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SOMMAIRE
Archibat N°35 Revue maghrébine d'aménagement de l'espace et de la construction
Editorial Opinion libre
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"Winnou etrottoir" Une initiative citoyenne à l'encontre de l'usage abusif du trottoir
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Hommage 12
Hommage à Sémia Akrout Yaïche
Réalisation 13
L’Institut français de Tunisie Le Petit Carnot, le phénix renait de ses cendres
Focus Juridique 16
La protection juridique des œuvres architecturales
News internationales 13
La plus haute tour d’Amérique - One World Trade Center à New York
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Parcours choisi à travers Expo Milano
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Projet innovant Innosfax - Vers la ville intelligente
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Publi-rédactionnel L’art et la technique pour un enseignement up to date
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L’architecture hospitalière de demain L’architecture hospitalière, en débat L’infrastructure hospitalière en Tunisie Etat des lieux et perspectives Enjeux de la programmation hospitalière L’hôpital de demain, quels enjeux ?
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30 36 40 42
Extension et rénovation de l’hôpital Habib Thameur
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Centre hospitalier international « Carthagène »
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Polycliniques Pasteur & les Jasmins
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Nouvelles pratiques interdisciplinaires pour une meilleure maîtrise du projet Sigma architecture & Oracle Consult, une équipe multi spécialité 56 Polyclinique "International Hospital of Carthage Garden"
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SOMMAIRE DIPLÔME 64
Jardin des sens sur le Campus Universitaire El Manar
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CONCOURS national Concours d’architecture pour la construction d’un immeuble administratif de classe A
PATRIMOINE La régénération des quartiers anciens en Tunisie Le devenir des villes historiques arabes en question (Re) découvrir le patrimoine architectural récent en Tunisie
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72 73 74
URBANISME L'urbanisme, une spécialité médicale ?
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INVITÉ Jean-Louis COHEN Architecte, historien, théoricien de l'architecture
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AILLEURS New York - La High Line, un parc urbain suspendu, une promenade architecturale
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Jeunes architectes ADD Architecture Design and Decoration Imen Landoulsi Attia
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Résidences les jardins de Gammarth « Less is more »
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Concours projet d’hôpital privé
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Maison Villa Mégrine chatoiement lumineux
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ART El Seed, calligraffiste
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PHOTO Ons ABID, perfectionniste à fleur de regard
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EXPO « MakingAfrica, un continent de design contemporain » au Vitra Design Museum, Weil-am-Rhein
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ARCHIBAT Revue maghrébine à parution semestrielle, publiée par : ABC Architecture Bâtiment et Communcation, S A 19 Rue Abou Bakr Bekri, Imm. Luxor I, Br. M/2 Montplaisir 1073 Tunis Tél. : 216 71 904 467 71 907 952 Fax : 216 71 902 485 E-mail : contact@archibat.com.tn
www.archibat.tn
ÉDITORIAL
Directrice de publication Amel SOUISSI TALBI Conseillère de la rédaction Alia BEN AYED Assistante de rédaction Abir AZZI Ont collaboré à ce numéro : Zoubeir MOUHLI Nébila MEZGHANI Nejib KOURAICHI Ahmed Bouchoucha Stéphan BAJDAS Frédéric NANTOIS Nejib KRID Rim MAALAOUI Denis LESAGE Adnen EL GHALI Achraf BAHRI MEDDEB Imen LANDOULSI ATTIA Olfa BELHASSINE Ons ABID Membres fondateurs Leïla AMMAR Ali DJERBI Amel SOUISSI TALBI Achraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE Publicité Zouhaira TALBI REBAI Conception graphique Mouna MATTOUSSI TRABELSI Abonnement Lobna MCHIRGUI BELHAJ
Site web Mouna MATTOUSSI TRABELSI Les articles publiés dans cette revue, et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, réservés pour tous pays. Les textes et photos reçus et leurs envois impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication.
