Mix 231

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magazinemix.fr

#231 DÉCEMBRE 2018

strasbourgeois

lifestyle strasbourg

magazine



édito

Les magnifiques illustrations de Violaine Leroy, à découvrir dans la boutique éphémère de WayOfLac - Limited Art Creation, chez Arachnima Art et échange gallerylac.eu

GILETS JAUNES & BONNETS ROUGES Les gilets jaunes ont pris possession du centre-ville. Barricades de blocs en béton, filtrage à l’entrée de la Grande Île et ralentissement du flux humain créant d’immenses bouchons, quelques prises de bec entre citadins et pertes de sang-froid parmi les bonnets rouges. Précisions : ces derniers sont des touristes affublés de ridicules couvre-chefs vendus à la sauvette et les porteurs d’accoutrements fluorescents extravagants, des agents de sécurité farfouillant vaguement dans les sacs pour le plaisir de la gêne occasionnée débusquer de dangereux terroristes (principe de précaution oblige). Depuis fin novembre, les Strasbourgeois qui le peuvent évitent le centre névralgique de la cité, chassés par la horde de visiteurs imbibés de vin chaud et dissuadés par des check-points transformant la cité en camp retranché. Impossible d’accéder à Notre-Dame, de traverser les places Kléber ou Broglie ? Soit ! Heureusement, une faune hétéroclite et créative a concocté une foultitude d’événements hors des sentiers battus sentant fort la barbe à papa, permettant de s’amuser intelligemment, de faire le plein de cadeaux artisanaux, de se sustenter de manière responsable (lire aussi page 28) : Wun-

16 rue Teutsch - 67000 Strasbourg - magazinemix.fr &

derbrasse, festival de microédition à La Drêche au parc Gruber (14-16/12), l’expo / vente d’illustrations à l’Atelier du Bain-auxplantes à la Petite France, L’Écrin, boutique éphémère gérée par l’équipe du Générateur (rue Sainte-Madeleine), les deux échoppes temporaires de WayOfLac - Limited Art Creation (à L’Atelier Sylvie Leclerc et chez Arachnima - Art et échange)… À La Semencerie – qui fermera définitivement ses portes d’ici quelques mois –, l’exposition collective Encore et Surtout (08 & 09/12 et 15 & 16/12, vernissage le 07/12) réunit une trentaine d’artistes (Pierre Frigeni, Joseph Kieffer, Fantine Andrès, Annie Siebert, Mathieu Wernert…) et sert de prétexte à de nombreuses manifestions comme le marché de créateurs “sous hangar” Déclic Déclic, des concerts, des performances, de la petite restauration… Le véritable esprit de Noël a été happé par le grand capital et le tourisme de masse ? Il renait de ses cendres dans les interstices de la ville !

Emmanuel Dosda facebook.com/mgzmix

mix.strasbourg

Directeur de la publication julien.schick@bkn.fr | Service commercial +33 (0)3 90 22 93 36 | Contact France linda.m@bkn.fr | Contact Allemagne sarah.krein@bkn.fr Contact rédaction emmanuel.dosda@bkn.fr | Développement web Cécile Bourret | Graphisme anais.guillon@bkn.fr, alicia.roussel@bkn.fr Éditeur BKN ÉDITEUR Sarl au capital de 100 000 € RCS : 402 074 678 | +33 (0)3 90 22 93 30 — bkn.fr | Photo de couverture Dominique A © Philippe Lebruman Imprimé chez Ott Imprimeurs à Wasselonne | Dépôt légal Novembre 2018 Des coups de cœur à partager et des infos à annoncer ? Envoyez-les à emmanuel.dosda@bkn.fr 231 l

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brèves

© Jean-Louis Fernandez

Après le succès de sa création au dernier festival d’Avignon, Thomas Jolly présente son Thyeste de Sénèque au TNS (05-15/12). Le metteur en scène incarne lui-même le monstrueux Atrée, se vengeant de son frère jumeaux lors d’un dîner dont la cruauté dépasse les celles de Game of Thrones. Décor dépouillé, deux énormes sculptures (une main et une tête) et des effets de lumières lézardant l’espace font de cette pièce un must à ne pas manquer ! tns.fr

CONTRE LES MOULINS À VENT

© Beatrix Li-Chin Loos

L’ATELIER 30 FAIT SON MARCHÉ !

GAME OF THRONES

L’artiste Inès P. Kubler accueille dans son atelier ses ami-e-s créateurs Beatrix Li-Chin Loos, Géraldine Husson ou encore Jacky Schieberlé pour un Marché de Noël où trouver sculptures contemporaines, bijoux, objets design et photographies. Vous pourrez aisément échanger avec les artistes (0709/12, 30 rue Wimpheling à Strasbourg).

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Terres invisibles © Pernilla Lindren

© Coline Ogier

JOLI MOMIX

Entre cinoche et théâtre, bruitage et jeu, ciné-concert et musique, la compagnie La Cordonnerie revisite le mythe et se glisse Dans la peau de Don Quichotte au Maillon (19-22/12), parachuté dans la modernité. Flippant face au possible bug de l’an 2000, un bibliothécaire se met à totalement dysfonctionner, se prenant pour un chevalier errant, quelque part dans un désert d’Espagne et sur les routes de Picardie. À la recherche d’idéaux et de combattants, il lutte pour la justice dans le monde. Avec beaucoup d’humour, se déploie un portrait héroïque désuet mais touchant, pétri d’inventivité de ces artisans totalement fou, auteurs d’un ciné-spectacle à nulle autre pareil.

Le festival international jeune public Momix (31/01-10/02) vient de dévoiler la programmation de sa 28e édition. Au programme des spectacles pour tous les âges et tous les goûts qui revisitent par exemple les péchés capitaux avec humour et poésie (Cinq fables pour rester éveillé), des réflexions sur les étiquettes qui collent à la peau des filles comme des garçons (Une Balade sans chaussettes), des croque-morts chanteurs qui balaient les peurs (Firmin & Hector). Mais aussi du théâtre pour les oreilles, de la radio pour les yeux ou les deux à la fois avec Piletta Remix, un spectacle à base de centaine de buchettes de bois (La Cosa) et un voyage à fleur de peau avec des miniatures dans un paysage de corps (Terres invisibles).

maillon.eu

momix.org

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brèves

Les Lorrains de la compagnie Brounïak investissent la Salle du Cercle de Bischheim avec ce solo aérophagique à respirer avec les oreilles (16/01). À découvrir dès 4 ans, ce jeu sur la gravité s’attache à une espèce rare ne manquant pas d’air : le ballon Baudruche. On le gonfle, le lâche, le transperce ou s’en sert de percussions. Le monde tourne rond et l’imagination bas son plein dans ce théâtre du quotidien joyeux. salleducercle.fr

JUST AN ILLUSION

© Gabriele Zucca

GONFLÉ !

