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EN PRATIQUE SOMMAIRE
N°33 - DÉCEMBRE 2009
Dossier
Comment gérer vos placements Avec la crise, les besoins et préoccupations quant aux fonds excédentaires et à la façon de les placer ont été considérablement modifiés. Aujourd'hui, les directeurs financiers et trésoriers cherchent à préserver la liquidité et à limiter le risque. L'attitude "bon père de famille" semble prévaloir. S'inspirer des règles de gestion d'un patrimoine privé pour les appliquer à la gestion des placements de l'entreprise fait-il sens? Réponses dans notre dossier.
FISCALITÉ: OPTIMISATION DES COÛTS DOSSIER TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Investissez en fonction de vos besoins Comment gérer au mieux ses placements? Professeur de finance à l’ESSEC Business School en France et expert en gestion des risques et gestion privée auprès d’institutions financières, François Longin livre ses conseils. Trois mots d’ordre: rentabilité, risque, liquidité.
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L
e conseil est général et valable pour tout in-
sans pour autant les avoir explicitement demandé. D’ailleurs,
vestissement et pout tout investisseur, qu’il
ces produits toxiques leur avaient souvent été vendus comme
soit trésorier d’une entreprise ou personne
présentant peu, voire aucun risque. Les fonds monétaires dy-
physique gérant son propre patrimoine:
namiques en sont une bonne illustration. »
lorsqu’on étudie un placement, ou un investissement dans
Tout aussi important: la relation entre rentabilité et liquidité.
le sens général du terme, trois critères doivent toujours être
Plus la liquidité de l’investissement est élevée, plus la ren-
pris en compte, à savoir la rentabilité, le risque et la liqui-
tabilité obtenue par l’investisseur est faible. « Donc, quand
dité. Par rentabilité, entendons la performance (perte ou
on demande de la rentabilité, c’est souvent au prix de la liqui-
gain) de l’investissement pour l’investisseur mesurée par le
dité. Cela peut aussi s’illustrer à travers la crise financière. Les
taux de rentabilité interne (TRI) ou la valeur nette présente
trésoriers d’entreprises françaises ont fortement investi dans
(VNP). Le risque concerne l’incertitude sur un événement
des fonds dits dynamiques, commercialisés par les plus gran-
futur (idée de changement imprévisible) mesuré par une
des banques telles que BNP Paribas, notamment. Là aussi, les
statistique (variance), des scénarios, une note (agence de
trésoriers ont mal évalué la liquidité. Ils pensaient travailler
notation). La liquidité, quant à elle, est la facilité plus ou
avec des produits très liquides, comme les SICAV classiques.
moins grande avec laquelle on peut réaliser l’investisse-
D’ailleurs, les noms de ces produits monétaires dynamiques
ment (c’est-à-dire le transformer en cash).
avaient de quoi induire en erreur les trésoriers qui n’avaient pas étudié précisément les notices réglementaires associées. »
FAIBLE MONNAIE
Résultat: entre juillet 2007 et août 2008, les institutions fi-
Ces trois critères sont éminemment reliés. Commençons par
nancières rencontrant de sérieux problèmes pour valoriser
étudier le rapport entre la rentabilité et le risque. Plus le ris-
ces fonds monétaires dynamiques ont décidé de suspendre
que de l’investissement est élevé, plus la rentabilité exigée
leur cotation et les échanges. Durant cette période, les entre-
par l’investisseur sera, elle aussi, élevée (augmentation de
prises et les particuliers qui avaient investi dans ces produits
prime de risque). « Par le passé, et tout particulièrement avec
n’ont pas pu récupérer leur argent, avec, parfois, de gros pro-
la crise des subprimes et des produits structurés, les investis-
blèmes de liquidité à la clé. Dès lors, dans un contexte délicat,
seurs n’avaient pas forcément conscience de la relation entre
vers quel placement se tourner? Avant tout, François Longin
la rentabilité et le risque, explique François Longin. Or, ils te-
rappelle un principe essentiel: toujours investir en fonction
naient des produits extrêmement risqués entre leurs mains…
de ses besoins. « Si vous avez besoin d’argent à court terme, il
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
faut mettre en relation vos objectifs avec les solutions qui cadrent. Si vous avez besoin d’argent à trois mois, il faudra privilégier un produit liquide », indique-t-il. Le trésorier d’entreprise n’est pas « bloqué » par la législation. Il peut investir comme bon lui semble. En effet, aucune loi ne lui interdit d’acheter des actions, des obligations, des produits dérivés, etc. Néanmoins, les grandes entreprises suivent souvent une stratégie d’investissement de la trésorerie définie par la direction générale. « Quant aux entreprises non financières, leur rentabilité doit venir de leur exploitation, et non de l’aspect financier. Cela signifie que la trésorerie investira préférablement dans des produits peu risqués, notamment en privilégiant la garantie en capital de leur placement. Si l’on se réfère aux trois critères, cela signifie un accent mis sur une forte liquidité car l’entreprise aura besoin des capitaux pour payer ses charges, les salaires ou investir à court ou moyen terme. Donc, qui dit
ATTENTION AUX PRODUITS DÉRIVÉS! Quand elles touchent à la finance, même les institutions les
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plus honorables et les plus réputées ne sont pas à l’abri d’un coup de tabac. La célèbre université américaine d’Harvard puise 35% de ses dépenses de fonctionnement du fonds d’investissement Harvard Management Company. Fin juin 2008, ce Fonds où Harvard reçoit notamment les donations de ses anciens étudiants, culminait à 36,9 milliards. Or, en à peine quatre mois, celui-ci a perdu 22% de sa valeur, soit un manque à gagner de huit milliards de dollars, pour s’effondrer au pire solde enregistré en quarante ans. « Dans la gestion de ce Fonds, Harvard a voulu prendre des positions sur les taux d’intérêt, pensant que ceux-ci allaient remonter, analyse François Longin. Or, ils sont descendus à un niveau extrêmement bas. Harvard pensait faire une bonne opération sur des produits dérivés. Ce ne fut pas le cas. D’une manière plus générale, les produits dérivés sont à utiliser pour de la couverture et non de la spéculation. Les entreprises sont coutumières de ces pratiques. Les particuliers, qui ont moins conscience des risques encourus et de la façon de s’en prémunir, pratiquent beaucoup moins. » Prenons un exemple: votre entreprise compte un client américain pour lequel vous facturez en US dollars. Si, endéans les trois mois, le dollar évolue défavorablement, vous perdrez de l’argent. Pas à cause de la vente d’un mauvais produit. Mais parce que l’évolution d’une variable financière, dans ce cas le taux d’intérêt, se sera montrée néfaste. Les directions générales autorisent généralement à se couvrir contre ces risques– le risque de change (dans l’exemple), de taux d’intérêt ou de prix (risque pétrole, etc.) – et les variations de prix en utilisant des produits dérivés (contrats à terme, options…).