Nous ne pouvons entamer ce numéro sans rendre hommage à Samia Akrout Yaïche grande âme, militante inconditionnelle du patrimoine, ravie trop tôt à la vie en avril dernier. Son passage à la tête de l’ASM, entourée d’une équipe soudée, aura permis de développer un savoir-faire, inégalé à Tunis et mondialement reconnu, dans la restauration architecturale. Pour la seconde fois, nous consacrons notre dossier à l’architecture hospitalière, il faut dire que le sujet est brûlant. La généralisation de la couverture territoriale en équipements hospitaliers modernes est une préoccupation majeure de la Tunisie postrévolutionnaire. Le moment est crucial et le défi de taille. Quel hôpital, à définir aujourd’hui, sera capable, d’une part, de répondre aux enjeux multiples, démographique, sociétal et de santé et, d’autre part, d’anticiper le rythme grandissant des évolutions des procédures et techniques médicales ? L’accroissement d’une population, de plus en plus urbaine, et son vieillissement, associé au dynamisme de la médecine contemporaine, appellent à reconsidérer la nature du problème. Le séminaire organisé conjointement avec les Ministères de tutelle et en présence d’experts tunisiens et étrangers, s’est soldé par une série de recommandations dont vous pourrez lire la teneur. Si on devait encore en douter, une véritable expertise locale existe en la matière. En témoigne quelques uns des meilleurs projets d’établissements hospitaliers que nous présentons. Notons que la volonté politique, dans laquelle s’est engagée la Tunisie, constitue une opportunité sans précédent pour redynamiser le secteur, répondre aux besoins et humaniser l’hôpital. Le projet Innosfax augure d’une nouvelle tendance du dynamisme territorial. Il vise la réalisation d’un îlot démonstrateur innovant sur le site du Technopôle de Sfax. Le projet, qui fait actuellement l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt, s’appuie sur les liens de coopération internationale entre les Villes de Sfax et de Grenoble. La conception s’appuie sur une démarche de développement durable et d’écoconstruction. Notre « Jeune architecte » est une femme cette fois-ci, Imen Landoulsi Attia, nous fait part de son parcours, dont l’excellence présage d’une belle carrière à poursuivre. Quant à notre « Réalisation » coup de cœur, elle met à l’honneur les nouveaux locaux de l’IFT déménagés au Petit Lycée Carnot. La High Line ou Voie Haute, projet de coulée verte, émanant d’une initiative citoyenne qui devient l’un des sites les plus courus de New York a retenu notre attention, serait-ce l’alternative pour penser autrement la ville inclusive et la réconcilier avec le paysage naturel ?
VISA N° 2796 Autre publication de ABC : Rejoignez nous sur :
Archibattunisie
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Amel Souissi Talbi
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" winnou etrottoir "
Une initiative citoyenne à l'encontre de l'usage abusif du trottoir
El Menzah 5
OPINION LIBRE
La campagne "winnou etrottoir", lancée à l’initiative de l’association « des amis de La Marsa » à leur tête l’architecte Sahbi Gorgi s’est propagée comme une traînée de poudre, aujourd’hui elle rassemble un collectif comptant plusieurs associations de villes tunisiennes. C’est dire l’intérêt que suscite cette question de l’envahissement anarchique et grandissant de l’espace public. L’état des lieux est alarmant, le trottoir symbole par excellence de l’espace urbain partagé par la collectivité, est squatté par des terrasses de café, des étalages de commerces et toutes sortes de constructions, qui s’étendent au-delà des limites accordées, et jusque sur la chaussée. En plus d’encombrer la voie publique, ces dispositions anarchiques entravent l’accessibilité des piétons, et plus particulièrement des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des parents accompagnés de poussette, etc. Pour le cas de La Marsa, ou d’autres villes vitrines, l’architecte pointe le fort potentiel de la ville et, en conséquence, de la surenchère de spéculation dont elle fait l’objet. En l’absence de régulation, cette situation aboutit à la dégradation de la ville. Pour le cas des terrasses de café, par exemple, il s’agit, à tout prix, de rentabiliser les m2 de trottoir loué à la municipalité. En plus de nuire à la qualité de l’environnement urbain, d’occasionner une gêne pour l’utilisateur et une violation de sa liberté de circuler, l’occupation sans limites de l’espace public nuit, en bout de course, au commerce lui-même.
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Si la réglementation existe, son application fait défaut. En effet depuis que la décision a été prise d’affecter la police municipale sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur, les autorités locales ont perdu toute possibilité de faire appliquer les décisions qu’elles prennent. De plus, et c’est le plus grave, ce ne sont pas les services techniques bien au fait des réglementations et capables d’anticiper les conséquences de toute opération sur la qualité urbaine, mais les services économiques des municipalités qui sont en charge des négociations avec les commerçants. Se rajoute à cela une corruption sans précédent dénoncée par les autorités elles-mêmes. Alors même que se pose la question de se mettre au diapason des « villes intelligentes » (smart city en anglais), d’adopter un développement urbain capable de répondre à l'évolution ou à l'émergence des besoins des institutions, des entreprises et des citoyens, tant sur le plan économique, social, qu'environnemental, pour un meilleur vivre ensemble, il est urgent de se mobiliser pour lutter contre cette corruption et la gangrène qu’elle génère. ■ Alia Ben Ayed
Cette rubrique propose un espace de débat ouvert à tous. A vos plumes, n’hésitez pas à nous envoyer vos suggestions par e-mail :
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HOMMAGE
Hommage à Sémia Akrout Yaïche prononcé par Zoubeïr Mouhli, Directeur général de l’ASM, le 9 juillet 2015 à Dar Lasram
Beaucoup parmi ses amis, ses collègues ou ses complices intellectuels, savent à quel point Sémia croyait au patrimoine, au devenir de la ville historique de Tunis en particulier et des Médinas de Tunisie en général. Architecte et urbaniste, Sémia a consacré sa carrière à la sauvegarde et à la défense de la ville de Tunis, avec toute sa force et son énergie et dans des conditions pas toujours aisées ni faciles. Elle a assumé la direction générale de l'ASM durant vingt années, de 1993 à 2013, et a connu 6 maires de la capitale. Vingt ans de responsabilité, de militantisme et de travail patient et acharné en vue de concrétiser, en concertation avec la municipalité de Tunis, une vraie approche de sauvegarde du patrimoine à Tunis, fondée sur la valorisation de l'être humain, en parallèle à la valorisation de la pierre. Une idée centrale qui a caractérisé les interventions dans les quartiers historiques de la capitale et qu'elle n'avait cessé de marteler dans toutes ses communications et à l'occasion de toutes les missions où elle devait présenter l'expérience de la ville de Tunis, considérée à juste titre par nos partenaires étrangers, une expérience exemplaire, digne d'intérêt comme l'attestent les témoignages que nous avons reçus et continuons à recevoir après sa disparition. Pendant qu'elle assumait la fonction de directeur général, Sémia avait, autour d'elle, une équipe soudée et compétente qui avait et continue d'avoir aujourd'hui encore malgré la réduction des effectifs, un même but : celui de poursuivre l'œuvre de nos prédécesseurs à l'Association (auxquels nous rendons ici un vibrant hommage) et de ne ménager aucun effort pour renouveler le regard porté sur la pratique de la sauvegarde du patrimoine dans la ville tout en faisant comprendre les véritables enjeux de sa restauration et de sa mise en valeur. L'ASM a su développer, sous la direction de Sémia et de ses collaborateurs, un savoir-faire inégalé à Tunis dans la restauration architecturale. Ainsi, durant ces trente dernières années, les avancées réalisées par l'ASM étaient consolidées dans les domaines de la promotion culturelle et économique, de l'esthétique urbaine et du développement du tourisme culturel.
