l’édito Les séries adaptées de comics ont envahi nos écrans ces dernières années. C’est l’occasion pour nous de revenir sur ce phénomène, avec trois articles de fond, trois critiques sur des séries diffusées récemment, l’interview de David RAMSEY, jouant actuellement dans Arrow et l’interview de Blake NEELY, compositeur pour plusieurs séries adaptées de comics. Nous vous souhaitons une bonne lecture.
sommaire
06
de la divergence dans la narration
12
interview de blake neely compositeur sur Arrow, The Flash et Supergirl
16
superman en séries une présence constante à la télévision
22
interview de david ramsey l’interprète de diggle dans arrow
28
des comics à l’écran des stéréotypes difficilement réversibles
35
le coin critique daredevil, izombie et powers
More MORETV TV
Contributeurs
Thomas WACHNICKI
Maxime Pontois
Globetrotter et étudiant en dernière année de
Depuis 3 ans, je gère le site SmallThings, critiquant
Bachelor de Management International, je rêve
autant les films que les séries avec plusieurs autres
de devenir un jour producteur. J’ai commencé à
rédacteurs. Ma passion pour Superman m’a poussé
être addict aux séries télévisées avant même de
à créer Man Of Screen, site entièrement dédié aux
savoir compter jusqu’à 10. Retrouvez mes tweets
adaptations de S uperman sur les écrans. Je prépare
de s ériephile sur @MrChirac. Sur ce, je vais manger
aussi un d ocumentaire sur le phénomène
un steak. C ordialement, Ron Swanson.
X-Files en France.
Julien lesbegueries
Jean-François chartrand-delorme
Fan de séries internationales, je suis diplômé en
Multidisciplinaire, sérivore invétéré, bloggeur
études cinématographiques et en communication
motivé sur Geeks and Shows, twittos irrégulier,
à l’université Concordia. Je travaille actuellement
apprenti sorcier juriste tout en rêvant de devenir
à Radio-Canada; un terreau de création s’il en
journaliste, animateur/ crieur public à la radio.
est un. En 2012, j’ai créé mon propre site web :
Bref, honoré d’écrire pour vous dans ce magazine.
evaluateurenseriestv.com, où je critique avec
En espérant que ça vous plaise !
passion les nouvelles fictions. Mon objectif assez audacieux : tout voir !
Prutha S. Patel
Cross Over US
Prutha S. Patel est une fervente adepte de
Amis depuis maintenant plus de dix ans, Typh et
beaucoup de choses et a grandi en entendant
Alex, véritables passionnés de séries télévisées,
sa mère lui répéter sans arrêt qu’elle regardait
ont mis au monde Cross Over US. Ce blog, âgé de
tout simplement trop de films et de séries
six ans, leur permet de partager leur passion avec
télévisées. Mais au lieu d’écouter sa mère, elle a
les internautes, grâce à des critiques et analyses
décidé de p longer encore plus dans cet univers
quasi-quotidiennes de séries au rythme de leur
en déménageant sur le côte ouest des États-
diffusion.
Unis pour é tudier le droit à Los Angeles. Prutha aspire à devenir une avocate spécialisée dans le divertissement, et espère apprendre autant qu’elle le peut de ce vaste de domaine et des personnes
L’équipe
incroyables qu’elle r encontre et rencontrera tout
Directeur de rédaction - Jérôme Raffin
au long de ses études. Heureusement pour elle,
Rédactrices en chef - Mélanie Seree, P rutha S. Patel
cela ne dérange plus ses parents qu’elle soit autant
Directeur artistique - Jérôme Raffin
passionnée par ce milieu là, et ils la s outiennent
Relations publiques - Mélanie Seree
quelque soit ses décisions.
Relations internationales - Prutha S. Patel Correcteurs - Aude Métayer, Mélanie Seree Traducteurs - Marine Uldry, Cindy Thibaut, Lucie Barrault, Damien Choppin, Anne-Lise Kontz et Dieuwertje Toereppel
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a n a ly s e
De la divergence dans la narration
Dans la grande majorité des séries adaptées de comics, on retrouve la même caractéristique : les scénaristes prennent des libertés par rapport au support original. Que ce soit par manque de moyen, manque d’ambition ou pour une volonté artistique claire, le fait est que les deux œuvres divergent. par Julien Lesbegueries photo gotham/warner bros
6
C’est bien connu, une partie de
suffisamment bien retranscrite dans
représentent une source d’inspiration
ceux qui lisent des comics détestent les
une oeuvre télévisuelle, ce qui constitue
conséquente et surtout un pari presque
adaptations en séries de leurs oeuvres
le crime absolu : la dénaturation. Cas
gagné d’avance pour les chaînes. Pour le
préférées. La plupart se sentent trahis
rare, mais dont nous sommes les témoins
moment, le public est friand de ce genre
par les scénaristes, leur reprochant de
en ce moment, des séries ne se basant
d’histoires, mais jusqu’à quand ?
prendre trop de libertés avec l’oeuvre
que sur un u nivers, et non un comic ou
originelle, celle qu’ils ont aimé. Il est
un héros en p articulier. Par exemple,
vrai que bon nombre d’adaptations
Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. et Gotham.
Pourquoi diverger de l’oeuvre première ?
en séries, comme en films d’ailleurs,
L’une sert de support à l’univers ciné-
L’inspiration peut venir d’un person-
oublient, volontairement ou pas, certains
matographique de Marvel, tandis que
nage en particulier (Arrow, Constantine)
éléments de l’histoire. Pire, il arrive
l’autre s’apparente à un prequel d’un uni-
ou d’une histoire définie (The Walking
que l’ambiance d’un comic ne soit pas
vers cinématographique. Mais les comics
Dead). Il arrive très souvent que ces
diverses et variées. L’une des premières raisons est le fait que beaucoup des comics adaptés sont des oeuvres qui ont
« une œuvre est avant toute chose l’empreinte de la
personnalité de son auteur »
dix, vingt, voire trente ans d’existence, la série ne peut donc pas retranscrire toute
bien dommage. Au final, la série n’a
Il acquiert un côté plus sombre, avec
la complexité d’un comic book initial.
pas réussi à trouver son identité et a
notamment les problèmes de drogues
En outre, une oeuvre est avant toute
fait un énorme flop. En conclusion, les
de Roy. Une mort, une résurrection, un
chose l’empreinte de la personnalité de
divergences peuvent avoir du bon, mais
lavage de cerveau, une perte d’âme, un
son auteur. Si on change d’auteur, on
pas la dénaturation.
retour à la normale et une nouvelle origin
change fatalement de perspective et ça
Concernant Arrow, les comics nous
story plus tard, les années 2000 nous
se ressent. Mais il existe aussi des raisons
dépeignent une sorte de second B atman.
amènent un personnage très similaire
plus pragmatiques.
Nous avons un héros riche, playboy
à celui des comics, mais avec beaucoup
L’ambiance sombre, fumante et
et homme d’affaires qui, après un
d’histoires complètement improbables
cancérigène de Constantine a disparu
évènement catastrophique, change de
telles que DC sait les faire (Je vous passe
après les négociations avec les produc-
personnalité et devient un super-héros
les problèmes de réalités alternatives).
teurs. Dans l’Amérique puritaine, un
sans pouvoirs. Green Arrow possède sa
La série nous offre donc une vision
héros ne peut pas fumer clope sur clope
« arrow-cave », son « arrow-robin » et
très réaliste du personnage, la seule
jusqu’au cancer et ceci même si toute
ses « arrow-alliés ». C’est quelqu’un qui
version valable à la télévision. Il serait
la mentalité du personnage est basée
a très rarement recours au meurtre. Ça
inimaginable de montrer toutes les
sur cette atmosphère dans le film et
rappelle bizarrement un certain citoyen
histoires abracadabrantesques que le
les comics. Les cigarettes sont pour lui
de Gotham City. Originellement, il est
personnage subit dans une émission de
une dépendance m ortelle qui apporte
présenté comme un personnage banal,
télévision à destination du grand public.
au personnage un certain cachet et
jusqu’à ce qu’il ait de nombreuses inte-
C’est justement cette vocation de la
une grande classe. NBC a refusé, c’est
ractions avec Hal Jordan (Green Lantern).
série à captiver un public non-initié qui
randy holmes / abc
deux sources divergent, pour des raisons
7
a n a ly s e d e l a d i v e r g e n c e d a n s l a n a r r ato n
justifie tous ces changements. À l’instar au final qu’étendre un univers. Inven- définition beaucoup plus libres de choides Batman de Nolan, l’histoire se doit ter un personnage entier et un person- sir l’orientation à prendre. Gotham, par d’être vraisemblable, quitte à ajouter nage capital, comme c’est le cas pour exemple. Sa seule contrainte est de ne des éléments un peu moins crédibles au Harrison Wells dans The Flash, peut ame- pas créer de véritable s oulèvement parmi fur et à mesure pour ne pas perdre le ner à des s ituations totalement uniques les fans. L’origin story de Batman connaît public, comme c’est le cas en ce moment. et permet de pouvoir surprendre tout le en effet plusieurs versions. Mais que ce Il ne faut pas oublier que les chaînes monde à n’importe quel moment. Ces soit dans les comics ou dans les films, le américaines restent des machines qui séries permettent d’aller plus loin, d’être seul point commun est le meurtre de ses cherchent à faire de l’argent, même The plus réalistes et surtout de démocratiser parents, tous les autres détails évoluent CW, et qu’elles essayent donc d’attirer un des personnages qui ne bénéficient pas beaucoup d’une oeuvre à l’autre. La série large public.
de la popularité d’un Batman ou d’un ne se concentrant que sur cette origin
Néanmoins, toutes ces modifications Superman. DC a tout à y gagner et pour story de Bruce Wayne et tous ses futurs apportées à l’histoire originelle ne sont le moment, la mayonnaise prend.
ennemis, la marge de manoeuvre est donc
pas forcément une mauvaise chose.
immense. Bruno Heller en est conscient et
Tout dépend de votre philosophie en la matière. Si vous êtes un puriste, il est
Les séries indépendantes
il sait ainsi se faire plaisir en nous livrant
Deuxième cas de figure : les séries une série de la qualité que l’on connaît.
possible que vous soyez rebuté par ces qui ne dépendent d’aucun comic en
En ce qui concerne Marvel’s Agents of
versions réalistes. Mais si vous décidez particulier, c’est par exemple le cas S.H.I.E.L.D., la série n’est pas si libre que de garder l’esprit ouvert et de vous dire de Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. et de cela au final. Certes, les fans de comics qu’il s’agit au final de la même h istoire Gotham. Dans ce cas là, on peut se per- ne risquent pas de crier au sacrilège à racontée d’une façon différente, vous mettre plus de libertés par rapport au chaque élément un peu douteux, puisqu’il finissez peut-être par vous rendre premier cas, même s’il existe une limite n’y a pas de base établie, mais elle se doit compte que cela vaut le coup. Observer à ne pas dépasser. Lorsque l’on invente de respecter les éléments de l’univers son héros préféré évoluer dans notre quelque chose, il faut être sûr de ce qu’on cinématographique de Marvel. C’est à la monde réel toutes les semaines, pou- avance et que cela va mener à quelque fois une chance et une malédiction. Une voir a ssister à des c rossovers et même chose. Dans ces conditions, on ne peut chance, car cela lui permet de surfer sur découvrir de nouvelles trames, ce n’est pas avancer à l’aveuglette, épisode après le succès des films, d’élargir (légèrement) épisode, cela se ressent très vite. Il un univers déjà très vaste et s urtout faut se projeter deux ou trois épisodes de pouvoir y introduire des éléments en avance, pour donner l’illusion quand bon lui semble. On peut citer ici d’une c ontinuité dans la narration.
