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hip-hop en orbite
Wacken
son histoire, de la foire au maillon
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#230 novembre 2018
Et aussi
Leïla Martin Jean-Louis Debré …
sabryna keller foot de vous !
édito
Virginie Bergeret illustration extraite de La Maison des colombes
IRE À LA HEAR Rien ne va plus, ma p’tite dame ! Il fait obstinément beau et bon, mais la Ville de Strasbourg installe déjà, début novembre, le Grand Sapin sur la place Kléber. C’est quoi le problème ? Le dérèglement climatique ? Nous frissonnons déjà de froid (et de trouille) en attendant l’installation du marché aux kitscheries made in China qui arrive à toute blinde avec ses gros sabots mercantilistes. Et faisons cette proposition : pour relancer l’économie du vin chaud coupé à la flotte et de la tarte flambée sur baguette, pourquoi ne pas balancer de la neige artificielle sur Notre-Dame en plein mois d’août. Fêtons Noël toute l’année tant qu’on y est… De la poudreuse autour de la Cathédrale et du vent (mauvais) à la Hear avec ce coup de tonnerre (avec éclairs et pluie battante) à la Haute École des Arts du Rhin, mi-octobre. Guillaume Dégé, hyper-charismatique responsable de l’atelier Illustration, quitte ses fonctions avec pertes et fracas. Motif : l’artiste / enseignant se sent déconsidéré par la direction de l’école et ne supporte plus le climat (proche de la tempête) qui y règne. Une décision qui fait
16 rue Teutsch - 67000 Strasbourg - magazinemix.fr &
l’effet d’une averse glaciale : Dégé n’a-t-il pas largement contribué à gonfler davantage la (déjà excellente) réputation de l’illustration alsacienne, ici et à l’international : Fit to Print, d’abord exposée au Musée Tomi Ungerer (enfin commandeur de la Légion d’honneur !), s’est ensuite exportée à New York. Partout, des intempéries ? Non, le soleil brille pour le monde de l’illus’ en ce moment. Ainsi, outre les géniales propositions de l’association Central Vapeur (les 24h de l’illustration à l’école LISAA, fin octobre, furent un grand moment dessinoperformatif !), Schiltigheim organise une nouvelle édition de Schilick on Carnet (lire pages 22 & 23), manifestation mettant en avant l’immense talent de créateurs du coin… qui nous rend bien plus fiers que le Grand Sapin !
Emmanuel Dosda facebook.com/mgzmix
mix.strasbourg
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BOLLYWOOD
Voyage dans le Nord de l’Inde avec un spectacle de Kathak (09/11, Le Point d’eau, Ostwald) : cette danse traditionnelle raconte des histoires d’amour et d’héroïsme toutes en gestes poétiques et rythmes expressifs. Les deux danseurs Hari et Chethana enchantent les spectateurs avec leurs mouvements précis, costumes multicolores et sonorités lointaines. # S.M.K. lepointdeau.com
ART FAIR
tears Saigon (06-16/11, TNS), pièce de l’ancienne élève de l’École Caroline Guiela Nguyen, est située dans un restaurant vietnamien à deux périodes : au Vietnam en 1956, date à laquelle les dernier Français quittent le pays et à Paris en 1996, lorsque le Vietnam autorise le retour des émigrés. # S.M.K. tns.fr
Le rendez-vous arty à ne pas manquer ce mois-ci est bien sûr ST-ART (16-18/11, Parc expo) la Foire européenne d’Art contemporain à Strasbourg ! Pour cette 23e édition, artistes, galeristes et collectionneurs s’y retrouvent autour de leur passion commune. # S.M.K.
© Robert Combas
© Jean-Louis Fernandez
© DR
brèves
HISTOIRE VIVANTE
st-art.com
Pour la première fois, Novembre 18, le roman de l’écrivain allemand Alfred Döblin est adapté en France (10 & 11/10, Le PréO). L’auteur, surtout connu pour son œuvre principale Berlin Alexanderplatz, y utilise ses expériences de médecin militaire à Haguenau pour décrire le destin d’un officier allemand et de sa fiancée alsacienne dans le contexte de la défaite allemande. # S.M.K. le-preo.fr
NOCTURNE FOLLE La Nuit de l’Aubette (30/11) organisée dans le cadre d’Happy 20 est l’occasion de découvrir la créativité débordante des étudiants et enseignants de la HEAR. Ensemble ils présentent un cabaret avec performances, musique, projection et même une expérience culinaire. Une partie des spectacles seront présentés au MAMCS (02/12, 15h). # S.M.K. hear.fr 4—
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brèves
SUPER CONDRIAQUE Après avoir déclaré Mon Psy, c’est quelqu’un, Christophe Feltz, longtemps artiste associé à L’Illiade, fête ses 30 ans de carrière, proposant un nouveau spectacle qui constitue en quelque sorte son pendant. Après s‘être intéressé aux maux de l’âme, il se plonge dans ceux du corps ! Au départ, comme souvent, un épisode de son existence : « J’ai passé 24 heures aux urgences. Pour rien. » Car l’homme de théâtre strasbourgeois est furieusement hypocondriaque ! C’est de cela dont il est ici question, de ces vingt-quatre heures dans la vie d’un mec, entre burlesque absolu et total tragique. Il voit défiler son existence dans sa tête. Panique. Le temps se fige. Ou alors file à la vitesse d’un TGV. Nous assistons à un solo allant aux tréfonds de la comédie humaine dans l’univers becketto-kafkaïen d’un hôpital dans une pièce évoquant avec délicatesse « le rapport du corps à la douleur, la peur du vide et l’urgence de vivre », résume Christophe. # H.L. 22-25/11 L’Illiade (Illkirch-Graffenstaden)
© Jean-Louis Hess
illiade.com
Das Kapital © Denis Rouvre
REVISITÉE
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© Michel Boermans
JAPONAIS
TOUR DU MONDE
Le ciné-concert Une Femme de Tokyo met à l’honneur le film muet d’Yasujiro Ozu, véritable classique qui raconte la double vie qu’une femme mène pour soutenir son frère. Mis en musique par trois instrumentalistes au violoncelle, à la flûte shakuhachi traditionnelle et aux percussions, cette projection est un voyage dans un autre temps, tout en beauté. # S.M.K.
La pièce Souliers rouges (29/11-01/12, Taps Laiterie, dès 7 ans) d’Aurélie Namur se veut une version moderne du compte d’Andersen qui lui enlève son côté « cruel » et l’adapte au langage contemporain, avec une héroïne qui sait ne pas céder à la tentation. # S.M.K.