La Familie Flöz débarque au Point d’Eau d’Ostwald (07/12) avec son théâtre de masques et de mime. La compagnie berlinoise célèbre dans sa nouvelle pièce, Teatro Delusio, la magie de la scène (coulisses, illusions, désillusions, etc.). Ce ne sont rien moins que 29 personnages qui se succèderont au plateau, portés par seulement… trois comédiens ! Pas un mot mais une palette d’émotions qui fait chavirer tout un chacun. On comprend aisément le succès international de cette compagnie renouvelant avec brio le croisement d’arts anciens en mêlant à sa manière masque, danse, théâtre, clown ou encore magie. Le tout en se laissant libre d’improviser quand bon leur semble. Puisqu’on vous dit qu’ils sont excellents ! lepointdeau.com

La première fois que nous avons vu The Cracked Cookies, il nous a semblé être en présence des Andrews Sisters… Ce trio vocal issu du Conservatoire strasbourgeois convie le public à un show polyphonique, samedi 8 décembre à L’Illiade (IllkirchGraffenstaden). Un concert swinguant et crackant (répétition publique, entrée libre). illiade.com

NOËL EN BUGATTI À quoi ça sert d’avoir une voiture de 15000 CV, hyper dynamique, accélérant comme un avion de chasse ? « Un Empereur n’est pas obligé de faire la guerre tous les jours pour prouver qu’il est puissant », nous répondon avec sagesse chez Bugatti, à Molsheim, qui fête ses 120 ans l’an prochain ! Dans le cadre de Strasbourg, Capitale de Noël, une Bugatti Chiron est exposée place des Tripiers (jusqu’au 24/12). noel.strasbourg.eu bugatti.com 6—

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NEW IN TOWN Maison Galant, tel est le nom du tout nouveau concept store installé rue du Vieil Hôpital. Totalement dédié au soin de l’homme moderne, ce lieu où se faire chouchouter (masque, gommage, soins des mains comme des pieds, etc.), couper les cheveux à la mode ou tailler la barbe à l’ancienne accueille aussi des expositions. Pour allier l’utile à l’agréable.

© Olivier Vax

LES TRIPLETTES


brèves

UN CRI DANS LA NUIT

IVRE DE LIRE

Un hurlement à la lune déchire le silence nocturne. Oui, comme dans Thriller de Michael Jackson. Le rythme s’emballe et accompagne le chant douxamer de Clara et les nappes synthétiques d’Armand. Le duo s’autorise une partie de pingpong virtuelle où des balles caoutchouteuses rebondissent dans une demeure cosy en feu. The Dog & The Future (édité par Cracki Music) d’Agar Agar : la loi de la jungle règne sur le monde, le chien aboie et The Knife ou Chromatics passent au ralenti. # E.D. crackirecords.com

01/12, La Laiterie (en première partie, l’electro-goth-popwitch-house strasbourgeoise de Bravo Brian qui fête la sortie de son album, Douleurs Fantômes) artefact.org

that’s all folks

L’écume (des jours) vient se déposer sur une plage immensément mélancolique, près de New York, sous les nuages. Une voix grave, celle de Will Stratton, explique l’importance pour lui de « faire partie d’une tradition », celle des folksingers, du blues à nos jours. Tout au long du documentaire Fragments folk (édité par Big Bogue Production & Red Rock Records) l’alsacien Thomas Lincker promène sa caméra à fleur d’eau, entre les arbres et au plus près des visages de ceux qui s’inscrivent dans le courant d’une musique perçue comme « une porte d’entrée vers l’inconnu » (selon Ocean Music) ou permettant de « décrire des paysages » (Solaris Great Confusion). Un fantastique road trip contemplatif allant d’ici, dans les Vosges du Nord, à ailleurs, aux États-Unis. # E.D. fragmentsfolk.com Projection du film + concert : 01/02/19 La Bouilloire (Marckolsheim) 15/03/19 Cinéma Rex (Benfeld) 02/04/19 Cinéma Cubic (Saverne) 12/04/19 Espace Malraux (Geispolsheim)

jouez sur magazinemix.fr ou sur 2 X 1 exemplaire d’Indélébiles de Luz, édité par Futuropolis

2 X 1 vinyle de Miel de Montagne, édité par Pain Surprises

futuropolis.fr

painsurprises.fr

Professeur de littérature comparée à l’Université de Strasbourg, Pascal Dethurens vient de faire paraître un somptueux Éloge du livre qui consiste en une exploration de la figure du lecteur (et de l’écrivain) dans l’Histoire de l’Art. De sa plume élégante et pertinente l’auteur a commenté amoureusement une sélection de toiles comme la très érotique Lecture abandonné de Vallotton, le célébrissime Rat de bibliothèque de Carl Spitzweg ou encore l’émouvant Saint Jérôme du Caravage. Avec comme mot d’ordre la célèbre phrase de Sartre issue des Mots – « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres » –, cet ouvrage est une fascinante mise en abyme montrant que ces hommes et ces femmes au livre sont en somme une métaphore de chacun d’entre nous. # R.Z. Paru chez Hazan (29,95 €) editions-hazan.fr Rencontre avec Pascal Dethurens animée par Hervé Lévy, rédacteur en chef du magazine Poly, samedi 1er décembre (16h) à la Librairie Kléber (Strasbourg) librairie-kleber.com

/mgzmix

5 X 1 boule de Noël de Meisenthal designée par Nathalie Nierengarten pour le CIAV

5 X 1 CD de La Fragilité de Dominique A, édité par Cinq7

ciav-meisenthal.fr

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© Ph. Lebruman


musique

La poésie, c'est fini Dominique A : chapitre deux. Après sa tournée rock électrique accompagnant Toute Latitude, le chanteur chauve repasse dans le coin – à La Briqueterie de Schiltigheim – pour un concert solo, à l’image de La Fragilité, bien nommé second volet. # Emmanuel Dosda Votre concert du 31 mai dernier à La Laiterie s’est clôt en show intimiste à cause ou grâce à une infiltration d’eau due à un terrible orage. Ce final acoustique à dimension magique, sans micro ni lumière, fut presque une préfiguration involontaire de votre seconde tournée… Heu… J’imagine mal un concert complet sans électricité. Et puis, ça me gène un peu, car tout le monde se souviendra des cinq dernières minutes. C’est rageant parce que ce moment à part occulte tout le reste : j’ai joué une heure et demie avec un groupe, mais le public focalise sur cet instant là. J’ai perçu l’émotion des gens, mais pour moi c’était une galère : ça m’a fait chier ! Je pense plutôt que le public a considéré cette parenthèse comme la cerise sur le gâteau d’un beau spectacle. Surtout qu’il s’agissait d’une version hyper dépouillée du Courage des oiseaux, le titre que tout le monde attend. C’est étonnant d’ailleurs, car le morceau qui vous a fait connaître à un très large public est Le Twenty-two Bar. C’est la différence entre un tube et un standard. Le Courage des oiseaux est une chanson que j’aime beaucoup et qui devient un standard. Je ne m’en lasse pas, il n’y a pas de rejet ni de dégoût. Sur scène, j’adore l’interpréter et je vais systématiquement finir par ce morceau que je jouerai sans instrument : seulement une boucle et ma voix, de manière très minimaliste. Toute Latitude est sensé être un disque d’hiver et La Fragilité un album d’automne. Vous avez fait les choses à moitié : il manque deux saisons ! J’aurais aimé faire quatre disques, chaque trimestre, un peu comme Vivaldi ou le catalogue de La Redoute ! En réalité, tous mes morceaux sont automnaux… Je suis inca-