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Ces avancées avaient convaincu l'Organisation des Villes du Patrimoine mondial (OVPM) et l'Organisation des Villes arabes (OVA) de faire confiance à la ville de Tunis et d'y implanter, au siège même de l'ASM, le Secrétariat régional de l'OVPM pour l'Afrique et le Moyen-Orient, dont Sémia était coordinatrice régionale de 2002 à 2013 ainsi que la Fondation du Patrimoine et des Villes historiques arabes (FPVHA) dont Sémia assura la direction générale de 2007 à 2013. Sémia était également membre du panel du Programme de Gestion urbaine (PGU Tunisie), des associations tunisienne et internationale des urbanistes, présidente fondatrice de l'Alliance Femmes et Villes en juillet 2002, membre de l'Icomos Tunisie et membre du bureau exécutif de l'Icomos international de 2011 à 2014. Ces réalisations, cette réflexion portée au plus haut point, comme en témoignent les publications de l'association et les contributions diverses et variées aux revues spécialisées et scientifiques, font du travail de l'ASM une grande œuvre complète, servi par un aller-retour permanent entre pratique des restaurations, expérience de reconversion et réflexions sur le devenir des villes historiques et dynamiques sociales et économiques. Cette quête de l'excellence, bien que desservie par des budgets sans commune mesure avec les objectifs et les ambitions affichées, a permis à la ville de Tunis de rayonner dans le monde et d'acquérir la réputation d'une ville qui ose explorer des voies nouvelles de valorisation et de gestion patrimoniale. En témoignent les nombreuses consécrations au niveau international, les quatre prix Aga Khan attribués à l'ASM et les deux prix Aga Khan attribués en nom propre à notre défunte amie et collègue. La fortune étrangère de l'ASM ne s'arrête pas là et, en 2004, Sémia fut reçue chevalier dans l'ordre du mérite culturel du Brésil. Cette consécration fut suivie par sa réception, une année plus tard, dans l'ordre équivalent en Tunisie. ■
réalisation
L’Institut français de Tunisie Le Petit Carnot, le phénix renait de ses cendres
Maître d’ouvrage : Ministère des Affaires étrangères et européennes Mandataire : Ambassade de France en Tunisie Architecte mandataire : Hans Philip Richter Architecte : Karim Jeddi-Gonzalez BET Structures : B2B Ingénerie - Jean-Paul Barraquet BET Sécurité incendie et installations techniques : Argetec - Patrick Brun Bureau de contrôle : Apave Tunisie Entreprise : CIC (Civil & Industrial Contractors
Façade sur l'avenue de Paris - Double-peau reflet de la ville
L’Institut français de Tunisie a ouvert ses nouveaux locaux, en mai dernier, au Petit Carnot. En plus des services culturels, l’ensemble regroupe une médiathèque, une galerie d’exposition et un auditorium, salle de cinéma et de spectacle, un centre de langue, un espace CampusFrance pour les étudiants.
D
e facture contemporaine, la très belle opération de réhabilitation du Petit Carnot a réussi le double défi de raviver l’atmosphère des lieux tout en l’actualisant. Qui aurait cru que ce vieux bâtiment austère aux longs corridors sombres et gris pourrait un jour montrer de nouveaux attraits si lumineux ? Sans doute les atours de la vieille bâtisse portaient-ils en eux ce potentiel : la situation, en plein cœur de la ville, le parcellaire enserrant deux cours aux proportions harmonieuses, l’inertie d’épais murs en pierre. Le parti pris est clair, le bâtiment doit s’ouvrir à la ville, capturer sa lumière, battre à son rythme. Pour autant, dès l’entrée
vous êtes enveloppé par le calme et la sérénité qui règnent dans les lieux. Apaisé, au frais, dans une ambiance feutrée vous appréciez, à travers les mailles d’un élégant claustra, le spectacle de l’Avenue de Paris qui grouille. Plus qu’une simple façade, cette deuxième peau en inox, réfléchit en miroir l’activité urbaine. Toile en perpétuel bougé, elle retranscrit la dynamique de la rue et de ses passants, accentuant ainsi l’interaction du bâtiment avec son environnement immédiat. Conçu comme une petite halte urbaine, le hall d’accueil résolument sobre ouvre sur une cour baignée de lumière révélant la blancheur immaculée de la chaux recouvrant ces murs.
