Archibat n° 38

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SOMMAIRE Archibat N°38

Revue maghrébine d'aménagement de l'espace et de la construction

Éditorial

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Opinion libre Une star-architecte au chevet d’une ville en mal de vivre…

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Actualité L’Architecture en fête - ENAU 1995 - 2015

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ESAD Tunis - Des partenariats internationaux pour la mise en œuvre 14 de sa stratégie d’ouverture sur le monde

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Séminaire Défis du secteur du bâtiment et de la construction

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News Duravit - La salle de bain sous son meilleur jour

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Invité Rencontre avec Ajmi Mimita - Une figure de l’architecture tunisienne 22

Réalisation L’hôtel la Badira - Un hommage au lieu

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News internationales Biennale de Venise - Une conscience sociale retrouvée

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TERRA Award - 1er prix mondial des architectures contemporaines en 34 terre crue Foster + Partners - Maggie’s Cancer Centre Manchester

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Les réalisations de Le Corbusier et Niemeyer au patrimoine mondial de l’unesco

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Musée Yves Saint Laurent de Marrakech

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OFF Paris Seine - Le premier hôtel flottant Français

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SOMMAIRE

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HôTELS D'AFFAIRES Hôtellerie, les nouveaux concepts tendance - Quel sera l’hôtel de demain ? L’Intercontinental hôtel à Dubaï - Univers sensoriel Un hôtel Lifestyle - Le Marriott Rénovation de l’hôtel Amilcar - Le Ritz Carlton Tunisie Ibis Sfax - Un hôtel ouvert sur la ville Novotel et Ibis Mohamed V à Tunis - Une gestion optimisée

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DIPLÔME 80

Les terrasses de Hay Helal

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URBANISME Quelle place pour la ville dans les réformes des politiques publiques ? 82

CONCOURS national Projet de construction de l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sidi Bouzid

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Jeunes architectes Atelier WS - Wissem Khalifa & Samir Chabchoub Usine LMB «Omrane 13» - Complexe résidentiel et commercial Conteneur - Pharmacie / soin et santé

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Maison Villa Soukra - La demeure en trompe l’œil

ART Rached Triki - à la conquête de La Médina

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Exposition

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Projet Kairouan - La deuxième résidence euromaghrébine de photographes

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LIVRES & LIVRAISONS

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ARCHIBAT Revue maghrébine à parution semestrielle, publiée par : ABC Architecture Bâtiment et Communcation, S A 19 Rue Abou Bakr Bekri, Imm. Luxor I, Br. M/2 Montplaisir 1073 Tunis Tél. : 216 71 904 467 71 907 952 Fax : 216 71 902 485 E-mail : contact@archibat.com.tn

www.archibat.tn Directrice de publication Amel SOUISSI TALBI Conseillère de la rédaction Alia BEN AYED Assistante de rédaction Abir AZZI Ont collaboré à ce numéro : Alia BEN AYED Abir AZZI Ajmi MIMITA Chayma OUESLATI Monia BOUBAKER Samir CHABCHOUB Sabri Sfaxi Rached TRIKI Wissem KHALIFA Sami Yassine TURKI

Membres fondateurs Leïla AMMAR Ali DJERBI Amel SOUISSI TALBI Achraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE Publicité Zouhaira TALBI REBAI Infographie et site web Mouna MATTOUSSI TRABELSI Abonnement Lobna MCHIRGUI BELHAJ

Les articles publiés dans cette revue, et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, réservés pour tous pays. Les textes et photos reçus et leurs envois impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Impression : SIMPACT VISA N° 2796 Autre publication de ABC : Rejoignez nous sur :

Archibattunisie

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ÉDITORIAL Le tourisme d’affaires a le vent en poupe en Tunisie. Nous y consacrons notre dossier à la recherche des grandes tendances qui façonnent son architecture. L’hôtel se transforme en un véritable lieu de vie pour répondre aux exigences d’une clientèle de plus en plus pointilleuse. L’offre se diversifie, elle est, selon le cas, plus ciblée et vise une clientèle spécifique, ou au contraire, plus combinée associant hébergement, restauration et activités annexes. Dans tous les cas, elle est connectée et dotée des technologies dernier cri. La destination Tunisie intéresse les grands opérateurs internationaux, Novotel, Ibis, Marriott ou Ritz-Carlton, qui s’invitent dans le paysage de nos villes. La Badira, encore un hôtel, cette fois-ci balnéaire, fait l’objet de notre rubrique réalisation. Conçue par la jeune équipe d’architectes HSA, associée à Esthetika pour l’architecture d’intérieur, cette réalisation se distingue par une atmosphère propice au ressourcement et au bien-être. Nos designers sont dans la course aussi bien sur leur territoire qu’à l’étranger. En témoigne le tout nouveau InterContinental Hotel réaménagé par les soins de l’équipe tunisienne de Draw Link Group. Notre invité, Ajmi Mimita, figure emblématique de l’architecture tunisienne, a également à son actif de nombreux hôtels dont l’Oguzkent à Ashgabat au Turkménistan. Bien connu à travers sa production, dont l’INSAT représente sans doute le fleuron, Ajmi Mimita a également consacré de nombreuses années à l’enseignement. L’enseignement est fêté cette année, à l’occasion des 20 ans de l'ENAU (école Nationale d’Architecture et d'Urbanisme) avec nombre d’événements qui ont animé l’année universitaire. L'ESAD (école Supérieure d'Architecture, d'Audiovisuel et de Design), quant à elle, poursuit ses actions d'ouverture sur son environnement universitaire national et international en organisant des workshops. Poursuivant son engagement pour un meilleur avenir de la profession, Archibat a co-organisé le 16 mai dernier, en partenariat avec le Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, le Centre Technique des Matériaux de Construction, de la Céramique et du Verre (CTMCCV) et l’Agence Nationale de Maîtrise de l’Energie (ANME), un séminaire sous le thème « Défis du secteur du bâtiment et de la construction – Démarches innovantes», en marge du salon du bâtiment Carthage 2016. Le séminaire, réunissant les spécialistes de la question, visait à proposer des pistes de réflexion pour envisager des perspectives d’évolution du secteur capables de répondre aux nombreux défis auxquels il est confronté. Amel Souissi Talbi



Une star-architecte au chevet d’une ville en mal de vivre… L’image de nos villes est au plus bas, en mal d’identité, de qualité de vie, d’attractivité. Le remède miracle serait-il un projet emblématique réalisé par une star de l’architecture. La solution parait naïve, au vu de la complexité des problématiques urbaines, sinon illusoire dans un contexte actuel de crise économique et, en tout cas, désuète puisqu’après plus de vingt ans de projets iconiques la tendance mondiale semble s’inverser en architecture.