Skye et les Inhumans (que l’on rencontre
Bien évidemment, le mieux reste sans les nommer dans cette deuxième encore d’avoir une vision sur une saison), Deathlok et même l’existence saison entière, mais l’expérience des Krees avant même Guardians of the prouve que ce n’est jamais le cas. Galaxy. Toutes ces expansions à l’univers, Sûrement parce que le système auxquelles on peut ajouter les visites américain est fait de telle façon que de Sif et le simple fait que Coulson ait tain. Revenons à nos moutons, ces évolue dans quelque chose qui la dépasse, séries plus indépendantes sont par un monde plus vaste.
Clark Gregg (Phil Coulson) dans Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.
8
« la série évolue dans quelque chose qui la dépasse, un monde plus vaste »
abc studios / florian Schneider
l’avenir des séries est toujours incer- survécu, montrent bien que la série
C’est aussi en cela que cette relation avec
voit bien que ces séries sont prisonnières
un univers sur les différentes chaînes
Marvel est une malédiction, on ne peut
de leurs origines. Même si elles peuvent
américaines. Là où DC développe de plus
pas s’empêcher de penser que tout ceci est
s’en émanciper, il n’en reste pas moins
en plus de p ersonnages au fil des sai-
un peu cheap par rapport aux films, un
que l’histoire qu’elles racontent ne peut
sons, formant ainsi une base très solide
peu limité. De plus, nul doute que toutes
s’éloigner d’une certaine ligne. La seule
pour de futurs projets, la série Marvel
ces révélations sont c ontrôlées point par
créativité permise dans ce genre de
se « contentait » de suivre les intrigues
point par la m aison des idées. Je doute
programme est au final la manière dont
créées par les films. La finalité des séries
fortement que Maurissa Tancharoen
l’adaptation va être faite. Personnelle-
n’était donc pas du tout la même et cela
et Jed Whedon puissent au final faire
ment, ça me convient parfaitement.
se ressentait dans le ton donné aux
quoi que ce soit sans demander l’aval
En effet, la volonté des studios était
S.H.I.E.L.D. » qui n’a pour le moment
La compétition Marvel/DC à la télévision
aucune base reconnue dans les comics
Il y a quelques mois, Marvel a annoncé
auxquels on peut donc s ’identifier,
est sans aucun doute une invention
toute une suite de séries d iffusées sur
suivant ainsi la lignée des derniers films
destinée à donner de la matière à la série,
Netflix dans le but d’étendre encore son
en la matière. D’autres ne servaient au
mais qui n’aura au final aucun impact
univers. Il s’agit clairement ici d’une
final que de programme d’attente pour
sur l’univers (Ce n’est qu’une théorie
réponse à la stratégie de DC qui consiste
les fans de Marvel, une manière de dire
personnelle).
à se développer de plus en plus sur le
qu’il existe quelque chose entre deux
Il n’existe réellement qu’une seule
petit écran. Même si la maison des idées
Captain America.
série indépendante pour le moment :
domine pour le moment le septième art
C’est dans ce contexte que l’annonce
Gotham. Une chose est sûre : cette série
dans le domaine des super-héros avec des
de Marvel est intervenue. Cinq nou-
élargit un univers préexistant, comme
films de plus ou moins bonne qualité, son
velles séries commandées d’un coup,
toutes ses séries-soeurs. Cependant, on
concurrent a pendant ce temps créé tout
présentant cinq nouveaux personnages
de l’empire Marvel. L’histoire du « Real
the flash / warner bros.
différentes intrigues.
Grant Gustin (Barry Allen) et Stephen Amell (Oliver Queen) dans l’épisode « Flash vs. Arrow »
de créer des personnages crédibles,
a n a ly s e d e l a d i v e r g e n c e d a n s l a n a r r ato n
Charlie Cox Marvel’s Daredevil
et une n ouvelle équipe. On sent bien ici la volonté du studio de faire concurrence à DC en faisant exactement ce qu’elle a
« ces changements plus ou moins importants sont inéluctables »
fait au cinéma : créer des personnages et les faire ensuite interagir. Daredevil,
pour le moment. Ici, on va assister tout
Constantine, par exemple. Tout l’intérêt
Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et The
d’abord à une origin story de chaque
du personnage était dans son cynisme,
Defenders sont donc en quelque sorte
personnage, avant de les voir enfin
son tabagisme, son alcoolisme et son
l’équivalent des Avengers sur le petit
interagir ensemble.
cancer. NBC a tué dans l’oeuf tous ces aspects pour donner le résultat fade que
Des explications différentes mais un même constat
l’on connaît. Il s’agissait d’un pari très
Marvel tente à son tour de créer son
Même si les explications justifiant ces
Tant que l’adaptation reste fidèle à l’es-
univers télévisuel en introduisant quatre
modifications dans la n arration sont dif-
prit d’un personnage, d’un univers, il n’y
héros, avec tout un tas de vilains qui vont
férentes pour chaque série, il n’empêche
a au final aucun problème à ce que les his-
avec. Peut-être qu’un jour ces oeuvres
qu’il n’en existe pas une seule qui soit à
toires racontées diffèrent un peu de celles
vont converger vers des super-équipes de
100% fidèle au comic. C’est le prix à payer
qu’on connaissait. Que ce soit pour des
super-héros (Iron Fist et Luke Cage font
pour toute adaptation. Ces changements
soucis de réalisme, de budget ou même
après tout partie des Avengers dans les
plus ou moins importants sont inéluc-
de vision artistique, les changements
comics), mais la principale d ivergence
tables. C’est aussi en cela qu’une adapta-
peuvent avoir du bon. On le constate
qu’on va pouvoir constater est que dans
tion est intéressante, pour découvrir de
semaine après semaine dans toutes ces
les comics Marvel, tout est connecté.
nouveaux aspects d’une même oeuvre.
séries qui, avec leurs hauts et leurs bas,
Chaque action a son impact sur le monde
Il faut cependant veiller à ce que
nous montrent qu’elles ne déméritent
que partage tous ces anti / super-héros,
ces c hangements ne dénaturent pas
absolument pas et peuvent même être
chose que The CW réussit très bien
trop l’oeuvre originale, comme pour
considérées comme des réussites.
peut fonctionner avec deux médias différents.
10
risqué, résultat, pari perdu.
barry wetcher / netflix
écran. Reste à voir si la même stratégie
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par prutha s. Patel
Compositeur sur les séries Arrow, The Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl, Blake Neely nous parle de son travail, du super-héros pour lequel il aimerait composer et qui gagnerait dans un match opposant Flash à Arrow.
Prutha S. Patel : Vous avez composé pour la télévision et le cinéma, en quoi est-ce différent et que préférez-vous ? Blake Neely : Je ne préfère ni l’un ni
« avec 22 épisodes par an, on peut vraiment développer les personnages, les thèmes et la musique »
l’autre, pour moi, il s’agit de mettre en musique différentes histoires. Par contre,
fait vraiment douter. D’ordinaire, quand
Vous parlez de spectateurs qui n ’aiment
j’ai tendance à traiter une série comme un
je finis d’écrire quelque chose, je l’ou-
pas la musique lors de p reviews, y a-t-il
mini-film et un film comme une grande
blie rapidement, car je passe à autre
des gens qui sont là, juste dans le but
série, mais mon approche reste similaire.
chose, mais avec les films, on reste avec
de donner leur avis sur la musique ?
Il y a des difficultés pour les deux. Pour la
les mêmes idées pendant plusieurs
Lors de previews cinématographiques,
télévision, on a très peu de temps. Quand
semaines.
on entend rarement quelqu’un dire : « Je
ils finissent un épisode, ils me l’envoient
Le bon côté, c’est qu’on a plus de temps
n’aime pas la musique ». Mais si la pre-
et je dois rendre la bande dans les sept
pour développer notre idée, trouver les
view se déroule globalement mal, il n’y a
jours qui suivent. Alors qu’au cinéma, on
bonnes personnes avec qui travailler et
pas vraiment autre chose que l’on puisse
a habituellement entre trois et six mois.
voir si cela fonctionne. Pour la télévision,
changer à part la musique. En effet, la dis-
Pour la télé, on doit être rapide, suivre
on suit notre instinct et avec un peu de
tribution est déjà complète et les scènes
son instinct, et avoir des morceaux et des
chance, ça marche. Mais si ça ne marche
sont tournées. Il arrive donc parfois que
thèmes prêts. On doit être réactif et avoir
pas pour cette semaine, on essaie de faire
le réalisateur vous demande de chan-
confiance en nos idées pour avancer au
mieux la semaine suivante. Avec un film,
ger la musique. C’est comme donner une
plus vite. Pour le cinéma, le temps joue
on s’occupe des personnages pendant
seconde vie pour faire un nouveau test.
contre nous, car on en a tellement qu’on
deux heures et c’est terminé, hormis s’il
J’ai assisté à quelques previews durant
en vient à douter de ce que l’on a fait et
y a une suite. Avec une série, ce qui est
lesquelles les spectateurs parlaient de la
on ne fait plus confiance à notre instinct.
bien c’est qu’il y a 22 épisodes, 22 heures
musique. C’était plutôt pour dire qu’ils
Parfois, on a des previews, et les spec-
par an et plusieurs saisons, donc on peut
appréciaient telle ou telle chanson, mais
tateurs n’apprécient pas, donc on doit
vraiment développer les personnages,
c’est très rare. Ils n’ont pas vraiment le
faire des changements. Le temps nous
les thèmes et la musique.
temps de réfléchir à ça et de penser : « Il y a un souci avec la bande originale ». Ils ont très peu de temps pour décider s’ils apprécient ou non. Vous avez dit avoir 22 heures pour une série, ce qui fait, en quelque sorte, un film de 22 heures. P ensez-vous que la composition pour la t élévision progresse en qualité et en opportunités, qui sont de plus en plus nombreuses ? Cela dépend des compositeurs. Je pense que cela s’améliore, comme au cinéma. Mais est-ce une progression récente ou
tommaso boddi / wireimage
est-ce que l’on constate ça depuis l’âge d’or de la bande originale entre les années 50 et 70 ? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, c’est que la qualité du son s’améliore. J’essaie de me rappeler à chaque fois que quelqu’un peut regarder un film dans la même pièce, sur le même écran et avec la même ambiance dans laquelle il regarde une série télévisée.
