Numéro Spécial Comics (Mai 2015)

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l’édito Les séries adaptées de comics ont envahi nos écrans ces dernières années. C’est l’occasion pour nous de revenir sur ce phénomène, avec trois articles de fond, trois critiques sur des séries diffusées récemment, l’interview de David ­RAMSEY, jouant actuellement dans Arrow et l’interview de Blake NEELY, compositeur pour plusieurs séries adaptées de comics. Nous vous souhaitons une bonne lecture.


sommaire

06

de la divergence dans la narration

12

interview de blake neely compositeur sur Arrow, The Flash et Supergirl

16

superman en séries une présence constante à la télévision

22

interview de david ramsey l’interprète de diggle dans arrow

28

des comics à l’écran des stéréotypes difficilement réversibles

35

le coin critique daredevil, izombie et powers


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Contributeurs

Thomas WACHNICKI

Maxime Pontois

Globetrotter et étudiant en dernière année de

Depuis 3 ans, je gère le site SmallThings, critiquant

Bachelor de Management International, je rêve

autant les films que les séries avec plusieurs autres

de devenir un jour producteur. J’ai commencé à

rédacteurs. Ma ­passion pour Superman m’a poussé

être addict aux séries télévisées avant même de

à créer Man Of Screen, site entièrement dédié aux

savoir ­compter jusqu’à 10. Retrouvez mes tweets

adaptations de S ­ uperman sur les écrans. Je prépare

de s­ ériephile sur @MrChirac. Sur ce, je vais manger

aussi un d ­ ocumentaire sur le phénomène

un steak. C ­ ordialement, Ron Swanson.

X-Files en France.

Julien lesbegueries

Jean-François chartrand-delorme

Fan de séries internationales, je suis diplômé en

Multidisciplinaire, sérivore invétéré, bloggeur

études cinématographiques et en communication

motivé sur Geeks and Shows, twittos irrégulier,

à l’université Concordia. Je travaille ­actuellement

apprenti sorcier juriste tout en rêvant de ­devenir

à Radio-Canada; un terreau de création s’il en

journaliste, animateur/ crieur public à la radio.

est un. En 2012, j’ai créé mon propre site web :

Bref, honoré d’écrire pour vous dans ce magazine.

­evaluateurenseriestv.com, où je critique avec

En espérant que ça vous plaise !

­passion les nouvelles fictions. Mon objectif assez ­audacieux : tout voir !

Prutha S. Patel

Cross Over US

Prutha S. Patel est une fervente adepte de

Amis depuis maintenant plus de dix ans, Typh et

­beaucoup de choses et a grandi en entendant

Alex, véritables passionnés de séries télévisées,

sa mère lui répéter sans arrêt qu’elle ­regardait

ont mis au monde Cross Over US. Ce blog, âgé de

tout ­simplement trop de films et de séries

six ans, leur permet de partager leur passion avec

­télévisées. Mais au lieu d’écouter sa mère, elle a

les internautes, grâce à des critiques et analyses

décidé de p ­ longer encore plus dans cet ­univers

­quasi-quotidiennes de séries au rythme de leur

en ­déménageant sur le côte ouest des États-

diffusion.

Unis pour é ­ tudier le droit à Los Angeles. Prutha aspire à ­devenir une ­avocate ­spécialisée dans le ­divertissement, et espère apprendre autant qu’elle le peut de ce vaste de domaine et des personnes

L’équipe

incroyables qu’elle r­ encontre et ­rencontrera tout

Directeur de rédaction - Jérôme Raffin

au long de ses études. Heureusement pour elle,

Rédactrices en chef - Mélanie Seree, P ­ rutha S. Patel

cela ne dérange plus ses parents qu’elle soit autant

Directeur artistique - Jérôme Raffin

passionnée par ce milieu là, et ils la s­ outiennent

Relations publiques - Mélanie Seree

quelque soit ses décisions.

Relations internationales - Prutha S. Patel Correcteurs - Aude Métayer, Mélanie Seree Traducteurs - Marine Uldry, Cindy Thibaut, Lucie Barrault, Damien Choppin, Anne-Lise Kontz et Dieuwertje Toereppel


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a n a ly s e

De la divergence dans la narration

Dans la grande majorité des séries adaptées de comics, on retrouve la même caractéristique : les scénaristes prennent des libertés par ­rapport au support original. Que ce soit par manque de moyen, manque ­d’ambition ou pour une volonté artistique claire, le fait est que les deux œuvres divergent. par Julien Lesbegueries photo gotham/warner bros

6

C’est bien connu, une partie de

suffisamment bien retranscrite dans

représentent une source d’inspiration

ceux qui lisent des comics détestent les

une oeuvre télévisuelle, ce qui ­constitue

conséquente et surtout un pari presque

­adaptations en séries de leurs oeuvres

le crime absolu : la dénaturation. Cas

gagné d’avance pour les chaînes. Pour le

préférées. La plupart se sentent trahis

rare, mais dont nous sommes les témoins

moment, le public est friand de ce genre

par les scénaristes, leur reprochant de

en ce moment, des séries ne se basant

d’histoires, mais jusqu’à quand ?

prendre trop de libertés avec l’oeuvre

que sur un u ­ nivers, et non un comic ou

originelle, celle qu’ils ont aimé. Il est

un héros en p ­ articulier. Par exemple,

vrai que bon nombre d’adaptations

­Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. et Gotham.

Pourquoi diverger de l’oeuvre première ?

en séries, comme en films d’ailleurs,

L’une sert de support à l’univers ciné-

L’inspiration peut venir d’un person-

oublient, volontairement ou pas, ­certains

matographique de Marvel, tandis que

nage en particulier (Arrow, Constantine)

éléments de l’histoire. Pire, il arrive

l’autre s’apparente à un prequel d’un uni-

ou d’une histoire définie (The Walking

que l’ambiance d’un comic ne soit pas

vers cinématographique. Mais les comics

Dead). Il arrive très souvent que ces


diverses et variées. L’une des premières raisons est le fait que beaucoup des comics adaptés sont des oeuvres qui ont

« une œuvre est avant toute chose l’empreinte de la

personnalité de son auteur »

dix, vingt, voire trente ans d’existence, la série ne peut donc pas ­retranscrire toute

bien dommage. Au final, la série n’a

Il acquiert un côté plus sombre, avec

la ­complexité d’un comic book ­initial.

pas réussi à trouver son identité et a

notamment les problèmes de drogues

En outre, une oeuvre est avant toute

fait un énorme flop. En conclusion, les

de Roy. Une mort, une résurrection, un

chose l’empreinte de la ­personnalité de

­divergences peuvent avoir du bon, mais

lavage de ­cerveau, une perte d’âme, un

son auteur. Si on change d’auteur, on

pas la dénaturation.

retour à la normale et une nouvelle ­origin

change fatalement de perspective et ça

Concernant Arrow, les comics nous

story plus tard, les années 2000 nous

se ressent. Mais il existe aussi des raisons

dépeignent une sorte de second B ­ atman.

amènent un personnage très similaire

plus pragmatiques.

Nous avons un héros riche, playboy

à celui des comics, mais avec beaucoup

L’ambiance sombre, fumante et

et homme d’affaires qui, après un

d’histoires ­complètement improbables

­cancérigène de Constantine a disparu

­évènement catastrophique, change de

telles que DC sait les faire (Je vous passe

après les négociations avec les produc-

­personnalité et devient un super-héros

les problèmes de réalités alternatives).

teurs. Dans l’Amérique puritaine, un

sans pouvoirs. Green Arrow possède sa

La série nous offre donc une vision

héros ne peut pas fumer clope sur clope

« arrow-cave », son « arrow-robin » et

très réaliste du personnage, la seule

jusqu’au cancer et ceci même si toute

ses « arrow-alliés ». C’est quelqu’un qui

­version valable à la télévision. Il serait

la mentalité du personnage est basée

a très rarement recours au meurtre. Ça

­inimaginable de montrer toutes les

sur cette atmosphère dans le film et

­rappelle ­bizarrement un certain citoyen

­histoires abracadabrantesques que le

les comics. Les cigarettes sont pour lui

de Gotham City. ­Originellement, il est

personnage subit dans une émission de

une dépendance m ­ ortelle qui apporte

présenté comme un personnage banal,

télévision à destination du grand public.

au ­personnage un certain cachet et

jusqu’à ce qu’il ait de nombreuses inte-

C’est justement cette vocation de la

une grande classe. NBC a refusé, c’est

ractions avec Hal ­Jordan (Green Lantern).

série à captiver un public non-initié qui

randy holmes / abc

deux sources divergent, pour des raisons

7


a n a ly s e d e l a d i v e r g e n c e d a n s l a n a r r ato n

­justifie tous ces changements. À l’instar au final qu’étendre un univers. Inven- définition beaucoup plus libres de choides ­Batman de Nolan, l’histoire se doit ter un personnage entier et un person- sir l’orientation à prendre. Gotham, par d’être ­vraisemblable, quitte à ajouter nage ­capital, comme c’est le cas pour exemple. Sa seule contrainte est de ne des ­éléments un peu moins ­crédibles au ­Harrison Wells dans The Flash, peut ame- pas créer de véritable s­ oulèvement parmi fur et à mesure pour ne pas perdre le ner à des s­ ituations totalement uniques les fans. L’origin story de Batman connaît public, comme c’est le cas en ce moment. et permet de pouvoir surprendre tout le en effet plusieurs versions. Mais que ce Il ne faut pas oublier que les chaînes monde à n’importe quel moment. Ces soit dans les comics ou dans les films, le américaines restent des machines qui séries permettent d’aller plus loin, d’être seul point commun est le meurtre de ses cherchent à faire de l’argent, même The plus réalistes et surtout de démocratiser parents, tous les autres détails ­évoluent CW, et qu’elles essayent donc d’attirer un des ­personnages qui ne bénéficient pas beaucoup d’une oeuvre à l’autre. La série large public.

de la popularité d’un Batman ou d’un ne se concentrant que sur cette origin

Néanmoins, toutes ces ­modifications Superman. DC a tout à y gagner et pour story de Bruce Wayne et tous ses futurs apportées à l’histoire originelle ne sont le moment, la mayonnaise prend.

ennemis, la marge de manoeuvre est donc

pas forcément une mauvaise chose.

immense. Bruno ­Heller en est conscient et

Tout dépend de votre philosophie en la matière. Si vous êtes un puriste, il est

Les séries indépendantes

il sait ainsi se faire plaisir en nous livrant

Deuxième cas de figure : les séries une série de la qualité que l’on connaît.

possible que vous soyez rebuté par ces qui ne dépendent d’aucun comic en

En ce qui concerne Marvel’s Agents of

­versions ­réalistes. Mais si vous décidez ­particulier, c’est par exemple le cas S.H.I.E.L.D., la série n’est pas si libre que de ­garder l’esprit ouvert et de vous dire de Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. et de cela au final. Certes, les fans de comics qu’il s’agit au final de la même h ­ istoire Gotham. Dans ce cas là, on peut se per- ne risquent pas de crier au ­sacrilège à ­racontée d’une façon ­différente, vous mettre plus de libertés par rapport au chaque élément un peu douteux, puisqu’il finissez peut-être par vous rendre premier cas, même s’il existe une limite n’y a pas de base établie, mais elle se doit compte que cela vaut le coup. ­Observer à ne pas dépasser. Lorsque l’on invente de respecter les éléments de l’univers son héros préféré évoluer dans notre quelque chose, il faut être sûr de ce qu’on ­cinématographique de Marvel. C’est à la monde réel toutes les semaines, pou- avance et que cela va mener à quelque fois une chance et une malédiction. Une voir a ­ ssister à des c­ rossovers et même chose. Dans ces conditions, on ne peut chance, car cela lui permet de surfer sur ­découvrir de ­nouvelles trames, ce n’est pas ­avancer à l’aveuglette, épisode après le ­succès des films, d’élargir (­légèrement) ­épisode, cela se ressent très vite. Il un ­univers déjà très vaste et s­ urtout faut se projeter deux ou trois épisodes de pouvoir y introduire des éléments en avance, pour donner l’illusion quand bon lui semble. On peut citer ici d’une c­ ontinuité dans la narration.

