Carnet AEM_Yazid Oulab

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DE MIRE Yazid Oulab CENTRE RICHEBOIS

les ateliers de l'euroméditerranée marseille provence 2013


LES ATELIERS DE L'EUROMÉDITERRANÉE DE MARSEILLE-PROVENCE 2013 : une Capitale européenne de la culture en fabrique Le programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée (AEM) invite des structures non dédiées à l'art – privées ou publiques - à accueillir des artistes in situ pour leur permettre de créer une nouvelle œuvre. Ces résidences soulèvent trois enjeux : soutenir la création contemporaine, concerner et mobiliser de nouveaux publics et initier de nouveaux modes de production artistique. Leur vocation est de nourrir la programmation de l'année Capitale européenne de la culture dans toutes les disciplines artistiques. L'ATELIER DE YAZID OULAB Au Centre de réadaptation professionnelle Richebois, situé dans les quartiers nord de Marseille, à l'invitation de Marseille-Provence 2013 et de l'association voyons voir | art contemporain et territoire, l'artiste Yazid Oulab travaille avec les stagiaires en « Français Langue de Base » (F.L.B.) de septembre 2012 à avril 2013. Un ensemble de huit mires viendra se fixer le long du promontoire du Centre Richebois, un panorama sur le rivage de la Méditerranée, en position de guet face à l'autre rive, off rant une vue imprenable. Construites en fil barbelé, elles symbolisent d'abord l'entrave, physique ou intérieure, mais la cible devient alors la possibilité d'une traversée, d'un dépassement de l'obstacle, pour atteindre son but. La structure mobile permet à la fois de délimiter et de se projeter vers l'horizon. Elle off re une projection visuelle et mentale : dessiner / (se) destiner, élaborer un dessin / dessein, cibler, et aller plus loin... telle une promesse de liberté. A ce projet s'ajoute la création d'une structure monumentale associant l'évocation d'ondes sonores - une allusion à la traversée d'Ulysse - et la forme d'un astrolabe, outil de mesure en astronomie, sur lequel on pourra lire illahou, « il n'y a que lui » en arabe, comme un dernier souffle, celui de l'homme ayant accompli son destin. Point de mire est présentée au sein du parcours « Ulysses », programmé par le Frac Provence-Alpes-Côtes d'Azur du 17 mai au mois de décembre 2013. --

Né en 1958 à Sédrata, en Algérie, Yazid Oulab explore le thème de la transmission dans un travail s'inspirant autant de la poétique soufie que du monde ouvrier. Ses œuvres, empreintes de son histoire personnelle et des souvenirs de son arrivée en France, ont été exposées au MUDAM, Luxembourg (2007), au Centre Georges Pompidou (exposition « Traces du Sacré » en 2008), au Parc de Sculptures à Francfort en 2013. Yazid Oulab was born in Sédrata, Algeria in 1958, and lives and works in Marseille. He explores the themes of connection and transmission, through subjects as diverse as religious imagery and workmen's tools. For this project, Oulab will take up residency at the Centre de réadaptation Professionnelle Richebois, an organisation encouraging the recruitment of disabled people. He will focus on immigrant workers brought to work at Saint-Henri's tile factories, and host artist workshops for people at the centre.


Percer le secret du dessin Rencontre avec Yazid Oulab

Propos recueillis par Mélanie Drouère, accompagnée de Jean-Claude Chianale, le 11.12.2012, atelier de l'artiste.

Il pleut des trombes d'eau sur Marseille ce jour-là. Derrière une petite porte de la rue Curiol à laquelle s'accroche de guingois une boîte aux lettres marquée : Yazid Oulab se cache l'atelier de l'artiste. Le contraste entre la ruelle « mythique », la petite entrée, la devanture peu engageante qui a l'air d'ouvrir sur un garage à scooter et l'incroyable caverne de recherche laborantine et artistique qui apparaît dès qu'on franchit la porte exhale d'emblée une poésie, une beauté, une magie toutes orientales. Dans l'entrée, l'artiste commence par nous montrer ses esquisses, en tournant les pages d'un grand book, jalonné d'une série de cibles et autres dessins travaillés par percussions à la mine. Par moment, les coups ont été si violents que les planches, donc les cibles, sont transpercées. Logique, il « fait ses armes, mais des armes symboliques. » Jean-Claude, contemplatif, dit : « c'est drôle, on cherche le dessin, l'image, alors que c'est le mouvement qui compte. » La remarque lance Yazid : « Exactement. » Il nous mène vers une plus grande pièce. « Là, on avance vers ce que je travaille en Atelier de l'EuroMéditerranée. Quand j'étais en résidence à l'Atelier Calder (à Saché, en Touraine), un jour je me baladais au marché et je suis tombé sur une bobine de fil de fer barbelé magnifique et l'envie m'a pris de travailler avec ce matériau, qui n'a jamais été exploité par Calder. Au Centre Richebois, j'ai proposé ce medium comme support de travail, avec toute la connotation qu'il véhicule, sa charge, sa mémoire.