François Longin: « Par le passés, les investisseurs n’avaient pas forcément conscience de la relation entre la rentabilité et le risque. Or, ils tenaient des produits extrêmement risqués entre leurs mains… sans pour autant les avoir explicitement demandé. »
FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS
faible risque, dit faible rentabilité. Si l’on observe les entreprises françaises, on remarque d’ailleurs que nombre d’entre elles ont investi sur des fonds monétaires. Même si, actuellement, les fonds monétaires rapportent très peu au niveau des taux d’intérêt. Côté positif, ces fonds présentent des caractéristiques que l’on peut percevoir comme des avantages suivants: pas de risque sur le capital et disponibilité immédiate. »
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« Quand on demande de la rentabilité, c’est souvent au prix de la liquidité. »
BON PÈRE DE FAMILLE
un peu plus de risque sur la rentabilité. Elle peut tout autant
Par contre, si l’entreprise ne témoigne pas d’un besoin urgent
se situer au-dessus d’un taux ‘sans risque’ comme en-dessous.
de son argent disponible excédentaire pour son exploitation
En réalité, tout dépend des caractéristiques de l’investisseur
opérationnelle et qu’aucun investissement ne se présente à
et de son aversion au risque. L’entreprise ou l’individu est-il
court ou moyen terme, la direction peut décider de rendre
prêt à prendre des risques? »
l’argent aux actionnaires. Cette idée est à l’origine des gran-
Parmi ses nombreuses conséquences, la crise a exercé un im-
des vagues de rachats d’actions auxquelles on a pu assister
pact sur les processus de décision et plus spécifiquement sur
en 2004, 2005 et 2006. Si cette initiative a actuellement le
les contraintes liées à l’allocation de l’actif. Un thème impor-
vent un peu moins en poupe, c’est tout simplement parce que
tant en gestion de patrimoine, pour les entreprises comme
les entreprises se montrent plus prudentes sur leurs sources
pour les individus. « Les trésoriers ont véritablement pris
de financement. Jadis, l’idée consistait à rendre l’argent aux
conscience du risque de contrepartie, conclut François Longin.
actionnaires quand l’entreprise ne possédait pas de projet.
En d’autres mots, le risque de voir l’organisation financière
Quitte à procéder à une nouvelle augmentation de capital en
dans laquelle ils ont placé des fonds faire faillite. Pour les par-
cas de reprise des activités.
ticuliers, l’Etat accorde une garantie sur les fonds déposés dans
En considérant les alternatives aux placements sans risques,
une institution financière. Pour les entreprises, les montants se
on revient toujours à nos trois critères de base: la rentabi-
révèlent bien entendu plus élevés et ce type de garantie n’existe
lité, le risque et la liquidité. « Par exemple, il sera toujours
pas. Nous avons donc assisté à une tendance à la diversifica-
possible d’investir dans des produits structurés à capital ga-
tion des placements auprès de différentes institutions finan-
ranti. Le risque sur le capital investi est nul. Mais on prendra
cières, afin de limiter le risque de contrepartie. »
INVESTISSEMENTS: EMPRUNTER OU AUTOFINANCER? Avant de valider tout investissement au sein de son entre-
ment, faites-nous signe… Un apport personnel de 30% mi-
prise, le trésorier devra, au préalable, déterminer son finan-
nimum semble cohérent. En tout état de cause, la somme
cement. Faut-il l’autofinancer si la trésorerie le permet ou,
des emprunts doit être en rapport avec le montant des ca-
de préférence, se tourner vers les banques pour obtenir une
pitaux propres. En d’autres termes, les fonds propres doi-
ligne de crédit? Voici trois réflexions.
vent se révéler supérieurs ou égaux aux dettes à long et moyen terme.
1) Quels sont vos choix? Premier impératif pour investir: l’entreprise doit avoir les
3) Quels impacts?
reins solides, grâce à une trésorerie suffisante et une si-
Bien entendu, les investissements ne sont pas sans im-
tuation financière stable. Si ce n’est le cas, optez sans hési-
pact sur les fonds de roulement. En cas d’augmentation
ter pour un financement externe. Sur ce point, et nous en
des besoins, une réserve de trésorerie ne sera pas du luxe
avons régulièrement parlé dans Finance Management, la
et permettra de financer l’augmentation du montant des
confiance que vous accorde votre banquier jouera un rôle
stocks et des crédits consentis aux clients, sans devoir re-
capital dans sa prise de décision. Que vos résultats se révè-
courir plus que de raison aux financements à court terme.
lent très positifs ou plus modestes, communiquez. Car, en
En règle générale, privilégiez le financement des investis-
temps de crise, contrairement à l’adage, pour un banquier,
sements lourds par des emprunts et le soutien des besoins
pas de nouvelles est synonyme de mauvaises nouvelles.
d’exploitation par la trésorerie. Le ratio capitaux permanents/valeurs immobilisées nettes devrait toujours être au
2) Faut-il emprunter la totalité du montant?
moins égal à 1. En effet, si ce ratio est supérieur à 1, vos
Personne ne vous empêche de rêver! Mais si vous trouvez
capitaux permanents financent – au moins en partie – les
un banquier prêt à financer la totalité de votre investisse-
besoins d’exploitation.
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FISCALITÉ: OPTIMISATION DES COÛTS DOSSIER TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Back to the basics Plus que jamais en ces temps troublés, les placements d’entreprise sont étroitement liés à la gestion des risques. Rencontre avec Philippe Pénichou, responsable de l’activité Treasury Services pour la Belgique et la France chez J.P. Morgan. La célèbre holding financière gère les portefeuilles de plusieurs grandes entreprises françaises et belges et a traversé la crise avec un certain succès.