13
interview
b l a k e n e e ly
Donc je dois travailler dur pour m’assurer que la qualité est à un niveau équivalent. On peut regarder Arrow et enchainer avec The Avengers sans ressentir une grande différence. On n’a rarement le même nombre de musiciens ni autant de temps qu’au cinéma, mais de nos jours, le public est tellement demandeur que ça nous motive à travailler dur. Il faut élever notre niveau. On oublie complètement la vieille idée qui était : « La musique sera entendu à travers de petites enceintes, sur de petits écrans ». Qui vous a recruté pour Arrow, The
être introduits et je regarde par exemple
Depuis le début de votre travail en jan-
Flash et le futur spin-off, Legends of
quels pouvoirs ils ont. Toutes les séries
vier, avez-vous établi les fondations
Tomorrow, réunissant Atom et White
sont différentes, peu importe la série
de ce que sera la musique ? Allez-vous
Canary ?
sur laquelle vous travaillez, ce sera en
écrire pour chaque personnage au fur
Je connais Greg Berlanti depuis treize ans.
général toujours différent du comic book.
et à mesure ?
On s’est rencontrés en 2002, il t ravaillait
Je trouve plus naturel d’attendre de
Ce que j’essaie de faire, - c’est ce que j’ai
sur sa première série, Everwood, et je lui
regarder l’épisode, pour commencer à
fait pour Arrow, The Flash et Supergirl -,
ai été recommandé. Everwood a été ma
y penser. Ainsi, je n’amène pas trop de
c’est écrire un très long morceau avec
première série. À l’époque, je travaillais
choses inutiles au personnage.
plusieurs idées, réunissant un thème
pour des compositeurs, pour le cinéma.
Cela dit, je suis un grand fan de comics,
pour les moments d’héroisme, d’action,
J’ai été contacté et j’ai fait une démo. Il m’a
et parfois, je fais des recherches ou relis
d’émotion, de tristesse. Ensuite, quand
engagé et depuis, on travaille ensemble.
des comics, juste par plaisir et non pour
j’ai la vidéo, je peux prendre certains
Il est venu me voir, il y a trois ans, et m’a
la musique.
bouts de ce morceau pour certaines
dit : « Je veux que tu travailles avec moi
14
scènes. Si ça fonctionne, il ne me reste
sur ma prochaine série de super-héros,
Vous composez pour Supergirl, com-
plus qu’à développer l’idée.
Arrow ». Voilà comment ça a commencé.
ment ça se passe ?
Cela m’aide à définir le son et le style de
On n’avait pas idée de ce que ça devien-
Je travaille dessus depuis février ou
chaque série. Pour que le public puisse
drait. DC Comics a pris une place impor-
mars. C’est sympa d’avoir du temps pour
différencier chaque série, j’essaie d’avoir
tante à la télé, avec Arrow, ensuite, The
travailler dessus. C’est contradictoire
des styles vraiment différent. Arrow a,
Flash, et maintenant, ce futur spin-off
avec ce que je vous disais, sur le fait de
par exemple, un son plus electronique
[DC’s Legends of Tomorrow]. DC Comics a
n’avoir qu’une semaine, mais vu qu’il
et sombre, alors que The Flash est
vraiment une grande place à la t élévision.
s’agit du pilote, on a plus de temps.
plus orchestral et léger. Supergirl aura
Et puis, il y a aussi S upergirl, mais qui ne
En effet, on essaie d’établir le son et la
également son propre style.
fait pas partie de l’univers de The Flash
musique du personnage. En principe,
ou Arrow. C’est un peu intimidant de
je commence à écrire qu’après avoir
Si vous deviez décrire le style musical
réaliser que je travaillerai sur quatre
vu l’épisode. Mais là, j’ai commencé à
de Supergirl en trois mots, lesquels
séries de super-héros, l’année prochaine.
écrire quelques idées en janvier. Puis,
seraient-ils ?
pendant que je m’occupais de The Flash
Ces trois mots seraient : « Je peux pas ».
Quel est votre processus de recherche
et Arrow. Ensuite, j’ai reçu quelques
pour ces super-héros ? Lisez-vous les
scènes de Supergirl, que j’ai pu regarder
[Rires] J’adore.
comics ?
et examiner. Mais on dispose de ce temps
Je ne peux vraiment pas en parler, c’est
Parfois, je les lis ou je vais en ligne me
uniquement pour le pilote, sinon, on n’a
secret. Je peux dire que je travaille
renseigner sur les personnages qui vont
qu’une semaine pour composer.
dessus, mais je ne peux rien décrire.
Je comprends très bien. On a un trouvé
aurait des crossovers. C’était amusant de
J’en suis sûre aussi, Oliver est plein
un nouveau hashtag : #JePeuxPas.
combiner ces deux bandes son, pour les
de ressources. Pour quel s uper-héros
[Rires]
jouer ensemble. Quant à votre question,
v oudriez-vous composer dans le
[Rires] J’aime bien, ça me plait.
même si je déteste dire ça, la logique veut
futur ?
que ce soit Flash qui l’emporte.
Aquaman. C’est le premier comic book
Vous avez déjà composé pour de grands
que j’ai acheté. Je ne pensais pas v ouloir
personnages, duquel vous sentez-vous
D’accord, je vois. J’en parlais avec
faire ça, mais depuis que je c ompose
le plus proche ?
David Ramsey (Diggle dans Arrow), et
pour les personnages de DC Comics,
C’est dur ça, c’est comme me demander
il a commencé sa réponse de la même
c’est lui que j’aimerais faire. Beaucoup
lequel de mes enfants je préfère. Je
façon : « Je devrais dire ça, mais je vais
diraient Batman, mais je ne serais pas
ressens un attachement particulier
dire ça ».
au niveau de ce qu’on fait Hans Zimmer
pour Arrow et Oliver Queen, car
et James Newton Howard sur les
c’est le premier héros pour qui
trois films. Pareil pour Superman,
j’ai composé la musique. Quant au
je ne pourrais pas égaler ce qu’a
style de musique, j’adore vraiment
fait John Williams.
celui de Deathstroke, très bien interprété par Manu Bennett. Cela
C’est un choix intéressant,
dit, plus je travaille avec Barry
Aquaman, on l’oublie trop sou-
Allen (Grant Gustin) dans The
vent. Dernière question, que
Flash, plus j’adore ce p ersonnage.
voudriez-vous dire à nos lec-
De manière générale, c’est juste
teurs et aux téléspectateurs qui
super de c omposer pour tous ces
regardent les séries ?
personnages qu’on a vu évoluer
La première chose serait pour les
dans les comics. M aintenant,
fans d’Arrow, je suis désolé que la
avec ce nouveau spin-off, les
bande son « Olicity » ne soit pas
personnages vont aller d’une série
sortie sur le CD de la deuxième
à l’autre, en a menant leur thème
saison. J’ai reçu beaucoup de mails
musical avec eux, c’est très sympa.
et de tweets à ce sujet. Ce que les C’est juste logique. Même si Oliver tire
gens peinent à comprendre, c’est qu’on
Depuis sa diffusion, j’écoute très sou-
une flèche ou veut le frapper, Flash va
a 75 minutes disponibles sur un CD,
vent la musique de l’épisode « Flash
forcément l’éviter. Il va trop vite, donc
mais à la fin d’une saison, on a quatorze
vs. Arrow », selon vous, qui gagnerait ?
pour moi, il aurait l’avantage.
heures de musique. Je dois parcourir ces
The Flash ou Arrow ?
Mais j’adore la scène, dans l’entrepôt,
quatorze heures, pour les réduire à 75
Elle est super, non ?
quand ils font leur petite compétition.
minutes, mais chaque fois que j’essayais de rentrer la bande son « Olicity » sur le
Absolument, ce sont de super épisodes
J’ai adoré ça, j’aurais voulu que ça dure
CD, ça ne passait jamais vraiment bien.
qui ont ravis les fans.
plusieurs heures. [Rires]
Cela dit, elle va revenir très bientôt, et
J’ai vraiment adoré faire ces épisodes, qui
[Rires] Oui, c’était vraiment super.
j’espère que ce sera un morceau spécial
en plus, ont été un grand succès. Du coup,
Ensuite Flash court vers Arrow qui
sur un futur CD.
je suis allé chez Warner Bros, et je leur ai
se tient prêt à tirer une flèche, et tout
Pour tous les autres lecteurs, merci de
dit : « Noël arrive, est-ce qu’on pourrait
explose, vraiment génial.
regarder et d’écouter. Je n’ai jamais
sortir la musique de ces deux épisodes,
travaillé sur quelque chose de si gros.
parce que le public a adoré ? ». Et ils
Je me souviens, je ne voulais pas en
Je bosse en télé depuis treize ans, mais
m’ont répondu : « Sans problème, ça sor-
rater une miette.
je n’avais jamais vu d’un tel public. Le
tira bientôt ».J’ai toujours composé The
[Rires] Je comprends. Donc Flash
fait que les gens reconnaissent rien que
Flash pour que la série ait son propre son,
gagnerait, mais il doit forcément avoir
la présence de la musique dans des séries
mais en adoptant un style qui fonctionne
un talon d’Achille qu’Oliver pourrait
comme Arrow et The Flash, c’est un grand
avec celui de Arrow. Je savais qu’il y
trouver. Mais je suis d’accord avec David.
plaisir, je m’amuse vraiment.
15
dossier
Superman en séries
Avec l’avalanche de séries adaptées de comics en moins de cinq ans, les sériephiles frôlent l’overdose… ou l’orgasme. Si on vibre devant Arrow, si on s ’impatiente devant Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D., il y a toujours un héros qui a été présent sur nos écrans quasi nonstop : Superman. Le célèbre super-héros a traversé les époques, a pris des formes diverses et a surtout marqué plusieurs générations de spectateurs avec des projets tous très différents. par Thomas WACHNICKI photo superman/warner bros
les débuts
passage à la radio durer plus de dix ans avec au
Depuis 75 ans, Superman a parcouru les
compteur plus de 2000 émissions. Au cinéma, la
médias non sans problèmes. Peu de temps après
mode des serials fait rage, ces séries programmées
sa première apparition en comics, S uperman a
chaque semaine rameutent des millions de
eu sa propre série animée. Les studios Fleisher
personnes. Kirk Alyn incarnera, pour la première
et P aramount ont superbement p roduit une
fois, le super-héros à l’écran.
vingtaine d’épisodes animés. À cause de conflits
La télévision étant de plus en plus présente
internes et de coûts exorbitants, la production
dans les foyers, la radio et les serials peinent à
s’achève. Ces dessins animés sont encore des
convaincre encore. Rapidement, les exécutifs
références du genre. La radio et les serials étaient
en profitent, et Superman suit la tendance en
les formats les plus répandus et Superman a
devenant le héros de la série The Adventures Of
squatté les deux médiums dans les années 50.
Superman pendant cinq saisons dès le début des
Incarné par Bud Collyer, Superman voit son
années 50.
17
dossier superman en séries
« le mythe prend un sérieux coup. LEs enfants pensent que superman peut mourir »
Incarné par George Reeves, S uperman devient rapidement le héros d’une nouvelle génération. La série est un immense succès, peut-être trop grand pour les larges épaules de son i nterprète. En coulisses, Reeves commence à sentir le poids
écrans où Superman est aidé par une
sous une forme moins instable (encore
du personnage : adepte de la boisson et
dizaine de super-héros. Les SuperFriends
que) avec Superboy en série télévisée
se sentant de plus en plus fatigué par le
débarquent et squattent le petit écran
et S uperman en dessin animé. Si
rôle, Reeves est dans une mauvaise passe.
pendant dix ans. D’une qualité variable,
le dessin animé de 1986 par Ruby-
Tragiquement, la série se termine quand
les dessins animés produits par Hannah
Spears P roductions est assez kitsch,
Reeves se donne la mort. Officieusement,
Barbera auront même un doublage VF
mais néanmoins (et hélas) fidèle au
on parle d’une v engeance d’un mari
assez jubilatoire.
personnage, la série ouvre les portes à
trompé - Reeves étant un homme à
Du côté de l’adaptation live, on tente un
une ère prospère.
femmes -, officiellement, on parle d’un
pilote sur Superboy qui ne sera jamais
suicide réfléchi.
diffusé.