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La cour ambiance nocturne
La cour havre de paix
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Plan masse
La terasse point de vue dĂŠcalĂŠ sur la ville
Photos : Moujahed Jarboui
Moment de lecture inondé de lumière
Galerie d’exposition porte ouverte sur l’art Modernisée, la médiathèque installée au rez-de-chaussée de l’aile ouest, a doublé de volume et dispose d’un aménagement flexible à souhait. La galerie en est à sa deuxième exposition, l’auditorium accueille régulièrement des conférences, la cafétéria qui ouvrira ses portes très prochainement attirera un public averti. Cerise sur le gâteau, la terrasse du bâtiment administratif, accessible, donne à voir un point de vue imprenable sur la ville. Le pari est gagné ! L’opération a fait de l’ancien Petit Lycée un superbe centre culturel moderne à l’architecture résolument contemporaine qui a su préserver les traces encore palpables d’un passé glorieux. Premier bâtiment tunisois franchement ancré dans son temps, le nouvel IFT renforcera le caractère culturel du centre-ville. ■ Enfilade livresque
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Focus Juridique LA PROTECTION JURIDIQUE DES ŒUVRES ARCHITECTURALES Par Nébila Mezghani Professeur Emérite de l’Université Tunis El Manar Titulaire de la Chaire UNESCO d’enseignement du Droit d’auteur et des droits voisins « Technique et sensibilité, conditions de l’architecture, sont un attelage délicat » Le Corbusier, « La charte d’Athènes ». Entretien n° 16, p. 178. L’architecte est à la fois un artiste et un technicien. La protection juridique des œuvres architecturales relève du droit de la propriété intellectuelle. L’œuvre architecturale peut être protégée par le droit d’auteur en tant que création artistique et/ou par le droit des dessins et modèles indutriels en tant qu’œuvre relevant de l’art appliqué à l’industrie, à condition que cette œuvre réponde aux critères exigés par la réglementation en vigueur.
QUELLES SONT LES BENEFICIAIRES DE LA PROTECTION ? LES PERSONNES PROTEGEES En principe le droit d’auteur revient à l’auteur créateur. L’auteur d’une œuvre est, sauf preuve contraire, celui sous le nom de qui l’œuvre est divulguée. Il peut s’agir d’une personne physique ou d’une personne morale. Ainsi, le droit d’auteur appartient à l’auteur créateur de l’œuvre dans le cas d’une œuvre simple, réalisée par un seul auteur, dans le cas d’une œuvre de commande ou dans le cas où la création se fait en exécution d’un contrat de travail, sauf stipulation contraire découlant d’un contrat existant entre les deux parties. Lorsque l’œuvre est réalisée par plusieurs auteurs, il s’agit soit d’une œuvre de collaboration soit d’une œuvre collective. * Dans le cas d’une œuvre de collaboration, les droits d’auteur reviennent aux différents collaborateurs. * Dans le cas d’une œuvre collective, seul le coordinateur, initiateur de l’œuvre, personne physique ou morale, bénéficiera du droit d’auteur, à moins d’une clause contraire prévue par contrat. La question s’est posée de savoir si le droit d’auteur protège exclusivement les professionnels. La loi de 1994 se désintéresse de la qualité de leur auteur, professionnel ou non. L’architecte, même non professionnel, s’il conçoit une œuvre originale, a le droit de bénéficier des droits d’auteur sur cette œuvre. Seulement, ce n’est pas l’ordre des architectes qui prend la défense de ses intérêts moraux et matériels, mais l’Organisme tunisien de protection des droits d’auteur et des droits voisins (OTDAV). LES ŒUVRES PROTEGEES L’Art. 1er, de la Loi 24 Février 1994 reconnaît le principe de la protection des œuvres d’architecture et constitue le principal texte en la matière. Une œuvre d’architecture peut ne pas atteindre le stade de la réalisation et être concrétisée par de simples dessins, esquisses, plans, modèles ou maquettes. Elle peut également dépasser le niveau de la simple conception et aboutir au stade final de la construction. Et la question est de savoir à quelle phase se situe la protection prévue par le législateur. Selon la loi de 1994, le droit d’auteur porte sur “les œuvres d’architecture qui comportent aussi bien les dessins, les