pable d’en faire des estivaux. Même avec un rythme tropical, dès que la voix rentre, les feuilles mortes se mettent à tomber. C’est ma limite et ma force : lorsque j’ouvre ma bouche, tout devient dramatique, les couleurs fanent… J’ai réussi à composer un véritable hit pop, mais il traine dans mes cartons : je ne peux pas l’interpréter car ça ne me va pas ! Il faudrait trouver quelqu’un qui pourrait s’emparer de ce parfait petit single. Quelque chose résiste en moi : je tends toujours vers l’accord mineur et la mélancolie. C’est vrai : même votre version des Enfants du Pirée ne respire pas franchement le sable chaud… Oui, d’ailleurs les enfants du Pirée d’aujourd’hui sont les petits migrants… « Je suis dehors à regarder le temps qui passe », chantez-vous. Cette thématique est très présente ici : est-ce dû à vos 50 ans ? C’est très marqué, saillant, mais je n’avais pas l’impression que ça soit davantage le cas que d’habitude en composant La Fragilité. La seule préméditation quant à mes deux derniers disques concerne la nature et la campagne dont je souhaitais parler. Le sujet du temps et de la mortalité m’a dépassé car ça me taraude. Le sablier est retourné et le décompte a commencé : au meilleur des cas, je suis dans mon dernier tiers, surtout vue l’hygiène de vie d’un artiste comme moi en tournée, qui dort peu et picole beaucoup… Je vais mettre la pédale douce : je n’ai jamais eu la fascination pour le fait de brûler la chandelle par les deux bouts. La Poésie est un hommage à Leonard Cohen. Dès les premières notes, on croirait reconnaître Le Partisan… Effectivement, le battement de guitare est très cohenien, mais c’est inconscient.

Jouer en arpège avec une guitare avec des cordes en nylon rappelle forcément Cohen et me transporte, car le son est neigeux, feutré. Vous commencez votre disque par un triste constat en chantant « La poésie s’en est allée »… J’ai un malin plaisir à débuter tous mes albums par une phrase démoralisante. La Mémoire neuve, par exemple, commence par « Ma haine a fait son choix et sur moi s’est portée ». C’est devenu un jeu, une manière de partir de bas pour essayer d’élever un peu les choses. La mort de Cohen suivie de l’élection de Trump a créé une conjonction d’étoiles qui m’a fait penser que la poésie s’est pris un sacré coup dans la face ! Où se niche-t-elle aujourd’hui ? Dans les grandes œuvres artistiques et dans le spectacle d’une nature qu’on ne sait plus regarder. Sur quel Beau Rivage aimeriez-vous échouer ? Chez moi, près de Nantes, une maison sur les bords de la Loire : j’éprouve un bienêtre que je n’avais jamais ressenti jusqu’à présent.

07/12, La Briqueterie (Schiltigheim) ville-schiltigheim.fr

cd er à gagn .7 p ir o v

La Fragilité, édité par Cinq7 cinq7.com 231 l

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Strasbourg - Hôtel des Postes - Cour intérieure Cluster © Bouygues Immobilier

BOUGEZ AVEC LA POSTE L’Hôtel des Postes, vaste édifice néo-gothique de 1887 classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, accueille la Biennale d’Art contemporain de Strasbourg avant d’être rénové. La thématique : Être citoyen à l’ère du numérique. # Emmanuel Dosda

© Stéphane Louis

Construite sous Guillaume II, cet édifice en grès blanc de 11 000 m2 au sol, situé au cœur de la Neustadt, « témoigne des avancées technologiques des PTT », selon Camille Gehin, directrice des Projets Poste Immo. En route vers « une nouvelle destination, plus adaptée à l’époque », avec un îlot de vie urbain – qu’il sera possible de traverser de part en part – accueillant une mixité de programmes : habitations (avec 1/3 de logements aidés, brasserie (tenue par le créateur du Phonographe, du Fat et du Diable Bleu), services (bureaux de Poste…), plateau réservé au tertiaire, résidence pour les seniors, cluster d’entreprises au centre de la cour… La restructuration architecturale se fera dans le plus total respect de la volumétrie et du bâti actuels. Pour Patrick Weber, architecte responsable du projet*, il s’agira d’additionner « deux démarches : la conservation / restitution de l’existant et l’inclusion de quelques éléments contemporains ». Avant les travaux, ce lieu historique longtemps dédié à la communication deviendra le luxueux écrin à la première édition de la Biennale d’Art contemporain de Strasbourg ayant pour thématique générale Être citoyen à l’ère du numérique. Yasmina Khouaidjia, commissaire de l’exposition nommée Touch Me, explique qu’il s’agira « de comprendre les enjeux du numérique et ses conséquences sur nos vies, sans cesse bouleversées par ses révolutions ». Dans cette période où le on et le offline se mêlent dans un trouble bouillon hyper-connecté, il est urgent d’écouter les artistes invités à « dessiner les contours de la ville et nous aider à une meilleure compréhension de notre époque ». Le Maire de Strasbourg

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ils transforment la ville acquiesce : « Nous fêtons les 550 ans de la disparition de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie qui était, selon Victor Hugo, “La Révolution mère”. La seconde est arrivée avec Internet qui a modifié profondément nos rapports à la connaissance et au savoir. » L’idée n’est pas de glorifier le numérique, mais de le questionner : il transforme la société, « réduit la sphère privée comme peau de chagrin et génère une dangereuse confusion entre réel et virtuel. », insiste Roland Ries. « Les artistes s’imprègnent de notre environnement et le restituent avec le prisme de leur regard, en se débarrassant des scories de la norme. » Parmi ceux-ci, Sarah Ancelle-Schönfeld a « une approche scientifique et linguistique des outils numériques », selon Yasmina Khouaidjia. À travers des photos, sculptures ou performances, la plasticienne allemande analyse de manière méthodique ce qui régit nos sociétés, qu’il s’agisse de la religion ou de la technologie. L’Italien Paolo Cirio, « un des artistes les plus influents du monde », développe quant à lui un vocabulaire conceptuel tandis que l’américain Evan Roth interroge le web comme espace gratuit et disponible à tous. Avec ses Landscapes, il décrit un monde ultra-technologique à la manière des peintres romantiques. Ses paysages sont comme peints à l’aide de pigments composés de données URL et GPS. Une vingtaine d’artistes, une quarantaine d’œuvres et une petite dizaine de nationalités pour une manifestation qui proposera conférences, workshops ou concerts (avec notamment l’immense chanteur syrien Omar Souleyman, le 15/02), moments d’échange au bar éphémère. * Les maîtres d’ouvrage sont Bouygues Immobilier, Poste Immo et les Jardins d’Arcadie

15/12-03/03/2019 L’Hôtel des Postes, rue Wencker biennale-strasbourg.eu Aram Bartholl, Point Of View

Landscapes, Evan Roth (Photo by Joshua Citarella, courtesy Carroll Fletcher) New York City, 2017

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ils transforment la ville

INSIDE LA POSTE Se perdre dans les couloirs. Pousser une porte dérobée et se laisser porter par le charme des lieux. En route pour une exploration avant travaux de L’Hôtel des Postes. # Hervé Lévy et photos de Stéphane Louis pour Mix Le bâtiment est immense : construit en forme de double quadrilatère ordonnancé autour de la plus vaste cour intérieure de Strasbourg, il se déploie sur cinq niveaux. Heureusement, des plans disposés à intervalles réguliers renseignent sur la position du visiteur. Le moment est interstitiel : les postiers ne s’en sont pas encore vraiment allés… Dans les longs couloirs s’amoncèlent des piles de cartons et des sacs blancs remplis de “Déchets non confidentiels”. On s’affaire, comme dans une ruche. Dans les bureaux ne demeurent le plus souvent que des meubles standardisés, accumulation de chaises, étagères désespérément vides, peuplant des espaces réaménagés qui ont occulté, au fil des ans la majesté des lieux. Quelques traces du lustre passé subsistent cependant : voutes ornées de peintures aux motifs végétaux oscillant entre néo-médiéval et Art nouveau, fresque représentant la Cathédrale en parfait état incongrument installée au-dessus d’une photocopieuse, boîte aux lettres de cuivre, console d’époque en fer forgé… on encore portes blindées datant de 1942 dans les caves !