Il aura fallu dévier du concept
Le mythe prend un sérieux coup. Les
Nous sommes au milieu des années
assez solide sur la durée. Malgré un
enfants pensent que Superman peut
70 et la série Batman avec Adam West
changement de casting, la série fut un
mourir. La série était au sommet et la
fait les beaux jours de la télévision.
succès. John Haymes Newton (1988–
télévision est le média qui explose. Que
Superman doit alors trouver un nouveau
1989) et Gerard Christopher (1989–
faire ? Une période de vaches maigres
défi. Après le dessin animé, la série et la
1992) interpréteront Clark Kent jeune.
commence alors.
radio, il faut passer à quelque chose de
Seulement, les p roducteurs, Viacom, ne
plus grand. Le cinéma ouvre ses portes.
voulaient produire que cent épisodes
Après un détour vers la comédie m usicale où les critiques se sont déchaînées, Superman semble revivre
pour pouvoir les vendre en syndication
TRENTE ANS DE PRÉSENCE
(câble et satellite). La série prendra donc
par la méthode la moins contraignante :
Pendant dix ans, Superman, sous
fin après quatre saisons. Pas de chance,
le dessin animé. En 1966, Filmation
la protection des Salkind sera plus ou
un problème de droits d’exploitation du
décide de produire une série cartoon.
moins bien exploité. Quatre films d’une
personnage a empêché la rediffusion et la
Hannah B arbera prendra le relais.
qualité décroissante auront raison du
sortie DVD jusqu’à aujourd’hui encore !
Une demi-douzaine de dessins animés
personnage. Ce ne sera qu’à la fin des
Superboy est un personnage à part et un
dérivés prendront sa succession sur les
années 80 que Superman r eviendra
cas spécifique dans le droit d’utilisation
Superman (George Reeves) entre dans la pièce par la fenêtre
superman / warner bros.
original pour offrir une adaptation
Teri Hatcher et Dean Cain dans Loïs et Clark : Les Nouvelles Aventures de Superman
de Superman dans son ensemble. Ce n’est que le secret de Clark se voit révélé dans pas tout à fait Superman et ce n’est pas un cliffhanger important. La saison 3 tout à fait une création originale.
commencera avec un couple officialisé et
Erica Durance et Tom Welling dans Smallville
La série Superboy a bien marqué l’année un secret dévoilé. Avec deux dynamiques après la fin de Loïs et Clark, on pense déjà des cinquante ans de Superman. Si Gerard en moins, le public se lasse alors assez à une nouvelle adaptation du mythe. Christopher, interprète de S uperboy, vite des scénarios répétitifs et le couperet
Ne lâchant pas prise, une nouvelle
était pressenti pour jouer un potentiel tombe quand les scénaristes proposent un adaptation en série télévisée commence. Superman 5, les Salkind n’ont pas eu faux mariage avec une affaire de clone. Tollin/Robbins Productions développe un pouvoir de persuasion aussi grand L’audience est divisée par deux, passant une série sur la jeunesse de Batman. qu’avant. Et c’est à peine un an après de vingt à dix millions de téléspectateurs. La Warner est plutôt intéressée par qu’une autre série fait son apparition.
La saison 4 sera programmée quasiment Superman. Alfred Gough et Milles Millar
C’est en 1993 que Loïs & Clark par défaut et les ultimes épisodes seront développent donc Smallville qui ne va pas débarque. La Warner et DC, voulant relégués en été, plongeant la série dans lâcher les spectateurs jusqu’en 2011. De exploiter la nouvelle hype autour de l’anonymat pour son dernier épisode. 1986 à 2011, Superman a toujours été sur Superman, commandent une série c entrée Cette série, si bonne au départ, restera les écrans de télévision. sur Loïs Lane et Clark Kent avec le suc- un échec c réatif pour beaucoup. cès que l’on connaît aujourd’hui. Quatre
Smallville reste la plus longue adapta-
Superman refait surface, peu de temps tion de Superman, sans le montrer. En
saisons de romance et d ’aventures pour avant la fin de Loïs et Clark, en dessin effet, Clark Kent n’a pas encore le rôle ABC et des millions de téléspectateurs à animé. Produit par Bruce Timm, l’homme du super-héros en collant. Il agit dans travers le monde (sur M6 chez nous, les derrière la version animée de Batman, l’ombre et sa double identité n’est u tilisée mardis). Mais alors qu’elle se félicitait le cartoon est considéré comme une des que dans les dernières saisons. Il se fait du succès de la série en saison 1, ABC meilleures adaptations. Moins f édératrice passer pour le “Flou”. décide de changer la donne en s aison 2, que Batman The Animated Series, la série Malgré les critiques et son traitement voulant plus d’action. L’équipe créative dure quand même trois ans. Après trois un peu aléatoire, Smallville reste une warner bros.
est remplacée et la série commence saisons tout seul, Superman rejoint la série importante dans le genre et dans sa seconde année d ifféremment. Les Justice League dans un dessin animé le thème. Entre fan-service, clins d’oeil et audiences décollent, mais la narration encore une fois salué par la critique.
originalité du propos, la série a réussi à ne
se développe trop r apidement. Ainsi, À nouveau, le personnage va et vient jamais se répéter et a terminé sa vie avec Loïs et Clark se rapprochent tellement entre le live et le dessin animé. Trois ans une évolution notable. De teen série, on
19
passe à une série plus adulte, plus sombre
tournage du pilote est terminé. C’est
à représenter. Intouchable, boy-scout,
et on retrouvera le duo Clark / Loïs
donc Supergirl qui se prépare à arriver
invulnérable, kitsch, dépassé, vieillot, le
dans les trois dernières saisons avec un
sur les écrans de CBS dès que le pilote
Big Blue s’en sort grâce à des a daptations
certain plaisir. Très peu avare en action,
sera validé [La série sera diffusée en
toutes différentes. Il ne reste qu’au
Smallville parvient à mettre à l’écran la
novembre]. Jouée par Melissa Benoist,
cinéma où il a été quasiment cristallisé
Justice League sans Batman, à utiliser
Supergirl est la cousine de Superman,
par l’interprétation de C hristopher Reeve,
toute la mythologie de Superman et à
seconde r escapée de la p lanète Krypton.
illustre modèle et éternel porte-étendard
ouvrir la voie vers Arrow en 2012.
Dans le style de The Flash, Supergirl sera
du slip rouge. Le salut est passé par la
une série légère, feuilletonnante et portée
motivation et l’envie de voir plus loin.
par une d istribution sympathique.
Smallville a relancé le personnage. DC et
Après quatre séries à succès, cinq
Le second, Krypton, projet de David
Warner, loin de vouloir proposer un uni-
films et une dizaine de versions animées,
Goyer dont on parle depuis quelques
vers cohérent comme Marvel, p roposent
Superman a encore beaucoup de choses
temps, s’attarde sur la vie de la planète
des projets originaux, loin d’être honteux.
à dire. Chaque série était différente. Les
natale de Superman. Avec un traitement
Pour Superman, personnage difficile
manques de moyen ou les parti-pris
plutôt audacieux dans la première partie
à rendre intéressant, les multiples séries
artistiques ont donné des séries au ton
de Man Of Steel, Krypton a fasciné au
ont réussi à montrer toute la richesse de
différent passant de la comédie d’action,
point de monter une série sur le grand-
l’univers du super-héros. Si sa place est
à la romance, puis à la série aventureuse
père de Superman et père de Jor-El, le
désormais au cinéma (Enfin !), on regarde
sans gros budget. Les versions animées
fameux scientifique qui a envoyé Kal-El
avec fierté quasi 75 ans d’adaptation télé-
sont certainement les plus fidèles et les
sur Terre. La série n’est qu’au stade du
visuelle avec beaucoup de nostalgie, de
plus réussies.
développement, mais il est fort à parier
plaisir et d’envie d’en voir encore !
Avec Superman au cinéma porté par
qu’un pilote sera en route pour SyFy,
Henry Cavill, il est difficile de penser
chaîne intéressée par le projet. Quand
qu’une nouvelle série pourra a rriver sur
on voit les séries SyFy, on a peur pour
le personnage. On ne peut pas prendre
un projet d’une telle envergure.
en compte les Terres parallèles comme
Il ne reste pas grand-chose à a dapter chez
dans les comics (ce qui est regrettable)
Superman, il ne manquerait qu’une série
pour ce personnage. On peut faire
appelée The Kents, sur la famille adop-
du spectaculaire au cinéma, mais sur
tive de Clark qui essaye de gérer leur
le petit écran, le goût serait différent.
enfant aux super-pouvoirs g randissants.
C’est pourquoi les deux projets à venir
Warner Bros et DC ont été plutôt efficaces
se détachent du thème principal en
à la télévision, moins au cinéma. Avec
empruntant encore des terrains vierges
Batman, Superman est le super-héros
de tout traitement sériel. Le premier
le plus adapté. En icône de l’univers des
projet est le plus avancé puisque le
héros, Superman reste aussi compliqué
AUTOUR DE SUPERMAN
20
supergirl / Warner bros.
dossier superman en séries
Boutique en ligne de produits dérivés : cinéma, séries télévisées, dessins animés.
interview
David Ramsey C’est un héros qui se bat volontairement au sein du Team Arrow contre la Ligue des Assassins et parfois, à contrecoeur au sein de la Suicide Squad. Aucun fan d’Arrow ne dirait de John Diggle qu’il est un homme normal. David Ramsey fait tout ça. Il nous parle de la réaction de Diggle vis-à-vis de Flash, de son envie de réaliser un épisode, du cinéma et plus encore. par prutha s. Patel photos Patrick Maus
22
interview
david ramsey
Je ne pourrais pas me pardonner si je ne cite pas l’une de mes répliques préférées d’un des derniers épisodes : « La Suicide Squad est de retour ».
« contrairement à oliver, il est équilibré. C’est un héros malgré lui »
Quelle est votre citation préférée de la série ?
Absolument.
