EN PRATIQUE SOMMAIRE
N°36 - AVRIL 2010
Dossier
Environnement: contrainte ou opportunité? Pour l’entreprise, la démarche vers le développement durable représentet-elle une contrainte ou peut-elle se traduire en opportunités? Les deux, en fait: tout dépend de l’attitude retenue. Notre dossier explore des réponses positives.
FISCALITÉ: OPTIMISATION DES COÛTS DOSSIER TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
L’ambition de la Belgique ne peut se limiter à rattraper son retard 20
La combinaison de l’augmentation de la population, de la croissance économique globale et des modes de consommation hypothèque l’avenir de la planète. L’efficacité énergétique constitue un élément essentiel de la solution à apporter dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi la FEB a estimé qu’il était grand temps de se pencher sur la performance énergétique de notre pays… où McKinsey décèle un important potentiel d’amélioration.
L
a demande croissante d’énergie et la nécessité absolue de réduire les émissions de CO2 contraignent tous les acteurs de la société à passer à la vitesse supérieure et à agir. « L’efficacité énergé-
tique est un élément clé de la réponse à apporter et donc un défi central pour les prochaines décennies, souligne Thomas Leysen, président de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). Les investissements en efficacité énergétique ont souvent un intérêt économique évident mais leur potentiel se voit fréquemment
« Les entreprises vont devoir affronter des obligations, mais elles vont également rencontrer des opportunités de marché. »
sous-estimé ou sous-exploité en raison de divers obstacles. » À la demande de la FEB, McKinsey & Company a étudié la situation belge et a analysé comment notre pays pourrait de-
routier est une des plus fortes et les améliorations de l’effica-
venir l’une des économies les plus efficaces en termes d’éner-
cité énergétique dans l’industrie sont importantes mais infé-
gie, d’ici à 2030. Dans de nombreux domaines, la Belgique
rieures de 40% à celles des meilleurs pays européens.
est à la traîne par rapport à ses voisins. La consommation
Dans son étude, McKinsey & Company ne se contente pas
énergétique par mètre carré dans les bâtiments se révèle de
de calculer les possibilités d’économies d’énergie en Belgique
50% à 100% plus élevée, la consommation d’énergie du trafic
mais avance aussi quelques pistes concrètes. De nombreu-
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ses entreprises belges ont déjà réalisé des efforts en matière d’efficacité énergétique au cours des dernières années. « Toutefois, nous sommes convaincus que presque chaque entreprise peut encore réaliser des économies d’énergie: rénovation des bureaux, augmentation de l’efficacité des transports de marchandises et de personnes, optimalisation des processus industriels… ». Le parc immobilier, le transport routier et l’industrie représentent ensemble 90% de la consommation d’énergie primaire totale de la Belgique. L’étude McKinsey & Company montre que la Belgique pourrait réaliser, d’ici à 2030, une économie annuelle de 5,2 milliards d’euros par le biais de mesures ambitieuses visant à améliorer l’efficacité énergétique (NB : cette économie sur la facture énergétique varie en fonction du prix du pétrole entre 3,5 milliards et 10 milliards d’euros d’ici à 2030). La Belgique pourrait donc diminuer de 29% sa consommation énergétique attendue pour 2030. Le potentiel d’économie le plus important se situe dans les bâtiments (48% de la consommation énergétique attendue en 2030), suivi par l’industrie avec 22% et par le transport routier avec 21%. Selon les spécialistes de McKinsey, l’amélioration de l’efficacité énergétique génère non seulement des économies mais également d’autres avantages dont l’importance est cruciale dans le contexte économique actuel: réduction des émissions de CO2, accélération de la création d’emplois,
Thomas Leysen: « Les investissements en efficacité énergétique ont souvent un intérêt économique évident mais leur potentiel se voit fréquemment sous-estimé ou sous-exploité en raison de divers obstacles. »
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DOSSIER
nouveaux marchés pour les services et les produits et amélioration de la compétitivité de notre pays.
QUATRE PISTES Le développement durable de notre industrie est un sujet « chaud » à la FEB. « Les entreprises vont devoir affronter des obligations, mais elles vont également rencontrer des opportunités de marché, explique Isabelle Callens, directeur du département économique. La FEB met en avant ses industries éco-innovantes, nous les présentons à chaque mission princière, comme ce fut très récemment le cas en Inde. Les ‘green technologies’ constituent un des marchés sur lesquels on observe la plus haute croissance, avec le secteur pharmaceutique et celui de la santé. » Selon Isabelle Callens, chaque entreprise va devoir entreprendre une démarche vers le développement durable. « Pour améliorer spontanément son image car si elle ne le fait pas, elle risque sérieusement de perdre des parts de marché et de subir des coûts. Les entreprises qui font des efforts vont recevoir un certain nombre d’exemptions. C’est notamment le cas des entreprises qui concluent des accords de branche. » L’étude McKinsey montre donc que le retour sur investissement est bien réel pour le développement durable. Même s’il faut parfois attendre que
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quelques années s’écoulent. Or, des entreprises mise à mal par la crise et qui rencontrent parfois des difficultés à accéder au crédit ne peuvent se permettre un tel luxe. Aussi, la FEB avance une série de pistes prioritaires pour la Belgique, en vue d’une économie plus performante sur le plan énergétique. Premièrement, créer une « Green Bank » dont la vocation serait de stimuler le financement des projets visant à améliorer l’efficacité énergétique dans l’industrie. « Nous arrivons à la fin du travail préparatoire. Les différentes banques se montrent prêtent à accorder un taux réduit pour ce qui touche aux investissements en matière d’efficacité énergétique. Mais nous demandons également aux régions que cette Green Bank puisse bénéficier de leur garantie, afin de ne pas ajouter un risque supplémentaire aux banques et une nouvelle charge aux entreprises. Mais le risque pour le gouvernement sera très faible par rapport aux objectifs que l’on pourrait atteindre en termes de réduction de CO2 et face aux bénéfices à tirer quand on peut compter sur des entreprises plus saines, etc. »