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modèles et les maquettes que le mode de construction”. L’expression “mode de construction” semble englober les diverses façons artistiques ou techniques de réaliser une construction. On pourrait donc affirmer que le législateur de 1994 a prévu la protection au niveau des deux stades, celui de la conception de l’œuvre et celui de sa réalisation. Cette interprétation semble correspondre au contenu de l’article 56 d de la Loi du 24 Février 1994 qui étend la protection de ladite loi “aux œuvres d’architecture érigées en Tunisie ou aux œuvres des beaux-arts faisant corps avec un immeuble situé en Tunisie ». Les œuvres d’art font corps avec le bâtiment lorsqu’elles constituent un tout avec ce dernier. Par conséquent, le domaine de protection est très large. Cependant la protection n’est accordée que sous certaines conditions. CONDITIONS DE PROTECTION DES ŒUVRES ARCHITECTURALES La législation tunisienne contient des dispositions qui sont de nature à protéger à la fois l’artiste et le technicien et qui pourraient s’appliquer cumulativement aux œuvres d’architecture. Il s’agit de la loi sur le droit d’auteur de 1994 et de la loi de 2001 sur les dessins et modèles industriels qui protège l’aspect esthétique (ornemental) d’un objet utilitaire. L’analyse de ces deux lois nous permettra de déterminer les conditions pour que les œuvres architecturales soient protégées et les droits accordés aux créateurs desdites œuvres. Concernant les conditions de forme, la Loi du 24 Février 1994 n’exige aucune formalité de dépôt. L’œuvre est protégée du seul fait de sa création. Le dépôt de l’œuvre (ou de sa reproduction) auprès de l’OTDAV est facultatif. Il a pour seul but d’attribuer une date certaine à l’œuvre et d’établir ainsi l’antériorité de cette œuvre. Mais la loi de 2001 exige que les dessins ou modèles fassent l’objet d’un dépôt à l’Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI), pour que ces créations soient protégées. Concernant les conditions de fond, l’originalité est la seule condition exigée par la loi de 1994 pour qu’une œuvre architecturale soit protégée. L’originalité est l’empreinte de la personnalité de l’auteur sur son œuvre. La valeur, la destination, le mode ou la forme d’expression ne sont pas pris en considération. Le critère d’originalité se distingue de celui de la nouveauté qui est, quant à lui, exigé par la loi de 2001 relative aux dessins et modèles
industriels. Pour que l’œuvre bénéficie de la protection prévue par cette loi de 2001, elle ne doit pas avoir existé auparavent. Il faudrait également que cette œuvre ait un caractère apparent et non utilitaire (ornemental, esthétique). Par conséquent, si l’œuvre architecturale remplit les conditions de forme et de fond exigées par ces deux lois, elle peut jouir d’un cumul de protection qui permet au créateur de se prévaloir soit de la Loi du 6 Février 2001, soit de la loi sur le droit d’auteur de 1994, soit des deux simultanément.
Des exceptions au droit de reproduction sont cependant prévues par la loi de 1994 : - La reproduction à usage privé. - La reproduction des œuvres d’art figuratif ou architectural, exposées d’une manière permanente dans un lieu public à condition que cette reproduction soit faite pour les besoins de la cinématographie ou de la télévision et que l’insertion de l’œuvre en question dans le film ou l’émission télévisée ait un caractère secondaire.
LES ATTRIBUTS D’ORDRE MORAL Les avantages de ce principe du cumul de protection pour le créateur sont très importants, notamment lorsque le dépôt n’a pas été effectué auprès de l’INNORPI ou qu’il est périmé.
LES DROITS ACCORDES AUX ARCHITECTES L’architecte créateur d’une œuvre architecturale bénéficie du fait de cette création de droits pécuniaires et de droits moraux.
LES ATTRIBUTS D’ORDRE PATRIMONIAL
L’architecte jouit du droit de divulgation de son œuvre, du droit au nom et du droit au respect de l’œuvre appelé également droit à l’intégrité. L’œuvre ne doit subir aucune modification sans le consentement donné par écrit de son auteur. Cette prérogative a posé en pratique un problème de conflit d’intérêts entre l’architecte et le propriétaire de l’œuvre architecturale. Le droit du propriétaire de l’œuvre peut entrer en conflit avec le droit au respect de l’architecte. Cela est dû probablement à une donnée essentielle de cet art, celle de répondre à des besoins humains et concrets.
En matière d’architecture, seul le droit de reproduction présente un intérêt. La reproduction de l’œuvre est soumise au consentement de l’architecte créateur et elle concerne tous les procédés possibles.
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NEWS INTERNATIONALES
La plus haute tour d’Amérique One World Trade Center à New York Treize ans après les attentats du 11 Septembre à New York, la nouvelle tour baptisée One World Trade Center vient d’ouvrir au public. Haute de plus de 500 mètres, dont une flèche de plus de cent mètres, la tour est devenue la troisième tour la plus haute du monde. Elle mesure 14,2 mètres de plus que les anciennes tours jumelles détruites en 2001.
