CafĂŠs sati
in out
magazinemix.fr
#228 septembre 2018
lifestyle strasbourg
coop
Ă strasbourg
magazine
strasbourgeois
édito
Les Bains Weisz ont arrêté leur activité en 1970 © Archives de la Ville de Strasbourg
la vie aquatique : encore un effort ! Il s’agissait du meilleur nouveau spot de l’été strasbourgeois, situé Quai Saint-Jean : Le Lavoir (géré par l’équipe du Botaniste) permettait de siroter une boisson fraîche (et locale) au fil de l’eau, à hauteur de canard. Hélas, l’histoire de ce bar éphémère a été plus que furtive : il a dû remballer ses fûts et bouteilles, bancs et grandes tables en bois… non pas à cause d’une attaque de ragondins, mais pour des raisons administrativojuridiques incompréhensibles. Pourquoi une telle initiative simplement sympathique qui ne sentait pas la CB en surchauffe (oui, nous faisons référence à La Manufakture) a-t-elle pris la flotte ? “L’affaire Lavoir” prouve que Strasbourg a encore de longues heures de navigation à faire avant sa mue en ville renouant « avec sa tradition fluviale », dixit Roland Ries. Les marins d’eau douce qui ont vogué sur un des petits bateaux électriques sans permis pour se balader sur l’Ill nous contrediront sans doute et c’est tant mieux. Tout comme les gamins s’étant amusés 16 rue Teutsch - 67000 Strasbourg - magazinemix.fr &
sur la paisible plage installée devant la médiathèque Malraux, tandis que leurs parents se délectaient du spectacle offert par les jouteurs nautiques. Reste que les plus belles surprises estivales sont venues des parcs strasbourgeois : investis hebdomadairement par les notes acoustiques des groupes se produisant sous le kiosque à musique du Contades ou par les images des films projetés à la belle étoile, au Heyritz, à l’Orangerie et la Citadelle. Ces soirées ciné en plein air, concoctées par des passionnés, ont attiré un monde fou, de tous les âges, dans une ambiance bon enfant et cinéphilique, avec une prog’ populaire & de qualité comme… La Vie aquatique. Vivement demain que Strasbourg réconcilie avec cette période (pas si lointaine) où l’on se baignait dans l’Ill.
facebook.com/mgzmix
Emmanuel Dosda mix.strasbourg
Directeur de la publication julien.schick@bkn.fr | Service commercial +33 (0)3 90 22 93 36 | Contacts France rudy@bkn.fr | Contact Allemagne sarah.krein@bkn.fr Contact rédaction emmanuel.dosda@bkn.fr, Amélie Zimmermann (stagiaire) | Développement web vianney.gross@bkn.fr | Graphisme luna.lazzarini@bkn.fr, Nina Bilger Éditeur BKN ÉDITEUR Sarl au capital de 100 000 € RCS : 402 074 678 | +33 (0)3 90 22 93 30 — bkn.fr | Photo de couverture Eddy Pretto par Melchior Tersen Imprimé chez Ott Imprimeurs à Wasselonne | Dépôt légal Août 2018 Des coups de cœur à partager et des infos à annoncer ? Envoyez-les à emmanuel.dosda@bkn.fr 228 l
—3
brèves
DORMIR SUR B612
maillon.eu
© Operaprince
Pour son ouverture de saison, Le Maillon propose plusieurs apéros de présentation (04, 07 & 11/09 au Gobelet d’Or, 13/09 à la Cité de la Musique et de la Danse) qui permettent de rencontrer l’équipe et de découvrir, à travers des extraits, les spectacles de la nouvelle saison ! Entrée libre, réservation obligatoire (03 88 27 61 71 ou info@ maillon.eu).
© monsieur Cantin
NOUVELLE SAISON
À VOS CANDIDATURES ! Désormais le Parc du Petit Prince à Ungersheim permet de passer un weekend complet dans l’univers de Saint-Exupéry : les visiteurs peuvent dormir à l’Hôtel des Loges situé au pied de l’Écomusée et se restaurer dans trois restaurants typiquement alsaciens – la Taverne, la Winstub d’Hégenheim et la Boulangerie – desservis par une navette électrique qui relie les deux sites. Ceux-ci proposent d’ailleurs un ticket de famille commun pour 2 jours. # S.M.K.
© Camille Fischer, Prix Spécial Amis des Arts 2017
La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg lance à nouveau son appel à candidature pour le Prix Théophile Schuler et le Prix de la SAAMS – dotés respectivement de 3 000 et 1 500 € – qui permettent aux artistes de moins de 35 ans résidant en Alsace d’exposer leurs œuvres lors de la foire d’art contemporain ST-ART. Les dossiers de candidatures doivent être déposés auprès de la SAAMS avant le 18 octobre. # S.M.K.
parcdupetitprince.com
LUXE SECONDE-MAIN
amisartsetmusees-strasbourg.fr
Le Salon du V intage passe par Strasbourg à la rentrée (22 & 23/09) pour sa 50e édition, et présente les reliques de ses 200 exposants. Vieilles voitures, mode, mobilier, vinyles : la grande variété des produits proposés attire tous les ans plus de 100 000 visiteurs en province. # A.Z.
MÉLODIE FÉROÏENNE
© Luna Torr
© Florent Chiappero
salonduvintage.com
4—
Constructif !
L’auteure-compositrice-interprète Eivør donne l’un de ses premiers concerts en France à la Salle du Cercle de Bischheim (18/10 à 20h30). Depuis son premier album en 2 000, sa voix soprano et ses balades envoûtantes ont conquis toute l’Europe du Nord. Elle mêle à la musique traditionnelle de ses îles natales des influences éclectiques, du classique à la pop, de l’electro au folk. # A.Z.
L’Écomusée présente la seconde édition de son festival Bàuistella sous le thème Architectures, terre et bois (11-16/09). Chacun des participants doit construire un abri de pique-nique permettant de moderniser une technique traditionnelle, celle du torchis notamment. Le festival est ponctué d’animations, conférences et spectacles autour du vivre-ensemble. # A.Z.
salleducercle.fr
ecomusee.alsace/fr
l 228
brèves
ART & VIN Cet automne, Les Ateliers de la Seigneurie à Andlau proposent une manière originale de découvrir le Pays de Barr : un atelier Vin & Peinture en trois temps (23/09, 21/10, 18/11 de 10 à 17h). Franck Mairine, expert en vin et l’artiste peintre Sarah Bourdarias vous emmènent à la découverte gustative et visuelle d’un paysage magnifique. # S.M.K.
DOUBLE PASS
lesateliersdelaseigneurie.eu © Jan Steen, La manière dont vous l’entendez est la manière dont vous le chantez 1668-1670
BARR EN FÊTE
Pour profiter de leurs spectacles respectifs deux salles à 15 minutes de Strasbourg ont fait un deal : Le Point d’Eau à Ostwald et le PréO à Oberhausbergen proposent ensemble le Pass O2 avec lequel on peut voir au minimum deux dates chez chacun pour la modique somme de 36 €. Alors, on attend quoi ? # S.M.K. lepointdeau.com le-preo.fr
© Guy Roth
La 66e Fête des Vendanges à Barr (05-07/10) confirme à nouveau le statut de la ville en tant que Capitale viticole de l’Alsace ! Pendant trois jours les rues de la ville s’animent avec l’élection de la Reine des Vendanges, le traditionnel Marché aux Puces, dégustations de vins, concerts et cortège fleuri dédié cette année aux villes européennes. # S.M.K. barr.fr
DÉBUT DE SAISON ESPAGNOL
relais-culturel -haguenau.com
URS à
CO r ! gagne26 voir p.
