Le magazine de l’art contemporain urbain | Urban Contemporary Art Magazine | www.graffitiartmagazine.com FRA 7,90 € - DOM 8,90 € - ITA 8,40 € - DEU 8,40 € LUX 8,40 € - BEL 8,40 € - POL 8,40 € - ESP 8,40 € GBR 7,80 £ - CHE 11,90 CHF - SWE 90 SEK JPN 1050 ¥ - CAN $ 10,90 - USA $ 10,90
#29 AVRIL - MAI - JUIN
2016
L 17800 - 29 - F: 7,90 € - RD
D*FACE | KIM JUNG GI | AGOSTINO IACURCI | SMITHE | THOMAS CANTO | DANIEL BUREN
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Graffiti Art Magazine DEPUIS 2008 · LE MEILLEUR DE L'ART CONTEMPORAIN URBAIN INTERNATIONAL
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FONDATEUR · FOUNDER Nicolas Chenus
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION · MANAGING EDITOR Nicolas Chenus
RÉDACTRICE EN CHEF · EDITOR-IN-CHIEF Samantha Longhi
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ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO · CONTRIBUTORS Cécile Mercier, Christian Omodeo, Emmanuelle Dreyfus, Élodie Cabrera, Julien Vitores, Maxime Gasnier, Nicolas Gzeley, Nora Bériou, Sophie Coly et Vittorio Parisi.
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ÉDITO #29
/ SAMANTHA LONGHI, RÉDACTRICE EN CHEF
Car notre sombre époque appelle de plus en plus à l’engagement, nous nous sommes intéressés dans ce numéro printanier à l’art engagé à travers un dossier complet. En effet, la question de positionnement entre establishment et anti-establishment reste centrale. Au-delà de l’attitude mi-rebelle mi-envieuse de nombre d’artistes issus du graffiti, résiste une infime poignée d’artistes purement urbains qui continuent de refuser toute compromission, du côté des institutions comme du marché de l’art. Ils sont très rares à créer uniquement pour et dans la rue, à l’instar de l’Italien Blu qui vient d’effacer toutes ses peintures dans sa ville natale de Bologne... Même si l’on aurait bien envie de se questionner sur leur économie personnelle – dandys dilettantes, bourgeois rentiers ou artistes bohême ? – les vraies questions à poser sont celles qui concernent les œuvres elles-mêmes. Si l’éphémère fait partie des règles du jeu, doit-il pour autant en être un critère déterminant ? Qu’en est-t-il de leur longévité / préservation / conservation ? Une peinture murale patinée par le temps est parfois encore plus belle ainsi, mais n’estce pas triste de la voir disparaître progressivement alors qu’elle est devenue partie intégrante du patrimoine local ? Si l’on se positionne avec une approche historique, et non sociologique ou ethnologique, la question de la conservation doit être posée dans la sphère de l’art contemporain urbain. Les prises de position et coups de gueules picturaux de Blu composent l’histoire de l’art, qu’il le veuille ou non, dès lors que leur exposition est devenue publique. Le débat est complexe, le débat est ouvert…
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Because the dark times in which we live increasingly call for political engagement, in this spring issue we have chosen to focus on socially engaged art, with a special feature on the subject. Indeed, the issue of street art’s position between establishment and antiestablishment remains a central one. Beyond the half-rebellious, half-envious attitude of many graffiti artists, a tiny handful of purely urban artists remain who continue to reject any compromise with the institutions or the art market. Very few of them create only for and on the street, like the Italian Blu, who has just erased all his murals in his hometown of Bologna… Although it is tempting to wonder about their personal wealth – dilettante dandies, bourgeois with private incomes or bohemian artists? – the real questions to be asked are those concerning the works themselves. If the ephemeral is part of the rules of the game, should it be a decisive factor? What about the artworks’ longevity/preservation/ conservation? A mural is sometimes made all the more beautiful by the patina of age, but is it not sad to see it gradually disappear once it has become an integral part of the local heritage? If we take a historical rather than a sociological or ethnological approach, the question of conservation must be asked in the sphere of urban contemporary art. Blu’s rants and pictorial stances become part of art history, whether he likes it or not, the moment they are displayed in public. The debate is complex, the debate is open… Prochain numéro, Graffiti Art #30, en juillet 2016 chez votre marchand de journaux