Zaha Hadid - Centre Culturel Heydar

En témoigne le prix Pritzker qui cette année a récompensé l’architecte Chilien Alejandro Aravena, connu pour son investissement dans le logement social. A Venise, la Biennale, dont le commissaire n’est autre que ce même Alejandro Aravena, met l’accent sur les démarches discrètes et dénonce le gaspillage des mètres carrés inutiles. Seraientce les derniers soubresauts du star-system ? Dès 2002, on sentait déjà le vent tourner lorsque le jury du prix Pritzker créait la surprise et distinguait Glenn Murcutt. Sa production quasi artisanale, mais non moins savante, marquait la distance avec une époque obsédée par la célébrité et le tape-à-l'œil qui devenait le lot commun des stars de l'architecture. L’année suivante, retour à la case départ. Fier d'honorer, enfin, une femme, le jury du Pritzker a élevé Feu Zaha Hadid au rang de star de l'architecture.

OPINION LIBRE

Architecture extra-ordinaire Le star-system a toujours existé, toutefois il a pris une ampleur sans précédent ces dernières décennies. L'exposition Deconstructivist Architecture au MoMa, en 1988, a sans doute ouvert la marche et contribué fortement à marquer sa montée en puissance. Lorsqu’elle est clinquante et fastueuse l'architecture n'a pas son égal pour s’imposer à nous. On ne voit qu'elle, elle sert de drapeau, marqueur de richesses et de puissance des villes ou des entreprises. Dans un monde mondialisé où la concurrence s’impose, les villes font la course à la tour la plus haute, la forme la plus débridée. A l’instar des cathédrales au moyen-âge, ces objets extraordinaires attirent et font vendre. Il y a vingt ans, en 1997, à l'occasion de l'ouverture du musée Guggenheim à Bilbao, les acteurs de la ville du monde entier

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Frank Gehry - Fondation Louis Vuitton

redécouvraient les codes de cette ancienne joute urbaine. Subitement, l'extraordinaire objet métallique signé par l'architecte américain Frank Gehry éclairait d’un jour nouveau la sombre cité basque, attirant des centaines de milliers de touristes et relançant l'économie locale. « L’effet Guggenheim » occultait une réalité bien plus complexe. Au point où on oubliait que depuis déjà dix ans, le gouvernement, la région et les collectivités avaient injecté 700 millions d’euros pour mettre en œuvre un ambitieux programme de restructuration urbaine - le projet Bilbao Ria 2000- visant la transformation des infrastructures et des friches industrielles de cette ancienne vallée sidérurgique. L’histoire ne retint que l’objet iconique. Depuis, dans le but de la reconquête économique et urbaine, chaque ville appela à la rescousse des architectes célèbres pour réaliser un musée, une cité des arts ou de la musique, une gare emblématique, un aéroport, un pont, un stade.... caractérisés par une esthétique plastique ostentatoire et audacieuse, des techniques de pointe (high tech), ces projets furent destinés surtout à marquer le paysage urbain de leur présence. Nombre d’élus se laissèrent séduire par des images parfois trop clinquantes. Souvent trop onéreuses pour les finances publiques, ces réalisations ne sont pas toujours sans agresser le paysage. Si la recette a fonctionné au début, ces réalisations hors du commun ont vu leur fréquentation baisser. C’est le cas en France pour le Centre Pompidou-Metz, conçu par Shigeru Ban et Jean de Gastines (2010), et le Mucem, à Marseille, par Rudy Ricciotti (2013), ou encore le LouvreLens des Japonais de l'agence Sanaa (2012), qui suggère désormais à ses visiteurs de faire un don pour participer à ses frais de gestion. Très médiatisées, faisant le lot des revues et sites internet spécialisés, ces réalisations n’ont pourtant pas manqué de s’introduire dans les méandres des écoles d’architecture marquant l’enseignement de leur


sceau. Les stars qui les ont créées font rêver, ont leurs fans et deviennent les idoles de nos jeunes étudiants qui n’ont plus pour ambition que de briller dans ce firmament étoilé. Pourtant en 2003, à 53 ans, Zaha Hadid, cette star-architecte britannique d'origine irakienne récompensée par le Pritzker, ne comptait pas un grand nombre de réalisations ; cinq en tout, dont un seul bâtiment de taille significative, un centre d'art à Cincinnati. Certes la quantité ne fait pas la qualité, et selon le président du jury « bien que son œuvre soit réduite, elle a obtenu une grande reconnaissance et son énergie et ses idées sont encore plus prometteuses pour l'avenir ». Reconnaissons toutefois que sur le terrain de la théorie l’architecte n’est pas toujours convaincante. Tout au plus développe-t-elle un discours, axé sur une remise en cause du rationalisme formel et qui revendique en guise d’alternative la complexité, le désordre, les ruptures. Cette rhétorique suffit à peine à justifier ses innovations formelles, restées pour la plupart à l'état de projet. Mais qu'importe l'œuvre, ce qui est exemplaire, c'est le caractère, le parcours. Zaha Hadid aurait-elle été récompensée pour ce qu’elle a été, une forte tête, une femme obstinée, à l'énergie peu commune, plutôt que pour ce qu'elle a fait ? Daniel Libeskind, un autre architecte décalé, qui a construit sa carrière hors des sentiers battus, déclare « Depuis que j'ai commencé à faire de l'architecture, j'ai eu en horreur les agences d'architectures conventionnelles. J'avais un problème avec cette atmosphère de répétition, de routine et de production et cela m'a rendu allergique à toute forme de spécialisation et au soi-disant professionnalisme. » A l’en croire il est toujours possible d’échapper à la réalité pour s’adonner à une « pratique qui ne singe pas les procédures existantes, mais qui tente de percer, grâce à l'excitation, l'aventure et le mystère de l'architecture ». Si pour la plupart, l'architecture est un métier – un gagne-pain –, pour Libeskind, c'est une pratique spirituelle. Loin des préoccupations ordinaires de ses confrères, son œuvre évoque la tragédie de l'Holocauste, avec le Musée juif de Berlin, des horreurs de la guerre, avec l'Impérial War Museum, ou du drame du 11 septembre. Libeskind, comme Hadid, sélectionné par Philip Johnson pour l'exposition Deconstructivist Architecture au MoMa, s'est fait lui aussi reconnaître comme un architecte d'avant-garde. Aujourd'hui, pourtant,