Les fashionistas qui n’en ont jamais assez du shopping, auront un agenda plein en septembre : EVSD, le vide-dressing géant va conquérir Haguenau (01/09), Strasbourg (08 & 09/09) et Colmar (15/09) ! Trois occasions de faire des trouvailles vintage en parfait état et de profiter d’ateliers beauté, de marchés de créateurs, DJ sets et surtout de rencontrer d’autres folles de la mode. # S.M.K. evsd-videdressing.fr
ENVIE DE DANSER ? Pour une année dansante, l’Académie de danse Daniela Gihr à Strasbourg ouvre ses portes à la rentrée (10-14/09), afin de permettre à chacun, de trouver le cours qui lui convient. C’est l’occasion pour tous les âges et tous les niveaux d’essayer un cours de danse classique, jazz, barre au sol ou d’éveil. Les plus expérimentés peuvent directement commencer à un niveau intermédiaire ou confirmé. # S.M.K.
© Claude Fischer 6—
SERIAL SHOPPEUSES © Sylvain Gripoix
L’ouverture de saison au Relais culturel de Haguenau (06 & 07/09) s’annonce chaude... Après une présentation des spectacles à venir, la chanteuse Maria Dolores et ses complices du Amapola Quartett racontent l’histoire du tango à leur façon : drôle, passionnée et sexy. # S.M.K.
academie-daniela-gihr.fr l 228
expositions
L’ART LE LONG DES SENTIERS
© Louis Danicher
Louis Danicher peint le paysage de l’ordinaire : la mauvaise herbe, les fleurs des bords des routes. Au fil des saisons, exposition présentée au Cine de Bussierre (16/09-21/10, vernissage le 14/09 à 18h), évoque la beauté végétale entre ronce et charbon, ravissement et inquiétude. # A.Z. sinestrasbourg.org
© Guillaume Bression et Carlos Ayesta
EN TERRE INCONNUE
ZONE INTERDITE Retracing My Steps (08/09-28/10, vernissage le 07/09 à 18h à La Chambre) témoigne de la catastrophe atomique de Fukushima causée par le séisme et le tsunami de 2011. Les photos de Guillaume Bression et de Carlos Ayesta capturent l’invisible douleur, la menace nucléaire et les conséquences de ce désastre. En s’approchant à 20km de la centrale pendant six ans, ils collectent les images hypnotiques du paysage dévasté. Leur projet reçoit en 2017 le Prix Découverte des Rencontres d’Arles. # A.Z.
Cinq anciens étudiants de la HEAR et un architecte formé à l’ENSAS se regroupent pour présenter Profondeurs, exposition collective à la galerie Faubourg 12 (20/09-07/10, à Strasbourg). Mario Baux-Costesèque, Roman Carvajal Pardo, Julie Chane-Hive, Elodie Marandon, Étienne Reutenauer et Emma Thiel investissent les abysses du monde. Entre installations, vidéoprojections, œuvres plastiques et sérigraphies, ils réécrivent la genèse de l’univers en allant vers des terres occultes. # A.Z. profondeurs-atlas.com
VERRERIE RÉINVENTÉE 18 étudiants des ateliers Bijou et Verre de la HEAR exposent au Musée Lalique (jusqu’au 16/09, à Wingen-sur-Moder) sous la thématique commune F comme… En référence à René Lalique et à l’importance de la femme, de la faune et de la flore dans son œuvre, ils revisitent ses codes pour en livrer une vision contemporaine. # A.Z. musee-lalique.com ‑ hear.fr 8—
l 228
© Till Augustin
la-chambre.org
Heart Of Glass : tel est le titre de l’exposition dédiée à Till Augustin, à la galerie strasbourgeoise Radial Art Contemporain (08/09-16/10). Au travers de sculptures en verre de grande envergure, il allie la violence du traitement à la vulnérabilité du matériau. En incisant ses œuvres avec perceuses, marteaux et burins, Till Augustin crée des formes saillantes dont le verre laisse pourtant voir toute la fragilité de l’œuvre. # A.Z. radial-gallery.eu
© Jacques Vicens
Verguet © Sonia
AU PIED DE LA LETTRE
DU SENS AU DESIGN Pour fêter les deux ans du cycle Blue Mood de l’association Rhénanie dont elle est cofondatrice, Sonia Verguet expose ses céramiques à la galerie Aedaen (06-09/09, vernissage le 06/09 à 18h). Elle propose une réflexion sur le sens du décor quand tout lui semble esthétiquement désincarné, autour de ses vases et moules épurés. Culture chinoise et alsacienne se mêlent savamment dans ses créations. # A.Z.
Quelle est la place de l’écrit dans notre monde saturé d’images ? L’exposition collective ECRITURE[S] organisée par la galerie associative Art’Course (05-29/09, à Strasbourg) tente d’y répondre en rassemblant une dizaine d’artistes. Grâce à leurs matériaux et procédés plastiques variés, sculpteurs, peintres et photographes, montrent que ces deux moyens d’expression demeurent complémentaires. # A.Z.
soniaverguet.com
galerieartcourse.com
MYTHES ALSACIENS
© Vinça Monadé
Ligne
conductrice La plasticienne Vinça Monadé centre son œuvre autour du trait. La ligne, qu’elle soit figurative ou purement abstraite, l’a menée vers la surface qu’elle aborde au travers d’aplats de couleurs. En simplifiant formes et motifs, elle fait émerger un monde nouveau où réalité et imaginaire se confondent. Une exposition lui est consacrée à la galerie L’Estampe à Strasbourg (15/09-13/10). # A.Z.
Revisiter le folklore alsacien à travers la gravure : il s’agit du parti-pris de l’exposition de Blue Jeanne intitulée Légendes d’hier, gravures d’aujourd’hui, à la galerie L’écrin (06-29/09, vernissage le 06/09 à 18h30). En suivant la minutie et la finesse de ses lignes, on plonge au cœur de mythes obscurs et féériques. Ses œuvres détaillées sont des chimères sensorielles. Une lecture de contes alsaciens a lieu le 15/09 à 15h. # A.Z.
