SOMMAIRE
Archibat N°37 Revue maghrébine d'aménagement de l'espace et de la construction
Editorial
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Opinion libre 10 12
Le Parc du Belvédère en péril La réforme du code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme
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Actualité 32
7ème Conférence Espagnole PASSIVHAUS - Premier prix « Maison avec patio » 16
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Sfax capitale de la culture arabe 2016
Invité 20
Slah-Eddine Bensaid - Président Directeur Général de SCET-TUNISIE
News internationales Pritzker price 2016 - L'architecte chilien Alejandro Aravena
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Zaha Hadid - Décès d’une Architecte, naissance d’une légende
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Portrait 30
Leila Araghian - Une architecte prodige
Réalisation 32
Nouveau siège de l’ALECSO - La transparence au cœur
IMMOBILIER DE BUREAUX Les nouvelles tendances de l’espace de bureau Philippe Rahm « l’immeuble évaporé » Tour Maroc Télécom à Rabat Espaces de coworking en Tunisie - un concept en pleine expansion Le siège de la BIAT - une réalisation contemporaine ancrée dans sa ville Le siège de " wevioo " - un lieu humanisé à la pointe de la technologie Immeuble nida - qualité, efficience, durabilité LAKE TOWER I - une opération de haute qualité environnementale Immeuble de bureaux Carte Towers Un centre de vie à Mghira - le premier du genre en Tunisie
42 44 46 50 52 62 70 74 76 80
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SOMMAIRE
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TECHNIQUES & CONSTRUCTIONS Cloison amovible
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DIPLÔME Réhabilitation et mise en valeur du domaine Saint-Joseph de Thibar 86
CONCOURS INTERnational La conception du musée de la foi islamique à la Mecque Entretien avec Béchir Souid
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CONCOURS national Construction du siège de la direction de la formation professionnelle 92
PATRIMOINE Zaouiet Sidi Bou Saïd El Béji - Restauration et mise en valeur
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URBANISME Nouveaux projets d’urbanisme et décentralisation
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AILLEURS Vingt-deux équipes inventent le paris du XXIème siècle
Jeunes architectes Fusion architectes Café et restaurant « THE BIG DIP » - légèreté et évasion Concours International Film City Tower Mumbai
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108 110 112
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Maison Villa Ecrin - Sousse Kantaoui
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ART Houda Ghorbel et Wadi Mhiri Nadia Zouari - La générosité à l'œuvre
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Suite à l’omission commise dans le dernier numéro Archibat 36, rubrique maison, notre équipe de rédaction présente ses excuses à l'architecte Khaled Cheikhrouhou et souhaite préciser, qu’il était le maître d’œuvre de la maison en question.
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ARCHIBAT Revue maghrébine à parution semestrielle, publiée par : ABC Architecture Bâtiment et Communcation, S A 19 Rue Abou Bakr Bekri, Imm. Luxor I, Br. M/2 Montplaisir 1073 Tunis Tél. : 216 71 904 467 71 907 952 Fax : 216 71 902 485 E-mail : contact@archibat.com.tn
www.archibat.tn Directrice de publication Amel SOUISSI TALBI Conseillère de la rédaction Alia BEN AYED Assistante de rédaction Abir AZZI
Ont collaboré à ce numéro : Achraf BAHRI MEDDEB Ali ABIDI Alya HAMZA Béchir SOUID Edia Lesage Fatma JABBERI FARROUKH Ferdaws BELCADHI Fusion architectes Hatem KAHLOUN Iméne ZAAFRANE ZHIOUA Mouna TARHOUNI Olfa BELHASSINE Raoudha LARBI Sihem LAMINE Membres fondateurs Leïla AMMAR Ali DJERBI Amel SOUISSI TALBI Achraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE Publicité Zouhaira TALBI REBAI Conception graphique Mouna MATTOUSSI TRABELSI Abonnement Lobna MCHIRGUI BELHAJ Site web Mouna MATTOUSSI TRABELSI Les articles publiés dans cette revue, et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, réservés pour tous pays. Les textes et photos reçus et leurs envois impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Impression : SIMPACT VISA N° 2796 Autre publication de ABC :