il n’échappe pas au professionnalisme, il est peut-être même devenu le plus professionnel des spécialistes, avec pour fonds de commerce les grandes institutions culturelles. Tout à sa « passion », il semble sombrer dans un maniérisme répétitif. Entièrement dévoué à ses riches et puissants clients, à qui il sert ce pour quoi ils l’ont appelé, il ne se renouvelle guère plus.

Architecture ordinaire Le glas a-t-il sonné pour ces « cathédrales » déconstructivistes ? La Bien nale d'architecture de Venise présente ses « Nouvelles du front », des projets sobres attentifs à l’habitant ; des acteurs, architectes et maîtres d'ouvrage au service de l'intérêt du plus grand nombre plutôt que du « marché ». Réemploi, pauvreté, ségrégation, violence, insécurité, éducation, inégalités ne sont pas des mots très courants dans le lexique des stars du porte-à-faux ou des champions des tours les plus hautes. Question d’éthique, à quoi sert l'architecture ? « A la construction réfléchie des espaces où les gens vivent », répond simplement le commissaire de l'exposition, le Chilien Alejandro Aravena, lauréat du prix Pritzker. Lui qui conçoit aussi de luxueux bureaux pour Novartis en Chine dénonce les « corporate architects », responsables de millions de mètres carrés construits pour placer des capitaux plutôt que pour abriter des personnes. L’architecte Lucie Niney du collectif AJAP14, dont le projet « Nouvelles du Front, Nouvelles Richesses ? » a été sélectionné pour représenter le pavillon français, déclare « Nous sommes une génération d’architectes et paysagistes ayant commencé l’exercice de nos professions avec la crise économique. Nous avons appris à faire la ville dans le cadre de processus différents – qui intègrent une multitude d’acteurs – en faisant appel aux savoir-faire existants, aux filières locales […]. Il s’agit de réinventer, pour les projets, de nouvelles richesses plus singulières, plus adaptées, plus responsables » Le propos sera-t-il entendu ? Les architectes de renom, ces praticiens extraordinaires, qui font de la surenchère forment un très petit club. Pourtant ce sont eux qui font référence, que les promoteurs sollicitent, que les villes consacrent, que le public applaudit. ■ Alia Ben Ayed

Alejandro Aravena - Quinta Monroy Housing

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actualités

L’ARCHITECTURE EN FÊTE "ENAU 1995 - 2015" L'Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme officiellement née le premier septembre 1995 suite à la scission de l'ancienne institution (ITAAUT) en deux écoles distinctes, l'une réservée aux beaux-arts et l'autre à l’architecture fête ses 20 ans, sous l'égide du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Elle demeure, à ce jour la seule école d’architecture publique en Tunisie. Fêter les 20 ans de l’ENAU, est une occasion de revenir sur l’historique de l’enseignement et de la recherche en architecture et urbanisme en Tunisie et d’avoir le recul nécessaire pour une lecture objective par rapport aux régimes et aux modes d’enseignement et d’évaluation, aux résultats et programmes de recherche qui ont été adoptés à l’ITAAUT et à l’ENAU.

Le comité d’organisation de l’évènement, à sa tête Madame Najla Allani, Directrice de l'ENAU, a accordé la primauté à l’ouverture de l’école sur son environnement social, scientifique, professionnel, économique et culturel pour consolider son rayonnement à l’échelle nationale et internationale. En termes d’ouverture sur l’environnement social, un premier workshop intitulé « Architecture citoyenne » a été organisé et s’est adressé aux étudiants de la 4ème année. A l'occasion de la journée mondiale de l'environnement (30 novembre) et de la Cop 21, un exercice d'arts plastiques intéressant les étudiants de 2ème année a été lancé en étroite collaboration avec l'association Français du monde ADFE Tunisie. L’objectif était de réaliser une installation spatiale dans un espace urbain pour sensibiliser le public à cette action. Quant à l’ouverture sur l’environnement scientifique et de recherche, des journées « portes ouvertes » sur les séminaires thématiques de 5ème année ont été organisées. Dans ce cadre, des intellectuels et des spécialistes des thématiques traitées ont été invités. C’est ainsi que Le philosophe Youssef Seddik a donné deux conférences "Regards critiques sur les expressions de l'identité" et " L’espace de la mosquée dans la cité, comme architecture et comme contre-projet du temple". Des architectes et chercheurs étrangers, parmi lesquels l’architecte-sociologue Jean Pierre Frey, les architectes Lounès Massoudi et Tarek Naga, ont été invités tout le long de l’année pour présenter les résultats de leurs expériences professionnelles et recherches dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme. Une session d'information, en collaboration avec Tunisia Green Building Council, sur « Passivhaus » a été organisée à l’ENAU au mois de mars et présentée par Firas Chaieb, Ingénieur Parade artistique urbaine des ateliers d'arts plastiques de 3ème année 12 Archibat 38 / 08 - 2016