estampe.fr
l-ecrin-strasbourg.com 228 l
—9
ils transforment la ville
un nouveau quartier : la COOP
Des ateliers d’artistes dans d’anciens ateliers, un FabLab dans une menuiserie ou un lieu de conservation de pièces muséales dans un magasin de stockage… Tout ça est d’une logique imparable. C’est la méthode Chemetoff ! Découverte du futur visage de la Coop – sur le site du Port du Rhin – en compagnie de l’architecteurbaniste-paysagiste du projet, Alexandre Chemetoff. # Emmanuel Dosda
Du quartier du Heyritz jusqu’à Kehl en Allemagne : 250 hectares sont en mouvement. Strasbourg – ville fluviale et portuaire, on l’oublie trop souvent – se rapproche encore du Rhin et reconvertit la friche du site de la COOP (installée en 1911 au Port du Rhin) en vaste espace de vie où cohabiteront activités du port autonome et habitants, artistes et commerçants. La ligne directrice de ce parc urbain, selon Alice Frémeaux, responsable du développement de la Société publique locale Deux-Rives : « Une approche sensible de l’existant et l’inscription d’un nouveau quartier sur un territoire, en respectant une typologie de formes typiques (toitures, façades…) : en aucun cas, il ne s’agira de construire une ville Ikéa, générique. » Les architectes ont été conviés à observer, à s’inspirer et redonner vie à un riche patrimoine matériel et immatériel, soit un modèle économico-social coopératif dont il faut préserver l’esprit. Comment ? En destinant un grand nombre de bâtisses à des projets liés à la création artistique ou à l’économie solidaire et en exigeant une mixité programmatique d’une zone où cohabiteront ateliers de maintenance (notamment de Batorama), logements, restaurants, brasserie, salle polyvalente, réserves des Musées… Pour mener à bien ce projet, il fallait un pilote de la trempe d’Alexandre Chemetoff, controlfreak auquel on doit l’Île de Nantes, exemplaire en matière d’aménagement d’une zone en friche au cœur de la cité. À Strasbourg, le projet de la SPL Deux-Rives, qui ouvre la ville sur l’Allemagne, se composera de 4 700 logements et 130 000 m2 d’activités économiques, il intégrera 50% de constructions neuves et 50% de réhabilitations. Pour celles-ci, la star de l’urbanisme a
planché afin de trouver des correspondances entre des activités et des lieux existants, « en les transformant le moins possible pour qu’ils soient conformes à leur affectation. » Ainsi, le double et immense Garage va (fin 2019) accueillir une trentaine d’artistes de La Semencerie. La vaste structure similaire à celle des actuels ateliers des “semeurs”, près de La Laiterie, se prêtera à merveille aux expérimentations et installations (parfois monumentales) des plasticiens qui après leur labeur pourront vaquer au Café musical, dans la même bâtisse. Les associations Central Vapeur (promotion de l’illustration) ou Accélérateur de Particules (art contemporain) s’installeront également ici et pourront bénéficier d’un jardin ou encore d’un espace d’exposition. Un peu plus loin, le Bâtiment de l’Union sociale (8 200 m²) accueillera les réserves des Musées strasbourgeois ou encore un atelier pédagogique où l’on pourra recevoir du public. Au rez-de-chaussée, une vitrine permettra de rendre visible un certain nombre d’œuvres, « comme un magasin d’antiquité ». Alexandre Chemetoff poursuit sa logique : « Ce bâtiment de stockage de riz, de sucre ou de farine gardera la même fonction, sauf qu’il s’agira de toiles ou de sculptures. » Et de désigner le bâtiment adjacent, l’ancienne Cave à vin (12 500 m²) dont la salle d’embouteillage deviendra salle de restauration. « On ne change pas totalement de fonction : on se sert des lieux et de leurs qualités pour les adapter à de nouveaux programmes. » strasbourgdeuxrives.eu
appel à projets Lancement d’un appel à projets pour l’occupation transitoire et l’activation citoyenne des Halles Citadelle (1760 m2) pour une durée de 2 à 3 ans. « Le projet qui sera retenu devra préfigurer un quartier convivial, écologique et actif, dans un environnement unique. » Date limite de rendu des dossiers de candidature : 14/09/18, 15h. alsacemarchespublics.eu 10 —
l 228
Salle des cuves © Croquis de Alexandre Chemetoff et photo de Arnauld Duboys Fresney
228 l
— 11
12 —
l 228
ils transforment la ville
Salle embouteillage © Croquis de Alexandre Chemetoff et photos de Arnauld Duboys Fresney
Questions à Alexandre Chemetoff, qui prône une « culture COOPérative »
La question des spécificités “régionalistes” et de l’inscription dans l’histoire est essentielle dans votre démarche. Pourquoi ? Pour pouvoir travailler sur un site comme celui-là, il faut l’étudier pour comprendre son histoire et sa géographie. Pourquoi la maison à la belle façade nommée Rheinfisher se trouve à un endroit où il n’y a rien aujourd’hui ? On s’est rendu compte que le tramway menant de Strasbourg à Kehl dans les années 1930 passait par là. Il aura fallu un siècle pour que le Tram repasse exactement au même endroit ! [l’extension du tramway D traverse la frontière depuis le printemps 2017, NDLR] Il y a une permanence dans les tracés, une logique. Les nouveaux quartiers sont souvent hors-contexte d’une ville : je vois au contraire la COOP comme un projet manifeste. Ici, on voit tout de suite qu’on est à Strasbourg, dans la continuité de la Neustadt. Comment, par exemple, jugez-vous la construction des Black Swans sur la Presqu’île Malraux ? Elle ne correspond absolument pas à ce que je recherche et ce que je défends. Sur le site de la COOP, même les constructions récentes seront strasbourgeoises : nous ne
serons ni à Berlin, ni à Copenhague. Le passé ne peut pas être évacué du revers de la main… Il n’y a pas de recette pour déterminer ce qui fait l’identité d’une ville, mais c’est notre travail. Les grands toits de tuiles ou l’ornement des façades montrent qu’on n’est pas affranchis de l’architecture de la ville, même si nous avons affaire à un quartier industriel portuaire. Nous allons faire une traduction de tous ces signes ! Il ne s’agit pas d’imagination pure, mais de puiser dans des ressources. Les règles ne sont pas des entraves à la créativité : les Alexandrins n’ont pas empêchés Racine d’écrire des vers merveilleux ! Comment éviter de reproduire votre travail nantais ici ? On ne vous a pas demandé de refaire l’Île de Nantes à Strasbourg ? Non car pour Nantes, j’ai tenu compte de l’histoire spécifique de la cité et cette île dans le lit de la Loire, sur du sable, de la relation de la ville à Saint-Nazaire, etc. Ici, le contexte historique, politique et géographique est très différent, même si ma philosophie reste la même. Je me vois comme un réalisateur qui fait deux films : le metteur en scène est identique, mais le décor, les acteurs, les costumes sont différents. C’est
un autre sujet et il m’est impossible d’appliquer la même recette. La COOP est une institution, pas seulement un site. Le collectif d’artistes ou les gens de Kaléidoscoop (acteurs de l’entrepreneuriat et de l’économie sociale & solidaire), viennent dans un lieu où l’on revendiquait les circuits courts et l’économie circulaire. Garder les bâtiments, ça n’est pas simplement conserver des murs, mais toute une part de la culture de la région. Comment pourrait-on plaquer un programme préexistant ici ? Même la nature a sa spécificité. Nous sommes dans la plaine alluviale du Rhin, avec une végétation spontanée typique du bord des voies ferrées. Il y a une grande diversité : des bouquets de grands arbres comme des platanes ou des plantes grimpantes qui envahissent les bâtiments. La diversité bio-végétale fabrique le patrimoine, tout comme la ville. Conférence avec Alexandre Chemetoff et l'écrivain Jean-Christophe Bailly avec pour thème Prendre place dans la ville, 25/10 à la HEAR (Strasbourg), dans le cadre des Journées de l’architecture europa-archi.eu 228 l