Avec la crise, votre clientèle vous interroge-t-elle de manière dif-
insisté sur cette notion de contrôle, de centralisation des
férente sur la gestion de ses placements?
risques, etc. Mais elle passait en deuxième, troisième voire
Philippe Pénichou: « Nous sommes clairement revenus vers
même parfois quatrième priorité. Aujourd’hui, elle occupe le
des fondamentaux, où l’on peut rechercher une certaine
devant de la scène. »
performance, mais sans que celle-ci ne devienne le facteur clé dans la prise de décision d’un trésorier. Aujourd’hui, et
Tout le monde fuit-il le risque pour se diriger vers les mêmes placements?
certainement depuis l’affaire Lehman Brothers, nous ob-
Philippe Pénichou: « Nombre de supports ont vu les dépôts
servons un retour aux sources vers les placements les plus
fondre comme neige au soleil. A cause du transfert de ces pla-
sécurisés. Nous avons même vécu une période de défiance
cements plus risqués vers des placements extrêmement sé-
envers les fonds AAA puisque la notation des fonds était,
curisés. Le certificat de dépôt en euros a, par exemple, connu
elle-même, sujette à caution. Cette appréhension générale
une demande extrêmement forte au cours des derniers mois
était bien compréhensible suite à toutes les mauvaises nou-
de 2008. Sa rentabilité et son appréciation du risque étaient
velles qui sont tombées principalement entre septembre et
bonnes, tout le monde le voulait! C’est un exemple de basics.
novembre 2008. Depuis, les choses et les esprits se calment
Les tendances semblent rechanger, nous le constatons auprès
doucement mais sûrement et nos clients reviennent vers un
des trésoriers des grands groupes français et belges. »
peu plus de sophistication. Du moins, ils semblent, à nouveau, prêts à envisager des supports légèrement plus ris-
Peut-on gérer les placements d’une entreprise comme un patri-
qués mais qui offriraient un meilleur rendement. De maniè-
moine privé?
re sous-jacente à tout cela, on retrouve vraiment la notion
Philippe Pénichou: « Cela reste très différent. Tout d’abord
de gestion du risque. Je n’assiste à aucun séminaire ou collo-
parce que l’affectif rentre moins en ligne de compte. Ensuite,
que où ce thème n’occupe pas une positon centrale. En 2009
parce que les sommes peuvent se révéler colossales; il s’agit
et pour les années à venir, gérer au mieux les placements
parfois de milliards d’euros. Quand on parle des placements
de l’entreprise passe et passera par la diversification. Tout
de l’entreprise, il faut considérer sa capacité à mettre la main
le monde en est conscient: il ne faut pas avoir mis ses œufs
sur ses liquidités, afin de les placer. Dans ce cas aussi, on en
dans le même panier et la qualité des contreparties choisies
revient aux basiques du cash management, comme le cash-
se révèle fondamental. A ce sujet, quand on s’adresse aux
pooling, très en vogue ces dernières années. Le discours las-
grands groupes, la notion d’éclatement géographique doit
sait un peu tout le monde mais il est, lui aussi, revenu sur le
être bien appréhendée, notamment grâce à un contrôle ac-
devant de la scène. Plutôt que de disséminer ses avoirs aux
cru du management. Est-ce que mes excédents de trésorerie
quatre coins de la planète, dans la mesure du possible, le
en Asie ou en Amérique sont classés avec des contreparties
conseil pour un groupe européen est de rapatrier ces fonds
dont j’ai personnellement fait le choix? Sont-elles suffisam-
en Europe et d’avoir à sa main ses excédents de liquidité pour
ment solides? Ne suis-je pas en risque? Nous avons toujours
les réinvestir de la façon la plus appropriée possible. » FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
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FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS
« On observe un retour aux sources vers les placements les plus sécurisés. » rerie sur un large nombre de contreparties. Nous en avons listé une septantaine, soit les banques que nous considérons comme les plus solides de par le monde. Le client peut ‘moduler’ son placement selon certains critères: nombre de contreparties, montants alloués, etc. C’est ce qui fait notre force et la spécificité de cette offre. JP Morgan organise alors la répartition de façon automatique. Pour le client, le placement correspond à X placements unitaires avec X banques. Il économise du temps administratif tout en s’appuyant sur l’analyse de JP Morgan. Pour notre analyse des contreparties, nous ne nous référons pas uniquement aux ratings d’agences. Comme on le sait, ces classements peuvent connaître un temps de retard par rapport à des phénomènes exogènes
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Philippe Pénichou: « Plutôt que de disséminer ses avoirs aux quatre coins de la planète, le conseil pour un groupe européen est de rapatrier ces fonds en Europe et d’avoir à sa main ses excédents de liquidité pour les réinvestir de la façon la plus appropriée possible. »
dont l’impact se révèle parfois important. La crise financière a consacré l’expansion des fonds monétaires Etat. La normalisation des conditions de marché et la moindre aversion au risque amèneront vraisemblablement les sociétés de gestion à introduire de nouveaux produits. » Des demandes particulières de vos clients?
Comment déterminer les montants à placer?