Spectacle de mapping sur la façade de l’école

Consultant expert dans la conception et la simulation de bâtiments énergétiquement efficaces. Enfin, cette ouverture est assurée, également, par des workshops portant sur des problématiques ciblées, comme la transcription architecturale d'une œuvre musicale, ou encore le BIM et les technologies appliquées à la construction. L’ouverture sur l’environnement professionnel et économique s’est matérialisée par l’organisation de salons professionnels, mais également par la mise en valeur de la réussite professionnelle des architectes. Les « Success Story » ont concerné cette année l’architecte tunisien Daousser Chennoufi de Drawlink à Dubai ainsi que deux jeunes architectes fraichement diplômés de l’ENAU (2012), Olfa Kammoun et Mohamed Bouzrara qui ont décroché le deuxième prix du concours international pour la conception d'un stade au Brésil.Quant à l’ouverture sur l’environnement culturel, elle a pris la forme de collaborations avec des centres culturels étrangers. Dans ce cadre l’école a accueilli l’exposition “En Voyage, l’architecture espagnole dans le monde arabe” organisée en collaboration avec l’Ambassade d’Espagne en Tunisie et l’Instituto Cervantès Tunez. En plus de cette exposition, l’ENAU abrite l’exposition des travaux de la 1ère partie du Workshop « Carnet de voyage » Barcelone Tunis. Une autre exposition « Sfax au futur » a été organisée à l’ENAU en collaboration avec l’IFT, elle comporte des projets de fin d’étude d’étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville. Pour consolider cette ouverture sur l'environnement culturel, des travaux des étudiants ont été exposés en dehors de l’école à la galerie Hédi Turki. Il s’agit de l’exposition « ARCHI-PHOTO » des travaux d'arts plastiques des étudiants de 2ème année sous la direction des deux enseignants plasticiens Mehdi Kriaa et Kenza Marrakchi qui a eu lieu au début du mois de janvier 2016. Les expositions ne se sont pas limitées aux travaux d’ateliers des étudiants, mais se sont intéressées aussi à leurs travaux personnels, afin de les

De G à D : Amor Khouja, Ali Djerbi , Lassaad El Asmi, Najla Allani et Ali Cheikhrouhou

inciter à la créativité en parallèle avec leurs études. Une exposition « This is everyday » du talentueux Firas Hamdi a eu lieu du 1er au 7 mars pour célébrer le 1er anniversaire des travaux artistico-numériques qui ont été élaboré régulièrement depuis le 1er mars 2015 pour illustrer le quotidien artistiquement. Un autre talent parmi les étudiants de l’ENAU a exposé ses toiles de peinture en mi-Avril. Une installation spatiale a été mise en œuvre pour faire découvrir au public ces œuvres. Il est à signaler que ces deux expositions ont permis à l’école de s’ouvrir à un public divers en plus de ses étudiants et ses enseignants. Les travaux artistiques au sein des ateliers ont investi l’espace de la ville à travers la parade artistique urbaine organisée par les enseignants plasticiens de la 3ème année vers la ville de Sidi Bou Saïd. Une cérémonie de clôture des événements liés au 20ème anniversaire de l’ENAU a été organisée à l’occasion de la fête de fin d’année. Il s’agit d’un événement artistique et culturel qui consiste en un spectacle de mapping sur la façade de l’école située en plein cœur de Sidi Bou Saïd. Ce spectacle, qui est une première dans la région de Sidi Bou Saïd - La Marsa, a été l'occasion de présenter l’histoire de l’architecture en Tunisie. Les cérémonies d'ouverture et de clôture de l'évènement du 20ème anniversaire ont eu lieu en présence de Monsieur le Ministre de l'enseignement Supérieur, Chiheb Bouden. Enfin, il est à noter que la programmation de ces événements vise à instaurer des traditions pour la mise en place d’activités artistiques, culturelles et scientifiques accompagnant les activités universitaires dans le but d’assurer une certaine visibilité de l’école et développer son ouverture sur son environnement immédiat. ■

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actualités

ESAD TUNIS

DES PARTENARIATS INTERNATIONAUX POUR LA MISE EN ŒUVRE DE SA STRATEGIE D’OUVERTURE SUR LE MONDE

Dans le cadre de sa politique d’ouverture sur son environnement universitaire national et international, l’Ecole Supérieure d'Architecture, d'Audiovisuel et de Design (ESAD) a initié un cycle de workshops en partenariat avec des universités étrangères et locales au premier chef desquelles figure l’Ecole Nationale D'Architecture et d'Urbanisme (ENAU). Deux workshops ont déjà eu lieu en partenariat avec l’Université de Stuttgart, le troisième réunit l’ESAD, l’ENAU, l’Université Technique de Berlin et l’Université Aïn Shams au Caire. Le premier workshop s’est tenu du 17 au 23 décembre 2015 avec pour thème l’architecture vernaculaire de Takrouna. Il a réuni des étudiants de master 1 de l’université Stuttgart et des étudiants de 5ème année de l’ESAD. Le travail a débuté sur site dans la ville basse de Takrouna, aujourd’hui désertée, et a intéressé l’analyse de l’architecture des maisons et leur environnement immédiat, ses techniques et matériaux de construction. Il s’est poursuivi par un exercice de conception proposant la reconversion de certaines maisons étudiées sur place en maison d’hôtes. Un second exercice d’expérimentation à échelle réelle a porté sur la réalisation d’une voûte et d’une coupole en brique selon les techniques traditionnelles.

d'institutionnalisation dans le cadre du processus de transformation. Elle ambitionne d'évaluer l’apport des différents projets de réhabilitation initiés par les différentes parties prenantes, en particulier les organisations de la société civile, les organismes internationaux de coopération et le gouvernement, sur la qualité du cadre de vie des habitants du quartier. La méthodologie d’approche consiste à procéder au moyen d’enquêtes qualitatives auprès des usagers, des organisations de la société civile ainsi qu’auprès des autorités locales. Une analyse comparative des deux expériences tunisienne et cairiote en matière de traitement d'habitat spontané devrait permettre de mettre au jour des pistes de réflexion qui aideraient à mieux opérer dans le futur.