ÉDITORIAL Les avancées des technologies de l’information ont transformé le monde du travail. De nouvelles formes d’espaces de bureaux qui apparaissent, favorisent le travail d’équipe et l’échange. La Tunisie bénéficie d’une infrastructure (puissance d’alimentation électrique, connectivité, qualité de la population active,…) qui lui permet d’être en bonne position sur le marché du service en particulier celui de l'offshoring (dont le potentiel atteint 500 Md $ et pourrait tripler d'ici 2020 grâce à de nouvelles activités*). Or le parc actuel de bureaux n’est pas aux normes puisqu’il s’agit la plupart du temps d’habitations transformées. Dans l’avenir le marché de l’immobilier de bureau en Tunisie est appelé à se développer davantage. Les architectes sont amenés à réfléchir à la forme à donner à ces nouveaux environnements de travail. Nous consacrons notre dossier à la question. Nous évoquons l’expansion notable des espaces de coworking et présentons des exemples de réalisations emblématiques des nouvelles tendances actuelles tant en Tunisie qu’à l’étranger avec l’immeuble évaporé de Philippe Rahm ou la tour Maroc Télécom de Jean-Paul Viguier. Nous faisons la part belle au siège de la BIAT nouvellement achevé. Et ne pouvons manquer de rendre compte de notre visite au siège de l’Alecso dont l’inauguration a fait l’événement au mois de mars dernier. Mais l’actualité de ce mois de mars a été également brutale. Le monde de l’architecture vient de perdre une grande dame, Zaha Hadid, elle nous a quittés le 31 mars dernier, nous lui rendons hommage et dédions ce numéro à sa mémoire. Le concours international pour la conception d’un Musée de la foi islamique à la Mecque a attiré notre attention d’autant plus que le projet a fait l’objet d’une étude de programmation par l’architecte programmiste franco-tunisien Béchir Souid. Après l’incendie criminel qui l’a frappé au début de l’année 2013, le mausolée Sidi Bou Saïd El Béji fait l’objet d’un projet de restauration et de mise en valeur qui a fédéré des institutions publiques (Institut National du Patrimoine et Municipalité de Sidi Bou Saïd) et de la société civile avec l’Association de Sauvegarde des Monuments de Sidi Bou Saïd. Les architectes spécialistes du Patrimoine, Fatma Jabberi Farroukh et Adnène Ben Nejma, nous présentent leur passionnante démarche et les étapes nécessaires à la restauration de ce haut lieu de mémoire. Notre invité, Slah-Eddine Bensaid, dirige la SCET-TUNISIE, qui compte parmi les trois plus grands bureaux d’études de la place, nous rend compte d’une expérience de plus de quarante ans dans le domaine de l’ingénierie. Nous consacrons une nouvelle rubrique « Portrait » à Leïla Araghian, une jeune architecte prodige iranienne déjà célèbre pour son pont de la nature à Téhéran. Le projet Réinventer Paris auquel ont répondu des centaines d’équipes, dont les vingt-deux lauréates, malgré la polémique qu'il a suscitée, témoigne de la dynamique d’un monde de l’aménagement urbain et de l’architecture bouillonnant. En témoigne également le prix Pritzker attribué cette année à l’architecte chilien Alejandro Aravena qui, en appui sur une pratique collaborative, produit une architecture remarquable qui vise à améliorer la vie des gens. Dans le droit fil de ce mouvement, la réforme du Code de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme Tunisien en cours, atteste de la nécessité de refonder les outils opératoires en place pour relever les défis majeurs de 21e siècle. * Sources : Changer la donne de l’Offshoring - McKinsey 2010
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Archibattunisie 8
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Amel Souissi Talbi
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Le Parc du Belvédère en péril Alors que le Ministère de la Culture vient de donner son accord pour le classement du Parc du Belvédère, grande fut la surprise des habitants de Tunis de découvrir, affiché dans les arrondissements municipaux concernés, le plan d’aménagement urbain de Tunis avec le passage par le parc d’une artére de deux fois deux voies (emprise 40/50m)…
S
i le projet venait à être réalisé, il entrainerait la disparition de la première porte du Belvédère, d’une grande partie du Parc zoologique et du Parc paysager avec ces arbres centenaires aux essences rares. Il détruirait d’une manière irréversible le principal poumon par lequel Tunis respire.
