormément de choses. Tout le temps. Vous vous faites souvent des standing-ovations dans votre tête en préparant vos sketches… Êtes-vous parfois déçu de leur effet ? Mon but premier n’est pas de faire marrer les gens, mais de les faire “réflérire” ! Je ne me projette jamais, mais si j’obtiens un rire, c’est que le sujet que j’ai voulu creuser a été compris : c’est une récompense. On aime entendre plusieurs fois la même chanson, mais rigole-t-on plusieurs fois de la même vanne ? Je le pense… Il y a des effets humoristiques, notamment dans les films de Chaplin, que l’on peut regarder en boucle. Me concernant, ça n’est jamais la même salle, le même public, le même show : l’énergie et la mécanique changent tous les soirs. Je connais des gens qui sont venus voir mon spectacle une dizaine de fois. Et ils rient dix fois ? Oui, même s’ils viennent avant tout pour écouter un personnage qui pense le monde, qui vibre au son de l’époque qu’il observe. Je suis fils de prolétaire, né dans une région ouvrière, à Metz, mais 6—

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ça n’est pas l’essence de mon spectacle. Mon personnage sait que tout ça existe – la misère, la banlieue – mais il n’en parle pas forcément. Par contre, il transpire cette humanité. Il y a un discours en sous-texte. Les notes de guitare ou de piano, c’est pour combler les vides ? J’ai fait l’École de jazz de Nancy et suis musicien de studio de formation, avec Bach comme modèle absolu. Petit à petit, en faisant du théâtre et du one man show, je me suis aperçu que c’était ce que je voulais faire ! Alors, dès mes débuts, allant sur les traces de Raymond Devos ou de Coluche, je me suis accompagné de musique. Aujourd’hui, j’assume de plus en plus le mélange des arts : dans mon dernier spectacle, il y a de vraies chansons. « J’ai un ami mythomane : le jour de sa mort il a vu défiler la vie d’un autre », dites-vous sur scène. De qui aimeriez-vous voir défiler la vie lors du jugement dernier ? La mienne. Comme ça, une fois passé de l’autre côté, j’essayerai de refaire les choses en mieux.

L’Illiade (Illkirch-Graffenstaden) 14/12 (20h30) www.illiade.com L’ED&N (Sausheim) 15/12 (20h30) ww.eden-sausheim.com

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INTERVIEW

WATER MUSIC Photo de Stéphane Louis pour Mix

L’exposition universelle de Shanghai, Céline Dion à Vegas, Disneyland Paris… Aquatique Show International est LE spécialiste mondial des spectacles d’eaux. Rencontre avec Jean Kohler, directeur artistique de l’entreprise strasbourgeoise, à l’occasion de l’exceptionnel Christmas Aqua-Symphony qui va illuminer les Fêtes. # Hervé Lévy

Comment devient-on directeur artistique d’Aquatique Show ? J’ai commencé par conduire une locomotive, mais à 26 ans j’avais fait le tour de la question. Je me suis mis à vendre des camions, le hasard a voulu que j’entre en relation d’affaires avec Aquatique Show, en 1988. J'ai intégré l’entreprise, ai appris le métier de technicien, puis très rapidement, suis passé aux manettes. J’avais envie d’organiser des spectacles, d’aller de plus en plus vers le versant artistique de la profession et de mettre modestement mes pas dans ceux de mes maîtres, comme Yves Pépin (à qui l’on doit notamment les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO de Pékin et de la Coupe du monde 1998, NDLR). Comment définir votre travail ? Je souhaite raconter des histoires grâce à l’eau, principalement, mais aussi en utilisant des effets pyrotechniques. Il s’agit de mettre la technologie la plus pointue au service de l’émotion la plus pure. Plus de 75 musiciens sur scène, 520 m 2 de bassin, 200 000 litres d’eau – intégralement recyclés – plus de 120 pompes, 2 700 jets allant de 2 à 15 mètres de hauteur, 260 projecteurs… Les chiffres de la Christmas Aqua-Symphony donnent le vertige… Ce show est une vitrine, en quelque sorte : il rassemble toutes les technologies que nous développons sur la planète entière. Ce véri-

table best of est réalisé – et c’est une première – indoor. Il consiste en une véritable prouesse technique où les jets d’eau les plus hauts s’arrêteront à deux centimètres des projecteurs… Comment le spectacle est-il construit ? Dans la première partie, les musiciens de l’Orchestre symphonique des jeunes de Strasbourg interprètent des musiques que tout le monde connaît, BO de films ou “tubes” classiques. L’eau se fait discrète, mais après l’entracte, tout va aller crescendo ! Que pouvez-vous faire avec l’eau ? Tout ! Il est possible de transformer un rideau d’eau en écran géant pour des projections vidéo, d’y insérer des hologrammes et même de sculpter l’élément liquide grâce à une technologie nommée Aquagraphic que nous avons imaginée. Vous ajoutez des lasers et un “orgue de feu” et obtenez une chorégraphie aquatique unique dont le seul but est de faire rêver et d’émerveiller. Zénith (Strasbourg) 26/12 (15h30 & 20h) www.zenith-strasbourg.fr www.aquatic-show.com

à Places  !

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INTERVIEW

MALRAUX, L’ALSACIEN Amoureux fou des Arts et figure de la politique, désormais « retiré sur [s]on Aventin », Robert Grossmann s’est réfugié dans l’Histoire, ne se reconnaissant plus « dans la médiocrité ambiante ». L’ancien adjoint à la culture (2001-2008) vient de publier Malraux, tel que je l’ai connu explorant les liens étroits entre l’écrivain et l’Alsace. # Hervé Lévy de Grünewald au Haut-Kœnigsbourg où les allemands l’avaient stocké en attendant de l’envoyer à Linz, pour devenir une des pièces maîtresses du musée voulu par Hitler dans la ville autrichienne. Vous citez aussi le discours du 13 avril 1969 prononcé à Strasbourg devant « plus de 5 000 jeunes ivres de bonheur » dans lequel vous étiez pour beaucoup… C’était un rêve un peu fou : demander à celui que nous considérions comme le plus grand orateur du siècle de venir parler aux Assises de l’Union des Jeunes pour le Progrès. Ce furent des mots pour l’Histoire : « En face d’un abandon qui parcourt le monde comme un intermittent incendie, que pouvez-vous faire ? Reprendre pour votre compte une phrase que vous n’avez pas oubliée : “Je ne me démettrai pas” ». Quelle actualité !

Photo de Stéphane Louis pour Mix

Vous étiez aussi présent pour un moment historique, le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (19 décembre 1964), où Malraux prononça son oraison funèbre la plus célèbre… Je travaillais alors au cabinet de Gaston Palewski. C’était extraordinaire. Cette voix si particulière. Le vent tourbillonnant balayant la chevelure de Malraux. De Gaulle immobile comme la Statue du Commandeur. Le Chant des Partisans qui s’élève.

Quarante ans après sa disparition, le 23 novembre 1976, doit-on encore « redécouvrir Malraux », ambition assumée de votre ouvrage ? Je le pense : aujourd’hui, par exemple, nombre de jeunes qui fréquentent la Médiathèque Malraux – un nom qui claque comme un signal à Strasbourg – connaissent très mal l’écrivain. Mon livre est une incitation à aller vers lui, à lire ses œuvres, en montrant les liens privilégiés qu’il entretenait avec l’Alsace. La considérait-il comme sa seconde patrie ? « C’était son pays natal, celui qu’il s’était choisi », affirmait Madeleine, son épouse. 8—

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De nombreux signes rattachent André Malraux à l’Alsace tout au long de son existence, bien des événements décisifs de sa vie y sont symboliquement liés ou s’y sont déroulés. C’est cette relation particulière que j’explore… Parmi tous les exemples que vous citez, lesquels sont les plus marquants pour vous ? C’est difficile… André Malraux a été obsédé, tout au long de sa vie, par le Retable d’Issenheim : à la tête de la Brigade Alsace-Lorraine, celui qui se fait alors appeler Colonel Berger, va faire deux actes éminemment symboliques, libérer le Mont Sainte-Odile et exhumer le chef-d’œuvre

Existe-t-il encore des Malraux, aujourd’hui ? Son époque était celle des géants. Désormais nous sommes dans le monde des Lilliputiens.