David Ramsey : Bonne question. Proba-
C’est fait d’une manière très convain-
(Rires) Merci !
blement la même. Il y a aussi une autre
cante et c’est bien écrit. Donc, je suis tou-
Plus on explore la Suicide Squad, plus
réplique, quand je suis avec ma fille.
jours impatient lorsqu’il y a des épisodes
on explore le personnage de John Dig-
Lyla (Audrey Marie Anderson) entre
abordant la Suicide Squad.
gle. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc,
dans la pièce et m’entends dire à ma fille, « Comment quelque chose si s pécial
J’aime que vous disiez « Une autre
dans la tête des gens. Ce n’est pas quelque
peut rendre une vie si s ignificative ? »
série », parce qu’on voit tant de séries
chose que John Diggle approuve. Mais en
ou quelque chose du genre, et elle dit,
de super-héros apparaître sur The
même temps, ils cherchent des raisons
“Attends qu’elle commence à sortir avec
CW et d’autres chaînes. Entendre les
morales plus importantes pour expliquer
quelqu’un”. Je regarde ma fille et dis,
mots « Autre série », ça augmente nos
la mise en place d’une force d’interven-
“C’est à ça que servent les Glocks, hein,
espoirs. (Rires)
tion. Il y a quelqu’un qui doit être secouru
ma puce ?”. C’est vraiment une de mes
Qu’est-ce que vous préférez dans le
ou des otages, donc l’argument est noble,
répliques préférées : “C’est à ça que
fait de jouer un personnage comme
mais les moyens par lesquels le travail
servent les Glocks”. C’est difficile pour
John Diggle ?
est fait sont discutables. Cela force John
moi de penser à d’autres répliques, mais
C’est une bonne question. J’aime le per-
Diggle à opérer dans une zone grise. À
je me souviens que celle-ci a été spéciale
sonnage. Les personnages de la série
mon avis, plus Diggle devient nuancé,
pour moi, je la trouve drôle.
portent un masque, mais lui non. Contrai-
plus étoffé devient son personnage et la
rement à Oliver, il est équilibré. C’est
Suicide Squad permet d’étoffer Diggle
C’est mignon. C’était comment d’être
un héros malgré lui. Il ne veut pas com-
un peu plus. On commence à aborder
de retour avec la Suicide Squad ? Étiez-
promettre ses idéaux et valeurs morales
H.I.V.E, un des groupes terroristes, qui
vous heureux de les retrouver ?
pour de l’héroïsme et c’est quelque chose
a embauché Deadshot (Michael Rowe)
C’était génial ! J’aimerais qu’un épisode
que j’apprécie. Jouer ce personnage
pour tuer le frère de Diggle. Là encore,
sur cinq soit dédié à la Suicide Squad. C’est
m’inspire à vouloir être meilleur en tant
nous arrivons à en apprendre davantage.
super. En tant qu’acteur, c’est incroyable
qu’individu. Je pense que les idéaux de
Sa relation avec son frère, avec H.I.V.E,
de faire ces scènes d’action et de voir le
John Diggle sont sincères. C’est un héros
donc lorsque l’on en découvre plus sur
personnage en action. J’ai t oujours aimé
juste. Tout le monde devrait avoir un peu
Diggle, c’est toujours intéressant.
ça. C’est vraiment a musant. Je trouve que
de John Diggle en soi. C’est aussi super
ces personnages sont géniaux, comme
amusant pour moi de le jouer, parce que
Deadshot. Toute l’idée de travailler à
j’adore l’action. Mais la raison la plus
contrecoeur pour A.R.G.U.S. et la S uicide
importante, c’est que Diggle est un per-
Squad est intéressante pour la série.
sonnage que j’admire.
C’est une dynamique intéressante,
Fantastique. À ce stade de la saison,
parce que tout le monde ne s’entend
votre personnage a déjà des liens
pas bien. Alors que le Team Arrow
étroits avec la Suicide Squad, qu’est-ce
semble bien s’entendre dernièrement.
qui vous plaît le plus concernant le
Oui, quand ils s’entendent bien, cela
développement de cette relation?
devient presque une autre série. C’est une
Vous avez de bonnes questions.
intrigue secondaire, mais cette histoire devient indépendante et ne ressemble même plus à Arrow. Vous voyez ?
24
vous voyez ? Ils installent des bombes
En parlant de bombes, j’ai le sentiment
Je comprends, c’est totalement diffé-
Que pensez-vous de la rivalité
qu’il y a plus d’explosions quand la
rent. Il y a aussi des crossovers avec
entre Flash et Arrow ? Vitesse ou
Suicide Squad est impliquée. Est-ce que
The Flash. J’ai d’ailleurs adoré voir la
experience ?
vous faites vous-même vos cascades ?
réaction de Diggle qui découvre les
Pour le moment, évidemment l’expé-
Est-ce quelque chose qui vous plaît ?
nouveaux super-pouvoirs de Barry
rience. Vous pouvez avoir la m eilleure
Pour les scènes d’arts martiaux, c’est
(Grant Gustin). Je crois qu’on réagirait
arme du monde, mais si vous ne
moi, puisque je pratique depuis des
tous ainsi dans la réalité. Avez-vous
savez pas comment l’utiliser, vous
années. Donc, c’est t oujours amusant.
apprécié de tourner cet épisode ?
ne savez pas. Mais je dois dire que,
Les scènes où on est tenu par un câble,
Oui, beaucoup. Ce qui est bien dans la
particulièrement concernant Flash,
pas tellement. Si vous voyez Diggle faire
réaction de Diggle, et même en général,
je ne sais pas concernant ATOM, mais
un 360, il y a un super cascadeur qui me
c’est qu’il est le genre de personnes qui
quand Flash arrive à faire tout ce qu’il
double. Mais je réalise la plupart des
dit les choses qu’Oliver ne dirait pas.
sait faire, c omprendre la stratégie, les
scènes d’arts martiaux.
combats et l’art de la guerre, il n’y a personne qui peut le vaincre. J’ai
Cool. Gregory Smith qui joue dans
toujours pensé qu’avec la Ligue des
Rookie Blue a récemment réalisé
Justiciers, Flash est certainement
un épisode, c’était comment ?
l’un des plus p uissants p ersonnages
Seriez-vous intéressé par la réali-
de l’univers DC Comics. S’il le veut,
sation d’un épisode dans le futur ?
il peut faire plein de choses. C’est
Fantastique ! C’était super de
le personnage en général, mais
travailler avec lui. Il est arrivé au
concernant notre univers et la puis-
milieu de l’histoire, mais connais-
sance qu’ils vont donner à Flash, je
saient la destinée des personnages,
n’en sais rien. Dans notre univers,
c’était génial. Vous ne me posez
les choses et capacités changent,
que des questions percutantes
ce serait intéressant de voir dans
aujourd’hui, n’est-ce pas ?
deux s aisons, un autre combat entre Arrow et Flash.
(Rires) Je serais éventuellement intéressé
J’ai vraiment hâte.
par la réalisation d’un é pisode. Je ne
Cela va être très intéressant à voir.
l’ai jamais dit publiquement pour l’instant, mais j’ai déjà imaginé ce
L’autre série dérivée, Legends of
que ce serait de réaliser un épisode.
Tomorrow, avec Atom (Brandon
C’est un travail énorme et j’ai beau-
Routh) et White Canary est sus-
coup de r espect pour les r éalisateurs.
ceptible de faire un crossover
C’est un travail complètement différent
C’est ce que j’aime chez lui, il est le
avec Arrow. Si cela se produit, est-ce
que de jouer un personnage. Si cela
plus « normal ». C’est l’exemple du type
que l’idée de t ravailler à n ouveau avec
devait a rriver pour moi, ce serait sur
normal. Quand Oliver est complètement
Caity Lotz vous enchante ?
Arrow.
dépassé et n’a pas les idées claires, c’est
Oh oui ! Absolument. Caity est incroyable.
Diggle qui le lui dit. Personne d’autre ne
Ce serait génial.
Je pense que l’on aimerait tous ça.
le dirait, mais Diggle, si. Sa réaction face
Ce serait génial. C’est une super série,
à Flash est très humaine. Si quelqu’un
Beaucoup de fans y compris moi-
donc pourquoi pas ? C’est une série
venait devant vous en courant plus vite
même espérons que Supergirl fasse
bien huilée, cela aurait du sens. J’ai
qu’un battement de cil, vous penseriez
partie du même univers qu’Arrow et
beaucoup de respect pour ce chapeau
probablement que vous êtes fou. C’était
Flash, quelle est votre position sur le
de réalisateur. Ce serait quelque chose
vraiment amusant et Flash peut être
sujet ? Je pense qu’une scène où Diggle
qui demanderait beaucoup de temps et
marrant. C’était très marrant.
réagirait aux pouvoirs de Supergirl
de concentration.
pourrait être amusante à voir.
25
David Ramsey, Stephen Amell et Colton Haynes
game interview avec david ramsey Qui est le plus susceptible de survivre sur une île déserte ? Je pense aussi que ce serait marrant.
Il a aussi été récemment choisi pour
J’adorerais que Diggle ait une réaction
interpréter Casey Jones dans Teenage
impressionnante face à Supergirl comme
Mutant Ninja Turtles 2, de quelle saga
Qui est le plus susceptible de
il l’a eu pour Flash. J’adore chaque fois
ou série aimeriez-vous faire partie ?
gagner une bagarre à mains
que Diggle se retrouve un peu ridicule.
Beaucoup de personnes ont mentionné
nues ? J’ai l’impression que ça
J’aimerais qu’elle soit dans notre univers,
votre nom pour Green Lantern.
vous est un peu destiné.
ce serait énorme non ? Un monde où
Être mentionné pour faire parti de
(Rires) Moi, bien sûr.
Arrow, Flash et Supergirl co-existent et
la tradition de Green Lantern est un
se croisent, c’est clairement ce que les
honneur en soi. J’aime toute la saga.
Qui est le plus susceptible de s ortir
fans veulent. On verra !
J’adore ce que DC fait dans le monde
une chanson qui d eviendrait un
du cinéma en ce moment, et en général.
tube sur iTunes ?
Je suis impatiente de voir ça.
Ils prennent leur temps pour faire les
John (Barrowman).
Stephen Amell a inventé le terme
choses correctement. Être impliqué dans
« Sinceriously » et vous avez aussi créé
quelque chose que DC fait, de renommée
Qui est le plus susceptible de
un mot, pouvez-vous le définir pour
internationale, serait génial !
trouver un moyen de fabriquer
nous ? Allez-vous lancer une nouvelle
un c ostume de super-héros ?
campagne de t-shirts et autres ?
Pour finir, The CW aime leur voix-off
“Hopoyfully” est le mot que j’ai inventé.
en intro, je les trouve très marrantes
Il a été inventé un peu à la volée alors
et j’en arrive à un point où je les ai
Qui est le plus susceptible de
soyez indulgents ! Cela signifie donner
mémorisées. Si nous avons un autre
casser quelque chose sur le
de l’énergie positive et en recevoir
épisode centré sur John Diggle et que
tournage ?
en retour. On peut voir ça comme un
l’on vous propose de faire une voix-
Ce serait moi, à nouveau.
investissement. Vous vous investis-
off, que diriez-vous ? « Je m’appelle
sez en quelque chose, vous recevrez
John Diggle ... »
Qui est le plus susceptible de sor-
quelque chose en retour. Il n’y a rien de
« Je m’appelle John Diggle. Pendant deux
tir de son personnage et d’avoir
nouveau dans ce concept, on en a tous
ans, j’étais le chauffeur d’Oliver Queen.
un fou rire pendant le tournage ?
déjà entendu parler. Pour l’instant, l’idée
Maintenant, il me rend fou ! »
Ça, c’est Stephen (Amell).
Probablement Emily (Bett Rickards).
arrow / warner bros.
de t-shirt en reste là. C’est juste une idée.