OPINION LIBRE
Un projet similaire avait été proposé en 1989 et n’a heureusement pas pu voir le jour grâce à la mobilisation citoyenne, notamment celle de l’Association des Amis du Belvédère. Le Parc du Belvédère avait aussi suscité les convoitises en 2010, puisqu’il a été menacé par un projet immobilier et a été sauvé de justesse par la révolution !…. Or cet espace tant convoité, constitue un véritable trésor pour la ville de Tunis et ce à plus d’un titre. En effet, le Parc du Belvédère a une histoire souvent méconnue. Il est le premier Parc urbain non seulement pour la capitale, mais pour toute la Tunisie. Jusqu’à sa réalisation, à la fin du XIXème siècle, la notion de Parc public était inconnue dans nos villes. Il a été réalisé dans le style paysager à l’anglaise par Joseph Laforcade, jardinier en chef de la ville de Paris, dans la continuité des grands travaux de Haussmann pour Paris, il est de ce fait le témoin d’une époque dans l’art des jardins paysagers. Le Parc du Belvédère renferme aussi, en son sein un grand nombre de monuments : la midha, monument du XVIIème siècle classé depuis 1912, la Kobba, monument de la fin du XVIIIème siècle classé depuis
1894. Ces deux monuments furent transportés l’un de Souk Ettrouk et l’autre du palais de la rose, et érigés ensuite au Parc du Belvédère. On peut aussi citer le Casino, œuvre de l’architecte Jean Emile Resplandy construit dans le style néo mauresque, les deux portes avec leurs vantaux en fer forgé, l’appareillage en pierre de taille ainsi que les alcôves adjacentes, la piscine municipale, la poste… Le Parc renferme aussi le Parc zoologique, le seul Parc zoologique public en Tunisie, destination de choix des enfants de toutes les régions du pays pendant les vacances et les jours de fête. La Parc zoologique reçoit un peu plus que 750.000 visiteurs par an et renferme un grand nombre d’espèces protégées. Le Parc du Belvédère doit aussi être protégé pour l’importante biodiversité qu’il renferme. Il compte des essences végétales rares, certaines n’ont pas été diffusées dans le pays et constituent ainsi des spécimens centenaires, à la valeur inestimable. Nous citerons l’impressionnant ficus macrophylla, doyen du Parc qui se trouve entre la première et la seconde porte. Le Parc est aussi l’habitat d’un grand nombre d’oiseaux sédentaires et migrateurs. Le Parc du Belvédère est surtout un lieu de mémoire pour les habitants de Tunis. Le Parc du Belvédère a accompagnè l’enfance des habitants de la ville et même au-delà. Le Parc du Belvédère est un espace qui nous est cher à tous, qu’il faut absolument sauvegarder dans son intégrité. ■ Imène Zaâfrane Zhioua
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La réforme du code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme Les raisons qui justifient la réforme du Code de l'Aménagement du Territoire et de l’urbanisme, à l’heure actuelle en Tunisie
OPINION LIBRE
L
a Tunisie postrévolutionnaire se trouve à un moment crucial de son histoire du fait qu’elle est confrontée à des défis majeurs sur les plans économique, social et urbain. Il apparait de plus en plus urgent d’engager les réformes qui s’imposent dans le domaine de l’urbanisme pour favoriser un développement local, régional et national, global et équitable à travers la promotion de l’investissement, mais aussi pour mettre en cohérence la planification urbaine avec les principes de la gouvernance locale et de la démocratie participative énoncés dans notre constitution. Désormais, la réforme du Code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme figure parmi les principales priorités du plan d’action du Ministère de l’équipement de l’habitat et de l’Aménagement du territoire, au vu des exigences impérieuses du développement urbain de nos villes de demain. En effet, la législation en vigueur dans le domaine de l’urbanisme, est liée à un contexte politique et socio-économique qui est en pleine mutation et qui exige un effort d’adaptation si l’on veut être au diapason des changements intervenus et des défis qu’ils imposent. Dans la pratique, l’arsenal juridique et opérationnel actuellement en vigueur, a montré au fil du temps les limites de son efficacité à maîtriser le développement spatial et à répondre aux mutations sociales, économiques et spatiales. Les besoins de la Tunisie actuelle en matière d’urbanisme mais aussi d’emplois, de logements et d’équipements… ne sont plus les mêmes que ceux d’il y a dix, vingt ou trente ans. Dès lors, nous sommes amenés à dépasser la vision sectorielle et fragmentée du développement et à porter une réflexion globale et approfondie pour apporter les solutions les plus adaptées aux problèmes du territoire et de l’urbanisme qui se posent et proposer les outils les plus performants pour la promotion du secteur par le développement d’orientations