Sous-sol : garage et transport Rez-de-chaussée : hall d’entrée 1er-19ème étages : base renforcée (étages non occupés, excepté par le Lobby) 20ème-63ème étages : bureaux 64ème étage : Sky lobby 65ème – 88ème étages : bureaux 89ème et 90ème étages : équipement de transmission 91ème – 100ème étages : étages techniques 100ème étage : panorama 103ème – 108ème étages : étages techniques Toit : second panorama
L
e’One World Trade Center (parfois abrégé en 1 WTC), qui avait été au préalable baptisé Freedom Tower ou tour de la Liberté, est la tour centrale, dont la construction s’est achevée en mai 2013, dans le nouveau complexe du World Trade Center. Le but était de combler l’immense espace laissé par la destruction des tours jumelles lors des attentats du 11 septembre 2001. Situé au sud de l’île de Manhattan (lower Manhattan), ce site aussi appelé Ground Zero mesure une superficie totale de 65.000 m². La tour est l’œuvre des architectes Skidmore, Owings and Merrill de Chicago (Agence SOM). Située au coin nord-ouest du site Ground Zero, elle culmine à 541 mètres (108 étages) soit 1.776 pieds, rappelant l’année d’indépendance des États-Unis. Les travaux avaient débuté en avril 2006. Mais la One WTC n’est pas la seule tour à sortir de terre, en effet le site Ground Zero accueillera à terme trois nouvelles tours : la 2 World Trade Center, la 3 World Trade Center, la 4 World Trade Center. La dernière, 7 World Trade Center, est livrée depuis 2006. La tour WTC 2 est conçue par les architectes de l’agence Foster +.
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Le projet plus en détails La tour qui culmine à plus de 500 mètres de haut, est devenue le gratte-ciel le plus élevé de Manhattan et d’Amérique. Le 1 WTC est surplombé d’une antenne de 124,3 mètres devenue la plus haute antenne du monde. La disposition des bâtiments permettra d’obtenir un ensoleillement des emplacements des deux anciennes tours. Le mémorial est situé sous terre, où un musée a été créé en mémoire des victimes. À l’emplacement des deux anciennes tours se situent deux grands bassins. Le mémorial peut être atteint depuis le One World Trade Center.
Architecture et esthétique Le One WTC donne l’illusion d’être entièrement conçu en verre. La base de la tour est faite de béton armé et de métal, et a été conçue pour résister aux camions piégés. À l’intérieur de la tour s’installeront des bureaux, un accès direct au mémorial, mais aussi un restaurant et un observatoire sur les étages les plus élevés. La tour est devenue la plus haute tour des États-Unis, la construction de la Chicago Spire, prévue pour 2012, ayant été annulée en raison de difficultés financières. ■
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NEWS INTERNATIONALES
Parcours choisi à travers Expo Milano L’Exposition Internationale Expo Milano 2015 a ouvert ses portes le 1er mai et se déroulera jusqu’au 31 octobre 2015. Avec pour thème « Nourrir la Planète, l’Énergie pour la Vie », l’Expo se veut l’occasion d’ouvrir un dialogue et une coopération entre les pays, les organisations et les entreprises pour arriver à des stratégies communes afin d’améliorer la qualité de vie et soutenir l’environnement. Plus de 140 pays y participent, dont 53 avec leurs pavillons, 20 millions de visiteurs sont attendus. Nous vous proposons une promenade à travers quelques pavillons, coup de cœur de la rédaction.
Le pavillon Chinois, d'une surface de 4.590 m², est le plus grand pavillon d'Expo Milan 2015 après celui de l'Allemagne. Avec le thème « Terre d'espoir, Alimentation pour la vie », Le sujet de l'Harmonie entre l'homme et la nature est au cœur du design. D'un côté, la structure du pavillon évoque les toits de la ville, symbole de l'homme, et de l'autre, la forme du bâtiment rappellera aux visiteurs un paysage naturel. Mêlant tradition et modernité, le pavillon revisite des éléments clés de l'architecture chinoise, tels que le toit à pignon et à croupe pour créer un toit en bambou qui fera entrer la lumière naturelle, et réduire ainsi la consommation d'énergie. Autour du pavillon, un jardin cultivé de 1.000 m² symbolise la "terre de l'espoir". Le design du pavillon est mené par l'Université Chinoise de Tsinghua et du Beijing Qingshang Environmental & Architectural Design Institute Co. Ltd.
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Le pavillon italien est le cœur palpitant de l’Expo 2015. La conception architecturale, by Nemesi & Partners a prévu la construction d’une structure complexe dont l’extérieur et certains espaces intérieurs rappellent les formes des branches dans une forêt dense. Toute la surface extérieure et une partie des zones internes sont composées de panneaux en ciment i.active BIODYNAMIC, obtenus en utilisant la technologie Styl-Comp du nouveau matériau développé à i.lab, le cœur de la recherche et de l’innovation d’Italcementi.
Cluster Café
Cluster Iles, Mer, et Nourriture
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Le Pavillon de la France est un bâtiment territoire qui représente un paysage inversé de 3.600 m², dont 2.000 m² bâtis, s’inspirant d’un marché sur deux étages à l’image des halles présentes partout sur le territoire, lieu d’échanges mais aussi de production. S’inspirant du concept « low-tech », ce pavillon conçu par l’agence d’architecture XTU est entièrement démontable et remontable, avec ses flux d’air traversants et son procédé de tirage thermique par le lanterneau central, ce « marché paysage » bénéficie d’une ventilation et d’un rafraîchissement naturels qui en font un bâtiment à basse consommation d’énergie. Entièrement fabriquée en bois français en provenance du Jura, la structure en lamellé-collé est en épicéa à l’intérieur et en mélèze à l’extérieur. Tous les éléments – ossatures primaire et secondaire, plafond, plancher, façades – sont imbriqués les uns dans les autres pour constituer un seul et même ouvrage qui dessine à la fois l’enveloppe et la volumétrie intérieure.