La 33e édition du festival Jazzdor (0923/11, divers lieux dans le Bas-Rhin et à Offenburg) explore à nouveau le large spectre du genre : de l’allemand Daniel Erdmann qui joue en compagnie de l’Orchestre d’harmonie du Conservatoire de Strasbourg (10/11) à l’américain John Scofield (09/11). # S.M.K.
salleducercle.fr
taps.strasbourg.eu
jazzdor.com
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expositions
STAR
NATURE
© Marie Hein, Têtards et Grenouille (d'après QI Bai Shi - 1864-1957), 2018
L’ART DU PINCEAU
© Flores do Meu Desejo, 1996-2010 DMF-Daniel Malhao
© Archives départementales 67
musees.strasbourg.eu
Krieg und Heimat – Correspondance d’un soldat schilikois dans la Grande Guerre (31/10-27/01, Halles du Scilt), organisé dans le cadre des commémorations du Centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale explique les relations complexes entre Français, Alsaciens et Allemands à l’exemple d’Albert Fritz. Ce sous-officier dans l’Alsace prussienne a laissé un témoignage saisissant de cette guerre terrible. # S.M.K.
ART
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centenaire.org
En novembre, un événement chasse l’autre à la Galerie Bertrand Gillig : pendant une exposition express (15-18/11), l’artiste strasbourgeois Benoît Trimborn présente ses travaux sur l’espace. Ensuite l’exposition collective Photo-Peinture avec Ayline Olukman, Sahin Çelikten et Leonardo Vargas (24/11-22/12) explore trois manières différentes de traiter la photographie et la peinture dans l’art. # S.M.K.
hallesduscilt.com
bertrandgillig.fr
© Ophélie Jouan
BICÉPHAL
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sinestrasbourg.org
GRAPHIQUE © Bertrand Gillig
HISTORIQUE
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Valérie Etterlen expose Les Élégants (04/11-02/12, vernissage 09/11 à 18h) au CINÉ de Bussierre. Ses aquarelles et encres de chine s’inspirent de la richesse de la nature, de la faune comme de la flore. Une exposition qui prend tout son sens dans le cadre du Centre d’initiation à la Nature et à l’Environnement, logé dans un ancien corps de ferme restauré, édifié en 1876. # S.M.K.
Joana Vasconcelos, I Want to Break Free (jusqu’au 17/02, MAMCS), organisé dans le cadre des 20 ans du musée explore l’univers de l’artiste portugaise. Agencé comme un appartement, l’exposition montre une artiste à la fantaisie débordante. Une douche baroque parsemée de perles, un miroir entouré de sèchecheveux, un urinoir enveloppé par un travail de crochet : chez elle, le quotidien devient extraordinaire. # S.M.K.
© Jessie Villeneuve
galerieartcourse.com
© Valérie Etterlen
En collaboration avec l’Institut Confucius Alsace, la Galerie Art Course présente Confluence. Peinture et calligraphie chinoises (07/11-01/12), des œuvres de la peintre Limin Chen et de ses élèves. Le vernissage aura lieu le 07/11 à 18h en présence des artistes. # S.M.K.
1918-1925 – Les Alsaciens. Paix sur le Rhin ? (07/1131/03, Archives Départementales du Bas-Rhin) se penche sur le retour de l’Alsace en France après 48 ans de gouvernement allemand : affiches, photographies et films, mais aussi dessins témoignent des questions complexes de l’époque. Que faire avec les habitants allemands ? Comment enseigner le français aux élèves ? Comment honorer les morts alsaciens, tombés pour l’Allemagne ? # S.M.K.
Jessie Villeneuve, graphiste et artiste qui expose sous le nom de Mayam (18/1105/01, Anticafé Strasbourg) fait découvrir ses œuvres qui mélangent Pop Art, grands noms de l’Histoire et textes. On découvre notamment ses nouvelles séries Nature Peinture et Ethnicity, deux thématiques qui lui tiennent à cœur. # S.M.K.
archives.bas-rhin.fr
anticafe.eu/strasbourg
brèves C’EST LEUR VRAIE NATURE
FÉLICITATIONS ! L’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau vient de fêter ses 10 ans en octobre. Pour célébrer cela et rendre plus visibles ses actions, il édite une brochure d’information qui fait l’historique depuis la déclaration de Lahr en 2008 et présente les projets accomplis et en cours. # S.M.K. eurodistrict.eu
40 ANS DÉJÀ ! Le Club de la Presse Strasbourg organise depuis 40 ans rencontres, manifestations, débats et ateliers, toujours au plus près de l’actualité. Joyeux anniversaire ! # S.M.K. club-presse-strasbourg.com
Le plasticien Hugo Mairelle et le photographe Vincent Muller ont arpenté l’Alsace : Être(s) est né de leurs pérégrinations. Voici étonnante expo présentée à la strasbourgeoise Aedaen Gallery (1325/11). Hommes et femmes évoluent dans la nature souveraine portant des masques végétaux éphémères entrant en délicate résonance avec le paysage. Un esthétique plaidoyer pour la planète… aedaen.com
WAYOFLAC 3 Trois propositions artistiques de l’association WayOfLac, à Strasbourg, ce mois-ci ! À Rivetoile, la fresque onirique Voyageurs de Violaine Leroy, au sous-sol du centre commercial, et, dans les vitrines du rez-de-chaussée, les monotypes inspirés par les Becher de Marie Lallemand, les sculptures délicates de Yun-Jung Song et le mobilier sérigraphié conçu par Monobloque & Pascale Rismondo. Ceux qui aiment (et ils ont bien raison) le travail de Marie Lallemand iront également découvrir sa série aquatico-minérale au café Oh my Goodness (jusqu’au 31/12). gallerylac.eu – rivetoile.com ohmygoodnesscafe.fr