Skye et les Inhumans (que l’on rencontre

Bien évidemment, le mieux reste sans les nommer dans cette deuxième encore d’avoir une vision sur une ­saison), ­Deathlok et même ­l’existence ­saison entière, mais l’expérience des Krees avant même ­Guardians of the prouve que ce n’est jamais le cas. Galaxy. Toutes ces ­expansions à ­l’univers, Sûrement parce que le système ­auxquelles on peut ­ajouter les visites ­américain est fait de telle façon que de Sif et le simple fait que ­Coulson ait tain. Revenons à nos moutons, ces ­évolue dans quelque chose qui la dépasse, séries plus indépendantes sont par un monde plus vaste.

Clark Gregg (Phil Coulson) dans Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.

8

« la série évolue dans quelque chose qui la dépasse, un monde plus vaste »

abc studios / florian Schneider

l’avenir des séries est toujours incer- ­survécu, montrent bien que la série


C’est aussi en cela que cette relation avec

voit bien que ces séries sont ­prisonnières

un univers sur les différentes chaînes

Marvel est une malédiction, on ne peut

de leurs origines. Même si elles peuvent

américaines. Là où DC développe de plus

pas s’empêcher de penser que tout ceci est

s’en émanciper, il n’en reste pas moins

en plus de p ­ ersonnages au fil des sai-

un peu cheap par rapport aux films, un

que l’histoire qu’elles racontent ne peut

sons, formant ainsi une base très solide

peu limité. De plus, nul doute que toutes

s’éloigner d’une certaine ligne. La seule

pour de futurs projets, la série ­Marvel

ces révélations sont c­ ontrôlées point par

créativité permise dans ce genre de

se « ­contentait » de suivre les intrigues

point par la m ­ aison des idées. Je doute

­programme est au final la manière dont

créées par les films. La finalité des séries

­fortement que Maurissa ­Tancharoen

l’adaptation va être faite. Personnelle-

n’était donc pas du tout la même et cela

et Jed Whedon puissent au final faire

ment, ça me convient parfaitement.

se ressentait dans le ton donné aux

quoi que ce soit sans demander l’aval

En effet, la volonté des studios était

S.H.I.E.L.D. » qui n’a pour le moment

La compétition Marvel/DC à la télévision

aucune base reconnue dans les comics

Il y a quelques mois, Marvel a annoncé

­auxquels on peut donc s­ ’identifier,

est sans aucun doute une i­nvention

toute une suite de séries d ­ iffusées sur

­suivant ainsi la lignée des derniers films

­destinée à donner de la matière à la série,

Netflix dans le but d’étendre encore son

en la matière. D’autres ne servaient au

mais qui n’aura au final aucun impact

univers. Il s’agit clairement ici d’une

final que de programme d’attente pour

sur l’univers (Ce n’est qu’une théorie

réponse à la stratégie de DC qui consiste

les fans de Marvel, une manière de dire

personnelle).

à se développer de plus en plus sur le

qu’il existe quelque chose entre deux

Il n’existe réellement qu’une seule

petit écran. Même si la maison des idées

Captain America.

série indépendante pour le moment :

domine pour le moment le septième art

C’est dans ce contexte que ­l’annonce

Gotham. Une chose est sûre : cette série

dans le domaine des super-héros avec des

de Marvel est intervenue. Cinq nou-

élargit un univers préexistant, comme

films de plus ou moins bonne ­qualité, son

velles séries commandées d’un coup,

toutes ses séries-soeurs. Cependant, on

concurrent a pendant ce temps créé tout

­présentant cinq nouveaux personnages

de l’empire Marvel. L’histoire du « Real

the flash / warner bros.

­différentes intrigues.

Grant Gustin (Barry Allen) et Stephen Amell (Oliver Queen) dans l’épisode « Flash vs. Arrow »

de créer des personnages crédibles,


a n a ly s e d e l a d i v e r g e n c e d a n s l a n a r r ato n

Charlie Cox Marvel’s Daredevil

et une n ­ ouvelle équipe. On sent bien ici la volonté du studio de faire concurrence à DC en faisant exactement ce qu’elle a

« ces changements plus ou moins importants sont inéluctables »

fait au cinéma : créer des personnages et les faire ensuite interagir. Daredevil,

pour le moment. Ici, on va assister tout

­Constantine, par exemple. Tout l’intérêt

­Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et The

d’abord à une origin story de chaque

du personnage était dans son cynisme,

­Defenders sont donc en quelque sorte

­personnage, avant de les voir enfin

son tabagisme, son alcoolisme et son

l’équivalent des Avengers sur le petit

­interagir ensemble.

cancer. NBC a tué dans l’oeuf tous ces aspects pour donner le résultat fade que

Des explications différentes mais un même constat

l’on connaît. Il s’agissait d’un pari très

Marvel tente à son tour de créer son

Même si les explications ­justifiant ces

Tant que l’adaptation reste fidèle à l’es-

­univers télévisuel en introduisant quatre

modifications dans la n ­ arration sont dif-

prit d’un personnage, d’un univers, il n’y

héros, avec tout un tas de vilains qui vont

férentes pour chaque série, il n’empêche

a au final aucun problème à ce que les his-

avec. Peut-être qu’un jour ces oeuvres

qu’il n’en existe pas une seule qui soit à

toires racontées diffèrent un peu de celles

vont converger vers des super-équipes de

100% fidèle au comic. C’est le prix à payer

qu’on connaissait. Que ce soit pour des

super-héros (Iron Fist et Luke Cage font

pour toute adaptation. Ces changements

soucis de réalisme, de budget ou même

après tout partie des ­Avengers dans les

plus ou moins importants sont inéluc-

de vision artistique, les ­changements

comics), mais la principale d ­ ivergence

tables. C’est aussi en cela qu’une adapta-

peuvent avoir du bon. On le constate

qu’on va pouvoir constater est que dans

tion est intéressante, pour découvrir de

semaine après semaine dans toutes ces

les comics Marvel, tout est connecté.

nouveaux aspects d’une même oeuvre.

séries qui, avec leurs hauts et leurs bas,

Chaque action a son impact sur le monde

Il faut cependant veiller à ce que

nous montrent qu’elles ne déméritent

que partage tous ces anti / ­super-héros,

ces c ­ hangements ne dénaturent pas

absolument pas et peuvent même être

chose que The CW réussit très bien

trop l’oeuvre originale, comme pour

considérées comme des réussites.

peut fonctionner avec deux médias différents.

10

risqué, résultat, pari perdu.

barry wetcher / netflix

écran. Reste à voir si la même ­stratégie


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 


par prutha s. Patel

Compositeur sur les séries Arrow, The Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl, Blake Neely nous parle de son travail, du super-héros pour lequel il aimerait composer et qui ­gagnerait dans un match opposant Flash à Arrow.


Prutha S. Patel : Vous avez composé pour la télévision et le cinéma, en quoi est-ce différent et que préférez-vous ? Blake Neely : Je ne préfère ni l’un ni

« avec 22 épisodes par an, on peut vraiment développer les personnages, les thèmes et la musique »

l’autre, pour moi, il s’agit de mettre en musique différentes histoires. Par contre,

fait vraiment douter. D’ordinaire, quand

Vous parlez de spectateurs qui n ­ ’aiment

j’ai tendance à traiter une série comme un

je finis d’écrire quelque chose, je l’ou-

pas la musique lors de p ­ reviews, y a-t-il

mini-film et un film comme une grande

blie rapidement, car je passe à autre

des gens qui sont là, juste dans le but

série, mais mon approche reste similaire.

chose, mais avec les films, on reste avec

de donner leur avis sur la musique ?

Il y a des difficultés pour les deux. Pour la

les mêmes idées pendant plusieurs

Lors de previews cinématographiques,

télévision, on a très peu de temps. Quand

semaines.

on entend rarement quelqu’un dire : « Je

ils finissent un épisode, ils me l’envoient

Le bon côté, c’est qu’on a plus de temps

n’aime pas la musique ». Mais si la pre-

et je dois rendre la bande dans les sept

pour développer notre idée, trouver les

view se déroule globalement mal, il n’y a

jours qui suivent. Alors qu’au cinéma, on

bonnes personnes avec qui travailler et

pas vraiment autre chose que l’on puisse

a habituellement entre trois et six mois.

voir si cela fonctionne. Pour la télévision,

changer à part la musique. En effet, la dis-

Pour la télé, on doit être rapide, suivre

on suit notre instinct et avec un peu de

tribution est déjà complète et les scènes

son instinct, et avoir des morceaux et des

chance, ça marche. Mais si ça ne marche

sont tournées. Il arrive donc parfois que

thèmes prêts. On doit être réactif et avoir

pas pour cette semaine, on essaie de faire

le réalisateur vous demande de chan-

confiance en nos idées pour avancer au

mieux la semaine suivante. Avec un film,

ger la musique. C’est comme donner une

plus vite. Pour le cinéma, le temps joue

on s’occupe des ­personnages pendant

seconde vie pour faire un nouveau test.

contre nous, car on en a tellement qu’on

deux heures et c’est terminé, hormis s’il

J’ai assisté à quelques previews durant

en vient à ­douter de ce que l’on a fait et

y a une suite. Avec une série, ce qui est

lesquelles les spectateurs parlaient de la

on ne fait plus confiance à notre instinct.

bien c’est qu’il y a 22 épisodes, 22 heures

musique. C’était plutôt pour dire qu’ils

Parfois, on a des previews, et les spec-

par an et plusieurs saisons, donc on peut

appréciaient telle ou telle chanson, mais

tateurs n’apprécient pas, donc on doit

vraiment développer les personnages,

c’est très rare. Ils n’ont pas vraiment le

faire des changements. Le temps nous

les thèmes et la musique.

temps de réfléchir à ça et de penser : « Il y a un souci avec la bande originale ». Ils ont très peu de temps pour décider s’ils apprécient ou non. Vous avez dit avoir 22 heures pour une série, ce qui fait, en quelque sorte, un film de 22 heures. P ­ ensez-vous que la composition pour la t­ élévision ­progresse en qualité et en ­opportunités, qui sont de plus en plus nombreuses ? Cela dépend des compositeurs. Je pense que cela s’améliore, comme au cinéma. Mais est-ce une progression récente ou

tommaso boddi / wireimage

est-ce que l’on constate ça depuis l’âge d’or de la bande originale entre les années 50 et 70 ? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, c’est que la qualité du son s’améliore. J’essaie de me rappeler à chaque fois que quelqu’un peut regarder un film dans la même pièce, sur le même écran et avec la même ambiance dans laquelle il regarde une série télévisée.