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INSOLITE

CHAMBRE AVEC COUPE Ce matin, je me suis réveillée avec une envie de changer de tête, de style, mais en restant moi. Je voulais qu’on me chouchoute, qu’on m’écoute… Impossible ? Si ! Avec Esther Sanchez et Chambre Numéro au Graffalgar. # Julia Vesque Depuis presque un an, Esther Sanchez, dont la réputation n’est plus à faire dans le monde de la coiffure, a pris ses quartiers au Graffalgar avec son concept nomade Chambre Numéro. Vincent Faller, patron de l’établissement, a tout de suite accroché. Ce qu’elle propose : « vivre à chaque fois une expérience différente. On prend rendez-vous dans un hôtel, c’est sexy, et on découvre toujours une nouvelle chambre, avec un nouveau décor. » Après un parcours sur les podiums, elle a voulu créer un lien plus privilégié avec ses clientes et offrir cette expérience au plus grand nombre. Loin du salon de coiffure traditionnel, elle propose un temps de bien être unique. Exit les peignoirs classiques noirs ! On choisit son kimono d’or ou d’argent créé par la costumière Carole Birling, se sentant habillée comme une star de cinéma en loges. « Je définis à partir de tous ces éléments une ligne de coupe et une lumière, une illumination. Ça marche visiblement car le bouche à oreille m’envoie de nouvelles clientes et j’adore ça ! » Une fois la recherche faite et la coiffure choisie, on ressort d’ici sans avoir l’impression d’avoir été chez le coiffeur, changée, plus confiante, mais naturelle comme si on avait toujours eu cette coiffure. C’est parce qu’Esther voit une entité complète et pas simplement une tête à coiffer. 14 —

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En plus de ces moments privilégiés, qui se déroulent aussi le dimanche matin « pour les femmes qui vivent à cent à l’heure », Esther organise deux fois par mois des workshops en compagnie de la maquilleuse de l’Opéra national du Rhin Émilie Vuez et de l’équipe de la Maison d’Or (produits de beauté made in Lutterbach) avec son aromathérapie faite par et pour les femmes, en Alsace. On y vient avec sa trousse de maquillage et on partage un petit déjeuner végan, viennent ensuite les conseils beauté et la séance se termine par une coupe de champagne. Ces instants entre filles sont précieux pour la pétillante et attentionnée coiffeuse : « Je suis une enfant gâtée car ça marche avec mes clientes ! Je n’ai pas la volonté de couper les cheveux à tout le monde mais de sublimer, de réinventer, de construire ensemble une aventure ». Nous la quittons avec l’impression d’avoir fait un rêve fabuleux en cet hôtel. Chambre Numéro Du mercredi au dimanche matin au Graffalgar 17 rue déserte, place de parking gratuite chambrenumero@gmail.com


Š Esther Sanchez


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HOME IDÉAL

le cercle bouge Pas d’intérieur à la symétrie parfaite, ni de déco minimaliste : Maxime Pintadu occupe un appart’ biscornu situé dans une charmante cour intérieure. Visite du coquet foyer d’un des trois membres du studio graphique Le Cercle. # Emmanuel Dosda et photos de Laura Sifi pour Mix La revue collaborative et thématique éponyme, l’identité visuelle de la saison culturelle de Schiltigheim, la DA d’outils de communication de la boutique d’accessoires Papa pique et Maman coud ou du succulent restaurant asiatique Dim Sum Sam. Si la touche du Cercle est géométrique, claire et précise, l’appartement de Maxime, planqué dans un recoin de l’hyper-centre strasbourgeois, ressemble à une demeure de vacances baroco-broc’ aux allures de cabinet de curiosités. Elle se trouve à l’arrière d’un bel hôtel particulier classé du XVIIe siècle : une maisonnette construite, au début du XXe, pour le “petit personnel” d’une famille bourgeoise. Bien calé dans un fauteuil en rotin type Emmanuelle, Maxime évoque les débuts de l’aventure de son agence aux côtés de Marlène Astrié et Marie Secher (prof à l’école Lisaa, comme Maxime) : les trois M se sont rencontrés à Chaumont, en BTS Design graphique. Après des parcours les ayant éloignés physiquement durant une poignée d’années, ils montent un projet de luxueux magazine où se croisent divers intervenants “faisant le tour” d’une question. Ainsi, en 2013, nait Le Cercle (le premier numéro portait sur la forêt) et le studio du même nom. « La revue, d’abord réalisée par passion, fit office de

vitrine et de portfolio », selon un trio soudé par un béguin commun pour les documents imprimés et un sérieux penchant pour l’œuvre toute en rondeurs de Jean Arp. Depuis deux ans, Maxime occupe un 50 m2 plein de cachet et rempli comme un œuf. Amateur de belles choses anciennes au pouvoir narratif, il est atteint de collectionnite aigüe, se procurant des objets par séries, comme des papillons sous verre accrochés au mur du bureau ou des pendules… circulaires. « J’aime observer mes trouvailles et m’y projeter, comme dans un conte », confie celui qui a accumulé planches extraites de bouquins d’entomologie, estampes japonaises, cartes et globes terrestres chinés ici ou là… Maxime nourrit son imaginaire entouré de sa lampe Art déco, son miroir sorcière rappelant Les Époux Arnolfini peint par Van Eyck, ses chaises Empire dont il a lui-même refait la tapisserie ou sa statuette de Bouddha ramenée de Bali et exposée sur un secrétaire de voyage démontable dont les tiroirs recèlent sans doute 1001 secrets. cerclemagazine.com 231 l

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HOME IDÉAL

Le buffet de mamie « Ce meuble seventies avec ses éléments tubulaires, comme les poignées, trainait chez ma grand-mère. Je l’ai récupéré pour son esthétique, sa charge émotionnelle et son aspect pratique : il permet d’y ranger des tas de choses alors que l’espace de ma cuisine est plutôt réduit. J’ai également pris sa corbeille à pain et j’ai complété par l’achat d’une table et de chaises en formica pour composer un ensemble homogène. »

Des livres classés par couleur « Comme j’ai une mémoire visuelle, j’ai classé tous mes livres selon le système de rangement de Marie Kondo, japonaise qui a inventé une méthode de classification par couleurs. Mon trésor ? Un ouvrage relié de contes de fées d’Andersen illustrés par Harry Clarke, auteur anglais de l’âge d’or de l’illustration, fin XIXe / début XXe siècle, avec Arthur Rackham, Kay Nielsen ou Edmond Dulac. »

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economix

du pétillant !