26
Paul (Blackhorne).
More TV Tu souhaites participer ? Choisis le numĂŠro dans lequel tu veux apparaĂŽtre sur http://moretv.fr
a n a ly s e
des comics
à l’écran
stéréotypes difficilement réversibles Gotham, Agent Carter, The Flash et Constantine : les super-héros de la saison 2014/2015 ont débarqué sur nos écrans. Mais au-delà des luttes intestines et des pouvoirs surnaturels, quelle vision de la féminité et de la masculinité nous transmettent-elles ? Correspondent-elles à une vision moderne ?
par JEAN-FRANCOIS CHARTRAND-DELORME photo constantine / DC Comics
28
Depuis 2009 et l’achat de Marvel par
pour cette saison, quatre adaptations
conception des sexes est pour le moins
la Walt Disney Company pour la farami-
ont été proposées par les networks :
dépassée, d’autant plus que le public-
neuse somme de 4,3 milliards de dollars,
Gotham (Fox), Constantine (NBC), Agent
cible de ces fictions est relativement
les films de super-héros pullulent et
Carter (ABC) et The Flash (The CW). Si les
jeune et donc, moins enclin à accepter
font exploser le box-office, entre autres
effets spéciaux sont à deux doigts d’éga-
positivement les s téréotypes. Les quatre
Captain America, Hulk, Spider-Man, Thor,
ler en qualité ceux que l’on retrouve sur
séries énoncées ci-dessus usent de plu-
Avengers. La suite logique est l’adaptation
grand écran, reste que les super-héros
sieurs stratagèmes : il y a les gagnantes,
des aventures de ces super-héros à la
choisis ont été créés à une autre époque
les perdantes et celles qui malgré de
télévision, d’autant plus que ces histoires
où l’homme (blanc) avait pour mission
bonnes intentions nous mettent devant
se déclinent aisément sur plusieurs
de sauver la veuve et l’orphelin (même
le fait accompli : sauver l’humanité est
épisodes, voire plusieurs saisons. Ainsi,
cette expression est désuète !). Cette
une affaire d’homme.
a n a ly s e d e s s t é r é ot y p e s d i ff i c i l e m e n t r é v e r s i b l e s
Gotham : quand la sexualité définit Les héros masculins Coup de théâtre lorsque le s ynopsis de Gotham a été dévoilé : le célèbre protecteur de Gotham City sera absent ou presque. En effet, Bruce Wayne, alias Batman, n’est qu’un préadolescent au début de la série. On assiste donc à la genèse du super-héros ou plutôt de celle des anti-héros du comic. Admettons-le, ce qui fait le charme des oeuvres de Bob Kane et Bill Finger, ce sont les méchants hauts en couleur. Psychopathes, excentriques et d’un machiavélisme sans bornes, on nous propose ici un petit retour en arrière avec une narration déterminée à nous montrer comment, et surtout pourquoi, avec leurs fortunes, leurs gadgets et leurs personnalités grotesques, ils feront la pluie et le beau temps sur Gotham. On découvre que
Robin Lord Taylor (Oswald Cobblepot) et Carol Kane (Gertrud)
30
et sexuelle absente ou peu satisfaisante et
Oswald à la fois pleutre et sans pitié.
aux plaisirs de la chair, ultime péché de
que cette carence est en partie à l’origine
Deux autres personnages masculins
la part d’une femme. C’est ainsi que le
de leur mégalomanie. Pire encore, les
entretiennent une relation amour/haine
mythe du Joker est né.
femmes de leur entourage ou de leur
envers le sexe opposé. Edward Nygma
À l’opposé, nous avons le personnage
enfance sont indirectement responsables
(qui deviendra l’Homme-mystère) tra-
principal, James Gordon. Policier, c’est le
de leur dégénérescence.
vaille en tant que médecin légiste pour
seul à entretenir des relations à peu près
Prenons en premier lieu l’exemple du
la police de Gotham. Son attitude nerd et
normales avec les femmes. Jusqu’ici, il a
Pingouin, Oswald Cobblepot. Chétif,
ses devinettes énervent tous ses collègues
eu deux petites amies dont la dernière,
boiteux, extrêmement laid, il est l’objet de
qui ne se gênent pas pour le traiter en
Leslie Thompkins. James l’adore, mais
moqueries de la part de ses c ongénères.
sous-fifre. Être humilié par ses acolytes
leur relation commence à battre de l’aile
D’une hypocrisie éhontée, il tourne sans
m asculins passe encore, mais c’est
justement lorsque celle-ci lui annonce
cesse sa veste au plus offrant et en vrai
lorsque sa collègue de travail, Kristen,
qu’elle travaillera avec lui au poste de
psychopathe, il n’éprouve d’empathie
rejette avec dédain ses avances, en face
police en tant que médecin légiste. Mis
pour personne. En raison de son
d’autres hommes, que c’en est trop pour
devant le fait accompli, la première chose
apparence physique, on peut deviner qu’il
Edward alors que jusqu’ici on ne voit
qu’il cherche à faire est de cacher leur
est rejeté par ses pairs depuis l’enfance.
aucune autre raison qui le ferait b asculer
relation, non parce qu’il a honte d’elle,
Jamais au cours des épisodes, il ne mani-
dans une éventuelle folie.
mais parce que la tendresse dont il fait
feste le moindre intérêt envers la gent
Dans la même veine, l’épisode 16 tourne
habituellement preuve à son égard est
féminine à l’exception de Gertrude, sa
autour du meurtre d’une saltimbanque.
apparemment difficilement conciliable
mère qu’il vénère. Portrait craché d’une
L’enquête révèle que c’est son fils, Jerome,
avec l’image du policier autoritaire qu’il
Norma D esmond, star égocentrique du
qui a commis l’irréparable. Père absent,
tente de se donner lorsqu’il est entouré
cinéma muet et oubliée de tous dans
sa mère se prostituait et c’est la raison du
de ses collègues masculins. Le message
Sunset Boulevard, elle vit dans le passé
crime. La scène s’achève sur un plan du
est clair : l’amour, synonyme de fai-
et ne traite pas son fils en homme, mais
jeune homme au sourire machiavélique
blesse, porte atteinte à la masculinité et
en petit garçon. Cette castration fictive
qui justifie son acte du fait que sa mère
les femmes sont bien mieux ailleurs, à
a opéré au fil du temps et a donné un
devait être punie pour avoir succombé
la maison par exemple.
jessica miglio / fox
tous ces malfrats ont une vie affective
Agent Carter : l’exception qui confirme la règle
ait été soupçonné d’avoir vendu une
contenter le t éléspectateur c ontemporain
arme moléculaire aux ennemis des États-
qui n’a pas envie de voir évoluer une
L’univers de Marvel et DC Comics
Unis. Il lui demande de le disculper, mais
midinette à l’écran.
regorgent de super-héros masculins
pour ce faire, elle doit opérer en cachette,
C’est là qu’est tout le paradoxe, parce
si bien qu’il y avait de quoi se réjouir
d’une part parce que ses collègues sont
qu’on doute justement que le personnage
lorsque ABC a annoncé qu’elle d iffuserait
persuadés de la culpabilité de Stark et
aurait pu évoluer dans notre décennie.
une série se focalisant sur une femme
d’autre part, parce que s’ils étaient au
Peggy est aussi, sinon plus, compétente
dans un univers de super-héros : Agent
courant, ils tiendraient à mener l’enquête
que ses acolytes masculins en partie
Carter. Pour que ce projet prenne forme,
eux-mêmes.
parce que c’est une femme. Au début de la
il a fallu dénicher ce personnage très
Ici, le subterfuge fonctionne à merveille,
série par exemple, elle se métamorphose
secondaire qui a évolué notamment dans
parce que le personnage évolue dans les
en femme fatale, enfile une perruque
l’ombre de Captain America, inventer
années 40. En tant que téléspectateurs,
blonde à la Veronica Lake et se sert de ses
de toutes pièces un scénario, et ce, pour
nous trouvons normal qu’elle ait à subir
charmes pour soutirer des informations à
une série limitée. La série démarre après
les remarques sexistes de ses c ollègues
un malfrat qui est à mille lieues de la sus-
la Seconde Guerre mondiale alors que
et qu’elle fasse profil bas pour mener à
pecter et le plan fonctionne à merveille.
Peggy Carter qui fut agent lors du conflit
bien ses enquêtes, précisément parce
Un homme aurait pu arriver au même
doit désormais se contenter d’un emploi
qu’on est à une autre époque. En nous
résultat, mais assurément pas de la même
de secrétaire au SSR (Strategic Scientific
présentant Peggy comme étant à la
façon. Une question s ’impose : est-ce que
Reserve). Un jour, l’inventeur Howard
fois attachante, courageuse et passant
l’agent Carter serait arrivée au même
Stark fait appel à ses services après qu’il
haut la main le test de Bechdel, on vient
résultat si elle n’était pas aussi belle ?
agent carter / abc
Encore une fois, il faut rappeler qu’on
« le subterfuge fonctionne à merveille, parce que le personnage évolue dans les années 40. »
est dans les années 40. Malgré un talent hors pair pour déjouer ses ennemis, elle reste quand même « esclave » de la mode de son temps, si bien qu’elle nous est toujours présentée bien coiffée, maquillée, en tailleurs moulants et talons-aiguilles. Bref, une féminité jusqu’au bout des ongles à peine désuète de nos jours, mais qui se j ustifie mieux dans un contexte un peu plus lointain. Enfin, l’autre point qui joue en faveur de Peggy est qu’à cette époque, on comptait peu d’espionnes, donc celles-ci étaient plus efficaces, parce que peu suspectées. Carter tire sa force du fait qu’elle est unique. Il serait intéressant de voir comment évoluerait la représentation de la féminité dans un concept regroupant plusieurs héroïnes : l’équivalent des X-Men, mais on n’en est v raiment pas là. Pour le moment, plus de 90 % des super-héros sont des hommes. Un équivalent féminin, même campé à notre époque sera toujours en partie défini par son charme et sa féminité en raison de
Hayley Atwell (Peggy Carter)
sa marginalité et d’une certaine fierté des scénaristes.
