Bank of paradise - Quartier créatif de Jean-Luc Brisson au Plan d'Aou

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Histoire de la bank of paradise de l’antiquité à nos jours

Plan d’aou - 2011/2013


HISTOIRE DE LA BANK OF PARADISE DE L’ANTIQUITÉ À NOS JOURS


Histoire de la bank of paradise de l’antiquité à nos jours Jean-Luc Brisson


Au Plan d’aou - Alice Freytet Histoire de la bank of paradise

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de l’antiquité à nos jours - Jean-Luc Brisson

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Paroles et anecdotes du Plan d’aou

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Journal

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Notices - Wagon Landscaping

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L’avenir potentiel du verger, un jardin public ?

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Lâcher des faux billets

Projection du film de Robert Guédiguian

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L’argent fait le bonheur

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Les faux billets

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Le Plan d’aou Marseille (15e)

C e livre raconte une action menée pendant environ deux ans dans le cadre des Quartiers Créatifs par une équipe d’artistes et de paysagistes

dans le quartier en rénovation du Plan d’aou. Les Quartiers Créatifs sont une initiative de Marseille Provence 2013 Capitale de la culture. La création de la bank of paradise dans ce quartier a permis à cette équipe d’avoir une présence singulière, intrigante grâce à la fabrication de faux billets à partir de dessins d’habitants, d’enfants et de membres de l’équipe. La résidence dans le quartier a été rendue possible grâce à la Gare Franche, lieu de théâtre et de curiosités du Cosmos Kolej, la compagnie de Wladyslaw Znorko. L’activité de cette banque est intermittente, le plus souvent discrète dans la discussion lors de la fabrication de faux billets ou bien très visible et bruyante pendant les chantiers de construction. Aujourd’hui les faux billets circulent librement et le commencement d’un futur jardin public existe et ne demande qu’à se développer. L’équipe de la bank of paradise : Jean-Luc Brisson Alice Freytet, David Onatzky, François Vadepied, Julien Chèze, Lily Wanat, Mathieu Gontier.


Au Plan d’aou Alice Freytet

Crayon de papier, craie, fusain et encre Deux rouleaux 15 x 0,35 m

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Histoire de la bank of paradise

de l’antiquité à nos jours Jean-Luc Brisson

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A u vieux port de Marseille, si vous regardez la mer en face, le nord est à main droite et non pas derrière vous, comme on aurait pu s’y attendre. Le quartier du Plan d’aou est au nord, il lévite, regardant largement l’Estaque et la grande et vieille ville et les îles. C’est là que la bank of paradise a débuté son activité.

Au commencement, il n’était une fois que des sources, des bêtes sauvages, des pâtres, des fêtes villageoises, des ermites et peut-être quelques cyclopes. Quand un camp militaire s’est installé dans ce paradis, le monde primitif s’est accommodé à cette nouveauté comme d’habitude et jusqu’à nos jours, s’amenuisant, s’atomisant, devenant de plus en plus imaginaire. Le camp militaire fut implanté à juste titre puisque la position, difficilement prenable, permettait une surveillance de toute la rade. Personne ne contesta l’emplacement, pas plus que la suite des événements.

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Le paradis est un des empires de l’incontestable, du vent et de la lumière, non qu’il n’y ait rien à redire, mais plutôt que cela semble inutile. Tout est ici tellement exagérément visible qu’il suffit d’être dehors pour trouver du souffle. Au paradis on supporte les éternels travaux d’un monde en formation pour toujours, au moins les trente derniers siècles voués à la rénovation urbaine. Le plateau d’en haut, le Plan d’aou, ennemi ou ami selon les moments ou bien le point de vue, veillait sur la ville : un camp de guetteurs professionnels. Puis le camp fut abandonné. Des événements que l’on ne sentait pas forcément venir en regardant la mer de là-haut se sont produits, comme régulièrement depuis que les hommes sont assez nombreux autour de notre mer. Des gens qui parlaient la même langue qu’ici, disant d’ailleurs être de retour et un peu chez eux, ont débarqué ; puis d’autres, et d’autres encore avec des langues très différentes. Il fallait les loger vite, bien est une autre histoire. Sur le plateau, il y avait de la place dans l’ancien camp, on édifia des tours de Babel, parallélépipèdes qui encerclent une place vide. Cela constituait plusieurs groupes de discussions en forme de pentagone. Au pied des immeubles, confortables dans leur nouveauté, des ombrières servirent assez vite de trampolines aux jeunes qui sautaient des étages supérieurs. On démonta assez rapidement les ombrières ondulées, tordues, percées, cependant que les instituteurs, douaniers, policiers et autres fonctionnaires modestes, bons payeurs de loyers, emménageaient dans de petites villas, des pavillons avec des jardins, de l’ombre et de la tranquillité. Ils consolidèrent des cabanons, formèrent des lotissements, ailleurs. Définitivement, on oublia, ici, d’ôter les poteaux militaires de toute part visibles.

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Depuis le bord de mer, l’autoroute, le train, Verduron, Saint-Henri, Saint-André, Mourepiane, l’Estaque, Grand Littoral, les ports se voit cette clôture ouverte.

ÌÌÌÌÌÌÌÌÌÌÌÌÌÍÍÍ Sur le rebord du plateau, déshabillé à peine froissé, le grillage traîne au pied des poteaux. La clôture dénudée forme un peigne, le vent presque chaque jour décoiffe tout le monde. Il paraît que les blockhaus sont indémontables, même à la dynamite. Dans les tours, s’offrait une vue du tonnerre de Dieu, imprenable. On pouvait sûrement voir la Grèce, l’Afrique, Gibraltar et Suez, des pétroliers, des ferrys, des pointus, des dauphins, des baleines. Les jours de grève au port, la rade est remplie de bateaux comme le bain d’un minot capricieux. Vigile ou cordonnier se trouvant en plein ciel… mais là je raconte L’argent fait le bonheur le film de Robert Guédiguian qui est un conte et se mêle aujourd’hui à l’histoire vécue du quartier écrivant en partie sa mythologie et sa vie. Au paradis, l’histoire trace sa courbure aléatoire entre les murs et les météores. Le sol est jonché d’objets célestes tombés des étages. La ligne jaune qui partageait dans le film le quartier en deux était encore visible il y a peu. Alors, disons plutôt que pour le plombier ou le maçon, il est impossible de s’habituer à la vue et plus encore de s’en passer, elle vous entoure comme un peignoir. Les fenêtres n’ont jamais bien fermé, l’air extérieur qui souffle le chaud et le froid se joint à l’air intérieur. Il suffit d’ouvrir pour que le mélange se fasse plus rapidement ou pour tirer au fusil les grives, ou les cris d’enfants.

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On tire sur qui a tiré ou pourrait tirer… Non, là je raconte encore le film, sauf la chasse aux grives depuis chez soi qui n’est pas dans le film. Très peu se sont tirés d’ici, la plupart sont restés dans l’entre-soi d’un paradis en perdition, flottants. Dérive, oubli, vol plané, éloignement, la vie n’était pas toujours facile au paradis. Très vite on a pensé en bas lieu (le haut lieu est ici) que ces tours étaient causes de malheur, qu’elles seraient mieux disposées à plat, ou bâties moins hautes. Elles vont toutes être décapitées, démolies comme souvent ce qui dépasse des rangs. Cette idée d’une époque anciennement actuelle qui sentait venir les ennuis avec les cités a attendu les ennuis pour sortir le grand jeu de la rénovation urbaine. Ce furent trente ans de travaux, de bruit et de poussière, de mariages, de naissances, de films, d’animation culturelle, de centre social de camion pizza branché au réseau de la ville. Ils étaient vite et mal finis, mais bien aimables, ces bâtiments. Aujourd’hui, un homard manchot mordille, jusqu’à ce que mort s’ensuive, les deux dernières barres désactivées. Il faudrait dire « désaffectées », mais au Plan d’aou, certains enfants disent « désactivées ». À la place, on ne s’est pas moqué du monde : luminaires en forme d’arbres fanés, il faudrait dire « sculpturaux », mais certains enfants disent « les arbres fanés », résidences insulaires claires et propres, au milieu d’une mer d’attente. C’est une mer de la possibilité qui s’assèche. Les îles qui finissent par se toucher produisent la ville. Le continent urbain est un polder qui conquiert l’espace disponible qui est encore à l’heure où j’écris