Malraux, tel que je l’ai connu est paru chez Jérôme Do Bentzinger (9,50 €) www.editeur-livres.com

Écrit par Robert Grossmann et Chloé Hunzinger (et réalisé par elle) le documentaire Le Pays Secret de Malraux va faire l’objet d’une édition DVD www.ereprod.fr


INTERVIEW

LE SALE GOSSE Nous avons rencontré un Tomi Ungerer un peu fatigué au début de notre entretien et totalement requinqué à son issue, comme redynamisé par l’évocation d’une vie bien remplie. Pour ses 85 ans, le Musée strasbourgeois portant son nom et plus de 85 dessinateurs rendent hommage à cet éternel gamin.

Photos de Benoît Linder pour Mix

# Emmanuel Dosda & Hervé Lévy

Vos livres continuent à être édités et lus à travers le monde : quelle impression cela vous fait-il ? Les Trois Brigands s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires au Japon ! Mes livres ne se sont jamais autant vendus internationalement que ces dix dernières années. C’est grâce au travail de mon éditeur, L’École des Loisirs. Et à votre talent ! Franchement, je n’y comprends rien : mes livres jeunesse sont devenus des classiques.

écoles. Les élections ont mis un terme à cet investissement de trois ans ! Les politiciens travaillent en ennemis en France… Votre vocation est venue, vous aimez le raconter, à l’âge de cinq ans, en escaladant un tabouret pour montrer vos fesses à la voisine : c’est la provocation originelle, suivie de beaucoup d’autres. C’est incontrôlé. Un jour, au milieu du resto d’un Holiday Inn, j’ai vacciné mon ami Robert Walter, le pantalon en bas des jambes [éclats de rire].

Quel est votre rapport à l’Alsace ? J’ai passé ma vie à me battre pour différentes causes et j’ai perdu une lutte : celle pour le bilinguisme et l’identité alsacienne. Je vis en Irlande depuis 45 ans et on ne ressent aucune différence entre les classes sociales, il n’y a aucune arrogance. L’Irlande ressemble à l’Alsace avant la Guerre. Je retrouve cette spontanéité : on n’hésite pas à rigoler, à “süffe”, à boire un coup… Il n’y a pas de vinaigre Melfor en Irlande… Je le fais venir ! Le meilleur cadeau que je puisse faire à quelqu’un à l’étranger, c’est une bouteille de Melfor. Bien mieux que du vin ! Vous vantez la « consommation de voisinage » et la culture alsacienne tout en étant citoyen du monde… J’ai foutu le camp après la Guerre. Les Français me traitaient de sale Boche et me brimaient. C’est fini tout ça, heureusement. Mon premier voyage m’a conduit en Laponie. Ensuite, j’ai vécu aux États-Unis, au Canada, en Irlande… Je n’ai pas de patrie : Kein Vaterland ! Un Alsacien s’adapte et est respectueux. J’ai travaillé dans une commission auprès de Jack Lang lorsqu’il était Ministre de la Culture : nous avons réfléchi à une méthode pour enseigner le respect – des vieux, de la religion, de la nourriture… – dans les

Tomi Ungerer Forever, + de 85 artistes pour ses 85 ans, Musée Tomi Ungerer Centre International de l’illustration (Strasbourg), jusqu’au 19/03/2017 www.musees.strasbourg.eu Tomi et ses Collectionneurs, Maison de la Région (Strasbourg), jusqu’au 06/01/2017 www.grandest.fr 209 l

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OUVRE-MOI TA PORTE

LYRE LE TEMPS À l’occasion de la sortie de Prohibition Swing, troisième album du groupe strasbourgeois Lyre le Temps, l’hyperactif Ludo (chant, clavier) et l’as du scratch Quentin (alias DJ Q) nous ont conviés dans leur studio / caverne d’Ali Baba, face à La Laiterie. Sur des airs d’electro-hip-hop-swing up-tempo, ces Al Capone du groove ont sélectionné quelques objets qui leur sont chers. # Emmanuel Dosda

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Photo de Benoît Linder pour Mix

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1 1. Mon Piano Ludo : « Je l’ai racheté au bar La Cosa Loca à Haguenau, d’où je suis originaire. J’ai fait 10 ans de tournée avec lui. Je le maltraite, la carte-mère a été changée et il est scotché de toutes parts, mais il est encore vivant. » 2. Mon Micro Ludo : « Il a vécu, mais fonctionne bien. Je l’ai acheté lorsque j’étais au Berklee College of Music de Boston aux États-Unis où j’ai étudié durant un an. Le son correspond à ce que je veux, un peu old school. » 3. Notre nouvel album Ludo : « Prohibition Swing est un disque qui a une énergie live : je veux que celui qui est dans sa voiture ait autant la pêche que s’il était à un concert de Lyre le Temps. La thématique tourne autour des années folles, des gangsters, de la Prohibition… Nous adorons cette période, élégante et patinée,

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qui sent le whisky et le cigare. On n’avait pas le droit de faire la fête, mais on la faisait quand même ! » 4. Roch Voisine Ludo : « Ma femme s’appelle Hélène et Quentin, qui achète beaucoup de vinyles, m’a donné ce disque pour elle. Je n’ai jamais osé lui offrir… J’ai trop peur qu’elle demande le divorce ! » Quentin : « C’est marrant, mais il ne prononce jamais son prénom dans la chanson, contrairement au morceau d’Hélène (et les Garçons). Et oui, je l’ai écouté en entier ! » 5. Super Seal Quentin : « C’est un vinyle d’entraînement pour apprendre à scratcher, créé par DJ QBert, maître du genre. Il est dédicacé par lui, alors je le garde religieusement, même s’il est cassé. »

6. Ma nouvelle table de mixage Quentin : « J’ai récemment mixé avec DJ Pone au Rafiot et je me suis dit qu’il fallait que je me mette au niveau, question matériel. Cette table m’ouvre les portes de la créativité. Je peux tout faire avec : créer des boucles, des effets… Elle rend mon travail plus intéressant. » En concert à La Laiterie, 16/12 (et le lendemain au Noumatrouff de Mulhouse), en compagnie de tous les musiciens ayant participé à l’album www.artefact.org Prohibition Swing, édité par French Gramm Records www.lyreletemps.com

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EXPORAMA vers singulier de l’artiste Maren Ruben, qui nous parle de la neige. www.jeanfrancoiskaiser.com

L’artiste strasbourgeois Hervé Petit expose avec Vegas / Illusion (Vernissage 08/12, jusqu’au 11/01, Ciarus) sa création à la frontière de la photographie, du collage et de l’installation. www.ciarus.com

P o u r I n t o t h e Wo o d s (jusqu’au 05/01, Popartiserie) des artistes de street art ont été invités avec pour contrainte de présenter des travaux sur le support bois.