Graffiti Art Magazine #29
— GRAFFITI ART MAGAZINE · SINCE 2008 —
SOMMAIRE
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ISSUE #29 · APRIL / MAY / JUNE 2016 · ISSN 1964-4639
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OUTDOOR 006 ∙ BEST OF WINTER 2015-2016
054
ACTU 020 ∙ BLU ET LES PILLEURS DE BOLOGNE 024 ∙ INVESTISSEMENT QATARI POUR LAZARIDES
BOOKS 026 ∙ CHRONIQUES 028 ∙ NOUVEAUTÉS
ÉDITIONS LIMITÉES 030 ∙ ÉDITIONS LIMITÉES 032 ∙ FOCUS : SOLD ART
GRAPHICLASH 034 ∙ G-SHOCK x NICOLAS BARROME FORGUES
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INDOOR 036 ∙ ÉCHOS D'EXPOS 044 ∙ VISITE D'ATELIER 046 ∙ UNE ŒUVRE, UN ARTISTE
DOSSIER 054 ∙ ARTISTES ENGAGÉS
TALENTS
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064 ∙ D*FACE 078 ∙ KIM JUNG GI 086 ∙ AGOSTINO IACURCI 098 ∙ SMITHE 106 ∙ THOMAS CANTO 116 ∙ DANIEL BUREN
SHOWTIME 124 ∙ AGENDA GALERIES
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116
128 ∙ AGENDA MUSÉES
130 ∙ ABONNEMENT / SUBSCRIPTION
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BEST OF WINTER 2015-2016 Les plus beaux murs de cet hiver
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Graffiti Art Magazine #29
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© MUR0NE
© HENDRIK BEIKIRCH
1 · Hendrik Beikirch (DE), curated by Fondation Montresso, Marrakech (MA) 2 · Tristan Eaton (US), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US) 3 · MurOne (ES) & 3ttman (FR), Santa Cruz (ES)
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© OKUDA - INK AND MOVEMENT
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© PMP AGENCY
1 · Okuda (ES), Street Art Caravane, Youssoufia (MA) 2 · Fikos (GR), Bukruk Festival, Bangkok (TH) 3 · Hauser (GB), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US)
- Art Contemporain -
- CEDRIC BOUTEILLER 178 x 150 cm - GALERIE SHANART -
- GALERIE DULEVANT -
06 84 82 14 03 www.shanartgallery.fr shanart.gallery@gmail.com
04 95 70 35 75 06 52 72 60 24 www.galeriedulevant.com
3 bis rue Fernand DOl 13100 Aix-en-Provence
17 Rue du General de Gaulle 20137 Porto Vecchio
© TOST FILMS
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Graffiti Art Magazine #29
© ZANE MEYER - CHOPEMDOWNFILMS.COM
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1 · Sebas Velasco (ES) & Dulk (ES), Torreblanca (ES) 2 · Axel Void (US), Sebas Velasco (ES) & Evoca1 (DO), Artesano Project, Nagua (DO) 3 · Tatiana Suarez, Hueman, Lauren YS, Angry Woebots, Jose Mertz & Boykong, POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US)
ART CONTEMPORAIN URBAIN VENTE AUX ENCHÈRES EN PRÉPARATION 12 MAI 2016 - LYON-BROTTEAUX
JONONE- Lithographie- 2014
JR- Ladj Ly, lithographie- 2011
CRASH - Aérosol sur toile- 2013
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/Aguttes
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© TOST FILMS
1 · Shida (AU), Artesano Project, Nagua (DO) 2 · Andrew Hem (US) & Ekundayo (US), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US) 3 · Felipe Pantone (AR), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US) 4 · Tatiana Suarez (US) & Kevin Lyons (US), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US)
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1 · Aryz (ES), Bukruk Festival, Bangkok (TH) 2 · Shak (DO), Artesano Project, Nagua (DO) 3 · Jade (PE), Artesano Project, Nagua (DO) 4 · Risk (US), POW! WOW! HAWAII, Hawaï (US)
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PHOTOS : LUDO
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LUDO