NOUVELLE MENTALITÉ Deuxièmement, les certificats énergétiques existants – qui ne sont pour le moment obligatoires qu’en cas de vente ou de location – doivent informer de façon suffisamment claire non seulement de l’état actuel du bâtiment mais également des mesures les plus efficaces et rentables pour l’améliorer. Ils devront en outre indiquer le lien avec les incitants existants susceptibles d’encourager ce type d’investissements. Un aperçu clair des économies d’énergie prioritaires peut en effet inciter l’habitant à investir efficacement et à réduire sa facture énergétique à terme. Pour atteindre cet objectif, il convient de former un nombre suffisant d’experts. De FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
Isabelle Callens: « Les entreprises qui font des efforts vont recevoir un certain nombre d’exemptions. C’est notamment le cas des entreprises qui concluent des accords de branche. »
« LE DIRECTEUR FINANCIER A SOUVENT COMME DÉFAUT DE RAISONNER À COURT TERME » La démarche vers le développement durable pour les entreprises est-elle un risque ou une opportunité? Roland Moreau (directeur général de la Direction générale de l’environnement au Service public fédéral de la santé publique, de la sécurité de la chaîne alimentaire et de l’environnement): « Les deux. Cela dépend en fait de l’attitude des entreprises, qui répondent en faveur de l’un ou de l’autre de manière très différente. L’écologie n’est pas une question de mode. Si on considère la tendance sur le long terme, le discours de Thomas Leysen, président de la FEB, est le bon: la pression sur les ressources naturelles est évidente, nous manquerons un jour de pétrole et le prix des énergies va immanquablement continuer à grimper. L’entreprise visionnaire, qui souhaite assurer sa survie et la durabilité de ses activités à terme, doit absolument anticiper ces évolutions. Continuer à développer des produits gros consommateurs d’énergie ou dont les émissions polluantes seraient à la limite de la norme n’a plus aucun sens. La crise pétrolière étant passée par là, les entreprises ont commencé se mon-
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trer attentive à leur consommation énergétique et essayent de la réduire en se repositionnant sur le marché avec des produits plus verts. L’entreprise qui n’a pas vu cette tendance arriver se retrouve hors-jeu. Souvent, le directeur financier a comme défaut de raisonner à court terme. La finance, c’est fréquemment l’excitation du cours de bourse et des
Roland Moreau: « Ce serait bien que les directeurs financiers appuient les services R&D dans ces moments plus difficiles. »
chiffres quotidiens. Et parfois, le directeur financier oublie la vision à long terme et favorise le maintien d’une activité
Les aides publiques sont malgré tout minimes…
parce que la marge est encore intéressante. Alors que pen-
Roland Moreau: « Au niveau fédéral, on note les aides à
dant ce temps, la concurrence a peut-être développé un
la mise en circulation des véhicules faiblement émetteurs
produit plus efficace ou moins polluant qui rencontrera ou
de CO2. En Région flamande, il existe certaines primes par
encouragera des normes plus sévères. »
rapport à la directive éco-design de la Commission européenne et des encouragements à l’éco-innovation. Il est
Au plus fort de la crise économique et financière, des voix se sont
évident que les primes sur les panneaux photovoltaïques
élevées contre le bien fondé de cette démarche volontariste…
ont permis de développer un nouveau marché. Les certifi-
Roland Moreau: « Face à la crise, certaines entreprises se
cats verts ont encouragé largement le développement des
voient forcées de délaisser temporairement leur horizon
énergies renouvelables, en particulier le parc éolien en Mer
à 5 ou 10 ans pour assurer leur survie pour 2010. Dans ce
du Nord. Les entreprises qui se sont mises sur ces créneaux
contexte, il est naturel que des normes environnementales
en ont bénéficié. Ce soutien à l’innovation ou aux énergies
qui vont demander quelques investissements ou qui ris-
renouvelables doit être cohérent et s’inscrire dans la durée.
quent d’amener des pénalités soient vues négativement.
Par contre, réduire soudainement ces primes constitue, à
On observe par exemple qu’en France, une grande partie
mes yeux, un message négatif. Les entreprises apprécient
des mesures du Grenelle de l’environnement, annoncées
modérément les modifications de législation et ces ‘allers-
exemplaires, sont reportées ou affaiblies. On veut sauver
retours’, en particulier les directeurs financiers qui aiment
l’emploi avant tout. Mais ceci ne change rien à la tendance
pouvoir planifier. Changer les règles du jeu en cours de route
lourde à long terme et les vainqueurs de demain seront
se révèle très contre-productif: d’une part, on pénalise ceux
ceux qui n’auront pas coupé dans leurs programmes d’éco-
qui ont fait l’effort de se lancer dans une nouvelle activité et
innovation. Ce serait bien que les directeurs financiers ap-
d’autre part on décourage ceux qui voudraient tenter une
puient les services R&D dans ces moments plus difficiles. »
aventure similaire à l’avenir. »
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DOSSIER
plus, les frais liés à ces certificats peuvent être fiscalement déductibles et des mécanismes de financement sociaux doivent être prévus. Troisièmement, inciter les entreprises possédant un parc de voitures de société à mener une « green car policy » (par exemple: accorder la priorité à l’achat de véhicules moins énergi-
« Presque chaque entreprise peut encore réaliser des économies d’énergie. »
vores, encourager l’écoconduite). Au niveau du parc automobile, d’importants efforts peuvent encore être fournis en vue de réduire la consommation d’énergie. La fiscalité verte peut
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Pour Thomas Leysen, l’ambition de la Belgique ne peut se
être une solution à cet égard. La FEB est également convaincue
limiter à rattraper le retard encouru en matière d’efficacité
que la Belgique possède les atouts requis pour devenir leader
énergétique. « Nous devons placer la barre plus haut et de-
dans le domaine de l’électrification du parc de véhicules. Une
venir l’une des économies les plus performantes sur le plan
percée dans ce domaine devrait s’accorder parfaitement avec
énergétique. L’efficacité énergétique concerne non seulement
des initiatives sectorielles et régionales tournées vers l’avenir.