Panneaux Papillon de Damien Hirst

www.lapopartiserie.com

© Marie Bovo, En route, Damnica, 2016 courtesy the artist, kamel mennour, Paris OSL, Contemporary Oslo

HEART OF GLASS La période de Noël est intiment liée au travail du verre, à la réalisation d’éléments de décoration pour la table ou le sapin, scintillant de mille éclats. Avec l’exposition Happy cristal, le Musée Lalique met à l’honneur toutes ces créations de fête et présente des œuvres verrières créées par des artistes d’aujourd’hui comme Damien Hirst. Magique : un calendrier de l’Avent géant renfermant des objets en verre. # E.D. Musée Lalique (Wingen-sur-Moder), jusqu’au 31/12

Les photographies en taille réelle de Marie Bovo (jusqu’au 18/12, La Chambre) sont des ouvertures sur le monde et dévoilent tout un univers qui tient dans le cadre d’une fenêtre. www.la-chambre.org

Les Icônes miraculeuses de Rolf Ball (jusqu’au 18/12, Cour des Boecklin à Bischheim) sont inspirées par les cultures du monde et l’histoire de l’Homme. www.ville-bischheim.fr

www.ecam-strasbourg.org

© M. Bertola /Musées de Strasbourg

Dans la Capitale de Noël découvrez Noël en mini (jusqu’au 02/01, Musée Alsacien), une confrontation entre décorations de fêtes traditionnelles et créations contemporaines des élèves de la HEAR.

Le rock psychédélique ? Une véritable révolution visuelle dans l’univers de la musique, avec ses affiches et pochettes de disque entre pop art et hallucinations. La collection de Gérald Guignot présente les plus beaux exemplaires sous le titre L’affiche musicale des sixties à nos jours (08-11/12, Espace Django Reinhardt).

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Pour sa réouverture, la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden montre (jusqu’au 19/02) avec Skits – 13 Ausstellungen in 9 Räumen, des œuvres de l’artiste berlinois Michael Müller.

Hétérotopies. Des avantgardes dans l’Art contemporain (10/12 - 30/04, MAMCS et Aubette 1928) oppose les précurseurs des années vingt et des artistes contemporains, qui se sont inspirés de cette période. www.musees.strasbourg.eu

www.musees.strasbourg.eu www.hear.fr

www.espacedjango.eu

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www.bnu.fr

baden.de

Daniel Gerhardt mélange dans son œuvre art numérique, peinture et dessin (jusqu’au 16/12, Galerie Point Art à Schiltigheim).

www.lezard.org

Alter Ego : Amitiés et réseaux du XVIe au XXIe siècle (jusqu’au 12/02, BNU) se plonge sur le phénomène des livres d’amitié, ancêtres de Facebook.

www.kunsthalle-baden-

www.musee-lalique.com

Les artistes strasbourgeoises Caroline Gamon et Gretel Weyer évoquent dans Tendre la nuit (jusqu’au 13/12, Espace Lézard à Colmar) le paradis perdu de l’enfance.

© BNU

© Gretel Weyer

L’exposition Sprechen wir vom Schnee (jusqu’au 17/12, Galerie Jean-François Kaiser) nous plonge dans l’uni-

En Allemagne, on découvre avec Lampar ter – Produktkunst les créations des artistes membres de l’association L’art pour Lahr qui ont fabriqué des objets à partir de cuir, mis à disposition par la fabrique Lamparter domicilié dans la ville (jusqu’au 07/01, Galerie L’art pour Lahr).

Dans le cadre de la Régionale 17, Stimultania présente Manège à images et autres e n s e m b l e s # 2 (03/1229/01), exposition collective avec des artistes français, allemands et suisses qui produisent des œuvres-matières.

www.l-art-pour-lahr.de

www.regionale.org

Les porteurs, 2015 © Delphine Gatinois

www.stimultania.org


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cinéma

COSTA, DE A À Z Arte Éditions publie le premier volume d’une intégrale des films de Costa-Gavras allant de Compartiment tueurs (1965) à Hanna K. (1983), en passant par Z (1969), Oscar du meilleur film étranger. Rencontre avec le réalisateur autour d’un coffret de neuf films, agrémenté de sept heures d’éclairants compléments. # Hervé Lévy Les Rapaces fut un déclic : est-ce le film d’Erich von Stroheim qui vous a donné envie de faire du cinéma ? Cette découverte, à la Cinémathèque, d’un cinéma tellement différent de celui que je connaissais, a été un choc. Je me suis dit que c’était une piste. J’ai toujours eu envie de mettre en images la tension de la tragédie antique. Ce qui m’intéresse dans un film, c’est justement la tension, celle qui génère l’envie de voir ce qui va se passer après, qu’on nomme “suspense” de manière triviale. C’est ce qui irrigue vos films ? Quand on va au cinéma, on va au spectacle. Je sais que cette idée n’a pas toujours bonne presse, mais le spectacle peut ne pas être innocent et parler de choses essentielles… Z, L’Aveu, État de siège, Section spéciale, Hanna K., Missing… En revoyant vos films, on se rend compte de leur dimension politique. Peut-on les qualifier de “fictions documentaires” ? Si vous voulez. La fiction pose des problèmes énormes, mais mon principe a toujours été de respecter l’éthique des situations et des personnages parce qu’un film est une réduction par rapport à une histoire. Il est nécessaire de préserver la “vérité” de l’Histoire.

De L’Aveu à Z, en passant par État de siège, on redécouvre aussi votre lien artistique avec Yves Montand : était-il votre acteur fétiche ? Je ne sais pas s’il était mon acteur fétiche ou si j’étais son metteur en scène fétiche [rires]. Lorsqu’on a fait Compartiment tueurs, nous nous sommes beaucoup rapprochés : il ne souhaitait pas incarner un flic qui plus est avec l’accent de Marseille… qui était le sien au naturel ! Il avait peur que ça fasse Fernandel ou Raimu. J’ai insisté. Il en a fait un véritable masque et a souvent dit avoir compris ce qu’était jouer avec ce film : trouver une véritable intériorité, devenir son personnage. Le volume 1 (1965-1983) de l’intégrale de Costa-Gavras est paru chez Arte Éditions (DVD ou BLU-RAY, 90 €) http://boutique.arte.tv Rencontre avec Costa-Gavras à la Libraire Kléber, 06/12 (17h30) www.librairie-kleber.com 209 l

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© Pierre Grobois

SCÈNES

© Giovanni Cittadini Cesi

Pierre Rigal signe avec Paradis Lapsus (Pôle Sud, 11-13/12) un cabaret hip-hop chanté et décalé pour le jeune public (dès 8 ans). Gisèle Pape, maîtresse de cérémonie officiant au chant comme en Madame Loyale, multiplie les jeux de mots formant d’heureux accidents. Leur version de l’amour au XXIe siècle, façon manga, entre deux ados est superbement portée par la virtuosité des danseurs qui usent du break et de la décomposition des mouvements pour créer des déplacements robotiques et saccadés, à la manière des jeux vidéo d’antan. # I.S.

HUE DADA ! Ces trois hommes ont « creusé des galeries vers le ciel ». JeanMichel Ribes reprend l’expression de Louis Aragon pour parler de la trajectoire fulgurante de Jacques Vaché (1895-1919), Arthur Cravan (1887-1918) et Jacques Rigaut (1898-1929), météores dadaïstes qu’il invite dans une revue créée dans les seventies, s’inspirant de l’univers des années 1920, qu’il a choisi de « ressusciter quand [s]es potes de Charlie Hebdo, leurs frères, ont été assassinés. Wolinski, Cabu ou Charb bousculaient les choses : comme eux, ils étaient des enfants turbulents qui se moquaient de la bêtise des adultes. Quand ils sont morts, ces trois personnages me sont remontés dans le cœur », explique-t-il, ému. Ces étoiles filantes « sortaient des routes habituelles, pensaient ailleurs et voulaient s’échapper des horizons définitifs, envoyant tout foutre avec panache, le bon goût en tête. Ils ont été étouffés par une société qui ne les acceptait pas. » Sur scène, c’est une orgie scintillante de fantaisie subversive, des paillettes de futilité où le désespoir le plus noir côtoie la légèreté d’une posture de dandy dada « sans intellectualisme stérile ». L’occasion de redécouvrir trois pieds nickelés, vêtus d’un smoking blanc étincelant, perturbateurs de génie de l’Histoire de l’Art « qui ont plongé très profond, au risque de ne pas revenir ». Le premier, Jacques Vaché, inventeur de l’umour sans h « a inspiré le surréalisme à Breton avec ses lettres de guerre », affirme le directeur du Théâtre du Rond-Point. Pour sa part, Arthur Cravan fut boxeur, voyou et poète et s’efforça « d’attirer sur sa personne l’attention et les désapprobations les plus tumultueuses », disait l’auteur de Nadja. Enfin, Jacques Rigaut – modèle de désinvolture et du personnage principal du Feu follet de Drieu la Rochelle – considérait le suicide comme un des Beaux-Arts. Il « déteste ceux qui ne parviennent pas à le séduire, s’ennuie avec passion et se désire sérieux comme le plaisir », résume Jean-Michel Ribes qui propose là un éclat de rire salutaire « dans une époque où on a tant besoin d’ailleurs, alors qu’on ferme toutes les fenêtres… » #H.L.