— 13
ils transforment la ville
Photos de Franck Kobi
Sati : fort de café ! Entretien avec Nicolas Schulé, directeur des Cafés Sati, entreprise familiale et locale, à l’occasion du concours des Talents Sati. # Amélie Zimmermann Sati a été créée en 1926 par votre arrière-grand-père. Les enjeux sont aujourd’hui tout à fait différents de ceux de l’époque : comment rester fidèle à l’éthique de l’entreprise familiale en demeurant compétitif ? Je ne suis pas certain de l’impact économique de ce concours sur l’entreprise. Par contre, en parlant d’éthique, ce projet montre que l’entreprise a pris toute l’ampleur de sa responsabilité dans son écosystème, dans sa présence au sein d’un nouveau quartier, qui devient un quartier de vie. La vraie question est que proposer d’alternatif à une simple façade grise d’usine pour notre torréfaction ? Comment proposer un mode de consommation équitable aujourd’hui ? La mode actuelle est au portionné : nous investissons donc beaucoup pour développer les portions. Pour autant, Sati n’a jamais abandonné le mode le plus écologique de consommation qu’est le café en grain. On
n’a jamais cessé d’investir alors que ce mode de consommation avait complètement disparu chez certains de nos confrères. Comment voyez-vous l’évolution des pratiques de consommation du café et l’évolution du marché ? La capsule rechargeable, c’est une illusion ou un vrai projet ? Les capsules sont très à la mode, avec une production en déchet d’une capsule par tasse, alors qu’avec un emballage d’un kilo vous faites 140 cafés et vous avez 10 grammes d’emballage. La capsule rechargeable c’est une utopie qui s’apparente surtout à la dinette. On y perd tout le concept du service qu’on apporte aux gens avec une capsule si on leur demande de la remplir : ils vont donc se tourner vers d’autres modes de consommation. cafesati.com
LA CROISIÈRE S’AMUSE Pour mettre en lumière « les liens qui se font entre une entreprise et son écosystème », Nicolas Schulé a mis en place il y a cinq ans le concours des Talents Sati destiné aux jeunes diplômés en Art d’Alsace et de la région transfrontalière. À bord du bateau Batorama a été révélé le lauréat de la cinquième édition. L’initiative permet au gagnant d’exposer son œuvre sur la façade de l’usine pendant un an. Cette année Joanna Hateley et Thomas Roger, duo diplômé de la HEAR, remportent le prix grâce à leur œuvre Curiosités industrielles, qui établit une forte circularité entre la ville, l’industrie, et l’art. En imprimant le motif sur des encres métalliques, ils ont capté l’intérêt du jury, et surtout celui de Nicolas Schulé. Cette audace lui évoque le « monde fantasmagorique de Willy Wonka », tuyauteries et féeries entremêlées pour la réalisation de ce projet ambitieux. 14 —
l 228
architecture
sport
tous Ensemble
FRAC Bretagne © Odile Decq ‑ Roland Halbe
© Geoffroy Krempp
Pour leur 18e édition, les Journées de l’Architecture, festival entre Allemagne, France et Suisse, invitent Odile Decq à signer la conférence inaugurale. Entretien avec une esthète, cultivant sa liberté et son indépendance. # Thomas Flagel
Qu’évoque pour vous le thème des JA 2018, Ensemble(s) ? Cet Ensemble(s) évoque pour moi notre qualité d’êtres humains n’ayant pas d’autre choix que de collaborer, échanger, communiquer et faire ensemble. Nous ne pouvons vivre isolés, mais avons le droit de ne pas vivre ensemble ! La beauté de la démocratie est qu’elle nous permet d’avoir le pouvoir de partager les choses, même si chacun n’a pas la même façon de voir ou de penser. D’où l’importance du dialogue dans notre société. À cause des social networks, cette addition d’individus faisant croire en des échanges et des connections perpétuelles, s’introduit et s’impose une opinion moyenne qui n’est ni de l’échange, ni représentative de grand chose. Les Journées de l’Architecture donnent corps à une relation franco-allemande importante dans cette Europe qui change. En architecture, nous faisons avec et pas contre. Pas en fonction de la moyenne générale mais en prenant appui sur le fait que les gens en face de nous sont intelligents. Je déteste lorsque les architectes disent que leurs clients sont des imbéciles. Notre travail est d’œuvrer avec des ingénieurs, des clients, des concepteurs, des artisans, des publics… Vous êtes une architecte à laquelle on accole assez facilement le terme d’iconoclaste, de rebelle. C’est justifié ? Je déteste qu’on m’oblige à suivre le même chemin que les autres ou à rentrer dans une case. Même lorsque je traverse les rues, c’est à l’oblique, loin du droit chemin des passages piéton. On me dit rebelle car j’ai le culot d’exprimer mes opinions quoi qu’il arrive et de faire ce que je veux. En Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et les cantons de Bâle, du 28 septembre au 31 octobre
PLUMER LES CANARIS Le Racing club de Strasbourg Alsace reçoit le FC Nantes, histoire de confirmer un début de saison prometteur. # Hervé Lévy Malgré une défaite devant un OL des grands soirs, face auquel le Racing n’aura existé qu’une mi-temps, le début de saison des Bleus et blancs demeure satisfaisant avec une victoire à Bordeaux et un nul (néanmoins rageant, tant les trois points étaient à la portée des hommes de Thierry Laurey) contre Saint-Étienne. On a surtout pu apprécier une puissante volonté animant le groupe et des individualités marquantes grâce à un recrutement réussi : un gardien à la main de fer Matz Sels, un verrou défensif en la personne du joueur serbe Stefan Mitrovi , la classe naturelle d’Adrien Thomasson, la sureté de Lionel Carole en provenance de Galatasaray ou encore la révélation du tout jeune Ibrahima Sissoko qui n’est pas uniquement grand par la taille. Manque encore un attaquant performant ; il a été impossible de juger du talent de Ludovic Ajorque, encore diminué par une blessure à l’épaule au cours de la première journée… Dans le domaine, on espère la résurrection d’Idriss Saadi qui fut par trop transparent la saison passée, alors que nous demeurons convaincus que le Fennec est un excellent joueur. Sans oublier le 12e homme plus présent que jamais : avec plus de 19 000 abonnés, les places vont être chères à la Meinau ! Tout cela est de bonne augure avant la réception des Canaris qui semblent avoir oublié le légendaire “jeu à la Nantaise” qui avait fait leur renommée dans le passé : avec un seul tout petit point en trois matchs, les joueurs de Miguel Cardoso – qui a pris la succession de la légende Claudio Ranieri – semblent avoir du mal à démarrer leur saison…
Soirée d’ouverture avec Odile Decq pour conférencière, vendredi 28 septembre au Zénith de Strasbourg (18h30) entrée gratuite sur réservation à inscription@ja-at.eu
Prochains matches à La Meinau : RC Strasbourg / FC Nantes (01/09, 20h) RC Strasbourg / Amiens (22/09) RC Strasbourg / Dijon (29/09)
europa-archi.eu
rcstrasbourgalsace.fr 228 l
— 15
musique
boys don’t cry Ne pas laisser couler ses larmes. Hisser sa puissance masculine. Ne pas céder à la tendresse. Eddy de Pretto n’a pas roulé des mécaniques pour faire plaisir à son entourage et a préféré la chanson au ballon rond. Entretien avec un type “normal” de Créteil, fan de Diam’s et de Brel. # Emmanuel Dosda