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MAKE HIP-HOP GREAT AGAIN Adoubé par un VIP de luxe, l’immense slameur Mike Ladd, FREEZ, groupe strasbourgeois porté par Eli Finberg, édite un premier album qui sort le rap de l’étroitesse des cases stylistiques : Frame. FREEZ, le hip-hop friandeez. # Emmanuel Dosda
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musique
Photos de Bartosch Salmanski
Flamin Goes, morceau phare du sept titres de FREEZ, est un joyeux pot-pourri lexical, un méli-mélo sonique, une jubilatoire battle de lyrics entre Eli, rappeur américain exilé à Strasbourg, et le britannique Mike Ladd, World champion de spoken word installé à Paris. Les langues se délient et les mots fusent sur un Beat (Generation) sec. Proche du cut-up et de l’écriture automatique surréaliste, les textes se connectent et prennent sens, presque malgré le tandem d’auteurs, dépassés par ses propres créations. Le clip psyché et dada qui l’accompagne met en scène, de manière quasi subliminale, des personnalités aussi diverses que Bob Marley, Ringo Starr, le pape Benoît XVI, Ravi Shankar ou Ol’ Dirty Bastard. Cherchez l’erreur… Écoutez bien. Regardez autour de vous. Tendez l’oreille pour reconnaître la voix l’Emily Loizeau, celle du new-yorkais IllSpokinn, les influences du groupe qui vont de Pink Floyd à Jack Kerouac, des BO internationales à la littérature anglo-saxone, du cosmo-jazz à la Sun Ra à l’anticonformisme rap d’Antipop Consortium. Grosse voix et corps filiforme, Eli Finberg a mis quatre ans à « accoucher de ce disque », un format court pour davantage de cohérence, après un tri drastique. Le space rap de Frame est le fruit d’un travail de groupe, entremêlant la batterie énergique d’Arthur Vonfelt, la trompette supersonique d’Octave Moritz, le clavier atomique de Quentin Rocha et les lyrics hyper-dynamiques d’Eli Finberg. D’habitude courtois, ce dernier lâche les chiens et s’emporte tout au long d’Oswald qui clôt le disque : une instru dark et des propos hargneux. Le MC s’adresse à Trump en lui crachant des injures, « pour parler son langage », avec du « Fucker » et du « Sucker ». Il sort de ses gonds et c’est bon. Release Party à La Laiterie 08/11 (avec le génial nancéen M.A BEAT en première partie) artefact.org
Frame freeztheband.com
CD eàr
gagn
jouez sur magazinemix.fr ou sur /mgzmix
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ils transforment la ville
La foire au début des années 50 © Carabin
LE WACKEN : FOIRE, MAILLON ET CÆTERA Avant son déménagement à l’emplacement de l‘ancien Stade Tivoli, à deux pas du Wacken où il est installé depuis 1999, Le Maillon regarde en arrière et conte l’histoire d’un lieu qui connut 1 001 destins. Visite d’une expo godzillesque, à taille humaine, avant travaux et reconversion du site en quartier d’affaires nommé Archipel. # Emmanuel Dosda
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PATRIMOINE
L’île du Wacken et les promenades de l’Orangerie et du Contades, plan de 1835, établi par la Ville de Strasbourg
Exposition coloniale à Strasbourg, 1924 (DR), porte d’entrée du Village africain
1924-2019 : le quartier du Wacken a traversé près d’un siècle d’Histoire(s) et en a connu des vertes et des pas mûres. Du rouge vif comme l’étendard flanqué de la faucille & du marteau et des tonalités ténébreuses comme la croix gammée plantée au milieu d’un décor revu et corrigé à la sauce nationale-socialiste. Du rose cochon comme la knack croquée goulûment par François Fillon ou du blond et moussu comme la bière bue par Michel Rocard aux côtés d’une Catherine Trautmann hilare. Des rires jaunes. Des trouilles noires. Nous témoignons (et avouons avoir failli faire pipi dans notre jean) : lorsqu’en 2004, avançant au ralenti au Wacken, un char pointa son canon menaçant vers un public qui ne moufta pas, il ne s’agissait pas d’une re-re-re-prise de l’Alsace par l’Allemagne, mais d’un énième coup de sang de Romeo Castelluci (son spectacle Tragedia Endogonidia) accueilli par Le Maillon.
Archives de l‘Eurométropole, 1941 230 l
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PATRIMOINE L’expo*, accompagnée d’un indispensable catalogue, retrace une folle et chaotique aventure. Astucieuse comme le parapluie à hélice pivotante (concours Lépine, faisnous rêver !), entre intransigeance scientifique et potacherie historico-comique, elle fait la part belle à une riche iconographie menant de décennie en décennie. Ainsi, en 1924, le Wacken est-il le triste théâtre d’une exposition coloniale et de son zoo humain, soit un « village africain » où l’on exhibe aux visiteurs et offre en pâture des « indigènes civilisés » à leur regard curieux. De 1926 à aujourd’hui, il accueille les Foires expos (Foire européenne depuis 1933) où les ménagères de plus ou moins 50 ans se massent en famille pour admirer les démonstrations des tchatcheurs vantant les méritent de l’aspirateur à rétrofusion ou de la serpillière multifonctions. Durant l’occupation, de 1941 à 1944, quatre expositions nazies y sont organisées : aigles impériaux XXL et drapeaux frappés de la svastika envahissent l’espace qui servit également d’écrin révolutionnaire à meeting (1936) et congrès (1947) du PCF. Moment mémorable et tout autant politique : le 4 janvier 1980, au hall Rhénus, Gainsbourg entonne La Marseillaise devant un parterre de paras qui, venus le chahuter, se mettent à chanter l’hymne national au garde-àvous. Aux armes, et cætera.