les différents niveaux de pouvoir mais est aussi essentielle pour
Une initiative écologique ambitieuse pourrait dès lors fournir
de nombreux secteurs. Une approche coordonnée est dès lors
un nouvel élan à notre secteur automobile.
absolument nécessaire. » Pour Isabelle Callens, les techno-
Enfin, quatrièmement, la Belgique ne pourra mettre à profit
logies vertes sont l’avenir de la Belgique et de l’Europe qui
de manière optimale son énorme potentiel en matière d’effi-
ne peuvent se permettre de rater ce train. « Nous essayons
cacité énergétique qu’au prix d’un changement fondamental
de sensibiliser les consciences en montrant les bons exemples,
des mentalités et des comportements. L’enseignement revêt
comme Colruyt, qui a significativement investi dans l’effica-
un rôle crucial à cet égard. C’est pourquoi la FEB estime que
cité énergétique avec un ROI très rapide. Face aux objectifs
l’enseignement secondaire doit veiller à une sensibilisation
de Kyoto et post-Kyoto, face à la taxe carbone qui ne saurait
efficace et que la formation à l’efficacité énergétique doit
tarder, nous plaidons pour que les entreprises qui usent des
être rendue obligatoire, tant dans l’enseignement technique
meilleures technologies soient exemptées de taxes, pour éviter
que dans l’enseignement supérieur.
toute délocalisation. »
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DOSSIER TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Les choses bougent en Wallonie Le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie de Wallonie, en collaboration avec la Région Wallonne, a mis sur pied le projet Energy Pooling Wallonie. Son objectif: soutenir les entreprises dans leurs démarches de maîtrise et de réduction des factures énergétiques, en agissant simultanément sur la production et la consommation rationnelle. Une aide précieuse… et surtout gratuite.
E
nergy Pooling est un service offert au sein de
la formation et répondre aux questions qu’une entreprise peut
chaque Chambre de Commerce et d’Industrie
se poser en termes d’économie d’énergie.
de Wallonie. Pour toutes les provinces, il est
L’information est véhiculée à travers deux canaux. Le premier
subventionné par la Région Wallonne (sauf
concerne des conférences intitulées « Tribunes énergie ». Il s’agit
pour la province de Liège où l’Europe intervient). Energy Pooling
de conférences techniques portant sur un sujet bien précis, com-
propose donc ses services gratuitement. Son objectif consiste
me le froid ou l’éclairage… « En règle générale, durant une demi-
à aider les entreprises à diminuer leurs factures énergétiques
journée, un professionnel vient expliquer le principe de fonctionne-
de manière rationnelle. « Toutes les entreprises wallonnes, acti-
ment d’une thématique. Ensuite, nous proposons une visite au sein
ves dans l’industrie ou le tertiaire, peuvent nous contacter, ex-
d’une entreprise qui a réalisé l’investissement dont il est question.
plique Samantha Straet, conseillère énergie de la CCI Connect
Nous privilégions les débats entre pairs. En d’autres mots: un entre-
Namur. Seule obligation: être implanté sur le sol wallon. »
preneur qui parle à des collègues. La thématique doit rester compréhensible et la visite doit servir d’exemple à suivre. » Les participants
FORMATION ET SUIVI
aux Tribunes ne deviendront donc pas des spécialistes en pom-
Energy Pooling est reconnu comme facilitateurs industrie. « Ce
pes à chaleur ou en éclairage à la fin de la conférence. « Mais nous
qui signifie que nous pouvons représenter la Région wallonne
espérons leur donner envie de progresser dans leur réflexion. »
sur cette thématique, en tant qu’experts. Nous respectons donc
Le second canal d’information prend la forme de fiches techni-
une totale neutralité par rapport aux fournisseurs et ne privi-
ques et de fiches investissement. Les fiches techniques abordent
légions jamais arbitrairement une solution au détriment d’une
un thème précis en quatre pages. Deux pages sont adressées aux
autre. Notre travail vise à encourager les organisations hésitan-
financiers et deux pages se destinent aux techniciens. Elles re-
tes à entreprendre une démarche d’économie d’énergies. » Pour
prennent les coûts, les retours, les primes disponibles et des trucs
y parvenir, Energy Pooling travaille sur trois axes: l’information,
et astuces pour résoudre les problèmes les plus courants. Les FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
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DOSSIER
« CES INVESTISSEMENT SONT TRÈS RENTABLES » Procéder à des économies d’énergie, utiliser ou produire des éner-
reau de projet, auditeur agréé et spécialiste en formation audit
gies renouvelables, c’est une bonne chose. Mais pour une entre-
énergétique, contrôle d’isolation d’enveloppes de bâtiments
prise, encore faut-il que la démarche prouve sa rentabilité finan-
par thermographie infrarouge…) du plan « Energy Saving ».
cière, surtout en période de crise! Deli XL, soutenue par Energy
« Energy Pooling nous a aussi proposé de suivre l’évolution de
Pooling, en a fait l’heureuse expérience.