stratégiques du territoire et la mise en place de politiques urbaines spécifiques à nos villes. Dans ce contexte, le domaine de l’aménagement de territoire et de l’urbanisme est un vecteur de développement durable, compte tenu du fait qu’il constitue l’expression spatiale des politiques économique, sociale, culturelle et écologique de toute une société. Une organisation territoriale et urbaine rationnelle et cohérente à l’échelle nationale, régionale et locale, ne peut que favoriser la réalisation de l’équilibre global et la cohésion sociale du pays. D’ailleurs, les villes en Tunisie ont connu au cours des dernières décennies de profondes modifications résultant de l’évolution rapide de l’urbanisation et de ses conséquences socio-économiques. En dépit des efforts fournis pour une meilleure maitrise de la planification urbaine, des carences apparaissent au grand jour tant sur le plan du développement régional que sur le plan de l’organisation territoriale et spatiale et la coordination intersectorielle. L’examen de la situation de nos villes fait apparaitre une multitude de dysfonctionnements du système dans sa globalité qui a révélé ses limites en matière d’aménagement spatial et de stratégie de développement urbain, notamment à travers : • Un déséquilibre régional et un cloisonnement des politiques sectorielles engendrant l’inadéquation entre planification urbaine et planification économique.
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• La difficulté à maîtriser le développement urbain et à répondre aux mutations sociales, économiques et spatiales, • La complexité des textes juridiques portant sur l’urbanisme et la lourdeur des procédures et des contentieux, qui ne favorisent pas l’émergence de projets, • L’absence de la dimension participative et de l’engagement citoyen dans la planification de la ville, • L’absence d’une vision ou d’une stratégie des villes, • L’absence de moyens de financement des projections spatiales. De ce fait, la planification urbaine se limite à un urbanisme de rattrapage, et non d’anticipation, qui se fait au détriment d’une prise en compte globale du développement durable, avec des documents d’urbanisme dépassés par les dynamiques territoriales, et le développement rapide du secteur informel. Les grands axes et les principales innovations de ce nouveau code ? La réforme consiste essentiellement à apporter une nouvelle vision de la planification urbaine et du devenir des villes en cohérence avec les dispositions pertinentes de notre nouvelle Constitution, notamment celles ayant trait à la gouvernance locale et à la décentralisation ; dispositions visant à améliorer le cadre de vie et à atteindre un développement intégré, équitable et durable par la mise en œuvre d’une politique novatrice en ce qui concerne la manière de repenser la ville. Le caractère transversal du secteur de l'urbanisme et la pluralité de ses intervenants, aux niveaux national, régional et local, exigent une large concertation pour établir un état des lieux et proposer des solutions. C’est dans ce cadre qu’a été organisé, les 11 et 12 juin 2015 un dialogue national sur le sujet, avec la participation des différents professionnels et experts du domaine, des représentants des différents départements ministériels, de l’assemblée des représentants du peuple, de certaines organisations internationales, d’établissements publics, des universités, de la société civile, des corporations professionnelles. Cette large concertation a permis de débattre des différents aspects du code actuel et de faire des propositions dont il a été tenu compte dans l’élaboration du projet de réforme. Et c’est sur cette base, que le projet du nouveau code vient consolider les acquis historiques et placer la ville tunisienne dans le cadre de la compétitivité des territoires pour l’émancipation du citoyen dans un environnement culturel, économique et social durable à travers une politique urbaine de concertation et de partenariat. Aujourd’hui, il devient primordial d’axer les systèmes de planification urbaine et d’organisation spatiale sur des actions globales stratégiques, permettant d’engager une véritable politique de développement du territoire, des villes et des milieux ruraux. Les défis du XXIe siècle ne permettent plus de continuer à mener de façon cloisonnée, des politiques sectorielles et les politiques publiques doivent être menées dans le cadre de programmes intégrés, de manière à répondre aux exigences locales et régionales. Cette vision, engagée dans le cadre de la « Politique de la Ville » permet d’accorder les stratégies menées par les différents secteurs afin d’harmoniser les actions, d’optimiser les interventions et de produire des espaces urbains planifiés, et adaptés aux potentialités de la ville et aux aspirations des habitants.