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www.pole-sud.fr

© Christina Georgiadou

Avec Par-delà les marronniers - Revu(e), Jean-Michel Ribes écrit et met en scène Jacques Vaché, Arthur Cravan et Jacques Rigaut, ressuscitant trois figures incarnant un salutaire « rire de résistance ». Hervé Lévy

love etc.

Baroud d’honneur Premières est mort, vive Premières ! Pour la dernière édition du festival, Le Maillon et le TNS s’offrent un bouquet final en invitant notamment Anestis Azas et Prodomos Tsinikoris qui plongent dans la boue politique grecque, portée par le parti néo-nazi Aube dorée, appelant à « faire place nette » en expulsant tous les étrangers du pays. Ainsi nait Clean City (Maillon-Wacken, 14 & 15/12), portrait et paroles ultra réalistes de cinq femmes de ménage immigrées à Athènes. Âgées de 30 à 65 ans, elles racontent ce qu’elles entendent et découvrent d’une société en crise, que leur humour et leur regard aiguisé révèle de la plus belle des manières. # T.F. www.maillon.eu – www.tns.fr

RÉSISTe

Théâtre national de Strasbourg 07-17/12

Étrange pièce de théâtre que ce Freetime (Taps Laiterie, 0610/12) de Toshiki Okada qui nous entraîne dans le japon contemporain par le biais d’une vision multifocale d’un événement quotidien ayant tous les atours de la banalité : le temps libre gagné par une jeune employée de bureau qui s’installe chaque matin dans un café franchisé où elle prend une boisson bon marché avant de rejoindre son travail. Le metteur en scène et comédien Jean-Marc Eder est tombé sous le charme de ce drôle de texte célébrant un de ces actes de résistance quotidien de petites gens refusant le rythme effréné imposé par la société capitaliste. # I.S.

www.tns.fr

www.taps.strasbourg.eu

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SCÈNES


© Geoffroy Krempp

GASTRONOMIE

SA VRAIE NATURE

Dans son domaine de huit hectares, Patrick Meyer a banni les intrants chimiques et expérimente des vinifications minimalistes. Nous avons fait le voyage de Nothalten pour rencontrer un des pionniers des vins naturels en Alsace. # Hervé Lévy Patrick Meyer n’aime guère « lorsqu’on fait entrer les gens dans des cases. Les étiquettes m’ennuient profondément. Vins naturels ? Libres ? Ce ne sont que des mots. J’ai suivi mon petit bonhomme de chemin, c’est tout. » Et son épopée débute en 1981, lorsqu’il reprend, à moins de vingt ans, le domaine familial qui porte encore le prénom de son père : « Il est décédé en 1967. Maman avait “fait le joint”. Au début, j’utilisais des systémiques – des produits de synthèse circulant dans la sève – comme tout le monde ». En constatant que la chimie essorait les sols ou qu’il était possible de mettre beaucoup moins de soufre au tonneau – un retour « vers ce qu’on a fait pendant des milliers d’années » – il s’est forgé une vision du vin. « Empiriquement. Je suis comme Saint-Thomas… C’est l’expérience qui fait avancer, mais on n'a jamais fini d’apprendre de la terre », résume celui qui est passé en bio à la fin des années 1980, puis en biodynamie en 1998. Dans le paysage très uniforme des vins d’Alsace des nineties, ses bouteilles – aux étiquettes ornées d’un ange volant parmi les étoiles signé du tchèque Jiří Votruba – dénotent. Souvenons-nous qu’à cette époque, on grogne encore, dans une région ronronnante, lorsqu’André Ostertag décide d’élever ses Pinots gris en barrique. « Mes vins sont des individus. Ils ont une personnalité. Est-ce qu’elle est forte ou pas ? Ce n’est pas à moi de le dire », résume Patrick 16 —

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Meyer, trop humble. On se fera une idée avec un Riesling Grittermatte 2015 (14 €, départ domaine) qui claque, vertical et ciselé à l’extrême, ou un Pinot gris de macération Fanny Elisabeth 2015 (15 €, départ domaine) issu « d’un assemblage de raisins venus du Zellberg et du Heissenstein, qui se complètent harmonieusement ». Le résultat ? Un vin étonnement structuré, plein de tonicité, d’une altière noblesse qui n’exclut pas quelques rondeurs bienvenues. On craque aussi pour la Rolls de la maison, le Riesling Grand Cru Muenchberg 2014 (22 €, départ domaine) à la minérale complexité ou pour le Riesling Patience 2010 (16 €, départ domaine) qui, après quelles années, « s’est posé », laissant de côté son impétuosité… Tout à l’inverse du Crémant (12 €, départ domaine) empli d’une juvénile fougue dont les bulles bondissantes assaillent joyeusement le palais y laissant d’étonnants et doux souvenirs d’une langueur fruitée. Domaine Julien Meyer 14 route du Vin (Nothalten) 03 88 92 60 15


GASTRONOMIE

PAINS D’ÉPICES AND LOVE © Photo de Vincent Muller pour Mix

Célèbres et célébrés sur la planète entière, les pains d’épices 100% artisanaux de Mireille Oster sont de pures merveilles. Rencontre avec une légende de la gastronomie alsacienne, à quelques semaines de Noël. # Hervé Lévy

Lorsqu’on lui demande le secret du goût inimitable de ses créations, Mireille Oster répond, avec un regard lumineux, par un seul verbe : « Aimer. Aimer les personnes qui vont les déguster. Aimer ceux avec qui on travaille. Aimer les produits. » Et elle utilise les meilleurs – farine du Moulin de Hurtigheim, miels artisanaux, exquis fruits confits, cannelle de Ceylan, etc. – pour confectionner les 42 variétés de pains d’épices différentes vendues dans sa boutique bonbonnière, charmante ruche où s’ébattent d’efficaces et souriantes abeilles. Depuis 1995, année où elle reprend l’affaire familiale fondée dans les années 1930, elle n’a cessé de créer de nouvelles recettes, se fixant comme unique limite « celle de [s]on imagination ». Elle arpente le globe, cherchant des ingrédients nouveaux pour des associations inédites et inspirées, puisque chaque produit « raconte une histoire ». Après les fêtes, ce sera Israël, le Vietnam et sans doute l’Inde. Elle reviendra l’esprit gorgé de projets et de recettes…

« que la Barre des Délices s’accommode merveilleusement de la venaison ». Mêlant avec finesse tradition séculaire et audace de l’expérimentation, localisme revendiqué et ouverture sur le monde entier, ses créations, où chantent les ingrédients, étonnent l’esprit, émoustillent les papilles et émeuvent les sens des clients anonymes ou célèbres, comme l’écrivain Yasmina Khadra. Pour notre part, on craque pour le Pain des Anges qu’on imagine volontiers, facétieux, voleter autour de nous, les ailes déployées et joyeusement chargées d’oranges confites et de clou de girofle et pour le Pain d’Amour plein d’une altière fougue. L’Amour nous y revoilà. L’Alpha et l’Oméga. Mireille Oster 14 rue des Dentelles et jusqu’au 24/12 sur le Marché de Noël (place Broglie et place Benjamin Zix) www.mireille-oster.com

Cadeau idéal pour ses proches – comme Baudelaire qui offrait à Sainte-Beuve des merveilles « incrustées d’angélique » –, le pain d’épices est la star de cette fin d’année. Pour les huitres, Mireille Oster recommande « une couque aux amandes coupée en fines tranches. Avec le foie gras de canard, le Pain des Anges, avec ses saveurs orangées, est parfait », précise-t-elle, avant d’ajouter 209 l

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GASTRONOMIE

© Frédéric Godard

SPICY CHRISTMAS

IL ÉTAIT UN FOIE

Pour Noël, les Jardins de Gaïa présentent une nouvelle sélection de thés bio made in Alsace qui réchauffent le cœur : Thé de Noël aux saveurs traditionnelles d’orange, de cannelle et de pomme, Surprise de Noël au goût de fruits exotiques, de cacao et de limette ou encore Masala pour tchaï, mélange d’épices à plonger dans son thé préféré... #S.M.K.