31
a n a ly s e d e s s t é r é ot y p e s d i ff i c i l e m e n t r é v e r s i b l e s
Constantine : l’échec des networks Des quatre projets lancés cette saison, Constantine est sans conteste le plus
« cette omission volontaire est malencontreuse, la sexualité du protagoniste a son importance »
décevant, autant d’un point de vue
32
critique que populaire. Trois millions
évolue tel un loup solitaire, sauf quand
Comme le rappelle Cerone, Constan-
de téléspectateurs en moyenne pour
il cherche de l’affection, masculine ou
tine est diffusée sur NBC, chaîne
une saison de treize épisodes, la série
féminine, peu importe puisqu’il est
publique qui doit rassembler un large
a de grosses chances d’être annulée,
bisexuel. Or, l’été dernier, le producteur
auditoire afin de récolter le plus d’argent
bien que NBC ne se prononcera pas sur
exécutif de Constantine, Daniel Cerone
possible de la part des publicitaires.
le sujet avant mai. Les raisons de cet
a confirmé que le personnage à l’écran
Ainsi, de peur d’en choquer quelques-
échec sont multiples, mais dans le cadre
interprété par Matt Ryan ne le serait
uns, la sexualité, surtout lorsqu’elle
de cet article, il importe de s ’attarder
pas, pour cette raison : « Dans ce tome
est considérée comme « n ’entrant pas
sur l’une d’entre elles : l’orientation
de trois décennies [de comics], il doit y
dans la norme », reste taboue si bien
sexuelle de son protagoniste qui a créé
avoir un ou deux numéros où on le voit
que les personnages principaux appar-
une mini-controverse avant même que
au lit avec un homme ». Certes, ce n’est
tenant à la communauté LGBT sont
la série ne soit diffusée.
pas ce qui ressort le plus du personnage
pratiquement absents à l’écran. Cette
C’est dans les comics titrés Hellblazer
de Hellblazer, et il est vrai que dans la
omission volontaire est malencontreuse
créés dans les années 80 que John
série, on accorde peu de temps à sa vie
puisque la sexualité du protagoniste
Constantine évolue en tant qu’exorciste
affective.
ici a son importance, parce qu’elle
qui se promène d’un bout à l’autre des
Le problème avec Constantine n’est pas
vient renforcer son image rebelle, de
États-Unis, chargé d’éliminer ceux qui
de le voir coucher avec des femmes,
quelqu’un qui appartient à la contre-
veulent s’en prendre aux innocents.
mais bien qu’on ait décidé de ne pas
culture, qui s ’assume pleinement et
Cet anti-héros par excellence qui a vu
le m ontrer faire de même avec des
qui n’a surtout de comptes à rendre à
tant d’horreurs au cours de sa carrière
hommes. Censure ? Pratiquement.
personne.
warner bros.
Conclusion avec un peu d’espoir : The Flash
son temps. Quêtes hebdomadaires
télévision dans les années 90 sur ABC par
bien rodées, effets spéciaux réussis;
un John Wesley Shipp à la musculature
Ce que l’on retient avec ces trois séries
c’est son personnage principal, Barry
imposante correspondant aux standards
est que les clichés lorsqu’il s’agit d’adap-
Allen, et surtout son interprète, Grant
du super-héros. Grant Gustin rejoint
tations de comics à l’écran sont coriaces.
Gustin, qui est à l’origine de ce succès.
davantage l’auditoire auquel on s’adresse
Les conflits qui opposent le bien et le
Le p rotagoniste que l’on voit évoluer sur
et ce pari rapporte, puisque trois mois
mal sont une affaire d’homme. C’est
notre écran depuis 2014 sort à peine de
après sa première diffusion, The CW a
uniquement du point de vue maternel
l’adolescence. Adoptant un look casual,
annoncé que la série connaîtrait une
ou sexuel que les femmes parviennent
il passe inaperçu auprès de ses pairs.
seconde saison. Là se trouve assurément
à influencer le parcours de ces demi-
Timide en amour, il manque de confiance
la clé du futur quant à la représentation
dieux ou demi-démons. Constantine peut
en soi, et fait rare, dans les trois premiers
de nos super-héros à la télévision : une
dormir sous les ponts si ça lui chante
épisodes, on le voit pleurer à plusieurs
authenticité qui s’éloigne des archétypes.
ou s ’avérer peu soucieux de sa santé
reprises, que ce soit lorsqu’il rend visite à
ou de son hygiène. L’équivalent serait
son père en prison ou lorsqu’il pense à sa
difficilement envisageable pour l’agent
mère décédée alors qu’il était enfant. Par
Carter qui en plus d’être compétente dans
contre, jamais cette sensibilité a ffichée
ce qu’elle fait, se doit d’être coquette et
ne nuit à ses missions.
séduisante.
Cette image du héros contraste forte-
Il y a peut-être un peu d’espoir avec
ment avec le Flash créé dans les années
The Flash qui est plus en phase avec
40 et interprété une première fois à la
Grant Gustin (The Flash)
John Wesley Ship
The Defenders
2
The Flash
Krypton
0
Constantine
Luke Cage
2
Gotham
Quelle est votre série adaptée d’un comic book préférée ? 4 % 2 % Série adaptée d’un comic 20 % book la plus attendue 14 %
SÉRIES
RÉSULTATS
Daredevil
24
Supergirl
7
A.K.A. Jessica Jones
12
12 %
Titans
2
The22 % Defenders
2
Krypton
0
Luke Cage
2
Série adaptée d’un comic bo SÉRIES
Agent Carter Agent Carter The Walking Dead The Walking Dead Agents of S.H.I.E.L.D. Arrow Agents of S.H.I.E.L.D. The Flash Arrow Constantine The Flash Gotham Constantine Gotham
24 %
4 % 2 % Comme le montre le sondage ci-dessus, vous êtes plutôt par4 % 20 % 4 % tagés quand il s’agit de nommer 14 %votre série préférée adaptée 4 % d’un comic. En effet, c’est Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. qui
sont donc plus plébiscitées par les lecteurs du magazine que les séries DC Comics. Concernant la série adaptée d’un comic que
vous attendez le plus (résultats ci-dessous), c’est D aredevil qui Agent Carter remporte le plus de votes, suivi de très près par Arrow, puis remporte largement laWalking majorité des votes (disponible depuis The Dead Daredevil Agents of S.H.I.E.L.D. Agent Carter.Viennent ensuite, quasiment à égalité, The Flash le 10 avril sur Netflix).Ensuite, on retrouve A.K.A J essica Jones, Supergirl Arrow A.K.A. Jessica Jones Titans, Luke Cage et et The Walking Dead, suivies de très loin par Constantine et 12 % suivie de Supergirl. Les trois dernières, The Flash 24 % 49 % Titans Gotham qui remportent très peu de votes. Les séries Marvel The Defenders, se p Constantine artagent les quelques votes restants. The Defenders 22 % Gotham Krypton Luke Cage
24 %
Quelle est la série adaptée d’un comic book que vous attendez le plus ? 14 %
4 %
4 %
24 %
49 %
14 %
34
4 %
Daredevil Supergirl A.K.A. Jessica Jones Titans The Defenders Krypton Luke Cage
RÉS
critique
l i v e d e r a D e l g u e v a e ic t s u la j
Avocat le jour, Matt Murdock lutte contre l’injustice dans le quartier new yorkais de Hell’s Kitchen. Pour y arriver, il doit arborer, la nuit, le costume du fameux justicier, Daredevil. Série adaptée des comics Marvel éponymes, diffusée sur Netflix, dé couvrez ici la critique de la première saison. par maxime pontois
35
critique
daredevil, la justice aveugle
Arrow, The Flash, Marvel’s Agents Of S.H.I.E.L.D., Gotham ... Le petit écran accueille de plus en plus de séries de super-héros adaptées des comics de DC et Marvel. En apprenant l’arrivée de cinq nouvelles séries de justiciers produites par Netflix, j’étais très sceptique. J’avais peur que toutes les séries de ce genre finissent par se ressembler, mais j’avais tort. Daredevil, qui ouvre le bal des séries de Netflix se différencie totalement des autres et ce, dans le bon sens du terme.
Le Pilote « Into The Ring » Je n’ai pas vraiment accroché au pilote de Daredevil, comme s’il manquait quelque chose pour le rendre vraiment bon, mais je me suis vite rendu compte au fur et à mesure des épisodes que la
Charlie Cox (Matt Murdock)
« le mythique combat du couloir tourné en une prise avec un style à la old boy »
série s’améliorait énormément. Le pilote est assez flou, mais si vous vous a ttendez
qu’il a des faiblesses, ce qui l’humanise
nuances de rouge rappelant le costume
à savoir le p ourquoi du c omment
grandement.
du héros, le rendu est très e sthétique.
Matt Murdock est devenu un justicier,
Les Combats
une réelle introduction au p ersonnage
Les scènes de combat de Daredevil
masqué. Le Daredevil en costume rouge
sont beaucoup plus dynamiques,
La musique n’est pas présente en excès.
que nous c onnaissons des comics et du
impressionnantes et violentes que celles
Elle est là lors des moments d’émotion
génial film avec Ben Affleck (Vous y avez
de n’importe quelle autre série du genre.
et de combat, tout en se faisant discrète.
cru hein ?!) n’est pas vraiment présent
Ces scènes me rappellent b eaucoup
Je trouve qu’elle se marie bien avec
cette s aison, Matt Murdock est juste
B anshee (Cinemax) et ses c ombats
l’ambiance de la série, son côté sombre
« The M asked Man » tout comme O liver
remplis de testostérone. La réalisation
et mystique convient très bien au genre,
Queen était « The Hood » au début de
et les cascades de ces scènes sont
ce qui me fait parfois penser à Heroes
Arrow. Ce pilote de Daredevil fait partie
vraiment impressionnantes, notamment
(NBC) et Lost (ABC).
d’un tout, il n’a pas vraiment de sens
le mythique c ombat du couloir qui
si l’on ne regarde pas toute la saison.
clôture le d euxième épisode, tourné en
Il sert d’introduction aux personnages
une prise avec un style à la Old Boy. Les
Savant mélange entre série policière
principaux et à la m otivation p rincipale
plans serrés sont monnaie courante lors
et justicière, cette série a su trouver un
du héros, sauver Hell’s Kitchen.
de ces scènes, ce qui les rend encore plus
équilibre parfait pour Netflix. Avocat le
L’introduction du personnage est
dynamiques et nous amène au coeur de
jour et justicier la nuit, Matt Murdock
originale. Quand la série commence, Matt
l’action avec le personnage.
a deux occupations et on découvre les
à faire régner la justice. On découvre
amplifiés.
Le Mélange des Genres
deux côtés. Certains épisodes sont mêmes
porte déjà son masque noir et commence
36
rappeler le don de Matt qui a les sens
Le Générique et la Musique
davantage du genre judiciaire où les
son passé grâce à des f lashbacks, comme
La musique du générique est digne
talents d’avocat du héros sont mis en
l’accident qui l’a rendu aveugle. Matt
d’un film de justicier, battements de
avant. Les combats sont dynamiques et
Murdock est orphelin mais le personnage
coeur et violons qui accélèrent jusqu’au
les dialogues peuvent paraitre long pour
ne ressent pas le besoin de le rappeler à
climax où on entend deux battements de
une série de super-héros, mais c’est ça
chaque épisode contrairement à d’autres
coeur et on y découvre « Daredevil ». Le
qui la différencie des autres. Le rythme
séries. Enfin, dès le début Matt montre
générique dure une minute, il joue sur les
global, plutôt lent, nous permet d’en
barry wetcher / netflix
regardez la saison entière, car c’est
Les battements de coeur ne sont pas sans
Woll), leur secrétaire qui amène une bonne touche d’humour et d’émotions. Les personnages secondaires, comme l’infirmière Claire, jouée par Rosario Dawson et le journaliste Ben, jouée par Vondie Curtis-Hall, sont bien développés, ce qui nous permet de nous y attacher. Enfin, comment parler de Daredevil sans parler de l’antagoniste de la série, le charismatique et massif, « celui dont on ne doit pas prononcer le nom » Wilson Fisk. Homme troublé et troublant, Vincent d’Onofrio joue un puissant gangster torturé, comme on en a rarement vu, à la fois romantique et terrifiant. Le Némésis Vincent D’Onofrio (Wilson Fisk)
de Daredevil joue un rôle très important
découvrir davantage sur les personnages.