OPINION LIBRE
La ville en tant qu’entité urbaine complexe et évolutive peut, par son aménagement et sa planification urbaine, affirmer son identité territoriale en veillant à l’amélioration de sa qualité urbaine et architecturale et à la préservation de ses atouts environnementaux et culturels et promouvoir son attractivité et sa compétitivité. Pour renforcer son statut, la ville peut aussi opter pour une planification urbaine à caractère incitatif, facilitateur et participatif, permettant d’encourager la réalisation de grands projets urbains porteurs d’innovations et l’implication des habitants dans des actions globales de développements économique, social, culturel et environnemental. Cette planification urbaine, qui est le support de la politique de ville, devrait se baser sur de nouveaux principes dont notamment : • La cohérence entre les politiques sectorielles de manière transversale et complémentaire, • L’approche participative avec les différents acteurs dans la planification et la gestion urbaine, • L’efficacité de la gouvernance urbaine et la valorisation des compétences locales, • Le développement d’un aménagement durable alliant la croissance économique, le progrès social, l’équilibre spatial et la protection de l’environnement, • L’affirmation de l’identité territoriale et la mise en valeur des potentiels et des complémentarités des différentes composantes du système urbain. S’agissant des objectifs majeurs visés par la réforme du Code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, il y a lieu de mentionner en particulier les axes suivants : • Faire de l’aménagement du territoire et de la planification urbaine un levier de développements social, économique et environnemental. • Proposer un nouveau modèle d’aménagement du territoire de planification urbaine qui mettra en cohérence, dans un cadre de complémentarité, les orientations stratégiques de développement, les programmes régionaux, la planification spatiale et les problématiques générales liées aux villes. • Affirmer la place de la ville et promouvoir son attractivité et sa compétitivité. • Assurer le renouvellement urbain à travers des interventions de « la ville sur la ville » et par la création de « villes nouvelles ». • Simplifier et alléger les procédures et réduire les délais de réalisation des différents documents de planification urbaine et d’octroi des autorisations pour la réalisation des projets urbains. • Faire des outils de planification stratégique et des instruments d’urbanisme un support de « la politique de la ville ».
Les enjeux de la réforme
L’urbanisation en pleine expansion demeure l’un des défis majeurs à relever par les pouvoirs publics face à une croissance continue de la population urbaine, et la question qui s’impose est de savoir dans quelle mesure les différents secteurs peuvent répondre efficacement à l’augmentation des besoins de cette population en termes de qualité de vie et d’équité sociale et aux défis de la compétitivité, de la mondialisation et de la durabilité. De ce fait, la ville est devenue un enjeu central pour le développement économique et social du pays puisqu’elle est à la fois le moteur de la croissance économique et des opportunités d’emploi et le lieu de cristallisation des attentes sociales.
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A ce titre la planification urbaine permettra : • La cohérence entre les politiques urbaines. • La gouvernance urbaine responsable. • L’équilibre entre renouvellement urbain et extension. • L’utilisation parcimonieuse de l’espace et l’optimisation du foncier. • La diversité des fonctions et la mixité sociale. • La maîtrise des besoins en déplacements et de la circulation automobile. • Le respect de l’environnement et la préservation de la qualité urbaine. De nos jours, la mondialisation associée aux défis environnementaux, a rendu la question urbaine plus complexe et a transformé les rapports entre le local et le global. Les politiques urbaines en ont été profondément marquées et c’est ainsi que nous assistons à l’adoption de nouveaux modes de gouvernance pour répondre aux nouveaux défis urbains et saisir les opportunités leur permettant d’imposer leur présence sur la scène internationale Le processus de mondialisation, en mettant les territoires en relations, renforce leurs interdépendances et accroît la concurrence qu’ils se livrent. Il permet aussi de renforcer les relations entre les grandes villes, afin de trouver des approches partagées de développement et d’aménagement urbain, efficaces pour faciliter les transitions urbaines durables. Dans ce contexte, les politiques locales doivent inciter à la mise en place de nouvelles pratiques urbaines et de nouveaux projets de transformations sociales permettant le développement d’une gouvernance locale qui participe, dans le cadre de réseaux et associations de villes, à l’élaboration d’une stratégie internationale compétitive, reposant sur un système urbain singulier, en s’alliant avec des acteurs locaux, nationaux et globaux spécifiques. L’attractivité et le rayonnement de la ville dépendent de sa capacité à s’impliquer dans de multiples réseaux et à construire une image de marque internationale identifiable et positive, à forte valeur symbolique. Les enjeux liés à la gestion du territoire sont nombreux et se placent aujourd’hui dans des contextes internationaux plus ou moins contraignants, et font face à des attentes de la population de plus en plus précises et exigeantes. Nous pouvons citer les enjeux essentiels suivants : • L’internationalisation de la ville. • La diplomatie des villes et la “coopération décentralisée” visant à soutenir les politiques transnationales pour le développement de villes durables. • L’aptitude à la compétitivité. • La promotion de l’investissement à travers des projets urbains à haute valeur ajoutée permettant un développement économique, social et environnemental. ■ Raoudha Jebari Larbi Architecte Général Directrice de l’Urbanisme au Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire
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actualite
7ème Conférence Espagnole PASSIVHAUS Premier prix « Maison avec patio »
La conférence espagnole Passivhaus, a eu lieu en novembre dernier à Barcelone. A cette occasion la « Maison avec patio à énergie quasi nulle » de Séville, fruit de la collaboration de l’architecte espagnol Juan Manuel Castaño et Firas Chaieb, un expert tunisien en efficacité énergétique des bâtiments, à été primée première au concours Ibéroaméricain Passivhaus et a été sélectionnée comme modèle dans le programme européen PassREg de promotion des Bâtiments à Consommation d’Energie Quasi Nulle.