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un grand garage de mécanique auto à ciel ouvert dans un jardin public bien tranquille par endroits. Les éléments naturels et la fréquentation entretiennent à parts plus ou moins égales ce paradis. La jouissance des lieux peut aller jusqu’à des petits saccages qui participent comme le vent, les précipitations, à la spontanéité du jardin. Le sauvage va se retirer pour laisser la place à un ordre plus ordinaire, plus accessible, mieux entretenu. Or, dehors pourrait bientôt se réduire aux accès, aux servitudes et même à un sentier de douaniers, au bord du vide sous quelques pins pensifs. Curieusement, cette transformation pensée comme une amélioration n’enchante pas grand monde. Il faut dire qu’il y a eu le mur Le « mur sans prévenir », le mur « Plan d’aou nique tout » (un graffiti) qui n’a presque rien niqué du tout, juste la vue. Ce mur n’est qu’un dispositif commercial permettant de vendre la vue. Le mur est plus ou moins temporaire, seulement le temps de réaliser qu’il n’est pas très solide, aisément démontable en pièces détachables par des personnes se trouvant plus de ressemblances que de différences de chaque côté. D’après Zohra, la sagesse même, la décision d’abattre le mur viendra. Derrière le mur se trouve encore la vue qui se donne uniquement à ses clients. Vue vendue à l’unité et amarrée à un ERF, Espace Résidentiel Fermé, ce qui donne tout de même au mur un espoir de longévité. Si vous accédez à la propriété d’une vue, vous ne souhaitez pas la partager, alors le belvédère naturellement à tout le monde fut fermé. À sa clôture, on réalisa que c’était la fin des rencontres, des rendez-vous, des jeux et des vœux faits là.

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À ne plus être liés seulement par la vue sur Marseille, tous sans doute un jour se sentiront dans la Marseille continentale. Avec l’annexion du paradis à la ville, le bus 25 pourrait s’arrêter sur le plateau. Les risques de détournements sous la menace, afin de rentrer chez soi pas trop crevé, s’éloigneraient. Désenclaver un paradis est une gageure qui peut nécessiter hypocrisie et félonie stratégiques et beaucoup de courage aussi. Les matériaux de construction ne manqueront jamais, la confiance réciproque entre aménageurs et habitants est une autre affaire, car les travaux avancent sans que quiconque sache à quoi s’en tenir, à croire parfois que toute cette grande transformation a décidé de loger des sourds et des aveugles. C’était l’usage dans l’ancien temps, les puissants bâtissaient sans discussion. Les temps, devenant démocratiques, ont changé, sans prévenir, et il n’est presque plus concevable de se passer de concertation. Ce n’est ni une mode ni un mal nécessaire, mais plutôt une force supplémentaire qu’il faut apprivoiser, apprendre à considérer. Une force pour le moment assez vague et peu expérimentée passant de l’anxiété à la plainte ou au désir. Nous sommes probablement dans une époque intermédiaire où, déjà, se contenter de faire semblant est une étape, un progrès qui permet de s’entraîner, d’inventer des formes de discussion. Quand la rénovation du quartier a débuté, il y a trente ans, les pratiques de l’urbanisme étaient différentes, l’État était un puissant et se sentait dans ses murs. Bien avant le « mur sans prévenir », un autre mur fut édifié, au beau milieu de la route, entre un lotissement pavillonnaire des années trente et les nouvelles barres des années soixante-dix. Une coutume probablement inspirée par les cyclopes.

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Ces murs arrangent un peu tout le monde et font du quartier une impasse. Le paradis est une forme d’impasse. Arrivent aujourd’hui de l’aide pour accepter, mais quasiment après coup, l’annexion du paradis à la ville. La bank of paradise participe à cette pacification sans connaître ni comprendre complètement la vitesse et la nature de cette grande transformation. Comme il y a peu de services et de commerce sur le Plan d’aou, l’arrivée d’une banque, même de nature artistique, pouvait être réjouissante. Le projet est né alors que l’air vibrait de mots comme crise financière argent toxique, Madoff, crédit à risque, planche à billets, subprime, bulle immobilière… Tant que la bank of paradise parlait de racheter la petite maison récemment construite toute seule sur le belvédère à tout le monde, c’était plaisant, utopique, drôle, utile et bien vu. Tous les éventuels actionnaires ont souri, et ont dit oui. Ils s’étaient réunis grâce à l’élection de Marseille comme Capitale européenne de la culture pour l’année 2013. Racheter ou louer la petite maison fut plus compliqué, impossible et vite vu. C’était pourtant une manière de réparer la voracité des promoteurs ou bien l’étourderie d’un scribe travaillant dans une salle peu éclairée : le trait est parti, a glissé sur le haut du plateau, sectionnant le promontoire comme une bavure, arrachant le belvédère au quartier. Les lignes qui vont tout droit, sont puissantes, elles glissent sans s’embarrasser des plissements ni de la vie qui s’y love localement.

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Un mur vu de dessus est une ligne. Et puis la chaufferie juste à côté aurait pu, aurait dû, être le siège de la bank of paradise. Trop tard, trop cher, elle fut démolie, la chaufferie. La banque aurait eu un jardin public (petit), aurait thésaurisé des faits, des gestes, des formes et des histoires (beaucoup). La bank of paradise est alors devenue une banque du dehors. Son appellation à consonance internationale, dilapidée à tous vents, est en accord avec son absence de bâtiment. Son siège social est à l’extérieur. Quelques autres banques se nomment ainsi en des paradis fiscaux. C’est aussi le nom d’un atoll et d’un nuage plat, rien de contradictoire en somme. La bank of paradise fabrique des faux billets. c’est-à-dire des images. Les billets de banque sont avant tout des images que l’on ne regarde plus. La seule tâche de la bank of paradise est la valorisation des dessins qu’elle suscite. Tout dessin fait par un être humain a de l’intérêt, il est valable a priori d’après la bank of paradise. On ne pourrait peut-être pas en dire autant des paroles. Les billets de banque contiennent des paroles, des signatures, des devises ce qui n’altère pas les dessins, mais les fait mousser. La bank of paradise n’enseigne pas le dessin, elle ne cherche pas à divulguer un savoir-faire impliquant un apprentissage suivi, des modèles ou des procédés, elle fournit des outils très variés qu’elle transporte dans une petite remorque. Le temps du dessin est calme. On peut toujours s’asseoir à côté de celui ou de celle qui dessine, que ce soit à l’initiative de quelqu’un de la banque ou bien inversement d’un passant, d’une passante. En regardant dans la même direction, petit à petit les paroles viennent par traits au milieu de silences, de blancs comme des vides sur le papier.

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Ces moments de présence côte à côte ne produisent pas forcément tout de suite de la confiance, mais préparent les conditions d’une disponibilité. C’est un début. Ces rencontres ont été rares et précieuses, nous avons surtout pris des rendez-vous, répondu à des demandes. C’étaient essentiellement des enfants toujours rapidement disposés à dessiner, à s’inventer un pays, des devises, de la valeur raisonnable pour les uns ou excessive pour d’autres. Je ne pourrais pas raconter tous les instants enchanteurs même s’ils ne furent pas si fréquents. Juste celui-ci, les autres se sont envolés. Un petit garçon de grande section de l’école maternelle du quartier, comme ses camarades, dessine avec un assez gros morceau de charbon de bois. Nous avions ramassé ces outils primitifs de dessin avec eux dans les restes d’un feu sur le plateau. Sa manche balaye le beau trait qu’il vient de tracer, l’effaçant à moitié. Il se fige, regarde, me regarde, prend sa respiration et crie : « Le vent, j’ai fait le vent ! » je dis : « Bravo ! » Et tous se sont mis à dessiner du vent, une belle collection de billets prêts à voler. Le centre aéré du quartier avec Abdel est venu à la banque comme on va à la piscine, joyeusement. Le collège Elsa Triolet est une vieille connaissance, avec ses beaux yeux, comme une clientèle qu’on a toujours connue. Certains ou certaines ont pu voir leur monnaie singulière reproduite dans La Provence, le journal. La banque transforme n’importe quel dessin en billet de banque. Diogène le chien, celui qui se promenait avec une lanterne en plein jour à la recherche de l’homme, se cherchant lui-même chez les autres, fabriquait de la fausse monnaie avec son père, banquier.