Visuel de l‘Atelier Poste 4
Un siècle sans entracte, une histoire du Wacken 1924 / 2019 (catalogue à 5 €), dans le Hall du Maillon-Wacken, jusqu’au 30/03 2019 maillon.eu Exposition dans le cadre des Journées de l’Architecture europa-archi.eu
Commissariat et coordination éditoriale par Claude Grétillat; textes de Denis Boeglin, Isabelle Chalier, Vincent Cuvilliers et Julien Ebersold (historiens), Julien Louis (historien de l’Art), Antoine Wicker (journaliste) et Claude Grétillat
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Archives de l‘Eurométropole, 1941 14 —
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patrimoine
RÉNOVER Le banc en spirale de Bert Theis installé en 2002 place de la République (dans le cadre du programme d’accompagnement artistique du Tram de Strasbourg) était dans un état pathétique : lames de bois blanc dézinguées, bananier moribond (normal, puisque des crétins avinés urinaient régulièrement dessus)… Bref, ce monument dédié aux intellectuels juifs de culture allemande et plus particulièrement à Aby Warburg n’était plus que l’ombre de lui-même. Tout le monde étant sur la même longueur d’ondes – Municipalité et ayants droit – les travaux de rénovation sont lancés et seront achevés au printemps. Pile poil pour l’inauguration de l’expo d’envergure qui sera consacrée à l’artiste au Mudam de Luxembourg ! # H.L. strasbourg.eu
FINANCER
© Thomas Schwartz
La Cathédrale de Strasbourg est sous les projecteurs pour deux raisons. La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame vient de lancer une opération de financement en ligne pour numériser quelque de 5 500 plaques de verre de la fin du XIXe siècle qui constituent un patrimoine photographique unique… en danger puisque les pièces se dégradent. Il faut 20 000 €, participez en ligne* jusqu’au 16/11. Autre challenge de taille : ramener à Strasbourg un dessin de Jean Hültz datant du premier quart du XVe siècle (un des plus anciens plans connus de Notre-Dame !) mis sur le marché, il y a quelques mois… Classé “Trésor national”, la possibilité de son exportation a été suspendue pendant 30 mois (à compter du
penser 29/08). Ne reste plus qu’à trouver des financements (mécénat, etc.) pour acquérir un bien dont la valeur est estimée à deux millions d’euros. # R.Z. oeuvre-notre-dame.org *
Sur le site ulule.com/numerisation-plaques
ÉRIGER
Dans le cadre de l’exposition présentée à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, L’Art nouveau, de Strasbour g à Riga (08/11-08/12) se déroulera, dans l’auditorium de l’institution un important colloque international sur le sujet (08 & 09/11, entrée libre) permettant de mettre en parallèle la situation des deux villes au tournant des XIXe et XXe siècles autant que les contextes politiques et culturels ayant permis l’éclosion d’un centre de production artistique majeur. Avec notamment des contributions de Christine Peltre sur la peinture à Strasbourg à cette époque et Walter Kiwior à propos du céramiste Léon Elchinger. # P.R. bnu.fr
© Kengo Kuma & Associates - Vue depuis la nef - image by Lumance
Le nouveau Parc des Expositions chargé d’accueillir foires, salons, conventions d’affaires et manifestations grand public sera construit par le cabinet japonais Kengo Kuma & Associates (notamment auteur de la Cité des Arts et de la Culture de Besançon) avec pour fil directeur une intégration douce dans le paysage urbain. Le projet (qui verra le jour en 2021) consiste en un bâtiment de 58 000 m2 bordé d’un péristyle en bois. Avec un coût de construction annoncé de
90 millions d’euros, le bâtiment marque l’une des principales entrées de la ville, complétant la réorganisation complète du quartier du Wacken et créant un lien visuel fort avec le centre historique de la cité depuis les espaces événementiels et le prolongement en terrasse qui s’ouvrent sur la Cathédrale. # S.Q. kkaa.co.jp
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bande dessinée
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT Philippe Collin et Sébastien Goethals consacrent un remarquable roman graphique à la tragédie des Malgré-nous. Dans Le Voyage de Marcel Grob, ils narrent la destinée d’un Alsacien enrôlé de force dans la SS. # Hervé Lévy Homme de radio, Philippe Collin – qui anime notamment L’Œil du tigre sur France Inter – avait un grand oncle qu’il « aimait beaucoup, adolescent. Lorsque j’ai appris qu’il n’avait pas servi dans la Wehrmacht, mais dans les Waffen SS, j’ai été perturbé. À vingt ans, tu veux des réponses, c’est noir ou blanc. J’ai rompu avec lui et ne l’ai jamais revu. En 2009, ne suis même pas allé à ses obsèques. En 2012, j’ai découvert que je m’étais trompé, qu’il avait été contraint et forcé et qu’il n’était pas nécessaire de se porter volontaire pour intégrer la SS. » Il décide alors de raconter cette page douloureuse de l’Histoire de France à travers la destinée de cet homme. Dans une construction narrative bien troussée – dont on ne dévoilera pas les détails ici, mais sachez juste que Marcel se retrouve, déjà vieil homme, face à un juge impitoyable et kafkaïen – le lecteur découvre un jeune garçon de 17 ans qui, contrairement au poème de Rimbaud, sera contraint à être très sérieux. Nous sommes en 1944 et il va être embrigadé dans la SS. « Cet album procède d’une volonté de réparation à son égard, mais aussi du désir de mettre en lumière ce qui est arrivé à ces hommes. » Au dessin, Sébastien Goethals – à qui l’on doit notamment Le Temps des sauvages – est aussi touché personnellement par les Malgré-nous : « Je suis tombé amoureux d’une femme dont le grand-père l’avait été » déclare-t-il. Son dessin trouve la juste distance, notamment par rapport à la violence qui n’est jamais héroïsée. Il crée des ambiances chromatiques différentes – grises, 16 —
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ocres, rougeoyantes, bleutées, etc. – générant des univers d’une grande élégance. « J’ai apposé des filtres de couleur sur des gris, ce qui permet au lecteur de ressentir une émotion, mais le processus de colorisation ne va pas jusqu’au terme. J’aime suggérer, plutôt qu’imposer. Dans cette même optique, j’ai beaucoup utilisé le hors champ », résume-t-il. On suit Marcel de sa formation militaire à Stralsund, station balnéaire de la Baltique, à sa capture par les troupes anglaises, en passant par le massacre de Marzabotto (l’équivalent d’Oradour-sur-Glane pour les Italiens). Même si les auteurs se refusent à l‘absoudre complètement, ils posent l’essentielle question : « Qu’est-ce que, moi, j’aurais fait à sa place ? », résume Philippe Collin. Une question qu’on est tous amenés à se poser en refermant le livre. Sans pouvoir y apporter, en toute honnêteté, de réponse. Paru chez Futuropolis (24 €) futuropolis.fr Sébastien Goethals est présent au 34e Festival Bédéciné (17 & 18/11, Espace110 d’Illzach) espace110.org
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idées
LES LEÇONS DE SIMON DEBRÉ
Publié en 1933, L’Humour judéo-alsacien était devenu introuvable : le grand rabbin Simon Debré (1854-1939) y décrypte 160 expressions où se superposent les cultures alsacienne et juive, germanique et française. Il est « le reflet d’un monde qui était en train de disparaître », explique son arrière-petit-fils, Jean-Louis Debré – qui ne l’a pas connu –, celui des communautés villageoises alsaciennes, où le dialecte se mâtine d’hébreu dans une prononciation yiddish. On se délecte de ces phrases, expressions et autres histoires dont le contexte – et les liens avec la liturgie et les textes sacrés – sont expliqués avec brio dans le facsimilé d’un bréviaire rarissime soulignant que « si l’hébreu était la langue de l’étude et de la prière, le yiddish était, dans sa truculence, celle de la vie. » En ouverture, l’ancien président du Conseil constitutionnel 18 —
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dresse le portrait de Simon, natif de Westhoffen qui a opté pour la France en 1872, devenant grand rabbin de Neuilly, rappelant « l’actualité de ce livre » et dressant un parallèle avec le monde d’aujourd’hui. « Dans ces pages, Simon nous donne un avertissement, à sa manière : “Ne perdez pas vos fondamentaux”. Il nous exhorte à préserver ce que nous sommes. » Il y a une autre leçon essentielle dans cet ouvrage « et dans la vie de Simon Debré. Il montre qu’il est possible d’être alsacien, juif, français et patriote. D’une certaine manière, il s’agit d’un chant contre le communautarisme. Nos identités sont complémentaires. Ne nous replions pas sur nous-mêmes et essayons de préserver nos racines dans le même temps. C’est ainsi que nous affronterons l’avenir au mieux », résume celui qui fut Ministre de l’intérieur d’Alain Juppé,
Photo de Jean-Luc Stadler / Région Grand Est
Jean-Louis Debré a écrit une préface à L’Humour judéo-alsacien, texte de son arrière-grand-père, tout juste réédité. Nous avons rencontré l’ancien président de l’Assemblée nationale au siège de la Région Grand Est, à Strasbourg, où il le présentait. # Hervé Lévy
avant de poursuivre, plus grave : « Dans ce que nous vivons aujourd’hui, existe chez certains une volonté de remettre en cause le principe de laïcité, c’est-à-dire la liberté qu’a chacun de nous de choisir de croire ou de ne pas croire. » Voilà le message d’un républicain… qui avait oublié de mettre son portable sur vibreur pendant l’entretien. Lorsqu’un correspondant l’appela, on ne fut guère étonné de constater que sa sonnerie est une tonitruante Marseillaise. Paru à La Nuée Bleue (17 €) nueebleue.com
CINéma
Gundermann © Peter Hartwig Pandora Film
nos coups de
Le Loup en tutu et autres petites histoires Ce programme de courts-métrages concocté par Le RÉCIT propose au jeune public à partir de 3 ans un joli cocktail de petites histoires autour de l’amitié, l’esprit d’équipe et les préjugés.