Cure*, c’est une thérapie ? Oui, l’aspect thérapeutique de ce premier album très introspectif a été essentiel. En fait, je trouve le mot Cure assez laid : il sonne mal, titille l’oreille et évoque d’autres mots comme cul… C’est cru, comme mon album. Y-a-t-il un lien avec le groupe anglais ? Pas vraiment, mais en brainstormant je me suis rendu compte que ça collait tout à fait ! Vous avez utilisé un selfie en couverture de votre album : pour marquer l’appartenance à votre génération ou pour assumer votre image ? Les deux. C’est un autoportrait qui illustre bien mon album où je me suis totalement livré, avec précision. Rien de plus fidèle à l’image que j’ai de moi-même que ce reflet dans un miroir. Il exprime mon côté solitaire, ce regard porté sur ma propre personne, cette envie d’aller triturer mes tripes. Vous vous êtes construit contre la figure parentale, l’autorité ? Totalement. J’ai toujours voulu faire les choses par moi-même, en autodidacte, et je faisais très peu confiance à ce que mon père ou ma mère pouvaient m’apporter. Ce disque en est la transpiration : je peux enfin crier mon envie d’être autre chose que ce qu’espéraient mes parents. C’est un chant de liberté. J’ai toujours voulu braver les interdits. L’homosexualité en fait partie… Pardon, vous dites que votre désir de transgression a dicté votre sexualité ? Non, mais l’opposition de mes parents à l’homosexualité me motivait davantage à la valider et l’assumer ! À la fin de Mamère, vous chan16 —
l 228
tez « Un jour je t’appellerai maman » en vous adressant à votre mère : c’est dur, plein d’aigreur, mais avec une pointe d’espoir… Oui, c’est une porte ouverte. Malgré mon éducation cloisonnée, je suis devenu ce que je voulais être et il me semble temps de se dire ô combien on s’aime. Je lui dit « relève-toi, ta relève est là ! » Lorsque vous étiez jeune, vous ne faisiez pas que jouer à la Barbie en cachette et brûler des poubelles entre potes la nuit… Vous écoutiez également beaucoup de musique ? Je recevais beaucoup d’informations diverses et involontaires dont je me suis nourri malgré moi. Quand je sortais avec les copains, nous écoutions Booba, le 113, IAM, Sinik ou Rohff et toute cette vague du début des années 2000. À la maison, mère passait Brel, Brassens et Barbara. Je baignais là-dedans… Il s’agit de musiques subies et non choisies… Oui, mon envie d’appartenir au groupe de potes m’imposait d’écouter du rap qui faisait partie des codes. Comme je crachais sur l’autorité, la musique de ma mère était encore plus subie. Pourtant, aujourd’hui, tout ça fait partie de mon ADN… Aussi frêle soit votre silhouette, nous sommes impressionnés par votre forte présence corporelle. Vous devez cette assurance à votre expérience de la scène des théâtres ? Mon moteur, c’est la scène. Depuis le début elle me fait ressentir des sensations fortes. J’ai commencé le théâtre à huit ans, après m’être exercé dans le salon. J’aime cette idée de représenter quelque chose de puissant, confiant, sûr de soi ! J’ai fait trois ans
de danse classique et trois ans de jazz moderne. On porte beaucoup d’attention à votre voix, aux mélodies et bien sûr aux textes, mais peu à la musique. Elle semble placée au second plan… La musique permet de magnifier les textes. Elle vient mettre en exergue ce que je dis. C’est mis en scène de cette manière car je voulais chanter, mais le sens est plus important pour moi ! J’adorerais faire un album très produit comme le fait Frank Ocean, mais Cure a été écrit sous tension, dans l’urgence. Je dis les choses de manière brutale et incisive car j’avais envie de cracher et vomir tout ça sur le papier. Mon second album sera sans doute plus apaisé, plus travaillé. Vous faite encore des “fêtes de trop” vous ayant conduit au fiasco ? De moins en moins, faute de temps et pour préserver ma voix… 15/11, à La Laiterie artefact.org 01/03/2019, au Zénith zenith-strasbourg.fr
*Son album est édité par Universal Music universalmusic.fr Photo de Melchior Tersen
brèves
228 l
— 17
© Christian Creutz
© René Bohn
patrimoine
UNE MAISON HABITÉE
PALAIS DES FÊTES : PHASE 2
Un quartier chic. Une maison élégante de la fin du XIXe siècle. Vide. Une exposition a été organisée dans ce joyau patrimonial, événement transitoire avant que le lieu connaisse une nouvelle destinée. L’occasion de découvrir cette jolie bâtisse, mais surtout de voir Hors Saison, présentant une trentaine de toiles de Christophe Wehrung dont de monumentaux jardins, plongées chromatiques dans des herbes folles et joyeuses, plantes aux teintes bizarroïdes post-expressionnistes et autres fouillis végétaux fort séduisants. # H.L.
La deuxième phase de l’opération de réhabilitation du Palais des Fêtes, merveille de l’Art nouveau et joyau de la Neustadt a débuté il y a peu. Elle porte essentiellement sur la rénovation de la grande salle (de 1 300 places) fermée au public depuis 2015. Réouverture fin 2019 / début 2020 « avec un grand concert de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg », résume Alain Fontanel, Premier adjoint au Maire de Strasbourg, en charge de la Culture et du Patrimoine. Au cours de chantier, sous la voute a été redécouverte une fresque de 1903 qu’on croyait perdue. # H.L.
02-29/09 (du vendredi au dimanche de 14h à 18h30) 15 rue Daniel Hirtz (Strasbourg)
5 rue Sellénick (Strasbourg)
christophewehrung.com
strasbourg.eu
JOURNÉES DU PATRIMOINE : LA SÉLECTION MIX Les 35e Journées européennes du patrimoine 15 & 16/09 (voir ci-contre) journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr
1 2
Technicentre Industriel SNCF Un site historique construit à la fin du XIXe siècle au service de techniques de maintenance de pointe pour le TGV : voilà une étonnante alliance qu’il est rare de découvrir. À la SNCF, c’est possible ! 48 avenue de Périgueux (Bischheim), 15/09
Palais du gouverneur militaire Merveille classique du XVIIIe siècle, l’Hôtel Gayot de Deux-Ponts est un des édifices les plus secrets de Strasbourg : ses volumes se déploient avec noblesse dans un altier style Régence et l’on craque pour les fresques du peintre alsacien Joseph Melling représentant les dieux de l’Olympe. 13 rue Brûlée (Strasbourg), 15 & 16/09
18 —
l 228
3 4
Temple Maçonnique du Grand Orient de France Un lieu qui n’est jamais ouvert aux non-initiés, à découvrir pour lever un coin du voile… 11 rue du Maréchal Joffre (Strasbourg), 16/09
Médiathèque protestante La bibliothèque du Collegium Wilhelmitanum, qui rassemble plusieurs milliers de volumes, est un espace hors du temps où l’on peut voir un extraordinaire fonds ancien (incunables, ouvrages des XVIe et XVIIe siècles). 1bis quai Saint-Thomas (Strasbourg), 15 & 16/09
de l'autre côté du
2
eurodistrict.eu
FOIRE DU RHIN SUPÉRIEUR (1) La Oberrhein-Messe (29/09-07/10, Parc Expo Offenburg) est un incontournable de l’automne. Chercher des nouveautés et conseils en matière de santé, d’habitat et de technologie, ou s’amuser en dégustant des spécialités régionales, en caressant les animaux au zoo ou en empruntant les 3
attractions foraines : plus de 500 exposants attendent toute la famille pour cette 80e édition. # S.M.K. oberrhein-messe.de
TOUT UN CIRQUE (2) La 3e édition du Atoll-Festival organisé par le Tollhaus à Karlsruhe, fait encore la part belle au nouveau cirque européen (1923/09) : la compagnie française Cirque Inextremiste surprend avec un concert acrobatique, l’Escarlata-Circus espagnol joue avec des légumes de manière époustouflante et les soirées Atoll-Surprise montrent à travers de nombreux mini formats toute la diversité circassienne. # S.M.K.
europa-archi.eu 1
tollhaus.de
FÊTE DU VIN Le Wein & Stadtfest Gengenbach (15 & 16/09), organisé par la Weinmanufaktur Gengenbach fête un produit phare de cette ville pittoresque : le vin. Sur la place du marché historique, devant les maisons à colombages si caractéristiques de la région nous avons l’occasion de déguster les meilleures bouteilles des sept vignerons de la ville et des spécialités locales. N’hésitez pas à rencontrer la princesse du vin au son de divers groupes musicaux. # S.M.K. weinmanufaktur-gengenbach.de
CO-HABITATION(S) (3) © Franck Juery
et balades sous le thème Ensemble(s) : du potager collectif à l’architecture participative, l’occasion de découvrir nos villes autrement. L’invitée d’honneur de la conférence inaugurale (28/09, Zénith) cette année ? L’architecte et urbaniste française Odile Decq (lire page 15). # S.M.K.