Le Pavillon du Maroc conçu par les architectes Tarik Oualalou et Linna Choi se situe sur un lot de 2.900 m² dont 1.300 m² construits. Le pavillon du Maroc est une kasbah. construite en bois et en terre, elle respecte une démarche architecturale en accord avec le thème de l’exposition universelle qui veut privilégier le développement durable. Il est un reflet de ce modèle architectural berbère, caractéristique du sud du pays, parfaitement adapté à son environnement, au mode de vie de ses communautés et aux menaces d’agressions des époques anciennes. Abir Azzi
Entrée pavillon de la Hollande
Photos : Pietro Baroni 22 Archibat 35 / 07 - 2015
Pavillon de la Thaïlande
Projet innovant
INNOSFAX Vers la ville intelligente Le projet « INNOSFAX » vise la réalisation d’un îlot démonstrateur innovant sur le site du Technopôle de Sfax. Il est initié par un groupement de compétences VIZEN composé de PHOEBUS Architecture, ER2I France et Tunisie, CYTHELIA, VESTA SYSTEM, membres des pôles de compétitivité français TENERRDIS (Energie) et MINALOGIC (TIC) de la Région Rhône Alpes. Il a pour but d’accueillir des programmes de construction dans un ensemble intégré démonstrateur de l’application des nouvelles technologies.
Maître d’ouvrage aménageur : Société de gestion du Technopole de Sfax Partenaires : PHOEBUS ARCHITECTURE : Stéphane Plisson, ArchitecteUrbaniste / CYTHELIA / VESTA SYSTEM / ER2I Réalisation : 1ère phase 2016 Programme : Aire d’étude 2,5 ha Constructibilité : 45.000 m2 Sho Programmes autour des TIC, des énergies et de la santé (Data Center, Studio Multimédia, Centre de Formation, Résidence Etudiante, Hôtel, Clinique, Bureaux, Laboratoires, Centre de Service). Situation : Technopôle Sfax – Sakiett Ezzit - Tunisie
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Le projet, qui fait actuellement l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt, s’appuie sur les liens de coopération internationale entre les villes de Sfax et de Grenoble. Son développement pourra prendre la forme d’un partenariat entre public et privé avec des partenaires promoteurs, industriels et investisseurs tunisiens et internationaux, et s’inscrire plus largement dans la création d’un cluster du Technopôle de Sfax. Il sera mené en lien avec les objectifs du Technopôle dans les domaines des Technologies de l’Information et de la Communication, Multimedia, Biotech, Greentech et Energies renouvelables. Le caractère démonstrateur et innovant vise la qualité, l’évaluation, et la réplicabilité des solutions mises en œuvre. Les promoteurs ambitionnent de contribuer à la formation d’une nouvelle filière d’ingénierie et de maintenance créatrice d’emplois qui profiterait à la société civile ainsi qu’aux expertises françaises et tunisiennes.
- Implantation des projets en couronne de l’îlot avec façades et visibilité d’entrées sur rue.
La conception s’appuie une démarche de développement durable et d’écoconstruction prenant en compte les besoins spécifiques de chaque programme dans un plan d’urbanisme et d’aménagement cohérent de l’ilot. Elle fera appel aux valorisations mutuelles des investissements avec les réseaux intelligents « smart grid », les coopératives d’énergie, le stockage, les espaces partagés, les énergies renouvelables et notamment l’énergie solaire.
- Intégration de la production solaire dans l’architecture (potentiel de 9.000 m2 soit une puissance photovoltaïque de l’ordre de 1,3 MWc, et en termes de production près de 1.800 MWh/an).
Le projet urbanistique et architectural vise à la création d’un espace favorable aux rencontres et échanges humains et à la synergie des activités. Il est basé sur les principes suivants : - Insertion dans le plan d’urbanisme par îlots du Technopole évitant la dispersion des programmes de construction
- Bâtiments diversifiés sur un gabarit de R+5+ terrasse technique, parkings en sous-sol. - Indépendance et flexibilité opérationnelle de chaque programme - Halle jardin solaire paysagée en coeur d’îlot avec récupération de toutes les eaux pluviales. - Boucle technique de raccordement des réseaux reliant tous les bâtiments. - Gestion des déchets par tri sélectif et valorisation. - Conception bioclimatique par l’inertie, les protections solaires et ventilation naturelles à l’échelle des bâtiments et de l’îlot optimisant les besoins en énergie.