Philippe Pénichou: « Avec la crise, nous avons assisté à une
Philippe Pénichou: « Ils ne se calculent pas par rapport à un
défiance des contreparties. Nombre d’acteurs ont émis le sou-
quelconque ratio liquidités/chiffre d’affaires. Les montants
hait de travailler avec nous car, justement, nous avons plutôt
varient fortement, on ne peut pas dégager de véritable rè-
bien traversé cette période. Nous avons donc reçu beaucoup
gle. Communément, on retrouve une répartition des liqui-
de demandes à propos de nos capacités ou de notre présence
dités ou des devises sur deux ou trois banques. Et si le tout
dans des pays où les corporates s’étaient tournés jusque là
est consolidé sur une seule devise, on peut compter parfois
vers une banque locale. La volonté affichée par les trésoriers et
jusqu’à une dizaine de banques. Certains grands groupes
les directeurs financiers d’encore mieux couvrir leurs devises
belges s’imposent leurs propres seuils auprès d’une seule et
et diminuer leur exposition sur celles qui pouvaient montrer
même banque. Quitte à devoir multiplier les partenaires, si
une forte volatilité a ouvert des opportunités pour JP Morgan,
nécessaire, pour placer l’entièreté de leurs fonds. Dans ce cas,
en rapatriant un maximum en Europe et en conservant uni-
la diversification des contreparties prime sur la rentabilité
quement quelques devises les plus solides. Confrontés à des
par rapport à la sécurité offerte. Parmi les placements por-
niveaux de taux courts inconnus jusqu’à présent et ragaillardis
teurs aujourd’hui, le fonds AAA retrouve considérablement
par la baisse de la volatilité des marchés, nombre d’investis-
des couleurs. Le ‘term deposit’ basique a, lui aussi, le vent en
seurs s’interrogent sur la manière d’améliorer la performance
poupe. De manière générale, les clients recherchent un peu
de leurs placements. Avec la baisse des taux et des spreads
moins de sophistication. »
depuis le début de l’année, les fonds monétaires ‘ont mangé leur pain blanc’. Or, après la très forte aversion au risque pen-
De nouveaux produits sont-ils arrivés sur le marché depuis l’accalmie?
dant 18 mois lorsque les spreads (primes de risque) était his-
Philippe Pénichou: « En matière d’innovation concernant les
toriquement élevées, est-il vraiment judicieux d’augmenter
placements, la confiance n’est pas encore assez forte auprès
fortement l’exposition au risque au moment où sa rémunéra-
des clients corporates pour qu’ils émettent une demande
tion s’est fortement contractée? Les fonds monétaires les plus
précise. En matière d’innovation du traitement, JP Morgan
disciplinés, et en particulier les fonds notés AAA, devraient
propose une exclusivité. Nous faisons bénéficier nos clients
demeurer une bonne solution pour les investisseurs désireux
de l’analyse de risques des contreparties que JP Morgan uti-
de ne pas céder aux effets de mode et soucieux de tirer dura-
lise. Pour nos clients, nous plaçons leurs excédents de tréso-
blement les leçons des erreurs passées. »
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LE SPONSORING, UN PLACEMENT COMME UN AUTRE? Certaines entreprises investissent dans des produits financiers, plus ou moins complexes, ou placent leurs liquidités sur des comptes d’épargne spécifiques. D’autres privilégient les partenariats marketing et publicitaires en soutenant des événements ou des organisations. Le sponsoring, souvent lié à de l’événementiel, permet notamment d’inviter la clientèle à des activités sortant des canevas traditionnels des relations commerciales. Ces expériences se révèlent autant de moments privilégiés qu’un commercial, un chargé de relation ou un responsable fleet peut vivre avec un client ou un journaliste. « Un travail davantage axé sur la qualité que la quantité, souligne Vincent Struye, PR Officer de Skoda Import, mais dont l’importance au niveau de la prise de décision et de la mise en avant de la marque n’a pas d’égal. Pour Skoda, le sponsoring constitue clairement un investissement. A travers quatre pôles d’activités, nous essayons de couvrir un maximum du marché. » Le premier pôle de sponsoring, sans doute le plus porteur médiatiquement, est décidé par l’usine. Il touche au sport et vise principalement le cyclisme, davantage en vue chez nous
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et en France, ainsi que le hockey sur glace, particulièrement pratiqué en Tchéquie, pays de la marque, mais aussi dans les pays nordiques, en Allemagne et en Suisse. En cyclisme, Skoda soutient les courses organisées par ASO – comme le Tour de France ou, sur notre territoire, Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne – ainsi que l’équipe belge Silence-Lotto (rebaptisée Omega Pharma-Lotto pour 2010) en mettant des voitures à leur disposition. « Le pôle culturel, à travers le Skoda Jazz, nous permet de travailler sur notre image et de toucher un public différent, mais très large, qui pourrait donc se montrer intéressé par toute notre gamme. »
ROI PERCEPTIBLE Le pôle familial, avec l’appui à Disney On Ice et à Studio 100, fait travailler sur l’ancrage belge et le capital sympathie. « Les enfants ne viennent jamais seuls à un spectacle. Quand ils re-
Vincent Struye: « Le sponsoring est un travail davantage axé sur la qualité que la quantité, mais dont l’importance au niveau de la prise de décision et de la mise en avant de la marque n’a pas d’égal. Pour nous, il constitue clairement un investissement. »
gardent la scène, les parents ont les yeux braqués sur la voiture sponsor. » Enfin, le pôle caritatif offre une belle visibilité grâce
péenne d’Omega Pharma... qui ne compte pourtant que trois
à la renommée de la Croix-Rouge et de la campagne de sensi-
marques. Cela signifie une présence dans 38 pays et 60 véhi-
bilisation Think-Pink. « Le caritatif est important aux yeux de
cules par an en Belgique. Sans compter l’impact sur la maison-
Skoda. Et, en même temps, nous pouvons toucher les femmes
mère quand la division belge amène un tel contrat. » En outre,
– un public pourtant difficile à cibler dans l’automobile – à tra-
l’accord avec ASO permet d’utiliser le logo « Tour de France »
vers des thématiques qui les concernent. »
une fois par an. Par exemple, pour des séries limitées qui se
Si le retour sur investissement du sponsoring se révèle déli-
vendent particulièrement bien, notamment grâce à cette
cat à quantifier avec précision, les retombées existent bel et
notoriété supplémentaire. Par ailleurs, des enquêtes menées
bien. « Skoda travaille encore vraiment sur son image. Nous
en Belgique lors des courses ASO ont démontré que Skoda
avons beaucoup progressé grâce à la qualité de nos produits
est passé, en l’espace de cinq ans, d’une notoriété spontanée
que le public reconnaît chaque jour un peu plus. Le sponsoring
minime à 86%. « Ces quelques chiffres confirment le succès de
cyclisme nous a, par exemple, permis d’intégrer la flotte euro-
notre travail. Nos investissements sont porteurs. »
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DOSSIER FISCALITÉ TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Ils jouent la carte de la prudence Comment les CFO gèrent-ils leurs placements dans le contexte financier perturbé? Vers quels placements s’orienter? A l’instar d’un gestionnaire de patrimoine privé, faut-il se comporter comme un bon père de famille? Réponses avec trois interlocuteurs avertis.