Made in China Lorsque Ludo a mis un pied sur le continent chinois pour la première fois en octobre 2014 sur l’invitation de la galerie Magda Danysz, il ne savait pas ce qui l’y attendait. Il y a fait la découverte de Shanghai, ville contrastée entre chaos et modernité, entre les débris de maisons traditionnelles au sol et ces grandes tours affichant partout leur arrogance. Un urbanisme au temps suspendu dans lequel le bâti est rasé puis reconstruit, image persistante qui se répète à travers le pays. D’abord attiré par cette étrange plasticité, Ludo réalise des collages à Shangai avant d’être définitivement happé par la culture chinoise. Il revient alors très vite et recense huit à dix voyages en Chine et à Hong Kong en un peu plus d’un an. L’occasion surtout de découvrir d’autres villes plus reculées telles que Nanping. Son intérêt se transforme alors en véritable projet à la rencontre de la population. Ludo revendique la dimension sociale de ses interventions à travers la rencontre et l’observation de ce pays, cette culture et ses habitants ayant perdu leurs maisons pour certains, ébahis de voir de l’art naître de leur destruction, parfois même en colère contre l’éphémère de ces interventions. Entre passé et futur, Ludo se voit comme un documentariste de ce court moment présent durant lequel l’urbanisme s’affiche avec poésie et avec une extrême complexité sociale. Ses prochaines étapes ? Des projets de grands murs à travers le pays, et l’envie très forte de créer une association qui récolterait des fonds pour aider les enfants de Chine. / SAMANTHA LONGHI
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SCANDALE
BLU ET LES PILLEURS DE BOLOGNE L’artiste efface ses fresques en réaction à une exposition
En mars, le petit monde du street art a relayé son émoi sur le drame qui s’est joué en Italie. Dans la nuit du 11 mars et durant la journée qui a suivi, l’artiste Blu a effacé quelques-unes de ses fresques les plus emblématiques de Bologne. Recouvrant son art d’un drap gris, il entendait ainsi protester contre l’exposition Street Art Banksy & Co. qui a ouvert ses portes le 18 mars au musée de l’histoire de Bologne. Une exposition qui propose aux visiteurs d’admirer, entre autres, des œuvres « récupérées » dans la rue. Outre la vague de réactions qui déferle depuis sur les réseaux sociaux, la réponse épidermique et définitive de l’artiste pose la question sensible de la conservation des œuvres créées dans et pour la rue. Depuis une quinzaine d’années, Blu s’est imposé sur la scène street art comme l’un des artistes les plus importants de sa génération. En 2008, il sortait définitivement de l’anonymat en diffusant un court-métrage d’animation, Muto. Un petit bijou de sept minutes réalisé en stop motion qui comptabilise aujourd’hui plus de onze millions de vues sur YouTube. Face à l’explosion de la bulle spéculative qui ne cesse de croître dans le monde du street art, Blu a toujours refusé la marchandisation de sa peinture, favorisant la publication de livres, fanzines et autres dvd pour diffuser son art. Mais c’est en grand format, sur les murs du monde entier que l’art de Blu prend tout son sens. Artiste engagé, traitant de sujets politiques et sociologiques, il fait partie de cette minorité de street artists qui, évitant l’écueil d’un art décoratif, cherche à diffuser un propos humaniste et réfléchi. Provocateur, sans concession, Blu use de l’espace public pour exprimer ses convictions quitte à déclencher les foudres d’une partie du public, voire même de ses commanditaires. On se souvient de l’épisode du MOCA en 2011 lorsque Jeffrey Deitch invita Blu à réaliser une fresque mo-
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numentale à Los Angeles dans le cadre de l’exposition Art in the Streets. L’artiste avait alors peint une série de cercueils drapés de billets d’un dollar. Une œuvre apparemment dérangeante au regard de certains. La direction du musée a effacé la fresque avant même le début de l’exposition. Trois ans après l’épisode du MOCA, une nouvelle fresque de Blu est recouverte d’un aplat de peinture. Cette fois, la censure vient de l’artiste lui-même. À Berlin, dans le quartier de Kreuzberg, un projet immobilier menace le squat artistique de la Curvy-Brache qui porte sur ses murs une immense peinture de l’artiste italien. S’opposant ainsi à la gentrification du quartier et se prémunissant d’une éventuelle récupération de son œuvre, Blu recouvre sa fresque de peinture noire. Un acte rare et courageux qui fut alors largement relayé par les médias spécialisés. Samedi 12 mars, c’est cette fois contre une exposition programmée dans sa ville natale que l’artiste entend protester. Intitulée Street Art Banksy & Co. (voir agenda p.128 - ndlr), l’exposition se présente comme une grande ré-