13


interview

b l a k e n e e ly

Donc je dois travailler dur pour m’assurer que la qualité est à un niveau équivalent. On peut regarder Arrow et ­enchainer avec The Avengers sans ­ressentir une grande différence. On n’a rarement le même nombre de musiciens ni autant de temps qu’au cinéma, mais de nos jours, le public est tellement demandeur que ça nous motive à travailler dur. Il faut élever notre niveau. On oublie complètement la vieille idée qui était : « La musique sera entendu à travers de petites enceintes, sur de petits écrans ». Qui vous a recruté pour Arrow, The

être introduits et je regarde par exemple

Depuis le début de votre travail en jan-

Flash et le futur spin-off, Legends of

quels pouvoirs ils ont. Toutes les séries

vier, avez-vous établi les fondations

Tomorrow, réunissant Atom et White

sont différentes, peu importe la série

de ce que sera la musique ? Allez-vous

Canary ?

sur laquelle vous travaillez, ce sera en

écrire pour chaque personnage au fur

Je connais Greg Berlanti depuis treize ans.

­général toujours différent du comic book.

et à mesure ?

On s’est rencontrés en 2002, il t­ ravaillait

Je trouve plus naturel d’attendre de

Ce que j’essaie de faire, - c’est ce que j’ai

sur sa première série, Everwood, et je lui

regarder l’épisode, pour commencer à

fait pour Arrow, The Flash et Supergirl -,

ai été recommandé. Everwood a été ma

y penser. Ainsi, je n’amène pas trop de

c’est écrire un très long morceau avec

première série. À l’époque, je travaillais

choses inutiles au personnage.

plusieurs idées, réunissant un thème

pour des compositeurs, pour le cinéma.

Cela dit, je suis un grand fan de comics,

pour les moments d’héroisme, d’action,

J’ai été contacté et j’ai fait une démo. Il m’a

et parfois, je fais des recherches ou relis

d’émotion, de tristesse. Ensuite, quand

engagé et depuis, on ­travaille ensemble.

des comics, juste par plaisir et non pour

j’ai la vidéo, je peux prendre certains

Il est venu me voir, il y a trois ans, et m’a

la musique.

bouts de ce morceau pour certaines

dit : « Je veux que tu travailles avec moi

14

scènes. Si ça fonctionne, il ne me reste

sur ma prochaine série de super-héros,

Vous composez pour Supergirl, com-

plus qu’à développer l’idée.

Arrow ». Voilà comment ça a commencé.

ment ça se passe ?

Cela m’aide à définir le son et le style de

On n’avait pas idée de ce que ça devien-

Je travaille dessus depuis février ou

chaque série. Pour que le public puisse

drait. DC Comics a pris une place impor-

mars. C’est sympa d’avoir du temps pour

différencier chaque série, j’essaie d’avoir

tante à la télé, avec Arrow, ensuite, The

­travailler dessus. C’est ­contradictoire

des styles vraiment différent. Arrow a,

Flash, et ­maintenant, ce futur spin-off

avec ce que je vous disais, sur le fait de

par exemple, un son plus electronique

[DC’s Legends of ­Tomorrow]. DC Comics a

n’avoir qu’une semaine, mais vu qu’il

et sombre, alors que The Flash est

vraiment une grande place à la t­ élévision.

s’agit du pilote, on a plus de temps.

plus orchestral et léger. Supergirl aura

Et puis, il y a aussi S ­ upergirl, mais qui ne

En effet, on essaie d’établir le son et la

­également son propre style.

fait pas partie de l’univers de The Flash

musique du personnage. En principe,

ou Arrow. C’est un peu intimidant de

je commence à écrire qu’après avoir

Si vous deviez décrire le style musical

­réaliser que je ­travaillerai sur quatre

vu l’épisode. Mais là, j’ai commencé à

de Supergirl en trois mots, lesquels

séries de super-héros, l’année prochaine.

écrire quelques idées en janvier. Puis,

seraient-ils ?

pendant que je ­m’occupais de The Flash

Ces trois mots seraient : « Je peux pas ».

Quel est votre processus de recherche

et Arrow. Ensuite, j’ai reçu quelques

pour ces super-héros ? Lisez-vous les

scènes de Supergirl, que j’ai pu ­regarder

[Rires] J’adore.

comics ?

et ­examiner. Mais on dispose de ce temps

Je ne peux vraiment pas en parler, c’est

Parfois, je les lis ou je vais en ligne me

uniquement pour le pilote, sinon, on n’a

secret. Je peux dire que je travaille

renseigner sur les personnages qui vont

qu’une semaine pour composer.

­dessus, mais je ne peux rien décrire.


Je comprends très bien. On a un trouvé

aurait des crossovers. C’était amusant de

J’en suis sûre aussi, Oliver est plein

un nouveau hashtag : #JePeuxPas.

­combiner ces deux bandes son, pour les

de ressources. Pour quel s­ uper-héros

[Rires]

jouer ensemble. Quant à votre ­question,

v oudriez-vous composer dans le ­

[Rires] J’aime bien, ça me plait.

même si je déteste dire ça, la logique veut

futur ?

que ce soit Flash qui l’emporte.

Aquaman. C’est le premier comic book

Vous avez déjà composé pour de grands

que j’ai acheté. Je ne pensais pas v ­ ouloir

personnages, duquel vous sentez-vous

D’accord, je vois. J’en parlais avec

faire ça, mais depuis que je c ­ ompose

le plus proche ?

David Ramsey (Diggle dans Arrow), et

pour les personnages de DC Comics,

C’est dur ça, c’est comme me ­demander

il a commencé sa réponse de la même

c’est lui que j’aimerais faire. Beaucoup

lequel de mes enfants je préfère. Je

façon : « Je devrais dire ça, mais je vais

diraient Batman, mais je ne serais pas

­ressens un attachement particulier

dire ça ».

au niveau de ce qu’on fait Hans Zimmer

pour Arrow et Oliver Queen, car

et James Newton Howard sur les

c’est le premier héros pour qui

trois films. Pareil pour Superman,

j’ai ­composé la musique. Quant au

je ne ­pourrais pas égaler ce qu’a

style de musique, j’adore ­vraiment

fait John Williams.

celui de Deathstroke, très bien ­interprété par Manu ­Bennett. Cela

C’est un choix intéressant,

dit, plus je travaille avec Barry

Aquaman, on l’oublie trop sou-

Allen (Grant Gustin) dans The

vent. Dernière question, que

Flash, plus j’adore ce p ­ ersonnage.

voudriez-vous dire à nos lec-

De manière ­générale, c’est juste

teurs et aux téléspectateurs qui

super de c­ omposer pour tous ces

regardent les séries ?

personnages qu’on a vu ­évoluer

La première chose serait pour les

dans les comics. ­ M aintenant,

fans d’Arrow, je suis désolé que la

avec ce nouveau spin-off, les

bande son « Olicity » ne soit pas

­personnages vont aller d’une série

­sortie sur le CD de la deuxième

à l’autre, en a ­ menant leur thème

­saison. J’ai reçu beaucoup de mails

musical avec eux, c’est très sympa.

et de tweets à ce sujet. Ce que les C’est juste logique. Même si Oliver tire

gens peinent à comprendre, c’est qu’on

Depuis sa diffusion, j’écoute très sou-

une flèche ou veut le frapper, Flash va

a 75 minutes disponibles sur un CD,

vent la musique de l’épisode « Flash

forcément l’éviter. Il va trop vite, donc

mais à la fin d’une saison, on a quatorze

vs. Arrow », selon vous, qui gagnerait ?

pour moi, il aurait l’avantage.

heures de musique. Je dois parcourir ces

The Flash ou Arrow ?

Mais j’adore la scène, dans l’entrepôt,

quatorze heures, pour les réduire à 75

Elle est super, non ?

quand ils font leur petite compétition.

minutes, mais chaque fois que j’essayais de ­rentrer la bande son « Olicity » sur le

Absolument, ce sont de super épisodes

J’ai adoré ça, j’aurais voulu que ça dure

CD, ça ne passait jamais vraiment bien.

qui ont ravis les fans.

plusieurs heures. [Rires]

Cela dit, elle va revenir très bientôt, et

J’ai vraiment adoré faire ces épisodes, qui

[Rires] Oui, c’était vraiment super.

j’espère que ce sera un morceau spécial

en plus, ont été un grand succès. Du coup,

Ensuite Flash court vers Arrow qui

sur un futur CD.

je suis allé chez Warner Bros, et je leur ai

se tient prêt à tirer une flèche, et tout

Pour tous les autres lecteurs, merci de

dit : « Noël arrive, est-ce qu’on pourrait

explose, vraiment génial.

regarder et d’écouter. Je n’ai jamais

sortir la musique de ces deux épisodes,

­travaillé sur quelque chose de si gros.

parce que le public a adoré ? ». Et ils

Je me souviens, je ne voulais pas en

Je bosse en télé depuis treize ans, mais

m’ont répondu : « Sans problème, ça sor-

rater une miette.

je n’avais jamais vu d’un tel public. Le

tira bientôt ».J’ai toujours composé The

[Rires] Je comprends. Donc Flash

fait que les gens reconnaissent rien que

Flash pour que la série ait son propre son,

­gagnerait, mais il doit forcément avoir

la présence de la musique dans des séries

mais en adoptant un style qui ­fonctionne

un talon d’Achille qu’Oliver pourrait

comme Arrow et The Flash, c’est un grand

avec celui de Arrow. Je savais qu’il y

­trouver. Mais je suis d’accord avec David.

plaisir, je m’amuse vraiment.

15



dossier

Superman en séries

Avec l’avalanche de séries adaptées de comics en moins de cinq ans, les sériephiles frôlent l’overdose… ou ­l’orgasme. Si on vibre devant Arrow, si on s­ ’impatiente devant Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D., il y a toujours un héros qui a été présent sur nos écrans quasi nonstop : ­Superman. Le célèbre super-héros a traversé les époques, a pris des formes diverses et a surtout ­marqué plusieurs générations de spectateurs avec des projets tous très différents. par Thomas WACHNICKI photo superman/warner bros

les débuts

passage à la radio durer plus de dix ans avec au

Depuis 75 ans, Superman a parcouru les

compteur plus de 2000 émissions. Au cinéma, la

médias non sans problèmes. Peu de temps après

mode des serials fait rage, ces séries ­programmées

sa première apparition en comics, S ­ uperman a

chaque semaine rameutent des millions de

eu sa propre série animée. Les studios ­Fleisher

­personnes. Kirk Alyn incarnera, pour la première

et P ­ aramount ont superbement p ­ roduit une

fois, le super-héros à l’écran.

vingtaine d’épisodes animés. À cause de conflits

La télévision étant de plus en plus présente

internes et de coûts exorbitants, la ­production

dans les foyers, la radio et les serials peinent à

s’achève. Ces dessins animés sont encore des

convaincre encore. Rapidement, les exécutifs

­références du genre. La radio et les serials étaient

en profitent, et Superman suit la tendance en

les formats les plus répandus et ­Superman a

devenant le héros de la série The Adventures Of

squatté les deux médiums dans les années 50.

Superman pendant cinq saisons dès le début des

Incarné par Bud Collyer, Superman voit son

années 50.

17


dossier superman en séries

« le mythe prend un sérieux coup. LEs enfants pensent que superman peut mourir »

Incarné par George Reeves, S ­ uperman devient rapidement le héros d’une nouvelle génération. La série est un immense succès, peut-être trop grand pour les larges épaules de son i­ nterprète. En coulisses, Reeves ­commence à ­sentir le poids

écrans où Superman est aidé par une

sous une forme moins ­instable (encore

du personnage : adepte de la ­boisson et

dizaine de super-héros. Les SuperFriends

que) avec Superboy en série ­télévisée

se sentant de plus en plus ­fatigué par le

débarquent et squattent le petit écran

et ­ S uperman en dessin animé. Si

rôle, Reeves est dans une mauvaise passe.

pendant dix ans. D’une qualité variable,

le dessin animé de 1986 par Ruby-

Tragiquement, la série se termine quand

les dessins animés produits par Hannah

Spears P ­ roductions est assez kitsch,

Reeves se donne la mort. ­Officieusement,

Barbera auront même un doublage VF

mais ­néanmoins (et hélas) fidèle au

on parle d’une v ­ engeance d’un mari

assez jubilatoire.