Le deuxième workshop, qui s’est déroulé du 16 au 25 juin 2016 a porté sur une étude comparative des maisons à patio de la médina de Tunis et de Djerba. Il s’est centré sur les spécificités architecturales de l’objet d’étude. Le travail d’analyse a porté sur la typologie de la maison à patio, ses modes d’utilisation, ses valeurs d’usage ainsi que ses techniques et matériaux de construction locaux. Le travail d’analyse s’est poursuivi, en partenariat avec l’ASIDJ (Association de Sauvegarde de l’Île de Djerba) et l’INP (Institut National du Patrimoine), et a intéressé la restauration effective de la « kheloua » de Ben Tarit. L’action se poursuit à l’Université de Stuttgart cette fois-ci, avec un autre workshop prévu entre du 18 au 24 septembre 2016, pour finaliser les travaux de conception commencés à Djerba. Ces actions seront clôturées par une exposition commune ouverte au public et aux étudiants d’architecture de l’Université de Stuttgart.

Trois grandes thématiques ont été sélectionnées, la première concerne la dimension physique du cadre bâti, la deuxième intéresse les dynamiques économiques en œuvre et la troisième, enfin, a trait aux dimensions sociales et de l’usage. Le travail de terrain mené par les groupes d’étudiants avait pour objectif de mettre au jour les problématiques prégnantes, d’identifier d’éventuels projets qui pourraient y répondre et, enfin, de proposer les aménagements architecturaux et urbains correspondant. C’est ainsi, qu’au vu du potentiel des situations urbaines en question, un parc, un marché municipal inoccupé et un jardin public délaissé, ont fait l’objet de projets de réaménagement. L’ensoleillement de l’espace public a également donné matière à réflexion, du fait de l’importance de ce paramètre dans l’expérience vécue des usagers (occupation exclusivement masculine des espaces ombragés au détriment des femmes, désertion des lieux ensoleillés générant un sentiment d’insécurité,…).

Le dernier workshop, qui a eu lieu du 23 juillet au 1er août 2016, également centré sur le thème de l’habitat comporte une dimension plus urbaine cette fois-ci. Il s’est intéressé à l’évaluation et à l’étude de l’impact du projet de réhabilitation de la cité d’habitat spontané d’Ettadhamen à Tunis. Cette action vise à faire connaitre l'expérience tunisienne dans le traitement de l'urbanisme informel, aussi bien au niveau national qu'au niveau local, et d'étudier comment l'Etat gère les processus 14 Archibat 38 / 08 - 2016

La mixité des groupes, composés d’étudiants venant des différentes universités et de différentes nationalités, a stimulé l’échange d’idée et a contribué à la consistance des propositions urbaines. Il est à noter que l’ensemble de ces actions ont été financées par le DAAD ((Deutscher Akademischer Austausch Dienst/Office allemand d'échanges universitaires). ■


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Séminaire

Défis du secteur du Bâtiment et de la construction Démarches innovantes Rapport élaboré par Alia Ben Ayed

En marge du salon du bâtiment Carthage 2016, le Ministère de l’Equipement et de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire en partenariat avec le Centre Technique des Matériaux de Construction, de la Céramique et du Verre (CTMCCV), l’Agence Nationale de Maîtrise de l’Energie (ANME) et Archibat, a organisé le 16 mai un séminaire sous le thème « Défis du secteur du bâtiment et de la construction - Démarches innovantes ». Le séminaire, placé sous l'égide de Monsieur le Ministre, Mohamed Salah Arfaoui et réunissant les spécialistes de la question, visait à proposer des pistes de réflexion pour envisager des perspectives d’évolution du secteur capables de répondre aux défis auxquels il est confronté. des villes, de nouveaux modes de définition et d’accompagnement des projets urbains, des approches innovantes de management, de définition des compétences, d’accompagnement et d’évaluation, ainsi que d’implication des citoyens-usagers et d’encouragement à leur changement de pratiques pour des villes plus inclusives et respectueuses de l’environnement ?

Face aux impacts de la croissance démographique et de l’étalement urbain sur l’environnement tant aux échelles locale, nationale que planétaire, il y a urgence à réfléchir à de nouveaux standards pour les villes, à de nouveaux modèles pour leur croissance et leur fonctionnement. Cet impératif touche, à la fois, les pays du Nord comme ceux du Sud où les processus d’urbanisation sont encore très soutenus et les Etats et collectivités peinent à en contrôler les effets. Ce constat appelle à renouveler l’approche des politiques urbaines afin d’accélérer la transition des villes actuelles énergivores et tentaculaires, vers des modèles efficients moins consommateurs d’espaces, plus respectueux de l’environnement et du bien-être des habitants. Pour effectuer ce saut qualitatif indispensable, il est nécessaire de recourir à des approches innovantes afin de faire la ville différemment et de développer des innovations susceptibles de structurer le développement urbain sous ses aspects techniques et technologiques (y compris les techniques de construction, les modes de consommation énergétique, l’organisation des systèmes de transport, la diffusion des réseaux numériques, etc.) et ses aspects politiques et sociaux (modèles de développement local, nouvelles formes de démocratie participative, etc.). Au-delà de ces enjeux, les motivations qui incitent au développement des innovations urbaines dans un territoire sont multiples. Elles touchent des dimensions variées telles que le développement économique, l’attractivité territoriale, l’amélioration de la qualité de vie et des services pour les habitants, la régénération de quartiers, etc. L’innovation est, ainsi, un puissant ressort au service de la performance urbaine sous toutes ses formes. Quelles sont alors, les conditions qui permettraient l’émergence de nouvelles formes de gouvernance

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La création récente de l’Alliance mondiale pour les Bâtiments et la Construction (Global Alliance for Buildings and Construction), soutenue par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement qui a reçu l’adhésion de 20 pays, dont la Tunisie, a pour objectif d’augmenter l’énorme potentiel du bâtiment écologique et de mettre en œuvre de nouvelles initiatives exemplaires, tant au niveau de la planification, la conception, la mise en œuvre ou la rénovation de bâtiment. Quelles seraient les possibilités de développement du bâtiment en Tunisie, avec l’introduction d’innovations dans le processus de construction, d’exploitation, de rénovation et de maintenance ? Comment identifier les voies de progrès vers une mise en œuvre plus fiable et rapide, moins chère et axée sur la performance globale des bâtiments ? Comment identifier les voies de progrès vers une mise en œuvre plus fiable et rapide, moins chère et axée sur la performance globale des bâtiments ? Quels seraient les leviers d’ordres législatifs et incitatifs, pour concrétiser des changements d’habitudes dans les modes de construction afin d’introduire des techniques et des matériaux nouveaux à empreinte écologique réduite, qui permettent d’assurer confort et bien-être, avec une limitation des impacts environnementaux et une intégration minimale des constructions ?