nos investissements. La première étape du projet, en 2008, a vu
Deli XL, entreprise de distribution spécialisée dans le food service,
l’analyse de nos factures d’énergie et la comptabilisation des
a vu le jour en 1918. Depuis, la firme s’est fortement développée
consommations des postes les plus énergivores: la production
et propose comme atout principal une offre multi température.
de froid ainsi que l’éclairage et le chauffage de milliers de m2 de
Deli XL compte deux sièges d’exploitation, en Wallonie à Thuin
halls. La deuxième étape, en 2009, consistait en la formation à
et en Flandre, à Kruibeke. Plus de 450 personnes y travaillent
l’audit énergétique d’un responsable technique de Deli XL, afin
pour 4.500 clients, dont les principaux sont actifs dans la cuisine
qu’il puisse non seulement établir le bilan énergétique du site de
de collectivité dans les secteurs commercial (parcs de loisirs, hô-
Thuin mais aussi établir, réaliser et suivre les pistes de réduction
tels, chaîne de restauration rapide…), social (hôpitaux, homes,
de consommation d’énergie en connaissance de cause. » Enfin,
écoles…) et privé (grossiste, traiteur…), en Belgique comme au
la troisième étape, de 2009 à 2010, a veillé à établir un plan
Grand-duché du Luxembourg.
d’investissement sur base des résultats de la formation (37 pis-
Le concept logistique de Deli XL s’articule autour de trois axes,
tes d’amélioration URE rentables ont été mises en évidence) et
dans un objectif d’efficacité et de rapidité. Une méthode de
du retour sur investissement. Quatorze pistes ont été retenues
gestion spécifique, une offre multi température permettant de
pour la phase 1, avec un ROI inférieur à 1 an.
ne passer qu’une commande et un transport adapté assurant
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une seule et unique livraison. La sécurité alimentaire prend éga-
100.000 € D’ÉCONOMIE
lement place au cœur des préoccupations de l’entreprise avec
Ces pistes concernent essentiellement l’amélioration du pro-
l’obtention de la certification Iso 22.000. Soucieuse de préserver
cessus de dégivrage des évaporateurs, le contrôle électronique
l’environnement en réduisant ses émissions de CO2, de réduire
des éléments motorisés des groupes de froid en fonction de
ses consommations d’énergie et de diminuer par conséquent
la demande, la récupération de calorie sur les groupes de froid
ses factures d’énergie, Deli XL a mis en place, depuis 2008, un
(désurchauffe), l’amélioration de l’isolation des accès (50 por-
ambitieux programme « Energy Saving » d’utilisation rationnelle
tes d’embarquement) des halls réfrigérés et l’utilisation ration-
de l’énergie et de protection de l’environnement.
nelle de l’éclairage des halls en fonction de leur activité. Cette
« Il faut savoir que notre empreinte écologique n’est pas négligea-
première phase permettra la réduction d’émission de 500 ton-
ble, souligne Philippe Delsaert, Operation Director et respon-
nes de CO2, la réduction d’un équivalent énergétique de 2,5
sable du projet ‘Energy Saving’. Notre consommation annuelle
millions de kWh et l’économie de plus de 100.000 € par an.
d’électricité s’élève à 6 millions de kWh. Soit l’équivalent de la
« La quatrième étape verra, en 2010, la réalisation des investis-
consommation électrique annuelle de 2000 ménages. Pour le gaz,
sements sous contrôle d’un bureau d’étude et l’évaluation des
nous dépassons les 150.000 m3, soit la consommation annuelle de
résultats. Le bénéfice réalisé pourra servir de fonds d’investis-
45 ménages. Enfin, nos 110 camions de transport ont besoin d’un
sement pour la phase 2, à savoir la réalisation des pistes à plus
million de litres de gasoil tous les 12 mois. » Procéder à des écono-
grand retour sur investissement. Enfin, un volet complémentaire
mies d’énergie, utiliser ou produire des énergies renouvelables,
de sensibilisation du personnel à l’éco-consommation sera mis
c’est une bonne chose. Mais pour un entrepreneur et pour son
en place dans la phase 1, grâce à un programme de communica-
activité, encore faut-il que la démarche prouve sa rentabilité
tion interne. Avec comme but de rendre le personnel d’avantage
financière, surtout en période de crise! « Aussi, nous avons fait
conscient et acteur du programme d’économie d’énergie. »
appel au service Energy Pooling de la CCIH, afin de structurer et
Parallèlement au programme « Energy Saving », des démar-
faciliter la mise en œuvre de notre programme. »
ches environnementales sont mises en places : participation au Club Environnement organisé en 2010 par la CCIH; pro-
AUDIT INTERNE
jet d’utilisation de l’eau de pluie (20.000 m2 de toit) pour les
Dans un premier temps, Philippe Smekens, conseiller énergie à
sanitaires, l’eau de lavage des conteneurs de produits surge-
la CCIH, a fourni toute la documentation nécessaire à l’évalua-
lés et l’eau de lavage d’une future station de nettoyage des
tion des solutions et des incitants financiers concernant l’uti-
camions; projet de participation citoyenne à un parc éolien;
lisation rationnelle de l’énergie et l’utilisation des énergies re-
projet de valorisation énergétique de déchets, etc. « Deli XL
nouvelables pour Deli XL. Il a ensuite rassemblé une équipe de
n’attend pas la relance économique pour investir dans l’éco-
spécialistes, « partenaires » potentiels (comptabilité énergéti-
nomie d’énergie et la protection de l’environnement. Ce genre
que, configuration et optimalisation de la gestion du froid, bu-
d’investissement est très rentable! »