© Messe Offenburg / Tauscher
Vélo Gourmand (30/09, Grand Ried et Ortenau) nous emmène à la découverte des paysages de l’Eurodistrict StrasbourgOrtenau en associant cyclisme et gastronomie. Sur le thème Fruits et légumes, cette deuxième édition propose de sillonner le Sud de cette région transfrontalière en empruntant une boucle de 40 kilomètres reliant notamment Herbsheim, Rhinau et Ettenheim, chacun étant libre de définir son itinéraire. Tout au long du parcours, les participants sont invités à faire halte dans l’un des villages-étapes où les attendent de nombreuses animations et dégustations mettant à l’honneur les spécialités locales. # A.B.
© Hanneke Meijers
LA GRANDE BOUCLE
La 18e édition du festival transfrontalier Les Journées de l’Architecture organisée par la Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur entre Alsace, Bade-Wurtemberg et Bâle (28/09-31/10) propose une large programmation avec conférences, ateliers, expositions, visites guidées
3 x PATRIMOINE (4) Pour mettre en valeur l’Année européenne du patrimoine culturel, la Conférence du Rhin supérieur a édité une brochure bilingue qui accompagne les visiteurs lors des trois Journées européennes du patrimoine qui ont une thématique proche cette année : 4 Découvrir ce qui nous relie en Allemagne (09/09), L’art du partage en France (15 & 16/09) et Sans frontières en Suisse (01-23/09). Au programme, plus de 1000 événements pour découvrir notre belle région frontalière. # S.M.K. conference-rhin -sup.org 228 l
— 19
LOCAL PACKSHOT De talentueux créateurs d’ici, aujourd’hui dans Mix, demain partout ailleurs !
Alexandra Lexou, Alexandra Borgo-Wirth dans le civil, créatrice de la ligne de “bijoux insolites” made in Mulhouse Zozio By Lexou, conçoit des pin’s Trompemoi… reprenant la forme de l’appareil génital féminin ou des ampoules de verre renfermant des pistils de Pissenlits, comme des mini-cabinets de curiosité à accrocher à ses oreilles. Coup de cœur pour ses créations brutes de décoffrage : des perles de béton qu’elle cire et peint à la main avant de les décliner en pendentifs pour colliers ou créoles. # E.D.
© BabouchKAtelier
zoziobylexou.fr
20 —
l 228
shopping
ART & TISSUS Tissus basques & Art populaire : telle est la recette de la divine Compagnie des Anges qui s’est posée à l’ombre de la Cathédrale. Visite chez Agnès et Benoît. # Hervé Lévy
Photos de Vincent Muller pour Mix
À la retraite, Agnès, qui nous enchanta dans les Chœurs de l’Opéra national du Rhin, et Benoît, ex-commercial (dont le père, le médiéviste Jacques Henriet, était un spécialiste et collectionneur d’Art populaire), ont eu le désir d’ouvrir une boutique où se rencontrent leurs passions. À la hauteur des espérances du couple, le résultat est un vaste espace où les rayures élégantes des toiles basques d’Artiga (qui se déclinent en nappes, rideaux, torchons, etc.) côtoient des pièces d’Art populaire dans un cabinet de curiosités classieux.
« Nous voulions créer un lieu où chacun se sente bien, comme chez soi », explique le duo d’une seule voix. Amples volumes lumineux et agencement cosy, la Compagnie des Anges – tiens, c’est une anagramme d’Agnès – livre à la curiosité (et au porte-monnaie) du visiteur des pièces charmantes. Surprenante armoire vosgienne de la fin du XVIIIe avec horloge intégrée, coffret autrichien daté de 1735 avec une multitude de tiroirs secrets, incroyable collection de fendoirs à osier – le compagnon indispensable du vannier – et de cannes ou encore
délicate Vierge à l’enfant, mais aussi, si vous cherchez bien, toiles contemporaines de Mathieu Boisadan, un ami de la maison : Benoît est intarissable pour expliquer la fonction et l’histoire de chaque pièce « derrière laquelle on trouve l’amour et le travail d’un artisan » et aime partager sa passion. 2a rue de l’Épine (Strasbourg) compagniedesanges.fr 228 l
— 21
festival
PEUR SUR LA VILLE Des frissons et des émotions avec la 11e édition du Festival européen du Film fantastique de Strasbourg. Amateurs de monstres, revenants et autres aliens. Fans de cinéma bis, de SF ou d’ambiances “fin du monde”. Amoureux de séances frissonnantes, de moments bizarroïdes ou même de réalité virtuelle, votre festival de rentrée est enfin de retour. Le come-back du FEFFS met à l’honneur le réalisateur américain John Landis qui a beaucoup fait tourner Eddie Murphy, notamment dans Le Flic de Beverly Hills 3. Son film Les Blues Brothers sera projeté en mode drive in à l’américaine le 17/09 ! Sinon, 22 —
l 228
profitez d’une rétrospective Chromosome XX autour des personnages féminins (Sister Hyde de Roy Ward Baker ou encore Sisters de Brian De Palma…). En compétition internationale, le touchant Miraï, ma petite sœur, dessin animé de Mamoru Hosoda, le Climax entre danse, excès et dépravation selon Gaspar Noé ou le dernier Kim Ki Duk : Human, Time, Space and Human. La traditionnelle Zombie Walk aura bien lieu, c’est le 15/09. Avis aux froussards : fuyez la ville !