Planification et projets urbains : quelle place pour l’innovation en Tunisie ? Dans un esprit de concertation et sous la forme d’interventions suivies de débat, ce séminaire a réuni les spécialistes de la question pour faire un état de lieux et étudier les modalités d’évolution possibles du secteur du bâtiment. Il a permis de croiser les expériences en mettant l’accent sur les démarches innovantes, les bonnes pratiques et l’expertise acquise. à l’issue du séminaire, des recommandations ont été élaborées pour favoriser une évolution efficiente du secteur. Il s’est organisé en trois panels. Le premier panel qui a réuni autour du thème de la planification et des projets urbains, Raouha Jebbari Larbi, Directrice de l’urbanisme MEHAT, Fathi Hanchi (ANME), Valentine Monnier, chargée de projets AFD et Sami et Ines Mimita architectes de libre pratique (MD Architectes), s’est donné la tâche d’évaluer la part


de l’innovation dans la planification du territoire et les projets urbains en Tunisie. Dans son intervention, Raoudha Larbi a mis en exergue l’état des villes en Tunisie et l’urgence d’une réforme du CATU dans un contexte actuel exigeant. La réforme engagée actuellement, vise essentiellement à apporter une nouvelle vision de la planification urbaine et du devenir des villes en cohérence avec les dispositions pertinentes de notre nouvelle Constitution, notamment celles ayant trait à la gouvernance locale et à la décentralisation ; dispositions visant à améliorer le cadre de vie et à atteindre un développement intégré, équitable et durable et ce par la mise en œuvre d’une politique de planification urbaine stratégique et novatrice. En effet, si de nos jours, la ville intelligente en Tunisie parait une utopie, l’impact du numérique dans le développement urbain s’avère une réalité sinon une certitude. Alors comment peut-on associer ces technologies à des stratégies globales de planification de la ville de demain pour produire un environnement urbain durable, répondant aux besoins et aspirations des citoyens sur le long terme. Il s’agit d’une véritable mission de planification, à la fois pour les architectes et urbanistes, mais aussi et surtout pour les collectivités locales. La ville intelligente est peut être un rêve futuriste mais l’impact du numérique dans le développement urbain est une réalité qu’espère la ville de demain en Tunisie. Après avoir dressé un état des lieux de la dimension énergétique du secteur du bâtiment, Fethi Hanchi a présenté le concept du DHC (District Heating and Cooling), ses principes de fonctionnement ainsi que ses avantages en termes de développement durable et de maîtrise de l’énergie. Il a défendu l’idée que la mise en œuvre de réseau de chaleur/ froid urbain pour la distribution du chauffage et de climatisation, de l’eau chaude et froide, représente une solution incontournable pour maîtriser la consommation énergétique. Les avantages du DHC sont considérables tant du point de vue de la collectivité que de celui de l’individu. Sa mise en œuvre conduit à une réduction de la consommation d’énergie primaire et une meilleure exploitation des énergies locales renouvelables ou gratuites (déchets, biomasse, solaire, chaleur résiduelle industrielle, free cooling, etc…). Certaines zones en Tunisie ont été identifiées comme potentiellement éligibles pour la mise en œuvre du DHC. Il s’agit des zones touristiques, de la colline sanitaire de Bab Saadoun qui concentre un grand nombre d’établissements de santé et, plus particulièrement, la zone des Berges du Lac qui a été choisie pour faire l’objet d’une opération pilote. Sa situation, à égale distance du futur Tunis Sport City, du Centre urbain nord, de Montplaisir et des nouveaux lotissements du Lac, permet à l’opération de s’étendre en surface au fil du temps. Dans le cadre du retour d’expérience Valentine Monnier a présenté les actions conduites par l’AFD, partenaire historique du secteur urbain qui accompagne la réalisation des programmes d’amélioration de l’infrastructure communale depuis les années 1990. Ces actions, en appui au secteur urbain en Tunisie, consistent à accompagner des politiques publiques d’importance en facilitant le développement d’approches urbaines innovantes. Ces actions visent à favoriser la diffusion de bonnes pratiques à travers les échanges d’expériences, le partenariat avec des instances françaises, les expériences pilotes dans d’autres régions géographiques. En appui sur un projet urbain au Congo Brazzaville, les architectes Inès Dahmouni et Sami Mimita ont fait part de leur expérience de la démarche HQE Aménagement. Alors que la croissance urbaine des prochains siècles sera essentiellement africaine, on constate une

absence de stratégies de développement et de planification urbaine, de cadre juridique et règlementaire dans le continent. L’absence d’outils, de mécanismes d’actions, et de prise en charge effective des enjeux engendre une croissance urbaine non maitrisée, au coup par coup, d’autant plus onéreuse, en termes d’exploitation, que si elle avait été pleinement réfléchie et planifiée. Dans ce contexte la démarche HQE Aménagement peut apporter une valeur ajoutée au projet urbain. Il s'agit d'un processus qui consiste à mettre en oeuvre une démarche qualité et d’amélioration continue de type ISO. Cette démarche s’adresse aux collectivités et aux aménageurs publics ou privés ou en PPP et concerne des projets de tailles et de typologies différentes. Elle permet d’apporter une valeur ajoutée au projet et une garantie aux maîtres d’ouvrage. Elle les aide à fixer des objectifs cohérents en termes de développement durable compte tenu du contexte de l’opération, à gérer leur projet d’aménagement durable en en organisant le bon déroulement par le biais d’un système de management efficace, à offrir un cadre de vie sûr, sain, pratique et épanouissant et, enfin, à se positionner en leader dans le marché local et international.