­personnage, la série ouvre les portes à

trompé - Reeves étant un homme à

Du côté de l’adaptation live, on tente un

une ère prospère.

femmes -, ­officiellement, on parle d’un

pilote sur Superboy qui ne sera jamais

suicide réfléchi.

diffusé.

Il aura fallu dévier du concept

Le mythe prend un sérieux coup. Les

Nous sommes au milieu des années

assez solide sur la durée. Malgré un

enfants pensent que Superman peut

70 et la série Batman avec Adam West

­changement de casting, la série fut un

mourir. La série était au sommet et la

fait les beaux jours de la télévision.

succès. John Haymes Newton (1988–

télévision est le média qui explose. Que

­Superman doit alors trouver un nouveau

1989) et Gerard Christopher (1989–

faire ? Une période de vaches maigres

défi. Après le dessin animé, la série et la

1992) ­interpréteront Clark Kent jeune.

commence alors.

radio, il faut passer à quelque chose de

­Seulement, les p ­ roducteurs, Viacom, ne

plus grand. Le cinéma ouvre ses portes.

voulaient produire que cent épisodes

Après un détour vers la ­comédie m usicale où les critiques se sont ­ ­déchaînées, Superman semble revivre

pour pouvoir les vendre en syndication

TRENTE ANS DE PRÉSENCE

(câble et satellite). La série prendra donc

par la méthode la moins contraignante :

Pendant dix ans, Superman, sous

fin après quatre saisons. Pas de chance,

le dessin animé. En 1966, Filmation

la protection des Salkind sera plus ou

un problème de droits d’exploitation du

décide de produire une série cartoon.

moins bien exploité. Quatre films d’une

personnage a empêché la rediffusion et la

Hannah B ­ arbera prendra le relais.

qualité décroissante auront raison du

sortie DVD jusqu’à aujourd’hui encore !

Une demi-douzaine de dessins animés

­personnage. Ce ne sera qu’à la fin des

Superboy est un personnage à part et un

­dérivés prendront sa succession sur les

années 80 que Superman r­ eviendra

cas spécifique dans le droit ­d’utilisation

Superman (George Reeves) entre dans la pièce par la fenêtre

superman / warner bros.

­original pour offrir une adaptation


Teri Hatcher et Dean Cain dans Loïs et Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman

de Superman dans son ensemble. Ce n’est que le secret de Clark se voit révélé dans pas tout à fait Superman et ce n’est pas un cliffhanger ­important. La saison 3 tout à fait une création originale.

­commencera avec un couple officialisé et

Erica Durance et Tom Welling dans Smallville

La série Superboy a bien marqué ­l’année un secret dévoilé. Avec deux dynamiques après la fin de Loïs et Clark, on pense déjà des cinquante ans de ­Superman. Si Gerard en moins, le public se lasse alors assez à une nouvelle adaptation du mythe. Christopher, interprète de S ­ uperboy, vite des scénarios répétitifs et le couperet

Ne lâchant pas prise, une nouvelle

était pressenti pour jouer un potentiel tombe quand les scénaristes proposent un adaptation en série télévisée commence. ­Superman 5, les Salkind n’ont pas eu faux mariage avec une affaire de clone. Tollin/Robbins Productions développe un pouvoir de persuasion aussi grand L’audience est divisée par deux, passant une série sur la jeunesse de Batman. qu’avant. Et c’est à peine un an après de vingt à dix millions de téléspectateurs. La Warner est plutôt intéressée par qu’une autre série fait son apparition.

La saison 4 sera programmée quasiment ­Superman. Alfred Gough et Milles ­Millar

C’est en 1993 que Loïs & Clark par défaut et les ultimes épisodes seront développent donc Smallville qui ne va pas débarque. La Warner et DC, ­voulant relégués en été, plongeant la série dans lâcher les spectateurs jusqu’en 2011. De exploiter la nouvelle hype autour de l’anonymat pour son dernier épisode. 1986 à 2011, Superman a toujours été sur Superman, commandent une série c­ entrée Cette série, si bonne au départ, restera les écrans de télévision. sur Loïs Lane et Clark Kent avec le suc- un échec c­ réatif pour beaucoup. cès que l’on connaît aujourd’hui. Quatre

Smallville reste la plus longue adapta-

Superman refait surface, peu de temps tion de Superman, sans le montrer. En

saisons de romance et d ­ ’aventures pour avant la fin de Loïs et Clark, en dessin effet, Clark Kent n’a pas encore le rôle ABC et des millions de ­téléspectateurs à animé. Produit par Bruce Timm, l’homme du super-héros en collant. Il agit dans travers le monde (sur M6 chez nous, les derrière la version animée de Batman, l’ombre et sa double identité n’est u ­ tilisée mardis). Mais alors qu’elle se félicitait le cartoon est considéré comme une des que dans les dernières saisons. Il se fait du succès de la série en saison 1, ABC meilleures adaptations. Moins f­ édératrice passer pour le “Flou”. décide de changer la donne en s­ aison 2, que Batman The ­Animated Series, la série Malgré les critiques et son traitement voulant plus d’action. L’équipe ­créative dure quand même trois ans. Après trois un peu aléatoire, Smallville reste une warner bros.

est ­remplacée et la série ­commence saisons tout seul, ­Superman rejoint la série importante dans le genre et dans sa seconde année d ­ ifféremment. Les ­Justice League dans un dessin animé le thème. Entre fan-service, clins d’oeil et audiences décollent, mais la narration encore une fois salué par la critique.

originalité du propos, la série a réussi à ne

se développe trop r­ apidement. Ainsi, À nouveau, le personnage va et vient jamais se répéter et a terminé sa vie avec Loïs et Clark se rapprochent ­tellement entre le live et le dessin animé. Trois ans une évolution notable. De teen série, on

19


passe à une série plus adulte, plus sombre

tournage du pilote est terminé. C’est

à représenter. Intouchable, boy-scout,

et on retrouvera le duo Clark / Loïs

donc Supergirl qui se prépare à arriver

invulnérable, kitsch, dépassé, vieillot, le

dans les trois dernières ­saisons avec un

sur les écrans de CBS dès que le pilote

Big Blue s’en sort grâce à des a ­ daptations

­certain plaisir. Très peu avare en action,

sera validé [La série sera diffusée en

toutes différentes. Il ne reste qu’au

­Smallville parvient à mettre à l’écran la

novembre]. Jouée par Melissa Benoist,

cinéma où il a été quasiment cristallisé

Justice League sans Batman, à utiliser

­Supergirl est la ­cousine de Superman,

par l’interprétation de C ­ hristopher Reeve,

toute la mythologie de Superman et à

seconde r­ escapée de la p ­ lanète Krypton.

illustre modèle et éternel porte-étendard

ouvrir la voie vers Arrow en 2012.

Dans le style de The Flash, Supergirl sera

du slip rouge. Le salut est passé par la

une série légère, feuilletonnante et ­portée

motivation et l’envie de voir plus loin.

par une d ­ istribution sympathique.

Smallville a relancé le personnage. DC et

Après quatre séries à succès, cinq

Le second, Krypton, projet de David

Warner, loin de vouloir proposer un uni-

films et une dizaine de versions ­animées,

Goyer dont on parle depuis quelques

vers cohérent comme Marvel, p ­ roposent

Superman a encore beaucoup de choses

temps, s’attarde sur la vie de la planète

des projets originaux, loin d’être honteux.

à dire. Chaque série était différente. Les

natale de Superman. Avec un traitement

Pour Superman, personnage difficile

manques de moyen ou les parti-pris

plutôt audacieux dans la première ­partie

à rendre intéressant, les multiples séries

­artistiques ont donné des séries au ton

de Man Of Steel, Krypton a fasciné au

ont réussi à montrer toute la richesse de

différent passant de la comédie d’action,

point de monter une série sur le grand-

l’univers du super-héros. Si sa place est

à la romance, puis à la série aventureuse

père de Superman et père de Jor-El, le

désormais au cinéma (Enfin !), on regarde

sans gros budget. Les versions animées

fameux scientifique qui a envoyé Kal-El

avec fierté quasi 75 ans ­d’adaptation télé-

sont certainement les plus fidèles et les

sur Terre. La série n’est qu’au stade du

visuelle avec beaucoup de nostalgie, de

plus réussies.

développement, mais il est fort à parier

plaisir et d’envie d’en voir encore !

Avec Superman au cinéma porté par

qu’un pilote sera en route pour SyFy,

Henry Cavill, il est difficile de ­penser

chaîne intéressée par le projet. Quand

qu’une nouvelle série pourra a ­ rriver sur

on voit les séries SyFy, on a peur pour

le personnage. On ne peut pas prendre

un projet d’une telle envergure.

en compte les Terres ­parallèles comme

Il ne reste pas grand-chose à a ­ dapter chez

dans les comics (ce qui est regrettable)

Superman, il ne manquerait qu’une série

pour ce personnage. On peut faire

appelée The Kents, sur la famille adop-

du ­spectaculaire au cinéma, mais sur

tive de Clark qui essaye de gérer leur

le petit écran, le goût serait ­différent.

enfant aux super-pouvoirs g ­ randissants.

C’est ­pourquoi les deux projets à venir

­Warner Bros et DC ont été plutôt efficaces

se détachent du thème principal en

à la ­télévision, moins au cinéma. Avec

­empruntant encore des terrains vierges

­Batman, Superman est le ­super-héros

de tout traitement sériel. Le ­premier

le plus adapté. En icône de l’univers des

­projet est le plus avancé puisque le

héros, Superman reste aussi compliqué

AUTOUR DE SUPERMAN

20

supergirl / Warner bros.

dossier superman en séries


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interview

David Ramsey C’est un héros qui se bat volontairement au sein du Team Arrow contre la Ligue des Assassins et parfois, à contrecoeur au sein de la Suicide Squad. Aucun fan d’Arrow ne dirait de John Diggle qu’il est un homme normal. David Ramsey fait tout ça. Il nous parle de la réaction de Diggle vis-à-vis de Flash, de son envie de réaliser un épisode, du cinéma et plus encore. par prutha s. Patel photos Patrick Maus

22



interview

david ramsey

Je ne pourrais pas me pardonner si je ne cite pas l’une de mes répliques ­préférées d’un des derniers épisodes : « La Suicide Squad est de retour ».

« contrairement à oliver, il est équilibré. C’est un héros malgré lui »

Quelle est votre citation préférée de la série ?

Absolument.