U
n objectif essentiel du projet est de démontrer qu’il est possible de construire en climat méditerranéen, une maison Passivhaus*, qui ne nécessite quasiment aucune énergie pour le chauffage et la climatisation, à un prix concurrentiel avec des techniques de construction simples et disponibles. La maison a une surface construite totale de 366 m2 et se compose d’un sous-sol, d’un rez-de-chaussée et de deux étages ouverts sur un patio. Le rez-de-chaussée comprend un salon et la cuisine tandis que le premier étage est formé de la chambre à coucher principale et d’un bureau de professionnel. Un salon secondaire constitue l’essentiel du sous-sol. Le patio constitue le cœur de la climatisation de l’habitation, il est équipé d’une couverture amovible, en verre, fermée en hiver et ouverte en été. Ce qui permet de tirer profit de l’effet de serre en saison froide et de l’effet rafraîchissant en saison chaude. Une fontaine, qui sert également de lanterneau pour le sous-sol, et des plantes dans le patio permettent de bénéficier du rafraîchissement par évaporation particulièrement efficace par climat chaud et sec. Dans les chambres principales, de grandes fenêtres donnent sur le patio et permettent un maximum d’éclairage naturel tout en évitant le réchauffement dû au rayonnement solaire direct grâce à l’effet d’ombrage. Leur vitrage de type double, basse émissivité, avec remplissage en argon, et un cadre en bois de grande qualité permettent de supprimer l’effet de paroi froide. Les murs sont munis d’une isolation de type ITE (isolation thermique par l’extérieur) de 12 cm de XPS Neopor et ont un coefficient de transmission thermique U très bas de 0.22 W/(m2K). La toiture a également un coefficient de transmission thermique U très bas de 0.2 W/(m2K) et est munie d’une isolation XPS neopor de 20 cm d’épaisseur. Au niveau des installations mécaniques, un équipement essentiel pour atteindre un niveau de consommation quasi nul est le récupérateur de chaleur d’un rendement de 86 % par lequel passe tout l’air neuf introduit dans le bâtiment pour assurer en permanence les meilleures conditions pour la santé des occupants. Pour l’analyse thermique de la maison, Firas Chaieb a utilisé la simulation énergétique dynamique effectuée à l’aide du logiciel du département de l’énergie américain DOE-2 doté de l’interface eQUEST, dont cet ingénieur tunisien est spécialiste pour l’avoir utilisée ces dix dernières années aux USA. Ce projet est une adaptation contemporaine de la maison traditionnelle andalouse présente dans les centres historiques des villes du sud de l’Espagne. Il réunit les éléments caractéristiques classiques de l’architecture bioclimatique comme le patio, l’eau, la végétation, et des techniques modernes de maîtrise de l’énergie, pour parvenir à offrir d’excellentes conditions de confort et réduire considérablement la consommation énergétique. ■ Abir Azzi *Plus d’informations sur Passivhaus et les enregistrements vidéo de la présentation de Juan Manuel Castaño et Firas Chaieb sur le site www.capenergiezero.com 16 Archibat 37 / 05 - 2016
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SFAX CAPITALE DE LA CULTURE ARABE 2016 Après Constantine en 2015, l’organisation pour l’éducation, la science et la Culture de la Ligue Arabe (ALECSO) a retenu Sfax pour être la Capitale de la Culture Arabe en 2016. L’inauguration officielle de cet événement majeur est prévue pour le mois de Juillet prochain et pendant toute une année Sfax bénéficiera d’une occasion inédite pour célébrer la richesse de son patrimoine culturel matériel et immatériel, lui permettant ainsi de reconquérir la place qu’elle mérite dans le paysage culturel national et même au-delà de nos frontières.