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Il disait fabriquer de fausses valeurs, consommation, envie, pouvoir, en exhibant les vraies, sagesse, simplicité, partage. Dans une sagesse faussement naïve, il se frottait le ventre pour calmer la faim, arguant que le désir sexuel pouvait se contenter de caresses prodiguées à soi-même. De même il disait qu’en cas de besoin d’argent, il suffisait de se baisser pour ramasser quelques osselets de mouton. Le sol du Plan d’aou est d’une richesse infinie. L’argent est un fluide qui s’écoule entre les hommes sans faire de différences entre les riches et les pauvres. Qu’on le veuille ou non, c’est un lien fondé sur la confiance, c’est-à-dire la fiducie. Bien sûr, chacun n’a pas accès au même débit, mais doit se fier aux autres. Dans le système de l’argent il y a un peu de jeu, au sens de marge de manœuvre et sans doute encore des inventions possibles. Certains essaient des monnaies parallèles, forme de retour aux sources de l’argent raisonnable. Je ne parle pas non plus des jeux d’argent qui provoquent de la dépendance au désespoir ou à l’espoir, ni de la Bourse qui par le jeu industrialise la production de l’argent, indépendamment du travail. La bank of paradise est une forme de jeu basé sur un plaisir humain de posséder en grand nombre une même chose. Petit à petit, nos réserves en faux billets ont grossi. Elles devenaient impressionnantes et donnaient une plus grande envie À presque tout le monde de faire des faux billets. Pour les fabriquer, la bank of paradise doit avoir le minimum, c’est-à-dire un comptoir, une table, un guichet, même un banc, mot qui a donné banque, trace d’une antique pratique des échanges sur un banc. À chaque campagne d’activation de la planche à faux billets, nous voulions construire un guichet différent : guichet-guinguette, guichet-belvédère, guichet-vestiaire,

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guichet-garage automobile guichet-table de banquet. Nous aurions laissé en place ces guichets qui auraient fini par apparaître comme autant de folies préfigurant un vaste jardin public dans ce morceau de ville tout neuf. À chaque nouvelle session, dans un esprit jardinier, nous aurions vu ce qui prenait, ce qui nécessitait trop de soins, ce qui disparaissait. Le premier guichet table de banquet-table à dessin à la fois orientée vers la mer et vers le quartier a brûlé. Seule la balançoire, drôle de comptoir pour une banque, est restée, les bras ballants dans le vent. Nous avons décidé de ne pas insister, et de réaliser un jardin public directement dans « le trou perdu » en contrebas du plateau. Ce lieu largement ignoré du quartier est devenu un verger en terrasses, terrasse se dit bancau en provençal, toujours le banc, la banque. Les enfants ont accouru nous offrant des chorégraphies dans les trous de plantation, des transports en tous genres, en montée, en descente. Les huit à douze ans nous ont appris le mot chibre, rare et sans doute vieilli, alors que nous plantions des iris dans la pente. Cet été, le premier pour ce jardin, Amouni Adda Attou et Tatie Mzé ont arrosé, les figuiers, les amandiers, les pruniers, les plaqueminiers, les oliviers, les grenadiers, les câpriers.

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Les enfants les accompagnaient allégeant ou alourdissant le tuyau jaune. La bank of paradise a fabriqué et imprimé beaucoup de billets, elle a permis l’arrivée de ce jardin public surnommé le Bankaou. Il se peut que ce nom change une fois que nous serons partis. Il se peut que nous revenions pour continuer ce jardin public. À l’inauguration du verger Bankaou, le vingt-cinq juin deux mille treize, juste quelque temps avant que les hommes prennent la décision radicale de soigner la planète et d’instaurer entre eux une forme de partage plus équilibré du pouvoir et des richesses, un lâcher de vingt mille faux billets a eu lieu au Plan d’aou. Ce fut au moyen d’un grand cerf-volant ressemblant à un os de seiche ou à une autre créature géante de la mer échouée, séchée puis soufflée par le mistral, très fort ce jour-là, depuis un rivage en contrebas. Des billets de banque, il en a plu à plusieurs reprises. À la nuit, le film L’argent fait le bonheur fut projeté en présence du réalisateur et de la plupart des acteurs, y compris les habitants, surtout des enfants au moment du tournage. En l’année deux mille treize, nous fûmes quelques-uns à expérimenter les Quartiers Créatifs, mélange indéfinissable a priori d’art et d’aménagement, un peu des deux. Rien ni personne ne nous a obligés à faire une banque, à accepter cette commande. Pourquoi, ensuite avions-nous ressenti une sorte de culpabilité envers les habitants. L’aurions-nous eue dans les beaux quartiers du sud de la ville? Aujourd’hui on parle beaucoup de la dette. Les plus pauvres doivent rembourser les plus riches.

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Ils sont leurs obligés et se répètent « qui paye ses dettes s’enrichit » sans vraiment y croire dans beaucoup de langues rares et aussi en grec moderne ; qu’aurait pu en dire Diogène en grec ancien ? La dette est un sentiment diffus et persistant d’une puissance effrayante. J’ignore pourquoi on dit « contracter une dette », mais tout est dit. Pourquoi avions-nous le sentiment vague et mal fondé d’avoir une dette envers ce quartier ? Avions-nous été contaminés par une commande qui venait d’on ne sait quel sentiment de culpabilité ? Culpabilité d’un abandon pendant un certain temps ? La prochaine fois je proposerai de réaliser une agence d’évaluation afin de solder toutes les dettes sans renoncer à donner de la valeur à ce qui est déjà là, n’importe où.

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Paroles et anecdotes du Plan d’aou

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« Moi le verger je ne le connaissais pas avant qu’ils me le disent. Je ne savais pas qu’ils avaient planté là-bas, au fond. »

« Ça va pas marcher. Vous verrez… »

« Ah oui ils ont planté des arbres mais il y en a plein qui ont été volés. »

« Ah mais c’est super ce qu’ils ont fait. Bon c’est dommage ils ne l’ont pas fait aligné mais ça peut servir de banc. On peut s’asseoir. Et c’est bien les pierres comme ça. »

« C’est bien mais vous verrez ça va pas marcher. »

« Ça ne marchera pas, vous verrez. »

« Vous verrez ça va pas marcher. »

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« Je ne savais pas s’ils allaient tenir avec l’orage. Je suis contente il y en a qui ont bien repris. Le kakier il était mort et là il est reparti. Ils m’ont même dit d’arrêter de l’arroser. »

« Mais c’est des gens de chez vous ou de chez nous qui s’en occupent ? »

Les débuts de l’arrosage du verger « Encore trop court… »

« Et vous vous pensez qu’ils vont tenir pendant dix ans ces arbres ? »

Mistral sur le chantier

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« Mais il y a des gens qui viennent. Le soir, après, les gosses viennent jouer. [Elle pointe la balançoire à bascule.] Vous allez voir ! »

« Moi je préfère le coin en bas. C’est parce que les arbres sont déjà grands. Je n’ai pas la patience d’attendre. C’est long. J’ai hâte de voir ce que ça va donner plus tard. Là je n’arrive pas à m’en rendre compte. »

Mercredi après-midi sous la pinède « À moooooi !!! À moi, à moi ! »

« Ah mais il y a même un accès ! Parce qu’avant on descendait comme ça directement. C’était dangereux. Et on peut descendre jusqu’à la Bricarde par ici ? Mais là c’est pas vraiment la Bricarde, c’est la Bricarde ? C’est plus partagé. C’est même plus du côté de Plan d’aou que de la Bricarde ! »

Autrefois au Plan d’aou « Heineken ? »

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« Il faut se bouger aussi. C’est les autres qui font pour nous. Tu sais qu’il faut seulement être trois pour monter une association. Trois personnes et c’est bon. »

« Ça fait venir des gens. Il y a du passage. Ça change l’image des quartiers nords que le touriste n’ait pas peur de venir. Enfin je te dis ça mais il y a deux semaines, il y en a qui faisait un film sur le chemin… Oui le GR ! Ils avaient peur. Ils pensent que si tu viens avec un appareil photo, tu vas ressortir à poil du quartier. Mais tu peux te promener tranquille. Il ne va rien t’arriver. »

Le Plan d’aou sur le GR 2013 « Mais qu’est-ce qu’ils viennent voir ici ces gens ? »

« Les filles aussi elles ne le connaissaient pas le verger. Elles aiment bien venir, surtout maintenant qu’il y a des endroits où se poser. Elles peuvent parler tranquillement entre elles. D’ailleurs elles m’ont dit qu’elles voulaient faire un piquenique après le ramadan. » * = V’la la police !