Développement de l’innovation dans le bâtiment :

quels enjeux ? Après avoir fait part d’exemples réussis d’intégration architecturale de dispositifs d’énergie renouvelable (panneaux photo-voltaïques, éoliennes,…) l’architecte Lotfi Rejeb a souligné l’importance de la prise en compte de ces éléments en amont de la conception, dès l’esquisse, ou même plus avant, dès la phase de programmation. Il a souligné l’importance d’adopter de bonnes pratiques en termes de facteurs de formes, d’orientation et d’épannelage. Hassen Ben Hassine a, quant à lui, présenté le label spécifiquement tunisien d’écoconstruction « écoBAT ». Le label ECO-BAT s’inscrit dans une logique d’anticipation, à travers l’initiation de la filière de la construction, aux mutations que connait le secteur et une alternative à l'adresse des maîtres d’ouvrages et concepteurs qui souhaitent aller au-delà des contours de la règlementation. Le Label couvre les secteurs résidentiel et tertiaire ; neuf et existant avec des exigences adaptées au contexte tunisien. Il fixe des cibles évaluées à travers des indicateurs par le biais d’une grille de notation adaptée au type de bâtiment. Le score obtenu permet de classer le bâtiment dans les catégories Argent, Or et Platine avec des critères différenciés selon que le bâtiment est neuf ou existant. Zied Gannar, pour sa part, a mis l’accent sur l’importance de la rénovation énergétique des logements. Le secteur des bâtiments résidentiels existants représente un enjeu important en matière de maitrise de l’énergie. En effet, le parc des logements existants compte, en 2014, Archibat 38 / 08 - 2016

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3 289 903 unités consommant près du cinquième de l’énergie finale du pays. De plus, 79 000 nouveaux logements, en moyenne, se construisent annuellement, ce qui représente un taux d’accroissement annuel moyen de 2,5 %. C’est pourquoi il est fortement nécessaire de mettre en place une stratégie nationale de rénovation énergétique des bâtiments résidentiels existants, afin d’exploiter le grand potentiel d’économie d’énergie que présente le secteur. En termes de retour d’expérience, le programmiste Béchir Souid a porté un éclairage expert sur ce nouveau métier. Face à la multiplicité des acteurs et à la complexification de l’acte de bâtir, l’étude de programmation permet de fiabiliser une opération de construction ou d’aménagement en la basant sur une prise en compte précise des fondements du projet tant sur les plans conceptuel, scientifique, culturel que contextuel et fonctionnel.

Matériaux et systèmes constructifs innovants Quels dispositifs mettre en place ? Alia Yahia (CTMCCV) a fait part dans sa conférence de la solution technique intégrée pour un bâtiment écologique et durable, élaborée dans le cadre de ses activités de recherche. Cette solution se compose d’une enveloppe en modules de béton mousseux ou en BTC, revêtu d’un enduit monocouche extérieur et d’un enduit intérieur en plâtre projeté, de cloisons intérieures et d’un plafond suspendu en plaques de plâtre fibrées. Alia Yahia a souligné les efforts fournis par le CTMCCV dans la formation métier pour accompagner la mise en œuvre de ce nouveau matériau ainsi que d’autres, tels les enduits prêts à l’emploi à base de plâtre ou encore les plaques de plâtre. Elle a également signalé la contribution du Centre à l’élaboration de normes de mise en œuvre (DTU) concernant les enduits de plâtre et plaques de plâtre en sandwich, les plaques de plâtre fibrées et, enfin, les carreaux de plâtre. Ibtissem Bouattay a, pour sa part, centré sa conférence sur les enjeux de l’efficacité énergétique dans le bâtiment et la position adoptée par la Tunisie face à ces enjeux. En effet, consciente des enjeux, la Tunisie a adhéré à l’Alliance Mondiale pour le Bâtiment et la Construction en décembre 2015 à l’occasion de la Cop 21 et s’est engagée à réduire de plus de 41 % son intensité carbone en 2030 en regard de 2010. La mise en œuvre de la contribution tunisienne, en matière d’atténuation, nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers, estimés à environ 18 milliards US$ (plus de 36 milliards de dinars), pour la couverture des besoins d’investissement et le financement des programmes de renforcement des capacités et de projets durables. Toutefois, plusieurs insuffisances restent à dépasser. Il s’agit d’abord des insuffisances de la gouvernance avec, notamment, l’absence d’instance de pilotage de la politique climatique. Il s’agit, ensuite, du manque de financements pour les mesures relatives à l’atténuation, à l’adaptation et au manque d’information, de sensibilisation et de communication, aussi bien, au niveau du grand public qu’au niveau des décideurs politiques. La communication de Martin Bader s’est centrée sur le projet REACTIVATE porté par la GIZ qui vise la mise en place et le renforcement des capacités humaines (à l’échelle individuelle ou institutionnelle) par le biais du développement de modules de formation continue en matière d’économie d’énergie, qui pourront aussi être intégrés dans des formations initiales. En termes de retour d’expérience Mariem Ouertani a présenté le travail de la société tunisienne GLOBAL LIGHTING 18 Archibat 38 / 08 - 2016

leader en solutions d'éclairage depuis 1996 qui s’est spécialisée dans la recherche et la fabrication des CFL et éclairage LED. Eya Saïed a, quant à elle, fait part du projet d’un éco-quartier en terre crue porté par le GDA Sidi-Amor. Il vise un double enjeu, d’un côté, promouvoir l’habitat social, de l’autre, l’assortir d’une conformité environnementale habituellement sacrifiée par les compressions de coûts. De plus, il ambitionne de contribuer à la valorisation des ressources naturelles locales, au premier rang desquelles la terre crue. En effet, les recherches et les applications des 30 dernières années ont revisité ce matériau et en ont validé l’usage dans la construction, moderne notamment, sous sa version modernisée de brique de terre compressée stabilisée (BTCS). Enfin, il s’appuie sur l’expertise du groupe GDA Sidi Amor et sa plateforme d’expérimentation et d’accompagnement. ■