© Sasha Fisher

Une nouvelle boisson étonnante envahit depuis peu les rayons des magasins bio et des bars de la ville : Kyo Kombucha. Mais quel est cet étrange breuvage qui révolutionne la boisson ? # Julia Vesque

© Vincent Muller

Le kombucha est un thé brassé fermenté. C’est simple : préparé normalement, comme à la maison, on y ajoute du sucre de canne non raffiné et une souche composée de levures et de bactéries qui s’allient pour former une couche de cellulose. La fermentation se met alors en marche, le sucre disparait et on obtient, en trois semaines, une boisson riche en acides aminés, probiotiques et pauvre en sucres. Une alternative idéale aux sodas et à la bière au goût de thé délicieusement aromatisé. À Strasbourg, elle est produite dans une petite brasserie à l’écart de la ville : Kyo Kombucha. Il y a deux ans, Olivier et Frédérique, anciens fleuristes, décident de changer de vie et l’aventure commence. Ils découvrent ce breuvage plein de bienfaits et se lancent :

« Nous voulions une boisson qui prend soin de notre deuxième cerveau, l’intestin, et la proposer avec les codes du festif, à la pression ou en bouteille comme la bière, car on peut se faire du bien en se faisant plaisir et en faisant la fête » insistent les deux protagonistes. Mais l’aventure ne fut pas simple car, oublié, le kombucha est très peu produit en France. Après des refus auprès de producteurs allemands, suisses et américains, ils tombent sur le livre d’une jeune chercheuse, Emna Ben Saâd. Ils s’envolent directement pour la Tunisie : « Ce fut une vraie rencontre, comme les bactéries et les levures qui s’allient pour fabriquer ensemble le kombucha alors que dans la nature elles ne se rencontrent pas ! Avec elle, scientifique, et Thierry, graphiste, nous nous sommes réunis pour créer notre entreprise ». Kyo est d’ailleurs un terme bouddhique qui se traduit par : ce qui relie toutes les choses entre elles dans l’univers. Le kombucha nature a un goût proche du cidre mais la gamme de Kyo Kombucha est large avec des aromatisations variées : cannelle, menthe, gingembre… Les parfums sont variés et sains et le thé provient de producteurs bio et équitables. « En buvant du kombucha, on ne s’exclut pas, et ce qui m’a étonné le plus au départ, ce sont les jeunes qui veulent maintenant boire de façon alternative et saine, sans sucre, sans alcool, en pleine conscience et sans se faire berner. » confie Olivier. « Les barmen ont tout de suite accroché et nous sommes distribués dans des lieux très différents, du Troquet des Kneckes aux boulangeries de campagne et supermarchés, bios ou classiques, chez les sportifs au Basket Club de Souffelweyersheim, dans des jardineries et dans les bars branchés parisiens ». Le kombucha serait, paraît-il, très utilisé en Russie pour se remettre de la gueule de bois… kyokombucha.com 231 l

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© Baden-Baden Kur & Tourismus GmbH

de l'autre côté du

En décembre, Baden-Baden est une destination idéale pour ceux qui désirent échapper à une “Capitale de Noël” cloisonnée tout en se préparant pour les fêtes. Nous vous avons concocté un programme entre culture et shopping. # S.M.K.

Magie de Noël À côté d’un magnifique marché de Noël (jusqu’au 06/01/2019) devant le Kurhaus proposant artisanat et gastronomie locale – qui est aussi le cadre exceptionnel d’un Bal du Nouvel an hors du temps (31/12) avec musique, mets exquis et danse – on profite de l’offre variée des petites boutiques de la ville pour faire ses emplettes : stylos et agendas haute gamme à la Papeterie Horst Höll pour papa, beau pull bien chaud pour son chéri de chez United Legend, une belle écharpe pour maman de la Wagener Galerie et des mets fins dégottés à la Wagener Markthalle pour les grandsparents et le tour est joué ! Les fêtes peuvent approcher sans stress, puisqu’on va se détendre au Friedrichsbad pendant que tous les autres cherchent leurs cadeaux de dernière minute. baden-baden-innenstadt.de visit.baden-baden.de

Diogenes und die bösen Buben von Korinth, 1893, Münchener Bilderbogen, Nr. 350, Slg. D. Ante

Wilhelm Busch Images et histoires permet de découvrir un dessinateur et peintre qui fait partie du patrimoine allemand : tous les enfants connaissent Max et Moritz, deux sales gosses qui embêtent leur entourage avant de se faire punir. Moins célèbres sont les toiles de cet artiste avantgardiste du XIXe siècle, qui se moqua avec esprit des travers du genre humain et fut aussi le père spirituel de Pim, Pam, Poum. Jusqu’au 03/03/2019, Museum LA8 la8.de

Nicole Eisenmann

Une passionnante rétrospective présente les membres du groupe Die Brücke – Erich Heckel, Ernst Ludwig Kirchner, Karl SchmidtRottluff et Fritz Bleyl – qui se rebellait contre les canons artistiques académiques de leur époque avec des couleurs vives et des motifs expressifs, à la veille de la Première Guerre mondiale.

L’artiste américaine, bien connue The General, pour ses peintures montre dans 2018 Baden Baden Baden une vingtaine de sculptures récentes qui sont tout autant un mélange des genres que ses toiles : un étendard sans drapeau américain avec un aigle agonissant à ses pieds, une tête qui crache de la fumée, une sculpture intégrant une mini-fontaine… Ces œuvres d’une artiste – dont c’est la première exposition monographique en Allemagne – ne laissent pas indifférent.

Jusqu’au 24/03/2019, Museum Frieder Burda

Jusqu’au 17/02/2019, Staatliche Kunsthalle Baden-Baden

museum-frieder-burda.de

kunsthalle-baden-baden.de

Max Pechstein, Das gelbschwarze Trikot, 1910, Brücke-Museum Berlin, Dauerleihgabe aus Privatbesitz © Pechstein Hamburg-Tökendorf, Foto : Roman März

Die Brücke

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Photo de Jean-Luc Stadler / Région Grand Est

patrimoine

ÉMOTIONS TEXTILES Il aurait pu partir quelque part en Asie… Grâce à la Région Grand Est, il n’en a heureusement rien été : la collectivité vient en effet d’acquérir (pour un montant d’1,3 million d’euros) le fonds – regroupant archives et modèles – de la MIE (Manufacture d’Impression sur Étoffes) de Ribeauvillé. Alors que le textile s’engageait dans une course mortifère aux volumes et au prix dans les années 1980, l’entreprise avait fait le pari réussi du haut de gamme, créant la désormais célèbre marque Beauvillé. Cet achat permet de préserver un patrimoine exceptionnel (narrant l’histoire d’un des fleurons industriels du Grand Est depuis sa création en 1839) qui « sera offert aux scientifiques et, demain, au plus large public. Il faut le faire connaître et le valoriser », résume Jean

PLANÈTE ALSACE Nathan Kaufmann est graphiste, géographe et cartographe : avec l’archiviste Adrien Fernique, il a imaginé une très originale carte commercialisée par sa micro-entreprise 21maps. Il s’agit de la toute première mappemonde en alsacien. Comment dit-on Algérie en dialecte ? Et Pékin et Édimbourg ? Un projet fou et passionnant ! # H.L. 21maps.com

Rottner, président de la Région. Dessins de modèles à la gouache d’une grande finesse, registre d’échantillons, éléments de bois ou de métal ayant servi à l’impression, registres, médailles, etc. Voilà l’occasion de mettre en pleine lumière une entreprise qui n’a cessé d’innover, créant, par exemple, le “rouge Andrinople” procédé de coloration inventé par Charles-Émile Steiner. Prochaines étapes : un inventaire complet, des opérations de sauvegarde d’éléments abîmés – même si l’ensemble est en bel état – et la publication d’une première synthèse au cours du second semestre 2019 dans la collection Images du Patrimoine. # H.L. grandest.fr