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« Un artiste ? C’est qui ? Il a fait quoi ? »

« Il est dans ma classe celui qui l’a dessiné. On croyait que c’était des faux, qu’ils allaient pas vraiment les imprimer… Et après quand on a vu qu’ils allaient les imprimer, on était très heureux ! »

En chemin pour une séance de dessin « Allez, laisse passer les beaux-arts du Cosmos…»

« Le film ? Oui j’étais à la soirée. C’est des gens de mon époque qui ont joué dedans. J’étais au bled quand ça a été tourné, mais je le connaissais ! »

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La grande terrasse de la pinède 5 jours de chantier du 15 au 19 octobre 2012 7 personnes

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ors de ce chantier inaugural, il est construit en cinq jours une terrasse de 3 x 15 m, en bastaings bruts. Sur ce plateau bois sont venus se poser une double table avec quatre bancs, deux transats en bois d’ossature de charpente et un « coffre-fort » sphérique en fers torsadés, présentant quelques bijoux récoltés sur le site. Chaque élément de mobilier est construit près du container de stockage de matériaux. Les éléments sont apportés et fixés sur place, en fin de semaine. Nous fixons une balançoire sur un pin près du plateau en bois. Ce premier guichet est venu s’installer sur un point stratégique du quartier, en belvédère et à l’ombre. Ce site est occupé par les habitants appartenant aux différentes communautés du quartier. Elles se partagent les heures et les saisons, mais ne se retrouvent presque jamais ensemble, aux mêmes moments. À la fin de ce premier chantier, une inauguration officielle de la bank of paradise est organisée. Les différents partenaires du projet sont présents : Marseille Provence 2013, le GPV (Grand Projet de Ville qui se nomme aujourd’hui MRU, Marseille Rénovation Urbaine), la Gare Franche, le centre social, l’État , la Région, la Ville… Une projection est organisée. Des diapositives de faux billets déjà réalisés jusque-là ainsi qu’une une vidéo du chantier sont montrées et commentées en direct grâce à une sonorisation assez puissante. Soupes et boissons maison préparées par Zohra, hôtesse de la Gare Franche, sont dégustées dans la nuit violemment ventée. À la veille de vacances scolaires, cette soirée se déroule dans un climat de grande tension : quelques enfants du quartier cherchent par tous les moyens à obtenir le plus possible de faux billets, juste avant l’inauguration. Ils s’acharnent sur la boîte aux lettres destinée au dépôt des images à transformer en faux-billets où sont stockés provisoirement les billets imprimés. La bank of paradise subit des tentatives de « braquage » assez réalistes de la part d’une poignée d’enfants ayant pourtant participé au chantier. Quelques jours plus tard, tout le guichet a brûlé. Les restes non consumés ont été démontés par David, Julien, Hakim et Doumé. Nous sentons la très grande fragilité et la complexité de ce que nous avons entrepris, il faut poursuivre plus simplement, plus finement.

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Le verger Bankaou et ses terrasses 5 jours de chantier du 25 au 29 mars 2013 9 personnes

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’équipe de la bank a décidé de laisser passer l’automne et le début de l’hiver, suite à l’incendie du premier guichet. En fin d’hiver, début 2013, un chantier de mise en place d’un verger est réalisé sur les terrasses, en contrebas de la pinède. En début de chantier, des chemins d’accès sont réalisés dans la pente, permettant de desservir les différentes terrasses. Un grand nettoyage du site s’organise. Les déchets ne sont pas exportés ; ils sont stockés sur place, dans des gabions construits à cet effet. Sur les espaces plantés, le sol est préalablement travaillé à la mini-pelle. Des fosses de 1 m3 sont préparées, pour chaque arbre. Des bandes de 50 cm de profondeur sont creusées le long d’un mur de soutènement, pour les strates arbustives. Une fois les fosses créées, le sol est amendé avec un mélange à base de tourbe. Les fosses sont ensuite rebouchées et la terre mélangée à l’aide de la mini-pelle. Les plantations sont alors effectuées avec les enfants du quartier, le mercredi après-midi. La mini-pelle est à certains moment une grappe d’enfants, toujours à peu près les mêmes qui sont le plus souvent dehors. Des cuvettes de retenue d’eau entourent les pieds de plantation. Ces cuvettes sont ensuite paillées avec du gravier. En parallèle du chantier de plantation, des cadres bois se montent autour des espaces plantés. Ils sont remplis de gravier. Chaque cadre bois accueille un banc ou un transat bois de la terrasse de la Pinède, ceux qui ont été épargnés par les flammes. L’ambiance du chantier est assez joyeuse, de nombreux habitants approchent, disant, pour la plupart, découvrir ces terrasses juste en contrebas du plateau. Chacun comprend sur place le potentiel de ce lieu, tout prêt à devenir un jardin public.

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Les récolteurs d’eau et le Cyclope 5 jours de chantier du 13 au 17 mai 2013 9 personnes

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our préparer l’été, l’équipe de la bank of paradise décide d’amener de l’eau dans le verger pour arroser les jeunes plantations. Deux récolteurs d’eau sont mis en place durant cette semaine. Ils sont posés sur le mur de soutènement. Un trou préalable est creusé à la mini-pelle afin d’intégrer les éléments dans la pente, au-dessus du mur. Un socle nivelé est formé à l’aide de pierres et de gravats. La cuve est ensuite posée sur ce socle. Un bardage bois est bâti tout autour de la cuve. Ce bardage est ensuite recouvert de tôles, et un toit de 2,5 x 1,5 m est construit. Une gouttière est fixée en base de toit pour alimenter la cuve. Les cuves sont remplies par l’eau de pluie. Lorsqu’elles sont vides, elles sont rechargées à l’aide d’un tuyau branché dans les jardins familiaux de la terrasse du Verduron, à côté du centre de lecture des Acelem. Pendant cette même semaine, un cyclope est apparu dans la pinède. En regroupant les pierres et les cailloux du plateau à l’aide d’un Bobcat, une sculpture dans la tradition locale et vivante de la rocaille a été mise en place. Elle marque l’entrée de la descente vers le verger et à la fois la mer et le quartier du Plan d’aou. Les pierres, une fois assemblées, sont solidarisées petit à petit à l’aide d’un mortier fin. Un œil, soudé en fer torsadé, est installé en haut de la sculpture. Sa pupille est réalisée avec un extracteur éolien métallique rouge et tournant sur lui-même grâce au vent. Le travail sur le chantier est intense, souvent accéléré par la menace de la pluie qui n’arrivera qu’à la toute fin. Pas mal d’habitants viennent aux nouvelles, discutent longuement, la plupart nous encouragent ou participent légèrement. Tous sentent bien qu’ils pourraient participer, nous ne forçons personne de quelconque manière. Ceux ou celles qui ont entendu parler de co-construction dans d’autres projets participatifs sont soulagés de ne pas devoir se prêter à cette nouvelle forme de bénévolat.

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Les terrasses de la mer et la balançoire à bascule 5 jours de chantier du 24 au 28 juin 2013 8 personnes

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ur la partie basse du terrain, en bout de verger, trois grandes terrasses et quelques assises sont réalisées en une semaine. Elles sont orientées vers la mer. Sous les terrasses est déroulé un géotextile, qui évitera que les herbes poussent et apparaissent entre les joints des planches de surface. Les structures sont réalisées pour accueillir un plateau-terrasse dans lequel sont incluses des assises. Les transats mobiles en bois du premier atelier de dessin (juin 2012) sont intégrées dans les plateaux et fixés. Des rochers de taille importante sont intégrés aux plateaux bois et peuvent également servir de sièges. L’ensemble des constructions est réalisé en bastaings bruts. Les tranches des terrasses sont peintes en blanc. Un matin, Alice et Lily, fortes de leur expérience des deux balançoires sur le plateau qui n’ont jamais été saccagées, mais plutôt utilisées intensivement, ont proposé la construction d’un tape-cul. Aussitôt dit, aussitôt fait. Ce chantier se conclut par le lâcher de 25 000 faux billets au moyen d’un cerf-volant. Une poche est fixée environ à la moitié de la corde du cerf-volant, elle contient les faux billets préalablement défaits de leurs liasses, énergiquement brassés, certains légèrement froissés afin de donner du volume pour un vol individuel. La poche, une fois le cerf-volant stabilisé, est ouverte en tirant sur une élingue qui détache la fermeture Velcro (marque de fabrique du système velours/crochets inspiré par les fruits de bardane se fixant sur les pelages des animaux et dans les cheveux et sur les habits). Le vent est au rendez-vous, un peu trop fort pour que la projection en plein air du film de Robert Guédiguian puisse avoir lieu sur le plateau, elle se fera dans « l’usine », la salle de spectacle de la Gare Franche, tout nouvellement mise aux normes pour un accueil important de spectateurs.