Dernière manufacture de foie gras du centre historique de Strasbourg, Georges Bruck fut fondé en 1852 : cette maison de tradition de très haut niveau ne cesse d’innover. Pour les fêtes, elle propose un bocal de foie gras de canard en brioche à se damner, prêt à déguster. À découvrir dans une “boutique écrin” (26 rue des Orfèvres) avec bien d’autres douceurs et une très belle sélection de vins provenant de maisons qui comptent comme Trimbach #H.L.

www.jardinsdegaia.com

www.bruck-foiegras.com

© Lionel Russo

Retrouvez les Jardins de Gaïa au Marché Off de Noël (voir p. 27)

xà Cadeau  ! r e n g a g voir p.30

CATHÉDRALE

Un container du xà Cadeau  ! r gagne voir p.30

La boutique Dammann (48 rue du Fossé-des-Tanneurs), institution française du thé née en 1692, propose parmi mille et une merveilles, un Thé de la Cathédrale. 1 € par boîte vendue de cette exclusivité strasbourgeoise sera reversé à la Fondation du Patrimoine… Il y a donc bien des raisons de se laisser envoûter par un thé vert Sencha agrémenté d’écorces d’orange, de baies roses, d’huiles essentielles d’orange douce et de clémentine, avec une pointe de cerise de miel et de cannelle. Mmmmm #H.L. www.dammann.fr 18 —

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tonnerre

Testé et approuvé par la rédaction : le chocolat bien chaud de Gagao, un petit matin d’hiver bien frisquet, dans le hall de la gagare de Strasbourg. Ce shop, situé dans un container jaune flashy, casse le train-train quotidien en proposant un commerce éphémère (jusqu’au 27/02/2017) à quelques mètres des quais. Nous sommes transportés par ces boissons chocolatées made in Strasbourg qui vont s’exporter à Paris, Nice, Bordeaux et Lille. Gagao : sur les rails du succès. #E.D. www.gagao.eu



scènes

sélection de la rédaction TANZMATTEN SÉLESTAT

Mad in Finland © Sébastien Armengol

Avec son spectacle 13 Rue du Hasard (18/12, 15h & 20h30), le magicien Laurent Piron raconte sa propre histoire dans un mélange de féérie et d'humour. Magie visuelle, mentalisme et manipulation sont au rendez-vous. www.tanzmatten.fr

Nord MAC ROBERT LIEB

MÉDIATHÈQUE

Dans le cadre des Noëlies, la Mac propose un concert de Noël du Trio Voce Festiva (11/12, Église protestante) pour se mettre dans ambiance des fêtes.

Dans Contes de neige et de bois (10/12, Médiathèque Denise Rack-Salomon), la compagnie Artenréel fait découvrir aux enfants (à partir de 3 ans) les origines des traditions de Noël. De la magie à l’état pure !

www.mac-bischwiller.fr

RELAIS CULTUREL HAGUENAU

Les Aventures extraordinaires du Baron de Münchhausen (13/12, Théâtre) de la Compagnie Joker enchanteront petits et grands grâce aux récits rocambolesques de l’officier allemand. (16/12 Salle des fêtes de Schiltigheim). www.relais-culturel-haguenau.com

SCHILTIGHEIM

Les Célestins viennent directement de la Nouvelle-Orléans (10/12, Cheval Blanc) pour nous emballer avec un concert de jazz sur les traces de Louis Armstrong et Duke Ellington. www.ville-schiltigheim.fr

ESPACE CULTUREL VENDENHEIM

La chanteuse lusophone Carmen Souza présente avec Théo Pascal son nouvel album Epistola (09/12) qui mélange avec brio musiques africaines, capverdiennes et jazz. www.vendenheim.fr  l 209

ERSTEIN

www.ville-erstein.fr

L’ILLIADE

ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN Le Trio Jumble (21/12) ce sont trois musiciens et chanteurs alsaciens, qui présentent des airs de Noël d’hier et d’aujourd’hui. www.illiade.com

LA MAISON DES ARTS LINGOLSHEIM

Romance, spectacle de marionnettes de la Soupe Compagnie (07/12) raconte les aventures que les enfants peuvent rencontrer sur leur chemin en allant à l'école, avec reines, sorcières et oiseaux.

Strasbourg ESPACE CULTUREL DJANGO REINHARDT Avec les Meteorhits, le public devient la star de la scène, dans un karaoké (15/12) avec plus de 200 titres. www.espacedjango.eu

LE MAILLON Dans le cadre de Premières, le TNS et le Maillon présentent Gespenster (13, 14 & 15/12 Salle Gignoux / TNS en allemand, surtitré en français) d’Ibsen : Margot, 81 ans est malade. Elle cherche quelqu’un qui pourra l’aider à mourir. www.maillon.eu

LES MIGRATEURS Les sept femmes de Mad in Finland nous montrent leur pays, tel qu’elles le rêvent dans ce spectacle de cirque (10-22/12, Théâtre de Hautepierre). En coopération avec Le Maillon et le Kulturbüro Offenburg. www.lesmigrateurs.eu

Le Krismass Show (0223/12), le nouveau spectacle pour les fêtes, mélange humour, magie et érotisme. www.espace-k.com

LES TAPS Avec la création de Freetime (06-10/12) Jean-Marc Eder se penche sur le destin de Mademoiselle Koga. Une pièce sur la notion du temps et l’insignifiance. www.taps.strasbourg.eu

TJP Dans Tria Fata (07-09/12) une vieille femme négocie avec la mort. www.tjp-strasbourg.com

THEÂTRE DU CUBE NOIR Baisers Mortels (13-18/12) est une parabole sur l’amour et le pouvoir, dans un monde qui va mal. www.trois14.org

ZÉNITH La comédie musicale Noël en Gospel (18/12) réunit les histoires du negro spiritual, du gospel, du blues, du jazz, du RnB et de la soul. Réservez vos billets ! The XX (17/02/2017) : le trio star de la pop ascétique est de retour avec un nouvel album, I see You. www.zenith-strasbourg.fr

www.lingolsheim.fr

ESPACE ATHIC OBERNAI

Avec leur swing et jazz manouche, Gag’a Weiss & Gipsy Liberty font voyager le public (13/12) dans les fêtes des années 1930. www.espace-athic.com

The xx © Laura Coulson

BISCHWILLER

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Sud

ESPACE K



MIXORAMA spécial noël

PRINCE SANS RIRE

Livres à r ! gagne voir p.30

Cet ouvrage jeunesse se nomme Les Contes des mille et un ennuis (dès 7 ans) mais on ne se lasse pas une seconde à la lecture de ce recueil de « parodies de contes », confie son auteur, Emmanuel Parmentier, par ailleurs prof de lycée strasbourgeois. Illustrées par Jérémy Parigi, ces huit histoires influencées par les frères Grimm tout comme par Shrek (sic !) invitent à la rencontre d’un ogre végétarien, d’un loup vraiment pas méchant ou d’un prince (pas si) charmant jurant horriblement… # E.D. Les Contes des mille et un ennuis est édité par Grrr… Art (12 €) www.grrrart-editions.fr www.emmanuelparmentier. blogspot.com

DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE

Un ciel nuageux. Un brouillard épais et quelques tiges valsant au gré du vent. On distingue des êtres vivants au visage caché, flouté, coupé et entend des drones vrombissant et notes pianotées, comme des touches colorées sur un monochrome noir. Les pages de l’ouvrage photo tournent au même rythme que le disque glissé dans le livre. Images impressionnistes et intimistes se mêlent à un rock atmosphérique, parfois dense. Check Out (édité par Hornschaft, distribué par Africantape), magnifique projet musicalo-photographique du duo Giordano Simoncini / Alessandro Incorvaia, entremêle grain des clichés et sillons profonds du vinyle, laissant des balises à l’auditeur / regardeur – des traces de pas sur une plage de sable fin… – et, à l’instant d’après, brouillant les pistes et le perdant dans des roches lissées par le temps ou au bord d’une route traversant un désert. # E.D. www.hornschaft.com Ne pas manquer le concert de Peter Kernel (au Troc’afé (10/12) dont le dernier album, Thrill Addict (publié par On the Camper records), est également distribué par Africantape www.peterkernel.tumblr.com

PORTRAIT

CHINOIS

Livres à r ! gagne voir p.30

Dans l’ouvrage de notre collègue Hervé Lévy, Les Miscellanées d’Alsace, on ne s’étonnera guère de découvrir une note sur la très Belle strasbourgeoise peinte par Largillière, un clin d’œil à la réplique colmarienne de la Statue de la Liberté ou encore la recette de la tarte flambée. Au fil des pages, on trouvera également, pêle-mêle, des ruines de châteaux forts, quelques joueurs du Racing, une louchée de villages aux noms compliqués et une cuillère à soupe de Melfor. Ce petit livre rouge, conçu par un amoureux fou de sa région, oscille « entre absolue futilité et profonde utilité ». Il dessine un portrait très personnel de l’Alsace en 150 focus, indispensables ou anecdotiques, donc essentiels. Surtout, page 23, nous apprenons, enfin, s’il faut dire un ou une bretzel, car contrairement aux anges de la Cathédrale, LE bretzel est sexué. # E.D. Les Miscellanées d’Alsace sont parus chez Ouest-France (9,90 €) www.editionsouestfrance.eu

ALSAMIAM

Illustrateur célèbre, Guy Untereiner a également été… pâtissier Aux trois roses (La PetitePierre). Il partage ses secrets avec nous dans ces Douceurs d’Alsace réalisées avec le styliste culinaire et photographe Sébastien Merdrignac. Kougelhopf, Streusel, Männele, petits pains d’épices aux amandes, étoiles aux noix… En tout 80 recettes attendent les gourmands. # H.L. Douceurs d’Alsace est paru chez Ouest-France (17,90 €) www.editionsouestfrance.eu 22 —

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© Disney 2016

HEY MICKEY, YOU’RE SO FINE

Brillante idée que de confier Mickey, personnage au moins aussi, sinon plus, célèbre que les Beatles, à de brillants auteurs d’aujourd’hui qui lui rendent hommage via des albums respectueux de la souris de Disney, parfois gentiment iconoclastes (les Craziest Adventures de Trondheim & Keramidas), toujours séduisants. Avec La Jeunesse de Mickey, Tébo décrit en cinq historiettes un héros vieillissant racontant à son arrière-petit neveu ses aventures abracadabrantesques riches en rebondissements. On se croirait presque dans Big Fish de Burton : le souriceau, incrédule, s’interroge « Tout est vrai dans ce que tu racontes ? » Mickey, un fabulateur ? # E.D.

THE ROOTS

Les origines du rock vues par le prisme de la BD ? Le travail de Crumb, sans hésiter ! Celles de la musique de danse, disco ou house ? Le formidable diptyque de Blot & Cousin et leur Chant de la machine. Pour tout savoir des racines du hip-hop, on se référera à l’ouvrage d’Ed Piskor qui, dans un style également très crumbien, décrit les prémisses d’un mouvement avec Hip-hop family Tree, série entamée en 2012 sur le net. Le numéro 1 de la saga débute à la fin des seventies new-yorkaises, lorsque le gourou Bambaataa utilise cette culture comme un outil « pour canaliser la violence » dans le Bronx. Les bandes, plutôt que de se taper dessus à coups de batte, vont se défier à travers des battles, branchant leur sono sur les lampadaires des terrains de basket. En quelques décennies, nous sommes passés de l’underground au mainstream, du DIY au gros business… même si certains vétérans avaient déjà un sens des affaires bien aiguisé. # E.D.

La Jeunesse de Mickey par Tébo (17 €) & Café Zombo (19 €) par Régis Loisel, parus chez Glénat

Hip-hop family Tree est paru aux éditions Papa Guédé (26 €)

www.glenatbd.com

www.papaguede.fr

Pour célébrer Noël, les Galeries Lafayette de Strasbourg inaugurent un Disney Store au 3e étage www.galerieslafayette.com/magasin-strasbourg

Hip-hop à Strasbourg : Festival Paye ton Noël (Aaron Abernathy, La Vieille École ou Black Milk Live Band), au Molodoï (02-17/12) www.pelpass.net À écouter : Brûle – The Bronx Mixtape (1973-1979), BO du roman Brûle de Laurent Rigoulet, avec Grandmaster Flash & The Furious Five, Afrika Bambaataa, The Sugarhill Gang… (Pias)

SA VRAIE NATURE

À voir : The Get Down, excellente série de Netflix sur les débuts du hip-hop dans le South Bronx

Le photographe Bernard Irrmann nous invite à voir Strasbourg sous un nouveau jour : il a arpenté la cité en tous sens, traquant la nature en ville. Le résultat ? Un livre sensible composé de 150 clichés, vues saisissantes (comme une perspective étonnement agricole sur la Cathédrale), panoramas poétiques, errance arty (avec une étonnante mosaïque représentant un rhinocéros à Neudorf) ou shoots anxiogènes montrant, par exemple, un cygne faisant son nid au milieu des déchets. Au fil des pages, nous sommes séduits, interpellés, rêveurs… Merci Bernard ! # H.L. Strasbourg, signé Nature (32 €) Rencontre-dédicace avec Bernard Irrmann au Marché de la Robertsau (10/12, 8h-12) et à la Librairie Broglie (11/12, 15h-18h) www.bernardirrmann.com

6 rue du Renard-Prêchant à Strasbourg Tél. 09 73 29 10 68 209 l

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MUSIQUEnoël DOSSIER

YES, CIRE !