À l'époque, j'avais installé un rideau de fil barbelé qui coupait l'espace de l'atelier en deux : la frontière était durement représentée. L'idée était la suivante : comment se saisir de cet enclos pour en faire quelque chose, une possibilité de projection, de traversée ? C'est le cœur du projet à Richebois pour « Ulysses ». Dans mon parcours personnel, la place de l'ouvrier, avec ses outils et son geste, a toujours été au centre ; c'est devenu incontournable, dans mon travail, à chaque nouvelle démarche, d'inclure une réflexion sur l'instrument. D'ailleurs, le résultat graphique donne souvent à voir le dessin d'électrons en activité, proche de la saturation… L'image d'un fil barbelé. Entre autres, j'ai dessiné des montagnes avec un marteau, et un fusain comme burin, et réalisé des dessins au cordeau. Je suis même allé jusqu'à fabriquer mes propres outils. Du silex à la perceuse... » Il sourit en nous montrant l'un de ses outils : un silex en graphite embouté à une tige filetée, monté sur une machine à percussions, pour « percer le secret du dessin. » Fin et moyen sont uns, ou s'unissent en un allerretour, incessant et enrichissant, au fond, en un cercle : de même, l'outil, la main, l'œuvre. Le point, la ligne, le cercle : motifs récurrents, jusqu'à épuisement, de son univers.

La perceuse à la main, Yazid Oulab reprend : « Et qui a inventé la machine ? Cette magie de la rotation ? Léonard de Vinci. Et j'ai trouvé intéressant de faire un écho à l'histoire de l'outil et à l'histoire de l'art. L'outil contemporain condense et concentre l'archéologie du geste du maître. Comment cette machine lui rend-t-elle le fruit de sa pensée ? J'ai choisi une icône, celle du Christ, comme noyau cosmique, icône emportée par des myriades de coups de points, avec un ‘t' » (sourire). Il présente un dessin du Christ à grande échelle, devenu presque abstrait, accroché dans une série de quatre, dont le premier est beaucoup plus figuratif. L'effet d'anamorphose est saisissant : les images, à une certaine distance, sont très nettes ; quand on s'approche, on ne voit que de multiples coups. L'artiste est allé jusqu'à monter un crucifix sur un moteur : la rapidité de la rotation donne à imaginer le calice. Qu'allez-vous présenter au Centre Richebois ? Dans notre projet pour « Ulysses », je suis en train de faire des recherches sur la vraie sonorité, le vrai graphique du chant des sirènes. Le chant des sirènes existe-t-il vraiment ? Y a t-il des musiciens qui ont travaillé dessus ? Quant à moi, j'ai grandi avec une autre histoire, celle de Sindbad, mais en fait c'est le même personnage : ils ont traversé les mêmes aventures, adaptées selon les récits à des cultures différentes, occidentale ou orientale. Ulysse a voyagé partout, a traversé toutes les cultures et s'est immergé dans toutes les magies

qui font la mythologie. Cette mythologie a été transmise sous forme de poèmes. Il sourit : « les sirènes n'ont fait que chanter cette poésie mythique. Quand Ulysse est attaché à son mât, il est seul à pouvoir écouter et transcender ce son, car seul habité par cette connaissance. S'il reste toujours accroché à son mât, c'est que le mât est la métaphore de son idée fixe : aller et revenir. Le retour à la source, l'histoire de la flèche et de l'arc, sont autant de récits qui sont aussi des images. Ainsi, quand il crève l'œil du cyclone, c'est aussi le sien, son ego… Il n'y a qu'avec l'ivresse – poétique -, qu'on peut vaincre notre animalité, il y a tout ce jeu symbolique que j'essaye d'interpréter. C'est imprégné du chant de sirènes, tel un butin acquis au cours de son long voyage, qu'Ulysse retourne chez lui. Les vagues, la mer, l'astrolabe, la sonorité : ce sont mes interprétations du voyage d'Ulysse. »




RENCONTRE

avec Yazid Oulab et les stagiaires du Centre Richebois.