La structuration du projet permet un calendrier de réalisation par phases suivant le rythme de commercialisation des programmes. Il est conçu comme une plateforme collaborative et innovante pour un processus évolutif associant les acteurs socio-économiques, techniques et scientifiques. Son architecture et son développement contribueront ainsi au positionnement, à la communication et l’attractivité du Technopole de Sfax dans la communauté internationale des parcs scientifiques et techniques. ■
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L’art et la technique pour un enseignement up to date L’Ecole Supérieure d'Architecture, d’Audiovisuel et de Design (ESAD) est un établissement d’enseignement supérieur privé, agréé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, spécialisé dans la formation d’architectes, de designers créateurs, d’artistes plasticiens et de professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. L’ESAD inaugure ses nouveaux locaux dès la rentrée prochaine. L'année 2015, a été marquée par la signature d'un partenariat entre l'ESAD et CERWAY, l'opérateur international pour la certification HQE™ (Haute Qualité Environnementale), visant à sensibiliser les étudiants architectes aux enjeux du développement durable appliqués aux bâtiments et aux territoires et à intégrer la certification HQE dans l'enseignement en architecture. C'est dans ce cadre que nous avons recueilli les visions de deux dirigeants à l'ESAD, Messieurs Karim MIMITA, Directeur Général Adjoint et Mouldi Chaabani, Chef de département Architecture.
Projet en Loge de l'étudiante Mouna MBARKI 3ème Année Architecture
Projet en Loge de l'étudiant Mehdi Ayoub 3ème Année Architecture
Dans le paysage des établissements d’enseignement, l’ESAD se distingue par sa position résolument artistique, quelles sont les raisons de ce choix ?
des métiers d'art. Trois grandes sections cohabitent avantageusement, il s’agit de l'Architecture, du Design et du Cinéma & Audiovisuel. Cette proximité favorise le développement d'une formation artistique et stimule la créativité, principaux points communs unissant les différentes spécialités proposées. Une approche de l'enseignement des arts et métiers que nous avons hérités de l'école des beaux arts de Tunis, qui a donné ses preuves par la formation de grands artistes, designers et architectes... En effet, l’ambiance artistique dans laquelle
Fondé en 1991 par Mr Taher MIMITA, architecte d'intérieur et plasticien, le groupe EAD-ESAD se démarque, depuis sa création, par son enseignement spécifiquement artistique et multidisicplinaire. à ce jour, il demeure l’unique spécialiste en Tunisie dans l'enseignement multiple
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Publi-redactionnel
baignent les uns et les autres marque l’expérience vécue et partagée par tous. De plus, l’enseignement par atelier et l’évaluation sous la forme de jury public, spécifiques aux trois sections, facilitent la rencontre et l’échange entre étudiants et enseignants des différentes disciplines. Des clubs, photos, céramique, mosaïque,…, ouverts à tous, accompagnent les enseignements de base et renforcent les liens à l’avantage des objectifs pédagogiques visés.
Quelles formations propose l’ESAD aujourd’hui ? La formation dans les domaines du design et des arts visuels d’origine aussi bien en Licence qu'en Mastère, s’est enrichie en 2010, d’une section d’architecture. Les différentes spécialités de la section Cinéma & Audiovisuel forment des professionnels des métiers de l'audiovisuel et du cinéma, capables d'intégrer toutes les phases de production d'un projet cinématographique, depuis l'écriture scénaristique jusqu’à la postproduction, à travers la prise de vues, le son et le montage. Les étudiants inscrits dans la section Design peuvent se spécialiser dans le Design Espace (Architecture d'Intérieur), dans le Design Image (Publicité Graphique ou Animation 3D) ou dans le Design Produit (Packaging). Ces différents domaines du Design restent étroitement liés avec les autres disciplines : l'Architecture et le Cinéma & Audiovisuel. Notre approche de la formation en architecture associe la théorie à la pratique, dans un concept de multidisciplinarité en rapport avec le monde professionnel et l'évolution internationale du métier qui exige aujourd'hui de plus en plus de polyvalence.
Comment envisagez-vous un enseignement de l’architecture actualisé compte tenu des exigences professionnelles d'aujourd'hui? Nous tenons à préciser que pour réussir une formation de qualité, il faut avant tout s'assurer d'un bon encadrement d'enseignants expérimentés et reconnus par leur compétences Comme nous l'avons précisé plus haut, et pour répondre aux préoccupations les plus actuelles vis-à-vis de la formation en architecture, nous avons engagé une adaptation des contenus des programmes aux développements technologiques et aux exigences des standards internationaux, en matière de maitrise de l'énergie, de la durabilité, de la domotique et de la gestion intelligente des projets et des chantiers. En application de cette approche notre enseignement de deuxième cycle en architecture intègre une formation en Haute Qualité Environnementale (HQE) dans le bâtiment sous l'égide de CERWAY, l’opérateur chargé de la promotion du label HQE™ à l’international. Une formation qui place l’efficacité énergétique, le respect de l’environnement, la santé et le confort des occupants au centre de toutes ses préoccupations. Rappelons que l'ESAD est aujourd’hui la seule école d'architecture en Tunisie qui a signé un partenariat avec CERWAY, dont l'objectif est d’initier les futurs architectes à la certification HQE en tant qu’approche globale et multicritère fédérant tous les acteurs du projet architectural et urbain. ■
Maquette réalisée par l'étudiant Yassine Mestiri 2ème Année Architecture
Futur siège de l'ESAD à El Omrane Architecte : Mouldi CHAABANI
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