BALADE STRASBOURGEOISE Journaliste à L’Est républicain, Jérôme Estrada de Tourniel a œuvré de concert avec le photographe Chanel Koehl pour Strasbourg, ville impériale et cosmopolite, ouvrage rendant hommage de belle manière à la capitale européenne. Allant au-delà des clichés, le duo – en compagnie de Victor Hugo ou de Johann Wolfgang von Goethe – invite son lecteur à une chouette déambulation dans les rues de la cité. # R.Z. Paru aux éditions Sutton (25,90 €) editions-sutton.fr 231 l

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brèves

ME, MAO & MYSELF

© R. Letscher

Zhu Xianmin, Boarder Militia Woman, China, 1969

CONTES DE CRISTAL

Un Noël de contes de fées : voilà comment pourrait être résumé Happy cristal, jusqu’au 06/01 au Musée Lalique de Wingen-sur-Moder) où sont évoquées – grâce à des charmantes saynètes dans lesquelles scintille la matière magnifiée par René Lalique – BlancheNeige, la Petite Sirène ou encore Cendrillon. Tous les samedis à 16h, un conte sera de plus lu, tandis qu’un calendrier de l’Avent (01-24/12) sera ouvert chaque jour par un visiteur… qui repartira avec un petit cadeau. musee-lalique.com

POUR LA PEAU

Jusqu’au 23 décembre, la galerie La Chambre expose les œuvres patrimoniales d’un ancien photographe officiel du gouvernement maoïste, Zhu Xianmin. Prises en pleine Révolution culturelle (1966-1977), les clichés montrent un quotidien aux aspérités en partie gommées par la propagande mais qui conservent un formidable attrait patrimonial. Les temps sont durs, après l’échec du grand bond en avant, Mao entend multiplier les récits nationalistes en apparence nouveaux, magnifier les masses révolutionnaires à l’instar de ces deux jeunes filles scrutant la frontière mongole en 1969, fusil en main, cartouchières en bandoulière et cheveux au vent comme le drapeau frappé des cinq étoiles jaunes derrière elle. Un souffle nouveau flotte dans l’air… aujourd’hui comme hier.

© Bartosch Salmanski

la-chambre.org

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Depuis son passage à la couleur il y a quelques années, le peintre strasbourgeois Mathieu Boisadan a pris une nouvelle dimension. Dans l’exposition parisienne que lui consacre la Galerie Patricia Dorfmann (01/12-05/01/19) regorge de vie et d’innocence, de lignes et de symboles, d’échos du chaos du monde ouvrant sur un imaginaire familier.

espacedjango.eu

patriciadorfmann.com

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© Mathieu Boisadan

C’est le nouveau quartier libre de l’Espace Django (20/12, prix libre), inspiré de la mythique émission de télévision américaine Soul Train (aperçu dans The Get Down pour les amateurs de nonne série US). Une ligne de danse se forme au milieu de la foule et chacun fait son show durant une (ou plusieurs !) traversée au son de tubes de James Brown, Ike & Tina Tuner ou Sharon Jones. La musique est assurée par les excellents Fat Badgers accompagnés de l’inimitable MC Baya. Il ne vous reste plus qu’à vous saper façon seventies, répéter vos chorégraphies… et vous lâcher toute la soirée.

© Guy Rebmeister

let’s dance

EFFEUILLAGE Cette année, Arti fait son show : la nouvelle boule de Noël éditée par le Centre international d’Art verrier est conçue par Nathalie Nierengarten, graphiste native de Meisenthal, de retour au bercail avec une création légumière. En vente au Marché de Noël de Strasbourg ciav-meisenthal.fr

Boule er à gagn voir p.7



© Hector Di Napoli

Nouvelle tête

Arthur, King of pop Arthur ELY, grand échassier au mignon minois, fait un ego trip dans un lit à baldaquin, confondant PNL et Oscar Wilde. Rencontre avec un jeune artiste strasbourgeois qui emprunte la voie royale. # Emmanuel Dosda « Le romantisme n’est plus à la mode », déplore Arthur ELY, cheveux en pétard et regard noir, regrettant de ne pas être né dans le faste décadent du XIXe siècle. Le musicien dandy semble tout droit sorti d’une toile hyper-académique de Gérôme, mais cite Le Bitume avec une plume de Booba. Il kiffe la période rose de Picasso autant que La Petite voix de PNL. Avec son rap Second Empire, ELY ne reflète pas la jeunesse d’aujourd’hui, mais vit bien dans son époque, philosophant un temps sur la vacuité de l’existence avant de « penser avec [s]a bite » l’instant d’après… du moins dans ses chansons. Les jolies filles, ses muses, « perdent la raison » en écoutant ses titres, prétend-t-il : sa « modestie est restée à la maison », alors il joue à fond la carte de l’immodestie crâneuse, de la fanfaronnade rap, du hip-opium baudelairien. 24 —

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Arthur entre à peine dans l’arène du game qu’il s’impatiente. « Peut-être que dans dix ans je n’aurais plus d’inspiration », confie ce Roméo Elvis alsacien : lui aussi, manie la langue avec la même dextérité qu’une guitare acoustique à la main. Nostalgique d’un temps qu’il n’a pas connu (le siècle de Flaubert), il n’adopte pas « la posture du rappeur vénère », mais balance des punchlines sur des beats electro où il se vante… de lire des bouquins. « Je bouffe des livres comme à la Renaissance et des chattes comme un nouveau naissant », balance-t-il. À raison ou à tord, je pense que nous allons prochainement beaucoup entendre parler de ce Narcisse moderne qui encense Vald ou Damso et exècre « les oxymores périmés ».

Sortie du clip À Raison ou À Tort (second extrait de l’EP), le 15/11 Sortie du EP Standard, le 23/11 soundcloud.com/arthur-ely


Miel de Montagne © Gabriel Maydieu

MUSIQUE

electro on snow Le collectif Pain Surprises concoctée une soirée aux petits oignons électroniques en conviant Jacques ou Miel de Montagne. Miam ! # Emmanuel Dosda « Nous avons grandi ici, puis sommes partis nous amuser à droite, à gauche. Il est l’heure de rentrer à la maison pour organiser une grosse fiesta à La Laiterie : Noël se fête en famille. » Retour au bercail strasbourgeois des membres de Pain Surprises dont le plus éminent est Jacques, devenu star internationale (au moment où nous écrivons ces lignes, il est en tournée en Amérique du Sud). Une allure un peu déconnante, une coupe de cheveux qui ne sera jamais à la mode (la tonsure façon Le Nom de la Rose), des vidéos proches de l’absurdus delirium, un univers bien à lui (dont on voudrait rester à l’écart) et des morceaux… aussi addictifs que répétitifs, mêlant beats secs et bruits concrets. Il produit des tubes où Tout est magnifique (titre de son album), orientés dancefloor, des

disques sampler et sans reproches, évoquant davantage le son arty d’Herbert que les pitreries de la pub pour Chaussée aux Moines. À découvrir également, la pop exotique fleurant bon la jungle sauvage de Polo & Pan, les dingueries électroniques de Myd et les sucreries naïvo-romantiques de Miel de Montagne. Bon appétit !