Propos recueillis par Mélanie Drouère, le 22.11.12 au Centre Richebois

Bonjour Yazid, ici, au Centre Richebois, tu fais participer des stagiaires du Centre à un atelier, peux-tu nous expliquer comment ça fonctionne ?

Malika sourit timidement et fait une démonstration en réalisant quelques traits d'un dessin à la perceuse sur un papier épais attaché à la porte d'un container.

Y.O. : Ici, les stagiaires avec qui je travaille sont dans la section F.L.B. , pour améliorer leur apprentissage du français, et ainsi mieux s'intégrer socialement et professionnellement. L'idée est de fabriquer une mire en fil barbelé, tel un objet symbolique représentant la possibilité de se saisir de leur handicap et de le dépasser.

Vous allez exposer ces dessins ici ?

ll montre des mires en fil barbelé, se déplace pour emprisonner un bout d'horizon, depuis le magnifique panorama sur la rade de Marseille qu'off rent les sommets du Centre Richebois. « La cible est mentale. Nous allons installer les mires sur les poteaux qui jalonnent le promontoire ; elles cibleront le paysage. »

Oui, l'idée, c'est vraiment de s'exercer et de maîtriser peu à peu l'outil.

Pourquoi utiliser du fil barbelé ? Y.O. : La connotation « dure » du fil barbelé dans cette image est utilisée dans un objectif de dépassement. Avant tout, seul l'intellect peut aller chercher l'envie, ouvrir d'autres horizons. C'est la mire de l'intellect… Vous allez continuer à travailler avec les stagiaires à ce même rythme hebdomadaire ? Oui, une fois par semaine ou tous les 15 jours, jusqu'en février, puis ça va s'accélérer pour l'installation. Normalement, les cibles seront fabriquées assez vite, il faudra juste les monter, je ne sais pas encore si je ferai appel à eux, ou à des techniciens. Parallèlement à cette idée-là, je les fais dessiner avec la perceuse. J'ai choisi comme sujet l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci.

Y.O. : Oui, dans les containers, au mois de mai. Le but, c'est aussi de fabriquer d'autres objets avec des fils barbelés. Le thème est libre ?

Vous êtes combien en tout à participer à cet atelier ? Huit ! Sept, plutôt. Dix. Six ? Sept, mais Manu n'est pas là. Normalement, on est huit, voilà.

Malika : Et puis les gens ont pris confiance en eux aussi, peut-être.

Et juste après, vous recherchez du travail ? Avec un accompagnement ?

David : C'est une découverte.

David : Normalement, je trouve un stage en entreprise et on m'embauche. (sourire) Bon alors là on va tout ranger en attendant l'atelier de la semaine prochaine.

Serge : Et c'est bien, on progresse à chaque séance. Et c'est vraiment bien. Il y avait déjà eu des travaux réalisés avec des artistes, au Centre Richebois ? Nouredine Hassan : Oui, moi, je suis animateur, avec différentes sections du Centre, et l'an dernier on avait travaillé avec le photographe Vincent Bonnet. J'encadre des ateliers de peinture, de poésie… j'organise des sorties aussi, pour découvrir, parce qu'il y a beaucoup d'internes dans le Centre. Ils dorment ici et viennent parfois de loin, donc c'est important de leur faire découvrir des endroits, des ambiances de Marseille. Que retirez-vous de cet atelier pour le moment ?

Mais vous êtes plus nombreux à travailler au Centre en tout ?

David : J'aime beaucoup, je viens à chaque fois maintenant.

Oui, là ce n'est que la section français langue de base, section qui a été créée cette année. Nous sommes étrangers : Portugais, Polonais, Espagnols, Chinois, Irakien, Marocains, Algériens ; il y a toutes les nationalités ici, et on a avant tout besoin d'apprendre la langue.

Vous pratiquiez déjà le dessin avant, ou une autre activité artistique ?

Serge : Après, on fait des ateliers ou pas, on n'est pas obligé. Au début, quand on nous a parlé de réaliser des œuvres avec des fils barbelés, ça nous a fait bizarre, et puis on s'est pris au jeu.