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D
ès le début de son existence, IRIS Group a
moins 75% de ses résultats nets pour générer et financer sa
arrêté une politique de placement extrême-
croissance future. « Nous comptons aujourd’hui plus d’une
ment prudente, par le biais de son conseil
demi-douzaine de dividendes consécutifs derrière nous. Ils
d’administration. Une époque donc largement
ont toujours été calculés sur ce ratio », dit-il. Dans le même
antérieure aux prémices de la crise financière et économique.
esprit, IRIS gère la croissance importante qu’elle connaît de-
« Nous avons toujours considéré que notre métier ne consistait
puis plusieurs années, d’une façon extrêmement équilibrée
pas à faire du placement financier très sophistiqué, souligne De-
entre l’interne et l’externe.
nis Hermesse, CFO d’IRIS Group. Ce n’est pas notre raison d’être. Notre politique stipule que les placements doivent s’opérer dans
L’AMI DU BANQUIER
des produits dont le capital est garanti à 100%. » Plus généra-
Par exemple, depuis 2007, IRIS a réalisé trois acquisitions
lement, cette politique traduit une volonté, au sein d’IRIS, de
en externe – une en Allemagne, une en Belgique et une aux
gérer la société en bon père de famille.
Pays-Bas – et a entièrement monté deux nouvelles filiales,
Cette prudence se reflète d’ailleurs à pas mal d’égards.
une à Oslo et l’autre à Hong-Kong. « Pour nos acquisitions,
« Nous sommes peu endettés et bénéficions de cash excé-
nous avons toujours étalé le paiement du prix dans la durée,
dentaire en quantité intéressante par rapport à la taille de
en fonction des performances de la société. Cela nous laisse
la société. Et ce, également depuis quelques années ». Denis
du cash pour réaliser le démarrage et, en même temps, nous
Hermesse constate d’ailleurs avec amusement que cette po-
n’immobilisons pas toutes nos ressources financières dans un
litique de grande prudence leur avait presque été reprochée
seul investissement. En outre, puisque les sociétés reprises sont
par les analystes, avant la crise. « Nous possédions, soi-di-
bénéficiaires, nous pouvons continuer à financer notre crois-
sant, trop de cash et la gestion du leverage financier n’était
sance. C’est un mode de gestion relativement prudent qui per-
pas optimale. On nous a souvent conseillé de nous endetter
met d’harmoniser croissance externe et interne. » Car, bien sûr,
pour l’améliorer… » Finalement, la crise aura donné raison à
Denis Hermesse veille à ne jamais se passer la corde au cou en
IRIS. En tout cas, à une époque ou le cash est roi, plus per-
conservant une marge de manœuvre confortable, surtout en
sonne ne s’ose à ce genre de remarque.
période de crise. Cela permet notamment d’investir en per-
La politique financière d’IRIS est, en outre, liée à la façon
manence dans la recherche et le développement.
dont l’entreprise distribue ses dividendes, croit et investit.
Autre constat cocasse: cette confortable situation financière
En effet, IRIS n’a jamais distribué plus de 25% de son résul-
semble avoir couronné IRIS comme bon client aux yeux des
tat net en dividendes. La société conserve donc toujours au
banquiers. En d’autres mots, le proverbe soutenant que l’on
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
Denis Hermesse: « Notre politique de grande prudence nous avait presque été reprochée avant la crise. Nous possédions, soi-disant, trop de cash et la gestion du leverage financier n’était pas optimale. On nous a conseillé de nous endetter. La crise nous aura donné raison. »
Yvan Moreau: « Notre meilleur placement consiste à rembourser de la dette, avec comme retour le taux d’intérêt de la dette. Tant que nous avons la certitude de pouvoir réemprunter ce que nous remboursons, j’y vois un placement sans risque et très rémunérateur. »
ne prête qu’aux riches semble particulièrement se vérifier en
ne pas devoir négocier sur les lignes de crédit et, en parallèle,
temps de crise. Ce n’est pas vraiment une surprise. IRIS pro-
sur les conditions d’une acquisition. Le travail d’un CFO reste,
pose des solutions particulièrement en vue et dont l’intérêt
évidemment, très différent en fonction de la situation de son en-
ne fait que croître dans les conjonctures économiques déli-
treprise. Pouvoir consacrer l’essentiel de son temps au business
cates. Ses logiciels permettent en effet de scanner, numériser
est beaucoup plus productif, mais je veille aussi à entretenir nos
et gérer des documents de façon électronique. Par nature, ces
liens avec plusieurs partenaires bancaires. Cela permet de main-
applications se révèlent donc génératrices d’économies parce
tenir une certaine concurrence. »
que l’information circule plus rapidement et que le nombre de personnes nécessaires pour véhiculer cette information
STRAIGHT LOANS
diminue, tout comme l’espace d’archivage.
CFO du Parc Paradisio, Yvan Moreau n’est pas plus amateur de
En outre, avec le secteur public ou le médical, IRIS possède
placements à risques. Pour ses – rares – placements personnels,
quelques bons clients, payeurs fiables, même si un peu… tar-
mais également pour le Parc Paradisio. « Notre meilleur place-
difs. « Les banquiers sont heureux de pouvoir compter sur des
ment consiste à rembourser de la dette », dit-il. Avec comme re-
clients qui ne leur posent pas de problème. Nous avons, par
tour le taux d’intérêt de la dette. « Tant que nous avons la certi-
exemple, refinancé notre dernière acquisition au moyen d’un
tude de pouvoir réemprunter ce que nous remboursons, j’y vois un
financement étalé sur cinq ans et dont le taux fixe s’est révélé
placement sans risque et très rémunérateur. » Le Parc Paradisio
extrêmement bas pour ce type d’opération. Si nous n’avions
connaît une activité très fortement saisonnière, en réalisant
pas connu une position plus confortable en termes de liquidité,
près de 60% de son chiffre d’affaires sur deux mois. Et, durant
nous aurions vraisemblablement rencontré des difficultés pour
les cinq mois de fermeture par an, aucune recette ne rentre.