RECOMMANDATiONS - Pour relever les nombreux défis d’une ville tunisienne du futur agréable à vivre pour tous, durable et résiliente, il convient d’avoir une vision globale et prospective de son devenir. Pour cela il est impératif de renouveler les outils conceptuels et opératoires d’aménagement, habituellement axés sur le zoning fonctionnel. C’est le sens de la réforme du CATU, menée au MEHAT, qui devrait conduire l’adoption de dispositifs réglementaires et opérationnels, plus dynamiques, flexibles et participatifs. - La généralisation de la démarche de programmation est essentielle pour cadrer et anticiper les projets. - En termes de durabilité et d’économie de l’énergie, il convient d’adopter les démarches de certification énergétiques d’aménagement, d’inciter à la réalisation d’écoquartiers, de développer les systèmes de chaleur/froid urbains sur l’ensemble du territoire. - A l’échelle du bâtiment il convient de mettre en place des écolabels locaux, d’encourager la recherche développement concernant les matériaux de construction adaptés au contexte géographique et climatique. Il convient de renforcer le travail de labellisation et de mettre en place une réglementation flexible adaptée aux matériaux biosourcés basse technologie. Il convient d’encourager l’éclairage basse consommation. - En termes de rénovation énergétique de notre patrimoine immobilier, il convient de passer à la vitesse supérieure, en mettant en place une stratégie nationale intégrée croisant réglementation, dispositifs incitatifs et mesures d’accompagnement. - Le développement des marchés relatifs à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables porte un grand potentiel pour la création d’emploi. Le secteur du bâtiment, notamment l’isolation thermique, est le plus prometteur en termes d’emplois par investissement. Un cadre réglementaire fiable et prévisible favoriserait les investissements en assurant la stabilité des emplois permanents. Afin de maximiser la création d’emploi local, des offres de formation professionnelle en matière d’efficacité énergétique, qui répondent aux besoins de l’économie tunisienne, devraient être crées. - Il serait souhaitable de mettre en place un Prix national de la meilleure réalisation architecturale et/ou urbaine - A l’occasion du Salon Carthage du bâtiment et de la construction, il conviendrait de mettre en place un Prix de l’innovation distinguant un matériau ou un dispositif innovant. ■



News

DURAVIT La salle de bain sous son meilleur jour Comme à l’accoutumée, le fabricant allemand DURAVIT s’est distingué au Salon de Carthage 2016. Il a confirmé, encore une fois, par sa cinquième participation, sa force d’innovation et de création de nouveaux produits. Son stand présentait une panoplie de nouveautés.

Nouveautés Duravit LE MEUBLE ET LA VASQUE NE FONT QU’UN ME by Starck : Espace de toilette idéal pour deux L'idée de Philippe Starck a été de développer une série pour salles de bain à la modernité intemporelle qui s'intègre aux styles les plus variés : épuré, élégant, naturel ou sauvage. Quel que soit le style de la salle de bain, les lavabos, lave-mains, cuvettes et bidets de ME by Starck soulignent parfaitement le caractère souhaité. Le nouveau lavabo double pour meuble ME by Starck en 1300 mm de large s’harmonise parfaitement au meuble sous lavabo L-Cube coordonné, disponible en 30 finitions. Il se décline en deux versions avec un ou deux casiers coulissants permettant beaucoup de rangement. La version standard inclut un système d’aménagement intérieur en érable ou noyer massif. DuraStyle : Compact pour les petites salles de bain La série DuraStyle, conçue par Matteo Thun, est volontairement discrète dans ses formes et s’intègre harmonieusement dans chaque ambiance pour mieux la révéler. A présent, DuraStyle ouvre encore davantage de possibilités de conceptions personnalisées : le lavabo Compact pour meuble convient aussi aux petites salles de bains grâce à une profondeur minimale de 400 mm. Dans la version double, le lavabo au rebord céramique caractéristique offre un espace de toilette agréable pour deux personnes. Il s'associe à de nouveaux meubles sous lavabo, disponibles au choix avec un ou deux casiers coulissants. 20 Archibat 38 / 08 - 2016

Happy D.2 : Solutions à poser Avec Happy D.2, une nouvelle élégance féminine fait son entrée dans la salle de bain. La géométrie incomparable de la série de salle de bain complète conçue par Sieger design (des angles doux, un rebord caractéristique) se retrouve dans toute la gamme, jusqu’aux élégants meubles sous lavabo avec façades aspect lin. Le lavabo pour meuble Happy D.2 avec meuble coordonné existe en cinq largeurs, avec un ou deux casiers coulissants et une finition intérieure en noir diamant. Des solutions d’espace de toilette à poser avec pieds chromés réglables en hauteur sont désormais également proposées. L-Cube : Armoire de toilette parfaitement éclairée L-Cube offre à l'utilisateur calme, clarté et suffisamment d'espace pour la contemplation. Dans le design de la série de meubles de Duravit et Christian Werner, rien ne détourne l’esprit : les façades de meuble sont dépourvues de poignée, les casiers coulissants s’ouvrent d'une simple pression et sont équipés d’un retour automatique. La nouvelle armoire de toilette L-Cube combine réduction conceptuelle et fonctionnalité élevée : un bandeau lumineux LED sur le pourtour assure un éclairage optimal et s’allume, s'éteint et se règle en intensité à l’aide d'un capteur sensitif. Derrière les portes, en finition miroir sur les deux faces, se trouve une prise. Disponible en quatre dimensions, y compris en version à encastrer, l’armoire de toilette s’associe à différentes séries céramiques Duravit. ■



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