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Notices

Wagon Landscaping

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NOTICE 1 Construire une terrasse en bois Pour créer facilement une terrasse solide, durable dans le temps, on doit utiliser des formes et des matériaux simples. La terrasse a une forme rectangulaire. Elle est construite en bastaings (planches en général de 60 mm d’épaisseur et de 160 mm de largeur) de pin. Grâce à sa forte épaisseur, cette solution est économique et durable même si le bois n’est pas traité. On le prendra de préférence poncé, mais on peut aussi utiliser du bois brut. La dimension de la terrasse doit être adaptée aux bastaings dont on dispose pour éviter d’avoir à gérer un trop grand nombre de chutes et de découpes. Par exemple, si on a des bastaings de 5 m de long, on construira une terrasse de 2,5 m de large, ou de 5 m de large.

1. Construction de la structure en bois

Attention, le cadre doit être un peu moins large (environ 10 cm de moins) que la largeur de la terrasse pour que les bastaings dépassent un peu de part et d’autre. Par ailleurs, il est préférable de calculer la longueur de la terrasse afin qu’elle soit cohérente avec la largeur d’un nombre entier de lattes. Ne pas oublier que l’on ajoute 5 mm de vide entre deux lattes. La structure à l’intérieur du cadre peut être mise deux façons : dans le sens de la largeur ou dans le sens de la longueur. On doit prendre cette décision en fonction de l’orientation des lattes du plancher que l’on souhaite. L’entraxe entre deux structures intermédiaires est environ tous les 0,8 m.

2. La mise à niveau

Une terrasse doit être horizontale (sauf décision consciente pour les adeptes de la pente). Il faut donc mettre le cadre à niveau. On place le géotextile sous le cadre. Test : pour savoir si la terrasse est bien stable, il faut que la personne la plus lourde du chantier se déplace sur le cadre avant de poser les lattes.

3. La couverture de la terrasse

La première latte est placée bien parallèle au cadre avec un léger débord dans le vide (3 à 4 cm). On met des vis entre les lattes pour garder un vide qui permet d’assurer un jeu en cas de dilatation du bois. Un mètre avant la fin de la terrasse, on vérifie que l’on est bien toujours parallèle à la structure. La distance au bout doit être la même des deux côtés. On vérifie aussi que la dernière latte va bien tomber sur l’extrémité du cadre. Si nécessaire, on joue de quelques millimètres sur l’interstice entre les dernières lattes pour terminer de façon optimum.

4. Déligner les bords

Ceci afin que l’inégalité des longueurs de latte soit rattrapée.

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Liste des outils Niveau à bulle, bobine de corde, souris, mètre ruban de 5 m, équerre de charpentier (x 2), masse, pioche, pelle, crayon de charpentier, serre-joint (x 2), gants, visseuse à batterie avec les embouts adaptés aux vis que l’on utilise, groupe électrogène, bobine électrique, scie circulaire filaire, scie à main.

Liste de matériaux Bastaings (150 x 50 mm) en pin classe 2 ou 3 en 3 m ou 5 m, rabotés si possible Quantité : 11 m par m2 de terrasse (pour une largeur de 150 mm) Vis en 100/6, embouts de type PZ3 ou Torx Quantité : 20 par m2 de plancher ; 8 par 0,8 m de structure. Géotextile de la même surface que la terrasse

Temps de mise en œuvre 2 ou 3 personnes 1 jour/homme pour 6 m2

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NOTICE 2 Construire une terrasse en gravier Le principe de la terrasse en gravier est simplement de créer un cadre en bois qui sera rempli de gravier. On peut y fixer des bancs ou des assises. Cadre en bastaings à chant. Intermédiaires en bastaings posés à plat. Géotextile. Remplissage de gravier. Fixation du banc sur les bastaings à plat. La terrasse suit la pente. On choisira de préférence un lieu plat.

Liste des outils Niveau à bulle, bobine de corde, souris, mètre ruban de 5 m, équerre de charpentier (x 2), masse, pioche, pelle, crayon de charpentier, serre-joint (x 2), gants, visseuse à batterie avec les embouts adaptés aux vis que l’on utilise, groupe électrogène, bobine électrique, scie circulaire filaire

Liste de matériaux Bastaings (150 x 50 mm) en pin classe 2 ou 3 en 3 m ou 5 m, rabotés si possible Pour 18 m2 de terrasse : 30 m de bastaings. Vis, embouts de type PZ3 100/6 x 20 Géotextile de la même surface que la terrasse Gravier blanc 5/15 : 1 m3

Temps de mise en œuvre 2 personnes 2 jours/homme

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NOTICE 3 Construire un banc ou une table Pour la création des bancs, on va utiliser les mêmes matériaux que pour la création de la terrasse (Notice 1). À noter que l’on peut construire une table de la même manière. C’est un grand banc de 90 cm de haut et de 60 cm de large. La dimension du banc doit être adaptée à la longueur des bastaings dont on dispose pour éviter d’avoir à gérer un trop grand nombre de chutes et de découpes. Par exemple, si on a des bastaings de 5 m de long, on construira un banc de 2,5 m de long. La hauteur de l’assise doit être d’environ 45 cm par rapport au sol.

1. On construit d’abord deux cadres. 2. On lie ensuite les deux cadres avec des bastaings dont la longueur correspond à la largeur de deux bastaings plus 3 cm, soit en général 33 cm.

3. On pose les bastaings sur toute la surface du banc. 4. On fixe les bancs sur une terrasse en mettant des vis en biais à la base des bancs.

Liste des outils Niveau à bulle, mètre ruban de 5 m, équerre de charpentier (x 2), crayon de charpentier, serre-joint (x 2), gants, visseuse à batterie avec les embouts adaptés aux vis que l’on utilise, groupe électrogène, bobine électrique, scie circulaire filaire.

Liste de matériaux Bastaings (150 x 50 mm) en pin classe 2 ou 3 en 3 m ou 5 m, rabotés si possible Pour un banc de 2 mètres : 18 m de bastaings Vis, embout PZ3 100/6 x 40 60/5 x 30

Temps de mise en œuvre 2 personnes 1 jour/homme pour 1 banc

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NOTICE 4 Planter un verger 1. Creuser les fosses

La plantation est réalisée en fin automne, en hiver, au printemps hors période de gel. Creuser une vraie fosse de plantation. Apporter de la tourbe, du terreau (en sacs, c’est plus facile à transporter). Amendement au fond de la fosse de plantation.

2. Créer le substrat de l’arbre

Remettre la terre extraite du fond du trou dans le fond du trou. Ça paraît bizarre, mais l’idée est de décompacter la terre. L’arbre va pousser deux fois plus vite ! Mélanger la terre avec un sac de terreau (60 l) et la tourbe (60 l) et remettre dans la fosse de plantation.

3. Planter

Planter sans enterrer le collet de l’arbre. Création d’une vraie cuvette, c’est vital pour la reprise de l’arbre. La cuvette va permettre de garder l’eau, qui va s’infiltrer sur les racines.

4. Tuteurage et paillage

Contre le vent et le soleil. Lien en toile de jute et tuteurs : on essaye de trouver des piquets pas trop gros, en châtaignier par exemple. On fixe bien solidement l’arbre au tuteur. Attention au mistral ! L’arbre mal attaché risque de s’abîmer sous les coups de vent. On utilise plutôt un paillage minéral, comme du gravier (c’est plus durable et il ne s’envolera pas !). Il ne faut pas hésiter à en mettre beaucoup : 5 cm au minimum.

5. Arrosage

Il faut soigneusement procéder au plombage, c’est-à-dire noyer l’arbre à la plantation. On arrose toutes les semaines le premier été de la plantation (50 l par arrosage au minimum).

6. Taille de formation

Il faut le faire seulement si on est accompagné de quelqu’un qui connaît la taille. Sinon, on laisse l’arbre se débrouiller tout seul.