décrocher un financement. A l’inverse, nous représentons un
« L’écart de trésorerie entre l’été et l’hiver se révèle, dès lors,
bon ‘risque’, et donc un bon crédit, pour les banquiers. »
relativement conséquent. Il se compte en millions d’euros. De
Même si la politique financière de son entreprise se révèle plu-
plus, la majeure partie de nos investissements dans le parc
tôt calme, Denis Hermesse n’est pas un CFO à la marge de ma-
sont effectués lors de ces cinq mois de fermeture. Au début de
nœuvre réduite. « Je pratique simplement les placements dans
nos activités, notre banque nous a octroyé un crédit d’environ
le cadre déterminé. Cela me convient parfaitement car nous
cinq millions d’euros, dont un quart sous la forme de crédit de
n’avons jamais eu d’incendie à éteindre. Lors des acquisitions,
caisse. Nous avons décidé de financer du long terme – puisqu’il
je participe toujours à la négociation du contrat et au finance-
s’agissait de crédit d’investissement – en partie sous la forme
ment de l’opération avec les partenaires bancaires. » Durant la
de crédits courts termes. Ceci afin de nous permettre, pendant
crise, Denis Hermesse a également négocié une prolongation
la saison, de rembourser le crédit de caisse. » Avec un taux d’in-
des lignes de crédit, de façon à pouvoir encore plus aisément
térêt, bien entendu, préférentiel.
disposer de liquidités, si le besoin s’en faisait ressentir. Comme
La formule fait succès et Yvan Moreau décide de la renforcer
par exemple pour un investissement. « Cela me permettrait de
au fil des années. Aujourd’hui, il bénéficie de lignes de créFINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
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DOSSIER FISCALITÉ
dit de plusieurs millions d’euros octroyées pour des durées
se couvrir en cas de crainte d’envol des taux d’intérêt. Pour ce
déterminées – en général cinq ans – sous forme de straight
qui nous concerne, tout le travail réside dans la manière de
loan, tirés à la semaine ou toutes les deux semaines. Avan-
dimensionner les lignes de straight loan. A chaque tour de ta-
tage non négligeable de ces straight loans: tant que la
ble, quand nous parlons du financement des investissements
courbe des taux est ascendante, le taux d’intérêt payé sur
futurs, je conçois un business plan. J’essaye de me retrouver
un straight loan à une semaine se révèle beaucoup plus bas
début septembre à un niveau zéro de trésorerie et de straight
que celui payé sur un crédit à dix ans.
loan, afin d’éviter de posséder du cash à placer. Quand cet ob-
« Le raisonnement est, bien sûr, plus intéressant en période de
jectif n’est pas atteint à 100%, j’opte, durant quelques semai-
baisse de taux d’intérêt, conclut-il. Mais globalement, sur les
nes, pour un carnet de dépôt, très classiquement. Les lignes de
dernières années, travailler avec des taux courts fut plutôt une
straight loan doivent me servir à couvrir les besoins de trésore-
source d’économie pour nous. D’autant que l’on peut toujours
rie qui seront au plus haut à la fin mars. »
CINQ CONSEILS EN MATIÈRE DE PLACEMENTS
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Philippe Evrard: « Il faut constamment se répéter ‘there is no free lunch’: si le rendement proposé est élevé, le risque sera forcément élevé. » Aujourd’hui CFO Belgium & Luxembourg chez ISS Facility
2) Ne pas placer touts ses œufs « dans le même panier »
Services, Philippe Evrard a précédemment exercé la fonc-
Vérifier le rating et la santé financière des banques.
tion de trésorier dans la grande distribution, activité forte-
3) « Keep it simple »
ment génératrice de cash. Sa longue expérience lui permet
Eviter les marchés et les produits trop sophistiqués que l’on
de dégager cinq conseils.
ne maîtrise/comprend pas. Par exemple, les options, futures, FRA… sont autant de marchés très spécifiques deman-
1) Eviter les « mismatch »
dant une connaissance et un suivi pointu.
- les mismatch d’échéances: si la société dispose de cash à
4) « Eviter la spéculation »
long terme (pas de besoin de dépenses à court terme), on
Et si elle est permise par la société, il faut absolument un
peut placer soit à court terme soit à long terme. Si la so-
contrôle interne indépendant et régulier.
ciété a du cash à court terme (besoins de dépenses à court
5) « Gérer en bon père de famille »
terme), les placements se feront à court terme. On évitera
Ne pas oublier de se répéter « there is no free lunch »: si le
donc de placer du cash court terme à long terme...
rendement proposé est élevé, le risque sera forcément élevé.
- les mismatch de devises: dans le même ordre d’idée, si
Si une société est amenée à disposer de liquidités importantes,
la société possède des euros et qu’elle doit effectuer des
la politique de gestion de trésorerie doit impérativement être
payements en dollars américains dans trois mois, éviter le
clairement définie (montant par banque, devise, échéance, pro-
risque de change.
duits « défendus »...) et confirmée par le Conseil d’administration.
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
DOSSIER FISCALITÉ TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Quand les banques réagissent… En matière de placements et d’investissements, les banques ont un rôle prépondérant à jouer pour épauler les entrepreneurs, surtout dans le contexte que nous connaissons depuis dix-huit mois. Pour mieux répondre aux demandes, BNP Paribas Fortis et Dexia ont développé de nouveaux produits, dont le succès semble ne pas s’être fait attendre.