David et Pierre : Non, non, pas du tout. Mais ça nous plaît, pourquoi pas ? Vous êtes pour combien de temps dans le centre ? Serge : Normalement, pour sept mois. David : Moi, mon stage se finit le 25 mars.

Qu'avez-vous prévu pour le prochain atelier ? Malika : Je ne sais pas et je ne veux pas savoir. Avant, moi, je ne réfléchis pas. Les stagiaires prennent congé.

Yazid, es-tu satisfait de la dynamique de ce travail ? Y.O. : Oui, c'est le début, on est encore loin du résultat final, il faudra que tu reviennes, car on travaillera aussi à l'intérieur des conteneurs. Il y a d'ailleurs quelques objets déjà réalisés, comme une grande toile d'araignée. Ce qui est sûr, c'est que je suis content de la manière de travailler avec eux.


Dessins rĂŠalisĂŠs par les stagiaires du centre Richebois dans le cadre de l'atelier avec l'artiste.


RENCONTRE

avec Robert Champetier, directeur adjoint du Centre Richebois, Yazid Oulab, artiste en Atelier de l'EuroMéditerranée et Bernadette Clot-Goudard, directrice de l'association voyons voir. Propos recueillis par Mélanie Drouère, le 29.01.13, au Centre Richebois.

Bonjour Robert Champetier, voulez-vous bien nous présenter le Centre Richebois et l'intérêt de résidences de création au sein de ce dispositif de formation ? R.C. : On va commencer au début, il y a 50 ans, à la création de l'établissement. Son objet était d'accueillir des personnes handicapées pour les ramener dans le « milieu ordinaire du travail », faire en sorte que leur handicap ne soit plus un frein à l'emploi. Il y a eu une évolution de l'établissement durant ces cinquante ans, avec le marché du travail, puis les obligations légales, etc. Aujourd'hui, nous recevons des personnes qui ont une reconnaissance de travailleurs handicapés attribuée par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). C'est le cas dès qu'une personne, dans son emploi, est repérée comme potentiellement inapte à l'exercice de son métier : prenons l'exemple simple du peintre allergique aux produits solvants reclassé en métreur. Maintenant, dès qu'une personne est considérée comme travailleur handicapé, la société lui doit réparation : c'est ce que nous tâchons de lui off rir. Il faut donc bien distinguer entre personnes handicapées et travailleurs handicapés : à ce titre, l'exemple du peintre en bâtiment est très clair. Qui sont les personnes à qui est accordée cette reconnaissance de travailleur handicapé ? Et gardent-elles ce statut ? Cela concerne les personnes à qui il advient quelque chose : handicap sensoriel – quelqu'un qui perd l'usage d'un sens, la vue, l'ouïe, l'odorat ; handicap psychologique, mais il peut aussi s'agir de handicap psychique, telle une dépression. Tout handicap qui limite l'éventail de travail nous concerne.

On a pu observer une très nette évolution du public ces dernières années. Il y a d'abord un rajeunissement : la moyenne d'âge est restée autour de 38-40 ans, mais l'écart-type s'est largement creusé : des personnes de 62 ans, qui n'ont pas tous leurs trimestres, sont concernées, tout autant que des jeunes de 18 ans. Il y a désormais bon nombre de personnes qui arrivent ici à 55 ans. Le maître-mot de l'établissement, c'est : le retour au milieu ordinaire du travail (et non la « guérison »). Si cela s'avère impossible, nous réfléchissons avec la Maison Départementale à d'autres stratégies de réinsertion. Comment fonctionne la formation ? Il y a une période qu'on appelle préparatoire : c'est une réinstallation du « fondamental » : il peut s'agir de la langue française, comme les gens avec qui travaille Yazid, précisément ; la période préparatoire sert aussi à la découverte concrète du métier. Par exemple, l'un de nos stagiaires voulait absolument devenir déclarant en douane adjoint, sans du tout savoir ce que cela recouvrait ! (sourire) C'est donc vous, au Centre Richebois, qui disposez d'un panel de métiers à proposer ? Oui, chaque personne arrive avec un projet qu'elle a élaboré avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées ; notre rôle est de l'accompagner dans la réalisation de ce projet après l'avoir aidé à se l'approprier. Nous avons des produits qui sont uniques, sachant que notre off re est, actuellement, la plus forte dans les métiers du tertiaire et du service.