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fiches investissement, quant à elle, compilent, en un recto-verso, un investissement réalisé par une entreprise. « Elles expliquent le projet suivi et précisent la durée du retour sur investissement. » Les formations assurées par Energy Pooling ont pour but d’apprendre à une ressource interne d’une organisation à se doter d’outils pour réaliser son propre audit énergétique et gérer la consommation énergétique de son entreprise. « Nous visons plus particulièrement les entreprises qui ne disposent pas de moyens financiers nécessaires pour investir dans un audit énergétique traditionnel. Ces formations industries et audit tertiaire se déroulent sur cinq demi-journées. Nous enseignons une partie théorique et les exercices pratiques se basent sur l’entreprise de chaque participant. De la sorte, à la fin de la formation, les participants possèdent déjà une ‘photo’ de leur consommation et des pistes d’amélioration. Ils ont déjà réalisé l’audit de leur entreprise. » Enfin, les entreprises peuvent poser leurs questions à Energy Pooling. Notamment par téléphone si elles touchent aux primes, aux investissements, etc. « Parallèlement, nous développons de plus en plus un autre service, appelé ‘pré-check energy’. Nous nous rendons dans une entreprise pour procéder à son diagnostic énergéti-
Philippe Delsaert: « Procéder à des économies d’énergie, utiliser ou produire des énergies renouvelables, c’est une bonne chose. Mais pour un entrepreneur et pour son activité, encore faut-il que la démarche prouve sa rentabilité financière, surtout en période de crise! »
que. Après cette visite, nous fournissons un rapport qui reprend les points d’attention, les problèmes décelés, les pistes d’amélioration, les incitants financiers liés et une estimation du retour sur investissement. Et bien entendu, par après, nous accompagnons les entreprises qui le souhaitent. Et si possible, nous parlons de leurs actions pour montrer que les choses bougent en Wallonie. »
58% D’ÉCONOMIE Certaines entreprises wallonnes n’hésitent pas à investir
Bilan énergétique de l’opération
pour réduire leurs factures d’énergie et par conséquent
- Consommation en 2008: 159.590 kWh d’électricité
diminuer leur impact sur l’environnement. A Gilly, l’impri-
- Consommation en 2009: 66.679 kWh d’électricité
merie Bietlot a fait baisser sa consommation d’électricité de 58% en remplaçant son système d’éclairage intérieur…
Gains de l’opération
Exemple d’une fiche Energy Pooling.
- Economies d’énergie: 92.000 kWh/an (soit 58% d’écono-
Imprimerie Bietlot : Remplacement du système d’éclairage intérieur
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre 37 tonnes
mie d’énergie sur la consommation électrique) Activité: Imprimerie plano CA: 13 M € Effectif: 66 personnes
de CO2 / an - Impact humain: amélioration de la productivité et de la sécurité du personnel
Nature de l’opération: Amélioration photométrique de l’éclairage et diminution de la puissance installée.
Les chiffres clés - Temps de retour sur investissement: 47 mois
Concrètement, l’entreprise a remplacé 185 luminaires de type T8,
- Temps de retour sur investissement (avec subsides): 35 mois
munis chacun de deux lampes de 58W, par 147 luminaires de
(L’entreprise a bénéficié de la prime du fonds énergie n°22
type T5, munis de deux tubes de 35W. Avant les travaux, les lu-
- Remplacement du système d’éclairage intérieur. La réduc-
minaires industriels étaient dotés de réflecteurs laqués blancs. Ils
tion de ses consommations électriques étant supérieure à
sont désormais équipés de réflecteurs lisses en aluminium poli.
50%, la prime s’est élevée à 30% du montant de la facture
L’entreprise a également procédé au remplacement de ses bal-
– montant maximal de la prime = 10.000 €. L’imprimerie a
lasts ferromagnétiques par des ballasts électroniques. Au final, la
également pu bénéficier d’une déduction fiscale équivalant
puissance installée après travaux est de 0.94W/m²/100 lux.
à 15,5% du montant de la facture.)
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DOSSIER FISCALITÉ TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Mesurer, pour comprendre et agir Le bilan environnemental est une approche analytique et systématique qui prend en compte les relations entre les différents éléments, leurs effets réciproques ainsi que les effets de compensation, de synergie et d’antagonisme. Génère-t-il un réel bénéfice pour l’entreprise? Peut-être. Mais pas immédiatement. Entretien avec Marc Bosmans, Head of Department Sustainable Organisations chez RDC-Environment.
28 Comment réaliser le bilan environnemental d’une organisation?
en émissions carbone. Le bilan carbone propose l’avantage de
Marc Bosmans: « Tout dépend du type de secteur concerné.
reprendre tous les impacts, directs et indirects, de l’entreprise:
La réponse à apporter pour une activité administrative se
la consommation d’énergie, les transports, les achats, les pro-
révèlera totalement différente de celle destinée à une acti-
ductions de l’entreprises mises sur le marché. Cet outil est très
vité de production industrielle. Les liens avec les fournisseurs
demandé par les entreprises qui cherchent à communiquer en
et les clients ne sont pas les mêmes, la taille des structures
interne avec leurs employés ou vers l’extérieur. Techniquement,
varie, etc. La structure de l’organisation est-elle très hiérar-
la démarche n’est vraiment pas très contraignante. La deuxième
chisée, avec une communication très rigide? C’est souvent le
approche est menée pour des organisations qui doivent faire
cas dans les grandes entreprises. Dans les PME, par contre,
face à une consommation énergétique très élevée. Les respon-
la communication écrite est beaucoup moins fréquente. Tout
sables ont généralement déjà fait une première approche et
se passe à l’oral et dès lors, on travaille davantage par habi-
souhaitent travailler spécifiquement sur les énergies parce que
tude plutôt qu’en suivant des procédures. Et donc, l’approche
c’est un levier facile à actionner pour générer un revenu. Nous
du bilan environnemental variera fondamentalement. »
nous dirigeons alors directement vers un audit énergétique, une analyse ‘pure et dure’ d’ingénierie et de gestion d’un bâti-
Ce qui signifie, plus techniquement?