Du 14 au 23/09 aux cinémas Star, Vox et UGC ciné cité strasbourgfestival.com Le bon conseil de Mix : pour vos déguisements et gadgets, rendez-vous chez Fiesta Republic fiesta-republic.com
la laiterie
LES CONCERTS LAITIERS
Des concerts gratos Patrick Schneider : « Nous aimerions développer la gratuité de concerts d’artistes, newcomers ou cherchant à se repositionner. Ces événements ne se limiteraient pas à un spectacle, mais également à des actions – masterclasses, rencontres… –, notamment au Centre de ressources. Clément Bazin (07/11, concert gratuit, places à réserver sur le site Internet) ne sera pas présent uniquement sur une date, mais pour quelques jours afin échanger quant à sa démarche et sa carrière. Il s’agit de la préfiguration de quelque chose qui va se développer au cours de la saison. » Une aide à la scène régionale L’équipe de La Laiterie accueille la release party de Freez, hyper talentueux groupe de hiphop cosmic made in Strasbourg, (08/11). Patrick Schneider : « Depuis ses débuts, La Laiterie aide les acteurs émergents, au sens large du terme, associations, labels, groupes… en lui donnant le maximum d’outils et en proposant des premières 24 —
l 228
parties, des résidences – Blind Suns (concert de restitution le 17/10) ou MRC (07/10) en cette rentrée –, des bureaux ou des soirées dédiées – le concept maison Scènes d’ici – ou les Clubbings. Blind Suns ou MRC (rappeur qui vient d’être signé par Sony) vont pouvoir travailler leurs prestations scéniques dans une salle professionnelle de 300 places (le Club) avec un son et des lumières adaptées. Une façon de préparer une série de 20 ou 30 dates à venir ! » Un parfait équilibre Depuis 1994, l’équipe en place bataille pour maintenir une prog’ mêlant stars internationales, artistes dans l’air du temps, découvertes et prises de risque. Nous sommes à l’ère de la musique urbaine comme les rappeurs Moha La Squale (19/10) ou Hamza (29/10), ce qui n’empêche pas de convier un artistes hors du temps Jonathan Wilson (15/09) songwriter américain délicat, « trop méconnu alors qu’il joue avec Roger Waters de Pink Floyd ! », de passage dans l’hexagone pour deux
dates seulement. Patrick Schneider : « La Laiterie, numéro un sur l’Est de la France en termes de propositions foisonnantes, exclusives et différentes. Certains viennent pour voir Synapson (12/10) ou Hyphen Hyphen (05/10) et ignorent les concerts dans la petite salle. Inversement, une autre partie de notre public boude la grande salle pour des concerts plus confidentiels, comme The Devils (30/10), groupe italien à la Stray Cats que 80 personnes doivent connaître à Strasbourg ! Finalement, tout le monde y trouve son compte et nous arrivons à créer des vases communicants financiers. » artefact.org
coups de
de la rédac’
Jonathan Wilson, samedi 15/09 ; Marquis de Sade, dimanche 23/09 (Opéra National du Rhin) ; Brian Jonestown Massacre, mardi 25/09 ; Clubbing Closely, samedi 06/10 ; Grand Blanc, jeudi 11/10 ; The Blind Suns, mercredi 17/10 ; Flavien Berger, vendredi 19/10 ; L’Impératrice, jeudi 08/11 ; Arthur H (mercredi 14/11) ; Jeanne Added, vendredi 16/11 ; Étienne de Crécy, samedi 17/11 ; The Limiñanas, mercredi 21/11 ; Evidence (de Dilated Peoples), 21/11 : Sage, samedi 24/11 ; Kazy Lambist, jeudi 29/11 ; Clara Luciani, vendredi 14/12 ; Brendan Perry, mardi 05/02 ; Bertrand Belin, vendredi 01/03 ; Malik Djoudi, vendredi 29/03.
Jonathan Wilson
KazyLambist © Grégoire Alexandre
Implantée dans une ancienne laiterie (incroyable !), La Laiterie organise plus de 500 concerts par an. Les temps forts de la saison, en compagnie de Patrick Schneider, co-directeur et programmateur. # Emmanuel Dosda
strasbourg.eu
strasbourgcapousse.eu association-des-amis-dujardin-botanique-destrasbourg.fr
La Rentrée des Associations (22 & 23/09, Parc de la Citadelle) est le moment incontournable pour préparer l’année à venir : 300 associations y présentent leurs activités à travers animations et stands. Sport, théâtre, musique, art ou danse ? Il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
© Roland Schweitzer
À partir du 1 septembre une nouvelle réglementation concernant les livraisons sur la Grande Île prendra effet pour améliorer la qualité de l’air et limiter le trafic. Véhicules diesel sans pastille Crit’Air ou avec Crit’Air5 n’auront plus accès à cette zone. Les camions seront majoritairement exclus de la zone. er
Strasbourg ça pousse est une démarche ouverte à tous, qui invite les habitants de la ville à la rendre un peu plus verte. Les différentes activités et actions seront présentées lors de la 20e Fête des plantes au Jardin Botanique de l’Université (22 & 23/09).
© Marc Gandner
des bons et des ma u vais points , des m édailles et des cartons roug es !
Roland Schweizter, architecte connu pour son architecture en bois fût encore parmi nous lors des Journées européennes de l’architecture en 2017. Il est décédé le 7 août. Nos condoléances vont à sa famille et ses proches.
Jean-Marie Arrus est décédé le 22 août. Le comique colmarien fait partie du patrimoine alsacien, cet été il a encore fait rire les foules pendant la Foire aux Vins. Nos condoléances vont à sa famille et ses proches. L’invasion des cafés sucrés à un prix exorbitant continue : un 4e Starbucks vient d’ouvrir dans les tours Black Swans. En espérant que les Strasbourgeois ne délaissent pas les petits cafés du coin pour la chaîne américaine.
mdas.org
Les bibliophiles attendent de pied ferme la rentrée littéraire avec les Bibliothèques idéales (07-16/09), moment fort de l’automne. Parmi les rendez-vous à ne pas manquer : les rencontre avec Joann Sfar, auteur célèbre du magnifique Chat du rabbin qui présente son nouvel opus Modèle vivant (11/09) et le franco-ivorien Gauz (07/09) qui se penche dans Camarade Papa sur la colonisation en Côte d’Ivoire, le choc des cultures et des mots. bibliotheques-ideales. strasbourg.eu 26 —
l 228
Un nouveau magasin Décathlon vient d’ouvrir et cette fois directement en centre-ville (Les Halles). Sa particularité ? Il propose des cours collectifs (à partir de 3 €), de la livraison à vélo et la possibilité d’essayer 7 jours avant d’acheter. Parfait pour reprendre les bonnes résolutions à la rentrée et se remettre au sport.
Les Illuminations de la Cathédrale de Strasbourg, sur trois lieux différents cet été, n’ont guère convaincu. L’éparpillement des sites est moins en cause que l’intérêt artistique d’une manifestation (autrefois phare) qui peine à se réinventer. LuX, sans calme ni volupté !
/decathlon.
strasbourg.leshalles
jouez sur magazinemix.fr ou sur
/mgzmix
1 x 1 année d’abonnement cours de danse (2018/ 2018) pour enfant/ ado au choix (danse classique, jazz, modern jazz, barre au sol, éveil à la danse ou initiation) à l’Academie Daniela Gihr (Strasbourg) academie-daniela-gihr.fr
actu
© Line Brusegan - TimeLine
Nawelle’K, artiste strasbourgeoise, vient de sortir son premier EP et son premier clip Is it love ? L’auteure, compositrice et interprète autodidacte n’hésite pas à mélanger les genres : pop-rock, blues, R’n’B et reggae se croisent pour un son frais et joyeux. # S.M.K. /NawelleK.Off
STAR LOCALE
© Arnaud Engel
NOUVELLE ÉTOILE
WE LOVE Quand il n’est pas avec nous au bureau, notre très cher collègue Rudy C passe son temps en studio, pour enregistrer un EP. Une première chanson de cet opus aux influences pop et R’n’B a déjà bercé notre été car My Crush passe en boucle sur RBS et est désormais disponible sur Spotify, Deezer et Amazon Music. On attend la suite avec hâte ! # S.M.K.