german style
10, 11, 17, 18/11 à 10h au Cinéma Star Saint-Exupéry
Pour sa 14e édition, le festival Augenblick dédié au cinéma germanophone accueille un invité de marque : le réalisateur Andreas Dresen. # S.M.K. Cet été, l’Allemagne de l’Est a attiré tous les regards avec des images de Chemnitz, où des néonazis ont “chassé” des migrants. Depuis, la presse déborde en préjugés et raccourcis en tout genre, la polémique habituelle battant son plein. Une raison de plus pour se pencher sur l’histoire et le présent de l’ex-RDA en invitant l’un des seuls réalisateurs formés sous la dictature qui a fait carrière dans l’Allemagne réunifiée : Andreas Dresen. Le fil d’Ariane de son œuvre tourne justement autour de l’histoire des deux Allemagnes, avant et après la chute du mur : son début, Pays tranquille (1992), raconte les complications du tournant de l’Histoire au sein d’une petite troupe de théâtre qui joue En attendant Godot, à l‘automne 1989. Avant le succès populaire de la comédie Un Été à Berlin (2006) il est récompensé par un Lola* pour Grill Point (2002), comédie romantique qui entremêle deux couples d’amis dans le décor sinistre de Francfort-sur-l’Oder. Ils ne réussissent pas à protéger leur relation face au train-train quotidien. Tourné entièrement
caméra à la main, ce film fait preuve d’un grand réalisme, tout comme Pour lui (2011) réalisé sans dialogues écrits pour préserver la spontanéité des acteurs face à un sujet difficile : la confrontation d’une famille à la maladie mortelle du père. Les films récents d’Andreas Dresen le ramènent à des sujets plus historiques : Le Temps des rêves (2015) narre l’histoire d’une bande d’amis directement après 1989, entre enthousiasme, confrontations avec des néonazis et naissance de la scène techno. Son dernier opus, Gundermann (2018) se penche sur le destin bien particulier d’un homme qui a vécu en RDA entre son travail dans une mine à ciel ouvert, ses soirées sur scène et son activité d’espion pour la Stasi... qui le fait surveiller à son tour. 06-23/11 Dans les salles du réseau RECIT (ex-Alsace Cinémas)
Back for Good
places er à gagn 7 .2 p ir vo
Une star de téléréalité qui doit retourner dans sa campagne natale lorsque sa carrière décline, entre cure de désintox et faillite financière. 08, 10, 15, 20/11 au Cinéma Star Saint-Exupéry cinema-star.com
festival-augenblick.fr Équivalent allemand du César
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Rencontres avec Andreas Dresen 15/11 Avant-première de Gundermann,
20h, Cinéma Star Saint-Exupéry (sur invitation uniquement)
16/11 Rencontre autour du parcours d'Andreas Dresen avec des extraits de plusieurs films, 18h, Musée d'Art Contemporain de Strasbourg 230 l
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© Artisan Kumiko TANIHATA
l'empire des savoir-faire Dans le cadre de l’événement national Japonismes célèbrant les 160 ans des relations diplomatiques avec la France, le Pays du soleil levant est l’invité d’honneur de la 7e édition du Salon Résonance(s) organisé par la Frémaa. # S.M.K. La création nipponne – symbolisant selon Christian Fuchs, président de la Frémaa le mariage parfait entre « manuel et intellectuel, tradition et modernité » – est représentée par l’association Japan Wood. Le bois, matériau apprécié en Extrême-Orient, est exploré sous toutes ses coutures dans 16 ateliers exposant le travail de la laque, le kumiko – élaboration de treillis sur portes coulissantes, éléments décoratifs d’intérieurs traditionnels – ou encore la teinture sur bois. D’autres savoir-faire sont également à l’honneur, comme l’art du kimono, dont le Consulat du Japon organise un défilé de mode (10/11, 10h30 & 17h). Une série de conférences autour du bois est organisée la veille avec l’intervention de quatre spécialistes. On découvre aussi neuf artisans pratiquant un métier d’art japonais avec des techniques ancestrales : céramique, verrerie ou bijouterie. Le deuxième point fort de cette édition est la carte blanche laissée à l’Atelier de recherche et de création en ameublement (ARCA) fondé par Steven Leprizé. Il crée de surprenants sacs et meubles en bois avec des techniques de gonflage et d’assouplissement qui traitent de fines feuilles de bois comme du tissu. Pendant une conférence intitulée L’Innovation par la ruse (11/11, 15h), Leprizé explique ses techniques particulières. Nouveauté du salon en 2018, les démonstrations qui, en plus de nombreux films d’atelier,
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Résonance(s) en chiffres 206 créateurs 40 métiers 11 ateliers pour enfants (sur inscription) 9 conférences, dont 4 sur l'esthétique du bois au Japon 4 démonstrations (gravure sur porcelaine, soufflage de verre, marqueterie de plume, kumiko) 1 jeu-concours pour remporter une œuvre permettent au visiteur non seulement d’admirer (et d’acheter) des pièces uniques, mais aussi d’appréhender et d’apprécier leur fabrication. 09-12/11, Résonance(s), Salon européen des métiers d’art, Parc des Expositions à Strasbourg salon-resonances.com fremaa.com
nouvelle tête
Photo de Benoît Linder pour Mix
LES PERCUSSIONS FRAPPENT FORT Rencontre avec Minh-Tâm Nguyen, nouveau directeur artistique des Percussions de Strasbourg à l’occasion du Live @ home #12 de l’ensemble marquant la sortie d’un nouveau CD. # Hervé Lévy « Nous ne faisons pas des choses intellectuelles. Le feeling est essentiel. Le rock, le jazz, la musique contemporaine – un qualificatif que je n’aime pas –, le classique… Tout cela reste de la musique, avant tout », s’amuse Minh-Tâm Nguyen, directeur artistique des Percussions de Strasbourg depuis septembre. Entré dans l’ensemble rassemblant six musiciens qu’on annonçait mal en point en 2013, il l’a vu évoluer… dans le bon sens. Ses ambitions ? « Défendre et faire vivre le répertoire existant (plus de 350 pièces écrites pour eux, NDLR), créer de nouvelles œuvres, inventer et transmettre. » Pour être plus présent sur la scène musicale, l’ensemble mène une nouvelle politique : « Avant nous ne tournions qu’à six. Nous avons souhaité mettre en place des formats plus légers, en duo, trio ou quatuor. Un nouveau répertoire est en