C
hez BNP Paribas Wealth Management, l’activité
lors de la réflexion sur la cession, indique-t-elle. Nous analy-
Corporate Advisory Services s’oriente vers l’ac-
sons la meilleure solution en tenant compte des contraintes et
tionnaire familial. Objectif: l’accompagner dans
des objectifs de l’entreprise. »
une transmission ou dans la vente de son entre-
prise. Avec son bagage en Corporate Banking, Gracy van Ten-
TRIPLE VUE
deloo, Head of Corporate Advisory Services, combine le conseil
Pour y arriver, Gracy van Tendeloo adopte une triple vue, pri-
patrimonial avec les conseils en fusion et acquisition. C’est
mordiale pour un bon conseil: considérer l’entrepreneur en tant
pourquoi le Wealth Management travaille en très étroite colla-
qu’actionnaire, chef d’entreprise et père de famille. « La période
boration avec le Corporate Finance de la banque. « Grande origi-
de crise a coïncidé avec une réduction du nombre de transactions.
nalité de notre service: nous œuvrons en architecture ouverte, ex-
Les entrepreneurs attendent. Les bons ‘match’ sur les prix des ces-
plique-t-elle. Le choix du partenaire pour mener à bien l’activité
sions entre l’offre et la demande se révèlent rares. Mais la période
de cession peut se porter tant sur des experts au sein de la ban-
est justement intéressante au niveau du conseil pour les action-
que – comme les ingénieurs patrimoniaux wealth structuring qui
naires familiaux. Nous en avons profité pour nous positionner.
traitent les sujets juridico-fiscaux ou le corporate finance – que
La Belgique reste un pays actif, à l’esprit entrepreneurial avec de
sur des partenaires externes – comme les sociétés d’audit ou les
nombreuses PME et entreprises familiales où la question d’une
bureaux d’avocats. Tout dépend de la taille et du secteur d’activité
cession/transmission finit toujours par se poser. »
de l’entreprise en question. »
Pour ce qui concerne les investissements, l’approche de BNP Pari-
En tout état de cause, Gracy van Tendeloo et son équipe es-
bas Fortis commence toujours avec une analyse approfondie du
sayent de respecter le choix de leur client. Aussi, il pourra ve-
bilan de la société, de ses risques opérationnels, de ses besoins
nir avec ses propres conseils. Le Corporate Advisory Services
et de ses désirs. Sur base de ces paramètres, une liste de points
intervient dans l’accompagnement de la cession. Une fois la
de référence est établie afin d’essayer de dégager une solution
société est vendue, la main passe aux responsables des in-
qui agrée au mieux le chef d’entreprise. « Les pistes à envisager
vestissements. « Notre accompagnement se réalise en amont,
pour proposer des solutions de gestion sont nombreuses, explique
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
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DOSSIER FISCALITÉ
Thierry Charlier, responsable de l’activité gestion discrétionnaire pour BNP Paribas Fortis Belgique. Si du cash est disponible, on peut envisager, par exemple, de distribuer de la liquidité ou, au contraire, de conserver des fonds dans l’entreprise. » Autres hypothèses: fait-on revenir les actifs vers la personne physique pour les gérer en son nom? Utilise-t-on des produits d’investissement fiscaux neutres ou des produits d’investissements spécifiquement créés pour la personne? Souhaite-t-on potentiellement optimiser la dé-
« De plus en plus d’entreprises travaillent avec des outils informatiques pour les aider dans le pronostic de cash. »
duction des intérêts notionnels ou non?
MANDAT INDIVIDUEL
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tition obligations-actions, etc. Le gestionnaire rencontre le client et expose la proposition de la banque. Ensuite, le client décide de
Prenons l’exemple de liquidités que l’on fait redescendre vers la
positionner son curseur, poste par poste, et fixe la manière dont
personne physique. Suite au rapprochement entre BNP Paribas et
les actifs seront investis géographiquement et par catégorie ».
Fortis, la nouvelle entité va développer, sur la Belgique, un type de
Le gestionnaire achètera alors de manière discrétionnaire les titres
gestion qui a fait ses preuves en Suisse: le mandat individuel. « En
pour constituer les poches d’investissement, de manière journa-
gestion discrétionnaire, le client passe totalement la main à la ban-
lière, au fil de l’évolution du marché. On le comprendra aisément,
que. Nous fixons avec lui une série de paramètres, ainsi qu’un péri-
ce service demande beaucoup d’efforts. Aussi, BNP Paribas Fortis
mètre de gestion et un profil de risques. Ensuite, la banque gère le
a fixé une limite d’entrée souple – en fonction du potentiel, de
portefeuille en fonction de ces objectifs. L’année passée s’est avérée
la relation – à environ deux millions d’euros. Thierry Charlier le
plutôt mauvaise pour les Bourses et, depuis, nombre d’investisseurs
souligne, la plupart des clients se sont rendu compte que la prise
éprouvent une certaine frilosité vis-à-vis du risque. »
de risques inconsidérés n’est pas rémunératrice. « Aussi, ils sont
Certains ne souhaitent d’ailleurs plus déléguer totalement
intéressés par une gestion participative. C’est pourquoi, depuis l’an-
leur portefeuille à la banque et désirent intervenir à un certain
née passée, nous proposons aux entreprises un portefeuille où nous
niveau dans la gestion de leurs avoirs. « De plus, un besoin crois-
gérons également les actifs de manière discrétionnaire. »
sant de contact entre le client et la banque se fait clairement res-
Prenons donc l’exemple de l’entrepreneur qui a décidé de laisser
sentir. Il faut donc une gestion très proche. Aussi, avec le mandat
le cash dans la société. Ici aussi, le gestionnaire détermine en sa
individuel, la banque rencontre son client et fixe avec lui, trimes-
compagnie un profil de risque et un périmètre de gestion. Par rap-
triellement, la façon dont le portefeuille sera géré. Cela signifie
port au mandat individuel, il passe ensuite la main de A à Z. « Nous
qu’ensemble nous orientons le portefeuille en termes de répar-
avons alors pour mission d’investir dans des produits fiscalement avantageux. Et par certains actifs, nous arrivons à choisir les instruments qui conviennent le mieux à l’entreprise. La partie concernant les actions ciblera plutôt des lignes directes que des Sicav; la partie obligataire visera les obligations directes, etc. Nous tentons de minimiser l’impact fiscal des décisions d’investissement et de faire profiter au maximum de la déduction des intérêts notionnels. »