ment, afin d’imaginer des pistes d’amélioration. Enfin, troisième
Marc Bosmans: « Il faut d’abord faire la différence entre une
approche: la mise en place d’un système de management en-
démarche environnementale et le développement durable, au scope beaucoup plus large, avec notamment le volet responsabilité sociétale qui intervient. En pratique, nous travaillons essentiellement sur l’environnemental. On distingue principalement trois approches, selon la demande du client. La première, élémentaire, est une analyse rapide qui permet de comprendre l’impact d’une entreprise sur l’environnement. Il faut d’abord mesurer un impact pour ensuite le comprendre et par après essayer de le diminuer. C’est le seul bon chemin à suivre. Il peut s’agir d’un bilan carbone où on répertorie tous les impacts environnementaux pour les traduire, pour une grande partie, FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
« Une entreprise certifiée ISO ou EMAS est garantie de pouvoir compter sur un management environnemental efficace. »
vironnemental. Soit les certifications EMAS et ISO 14001 ou le label Entreprise éco-dynamique, uniquement à Bruxelles. Dans ce cas, nous allons coacher les entreprises pour les obtenir. Très important: la démarche doit venir de l’interne car un groupe devra y soutenir le projet. » Quel retour sur investissement peut-on espérer? Marc Bosmans: « Deux types de retours sont à calculer. Le premier concerne l’investissement fondamental que l’entreprise voudra engager. Ici aussi, il varie fort d’une action à l’autre et selon les entreprises. Tout dépend de l’efficacité énergétique dont peut déjà témoigner l’entreprise quand nous arrivons. Si elle travaille déjà bien, le ROI peut se révéler rapide et important. Si tout est encore à construire, il faudra forcément attendre un peu. La rentabilité de la mise en place d’un système de management environnemental est délicate à calculer car l’entreprise va apprendre à fonctionner autrement. Une série de gains ne pourront pas forcément être mis en relation directe avec les actions entreprises. Sur ce premier type de ROI, un client grand consommateur d’énergie m’a expliqué avoir récupéré la somme investie en deux mois. Le second ROI concerne le conseil que nous donnons en tant que tel. Si nous proposons de changer de chaudière lors d’un audit énergétique, le ROI
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sera immédiat et chiffrable. Soulignons néanmoins que nous possédons uniquement un rôle de conseil, et non décisionnel. Il faut donc que l’audit soit suivi d’actes pour mesurer un changement. Suite à des propositions issues d’un bilan carbone, le ROI se mesure immédiatement sur les factures. » Dès lors, quels intérêts des labels pour le responsable financier? Marc Bosmans: « Un premier type de label concerne les produits et ‘touche’ plus particulièrement les départements environnement, design ou marketing. L’intérêt est essentielle-
Marc Bosmans: « Il faut d’abord mesurer un impact pour ensuite le comprendre et par après essayer de le diminuer. C’est le seul bon chemin à suivre. »
ment commercial (B2C). Se voir attribuer un label de qualité biologique ou de commerce équitable touche une part de plus
Quelles différences entre ces trois certificats?
en plus importante des consommateurs. Concernant l’appro-
Marc Bosmans: « Le label Entreprise éco-dynamique est de
che organisationnelle, les certifications et labels généraux
loin le moins sévère et le moins contraignant. Il ne vise pas
se révèlent relativement peu nombreux. EMAS, ISO 14001
toute la roue de Deming (Plan-Do-Check-Act). Seuls ‘plan’ et
et Entreprise éco-dynamique prouvent qu’une entreprise a
‘do’ sont considérés. Le ROI y est donc beaucoup plus rapide.
mis en place un système de management environnemental.
Surtout parce que l’investissement humain est relativement
Cela signifie que l’entreprise a établi un système pour arriver
limité. Il faut compter 2,5 jours de consultance pour sa mise
d’un problème environnemental à une solution, en s’inscri-
en place, en sachant que 2,5 jours de consultance sont payés
vant dans une démarche d’amélioration continue. Ces labels
par le Région de Bruxelles-Capitale. EMAS et ISO 14001 exi-
sont-ils importants, financièrement parlant? Relativement
gent de plus gros budgets de certification et d’accompagne-
peu, hormis dans des secteurs plus spécifiques où ils sont
ment. Rien ne sert de mettre les trois en route et de se doter
exigés pour décrocher un marché, comme par exemple de
de trois systèmes de management. Pour une PME, je dirais que
plus en plus souvent pour les marchés publics ou européens.
le label Entreprise éco-dynamique suffit car mieux adapté. Il
Notons qu’au niveau de l’affichage du bilan environnemen-
permet d’ailleurs de passer par après vers une certification
tal des produits, l’approche est différente et ce sont les stan-
ISO ou EMAS. Les audits de contrôle ont lieu tous les trois ans
dards de la méthode de l’Analyse du Cycle de Vie (ISO 14040 et
et ne coûtent presque rien. Les suivis d’ISO 14001 ou d’EMAS,
14044 :2006) qui doivent être suivis. Cette approche ‘produit’
annuels quant à eux, exigent un audit externe beaucoup plus
fait l’objet d’un autre département au sein de RDC qui accom-
poussé. Et la facture sera forcément plus lourde. Mais une en-
pagne les entreprises dans leur démarche d’éco-conception
treprise certifiée ISO ou EMAS est garantie de pouvoir comp-
et de communication sur les impacts de leurs produits. »
ter sur un management environnemental efficace. » FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
DOSSIER
Comment met-on en place ce management environnemental? Marc Bosmans: « Il s’agit en premier lieu de déterminer la direction souhaitée. Ensuite, nous analysons les impacts directs (consommation énergétique, flotte automobile, rejets d’eau, émission de bruit, etc.) et indirects (déplacement domicile-travail, produits mis sur le marché, fournisseurs, etc.). Sur cette base, nous élaborons un plan d’action. Celui-ci commence par le contrôle de la législa-
« La démarche doit venir de l’interne car un groupe devra y soutenir le projet. »
tion environnementale, à savoir est-ce que l’entreprise est en ordre avec toutes les obligations de la législation environnementale.
sayons toujours de nous greffer sur les documents déjà existant.