Photos de Benoît Linder pour Mix

On dirait le Sud… En poussant la porte de l’appart / labo d’Emma Vilà, 1 001 effluves parfumées et florales enivrent le visiteur. La créatrice des bougies homemade Le Chat dans l’armoire nous accueille au milieu des huiles essentielles bio et des chips de cire de soja. # Emmanuel Dosda

J’aime beaucoup votre bougie Jour de lessive : on s’y croirait. Vos créations sont-elles autant de “madeleines” ? Oui, les senteurs déclenchent quelque chose dans le cerveau qui replonge chacun en enfance, lui faisant revivre des moments agréables. Avec Jour de lessive, c’est comme si on venait de sortir le linge de la machine à laver et qu’on s’apprêtait à l’accrocher au soleil. Le ciel est bleu et on commence à faire chauffer le fer à repasser. Un souvenir du Sud d’où je viens… Toutes vos créations nous conduisent-elles vers Perpignan, dont vous êtes originaire ? Pas forcément : Passage Brady, par exemple, est un hommage à une petite ruelle située près de la Gare de l’Est où on trouve des restaurants indiens. Il y a aussi une boutique qui sent bon le Nag Champa, une flagrance indienne : ayant vécu sept ans à Paris, j’y allais tout le temps m’approvisionner en encens, épices, thé ou beurre de karité. Quelle est votre bougie la plus évocatrice ? Fleur d’oranger : elle m’évoque ma grand-mère à Banyuls-sur-Mer qui me faisait des bougnettes, sortes de beignets catalans que je mangeais en été, en revenant de la plage. Crème de banane, Gelée d’airelles, Melon d’été ou Tendre nougat… Comment figer des odeurs dans la cire ? C’est avant tout une question de patience. Je fais fondre la cire, puis la travaille à la température voulue avant d’introduire la base aromatique. On laisse infuser, puis on coule dans les contenants en verre et place la mèche en coton non traité. Pour les senteurs, je collabore avec des artisans parfumeurs de Grasse auxquels je soumets mes idées et envies. 24 —

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Pourquoi avoir commencé à fabriquer des bougies ? Parce que je cherchais en vain une bougie en cire végétale, sans paraffine, non parfumée et avec une mèche “crépitante” en bois. Alors, je l’ai conçue moi-même ! Très vite, je me suis lancée, créant des bougies parfumées et travaillant à mon compte depuis 2015. Votre labo est votre maison : pratique ? Impossible pour moi d’avoir un appart façon Ideat ou autre magazine de déco : il y a des cartons partout ! Comme j’ai l’impression de ne jamais sortir du boulot, il m’arrive parfois de travailler jusqu’à 5h du matin. Il me faudrait sans doute un atelier… Quelles sont vos dernières créations ? Rhubarbe /Vanille, très gourmand, Fleur de citronnier, assez poudré, et Sillage, plutôt poivré et boisé. Sinon, il y a L’Or et la Myrrhe pour Noël : on a l’impression d’être dans une église. En vente, à Strasbourg, au concept store Curieux?, chez le fleuriste Balsamine et à La Boutique des créateurs (bougies de voyage à partir de 17 €)

à Bougies  ! r gagne voir p.30

www.curieux-store.com – www.boutiquebalsamine.fr /boutiquecreateurs67 Marché de Noël des créatrices alsaciennes, à L’Hôtel Beaucour, 17 & 18/12 (entrée libre) www.noelcreateursalsaciens.blogspot.com Boutique Ephémère des créateurs d’Alsace (jusqu’au 29/12), 1 rue de la Chaîne Boutique éphémère de l’Hôtel du Bouclier d’Or, Noël Bonheur, (11-23/12) www.etsy.com/shop/lechatdanslarmoire


C’EST BIO, LA VIE

IDÉE CADEAU ?

UN CHAPEAU !

Un chapelier à Strasbourg, c’est fou ! La chapellerie de la Grand’rue (au numéro 40) fait figure d’institution dans la capitale européenne. Depuis plus de 140 ans, Clerff-Fraikin est l’adresse incontournable où dégotter un chapeau, pour femme ou homme : casquette, béret basque, Gavroche, Panama, Borsalino, Stetson ou couvre-chef à l’ancienne de fabrication maison. Une magnifique boutique qui déborde d’idées pour garder la tête bien au chaud. Pour Noël, offrez des chapeaux ! #E.D.

Lylou et Laureline : plus qu’un duo de salons (2 rue Sédillot & 46 rue de la Krutenau), des créateurs qui s’engagent pour le développement durable. De la coiffure bio ? Mais pas seulement : une équipe qui réalise la coupe de vos rêves, qu’elle soit hyper classique ou super tendance, utilisant des produits de qualité et donnant des conseils avisés. Le + : la coloration végétale ayurvédique. #E.D. www.mylylou.com www.mylaureline.com

www.chapeau67.fr

Beauté, grâce et responsabilité Flore & Zephyr, la joaillerie chic et éthique en plein cœur du Carré d’Or (18 rue du Sanglier) offre une large gamme de bijoux, fabriqués dans l’atelier strasbourgeois par l’artisane d’art Laura. Chaque pièce est produite à la main, avec des techniques traditionnelles et un design moderne : de jolis lignes pures et simples, avec le petit détail qui fait la différence. Le plus ? On y achète la conscience tranquille, car toutes les matières premières proviennent d’exploitations gérées de manière équitable. #S.M.K. www.flore-et-zephyr.com 209 l

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MUSIQUEnoël DOSSIER

La planète sauvage Les travaux de Julia Tisserant, créatrice alsacienne de “design textile & sérigraphie artisanale”, sont peuplés de végétaux et de bêtes plus ou moins féroces. À découvrir dans l’exposition-vente OZ. Grrr… # Emmanuel Dosda Votre nom semble vous avoir prédestinée à la création textile… Je me suis très tôt intéressée au domaine artistique, avant de suivre des études en communication visuelle. Comme j’appréciais particulièrement le dessin et la couture, je me suis dirigée vers le design textile qui consiste à proposer des motifs pour l’ameublement ou des articles de mode. C’est alors que vous avez fait des études à Lyon, la cité des canuts… Sans trop y croire, j’ai postulé aux Beaux-Arts où j’ai été reçue. C’est là que j’ai appris la technique de la sérigraphie. Aujourd’hui, j’imprime moi-même tout ce que je fais ! Coussins, sacs, carnets, luminaires, torchons, etc. Vous multipliez les supports pour vous exprimer ? Il s’agit de prétextes pour poser mes dessins. Les contraintes sont à chaque fois différentes, comme les modes d’impression. Vos travaux sont influencés par la nature alsacienne, parfois la plus sauvage. Le cadre bucolique dans lequel vous évoluez, dans la campagne colmarienne, agit-il sur votre création ? J’ai grandi en faisant des promenades en forêt au milieu des animaux qui surgissaient de derrière les arbres, mais une fois à Lyon, je me suis trouvée éloignée de tout ça. Pour renouer avec l’univers naturel, je me suis penchée sur cette question lors du diplôme : “Comment introduire la nature sauvage dans un intérieur domestique ?” C’est comme ça que j’ai commencé à imprimer des têtes de sangliers et autres renards sur coussins ou rideaux. 26 —

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Les magiciens d’OZ “Ozons” le fait main plutôt que le standardisé : l’expositionvente OZ les métiers d’art rassemble une cinquantaine de créateurs sur deux espaces (à quelques mètres du marché de Noël de la place Broglie) : céramiques de Yun-Jung Song (un de nos coups de cœur), bijoux de Miho Nakatani, textiles de Marina Hurel, vêtements de Judy Koenig ou verre soufflé de Thibault Lafleuriel. À découvrir aussi : les créations d’Adeline Ziliox qui propose des écharpes, pochettes ou mitaines, en série limitée. Peut-être connaissez-vous déjà la talentueuse styliste strasbourgeoise ayant brillé en finale de l’émission Projet Fashion il y a quelque temps. Entrée libre. 09-18/12 (10h-19h) Résidence Charles de Foucauld, rue de la Comédie (Strasbourg) www.fremaa.com Les créations de Julia Tisserant sont présentées lors du salon OZ (Strasbourg), 09-18/12, et au Marché de Noël-Koïfhus (Colmar), jusqu’au 31/12 Gamme de prix : 20 € le torchon, 40 € le coussin 40 X 40 cm, 12 € le carnet Ateliers d’initiation à la sérigraphie en janvier 2017 à Widensolen www.juliatisserant.com

xà Cadeau  ! r gagne voir p.30


Shebam ! Pow ! Blop !

Fizz !