train de naître » avec des pièces signées Hugues Dufourt, Michaël Levinas ou Philippe Hurel qui s’est enthousiasmé « pour un rototom à pédales que nous sommes en train de mettre au point ». Cette nouvelle création viendra rejoindre un corpus en expansion constante rassemblant plus de 500 instruments en peaux, bois ou métaux : xylophones, verres à vin, cloches de vaches, marimbas, cymbales, sixxen (imaginé par Xenakis pour les Percus), gongs, etc. Lieu de répétition, bureaux, salle de concert, espace de recherche, le « local » de Hautepierre est l’endroit depuis lequel les Percussions rayonnent sur le monde – leur réputation internationale n’est plus à faire depuis 1962 – mais également… sur le quartier. « L’action de proximité est essentielle. Elle fait partie de notre ADN :
nous sommes jumelés avec les écoles et les collèges de Hautepierre, organisons les ateliers Percustra, etc. », affirme Minh-Tâm Nguyen. Preuve de leur vitalité retrouvée : une politique discographique active récompensée par une Victoire de la musique classique (2017) distinguant Burning Bright de Hugues Dufourt. Suite des événements avec la sortie, ces jours-ci (en CD et LP) de Ghostland de Pierre Jodlowski, saisissante plongée dans l’univers sonore des fantômes. 28/11 (20h30) Live @ home #12 avec Ghostland de Pierre Jodlowski 28/11 (20h30) Théâtre de Hautepierre (Strasbourg) percussionsdestrasbourg.com
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© David Sala
du piquant dans l'illus' Schiltigheim convie les 1 à 101 ans à la septième édition de Schilick on Carnet, manifestation pimentée et relevée où l’on rencontre des auteurs et participe à des ateliers. # Emmanuel Dosda Citons tout d’abord quelques illustrateurs que nous apprécions tout particulièrement : Virginie Bergeret, Marion Duval, David Sala ou Suzy Vergez sont des artistes que vous avez sans doute déjà croisé dans nos pages… ou dans les rues strasbourgeoises ! Il n’y a pas que des talents du coin à Schilick on Carnet : le bédéiste berlinois Mawil ou Bénédicte Guettier, la “maman” du petit âne le plus célèbre des cours de crèches et d’école, Trotro. Trop trop cool, cette manifestation qui s’adresse au jeune public, en lui proposant un moment certes ludique, mais pédagogique ! Des interventions sont organisées auprès de 68 classes de Schiltigheim et des alentours. « L’illustration – qui marque durablement notre itinéraire d’enfant – sort des murs, bibliothèques et librairies, pour aller à la rencontre des habitants », insiste Nathalie Jampoc-Bertrand, adjointe en charge de la Culture. Il s’agit d’« un événement lié à l’objet livre jeunesse, avec des princesses qui font rêver ou des loups qui font peur, mais 22 —
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permettent toujours d’apprivoiser ses émotions », précise Danielle Dambach, maire de Schiltigheim. Outre le salon, à La Briqueterie, où l’on rencontre des artistes, découvre des ouvrages et des maisons d’édition (Callicéphale, Dyozol ou La Poule qui pond) ou faisons la chasse aux dédicaces, de nombreux ateliers sont proposés (les enfants dès 11 ans pourront même s’essayer à la sérigraphie avec Ariane et Batchou), un spectacle (Moun portée par l’écume et les vagues) est programmé et des débats vont animer la cité. Comme le dit Christian Heinrich, illustrateur et instigateur du salon dont l’animal totem est le hérisson : « Il y a du piquant dans Schilick on Carnet ! » 09-11/11 La Briqueterie et autres lieux de Schiltigheim ville-schiltigheim.fr
© Antoine Guillopé
brèves
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Photos de Vincent Muller
SPORT
TOUT FOOT, TOUT FEMME L’association Femmes de Foot est une initiative unique dans le paysage du ballon rond hexagonal. Rencontre avec sa fondatrice, Sabryna Keller. # Hervé Lévy Tout a commencé dans les brumes du championnat de National, en mars 2014, au cours d’un match du RCS contre Boulogne. Sabryna Keller imagine une journée spécifique dédiée aux femmes avec de nombreuses animations à la Meinau : « J’avais envie de mettre en place une initiative pour remercier les abonnées, mais aussi inciter les autres à venir au stade, leur donner envie. » Une idée qui mûrissait depuis que le club avait été repris par un groupe d’investisseurs mené par son époux Marc Keller qui en était devenu président : « C’était une décision de famille. Une sacrée responsabilité à laquelle je souhaitais prendre ma part », résume-t-elle. Les petits ruisseaux faisant de grandes rivières, les choses se sont développées avec la création de l’association Femmes de Foot, en 2017. Son credo ? « Nous avions besoin de toutes les forces vives pour que le club revienne au plus haut niveau et dans ces forces vives, il y avait, dès le départ, des femmes. J’ai décidé de les réunir pour montrer que le foot n’est pas qu’une affaire de mecs, qu’on peut aller au stade entre filles. Il est désormais possible de compléter le slogan du Racing : Nous ne sommes pas onze mais des milliers, et dans ces milliers il y a aussi des femmes. » Pour elle, le spectacle est « sur le terrain, mais aussi en dehors ». Sont ainsi nées des actions variées, kop dédié (le Kop’In, 100% féminin), abonnements spécifiques pour les filles, maillots aux lignes plus glamour que les sacs à patates des hommes… mais aussi le mot d’ordre J’peux pas j’ai Racing ! En juin 2017, le projet a été couronné par le Prix “Expérience stade” décerné par la Ligue de Football Professionnel.