Projet de réaménagement du Chott el-Krekenah Le projet est né de l’initiative de deux personnes, messieurs Wahid Hentati (responsable de la Bibliothèque de Sfax) et Khalil Gouia plasticien, qui ont été rejoints par d’autres passionnés pour former un comité d’organisation, un certain 23 décembre 2014. Le projet ambitionne d’impulser un tournant majeur dans la vie sociale et culturelle de la ville et de refonder une politique culturelle plus en adéquation avec les exigences d’une Tunisie postrévolutionnaire. Il se présente comme une perspective alternative de vie qui s’oppose au terrorisme, à l’intolérance et à l’obscurantisme. Il est à noter que la personnalité atypique du Président, Monsieur Samir Sellami, a beaucoup compté pour donner au projet la consistance qui lui a permis d’être retenu. Entrepreneur de métier, Monsieur Samir Sellami est passionné d’art. Il est collectionneur, à ses heures perdues, et a rassemblé en particulier, une des plus belles collections de céramique archéologique au monde. Il est également galeriste et promoteur culturel. Il envisage un projet de musée archéologique. Son profil rare, son implication dans le travail et son souci d’efficacité ont impulsé au projet la dynamique avec laquelle il est entrepris.
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Autre point remarquable et rare dans les projets culturels conduits en Tunisie, l’équipe compte un programmiste, Monsieur Béchir Souid, parmi les meilleurs sur la place internationale dans le domaine de la programmation culturelle, et qui de plus est tunisien. Pour donner au projet une dimension régionale, il est apparu nécessaire d’impliquer la société civile et de faire appel au partenariat public/privé. La priorité est de laisser à la ville des acquis pérennes. Pour cela le comité a du faire preuve de perspicacité pour persuader les uns et les autres de la nécessité de changer le programme initial pour lui donner une plus grande envergure à la mesure de l’événement. En conséquence le budget alloué a pu être multiplié par trois. Pour atteindre les objectifs visés dans les temps impartis et renforcer l’impact du projet, l’opération s’est concentrée sur le centre-ville de Sfax. A l’issue de nombreuses séances de travail avec les différents intervenants du champ culturel, le projet s’est structuré autour de trois axes, en premier lieu réhabiliter l’église en médiathèque, en deuxième lieu réconcilier la ville avec la mer en revalorisant le vieux port Chott Krekenah et enfin, en troisième lieu initier la mise en valeur de la médina, menacée par une « soukalisation » excessive, dans le but de son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mise en valeur d’un noyau urbain autour de la cathédrale La réhabilitation de l’église, en une médiathèque dernière génération, en plus de revaloriser un véritable chef-d’œuvre de l’architecture d’après-guerre, est une action à visée démonstrative qui ambitionne de marquer les esprits en faisant la preuve que les choses peuvent changer. L’objectif est de contribuer à améliorer l’image qu’ont les habitants de leur ville. L’action constitue l’acte fondateur d’un dynamisme culturel nouveau et durable pour la ville. La cathédrale est située au cœur de la ville européenne. Son chantier débuta le 21 avril 1940 en pleine guerre mondiale. Elle ne fut inaugurée que 13 ans plus tard, le 28 juin 1953. Très peu utilisée en lieu de culte, l’église cédée au gouvernement tunisien en 1964, fut immédiatement transformée en salle de sport. Dotée des dernières technologies numériques, la médiathèque se veut un lieu de vie ouvert à tous. Se démarquant d’une médiathèque classique avec ses fonctions habituelles, ce lieu est dédié au travail collaboratif, aux initiatives citoyennes et aux pépinières d’entreprises. Il comprendra également un théâtre de poche, une salle d’exposition et un café. L’espace conçu se caractérise par sa flexibilité pour s’adapter aux besoins des créateurs, des utilisateurs et des événements, et permettre à tout un chacun de se l’approprier et d’y trouver le potentiel nécessaire pour son activité. Pour ouvrir le lieu sur la ville, les concepteurs ont dégagé le côté nord donnant sur Bab El Kasbah, en sacrifiant des bâtiments provisoires qui datent du chantier de l’église. Ils créent ainsi une place qui prolonge celle de la résistance, et se poursuit par le jardin de Dakar qui sera réhabilité, pour former un ensemble urbain cohérent. Ce projet de mise en valeur d’un ensemble urbain où se côtoient la médina, la synagogue, la cathédrale, l’église grecque orthodoxe et la mosquée, porte un message de tolérance - dans un contexte mondial marqué par l’extrémisme, le terrorisme et la destruction de lieux antiques - et voudrait contribuer à la formation du citoyen du futur.