Les plantes du verger Bankaou

Amandier, câprier, figuier, grenadier, plaqueminier, prunier, olivier.

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Liste des outils Bêches, pelles, masse, sécateur, brouette, mini-pelle.

Liste de matériaux pour un arbre Sac de terreau de 60 l 1 poignée d’amendement 60 l de tourbe 50 l de gravier ou de broyat 100 l d’eau 1 tuteur de 2,5 m, diamètre de 4 à 5 cm. 1 lien (jute)

Temps de mise en œuvre 1 homme pour deux arbres Plus 1 jour de mini-pelle pour creuser les trous

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NOTICE 5 Niveler le terrain Dans le sol chaotique d’une zone en friche, il peut être agréable d’avoir des espaces horizontaux où l’on peut marcher, s’étendre, jouer… Il faut pour cela niveler le terrain. Lorsque la pente est importante, l’amélioration de l’accessibilité et des cheminements passe par un travail de nivellement. Les travaux doivent être faits avec deux conditions indispensables : Les travaux sont réalisés par temps sec. On travaille sur un sol bien ressuyé mais pas trop sec non plus.

1. Piquetage de la zone ou du chemin à niveler. C’est l’occasion de dessiner un espace dans le parc.

2. Nettoyage du terrain. 3. Fauchage de la prairie si nécessaire. 4. Première phase de nivellement à la mini-pelle avec un godet large. On garde la pente naturelle du terrain.

5. Deuxième phase de nivellement, si le sol ne contient pas de blocs de ciment, de grillage… à l’aide d’un déchaumeur à dents rigides équipé d’un rouleau à grille à maille fine. Cet outil initialement utilisé pour préparer un sol à une culture est choisi pour sa capacité à niveler.

6. La reprise de végétation peut être accélérée par un semis très léger d’un « mélange de semis pour prairie adapté » de l’ordre de 4-5 g/m2.

7. Tonte.

Liste des outils Piquets, mini-pelle, engin de travail du sol, pelle, pioche, râteau.

Temps de mise en œuvre 2 à 3 jours de chantier

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NOTICE 6 Créer un jardin sec Le jardin sec est adapté à la colline marseillaise. Il n’a pas besoin d’eau pour prospérer. Son entretien est minimal, il consiste à jardiner trois ou quatre fois par an en favorisant les plantes que l’on souhaite voir se développer. Il repose sur trois principes : un travail du sol initial soigné, la sélection de plantes adaptées, un paillage en gravier très épais qui évite le retour rapide de la prairie.

1. Épierrer le sol et mettre les pierres de côté. 2. Décompacter le sol sur 30 cm. 3. Amendement de tourbe (20 l/m2). 4. Plantations en cuvette. 5. Paillage avec du gravier. On remet les cailloux sur le jardin. 6. Arrosage abondant. Exemple de plantes de jardin sec

Aloes striatula Valériane (Centranthus ruber) Iris lutescens Euphorbe (Euphorbia chariacas) Câprier (Capparis spinosa) Grenadier (Punica granatum) Hesperaloe parviflora Lavande (Lavandula officinalis) Sauges (Salvia officinalis, Salvia sclarea) Thym (Thymus vulgaris)

Liste des outils Bêches, pelles, râteau, plantoir (x 2), sécateur, brouette, arrosoir, mini-pelle (si disponible), sac poubelle.

Liste de matériaux pour 1 m2 4 à 6 plantes en godet 20 l de tourbe 50 l de gravier ou de broyat 30 l d’eau

Temps de mise en œuvre 3 jours/homme pour 20 m2  : réception des matériaux et des plantes, manutention, travail du sol, plantation, plombage, rangement du chantier.

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NOTICE 7 Créer un jardin de rocaille Associé au nivellement d’un espace (Notice 5), il est possible de réaliser un jardin de rocaille. Il s’agit en fait d’un jardin sec (Notice 6) dans lequel on va intégrer les blocs minéraux trouvés lors du nivellement.

1. Les blocs minéraux sont regroupés et transportés vers le talus. 2. Travail du sol en décompactant la surface. 3. Mise en place des blocs de manière « naturelle ». 4. Ajout de la terre entre les interstices des blocs. 5. Arrosage et ajout de terre après si nécessaire. 6. Plantation et à nouveau arrosage. 7. Paillage au gravier. Liste des plantes de rocaille

Voir la liste des plantes du jardin sec (Notice 6). On peut ajouter des succulentes entre les rochers comme les joubarbes, les crassulas et les echeverias.

Liste des outils Bêches, pelles, râteau, plantoir (x 2), sécateur, brouette, arrosoir, mini-pelle (si disponible), sac poubelle.

Liste de matériaux pour 1 m2 4 à 6 plantes en godet 20 l de tourbe 50 l de gravier ou de broyat 30 l d’eau

Temps de mise en œuvre 3 jours/homme pour 20 m2 Réception des matériaux et des plantes Manutention Travail du sol Plantation Plombage Rangement du chantier

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NOTICE 8 Construire un récolteur d’eau La plantation d’arbres dans la colline marseillaise nécessite un arrosage les deux premières années. Il faut compter environ 50 l par semaine et par arbre en période de sécheresse. On peut mettre en œuvre des récolteurs d’eau de pluie qui peuvent combler une partie des besoins.

1. Localisation du récolteur d’eau

Il faut se choisir un point haut par rapport aux plantations.

2. Construction de la structure en bois

On crée un cube en bois dans lequel on va glisser la cuve renforcée.

3. Construction du récolteur d’eau de pluie

Le récolteur d’eau de pluie est placé sur la cuve. Compte tenu du vent, la tôle ondulée est prise en sandwich entre des bastaings fixés à la structure. Un trou dans la tôle au niveau de l’ouverture de la cuve permet de la remplir.

4. Carrossage de la cuve (en option)

La structure en bois est recouverte de tôles ondulées qui sont vissées sur les bastaings. Les coins sont protégés par des cornières rivetées à la tôle. Pour éviter une purge malintentionnée des cuves, il est préférable d’empêcher l’accès au robinet de la cuve. On peut découper la tôle et riveter des charnières et un portecadenas aux tôles.

5. Matériel d’arrosage connecté à la cuve

Il faut prévoir les raccords entre la cuve et les tuyaux d’arrosage, un dévidoir à tuyau et les raccords pour relier les tuyaux entre eux.

Pour la couverture de la cuve

Liste des outils Niveau à bulle, bobine de corde, souris, mètre ruban de 5 m, équerre de charpentier, masse, pioche, pelle, crayon de charpentier, serre-joint (x 2), gants, meuleuse, visseuse à batterie avec les embouts adaptés aux vis que l’on utilise, groupe électrogène, bobine électrique, scie circulaire filaire, matériel de rivetage.

Liste de matériaux 1 cuve 1 000 l polyéthylène HD renfort acier Pour la structure bois autour de la cuve Bastaings (150 x 50 mm) en pin classe 2 ou 3 en 3 m ou 5 m, rabotés si possible Quantité : 30 m Vis en 100/6, embouts de type PZ3 ou Torx Quantité : 150 116

Tôles galva ondulées 900 x 2 500 x 63/100 : 4 u Cornières laminées 30 x 30 x 3 mm par 2,5 m : 2 u Porte-cadenas Cadenas Charnières : 2 u

Pour l’arrosage Arrosoirs Dévidoir pro, 125 ml Adaptateur cuve Raccords automatiques laiton Tuyau pro 19 mm/100 ml

Temps de mise en œuvre 2 personnes 3 jours/homme 117


L’avenir potentiel du verger, un jardin public ?

Le verger pourra disparaître s’il n’est pas jardiné

ou bien s’étendre si le désir s’en manifeste. Nous avons montré le potentiel du lieu. Les pages suivantes offrent quelques propositions pour la suite.

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Plans de l’état des lieux

Sur le bord du plateau : position stratégique

165 m

Lieu de passage

165 160 150 140 135 130 125 120 115 110 105 100

145 m

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Ce quartier a une situation géographique exceptionnelle : le Plan d’aou (mot provençal signifiant en langue française « plan d’en haut »), véritable balcon sur la Méditerranée, culmine à une hauteur de 165 m. Le Plan d’aou est situé dans les quartiers au nord du centre-ville, plus précisément à Saint-Antoine, et surplombe la rade de Marseille. En contrebas, le quartier de la Bricarde culmine quant à lui à 120 m d’altitude.