Il y a donc des formateurs, et un accompagnement médico-social : un médecin est là tous les jours, une psychiatre vient une fois par semaine. Ils travaillent dans l'équipe pour accompagner ces personnes qui viennent de toute la France, y compris des DOM TOM. Evidemment, tout un travail de cohérence est mené entre projet de vie et projet professionnel, impulsé en amont par la MDPH. Nous effectuons parfois des réajustements avec la MDPH, en découvrant sur place qu'un handicap peut en cacher un autre. Comment la résidence de création pour des artistes s'articule-t-elle à ce dispositif de formation et de réinsertion professionnelle ? En 2009, une première expérience est née avec voyons voir, qui connaissait le dispositif culture et handicap. La même année, nous commencions à nous intéresser à l'art thérapie. C'est là une technique particulière, mais l'idée était en tout cas de voir ce que l'art pouvait off rir comme média. L'activité artistique est-elle optionnelle ou s'inscrit-elle dans le projet pédagogique ? Elle fait désormais partie de la formation : c'est à nous à faire comprendre à nos stagiaires que ce n'est pas du temps perdu. Lors de cette première expérience, nous avions dressé un cahier des charges selon lequel tout le monde devait suivre l'atelier. La deuxième année,

nous avons fait une autre expérimentation, avec Arnaud Vasseux, qui ne voulait que des personnes volontaires. Malgré une grande manœuvre de communication dans la maison (sourire complice à l'attention de Bernadette) ; trois personnes seulement ont suivi le processus et produit une sculpture : ç'a été pour nous un réel enseignement. En revanche, parmi ces personnes, l'une d'elles était incapable de communiquer - tout passait par la colère – et a trouvé là un vecteur d'expression ; toutes les semaines, elle avait hâte qu'arrive l'heure de l'atelier, c'était sa « bouffée d'oxygène ».

Y.O. : C'est comme s'ils faisaient un bond vers leur enfance pour retrouver une créativité perdue, enfouie et, même s'il est difficile de se confronter à la page blanche, quand les personnes se libèrent, elles produisent parfois de manière impressionnante. La dernière fois, je suis allé acheter du papier peint ; j'ai dû aller en rechercher des rouleaux entiers tant ils débitaient : il m'ont vidé tout mon papier à force d'essais !

Y.O. : Ce qui me semble évident, c'est qu'il faut donner à tous l'accès à la créativité et, pour cela, il faut au début l'inscrire dans le projet pédagogique. Une fois commencé, ce travail a un grand intérêt : je ne peux ni le nommer, ni l'évaluer, mais l'intérêt se voit. Qu'il pleuve, qu'il vente, ils sont tous là.

B.C.G. : Il est une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de ce qu'on parvient à faire avec l'art. Comme le dit Yazid, les stagiaires sont enthousiastes et la perspective de présenter in situ une installationexposition ouverte pendant Marseille-Provence 2013 est sans doute assez motivante. Deuxièmement, il faut avoir en tête que la majorité des personnes que nous recevons ici sont en exil, viennent d'ailleurs et que, malheureusement, Marseille est une ville ressentie très négativement ; grâce aux artistes et aux médiateurs de ce dispositif, les gens visitent Marseille et la perçoivent sous un jour nouveau. Enfin, nous ne pouvons pas nier l'apport substantiel que représente l'articulation avec MarseilleProvence 2013 en termes de communication et de valorisation de ce projet, notamment auprès des tutelles publiques.

Vous en êtes ainsi revenus au système obligatoire ? R.C. : En effet, maintenant, c'est intégré aux modules de formation, pour que ce soit à la fois valorisé en tant qu'énergie, que véritable travail, et « obligatoire » pour certaines sections avec lesquelles la base du volontariat ne marcherait pas. Et pour rebondir sur ce que disait Yazid, c'est le seul endroit où il est possible de développer la créativité. Dans les autres segments de la formation, nous sommes obligés de nous en référer à notre culture des résultats, avec sa dose de stress, etc.

Qu'apporte le cadre de l'Atelier de l'EuroMéditerranée par rapport à d'autres résidences de création ?