© Séverin
/Rudycmusics
Elsa Kopf, covergirl de Mix en avril 2018 (n°213) est de retour avec son nouveau disque La Vie sauvage qui sortira le 15 septembre. La chanteuse strasbourgeoise qui cartonne dans le monde entier, notamment dans les pays asiatiques, fait un virage electro avec un opus où elle chante en français et présente un premier clip à l’esthétique eighties. # S.M.K. elsakopf.org
© Pierrick Guidou
NOUVEAU SCHILICK’
Pour la rentrée, plusieurs nouveautés à Schiltigheim : la Salle des Fêtes s’appelle désormais La Briqueterie, les Halles du Scilt abritent maintenant le service culturel et la billetterie pour toute la saison de Schiltigheim culture qui s’annonce chaude. Elle sera présentée le 11 septembre (19h) à La Briqueterie, suivie d’un concert de jazz de l’américaine Indra Rios-Moore. # S.M.K. ville-schiltigheim.fr 228 l
— 27
gastronomie
© O. Berthoneche
LE RETOUR DES DOUZE APÔTRES
RENTRÉE GOURMANDE
fete-gastronomie.fr
© Les Douze Apôtres
Le mois de septembre s’annonce gourmand avec la Fête de la Gastronomie (21-23/09), dans tout le pays, qui devient Goût de France en 2018. En Alsace, on célèbre les 50 ans de la Route du Fromage dans la Vallée de Munster, à l’Écomusée Alsace on découvre la cuisine d’antan à travers des ateliers et des dégustations. De nombreux viticulteurs, tel le Domaine Blanck Paul et Fils proposent des ballades et dégustations de vin durant ces trois jours. # S.M.K. C’est une institution strasbourgeoise, un mythe posé au pied de la Cathédrale (7 rue Mercière) : si la fin de l’aventure a sonné pour Bernard Rotman, Les Douze Apôtres poursuivent leur chemin. Lui succédant, Christophe Gross (déjà détenteur du Café Bâle et de la pizzéria MiTo place d’Austerlitz ainsi que de La Fuga à Truchtersheim) a décidé de maintenir l’esprit de la maison, car les 12 Ap’ est LE bar à bières de Strasbourg avec une vingtaine de pressions… Rajoutez une restauration brasserie quali‘ (fromages made in Lorho) qui manquait auparavant et vous obtenez un incontournable ! # H.L. aux12apotres.com
©
28 —
s
lorè
xF
Ale
NOUVELLE CUISINE
TERRASSE AVEC VUE
La Street Food est dans toutes les bouches au point qu’ARTE lui a consacré une mini-série très intéressante intitulé Fast and Good (à voir dans la vidéothèque de la chaine franco-allemande). Quand vous aurez bien faim après avoir visionné les six épisodes, vous irez au Street Bouche Festival (22 & 23/09) au Jardin des deux Rives pour y goûter burgers, fallafels et tacos mais aussi spécialités tibétaines, taïwanaises ou sénégalaises. # S.M.K.
À Strasbourg, le Viêtnam est à portée de baguettes à La Rizière (14 place Saint-Étienne), où est servi le meilleur bò bún in town, les géniaux nems de Maman Phuc et des bánh mì d’anthologie pour les plus pressés et autres amateurs de sandwiches. Depuis peu, le restaurant est pourvu d’une terrasse sobre et élégante permettant de déguster la cuisine de Tam Ngo, en profitant d’une vue charmante. # H.L.
streetbouche.com – arte.tv
la-riziere.fr
l 228
LA CASSEROLE HORS LES MURS
© S. Spach
Dîners insolites, suite. La Casserole, un restaurant qu’on adore, se délocalise le temps d’une soirée. Direction l’Aedaen Gallery pour un instant unique, chic et choc. # Hervé Lévy
Tenue par un duo où la jeunesse côtoie l’enthousiasme et l’élégance, La Casserole (vainqueur du prestigieux Trophée des Frères Haeberlin en mars dernier) est un véritable écrin gastronomique. Hôte parfait, Cédric Kuster, et cuisinier magique, Jean Roc – maître des alliances innovantes ultra contemporaines – quittent leur cocon de la rue des Juifs le temps d’une soirée. Direction l’Aedaen Gallery. Après le succès du premier dîner insolite (le 21 juin dernier à l’orée du Port Autonome), voilà un nouvel espace à investir : brut, urbain, un brin raide… La confrontation s’annonce très féconde autour d’un menu excitant (159 €) qui devrait, une fois encore, montrer que le restaurant mérite amplement sa première Étoile au Michelin qu’on attend dans le prochain guide rouge ! On ne vous en dira pas plus sur les réjouissances (surprise oblige). Citons simplement un terre / mer qu’on imagine déjà sublime avec un tranché de veau comme un vitello Tonnato au corail de homard. 04/10 Aedaen Gallery, 1a rue des Aveugles (Strasbourg) Réservation au 03 88 36 49 68 restaurantlacasserole.fr 228 l
— 29
méga
Un max de décibels, de croches, de blanches et de noires. Un mix d'images, de cases, de bulles et de pages : sélection mensuelle sous forme de grand mezze par Emmanuel Dosda
JUNK
TON CŒUR & TON CUL Dansons au fond des volcans et sur les braises de l’Amour Amore ardent en compagnie de Danicher, ex-fan des Pixies devenu passionné par les orchestrations classos de Burt Bacharach pour Dionne Warrick et auteur d’un album chanté à deux voix (la sienne et celle de Lætitia Thomas), inspiré par ses héros, Glen Campbell en premier lieu. Ce Strasbourgeois ayant grandi à Schirmeck parmi les 45 tours de la boutique de disques parentale a composé treize titres aux arrangements léchés où le supplément d’âme est le tempo, « le souffle, impossible à trouver seul ». Avec ses musiciens – piano, batterie, tuba, flûte, trombone ou guitare –, il nous enlace dans des mélodies dignes de Gainsbourg / Bardot ou Lee Hazlewood / Nancy Sinatra et nous embrasse avec des mots bleus et crus, des histoires de cœur et de cul.
À l’heure de l’invasion de nos centres par les SubMacBurgerBucks, Malbouffe-City, dite « la ville aux 500 000 fast-foods », ne semble pas si lointaine de nos cités polluées par les enseignes franchisées et puant le graillon. Dans un futur proche, donc, une silhouette frêle se fraye un passage parmi les gros gabarits, la nouvelle norme. Elle se réfugie chez Hungry Tiger pour y cacher son fils, rejeton du chef des légumino-trafiquants qui préfèrent les topinambours bio aux porcs nourris aux antibios. Avec ses camps de rééducation alimentaire et ses zones de deal de pois chiches, la cité pop décrite par la strasbourgeoise Noémie Weber dans Junk Food Book (clin d’œil à The Jungle Book, ici parodié) ficherait presque la trouille… si le maire ne ressemblait pas tant à un certain Ronald et si les choses ne prenaient pas une meilleure tournure. Finalement, notre monde n’est pas si Bové que ça…
Amour Amore (La Souterraine)
Junk Food Book (Gallimard)
souterraine.biz
gallimard.fr
LA COULEUR DE L’ARGENT Wouter van der Veen n’est pas avare en gros coups de pinceau lorsqu’il s’agit de dépeindre l’art actuel sous perfusion, selon lui, et de se gausser de la Ligne indéterminée de Venet installée à Strasbourg. « Je songe aux malades que l’on aurait pu soigner en utilisant autrement le budget consacré à ce machin indescriptible », ose-t-il… Et pourtant, son essai ovni Le Capital de Van Gogh, entre texte théorique et incursions gonzo où l’auteur n’hésite pas à se mette en scène pour brocarder ce qui le rebute, se lit d’une traite comme un verre d’absinthe cul sec. En quoi les frères Van Gogh ont-ils « fait mieux que Warren Buffet » ? Vincent et Theo connaissaient « les mécanismes du marché des œuvres », les réseaux et techniques de diffusion. Theo va soutenir Vincent « dans son projet déraisonnable » et l’aider à financer ses caprices dépensiers. Son frère le lui rend bien en travaillant à la chaîne, non pas « pour flatter son ego de créateur contemporain mi-mondain, mi-marginal. Il peignait pour créer de la valeur. » La petite entreprise du tandem tourne doucement mais sûrement et Vincent « fabrique des tableaux vendables », envisageant même (c’est la théorie de l’auteur) sa postérité en… se tirant une balle dans la poitrine, « acte stratégique ultime […] commis afin d’accélérer le retour sur investissement de Theo » et ainsi faire fructifier Le Capital Van Gogh. Le Capital de Van Gogh (Actes Sud) actes-sud.fr 30 —
l 228