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PLAN D’AOU

Ciel

GR 2013 Chemin vernaculaire Bâti

LA BRICARDE

LES DÉVOTS

Emprise du futur jardin public

L’emprise du futur jardin public se situe dans un entre-deux. On pourrait le qualifier de no man’s land – expression anglaise signifiant « terre d’aucune personne » et désignant une zone non habitée située par exemple entre deux frontières ou deux lignes de front. Ce jardin d’Éden (« délice » en hébreu) qui culmine entre 140 et 160 m d’altitude est traversé par le nouveau sentier de grande randonnée créé en 2013 (le GR 2013). Le chemin va du nord au sud et il est parallèle aux courbes de niveaux. Il y a aussi des chemins dits « vernaculaires », pour la plupart d’entre eux positionnés dans la pente. Ces chemins vernaculaires témoignent d’une pratique, d’un lien évident entre le Plan d’aou, la Bricarde et les Dévots par leurs habitants. Ces chemins sont utilisés également par les habitants du Plan d’aou pour se rendre au centre commercial Grand Littoral.

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Plans de l’état des lieux

Îlot végétal au cœur de différents quartiers

Diversité de lieux et d’ambiances

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Strate herbacée et arbustive

5 3

4

Arbre remarquable

1

Pinède du Cyclope

2

Terrasse du Verduron (jardins Logirem)

3

Verger Bankaou

4

Terrasses entre prairie et friche

5

Belvédère au pied de la falaise

Pinède

Sur ce site la végétation très présente se décline sous différentes formes et hauteurs : tout d’abord une strate basse d’herbacées composée d’herbes et d’adventices (euphorbes, ophrys, valérianes, coquelicots), d’une strate intermédiaire arbustive (cistes, pistachiers) et pour finir de la strate arborée (amandiers, chênes, pins et arbousiers). Certains spécimens de chênes verts ou d’amandiers peuvent être qualifiés d’arbres remarquables par leur taille et leur beauté. L’ombre qu’ils procurent en été est très appréciée. Un peuplement de pins surnommé la « pinède du Cyclope », sur le rebord du plateau du Plan d’aou, crée un lieu privilégié où les habitants aiment s’installer et faire la sieste sur des hamacs.

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Le GR 2013 traverse des lieux aux ambiances variées, à savoir, la pinède du Cyclope à proximité des terrasses du Verduron. Ce lieu aéré, parfois venté selon la force du mistral mais également ombragé, est en position de belvédère sur la mer. Le verger Bankaou, quant à lui, est un espace en devenir et en évolution avec ses jeunes arbres fruitiers plantés en 2013 sur les anciennes terrasses révélées par la bank of paradise et les habitants du quartier. Nous arrivons ensuite dans la prairie avec ses herbes hautes créant une atmosphère apaisante, pour finir par le belvédère au pied de la falaise qui surplombe la rade de Marseille. Actuellement, il est impossible de se rendre directement au belvédère, car il y a un haut grillage qui nous en empêche.

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Principes fondamendaux Il nous semble important de proposer quelques principes fondamentaux pour transformer et gérer ce lieu dans les années à venir. Sol perméable

À l’heure de l’urbanisation croissante sur l’ensemble de la planète, ce type de lieu a une réelle valeur et doit rester ouvert au public, à la vue, à la diversité. Il faut en prendre soin et privilégier la perméabilité du sol et ainsi la diversité de la flore comme de celle de la faune (oiseaux, abeilles, papillons…).

Horizons

La vue sur la mer n’a pas de prix et il est indispensable qu’elle reste dans le domaine public. Il serait regrettable de reproduire l’effet désastreux de la privation du « belvédère » de ce quartier. Il faut maintenir ouvert l’ensemble de ce territoire et proposer des lieux d’horizons : vue sur la mer, ouverture sur le ciel, sur les vues proches et lointaines, sur les collines et les quartiers alentour.

Topographie et accessiblité

Le cheminement est difficile, car il y a de très fortes pentes. Il faut réaliser un travail sur l’accessibilité du quartier en général mais aussi de l’intérieur du jardin public depuis le Plan d’aou et la Bricarde, en fait en haut et en bas. L’objet de ce jardin public est de rendre aimable cette pente hostile pour le moment. Il reste un important travail sur les sentiers afin d’adoucir les pentes en créant de petits escaliers, des rampes, en profitant des terrasses déjà présentes mais oubliées pour la plupart.

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Espace public ouvert

Actuellement, il y a des usages sur l’emprise de ce jardin public en devenir, mais il s’agit plutôt de passages utilitaires d’un quartier à un autre, même si l’on y croise aussi quelques promeneurs, oiseleurs ou amoureux des quartiers voisins. La présence du tout nouveau GR 2013 qui traverse le jardin est à même de transformer positivement le regard sur les lieux. Pique-niquer, flâner, se reposer, jouer, regarder ses enfants jouer, sont des usages de plus en plus courants depuis notre jardinage et ne demandent qu’à être confortés et favorisés afin de se renforcer ou de se développer.

Existant

Un certain nombre d’objets plutôt linéaires, tels que murets, blocs de pierre, traverses de bois, offrent un intérêt afin de s’appuyer dessus par exemple pour créer une trame de plantations, pour orienter les chemins ou adosser et poser un banc… Il convient sans doute d’en restaurer une partie.

Traces du passé

Il ne faudra pas oublier de préserver des repères et des témoins matériels qui marquent l’histoire des lieux en leur donnant un caractère bien particulier, très précieux. Il serait dommage, à notre sens, de retirer aujourd’hui les poteaux de l’ancien camp militaire. Ils peuvent devenir, par exemple, le support d’une très longue et belle rocaille narrative dans la tradition marseillaise.

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Les intentions Aujourd’hui, ce qui est déjà réalisé Cette terre, ce no man’s land pouvant être nommé jardin des Délices offre différentes ambiances. Sur le haut du plateau la pinède du Cyclope ouranien – fils du Ciel et de la Terre, gardien de ce paradis, grand aménageur-constructeur de murs – est venu s’installer sur un point stratégique du quartier, en belvédère et à l’ombre des pins. Il veille sur ses habitants et pointe son œil vers l’horizon. Le Cyclope marque l’entrée du verger Bankaou en contrebas de la pinède. Sur des anciennes terrasses, un verger est sorti de terre. Entre les rangées de figuiers, d’amandiers, de grenadiers, de câpriers, de pruniers, un jeu à bascule a été fabriqué et installé pour le bonheur des plus jeunes. Autour des espaces plantés, des terrasses en bois avec banquettes permettent aux habitants d’apprécier ce verger, de susciter l’arrêt. On les appelle les terrasses de la mer. Sur la partie basse du terrain en bout de verger, trois grandes terrasses en bois à l’ombre d’un arbre remarquable viennent révéler un rocher, elles sont orientées en direction de la mer (voir « Le verger Bankaou », p. 130).

GR 2013 Cheminement parallèle à la pente Cheminement dans la pente

Arbre Pin Arbre remarquable

Demain, ce qui pourrait être fait Passé le verger Bankaou vient la prairie d’Arcadie. Cette étendue avec ses herbes hautes offre une immersion dans la flore locale. Des fauches annuelles et mensuelles seront réalisées de préférence après la grenaison. Cet espace offrira une palette végétale riche et caractéristique de la flore méditerranéenne. Pour ce qui est de la strate arborée, les sujets remarquables par leurs qualités esthétiques seront mis en valeur : chênes verts, arbousiers… Dans la strate arbustive, on révélera le pistachier lentisque, et l’on soulignera le long du GR 2013 les bouquets d’euphorbes et d’iris. Certaines étendues seront laissées en friche, d’autres en jachère. Afin de susciter l’arrêt et d’offrir des lieux de repos, des terrasses en bois, des assises, pourront être réalisées (voir « La prairie d’Arcadie », p. 132).

Verger Bankaou Prairie d’Arcadie Le Bout du monde

Au bout du monde, dans une forte pente, un jardin de rocaille émergera, plus maîtrisé et dessiné. Ce jardin viendra souligner et affirmer le promontoire (voir « Au Bout du monde, le jardin de rocaille », p. 134). Afin de desservir les différentes terrasses du verger, la prairie d’Arcadie et le jardin de rocaille du Bout du monde, des chemins seront affirmés, d’autres seront réalisés dans la pente. Ces cheminements permettront de drainer le site, et à plus grande échelle, d’affirmer un lien est/ouest entre les quartiers du Plan d’aou et de la Bricarde. Le GR 2013, épine dorsale des sentiers, fait écho aux ambiances traversées. Le GR 2013 est mis en valeur ; après nettoyage du site, les déchets sont stockés sur place et recyclés sous forme de gabions.