Cette reconnaissance (et le montant de 10 000 € qui lui était associé) a permis a Sabryna Keller d’aller plus loin : « Elles viennent au stade, vivent le match, soutiennent le Racing, mettent leur grain de sel dans les tribunes, mais j’ai souhaité développer l’entraide et le partage. » Femmes de Foot se consacre ainsi à deux causes : les enfants malades et la lutte contre le cancer du sein. Elle a déjà reversé plus de 100 000 € pour financer des projets caritatifs, mais s’est aussi impliquée dans des actions concrètes, emmenant par exemple des gamins voir un match à l’extérieur dans l’avion des joueurs. Avec près de 300 adhérents (dont 30% d’hommes) et des soutiens comme celui des journalistes Pierre Menès et Nathalie Iannetta ou du charismatique milieu de terrain Anthony Gonçalves, l’association fait parler d’elle ! D’autant que son parrain se nomme Kader Mangane (ancien joueur et désormais coordinateur sportif du RCS). Pour lui, l’association est aussi « un moyen de montrer aux joueurs qui évoluent trop souvent dans une bulle qu’il y a autre chose – de plus important – que le foot dans la vie. » Et c’est bien de cela qu’il s’agit, d’amour du maillot, mais aussi de valeurs qui le transcendent. On peut adhérer à Femmes de Foot (les hommes sont les bienvenus) pour 20 € femmesdefoot.com
droit au but Joueur préféré. Zizou. Souvenirs de foot les plus marquants. Le geste de Rabah Madjer (en 1987, il marque en laissant le ballon passer entre ses jambes et en le reprenant d’une talonnade derrière la jambe d’appui) et la sortie de Schumacher sur Battiston en 1982. Les deux visages du foot ! Club préféré (hors RCS). Liverpool pour You’ll never walk alone. Entraîneur préféré (à part Thierry Laurey). Didier Deschamps. Le classement du RCS à la fin de la saison. 12e. 230 l
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café
Un p' tit café ? Loin des grandes enseignes, une petite équipe de cinq cafetiers propose une nouvelle vision de leur métier : visite chez Omnino, micro-brûlerie strasbourgeoise. # Julia Vesque
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parfaitement choisies et séchées, bien torréfié puis moulu avec soin peut être gâché par un mauvais barista. Pour prêcher la bonne parole, Omnino a créé un coffee shop itinérant dans un combi Citroën sillonnant festivals et autres événements alsaciens, vendant diverses spécialités issues de leur production. Le quintet dispense avec une incroyable gentillesse des conseils et formations pour particuliers et professionnels. Inutile cependant de courir après le camion : Omnino va ouvrir L’Escabeau, sa boutique, lieu atypique d’à peine 20 m², décoré de façon délicieusement rétro par le très créatif duo de designers New Ance. L’Escabeau : pour monter toujours plus haut sur l’échelle du plaisir des saveurs. L'Escabeau (inauguration fin novembre), 17 rue des Drapiers (Strasbourg) omnino.fr
© Julia Vesque
Omnino cherche à « magnifier les arômes naturels », à faire un café de caractère, non standardisé et avec une cuisson légère, « qui respecte le produit et lui donne un côté acidulé, sans amertume », selon Christophe, le torréfacteur. La petite entreprise propose une expérience visuelle, olfactive et gustative. Pour François, l’un des associés, il faut « prendre les gens par la main, comme on le ferait avec du vin, et les aider à découvrir la richesse aromatique, les variétés et terroirs ». Les différents brevages dégustés sont ronds en bouche, tellement subtils qu’y ajouter du sucre serait une hérésie. « Il y a un nombre incalculable de façons de déguster un même café, et il aura toujours un goût différent ! » Afin d’apprendre l’art de choisir et d’extraire le café, il faut « beaucoup de temps, beaucoup d’entraînement, c’est un véritable savoir-faire pour maîtriser la taille de la mouture, le ratio eau-café, gérer la température...» explique Christophe. Un excellent café, dont les cerises ont été
des bo ns et des ma u vais p o ints , des m édailles et des cart o ns r o uges !
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2 x 2 places pour la projection de Back for Good, 20/11 à 2 x 1 livre L’Alsace enchantée 20h30 au Cinéma Star Saintde Leïla Martin (La Nuée Bleue) Exupéry nueebleue.com
Le Mudd Club va fermer ses portes en novembre. Triste fin pour un club unique en son genre avec une belle programmation de concerts qui laisse un grand vide ! Snif !
Tous en slip ! Le 1er Salon du livre indépendant de photographie (SLIP) organisé par La Chambre et la CIL (17 & 18/11, HEAR) permet de rencontrer des éditeurs alsaciens, français & allemands et lève le voile sur les secrets des livres de photos. © Le Futur / C. Urbain
Le 21/11, la Brasserie WOW accueille l’artiste strasbourgeois Bo* Johnson avec plein de news : EP, clip et site Internet flambant neuf d’un musicien passionné seront à découvrir. Autre événement : le 04/11, il manage – avec, entres autres artistes, notre cher ancien collègue Rudy C – le tournage d’un clip de Strasbourg Live Session au Vaisseau avec plus de 50 talents régionaux, les Gospel Kids et quelques autres personnalités de la ville.
cinema-star.com
© Christophe Urbain
Bo* Johnson © Paul Willis
© SNCF-MEDIATHEQUE - A. Profit
À partir du 9 décembre, la SNCF propose une nouvelle connexion entre Fribourg et Paris via Emmendingen, Lahr, Offenburg et Strasbourg. Au départ de la capitale européenne on atteint désormais Fribourg en 1h20 à partir de 15 €.