Réaménagement du Chott el-Krekenah Le réaménagement du vieux port de Sfax en un lieu de vie où se mélangent culture, loisir gastronomie et sport, constitue le second axe du projet. Ville maritime par excellence, Sfax s’est coupée de son littoral du fait d’une urbanisation rapide accentuée par le déplacement du port de pêche vers le sud et la présence de la ligne de chemin de fer datant du protectorat français. Pour retrouver son âme, la ville doit retisser les liens avec la mer et recouvrer sa façade maritime, dont le point d’orgue est le Chott Kreknah. Ce grand bassin en forme de U d’une superficie d’environ 10.000 m2 ayant servi de port de pêche par le passé, est actuellement en état de friche, en dépit de son fort potentiel paysager et urbain. Sa reconversion en un port de plaisance, comprenant des espaces culturels - salle de conférence, d’exposition… - sous la forme de structures légères, un théâtre de plein air, des espaces de loisir - cafés, restaurants, terrasses flottantes - des terrains de sport de plage, des espaces réservés au « street art », des enclos sur le plan d’eau dédiés aux sports nautiques, devrait permettre d’y insuffler la vie à nouveau. D’autres événements liés à l’activité maritime viendront renforcer ce chantier, comme la valorisation du marché central et de la halle aux poissons, ainsi que les chantiers de sauvegarde de bateaux à la voile - felouques et autres - portés par l’Association Tunisienne pour la Sauvegarde du Patrimoine Maritime, mais aussi les performances artistiques ou encore la réalisation d’œuvres d’art monumentales. Ces actions devraient interpeller le public sur les multiples valeurs du lieu, aussi bien patrimoniales, qu’écologiques, ou simplement paysagères.
Revalorisation de la médina L’axe concernant la médina comprend quatre volets. Le premier volet concerne la restauration d’une ancienne médersa, datant de l’époque husseinite aujourd’hui fermée et délabrée, et sa reconversion en école de formation dans les métiers du bâtiment traditionnels. Les jeunes apprentis pourraient en plus bénéficier de la présence des chantiers en cours dans la médina à l’occasion de l’événement. A l’issue de leur formation, ils constitueront une main-d’œuvre qualifiée et experte dans le domaine de la restauration, et de véritables piliers pour la pérennisation de l’opération de mise en valeur du centre ancien. Le deuxième volet concerne la reconversion du fondouk El-Haddadine en ateliers de forgerons. Le fondouk a fait l’objet d’une restauration sommaire, il est affecté à la culture et actuellement sous-exploité. Il s’agit de reprendre sa restauration, d’en faire un lieu de rencontre entre artisans et designers, avec des ateliers et des résidences d’artistes, dans le but de dynamiser l’artisanat du fer. Le troisième volet a une portée démonstrative de ce que peut devenir la médina et intéresse la réhabilitation d’un parcours pilote. Le quatrième volet concerne le réaménagement paysager et la scénographie lumineuse des remparts. Toute une série d’événements devront ponctuer l’action, plusieurs propositions sont à l’étude comme la réalisation d’une centaine d’ouvrages sur Sfax, celle d’une œuvre artistique en mosaïque dans la ville, celle d’un dictionnaire étymologique d’arabe ou encore la délocalisation de festivals nationaux à Sfax. A l’issue de l’action plusieurs acquis devront permettre à Sfax de poursuivre sa mise à niveau et de se hisser au rang des villes les plus attractives et les plus agréable à vivre. ■
Archibat 37 / 05 - 2016
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