David Ramsey : Bonne question. Proba-

C’est fait d’une manière très convain-

(Rires) Merci !

blement la même. Il y a aussi une autre

cante et c’est bien écrit. Donc, je suis tou-

Plus on explore la Suicide Squad, plus

réplique, quand je suis avec ma fille.

jours impatient lorsqu’il y a des épisodes

on explore le personnage de John Dig-

Lyla (Audrey Marie Anderson) entre

abordant la Suicide Squad.

gle. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc,

dans la pièce et m’entends dire à ma fille, « Comment quelque chose si s­ pécial

J’aime que vous disiez « Une autre

dans la tête des gens. Ce n’est pas quelque

peut rendre une vie si s­ ignificative ? »

série », parce qu’on voit tant de séries

chose que John Diggle approuve. Mais en

ou quelque chose du genre, et elle dit,

de super-héros apparaître sur The

même temps, ils cherchent des raisons

“Attends qu’elle commence à sortir avec

CW et d’autres chaînes. Entendre les

morales plus importantes pour expliquer

quelqu’un”. Je regarde ma fille et dis,

mots « Autre série », ça augmente nos

la mise en place d’une force d’interven-

“C’est à ça que servent les Glocks, hein,

espoirs. (Rires)

tion. Il y a quelqu’un qui doit être secouru

ma puce ?”. C’est vraiment une de mes

Qu’est-ce que vous préférez dans le

ou des otages, donc l’argument est noble,

répliques préférées : “C’est à ça que

fait de jouer un personnage comme

mais les moyens par lesquels le travail

servent les Glocks”. C’est difficile pour

John Diggle ?

est fait sont discutables. Cela force John

moi de penser à d’autres répliques, mais

C’est une bonne question. J’aime le per-

Diggle à opérer dans une zone grise. À

je me souviens que celle-ci a été spéciale

sonnage. Les personnages de la série

mon avis, plus Diggle devient nuancé,

pour moi, je la trouve drôle.

portent un masque, mais lui non. Contrai-

plus étoffé devient son personnage et la

rement à Oliver, il est équilibré. C’est

Suicide Squad permet d’étoffer Diggle

C’est mignon. C’était comment d’être

un héros malgré lui. Il ne veut pas com-

un peu plus. On commence à aborder

de retour avec la Suicide Squad ? Étiez-

promettre ses idéaux et valeurs morales

H.I.V.E, un des groupes terroristes, qui

vous heureux de les retrouver ?

pour de l’héroïsme et c’est quelque chose

a embauché Deadshot (Michael Rowe)

C’était génial ! J’aimerais qu’un épisode

que j’apprécie. Jouer ce personnage

pour tuer le frère de Diggle. Là encore,

sur cinq soit dédié à la Suicide Squad. C’est

m’inspire à vouloir être meilleur en tant

nous arrivons à en apprendre davantage.

super. En tant qu’acteur, c’est incroyable

qu’individu. Je pense que les idéaux de

Sa relation avec son frère, avec H.I.V.E,

de faire ces scènes ­d’action et de voir le

John Diggle sont sincères. C’est un héros

donc lorsque l’on en découvre plus sur

personnage en action. J’ai t­ oujours aimé

juste. Tout le monde devrait avoir un peu

Diggle, c’est toujours intéressant.

ça. C’est vraiment a ­ musant. Je trouve que

de John Diggle en soi. C’est aussi super

ces personnages sont géniaux, comme

amusant pour moi de le jouer, parce que

Deadshot. Toute l’idée de travailler à

j’adore l’action. Mais la raison la plus

contrecoeur pour A.R.G.U.S. et la S ­ uicide

importante, c’est que Diggle est un per-

Squad est intéressante pour la série.

sonnage que j’admire.

C’est une dynamique intéressante,

Fantastique. À ce stade de la saison,

parce que tout le monde ne s’entend

votre personnage a déjà des liens

pas bien. Alors que le Team Arrow

étroits avec la Suicide Squad, qu’est-ce

semble bien s’entendre dernièrement.

qui vous plaît le plus concernant le

Oui, quand ils s’entendent bien, cela

développement de cette relation?

devient presque une autre série. C’est une

Vous avez de bonnes questions.

intrigue secondaire, mais cette ­histoire devient indépendante et ne ressemble même plus à Arrow. Vous voyez ?

24

vous voyez ? Ils installent des bombes


En parlant de bombes, j’ai le sentiment

Je comprends, c’est totalement diffé-

Que pensez-vous de la rivalité

qu’il y a plus d’explosions quand la

rent. Il y a aussi des ­crossovers avec

entre Flash et Arrow ? Vitesse ou

­Suicide Squad est impliquée. Est-ce que

The Flash. J’ai ­d’ailleurs adoré voir la

experience ?

vous faites vous-même vos cascades ?

réaction de Diggle qui découvre les

Pour le moment, évidemment l’expé-

Est-ce quelque chose qui vous plaît ?

nouveaux super-pouvoirs de Barry

rience. Vous pouvez avoir la m ­ eilleure

Pour les scènes d’arts martiaux, c’est

(Grant ­Gustin). Je crois qu’on ­réagirait

arme du monde, mais si vous ne

moi, puisque je pratique depuis des

tous ainsi dans la réalité. Avez-vous

savez pas comment ­l’utiliser, vous

années. Donc, c’est t­ oujours amusant.

apprécié de tourner cet épisode ?

ne savez pas. Mais je dois dire que,

Les scènes où on est tenu par un câble,

Oui, beaucoup. Ce qui est bien dans la

­particulièrement concernant Flash,

pas ­tellement. Si vous voyez Diggle faire

réaction de Diggle, et même en ­général,

je ne sais pas ­concernant ATOM, mais

un 360, il y a un super ­cascadeur qui me

c’est qu’il est le genre de personnes qui

quand Flash arrive à faire tout ce qu’il

double. Mais je ­réalise la ­plupart des

dit les choses qu’Oliver ne dirait pas.

sait faire, c ­ omprendre la stratégie, les

scènes d’arts martiaux.

combats et l’art de la guerre, il n’y a ­personne qui peut le vaincre. J’ai

Cool. Gregory Smith qui joue dans

­toujours pensé qu’avec la Ligue des

Rookie Blue a récemment réalisé

­Justiciers, Flash est certainement

un épisode, c’était ­comment ?

l’un des plus p ­ uissants p ­ ersonnages

Seriez-vous intéressé par la réali-

de l’univers DC Comics. S’il le veut,

sation d’un épisode dans le futur ?

il peut faire plein de choses. C’est

Fantastique ! C’était super de

le personnage en général, mais

­travailler avec lui. Il est arrivé au

­concernant notre univers et la puis-

milieu de l’histoire, mais connais-

sance qu’ils vont donner à Flash, je

saient la destinée des personnages,

n’en sais rien. Dans notre univers,

c’était génial. Vous ne me posez

les choses et ­capacités changent,

que des questions percutantes

ce serait i­ntéressant de voir dans

aujourd’hui, n’est-ce pas ?

deux s­ aisons, un autre combat entre Arrow et Flash.

(Rires) Je serais éventuellement intéressé

J’ai vraiment hâte.

par la réalisation d’un é ­ pisode. Je ne

Cela va être très intéressant à voir.

l’ai jamais dit ­publiquement pour l’instant, mais j’ai déjà i­maginé ce

L’autre série dérivée, Legends of

que ce serait de ­réaliser un épisode.

Tomorrow, avec Atom (­Brandon

C’est un travail énorme et j’ai beau-

Routh) et White Canary est sus-

coup de r­ espect pour les r­ éalisateurs.

ceptible de faire un crossover

C’est un travail ­complètement différent

C’est ce que j’aime chez lui, il est le

avec Arrow. Si cela se produit, est-ce

que de jouer un ­personnage. Si cela

plus « ­normal ». C’est l’exemple du type

que l’idée de t­ ravailler à n ­ ouveau avec

devait a ­ rriver pour moi, ce serait sur

­normal. Quand Oliver est complètement

Caity Lotz vous enchante ?

Arrow.

dépassé et n’a pas les idées claires, c’est

Oh oui ! Absolument. Caity est incroyable.

Diggle qui le lui dit. Personne d’autre ne

Ce serait génial.

Je pense que l’on aimerait tous ça.

le dirait, mais Diggle, si. Sa réaction face

Ce serait génial. C’est une super série,

à Flash est très humaine. Si quelqu’un

Beaucoup de fans y compris moi-

donc pourquoi pas ? C’est une série

venait devant vous en courant plus vite

même espérons que Supergirl fasse

bien huilée, cela aurait du sens. J’ai

qu’un battement de cil, vous penseriez

partie du même univers qu’Arrow et

­beaucoup de respect pour ce chapeau

probablement que vous êtes fou. C’était

Flash, quelle est votre position sur le

de réalisateur. Ce serait quelque chose

vraiment amusant et Flash peut être

sujet ? Je pense qu’une scène où ­Diggle

qui demanderait beaucoup de temps et

­marrant. C’était très marrant.

­réagirait aux pouvoirs de Supergirl

de ­concentration.

pourrait être amusante à voir.

25


David Ramsey, Stephen Amell et Colton Haynes

game interview avec david ramsey Qui est le plus susceptible de ­survivre sur une île déserte ? Je pense aussi que ce serait marrant.

Il a aussi été récemment choisi pour

J’adorerais que Diggle ait une réaction

interpréter Casey Jones dans Teenage

impressionnante face à Supergirl comme

Mutant Ninja Turtles 2, de quelle saga

Qui est le plus susceptible de

il l’a eu pour Flash. J’adore chaque fois

ou série aimeriez-vous faire partie ?

gagner une bagarre à mains

que Diggle se retrouve un peu ridicule.

Beaucoup de personnes ont mentionné

nues ? J’ai l’impression que ça

J’aimerais qu’elle soit dans notre ­univers,

votre nom pour Green Lantern.

vous est un peu destiné.

ce serait énorme non ? Un monde où

Être mentionné pour faire parti de

(Rires) Moi, bien sûr.

Arrow, Flash et Supergirl co-existent et

la t­radition de Green Lantern est un

se croisent, c’est clairement ce que les

­honneur en soi. J’aime toute la saga.

Qui est le plus susceptible de s­ ortir

fans veulent. On verra !

J’adore ce que DC fait dans le monde

une chanson qui d ­ eviendrait un

du cinéma en ce moment, et en général.

tube sur iTunes ?

Je suis impatiente de voir ça.

Ils prennent leur temps pour faire les

John (Barrowman).

­Stephen Amell a inventé le terme

choses correctement. Être impliqué dans

« ­Sinceriously » et vous avez aussi créé

quelque chose que DC fait, de renommée

Qui est le plus susceptible de

un mot, pouvez-vous le définir pour

internationale, serait génial !

­trouver un moyen de fabriquer

nous ? Allez-vous lancer une nouvelle

un c ­ ostume de super-héros ?

campagne de t-shirts et autres ?

Pour finir, The CW aime leur voix-off

“Hopoyfully” est le mot que j’ai inventé.

en intro, je les trouve très ­marrantes

Il a été inventé un peu à la volée alors

et j’en arrive à un point où je les ai

Qui est le plus susceptible de

soyez indulgents ! Cela signifie ­donner

mémorisées. Si nous avons un autre

casser quelque chose sur le

de ­l’énergie positive et en ­recevoir

épisode centré sur John Diggle et que

tournage ?

en retour. On peut voir ça comme un

l’on vous propose de faire une voix-

Ce serait moi, à nouveau.

­investissement. Vous vous investis-

off, que diriez-vous ? « Je m’appelle

sez en quelque chose, vous recevrez

John Diggle ... »

Qui est le plus susceptible de sor-

quelque chose en retour. Il n’y a rien de

« Je m’appelle John Diggle. Pendant deux

tir de son personnage et d’avoir

­nouveau dans ce concept, on en a tous

ans, j’étais le chauffeur d’Oliver Queen.

un fou rire pendant le tournage ?

déjà entendu parler. Pour ­l’instant, l’idée

Maintenant, il me rend fou ! »

Ça, c’est Stephen (Amell).

Probablement Emily (Bett Rickards).

arrow / warner bros.

de t-shirt en reste là. C’est juste une idée.

26

Paul (Blackhorne).