Ce n’est quasiment jamais tout-à-fait le cas. Après, nous mettons
Pour EMAS ou ISO14001, il faut compter de six mois à un an et un
en place le système de management à proprement parler. Cette
total d’une trentaine de jours, toutes personnes confondues, que
étape passe par la rédaction de la politique environnementale, la
les collaborateurs de l’entreprise devront accorder au consultant
définition des responsabilités, la mise en place de procédures spé-
pour que celui-ci puisse mener son travail à bien. » (NDLR: estima-
cifiques aux différents métiers de l’organisation, les procédures
tion pour une PME, selon la taille de l’entreprise, la durée peut se
en cas d’accidents, le système de documentation, etc. Nous es-
révéler sensiblement plus longue).
COMPENSATION CARBONE CHEZ MARTIN’S HOTELS Le groupe Martin’s Hotels compte onze enseignes en Belgique. Son crédo: une « gestion familiale » créative, attentive au bien-être de chacun et respectueuse du patrimoi-
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ne. John C. Martin, propriétaire et créateur du groupe, est particulièrement sensible au respect de l’environnement. Aussi, depuis quelques semaines, Martin’s Hotels a décidé de structurer ses actions par la mise en place d’un management environnemental, en se donnant un an pour décrocher la certification EMAS. Un groupe de travail comprenant un représentant de chaque hôtel et des principaux services centraux a été mis sur pied. But de l’opération: mettre en place une déclaration environnementale qui reprend les différents niveaux où chaque individu peut agir individuellement et pour la collectivité. « L’objectif de notre démarche consiste à réduire l’impact environnemental du groupe mais sans mettre à mal la société et sans risques pour l’emploi, explique Laurent Stroobants, general manager du Martin’s Central Park à Bruxelles. Comme dans une maison, notre groupe peut agir sur différents thèmes. Toutefois, nous ne pouvons pas attaquer tous les fronts simultanément. Mais désormais, les investissements prennent l’environnement en considération : tri des déchets,
Laurent Stroobants: « La consultance apporte bien entendu des frais mais chaque action entreprise génère un ROI garanti estimé entre 3 et 6 mois, dans un premier temps. Soit un investissement tout à fait cohérent, sans mettre en péril la trésorerie. »
remplacement progressif des ampoules, calcul des émissions carbone des hôtels et du parc automobile, etc. La consultance
requiert, naturellement, un vrai volontarisme. « Mais avec
apporte bien entendu des frais mais chaque action entreprise
un peu d’information, le personnel se sent très vite impliqué.
génère un ROI garanti estimé entre 3 et 6 mois, dans un pre-
Plus le temps passe, plus nous allons réduire notre impact
mier temps. Soit un investissement tout à fait cohérent, sans
environnemental et donc faire baisser notre consommation.
mettre en péril la trésorerie. »
Spontanément, nous avons également décidé de compenser
D’autant plus que les gestes simples se cachent parfois là
les émissions carbone des séminaires résidentiels au sein de
où on ne les attend pas. Saviez-vous, par exemple, qu’un
nos hôtels. Ceci afin de témoigner de la dynamique générale
mètre de tuyauterie de chauffage non isolée équivaut cha-
qui anime l’entreprise. » Un autre investissement. Mais éga-
que jour, en perte d’énergie, à une ampoule qui brûle durant
lement un excellent produit d’information qui génère une
24 heures? Instaurer un management environnemental
image de marque.
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
DOSSIER FISCALITÉ TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Cameleon a réalisé une prouesse de bon sens Le nouveau magasin eco-construit de Cameleon à Woluwe fait l’unanimité. Véritable réussite architecturale, cet espace commercial harmonieux prouve, en chiffres, que l’écoconstruction peut soutenir le business. Le surcoût « vert » et sociétal du projet est estimé à 16%. Mais, en moins d’un an, le chiffre d’affaires a augmenté de 40%.
Q
uand Cameleon quitte l’avenue Georgin, à
prégner dans son quartier et participer à un projet de ville,
Evere, la direction se met à la recherche d’une
entre autres en ouvrant une crèche communale pour 39
nouvelle implantation en Région bruxelloise
enfants et en rendant ses terrasses et cafétéria accessibles
afin de faciliter l’accès aux usagers des trans-
aussi en dehors des jours d’ouverture du magasin. Le terrain
ports en commun, cyclistes et piétons, qu’ils soient clients
rêvé est déniché avenue Ariane, à Woluwe-Saint-Lambert.