vinyle er à gagn .7 p voir

21/12, La Laiterie artefact.org painsurprises.fr

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escapade

VENISE, VERSANT CONTEMPORAIN À Venise, les deux espaces d’exposition de François Pinault accueillent deux expositions majeures : Dancing with myself est un ego trip collectif de haute volée, tandis que Cows by the Water explore l’univers d’Albert Oehlen. Visite. # Hervé Lévy

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Chanson phare de Generation X, groupe punk fondé par Billy Idol, Dancing with myself (1981) est un titre allant comme un gant à une exposition collective explorant la place de l’artiste comme acteur et matériau de sa propre création. Dans les espaces du XVIIe siècle revus par Tadao Andō, face à la place Saint-Marc, se déploient 140 œuvres d’une trentaine de plasticiens ordonnancées en quatre grandes thématiques (Mélancolie, Jeux d’identité, Autobiographies politiques, Matière première). Si certaines pièces sont attendues – une salle entière est consacrée aux photographies de Cindy Sherman dont est proposé un significatif panorama, une autre à Gilbert & George avec le spectaculaire Blood Tears Spunk Piss – d’autres surprennent. Une douzaine de clichés de Marcel Bascoulard s’alignent ainsi permettant de mieux connaître ce clochard céleste – figure emblématique de la ville de Bourges – à la personnalité excentrique qui se photographiait, grimé en femme, dans 26 —

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des compositions d’une puissante poésie. Autre instant d’un grand lyrisme We de Maurizio Cattelan, double gisant ironique prenant les traits de son auteur, est installé au bout de l’édifice avec vue imprenable sur la lagune. Quelques pas – et un périlleux traghetto – plus loin et nous voilà dans le white cube néoclassique du Palazzo Grassi qui abrite 85 œuvres – le plus souvent monumentales – d’Albert Oehlen (né en 1954). L’exposition explore les expérimentations menées depuis les années 1980 par cet élève de Polke « dans lesquelles il démontre que l’élaboration et la réalisation d’un tableau lui importent davantage que le sujet-même de l’œuvre », résume la commissaire de l’exposition Caroline Bourgeois. Insaisissable, le peintre allemand transporte le visiteur dans ses univers complexes, de pure abstraction post-De Kooning en génial autoportrait, de collages pop évoquant le plus cheap de la société de consommation, en computer paintings où il joue avec

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les images pixélisées et la tradition de la peinture. Sans oublier des peintures grises où il rend un hommage appuyé et amusé à Gerhard Richter ou des compositions réalisées avec les doigts. Oehlen ne cesse d’aller aux imites de le peinture pour les transcender, donnant un intéressant état des possibles d’un médium aujourd’hui à nouveau en grâce. Jusqu’au 16/12, Punta della Dogana (Dancing with myself) Jusqu’au 06/01/2019, Palazzo Grassi (Albert Oehlen) palazzograssi.it

1. © Palazzo Grassi, ph: ORCH orsenigo chemollo 2. Cindy Sherman, Untitled #578, 2016, Pinault Collection Courtesy of the artist and Metro Pictures, New York


gastronomie

PAINS D’ÉPICES DÉLICES Pousser la porte de la maison Mireille Oster, légende de la gastronomie alsacienne, invite à explorer un univers enchanté. # Hervé Lévy

Une boutique bonbonnière de la Petite France où les goûts jouent à saute-mouton avec les fragrances, où les produits exposés constituent un irrépressible appel à la gourmandise : telle est le repaire de Mireille Oster. Y sont offerts au choix du chaland, plus de 40 variétés de pains d’épices 100% artisanaux. Son imagination est en effet sans cesse en ébullition, créant de nouvelles et savoureuses combinaisons, comme Angélique, merveille aux pistaches et noisettes, ou Phénix, clin d’œil au nom latin du palmier dattier, Phoenix dactylifera. Se servant des meilleurs ingrédients – farine du Moulin de Hurtigheim, miels artisanaux, exquis fruits confits, cannelle de Ceylan, etc. – elle confectionne avec soin des pièces se mariant avec le foie

gras. Alliance recommandée avec le Pain des Anges et ses saveurs orangées. Mireille a conquis la planète entière et il n’est pas surprenant de voir ses produits apparaître au détour d’une page du dernier roman de Yasmina Khadra, Khalil. Effacée l’imagerie enfantine de Prosper, produit au demeurant fâcheusement industriel : la reine du pain d’épices c’est Mireille. Youpla boum ! Mireille Oster 14 rue des Dentelles (Strasbourg) et jusqu’au 24/12 sur le Marché de Noël (place Broglie et place Benjamin Zix) mireille-oster.com

En Alsace, le vin nature à la côte : la Cave du Roi Dagobert (Traenheim) vient de lancer sa cuvée sous le nom de Trebogad – un jeu de mots pour des jeu de mets multiples, puisque le flacon convient aussi bien à une poêlée de champignon qu’aux viandes blanches – dont l’étiquette respecte les codes du genre. Voilà pinot gris élaboré à partir de raisins issus de l’agriculture biologique dont la vinification a été opérée à partir de levures indigènes, sans ajout de SO2, ni de sulfites. Le résultat est joliment complexe, avec un nez où planent des réminiscences de fruit. Un petit chef-d’œuvre d’amplitude et de minéralité mêlées. # H.L. 13,50 €, 1 route de Scharrachbergheim, Traenheim cave-dagobert.com

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.

© Vincent Muller

LA BOUTEILLE DU MOIS PINOT GRIS 2017 TREBOGAD

LE CHOCOLAT DANS TOUS SES ÉTATS « J’aimerais faire redécouvrir le chocolat noir à ceux qui pensent ne pas l’aimer » : telle est l’ambition du chocolatier qui ouvre boutique à Strasbourg. Pauline & son équipe vous attendent pour vous faire découvrir les créations de Claude Déat. Au programme dans ce lieu gourmand à l‘enseigne Le Lautrec : une large gamme de bonbons de chocolat 100% grands crus pures origines de plantation, mais aussi, pour les fêtes, une collec’ de Noël hors du commun. On a craqué pour le Calendrier de l’AvenTurier (27,90 €), un voyage initiatique à travers les pures origines ! Un père Noël voyageur a ramené dans sa valise 24 souvenirs de 9 pays du monde pour un apprentissage des mille et une subtilité du chocolat noir ! # R.Z. 13 place de la cathédrale (Strasbourg) lelautrec-chocolatier.com 231 l

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noël

© Gallezot Virginie - Céramiste

Juliette Vergne - Ennoblisseur textile © Charlotte Aleman

Un Noël hors des sentiers battus, underground et surprenant

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Marché des créateurs Le collectif d’artistes contemporains Point à la ligne investit le Ciarus (15-16/12 & 22-23/12) pour un marché de créateurs locaux. Photos, illustrations, textiles pour enfants, lithos, gravures ou encore céramiques pour des cadeaux de dernière minute ! /PointalaligneStrasbourg

Paye ton Noël (1) Le festival organisé par l’asso Pelpass regorge de temps forts : spectacles et concerts place Grimmeissen (01-05/12) dans le cadre du Marché Off, mini festival avec ateliers participatifs place de Zurich (07-09/12), concours de courts-métrages sur le campus (11/12) et pour finir en beauté, trois concert hip-hop, rock, electro au Molodoï (13-15/12). Avec des concerts, des spectacles, des ateliers, des courts-métrages, Francky Goes to Pointe-à-Pitre (photo), Turfu ou Tifa’s. Bad Santa dans la place ! pelpass.net

place de l’Homme de Fer qui seront remplies d’animations pour les kids : jeu de piste, expo de Meccano, sculpteurs de ballons chaque samedis jusqu’à Noël…