R.C. : En effet, nous apprenons des choses avec lesquelles nous n'étions que peu familiarisés. De la même façon qu'il y a sûrement des échanges très enrichissants dans les Ateliers de l'EuroMéditerranée au sein d'entreprises privées, ici aussi, il ne faut pas oublier que le cœur de notre métier est la formation et que le fonctionnement des opérateurs culturels nous échappe et, cette année, en côtoyant de si près le monde culturel, nous avons fait des progrès considérables en matière de communication, tant interne, auprès des publics, qu'externe, auprès des élus, des partenaires. C'est la première fois que je ressens une si vive adhésion au projet : tout l'établissement mais aussi plus largement le tissu local comme nos interlocuteurs à l'échelle nationale sont partie prenante. C'est un engouement formidable qui donne beaucoup d'espoir dans la perspective d'un renforcement des passerelles entre arts et pédagogie dans les années à venir.


Jean-Claude Chianale, carnets Un carnet par Atelier, imaginé et réalisé par l'artiste Jean-Claude Chianale, témoigne de la richesse de chaque aventure, croisant regards d'artistes, entretiens avec les salariés, les usagers, et des complicités artistiques apportant un nouvel éclairage sur le projet. À la façon du journal de bord, il garde la trace du processus et de l'environnement atypiques de la création, photographie mouvante d'une œuvre en devenir. Le programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée : Marie Angeletti | Pébéo * Marco Baliani | AP-HM – Hôpital Sainte Marguerite Taysir Batniji | Savonnerie Marius Fabre Mustapha Benfodil | Espace Fernand Pouillon Aix-Marseille Université Alice Berni | Bataillon de Marins – Pompiers de Marseille – Caserne Saumaty Mohamed Bourouissa | Pôle emploi Joliette Séverine Bruneton et Laëtitia Cordier | Descours et Cabaud Jean-Michel Bruyère / LFKs | Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne – Site Georges Charpak de Gardanne Vincent Bourgeau | Lycée Saint Joseph les Maristes Anne-James Chaton | Maison de l'Avocat – Ordre des Avocats du Barreau de Marseille Sonia Chiambretto | Bureaux Municipaux de Proximité, Ville de Marseille Jean-Claude Chianale | Imprimerie Azur Offset Mathieu Clainchard | Maison de ventes Damien Leclère Gilles Clément | AP-HM – Hôpital Salvator Kathryn Cook | Association Jeunesse Arménienne de France Antoine D'Agata | Archives et Bibliothèque Départementales de Prêt Robin Decourcy | Agence Bleu Ciel * Gilles Desplanques | Club Immobilier Marseille Provence Kitsou Dubois | Équipe de voltige de la base 701, Armée de l'Air Ensemble Musicatreize | Société Marseillaise de Crédit Ymane Fakhir | AP-HM – Hôpital de la Timone Christophe Fiat | Château de la Buzine, Ville de Marseille Gaëlle Gabillet | Le Patio du Bois de l'Aune Dora García | Hôpital Montperrin Anne-Valérie Gasc | Ginger cebtp Demolition gethan&myles | Fondation Logirem – Cité de la Bricarde groupedunes | Apical Technologies - Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie marine et continentale Mona Hatoum | Arnoux-Industrie et Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques (CIRVA) Célia Houdart et Sébastien Roux | Site du Puits Morandat

Equipe des Ateliers de l'EuroMéditerranée Marseille-Provence 2013 Direction : Sandrina Martins Chef de projets arts vivants / coordination éditoriale des carnets : Mélanie Drouère Chef de projets arts visuels : Erika Negrel Assistant de projets / production : Jean-François Mathieu Stagiaire : Luisa Salvador

Ici-Même (Paris) | Centre Bonneveine Mathieu Immer & Benjamin Lahitte | EDF – Centre de Production Thermique de Martigues Charlie Jeffery | Fondation Logirem - Cité de la Bricarde Katia Kameli | Futur telecom Djamel Kokene | Tribunal de Commerce de Marseille Yohann Lamoulère | Alhambra Le Phun | Domaine de la Tour du Valat Tsaï Ming Liang | Maison de la Région Provence Alpes-Côte d'Azur Cristina Lucas et Dominique Cier | Coordination Patrimoines & Créations Pascal Martinez | CIRVA Olivier Menanteau | La Marseillaise Amina Menia | Agence d'Urbanisme de l'Agglomération Marseillaise (AGAM) Joao García Miguel | Habitat Alternatif Social (HAS) Jean-Marc Munerelle | Fondation Logirem – Cité de la Bricarde Stephan Muntaner | La Poste Yazid Oulab | Centre Richebois Miguel Palma | Batimétal et Domaine de Saint-Ser Hervé Paraponaris | Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Marseille Alexandre Perigot | Groupe Daher Franck Pourcel | Société Nautique de Marseille Marie Reinert | Compagnie maritime Marfret * Etienne Rey | IMéRA Karine Rougier | Vacances Bleues * Ilana Salama Ortar | GW INOX Bettina Samson | OSU-Institut Pythéas Aix-Marseille Université Vanessa Santullo | Joaillerie Frojo * Zareh Sarabian | Boulangerie Farinoman Fou Nicolas Simarik | Newhotel of Marseille Zineb Sedira | Grand Port Maritime de Marseille Alia Sellami | Carniel Wael Shawky | ADEF – Ecole de céramique de Provence et le SATIS/ASTRAM Lab - Faculté des Sciences Aix-Marseille Université