More TV Tu souhaites participer ? Choisis le numĂŠro dans lequel tu veux apparaĂŽtre sur http://moretv.fr


a n a ly s e

des comics

à l’écran

stéréotypes difficilement réversibles Gotham, Agent Carter, The Flash et Constantine : les super-héros de la saison 2014/2015 ont débarqué sur nos écrans. Mais au-delà des luttes intestines et des pouvoirs surnaturels, quelle vision de la féminité et de la masculinité nous transmettent-elles ? Correspondent-elles à une ­vision moderne ?

par JEAN-FRANCOIS CHARTRAND-DELORME photo constantine / DC Comics

28

Depuis 2009 et l’achat de Marvel par

pour cette saison, quatre adaptations

conception des sexes est pour le moins

la Walt Disney Company pour la farami-

ont été proposées par les networks :

dépassée, d’autant plus que le public-

neuse somme de 4,3 ­milliards de ­dollars,

Gotham (Fox), Constantine (NBC), Agent

cible de ces fictions est ­relativement

les films de super-héros pullulent et

­Carter (ABC) et The Flash (The CW). Si les

jeune et donc, moins enclin à accepter

font exploser le box-office, entre autres

effets spéciaux sont à deux doigts d’éga-

positivement les s­ téréotypes. Les quatre

­Captain America, Hulk, ­Spider-Man, Thor,

ler en qualité ceux que l’on retrouve sur

séries énoncées ­ci-dessus usent de plu-

Avengers. La suite logique est ­l’adaptation

grand écran, reste que les super-héros

sieurs stratagèmes : il y a les gagnantes,

des aventures de ces super-héros à la

­choisis ont été créés à une autre époque

les perdantes et celles qui ­malgré de

télévision, ­d’autant plus que ces ­histoires

où l’homme (blanc) avait pour mission

bonnes intentions nous mettent devant

se déclinent ­aisément sur plusieurs

de sauver la veuve et l’orphelin (même

le fait accompli : sauver l’humanité est

­épisodes, voire plusieurs saisons. Ainsi,

cette ­expression est désuète !). Cette

une affaire d’homme.



a n a ly s e d e s s t é r é ot y p e s d i ff i c i l e m e n t r é v e r s i b l e s

Gotham : quand la sexualité définit Les héros masculins Coup de théâtre lorsque le s­ ynopsis de Gotham a été dévoilé : le célèbre ­protecteur de Gotham City sera absent ou presque. En effet, Bruce Wayne, alias ­Batman, n’est qu’un préadolescent au début de la série. On assiste donc à la genèse du super-héros ou plutôt de celle des anti-héros du comic. ­Admettons-le, ce qui fait le charme des oeuvres de Bob Kane et Bill Finger, ce sont les méchants hauts en couleur. Psychopathes, excentriques et d’un machiavélisme sans bornes, on nous propose ici un petit retour en arrière avec une ­narration déterminée à nous montrer comment, et ­surtout pourquoi, avec leurs fortunes, leurs ­gadgets et leurs ­personnalités ­grotesques, ils feront la pluie et le beau temps sur Gotham. On découvre que

Robin Lord Taylor (Oswald Cobblepot) et Carol Kane (Gertrud)

30

et sexuelle absente ou peu satisfaisante et

Oswald à la fois pleutre et sans pitié.

aux plaisirs de la chair, ultime péché de

que cette carence est en partie à ­l’origine

Deux autres personnages masculins

la part d’une femme. C’est ainsi que le

de leur mégalomanie. Pire encore, les

entretiennent une relation amour/haine

mythe du Joker est né.

femmes de leur entourage ou de leur

envers le sexe opposé. Edward Nygma

À l’opposé, nous avons le personnage

enfance sont indirectement responsables

(qui deviendra l’Homme-mystère) tra-

principal, James Gordon. Policier, c’est le

de leur dégénérescence.

vaille en tant que médecin légiste pour

seul à entretenir des relations à peu près

Prenons en premier lieu l’exemple du

la police de Gotham. Son attitude nerd et

normales avec les femmes. Jusqu’ici, il a

Pingouin, Oswald Cobblepot. ­Chétif,

ses devinettes énervent tous ses collègues

eu deux petites amies dont la dernière,

­boiteux, extrêmement laid, il est l’objet de

qui ne se gênent pas pour le traiter en

Leslie Thompkins. James l’adore, mais

­moqueries de la part de ses c­ ongénères.

sous-fifre. Être humilié par ses ­acolytes

leur relation commence à battre de l’aile

D’une hypocrisie ­éhontée, il tourne sans

­m asculins passe encore, mais c’est

justement lorsque celle-ci lui annonce

cesse sa veste au plus offrant et en vrai

lorsque sa ­collègue de travail, Kristen,

qu’elle travaillera avec lui au poste de

psychopathe, il n’éprouve ­d’empathie

rejette avec dédain ses avances, en face

police en tant que médecin légiste. Mis

pour personne. En raison de son

d’autres hommes, que c’en est trop pour

devant le fait accompli, la première chose

­apparence physique, on peut ­deviner qu’il

Edward alors que jusqu’ici on ne voit

qu’il cherche à faire est de cacher leur

est rejeté par ses pairs depuis ­l’enfance.

aucune autre raison qui le ferait b ­ asculer

relation, non parce qu’il a honte d’elle,

Jamais au cours des épisodes, il ne mani-

dans une éventuelle folie.

mais parce que la tendresse dont il fait

feste le moindre i­ntérêt envers la gent

Dans la même veine, l’épisode 16 tourne

habituellement preuve à son égard est

féminine à ­l’exception de Gertrude, sa

autour du meurtre d’une saltimbanque.

apparemment difficilement conciliable

mère qu’il vénère. Portrait craché d’une

L’enquête révèle que c’est son fils, Jerome,

avec l’image du policier autoritaire qu’il

Norma D ­ esmond, star égocentrique du

qui a commis l’irréparable. Père absent,

tente de se donner lorsqu’il est entouré

cinéma muet et oubliée de tous dans

sa mère se prostituait et c’est la raison du

de ses collègues masculins. Le message

­Sunset ­Boulevard, elle vit dans le passé

crime. La scène s’achève sur un plan du

est clair : l’amour, synonyme de fai-

et ne traite pas son fils en homme, mais

jeune homme au sourire machiavélique

blesse, porte atteinte à la masculinité et

en petit garçon. Cette castration fictive

qui justifie son acte du fait que sa mère

les femmes sont bien mieux ailleurs, à

a opéré au fil du temps et a donné un

devait être punie pour avoir succombé

la maison par exemple.

jessica miglio / fox

tous ces malfrats ont une vie affective


Agent Carter : l’exception qui confirme la règle

ait été soupçonné d’avoir vendu une

contenter le t­ éléspectateur c­ ontemporain

arme moléculaire aux ennemis des États-

qui n’a pas envie de voir évoluer une

L’univers de Marvel et DC Comics

Unis. Il lui demande de le disculper, mais

­midinette à l’écran.

regorgent de super-héros masculins

pour ce faire, elle doit opérer en cachette,

C’est là qu’est tout le paradoxe, parce

si bien qu’il y avait de quoi se réjouir

d’une part parce que ses collègues sont

qu’on doute justement que le personnage

lorsque ABC a annoncé qu’elle d ­ iffuserait

persuadés de la ­culpabilité de Stark et

aurait pu évoluer dans notre décennie.

une série se focalisant sur une femme

d’autre part, parce que s’ils étaient au

Peggy est aussi, sinon plus, compétente

dans un univers de super-héros : Agent

courant, ils tiendraient à mener l’enquête

que ses acolytes masculins en partie

­Carter. Pour que ce projet prenne forme,

eux-mêmes.

parce que c’est une femme. Au début de la

il a fallu dénicher ce personnage très

Ici, le subterfuge fonctionne à merveille,

série par exemple, elle se métamorphose

­secondaire qui a évolué notamment dans

parce que le personnage évolue dans les

en femme fatale, enfile une perruque

l’ombre de Captain America, inventer

années 40. En tant que ­téléspectateurs,

blonde à la Veronica Lake et se sert de ses

de toutes pièces un scénario, et ce, pour

nous trouvons normal qu’elle ait à subir

charmes pour soutirer des informations à

une série limitée. La série démarre après

les remarques sexistes de ses c­ ollègues

un malfrat qui est à mille lieues de la sus-

la Seconde Guerre mondiale alors que

et qu’elle fasse profil bas pour mener à

pecter et le plan fonctionne à merveille.

Peggy Carter qui fut agent lors du conflit

bien ses enquêtes, précisément parce

Un homme aurait pu arriver au même

doit désormais se contenter d’un emploi

qu’on est à une autre époque. En nous

résultat, mais ­assurément pas de la même

de secrétaire au SSR (Strategic Scientific

présentant Peggy comme étant à la

façon. Une question s­ ’impose : est-ce que

Reserve). Un jour, l’inventeur Howard

fois attachante, courageuse et passant

l’agent Carter serait arrivée au même

Stark fait appel à ses services après qu’il

haut la main le test de Bechdel, on vient

résultat si elle n’était pas aussi belle ?

agent carter / abc

Encore une fois, il faut rappeler qu’on

« le subterfuge fonctionne à merveille, parce que le personnage évolue dans les années 40. »

est dans les années 40. Malgré un talent hors pair pour déjouer ses ennemis, elle reste quand même « esclave » de la mode de son temps, si bien qu’elle nous est toujours ­présentée bien ­coiffée, maquillée, en tailleurs moulants et talons-aiguilles. Bref, une féminité jusqu’au bout des ongles à peine désuète de nos jours, mais qui se j­ ustifie mieux dans un contexte un peu plus lointain. Enfin, l’autre point qui joue en faveur de Peggy est qu’à cette époque, on comptait peu d’espionnes, donc celles-ci étaient plus efficaces, parce que peu ­suspectées. Carter tire sa force du fait qu’elle est unique. Il serait i­ntéressant de voir ­comment évoluerait la ­représentation de la féminité dans un concept regroupant ­plusieurs héroïnes : l’équivalent des X-Men, mais on n’en est v ­ raiment pas là. Pour le moment, plus de 90 % des super-héros sont des hommes. Un ­équivalent féminin, même campé à notre époque sera toujours en partie défini par son charme et sa féminité en raison de

Hayley Atwell (Peggy Carter)

sa marginalité et d’une certaine fierté des scénaristes.