Salon OZ les métiers d’art (3)

60 artisans de la Frémaa dévoilent leurs créations dans la grande salle de l’Aubette. Divisée en deux espaces, l’un d’expo vente et l’autre en boutique éphémère. De quoi chiner des objets uniques ou de petites série pour être original le 25 décembre venu. fremaa.com

Le marché OFF (2) Jusqu’au 24/12, sur la place Grimmeissen, la troisième édition du marché OFF de Noël réuni des acteurs de l’économie sociale et solidaire dans un décor fait de dômes et de containers. Sous le Grand Dôme, des animations, débats et échanges. strasbourg.eu

TrokChristKindelsMärik #9 Un Noël loin des chemins balisés ? Optez pour le marché de Noël alternatif réunissant artistes, graphistes et designers au Troc’afé (0809/12 & 15-16/12 & 22/12). Des objets faits main, des t-shirts sérigraphiés, des bijoux en série limitée et autres cadeaux DIY… /letrocafe

Rue du Jeu-des-Enfants Un Noël local, durable, responsable et surprenant est possible. Les étudiants de l’École d’Archi de Strasbourg ont décoré avec de la récup’ les rues du Jeu-des-Enfants, Gustave Doré, Hannong et la 28 —

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Le meilleur vin (blanc) chaud de la ville : place Saint-Étienne, sous le chalet du domaine Brand & fils domainebrand.fr


noël

Best of 2018

Que retenir de cette année musicale ? Voici le top 12 d’Emmanuel Dosda. Quels bouquins offrir pour Noël ? Sélection de Juliette Pelletier de la librairie Quai des Brumes.

1. Tirzah - Devotion - Domino Records 2. The Internet - Hive Mind – Columbia 3. Her’s - Invitation To Her’s - Heist or Hit Records 4. Barbagallo - Danse dans les ailleurs - Almost Musique 5. Marlon Williams - Make Way For Love - Dead Oceans 6. Rhye - Blood - Loma Vista 7. Flavien Berger - Contre-Temps - Pan European Recording 8. The Saxophones - Songs of the Saxophones - Full Time Hobby 9. Low - Double Negative – Sub Pop 10. Married Monk - Headgearalienpoo - Ici d’Ailleurs 11. T/O - Ominous Signs - October Tone 12. Jimi Tenor - Order of Nothingness – Philophon

Romans et polars François Vallejo, L’Hôtel Waldheim, Viviane Hamy, 19 € Gauz, Camarade Papa, Le Nouvel Attila, 19 € Lyonel Trouillot, Ne m’appelle pas capitaine, Actes Sud, 17,50 € Fabcaro, Le Discours, Gallimard, 16 € Vivian Gornick, La Femme à part, Rivages, 17,80 € Eve Babitz, Sexe et rage, Seuil, 20 € Benjamin Whitmer, Évasion, Gallmeister, 23,80 € Susie Steiner, Présumée disparue, Les Arènes, 20 €

Bandes dessinées Simon Roussin, Xibalda, 2024, 29 € Emil Ferris, Moi ce que j’aime c’est les monstres, Monsieur Toussaint Louverture, 34,90 €

Jeunesse Marine Rivoal, À moi, Rouergue, 16 € Jéremie Fischer et Jean-Baptiste Labrune, Les Contes de Petit Duc, Magnani 25,90 € Bertrand Santini, Le Journal de Gurty Vacances chez Tête de fesses, Sarbacane 10,90 €

Beaux livres Vivian Maier, The Color Work, Haper Design, 80,50 € Japon Japonismes, MAD, 49 € 231 l

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méga

Un max de décibels, de croches, de blanches et de noires. Un mix d'images, de cases, de bulles et de pages : sélection mensuelle par Emmanuel Dosda

INCASSABLE Celui qui échappa de peu aux attentats du 7 janvier 2015, témoigne des traces Indélébiles qui marquèrent à vie le jeune Luz. Débarquant fraîchement « de province » ses crobards sous le bras, il fait ses débuts à la rédac de Charlie et doit suivre « un apprentissage permanent » de son métier, lorsqu’il réalise des reportages chez les chiraquiens, dans un centre pénitentiaire de Louisiane, une soirée SM dans une cave à vin ou durant un concert tout en rondeur de Gossip. Son livre n’est pas une autobiographie, c’est un hymne au dessin, nécessitant de « bosser comme un chien ». Un cri d’amour à Charb, « le copain », à Tignous, Gébé... et surtout à Cabu, « le mentor », croqué avec affection et reconnaissance. Tous les Charlies lui manquent terriblement. Ils manquent « tout court », exprime-t-il d’un trait noir qui veut dire Luz. BD er à gagn .7 p ir o v

OBJECTIF LUNE « Le 21 juillet 1969, après trois jours de voyage propulsé par la fusée Saturn V, le module Apollo 11 se pose sur la lune. » La suite, on la connaît : les petits pas pour l’homme, ceux de géant pour l’humanité, etc. L’ouvrage Pop-up lune (La Martinière jeunesse) permet aux petits (dès 6 ans) de revivre cet épisode en 3D et de partir en orbite en compagnie d’Anne Jankéliowitch (textes), Annabelle Buxton (illustratrice, ex-Hear) et Olivier Charbonnel (graphiste). Objectif : découvrir la lune grâce à d’astucieux systèmes permettant d’animer notre galaxie. lamartinierejeunesse.fr

Édité par Futuropolis futuropolis.fr

PETITES MAINS VERTES « Il y en a des rouges, des jaunes, des vertes, des pommes de reinette et des pommes d’Api. » Dis, comment ça pousse ? « On les cueille sur les branches » des pommiers, dont les premiers proviennent de Turquie. Puis « les hommes ont semé des pépins plus loin, toujours plus loin. » Le coffret (avec jeu mémo, livre, poster, magnets...) de Françoise de Guibert, illustré par Clémence Pollet (ex-Arts déco strasbourgeois) donne tous les tuyaux (d’arrosage) aux petits (dès 3 ans) pour qu’ils sachent tout des fruits et légumes, des saisons où ils se mangent, des arbres où on les trouve. Pour les jardiniers en herbe. Édité par La Martinière jeunesse lamartinierejeunesse.fr

VOICI L’HOMME « Sous un humour fracassant, provocateur, il cachait une sensibilité incroyable, une réelle puissance de cœur. » Dani témoigne de son immense respect pour ce « visionnaire » de génie et « rebelle » talentueux, personnage « profond » qui a tout fait pour Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Comment l’homme à tête de chou et au palpitant « percé de part en part » (Ecce Homo) a-t-il négocié son virage Gainsbourg Gainsbarre ? Alain Wodrascka, auteur, et Pierre Terrasson, photographe, reviennent sur cette période post-rupture avec Birkin où il scandalise le grand public avec ses provocs chocs, faisant passer l’artiste de chanteur hyper-classe à gros dégueulasse. Brigitte Bardot, qui signe la préface, résume ainsi : « Déçu par la vie, épuisé par ses multiples échecs amoureux, cet absolutiste bascula du jour au lendemain [...]. Il se laissa porter vers le pire. [...] Son suicide fut lent et quotidien... » Un livre encyclopédique illustré par des photos montrant notamment l’auteur de You're Under Arrest menotté, comme prisonnier de sa propre image. Édité par Hugo Image hugoetcie.fr

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