Rafaële David © Guy Rebmeister

Cette année, la traditionnelle boule de Noël contemporaine de Meisenthal a été confiée à la designeuse Rafaële David qui a conçu une création nommée Fizz. Elle a exhumé un presse-citron fabriqué jusqu’aux années 1960 à Meisenthal pour le réinterpréter. La créatrice : « J’ai été séduite par les neufs lobes et les dix-huit picots de l’objet… et la découverte de la presse manuelle du XIXe siècle que l’on a remise en fonction pour faire des expérimentations et créer le moule de Fizz, réalisé alors en verre soufflé. » #E.D. En vente (à partir de 19 €) à Meisenthal : au CIAV jusqu’au 29/12 (sauf 24 & 25) de 14h à 18h

à Boules r ! gagne voir p.30

En vente (à partir de 19 €) à Strasbourg : au marché de Noël de la Petite-France 25/11- 24/12 Autres points de vente & infos : www.ciav-meisenthal.fr

PLAISIR D’OFFRIR

Seconde édition de la version Off du Marché de Noël strasbourgeois (place Grimmeissen) qui rassemble tous “les agités du local” (01- 24/12). Les traditions de fin d’année se voient customisées, revues et corrigées par des artistes, commerçants ou assos du quartier Gare. Produits locaux, solidaires et écoresponsables sont à l’honneur avec Libre Objet, Pur ETC., Artisans du Monde… Outre le Marché, au programme également : des rencontres, conférences, ateliers et même un parcours Street Art dans le quartier qui s’est mobilisé. #E.D. www.noel.strasbourg.eu

JEUNE & JOUEUR

Institution strasbourgeoise, Philibert a ouvert le Philibert des Petits (10 place Kléber), il y a quelques mois. Le lieu propose une abondante offre à destination des enfants (de 1 à 7 ans). Jeux de cartes, de plateau, de construction… Il y en a pour tous les goûts. Nos coups de cœur pour Noël ? Drôles de Lutins qui nécessite mémoire, sens tactile et un brin de filouterie, et Viva Topo où des souris doivent manger du fromage sans se faire prendre par un matou. Let’s play ! www.philibertnet.com

UN GOÛT

DE PARADIS

Thierry Mulhaupt, maître pâtissier-chocolatier strasbourgeois, nous émerveille à nouveau avec ses créations arty pour Noël. Direction le paradis, rien que ça, avec sa bûche en série limitée, inspirée par l’archipel Vanuatu dans le Pacifique. À découvrir également, Rêves des îles (avec du litchi, entres autres saveurs), Pirouette (cacahuète, caramel…) ou la spécialité glacée Forêt verte (praliné…). Deux adresses : 18 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons et 5 rue du Temple-Neuf. #E.D. www.mulhaupt.fr


© Wolfgang Silveri

JEUNE PUBLIC

EN PISTE

Noël en piste, le festival de cirque contemporain de l’association Graine de Cirque revient cette année (13-18/12 sous chapiteau au Jardin des Deux Rives) avec Le Petit Cirque qui nous parle du déracinement des circassiens ou encore Gang de Balles qui jongle avec poésie et humour.

CHOUCROUTE ROYALE

PAYSAGES

Un ouvrage très graphique signé Vincent Godeau (ex-Arts déco strasbourgeois). Un conte contemporain de Julien Tauber, celui d’un bonhomme « pas plus grand qu’un pouce » habitant une simple boîte en carton sur le parking d’un supermarché. Le petit être observe le monde et se réjouit de la poésie urbaine, du paysage industriel, de la beauté pop des centres commerciaux et des affiches publicitaires. Intrigué par l’une d’entre elles présentant le beau visage d’une princesse conviant les plus téméraires à la retrouver en son château, il part pour Le Palais de Choucroute (édité par Seuil jeunesse, 13,50 €, dès 5 ans). Le père de la belle, le roi, est loin d’être chou… #E.D.

Avec Evaporated Landscapes (1518/12, TJP Grande scène), la danseuse et chorégraphe danoise Mette Ingvartsen propose un spectacle évanescent, une pièce abstraite sans interprète humain, mais avec de nombreux figurants : fumée, mousse ou bulles. Le spectateur est face à la fabrique d’un monde artificiel, de paysages faits de l’évaporation ou de la dissolution de matières. Un show familial entremêlant poésie de l’éphémère et magie des effets visuels. Dès 6 ans. #E.D. www.tjp-strasbourg.com

www.seuil.com

www.grainedecirque.fr

Retrouvez l’univers de Vincent Godeau dans la vitrine du magasin dédié à la littérature jeunesse La Bouquinette décorée façon “Palais de la Choucroute”  /LaBouquinette

© Pascal Holtzer

Le fil de l’histoire

Pour Ismaïl Safwan, metteur en scène de Flash Marionnettes, il est essentiel que le public soit « dans la joie de la découverte » en même temps que légèrement bousculé, interrogé par les thématiques abordées lors des spectacles proposés par la compagnie. Animal (11/12, Le Pré’O, Oberhausbergen) offre à toute la famille (dès 7 ans) une relecture actuelle des fables classiques. Aujourd’hui, qui a peur du grand méchant loup ? C’est pas nous, c’est pas nous ! Plus personne ne craint les animaux, mais d’autres peurs plus contemporaines ont vu le jour. #E.D. www.le-preo.fr  l 209

© Daniel Estades

MÉCHANT LOUP ?

© Jean-Luc Stadler

QUI A PEUR DU

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FUGITIFS

Pour la 7e fois, Le Temps Fort Marionnette (jusqu’au 16/12 quartiers Europe et Bel-Air) revient à Colmar pour émerveiller les enfants de 3 à 9 ans et leurs parents : dans VY Michèle Nguyen conte le destin d’une petite fille exilée du Vietnam, qui rêve de devenir danseuse tandis que Graines de papier de la compagnie Les Farfouilleuses présente deux graines qui font respectivement pousser un arbre et un homme, liés à jamais, dans un décor ciselé, tout en papier. #S.M.K. www.lezard.org

LIBRE EXPÉRIENCE ! Durant les congés, rendez-vous, avec vos enfants, au Vaisseau afin de découvrir (si cela n’est pas encore le cas) son nouvel espace, dédié entièrement à la créativité : Le Lab’Oh ! Ce parcours pour toute la famille permet à travers dix étapes (jeux de mots, jeux d’ombres, détournement d’objets...) d’explorer l’inventivité de chacun. #S.M.K. www.levaisseau.com

Programmation spécifique pour les fêtes de Noël : atelier fabrication de bougies, dispositif interactif…



un

de cadeaux Pour Noël, le magazine Mix gâte ses lecteurs avec toute une ribambelle de cadeaux qui sont autant de coups de cœur. Plongez sous le sapin et tentez votre chance !

Jouez sur... www.magazinemix.fr /mgzmix ou sur

5 bougies de voyage (petit format) du Chat dans l’armoire

facebook.com/lechatdanslarmoire

5 livres Les Miscellanées d’Alsace, d’Hervé Lévy (édité par Ouest-France), dédicacés par l’auteur

www.editionsouestfrance.eu

livres jeunesse Les contes des mille 2 et un ennuis (édité par Grrr… Art éditions), dédicacés par l’auteur

www.grrrart-editions.fr

5 carnets et 5 lots de cartes de Julia Tisserant www.juliatisserant.com

2 albums Prohibition Swing de Lyre le

www.cirquedhiver.com

www.lyreletemps.com

boîtes de Thé de la Cathédrale 3 de Dammann Frères

Temps

cartes cadeau d’une valeur de 25 euros, 2 chez Gagao

www.gagao.eu

0 x 2 places pour Aquatique Show Inter1 national, au Zénith (Strasbourg), lundi 26/12

www.aquatic-show.com

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x 2 places pour le Cirque d’hiver 5 Bouglione, au Parc des Expositions – Wacken (Strasbourg), samedi 9/12 ou samedi 16/12

www.dammann.fr

x 2 places pour le spectacle de 2 Redouanne Harjanne, à L’Illiade d’Illkirch-Graffenstaden, mercredi 14/12 à 20h30

www.illiade.com




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