TROIS QUESTIONS Pour Eddy Wauters, commercial marketing manager chez Dexia, avant d’envisager tout placement, l’entreprise doit se poser trois questions dont l’aspect, qui peut sembler un peu « banal », se révèle pourtant inversement proportionnel à leur importance. Tout d’abord, il conviendra de déterminer quel montant financier peut être disponible dans la société. Pour y arriver, il faut l’intervention d’un cash management parfait afin d’optimiser le capital qu’on laissera dans la société pour assurer le fond de commerce et les réserves. Ensuite, il faut estimer précisément la durée du placement. Ici, le cash management, seul, ne suffit pas. On lui adjoindra idéalement des pronostics de cash concernant l’évolution des liquidités pour les semaines, voire les mois à
Gracy van Tendeloo: « La période est intéressante au niveau du conseil pour les actionnaires familiaux. La Belgique reste un pays actif, à l’esprit entrepreneurial avec de nombreuses entreprises où la question d’une cession/transmission finit toujours par se poser. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°33 - DÉCEMBRE 2009
venir. Enfin, on décidera d’une stratégie, d’un objectif à atteindre avec son placement. En d’autres termes, définir le niveau de sécurité souhaité pour ce placement et son impact fiscal. Pour les petites entreprises, le cash management peut s’entendre comme la différence entre les factures entrantes et les
factures à payer. Pour les plus grandes sociétés, la situation se complexifie et un directeur financier prend souvent en charge le cash management: prévision des rentrées et des sorties jusqu’à la fin de l’exercice, comment gérer l’impôt, anticiper la distribution du 13e mois ou du dividende, besoins pour mes réserves (litiges, investissements, etc.), etc. « De plus en plus d’entreprises travaillent avec des outils informatiques pour les aider dans ce pronostic de cash. Déterminer les encaissements et les coûts dans les mois et les années à venir est essentiel. Cela permet de déterminer les besoin en fonds de roulement pour que le commerce et la production continuent à tourner… et simultanément de connaître la somme que l’on peut placer. » Pour définir l’attente que l’on peut avoir de ses placements, deux éléments majeurs interviennent. Tout d’abord, le niveau de sécurité souhaité. Autrement dit, quels risques accepte-t-on de prendre? « Pour la plupart, pour ne pas dire 100%, des sociétés d’exploitation, on dit toujours qu’il faut prendre le moins de risque possible. Il faut, au minimum, assurer la sécurité pour le capital et, si possible, pour les intérêts. Pourquoi? Tout simplement parce qu’une société d’exploitation, dans son bilan, doit aussi publier le résultat financier. Or, prendre des risques peut déboucher sur une perte de capital et influencer le bilan. S’en suit une réaction en chaine: un mauvais bilan ne vous donne plus les capacités de rembourser un crédit et, en cas de besoin d’un nouveau prêt pour des investissements et/ou
Eddy Wauters: « Les entreprises doivent veiller à la prudence. Mais je ne pense pas que la crise ait eu une influence sur leurs comportements. Elles étaient déjà très attentives à la sécurité auparavant. »
des projets, l’entreprise peut se heurter aux refus des banques. » Ces décisions restent, bien sûr, de la responsabilité de l’entrepre-
proposons une assurance crédit très ciblée. Pourquoi? Parce
neur. Mais Eddy Wauters souligne l’importance de discuter de
qu’en plus de l’allongement des paiements, il y a aussi les non-
ses objectifs avec son banquier. Seules éventuelles exceptions à
paiements ou les paiements partiels de factures. En moyenne,
ce conseil: les sociétés dont le but consiste à optimiser l’intérêt/
en Belgique, le poste client représente 35% des créances. De quoi
le rendement des placements qui, elles, prendront sans doute
largement mettre ne péril toute une activité. Notre assurance
d’autres décisions. Le second élément à intervenir dans la ré-
couvre ce risque, de façon souple car nos clients peuvent choisir
flexion touche à la fiscalité, un volet ô combien important pour
leur prime et leur couverture. En outre, cette assurance est acces-
l’entreprise. Est-ce que le placement envisagé exercera une cor-
sible en ligne. » Le second type de produit sert aux besoins en
rection sur le capital à risque qui compte pour le calcul des inté-
liquidité. Il s’agit de deux comptes d’épargne spécifiques pour
rêts notionnels? Puis-je compter sur un taux réduit et est-ce que
les entreprises, Dexia Business Deposit Account et Dexia Bu-
ce placement ne risque pas de m’empêcher de l’obtenir?
siness Savings Account. Leurs avantages sont leur liquidité – les clients peuvent reprendre quotidiennement les montants pla-
NOUVEAUX PRODUITS
cés – et des intérêts attractifs. « A travers le succès remporté par
Eddy Wauters voit dans le fonds de roulement particulièrement
ces deux produits, nous constatons que notre analyse de la crise
sous pression l’impact le plus important de la crise financière et
était bonne. »
économique. Constat clair: le délai de paiement des factures a
Eddy Wauters voit aussi un lien important entre les placements
augmenté. Et cette situation a provoqué un plus grand besoin
et les activités de la société, d’une part, et le patrimoine privé,
en fonds de roulement, pas toujours évident à prévoir. « Les CFO
d’autre part. « L’activité de l’entreprise génère le patrimoine privé,
doivent, dès lors, tout spécifiquement tenir compte de la durée et
conclut-il. Aussi, je conseille chaque année de mener une réflexion
de la disponibilité de leurs placements. Ce point est bien plus im-
sur la part nécessaire du patrimoine dans la société et de détermi-
portant qu’il y a six ou douze mois. » L’action principale des CFO
ner le montant que l’on peut transférer dans le patrimoine privé.
reste, néanmoins, de veiller à la sécurité de l’entreprise. Assurer
Egalement, dans le patrimoine, il faut définir le montant que l’on
la continuité des activités a toujours été et restera prédominant
peut placer, à quelle durée et avec quel objectif. » Néanmoins, la
face à la recherche d’un rendement intéressant. « Les entreprises
gamme de produits disponibles pour la gestion d’un patrimoine
doivent veiller à la prudence. Mais je ne pense pas que la crise ait
privé se révèlera très différente. En effet, la fiscalité n’est pas iden-
eu une influence sur leur comportement. Elles y étaient déjà très
tique. En outre, du côté professionnel, il faut avant tout penser à
attentives auparavant. »
soigner la continuité de l’activité. Pour le patrimoine privé, il faut
Pour rencontrer une demande croissante des entreprises, Dexia
en priorité sécuriser le confort. Donc, si la méthodologie d’analyse
a développé deux produits spécifiques. « Depuis fin 2008, nous
pourrait être similaire, la réponse sera, sans doute, différente.
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