31


a n a ly s e d e s s t é r é ot y p e s d i ff i c i l e m e n t r é v e r s i b l e s

Constantine : l’échec des networks Des quatre projets lancés cette saison, Constantine est sans conteste le plus

« cette omission volontaire est malencontreuse, la sexualité du protagoniste a son importance »

décevant, autant d’un point de vue

32

­critique que populaire. Trois millions

évolue tel un loup solitaire, sauf quand

Comme le rappelle Cerone, Constan-

de téléspectateurs en moyenne pour

il cherche de l’affection, masculine ou

tine est diffusée sur NBC, chaîne

une saison de treize épisodes, la série

féminine, peu importe puisqu’il est

publique qui doit rassembler un large

a de grosses chances d’être annulée,

bisexuel. Or, l’été dernier, le ­producteur

­auditoire afin de récolter le plus d’argent

bien que NBC ne se prononcera pas sur

exécutif de Constantine, Daniel Cerone

­possible de la part des ­publicitaires.

le sujet avant mai. Les raisons de cet

a confirmé que le personnage à l’écran

Ainsi, de peur d’en choquer quelques-

échec sont multiples, mais dans le cadre

interprété par Matt Ryan ne le serait

uns, la sexualité, surtout lorsqu’elle

de cet article, il importe de s­ ’attarder

pas, pour cette raison : « Dans ce tome

est ­considérée comme « n ­ ’entrant pas

sur l’une d’entre elles : l­’orientation

de trois décennies [de comics], il doit y

dans la norme », reste taboue si bien

sexuelle de son protagoniste qui a créé

avoir un ou deux numéros où on le voit

que les personnages ­principaux appar-

une mini-controverse avant même que

au lit avec un homme ». Certes, ce n’est

tenant à la ­communauté LGBT sont

la série ne soit diffusée.

pas ce qui ressort le plus du ­personnage

pratiquement absents à l’écran. Cette

C’est dans les comics titrés Hellblazer

de ­Hellblazer, et il est vrai que dans la

­omission volontaire est malencontreuse

créés dans les années 80 que John

série, on accorde peu de temps à sa vie

puisque la sexualité du ­protagoniste

Constantine évolue en tant qu’exorciste

affective.

ici a son ­importance, parce qu’elle

qui se promène d’un bout à l’autre des

Le problème avec Constantine n’est pas

vient ­renforcer son image rebelle, de

États-Unis, chargé d’éliminer ceux qui

de le voir coucher avec des femmes,

quelqu’un qui appartient à la contre-

veulent s’en prendre aux innocents.

mais bien qu’on ait décidé de ne pas

culture, qui s­ ’assume ­pleinement et

Cet anti-héros par excellence qui a vu

le m ­ ontrer faire de même avec des

qui n’a surtout de comptes à rendre à

tant d’horreurs au cours de sa carrière

hommes. Censure ? Pratiquement.

personne.


warner bros.

Conclusion avec un peu d’espoir : The Flash

son temps. Quêtes hebdomadaires

télévision dans les années 90 sur ABC par

bien rodées, effets spéciaux réussis;

un John Wesley Shipp à la musculature

Ce que l’on retient avec ces trois séries

c’est son personnage principal, Barry

imposante correspondant aux standards

est que les clichés lorsqu’il s’agit d’adap-

Allen, et ­surtout son interprète, Grant

du super-héros. Grant Gustin rejoint

tations de comics à l’écran sont coriaces.

­Gustin, qui est à l’origine de ce succès.

davantage l’auditoire auquel on s’adresse

Les conflits qui opposent le bien et le

Le p ­ rotagoniste que l’on voit évoluer sur

et ce pari rapporte, puisque trois mois

mal sont une affaire d’homme. C’est

notre écran depuis 2014 sort à peine de

après sa première diffusion, The CW a

uniquement du point de vue maternel

­l’adolescence. Adoptant un look casual,

annoncé que la série ­connaîtrait une

ou sexuel que les femmes parviennent

il passe inaperçu auprès de ses pairs.

seconde saison. Là se trouve assurément

à influencer le parcours de ces demi-

Timide en amour, il manque de confiance

la clé du futur quant à la représentation

dieux ou demi-démons. Constantine peut

en soi, et fait rare, dans les trois premiers

de nos super-héros à la télévision : une

­dormir sous les ponts si ça lui chante

épisodes, on le voit pleurer à plusieurs

authenticité qui s’éloigne des archétypes.

ou s­ ’avérer peu soucieux de sa santé

reprises, que ce soit lorsqu’il rend visite à

ou de son hygiène. L’équivalent serait

son père en prison ou lorsqu’il pense à sa

­difficilement ­envisageable pour l’agent

mère décédée alors qu’il était enfant. Par

­Carter qui en plus d’être compétente dans

contre, jamais cette sensibilité a ­ ffichée

ce qu’elle fait, se doit d’être coquette et

ne nuit à ses missions.

séduisante.

Cette image du héros contraste forte-

Il y a peut-être un peu d’espoir avec

ment avec le Flash créé dans les années

The Flash qui est plus en phase avec

40 et interprété une première fois à la

Grant Gustin (The Flash)

John Wesley Ship


The Defenders

2

The Flash

Krypton

0

Constantine

Luke Cage

2

Gotham

Quelle est votre série adaptée d’un comic book préférée ? 4 % 2 % Série adaptée d’un comic 20 % book la plus attendue 14 %

SÉRIES

RÉSULTATS

Daredevil

24

Supergirl

7

A.K.A. Jessica Jones

12

12 %

Titans

2

The22 % Defenders

2

Krypton

0

Luke Cage

2

Série adaptée d’un comic bo SÉRIES

Agent Carter Agent Carter The Walking Dead The Walking Dead Agents of S.H.I.E.L.D. Arrow Agents of S.H.I.E.L.D. The Flash Arrow Constantine The Flash Gotham Constantine Gotham

24 %

4 % 2 % Comme le montre le sondage ci-dessus, vous êtes plutôt par4 % 20 % 4 % tagés quand il s’agit de nommer 14 %votre série préférée adaptée 4 % d’un comic. En effet, c’est Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. qui

sont donc plus plébiscitées par les lecteurs du magazine que les séries DC Comics. Concernant la série adaptée d’un comic que

vous attendez le plus (résultats ci-dessous), c’est D ­ aredevil qui Agent Carter remporte le plus de votes, suivi de très près par Arrow, puis remporte largement laWalking majorité des votes (disponible depuis The Dead Daredevil Agents of S.H.I.E.L.D. Agent Carter.Viennent ensuite, quasiment à égalité, The Flash le 10 avril sur Netflix).Ensuite, on retrouve A.K.A J­ essica Jones, Supergirl Arrow A.K.A. Jessica Jones Titans, Luke Cage et et The Walking Dead, suivies de très loin par Constantine et 12 % suivie de Supergirl. Les trois dernières, The Flash 24 % 49 % Titans Gotham qui remportent très peu de votes. Les séries Marvel The Defenders, se p ­ Constantine artagent les quelques votes restants. The Defenders 22 % Gotham Krypton Luke Cage

24 %

Quelle est la série adaptée d’un comic book que vous attendez le plus ? 14 %

4 %

4 %

24 %

49 %

14 %

34

4 %

Daredevil Supergirl A.K.A. Jessica Jones Titans The Defenders Krypton Luke Cage

RÉS


critique

l i v e d e r a D e l g u e v a e ic t s u la j

Avocat le jour, Matt Murdock lutte contre l’injustice dans le quartier new yorkais de Hell’s Kitchen. Pour y arriver, il doit ­arborer, la nuit, le costume du fameux justicier, Daredevil. ­Série adaptée des comics Marvel éponymes, diffusée sur Netflix, dé­ couvrez ici la critique de la première saison. par maxime pontois

35


critique

daredevil, la justice aveugle

Arrow, The Flash, Marvel’s Agents Of S.H.I.E.L.D., Gotham ... Le petit écran accueille de plus en plus de séries de super-héros adaptées des comics de DC et Marvel. En apprenant l’arrivée de cinq nouvelles séries de justiciers produites par Netflix, j’étais très sceptique. J’avais peur que toutes les séries de ce genre finissent par se ressembler, mais j’avais tort. Daredevil, qui ouvre le bal des séries de Netflix se différencie totalement des autres et ce, dans le bon sens du terme.

Le Pilote « Into The Ring » Je n’ai pas vraiment accroché au pilote de Daredevil, comme s’il manquait quelque chose pour le rendre ­vraiment bon, mais je me suis vite rendu compte au fur et à mesure des épisodes que la

Charlie Cox (Matt Murdock)

« le mythique combat du couloir tourné en une prise avec un style à la old boy »

série s’améliorait énormément. Le pilote est assez flou, mais si vous vous a ­ ttendez

qu’il a des faiblesses, ce qui ­l’humanise

nuances de rouge rappelant le costume

à savoir le p ­ ourquoi du c ­omment

grandement.

du héros, le rendu est très e ­ sthétique.

Matt ­Murdock est devenu un justicier,

Les Combats

une réelle introduction au p ­ ersonnage

Les scènes de combat de ­Daredevil

­masqué. Le Daredevil en costume rouge

sont beaucoup plus dynamiques,

La musique n’est pas présente en excès.

que nous c­ onnaissons des comics et du

­impressionnantes et violentes que celles

Elle est là lors des moments d’émotion

génial film avec Ben Affleck (Vous y avez

de ­n’importe quelle autre série du genre.

et de combat, tout en se faisant discrète.

cru hein ?!) n’est pas vraiment ­présent

Ces scènes me rappellent b ­ eaucoup

Je trouve qu’elle se marie bien avec

cette s­ aison, Matt Murdock est juste

­B anshee (Cinemax) et ses ­ c ombats

­l’ambiance de la série, son côté sombre

« The M ­ asked Man » tout comme O ­ liver

­remplis de testostérone. La ­réalisation

et mystique convient très bien au genre,

Queen était « The Hood » au début de

et les cascades de ces scènes sont

ce qui me fait parfois penser à Heroes

Arrow. Ce pilote de Daredevil fait ­partie

­vraiment ­impressionnantes, ­notamment

(NBC) et Lost (ABC).

d’un tout, il n’a pas vraiment de sens

le mythique c ­ ombat du couloir qui

si l’on ne regarde pas toute la saison.

­clôture le d ­ euxième épisode, tourné en

Il sert ­d’introduction aux personnages

une prise avec un style à la Old Boy. Les

Savant mélange entre série policière

­principaux et à la m ­ otivation p ­ rincipale

plans serrés sont ­monnaie courante lors

et justicière, cette série a su trouver un

du héros, sauver Hell’s Kitchen.

de ces scènes, ce qui les rend encore plus

équilibre parfait pour Netflix. Avocat le

L’introduction du personnage est

dynamiques et nous amène au coeur de

jour et justicier la nuit, Matt Murdock

­originale. Quand la série commence, Matt

­l’action avec le personnage.

a deux occupations et on découvre les

à faire régner la justice. On découvre

amplifiés.

Le Mélange des Genres

deux côtés. Certains épisodes sont mêmes

porte déjà son masque noir et ­commence

36

rappeler le don de Matt qui a les sens

Le Générique et la Musique

davantage du genre judiciaire où les

son passé grâce à des f­ lashbacks, comme

La musique du générique est digne

talents d’avocat du héros sont mis en

l’accident qui l’a rendu aveugle. Matt

d’un film de justicier, battements de

avant. Les combats sont dynamiques et

­Murdock est orphelin mais le personnage

coeur et violons qui accélèrent jusqu’au

les dialogues peuvent paraitre long pour

ne ressent pas le besoin de le rappeler à

climax où on entend deux battements de

une série de super-héros, mais c’est ça

chaque épisode contrairement à d’autres

coeur et on y découvre « Daredevil ». Le

qui la différencie des autres. Le rythme

séries. Enfin, dès le début Matt montre

générique dure une minute, il joue sur les

global, plutôt lent, nous permet d’en

barry wetcher / netflix

­regardez la saison entière, car c’est

Les battements de coeur ne sont pas sans


Woll), leur secrétaire qui amène une bonne touche d’humour et d’émotions. Les personnages secondaires, comme ­l’infirmière Claire, jouée par Rosario ­Dawson et le journaliste Ben, jouée par Vondie Curtis-Hall, sont bien développés, ce qui nous permet de nous y attacher. Enfin, comment parler de Daredevil sans parler de l’antagoniste de la série, le ­charismatique et massif, « celui dont on ne doit pas prononcer le nom » ­Wilson Fisk. Homme troublé et troublant, Vincent d’Onofrio joue un puissant ­gangster ­torturé, comme on en a ­rarement vu, à la fois romantique et ­terrifiant. Le Némésis Vincent D’Onofrio (Wilson Fisk)

de Daredevil joue un rôle très ­important

­découvrir davantage sur les personnages.