Les Halles du Scilt se battent déjà pour leur survie, moins d’un an après l’ouverture d’un lieu insuffisamment équipé dès le départ. Seul 4 commerçants sur 15 résistent encore à la faible fréquentation. Croisons les doigts pour que la nouvelle municipalité lui donnera un nouveau souffle. L’information a déjà bien circulé, mais elle mérite un sérieux down : la fermeture des Berges de l’Ill au pied du Parlement européen lors des sessions et visites exceptionnelles (pas si rares, nous sommes assis à côté de leur piste de course sécurisé par voitures blindés et policiers en moto) pour protéger des politiciens qui sont déjà très loin de la réalité du citoyen. D’ici la fin de l’année les automobilistes pourront se faire verbaliser par... une caméra de vidéosurveillance strasbourgeoise. La surveillance de rue se faisait déjà par des caméras, mais l’installation de dispositifs supplémentaires n’est pas loin. À quand la reconnaissance faciale à la chinoise... ? Big Brother is watching you !
La revue strasbourgeoise CUT, dédiée depuis 2005 au cinéma, risque de disparaitre faute de moyens. Son équipe a lancé une cagnotte pour pouvoir continuer ses activités. Help ! leetchi.com/c/cut-stop-ou-encore 230 l
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© Francesca Gariti
gastronomie
ÉLOGE DE LA SIMPLICITÉ Premier livre signé Leïla Martin, L’Alsace enchantée rassemble 50 recettes faciles à réaliser et diablement savoureuses. Testé et approuvé ! # Hervé Lévy Un blog qui cartonne, un succès à l’édition 2014 du concours du cuisine amateur Chefs à bord initié par Alsace 20, la création de la carte du bar à vins Black & Wine de l’Hôtel Hannong… Le sourire de Leïla Martin est présent dans le paysage gastronomique depuis quelques années déjà. Son premier livre rassemble 15 recettes issues du blog et 35 inédites avec pour volonté de « réinterpréter le patrimoine culinaire alsacien dans une cuisine du quotidien savoureuse, rapide et facile à réaliser », résume-t-elle. En cinq chapitres (Apéro, Petites faims, Grandes faims, Viandes et poissons, Desserts) auxquels s’ajoutent d’utiles recettes de base – pâte brisée, pesto de basilic, etc. – cette autodidacte revendiquant une « approche qui est celle de la ménagère » propose d’inventives expériences. On craque ainsi pour une tarte au fromage blanc métissée avec une Linzertorte ou un risotto de pépinettes d’Alsace – petites pâtes en forme de grains de riz – au comté et aux noix, des ingrédients rappelant la double culture de Leïla, 28 —
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Alsacienne de cœur : sa maman est en effet originaire de Fès, tandis que son papa est Franc-Comtois. Au fil des pages, c’est une Alsace hors des sentiers battus qui s’offre à nous avec des plats comme les nems croustillants de choucroute, les croque-monsieur au jambon, munster et carvi ou encore le tajine d’agneau aux quetsches, miel et safran de la région… Tout cela est métissé, joyeux, souvent surprenant – « Mon moteur pour créer des plats, c’est la gourmandise », glisse Leïla – et illustré de belle manière, dans cet ouvrage, par les photos de sa complice Francesca Gariti. Créatrice inlassable, la cuisinière aime les hybridations (comme dans les excellents Crazy streusels que l’on retrouve sur son blog) et les petits trucs permettant de « twister le goût, même si ma popote demeure très simple » : preuve avec des fleischkiechle à l’orientale, où la tradition alsacienne de ces galettes (réalisées à base de viandes crues hachées) s’épicent de coriandre, de menthe, de piment, de gingembre ou encore de cumin…
Paru à La Nuée Bleue (22 €) nueebleue.com
Rencontres / Dédicaces avec Leïla Martin 10/11, Leclerc Geispolsheim (10h12h30) & Librairie Wachenheim à Sélestat (14h30-17h30) 25/11, Festival du livre de Colmar 01/12, Maison de la presse Bastian de Haguenau (15h-17h) 16/12, Librairie Presqu’île de Strasbourg (14h30-17h30) jevaisvouscuisiner.com
livres er à gagn 7 voir p.2
© Francesca Gariti
gastronomie
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Un max de décibels, de croches, de blanches et de noires. Un mix d'images, de cases, de bulles et de pages : sélection mensuelle par Emmanuel Dosda
Juliette Pelletier
Librairie Quai des Brumes
ZOOTOPIE Les Éditions du livre, pointilleuse maison strasbourgeoise, produit des ouvrages arty jeune public… qu’on n’a vraiment pas envie de laisser entre les mains peu soigneuses d’enfants trop négligents. Alexandre Chaize, boss de la micro-structure, est-il Dans la lune au point de sortir des objets abstraits, omettant parfois les informations en couv’ ? L’éditeur qui ne transige pas avec l’esthétique nous gâte avec Zoo in my hand des sœurs Inkyeong & Sunkyung Kim, un joyeux bestiaire de poche multicolore. Chat, paon, scorpion, tortue ou requin : des figures animales prédécoupées ne demandent qu’à prendre vie en sortant des pages pour subir quelques manipulations de pliage. Magnifique, ludique, origamique.
Le dernier roman de Luke Rhinehart, Invasion (édité Aux Forges de Vulcain) est la porte de sortie idéale quand le monde court à sa perte et que les grandes puissances s’en donnent à cœur joie. Ici, pas de petits bonhommes verts malveillants qui nous envahissent, mais des boules de poils poilantes et transformistes qui appliquent partout où elles passent le diktat de la Rigologie… On rit beaucoup et ça fait du bien ! auxforgesdevulcain.fr
Zoo in my hand (Les Éditions du livre) editionsdulivre.com
OUTRENOIR Marie Dorléans, diplômée des Arts déco strasbourgeois, s’offre une balade nocturne et bleutée en grand format. « Nous avons rendez-vous » susurre maman à ses deux enfants endormis. Dans la chaleur parfumée d’une nuit étoilée estivale, la petite famille parcourt ruelles et chemins à la lueur des réverbères, à la lumière blafarde de la lampe torche ou sous la brillance diffuse de la lune. Les sens en éveil, ils avancent vers la clarté aveuglante du petit jour. Un album lumineux, comme du Soulages. Nous avons rendez-vous (Seuil Jeunesse) seuil.com 30 —
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Mathieu Wernert
artiste mélomane
Une collaboration musicale n’est pas chose aisée… Deux producteurs, l’allemand Wilczynski et le français Kayo, ont relevé le défi en choisissant six samples, base de composition d’une douzaine de titres : six pour l’un (en face A), six pour l’autre (face B) et un ensemble homogène où le groove est omniprésent, parcouru d’un doux souffle soul et un d’un vent jazzy. Duality : entre battle à l’amiable, exercice de style abstract hip-hop, et split par 0° C. vindig.bandcamp.com