Yazid Oulab, Point de Mire Œuvre réalisée en résidence au sein du Centre de réadaptation professionnelle Richebois dans le cadre du programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée – Marseille-Provence 2013, en partenariat avec l'association voyons voir | art contemporain et territoire et le Fonds Régional d'Art Contemporain – Provence-Alpes-Côte d'Azur Centre de réadaptation professionnelle Richebois

Le Centre de rééducation professionnelle Richebois, situé à Marseille dans le 16e arrondissement, est un établissement médico-social dont l'objectif est d'off rir une insertion à des personnes empêchées de poursuivre l'activité pour laquelle elles ont été formées et dont l'inaptitude est notifiée par la Maison Départementale du Handicap.

voyons voir | art contemporain et territoire

L'association développe un réseau de résidences d'artistes et de productions d'œuvres visuelles sur l'ensemble du territoire régional PACA. L'objectif de ce réseau est de relier par l'intermédiaire d'œuvres contemporaines, les sites remarquables du paysage et du patrimoine, les domaines viticoles, l'environnement et les hommes.

Remerciements à : Pascal Neveux et Karina Bianchi, FRAC PACA. Batimétal, à la Tuilerie Monier et aux équipes et aux stagiaires de voyons voir et du Centre Richebois : Ismaïl Mennad, David Poliszuk, Manuel Da Silva Goncalves, François Vann La, Abderrazak El Moumni, Johny Poldian, Serge Fernandez, Malika Said Akhmadova. Programmation en 2013 : • Du 17 mai à fin 2013 : Peu à peu quoique aussitôt #1, Centre Richebois, commissariat voyons voir | art contemporain et territoire. Escale Marseille du parcours Ulysses coordonné par le Fonds régional d'art contemporain Provence-Alpes-Côte d'Azur Centre Richebois : 80 impasse Richebois - 13016 Marseille • Du 26 mai à fin 2013, Yazid Oulab propose une œuvre, Le bol et le bâton, qui fait écho à celle du Centre Richebois dans l'église Sainte Marie à Puyloubier, réalisée en partenariat avec les tuileries Monier, propriétaire exploitant des carrières d'argile de Puyloubier. • Une exposition monographique sera par ailleurs consacrée à Yazid Oulab du 14 juin au 1er septembre au Fonds régional d'art contemporain Provence-Alpes-Côte d'Azur. Commissariat Pascal Neveux.

L'association Marseille-Provence 2013, présidée par Jacques Pfister (Président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence), remercie ses partenaires :

* Projets proposés par Mécènes du Sud

Partenaires officiels La Poste, Société Marseillaise de Crédit, Orange, Eurocopter, EDF

Yazid Oulab, Point de Mire

Partenaires institutionnels Ministère de la culture et de la communication, Union Européenne, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Conseil général des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille, Marseille Provence Métropole, Ville d'Aix-en-Provence, Communauté du Pays d'Aix, Ville d'Arles, Arles Crau Camargue Montagnette, Communauté du Pays d'Aubagne et de l'Etoile, Communauté d'agglomération Pays de Martigues, Ville de Salon-de-Provence, Ville d'Istres, Ville de Gardanne, Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence.

Direction de la publication : Jean-François Chougnet, directeur général de Marseille-Provence 2013 Photos : Luisa Salvador Impression : Imprimerie Azur Offset, Marseille Achevé d'imprimer en mai 2013

-ISBN 978-2-36745-012-4

www.mp2013.fr


POINT D

jean-claude chianale,

Carnets les ateliers de l'euroméditerranée de marseille-provence 2013 ISBN 978-2-36745-012-4

5€


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