étant un fervent c­ atholique tourmenté

l’écran ou non. Il est entouré d’autres

Il n’y a pas un antagoniste par épisode,

par ses péchés futurs et passés.

gangsters très p ­ uissants, mais si Hell’s

mais un seul sur toute la saison, que Matt

On peut aussi se pencher sur l’ambiance

Kitchen était un jeu d’échecs, Fisk serait

essaie de stopper en enquêtant avec et

tendue lors des conversations entre les

sans nul doute le roi.

sans son masque. Étonnamment, dans

différents antagonistes de Hell’s Kitchen.

sa p ­ rogression, la série me fait parfois

Le justicier mettant leurs nerfs à rude

J’ai tendance à comparer cette série

penser à Breaking Bad (AMC).

épreuve, leur alliance semble très fragile.

aux séries de super-héros présentes

Par ailleurs, cette série ne fait pas très

Un élément original qui m’a ­vraiment

sur The CW, The Flash et Arrow, mais

« super-héros », Matt est aveugle et a les

marqué, est la forte présence des ­langues,

elles ne sont pas vraiment ­comparables.

sens surdéveloppés, mais ne peut pas

espagnol, russe, japonais ou encore

The CW cible principalement un public

lancer des lasers avec ses yeux ou cou-

chinois, un personnage étranger qui

a dolescent, ce qui rend les séries ­

rir à la vitesse supersonique. On n’a pas

ne parle pas forcément bien anglais va

plus é ­ dulcorées et fantastiques. Les

­forcément envie d’être comme lui

­s’exprimer dans sa langue, ce qui rend

­super-pouvoirs sont également ­présents

contrairement à Flash ou Superman. Cela

la série plus fidèle à la réalité.

dans ces deux séries, ce qui joue plus sur le côté irréel, alors que ­Daredevil est

dit, c’est ce qui rend la série plus réaliste. Enfin, on ne peut pas oublier que

barry wetcher / netflix

Les Acteurs et Personnages

dans la ­réalité et s’adresse à un public

­Daredevil fait partie du monde de M ­ arvel,

Matt Murdock est interprété par un

de nombreuses références et clins d’oeil

excellent Charlie Cox, rien à voir avec

Pour finir, si vous ne savez pas quoi

à d’autres héros sont é ­ parpillés dans

la mauvaise prestation de Ben Affleck

­regarder en ce moment, foncez voir

­certaines scènes, à vous de les retrouver !

dans le film Daredevil. Je l’imaginais

cette série, déjà commandée pour une

­difficilement interpréter un ­justicier

saison 2, elle remporte tous les suffrages

aussi tourmenté, alors qu’au final,

auprès des fans. Sans oublier que cette

Daredevil sévit principalement la nuit

il est très bon dans ce rôle, adoptant

série ouvre la porte aux autres séries de

et le personnage est aveugle, donc autant

­parfaitement les différents gestes des

­Marvel sur Netflix, tel que p ­ rochainement

dire que l’ambiance est plutôt sombre, ce

malvoyants.

en 2015, Marvel’s A.K.A. Jessica Jones

qui est en accord avec les thèmes abordés.

Les autres personnages sont en ­général

qu’on espère être d’aussi bonne qualité

Dans toute cette ­noirceur, on trouve une

plutôt bien interprétés, comme le

que ­Daredevil. Et surtout n’oubliez pas,

pointe d’humour à travers le personnage

­personnage de Foggy, joué par Elden

faites ­attention en traversant, on ne sait

de Foggy qui est toujours là pour lâcher la

­Henson, le meilleur ami de Matt avec

jamais, un camion de transport chimique

phrase qui vous fera sourire. La réligion

qui il a ouvert le cabinet d’avocats N ­ elson

­pourrait vous renverser et décupler l’un

est également abordée, Matt Murdock

& Murdock, ou Karen (Deborah Ann

de vos sens ...

L’Ambiance

randy holmes / abc

dans la série, omniprésent, qu’il soit à

plus mature.

37


c r i t i q u e p i lo t e

izombie ou quand veronica mars devient une morte-vivante

38

Le 17 mars 2015 débutait iZombie, sur

trop r­ apidement dans l’épisode pilote.

planche de bandes dessinées, un clin

The CW, adaptation des comics du même

Alors qu’il aurait été intéressant de s’at-

d’oeil évident au support d’origine. Le

nom, créés par Chris Roberson et Moke

tarder sur la t­ ransformation que vivait

casting est aussi de bonne tenue, un point

Allred. Nous devons cette nouvelle série

la jeune femme, la série a ­préféré jouer

qui effraie toujours un peu quand il s’agit

fantastique à Rob Thomas, le papa de

sur l’ellipse et nous montrer de suite son

des créations de la chaîne. On retrouve

Veronica Mars.

­quotidien. Le ­premier ­épisode ­installe

tout de même quelques acteurs connus

La série s’attache au destin d’Oliva

alors le f­ ormat que devrait prendre la

de The CW (un de One Tree Hill et une de

Moore, dit « Liv », une jeune étudiante

série tout au long de sa s­ aison : une

Hellcats notamment), pour un ensemble

en ­médecine qui va se transformer en

affaire à résoudre par épisode avec, en

de personnages ayant malheureusement

­zombie après une fête qui tourne mal.

toile de fond, la vie ­personnelle de Liv

tous à peu près le même âge, The CW ne

Elle est désormais l’assistante du méde-

qui doit se faire à sa nouvelle c­ ondition,

prenant pas le risque d’étirer la tranche

cin légiste et aide le détective Clive

­pendant que son patron tente de t­ rouver

d’âge de ses personnages.

Babineaux à résoudre des affaires de

un remède. Le problème ­récurrent avec

Reste à savoir dans quelle direction

meurtres. En effet, en se nourrissant du

ces séries jouant fortement sur un côté

iZombie va s’orienter et si elle exploi-

cerveau des victimes, elle acquiert leurs

« stand-alone » vient de ­l’irrégularité

tera son potentiel pour devenir une

souvenirs.

­annoncée des épisodes. Une affaire

série f­ antastique originale et innovante,

Les fans du travail de Rob Thomas sur

criminelle moins intéressante viendra

au-delà du simple procédural.

Veronica Mars devraient apprécier sa

forcément jouer sur la qualité finale de

nouvelle création, du fait de points

­l’épisode. Celle du pilote est d’ailleurs peu

communs indéniables entre les deux

­passionnante et manque ­d’originalité.

séries. On retrouve un ton quelque

C’est d ­ ’autant plus d ­ ommage dans une

peu cynique, soutenu par la voix-off

série de ce type, qui attire aux premiers

de l’héroïne, ainsi qu’un goût certain

abords par son synopsis surprenant et

pour les affaires ­criminelles. La série

jamais vu. Seule la suite pourra confir-

se détache néanmoins de son aînée

mer, ou non, que le caractère ­fantastique

grâce à son appartenance au genre

du récit est réellement utile, et non un

­fantastique p ­ lutôt bienvenu, donnant au

prétexte pour une énième série ­policière.

­programme un vrai cachet original. Elle

Heureusement, un semblant de fil rouge

propose de nous livrer sa propre version

semble déjà s’installer vers la fin de

du thème des morts-vivants (Des êtres

­l’épisode avec le personnage incarné

déjà ­récemment mis en scène dans des

par David Anders (Alias).

séries comme The Walking Dead, In The

Formellement, la série est intéressante

Flesh en A ­ ngleterre ou Les Revenants en

dans ses nombreux renvois aux comics

France). On peut alors regretter que la

originaux. Ainsi, les transitions ou le

« ­zombification » de Liv soit balayée bien

générique prennent la forme d’une

warner bros

À l’heure où les séries policières envahissent de plus en plus le paysage audiovisuel, iZombie décide de montrer le bout de son nez en proposant une série originale, rafraîchissante et osée, permettant d’allier fantastique et policier de manière intelligente.


powers la renaissance d’un genre

sony pictures

Arrow, The Flash, Heroes ou encore Smallville sont des séries de super-héros qui partent toutes du même postulat de départ, à savoir l’utilisation de super-pouvoirs pour combattre le mal. L’arrivée récente de Powers permet un renouvellement du genre grâce à une série originale qui se démarque rapidement de ses consœurs. L’adaptation des comics américains

Dans le monde de Powers, ­fantastique,

super-héros étant des stars adulées,

Powers a été un parcours du combattant

haut en couleurs et dure réalité se

icônes de la télévision.

de près de quinze ans. Prévu ­initialement

côtoient pour créer un univers original,

Malgré un univers plutôt attrayant

pour être un film en 2001, le projet est

unique et pop, flirtant plus d’une fois

(­pouvant néanmoins rebuter aux pre-

ensuite annoncé sous forme de série

avec un cheap clairement assumé. Loin

miers abords, surtout si vous ­n’aimez

pour une diffusion sur FX en 2012. Son

des tendances actuelles qui cherchent le

pas les séries de seconde zone), Powers

développement a cependant été stoppé

plus souvent à assombrir la ­thématique

pêche dans son écriture, l’exposition de

suite au départ de deux acteurs et à des

du super-héros, Powers développe

ses ­personnages et ses enjeux, ainsi que

désaccords sur le pilote. Ce n’est que

­davantage ­l’aspect ­cartoonesque du

dans son rythme. Sa double ­casquette,

cette année que la série, créée par Brian

sujet. Les êtres surhumains s’amusent

entre série de super-héros et série

Michael Bendis et Michael Avon Oeming,

de leurs pouvoirs, vêtissent des tenues

­policière, proche du polar, n’emballe

est finalement diffusée sur Playstation

fluos et se donnent des noms classiques

pas autant que l’on pourrait le p ­ enser.

Network. Il s’agit de la première série

de super-héros. À l’opposé, les « vilains »

­L’ensemble manque malheureusement

originale proposée par ce service. En

sont reconnaissables en un clin d’oeil,

de structure, si bien que l’on se demande

France, c’est sur OCS Choc que l’on peut

plus sombres et moins fun.

souvent où la série veut nous emme-

également la retrouver.

Néanmois, la série n’oublie pas de

ner. La mise en scène est, elle aussi,

Reprenant le concept des comics

se révéler plus sérieuse, à travers

plutôt pauvre, de même que les effets

­d’origine, Powers propose de suivre

­notamment son personnage principal.

­spéciaux, très simplistes, qui rejoignent

deux inspecteurs de police de la d ­ ivision

Sa ­coéquipière désamorce généralement

le côté ­cartoonesque ­évoqué plus haut. Le

« Powers », chargés d’enquêter sur des

son ­caractère grave, le duo central étant

­casting est quant à lui de bonne qualité.

affaires ­impliquant des individus dotés

basé sur la mécanique assez commune

Il n’y a plus qu’à espérer que Powers

de super-pouvoirs. En effet, la série pré-

de la ­rencontre des contraires.

­réussira durant sa première saison à

sente une société où personnes ­ordinaires

En choisissant de faire de ­Christian, une

­proposer plus qu’un simple univers

et êtres surhumains ­cohabitent. Le

ancienne célébrité redevenu un être ordi-

­original, et qu’elle parviendra donc à

­personnage principal, Christian Walker,

naire depuis la perte de ses ­pouvoirs,

déployer tout son potentiel.

a d’ailleurs la s­ pécificité d’être un ancien

la série se permet de ­développer l’un

super-héros ayant perdu ses capacités

de ses aspects les plus intéressants :

Critiques de iZombie et Powers écrites

surhumaines.

son ­caractère quasiment « méta », les

par Cross Over US.

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