étant un fervent c atholique tourmenté
l’écran ou non. Il est entouré d’autres
Il n’y a pas un antagoniste par épisode,
par ses péchés futurs et passés.
gangsters très p uissants, mais si Hell’s
mais un seul sur toute la saison, que Matt
On peut aussi se pencher sur l’ambiance
Kitchen était un jeu d’échecs, Fisk serait
essaie de stopper en enquêtant avec et
tendue lors des conversations entre les
sans nul doute le roi.
sans son masque. Étonnamment, dans
différents antagonistes de Hell’s Kitchen.
sa p rogression, la série me fait parfois
Le justicier mettant leurs nerfs à rude
J’ai tendance à comparer cette série
penser à Breaking Bad (AMC).
épreuve, leur alliance semble très fragile.
aux séries de super-héros présentes
Par ailleurs, cette série ne fait pas très
Un élément original qui m’a vraiment
sur The CW, The Flash et Arrow, mais
« super-héros », Matt est aveugle et a les
marqué, est la forte présence des langues,
elles ne sont pas vraiment comparables.
sens surdéveloppés, mais ne peut pas
espagnol, russe, japonais ou encore
The CW cible principalement un public
lancer des lasers avec ses yeux ou cou-
chinois, un personnage étranger qui
a dolescent, ce qui rend les séries
rir à la vitesse supersonique. On n’a pas
ne parle pas forcément bien anglais va
plus é dulcorées et fantastiques. Les
forcément envie d’être comme lui
s’exprimer dans sa langue, ce qui rend
super-pouvoirs sont également présents
contrairement à Flash ou Superman. Cela
la série plus fidèle à la réalité.
dans ces deux séries, ce qui joue plus sur le côté irréel, alors que Daredevil est
dit, c’est ce qui rend la série plus réaliste. Enfin, on ne peut pas oublier que
barry wetcher / netflix
Les Acteurs et Personnages
dans la réalité et s’adresse à un public
Daredevil fait partie du monde de M arvel,
Matt Murdock est interprété par un
de nombreuses références et clins d’oeil
excellent Charlie Cox, rien à voir avec
Pour finir, si vous ne savez pas quoi
à d’autres héros sont é parpillés dans
la mauvaise prestation de Ben Affleck
regarder en ce moment, foncez voir
certaines scènes, à vous de les retrouver !
dans le film Daredevil. Je l’imaginais
cette série, déjà commandée pour une
difficilement interpréter un justicier
saison 2, elle remporte tous les suffrages
aussi tourmenté, alors qu’au final,
auprès des fans. Sans oublier que cette
Daredevil sévit principalement la nuit
il est très bon dans ce rôle, adoptant
série ouvre la porte aux autres séries de
et le personnage est aveugle, donc autant
parfaitement les différents gestes des
Marvel sur Netflix, tel que p rochainement
dire que l’ambiance est plutôt sombre, ce
malvoyants.
en 2015, Marvel’s A.K.A. Jessica Jones
qui est en accord avec les thèmes abordés.
Les autres personnages sont en général
qu’on espère être d’aussi bonne qualité
Dans toute cette noirceur, on trouve une
plutôt bien interprétés, comme le
que Daredevil. Et surtout n’oubliez pas,
pointe d’humour à travers le personnage
personnage de Foggy, joué par Elden
faites attention en traversant, on ne sait
de Foggy qui est toujours là pour lâcher la
Henson, le meilleur ami de Matt avec
jamais, un camion de transport chimique
phrase qui vous fera sourire. La réligion
qui il a ouvert le cabinet d’avocats N elson
pourrait vous renverser et décupler l’un
est également abordée, Matt Murdock
& Murdock, ou Karen (Deborah Ann
de vos sens ...
L’Ambiance
randy holmes / abc
dans la série, omniprésent, qu’il soit à
plus mature.
37
c r i t i q u e p i lo t e
izombie ou quand veronica mars devient une morte-vivante
38
Le 17 mars 2015 débutait iZombie, sur
trop r apidement dans l’épisode pilote.
planche de bandes dessinées, un clin
The CW, adaptation des comics du même
Alors qu’il aurait été intéressant de s’at-
d’oeil évident au support d’origine. Le
nom, créés par Chris Roberson et Moke
tarder sur la t ransformation que vivait
casting est aussi de bonne tenue, un point
Allred. Nous devons cette nouvelle série
la jeune femme, la série a préféré jouer
qui effraie toujours un peu quand il s’agit
fantastique à Rob Thomas, le papa de
sur l’ellipse et nous montrer de suite son
des créations de la chaîne. On retrouve
Veronica Mars.
quotidien. Le premier épisode installe
tout de même quelques acteurs connus
La série s’attache au destin d’Oliva
alors le f ormat que devrait prendre la
de The CW (un de One Tree Hill et une de
Moore, dit « Liv », une jeune étudiante
série tout au long de sa s aison : une
Hellcats notamment), pour un ensemble
en médecine qui va se transformer en
affaire à résoudre par épisode avec, en
de personnages ayant malheureusement
zombie après une fête qui tourne mal.
toile de fond, la vie personnelle de Liv
tous à peu près le même âge, The CW ne
Elle est désormais l’assistante du méde-
qui doit se faire à sa nouvelle c ondition,
prenant pas le risque d’étirer la tranche
cin légiste et aide le détective Clive
pendant que son patron tente de t rouver
d’âge de ses personnages.
Babineaux à résoudre des affaires de
un remède. Le problème récurrent avec
Reste à savoir dans quelle direction
meurtres. En effet, en se nourrissant du
ces séries jouant fortement sur un côté
iZombie va s’orienter et si elle exploi-
cerveau des victimes, elle acquiert leurs
« stand-alone » vient de l’irrégularité
tera son potentiel pour devenir une
souvenirs.
annoncée des épisodes. Une affaire
série f antastique originale et innovante,
Les fans du travail de Rob Thomas sur
criminelle moins intéressante viendra
au-delà du simple procédural.
Veronica Mars devraient apprécier sa
forcément jouer sur la qualité finale de
nouvelle création, du fait de points
l’épisode. Celle du pilote est d’ailleurs peu
communs indéniables entre les deux
passionnante et manque d’originalité.
séries. On retrouve un ton quelque
C’est d ’autant plus d ommage dans une
peu cynique, soutenu par la voix-off
série de ce type, qui attire aux premiers
de l’héroïne, ainsi qu’un goût certain
abords par son synopsis surprenant et
pour les affaires criminelles. La série
jamais vu. Seule la suite pourra confir-
se détache néanmoins de son aînée
mer, ou non, que le caractère fantastique
grâce à son appartenance au genre
du récit est réellement utile, et non un
fantastique p lutôt bienvenu, donnant au
prétexte pour une énième série policière.
programme un vrai cachet original. Elle
Heureusement, un semblant de fil rouge
propose de nous livrer sa propre version
semble déjà s’installer vers la fin de
du thème des morts-vivants (Des êtres
l’épisode avec le personnage incarné
déjà récemment mis en scène dans des
par David Anders (Alias).
séries comme The Walking Dead, In The
Formellement, la série est intéressante
Flesh en A ngleterre ou Les Revenants en
dans ses nombreux renvois aux comics
France). On peut alors regretter que la
originaux. Ainsi, les transitions ou le
« zombification » de Liv soit balayée bien
générique prennent la forme d’une
warner bros
À l’heure où les séries policières envahissent de plus en plus le paysage audiovisuel, iZombie décide de montrer le bout de son nez en proposant une série originale, rafraîchissante et osée, permettant d’allier fantastique et policier de manière intelligente.
powers la renaissance d’un genre
sony pictures
Arrow, The Flash, Heroes ou encore Smallville sont des séries de super-héros qui partent toutes du même postulat de départ, à savoir l’utilisation de super-pouvoirs pour combattre le mal. L’arrivée récente de Powers permet un renouvellement du genre grâce à une série originale qui se démarque rapidement de ses consœurs. L’adaptation des comics américains
Dans le monde de Powers, fantastique,
super-héros étant des stars adulées,
Powers a été un parcours du combattant
haut en couleurs et dure réalité se
icônes de la télévision.
de près de quinze ans. Prévu initialement
côtoient pour créer un univers original,
Malgré un univers plutôt attrayant
pour être un film en 2001, le projet est
unique et pop, flirtant plus d’une fois
(pouvant néanmoins rebuter aux pre-
ensuite annoncé sous forme de série
avec un cheap clairement assumé. Loin
miers abords, surtout si vous n’aimez
pour une diffusion sur FX en 2012. Son
des tendances actuelles qui cherchent le
pas les séries de seconde zone), Powers
développement a cependant été stoppé
plus souvent à assombrir la thématique
pêche dans son écriture, l’exposition de
suite au départ de deux acteurs et à des
du super-héros, Powers développe
ses personnages et ses enjeux, ainsi que
désaccords sur le pilote. Ce n’est que
davantage l’aspect cartoonesque du
dans son rythme. Sa double casquette,
cette année que la série, créée par Brian
sujet. Les êtres surhumains s’amusent
entre série de super-héros et série
Michael Bendis et Michael Avon Oeming,
de leurs pouvoirs, vêtissent des tenues
policière, proche du polar, n’emballe
est finalement diffusée sur Playstation
fluos et se donnent des noms classiques
pas autant que l’on pourrait le p enser.
Network. Il s’agit de la première série
de super-héros. À l’opposé, les « vilains »
L’ensemble manque malheureusement
originale proposée par ce service. En
sont reconnaissables en un clin d’oeil,
de structure, si bien que l’on se demande
France, c’est sur OCS Choc que l’on peut
plus sombres et moins fun.
souvent où la série veut nous emme-
également la retrouver.
Néanmois, la série n’oublie pas de
ner. La mise en scène est, elle aussi,
Reprenant le concept des comics
se révéler plus sérieuse, à travers
plutôt pauvre, de même que les effets
d’origine, Powers propose de suivre
notamment son personnage principal.
spéciaux, très simplistes, qui rejoignent
deux inspecteurs de police de la d ivision
Sa coéquipière désamorce généralement
le côté cartoonesque évoqué plus haut. Le
« Powers », chargés d’enquêter sur des
son caractère grave, le duo central étant
casting est quant à lui de bonne qualité.
affaires impliquant des individus dotés
basé sur la mécanique assez commune
Il n’y a plus qu’à espérer que Powers
de super-pouvoirs. En effet, la série pré-
de la rencontre des contraires.
réussira durant sa première saison à
sente une société où personnes ordinaires
En choisissant de faire de Christian, une
proposer plus qu’un simple univers
et êtres surhumains cohabitent. Le
ancienne célébrité redevenu un être ordi-
original, et qu’elle parviendra donc à
personnage principal, Christian Walker,
naire depuis la perte de ses pouvoirs,
déployer tout son potentiel.
a d’ailleurs la s pécificité d’être un ancien
la série se permet de développer l’un
super-héros ayant perdu ses capacités
de ses aspects les plus intéressants :
Critiques de iZombie et Powers écrites
surhumaines.
son caractère quasiment « méta », les
par Cross Over US.
39