Pinède du Cyclope Aménagements réalisés par la bank of paradise Aménagements à réaliser

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Plan du futur jardin public

GR 2013 Cheminement parallèle aux courbes de niveaux Cheminement dans la pente 128

Verger Bankaou

Pinède du Cyclope

Prairie d’Arcadie

Aménagements réalisés par la bank of paradise en 2013

Le Bout du monde

Aménagements à réaliser

Arbre Pin Arbre remarquable

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1// Cheminements dans le verger Bankaou 130

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2// La prairie d’Arcadie : des modes de gestion différents 132

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3// Un jardin de rocaille au Bout du monde 134

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Lâcher des faux billets Projection du film de Robert Guédiguian

L’argent fait le bonheur

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Préparation du lâcher de faux billets à la Gare Franche.

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Casse-croûte au Plan d’aou avec les grandes Carrioles de la Friche la Belle de Mai. 160

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De droite à gauche : Jacques Reboud, Ariane Ascaride, Malek Hamzaoui,

164 Gérard Meylan, Robert Guédiguian, Jean-Luc Brisson.

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Projection de L’argent fait le bonheur à l’intérieur de l’Usine, la salle de spectacle de la Gare Franche. 166

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Je ne sais pas si vous savez comment ça se fait, mais, pour le billet de

banque, par exemple, ça s’imprime. Il y a des plaques où l’image est gravée ; il y a des encres qui les imbibent et puis une machine qui applique le papier contre les plaques et le billet est fait. C’est mille francs. C’est un peu plus de six cents kilos de blé. Le même article de journal disait qu’on avait été sur le point de faire des billets de cinq mille francs. On s’était dit : « Et si on faisait des billets de cinq mille francs ! » Pourquoi pas ? Au fond, ça n’était pas plus difficile. Il suffisait d’ajouter le mot cinq sur la plaque et, chaque fois que la machine aurait appliqué le papier sans plus d’effort, le billet était fait. C’était cinq mille francs. Seulement, du même coup, ça aurait été un peu plus de trois mille kilos de blé. Et personne de vous autres ne croira qu’il n’y a pas plus de peine dans trois mille kilos de blé que dans six cents. De toute façon si nous devons faire un marché et donner notre blé contre un de ces papiers sur lequel est écrit le chiffre de cinq mille, sur lequel rien n’empêche qu’on écrive avec la même facilité dix mille ou cent mille, nous nous rendons compte tout de suite que ça a l’air d’être un jeu où nous sommes dupes puisque nous devons, nous, de notre côté, pour suivre la progression des chiffres, augmenter le nombre de kilos de notre blé ; et notre blé ça existe.

Jean Giono Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix.

Les faux billets

Éditions Bernard Grasset, 1938. Éditions Héros-Limite, 2013.

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Fabriquer des faux billets revient à dessiner.

Q Nos billets de banque sont gratuits !

Q Imprimés sur des billets de banque, les dessins prennent de la valeur.

Q Palper de la monnaie, même fausse, rend joyeux.

Q La bank of paradise n’est pas soumise aux cours de la Bourse mais à celui – ni plus fragile ni moins incertain – du dessin.

Q La bank of paradise crée et distribue de l’argent.

Q

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N’achetez plus d’argent, fabriquez-le vous-même !

Q La bank of paradise est une banque en plein air, elle fabrique des billets comme on respire.

Q La bank of paradise est une banque !

Q La bank of paradise crédite et investit des désirs.

Q La bank of paradise fait circuler de la valeur.

Q La bank of paradise accepte toutes les formes d’aides.

Q

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Glisser un billet, c’est doux.

Q La bank of paradise capitalise et épargne des besoins.

Q La bank of paradise est une banque d’aménagement, elle aménage comme on jardine.

Q La bank of paradise se fond dans le paysage.

Q La bank of paradise éprouve de la tendresse pour les lieux qu’elle aménage.

Q La bank of paradise est l’outil financier d’un projet : l’aménagement d’un paradis qui n’est pas encore perdu et qui se trouve au Plan d’aou.

Q

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Les billets de banque sont avant tout des images. Celles-ci sont réalisées à partir de dessins de toute nature : traces, dessins d’observation, d’imagination, portraits et autres représentations fantaisistes. Les billets sont produits dans le quartier du Plan d’aou, avec des habitants, surtout des enfants, des écoliers, des membres d’associations, des passants, des inconnus, avec l’aide du « personnel » de la banque. Afin de les valoriser, nous transformons ces dessins en faux billets qui peuvent être collectionnés, échangés, compostés pour fabriquer de la terre… Ces billets font parler et racontent des histoires, ils font rire ou sourire, préparent le terrain à la réalisation de jardins.

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Que toutes ces personnes soient remerciées pour leur rôle encourageant, bénéfique, actif ou indispensable dans la bank of paradise :

Abdel Zoubaire, Adel Yagoub, Amandine Maitrejean, Amouni Adda Attou, Anaïs Lemaignan, Antoine Magnon, Antoine Thomann, Axelle Monge, Bérangère Chaland, Bernard Greving, Catherine Verrier, Céline Rousseau, Christine Breton, Dominick Dauchart, Dominique Carrié, Dominique Reinosa, Elisabeth Dupré de Pomarède, Estelle Ollivier, Fanny Liatard, Faouzia Hatdari, Fethi Nasri, Francis Audibert, Gilles Garreau, Gwenaëlle Groussard, Gwenola Gabellec, Hakim Bouaita, Hélène Despagne, Jacques Reboud, Jean-Michel Brethes, Jeff Saïd, Julie Gardair, Julien Marchaisseau, Kamel Mebarki, Laure Portalé-Manachevitch, Magalie Bolis, Manon Dieny, Marc Fontenelle, Marie-Jo Ordener, Marlène Portas, Max Carl, Maxime Diedat, Melia Reif, Nadia Bestagne, Nathalie Cabrera, Nico Carl, Nicolas Binet, Pascal Raoust, Pascal Ritzzo, Pierrot Dunoyer, Sabine Ehrmann, Serge Franc, Tatie Mzé, Tina Benkorba, Vincent Aïn-Establet, Virginie Alexe, Wladyslaw Znorko, Xavier Thomas, Youssef Mazari, Zahra Adda Attou, Zohra Benabdelhafid.

Que tous ces partenaires actifs ou facilitateurs soient remerciés : Addap 13. Centre social / maison pour tous du Grand-Saint-Antoine. Collège Elsa Triolet, la classe de 4e D (2011/2012) et la classe de 5e D (2012/2013). Cosmos Kolej / La Gare Franche. École maternelle du Plan d’aou, groupe scolaire Robert Thollon. Espace lecture du Plan d’aou (Acelem). Imprimerie Azur Offset / Marseille. La Gorgée de Soleil à Saint-Antoine. La Provence. Les grandes Carrioles de la Friche la Belle de Mai. Logirem. Radio Grenouille.

Dessins, plans : Alice Freytet : pages 89, 93, 97, 103, 109, 110, 117 et de 130 à 135 David Onatzky : pages 120 à 123 et de 127 à 129 Julien Chèze (dit Julo) : pages 127 à 129 Lily Wanat : couverture, pages 72 à 81 et de 124 à 125 Crédits photographiques : © bank of paradise © Mathilde Mestrallet : pages 65, 67, 68, 91, 94, 99 et de 140 à 171 Conception graphique : Lily Wanat Relecture-correction : Myriam Blanc Achevé d’imprimer en décembre 2013 sur les presses d’Azur Offset / Marseille

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Bank of paradise s’inscrit dans le cadre du programme Quartiers Créatifs conçu et porté par Marseille Provence 2013 avec le soutien de :

Le programme Quartiers créatifs est cofinancé par l’Union européenne. L’Europe s’engage en Provence-Alpes-Côte d’Azur avec le Fond européen de développement régional.

Avec l’accompagnement de la Gare Franche / Cosmos Kolej

Lieu de résidence artistique (Marseille / 15e)

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bank of paradise Jean-Luc Brisson Alice Freytet David Onatzky Lily Wanat UPAU Julien Chèze Wagon Landscaping


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