ou membres du personnel. Cameleon veut également s’im-
La machine est lancée. FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
DOSSIER FISCALITÉ
panneaux photovoltaïques. L’installation de panneaux produit 14.000 kWh, soit l’équivalent de quatre ménages bruxellois et de 5% à 10% des besoins du bâtiment Cameleon, dépendant des mois de l’année et des exigences en électricité. « A la base, le rendement est très largement négatif avec un ROI estimé sur 25 ans. Mais, grâce à l’intervention de l’Etat, avec les certificats verts et les subsides, le ROI tombe à 10 ans. Le photovoltaïque est raisonnable uniquement avec ces subsides. » Enfin, les derniers 50% touchent aux investissements de « cohérence écologique »: une toiture verte, des ruches, des moutons, etc. « Nous ne calculons aucun rendement, si ce n’est un retour marketing et une expérience du client. Aussi, nous considérons que nous pouvons allouer 0,5% de notre CA à ce budget. Et sur base du succès du centre commercial, nous estimons un ROI entre 8 et 10 ans. Il s’agit d’une dépense à michemin entre le marketing et la CSR. »
+20% ET +40% En partant d’un terrain vague, Augustin Wigny et son équipe décident de relever un triple défi: construire un espace commercial sans air conditionné, privilégiant la lumière naturelle et où la circulation verticale s’effectue essentiellement grâce à des escaliers. « Nous souhaitions casser le paradigme des cen-
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tres commerciaux ‘boites à chaussures’, fermés et noirs, où on coupe les sens aux clients, avec une lumière et un air contrôlés et
Augustin Wigny: « Cet investissement se révèle raisonnable car on peut estimer que les prix des énergies vont continuer à augmenter. Nous devrions économiser au minimum 100.000 euros d’énergie chaque année. »
des escalators pour la circulation verticale. Bien sûr, nous étions un peu effrayés: est-ce que le client allait suivre la démarche? » Commercialement parlant, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Le client semble décontracté, il ne reste pas plus longtemps dans le bâtiment, mais il y dépense davantage. Le ticket moyen a, en effet, augmenté de 20%. Bien entendu,
Cameleon veut innover et, surtout, intégrer la dimension
de nombreux éléments entrent en considération: l’offre, le
environnementale à chaque étape du travail de conception,
service, la géographie, la zone de chalandise, etc. « Mais il y
de développement et de réalisation du projet. D’un terrain
a également cette expérience de marché d’où l’on revient tou-
vague émergent rapidement 17.000 m², pour un investisse-
jours en s’étant fait plaisir. L’ambiance détendue semble favo-
ment global de 15 millions d’euros « clé sur porte ». Sur ces
riser l’acte d’achat. » Le succès commercial est en tout cas au
15 millions, Augustin Wigny, administrateur délégué, consi-
rendez-vous puisque Cameleon connaît une forte croissance
dère que 16% sont liés à l’environnement. Soit un « surcoût »
depuis son ouverture à Woluwé-Saint-Lambert. En dix mois,
de 2,5 millions d’euros qui éviteront l’émission de 7.250 ton-
le CA a augmenté de 40%. Et l’enthousiasme général se re-
nes de CO2 sur une période de 30 ans. Ces 2,5 millions se ré-
flète également du côté du personnel chez qui on remarque
partissent en trois « types » d’investissements.
une baisse de l’absentéisme.
COHÉRENCE ÉCOLOGIQUE
DES PARTICULARITÉS
Premièrement, des investissements réducteurs de consom-
De son aventure, Augustin Wigny retient plusieurs « key lear-
mation de CO2: isolation optimale, équipements électriques
nings ». Dès le début, l’environnement a occupé les débats. « Il
et chaudières performantes, ventilation naturelle… Ils repré-
ne s’agissait pas de venir mettre une petite touche verte après
sentent environ 50% du surcoût. « Sur base des prix actuels
le gros œuvre. Nous avons veillé à l’orientation du bâtiment, à
des énergies, nous considérons un temps de retour de 10 ans,
la hauteur du puits de lumière pour créer un effet de chemi-
explique-t-il. In fine, cet investissement se révèle donc raison-
née et de tirage afin d’aérer naturellement le bâtiment… Nous
nable car on peut estimer que les prix des énergies vont conti-
avons reçu le terrain le 26 mars 2006. La première réunion avec
nuer à augmenter. Nous devrions économiser au minimum
les architectes a eu lieu le 29 mars. Nous avons ouvert moins
100.000 euros d’énergie chaque année. »
de trois ans plus tard. Prendre l’environnement en considéra-
Le deuxième type d’investissement se révèle plus marginal
tion ne ralentit pas un chantier. Mais il faut conserver une co-
et concerne les énergies renouvelables: eau chaude solaire et
hérence dans la démarche. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010
Par exemple, tous les entrepreneurs ont signé une charte. « Pourquoi est-ce important? Imaginez qu’un entrepreneur prenne du retard et commande certaines pièces par avion pour gagner du temps et éviter les pénalités. Nous ne voulions pas de matériaux qui suintent le kérosène. C’eut été en totale contradiction avec la philosophie du projet. » Deuxième « key learning »: du début projet à la fin de la construction, les acteurs n’ont pas changé. Cameleon est à la fois développeur du projet et exploitant des surfaces. Il n’y a pas eu de transferts ou de monétisation du risque, par exemple entre le propriétaire du terrain, le développeur, le propriétaire du bâtiment et l’exploitant. « Or, nous avons abordé de nombreuses thématiques. Par exemple, pour refroidir le bâtiment, l’utilisation de la fraîcheur de la nuit et d’un courant d’air créé grâce à un système d’ouverture mécanique des fenêtres fait, naturellement, légèrement bouger les vêtements. Il y a donc un impact sur le système de sécurité. S’il fallait leaser le bâtiment à un tiers, expliquer cette particularité amènerait forcément une discussion sur le prix du loyer. Autre point important: si nous avions demandé à un tiers de développer le projet pour nous, nous n’aurions sans doute pas assisté à toutes les réunions. Le résultat ne serait certainement pas identique. Et par rapport aux projets où plusieurs intervenants négocient simultanément, le regard d’un
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seul acteur pour la prise de décision n’engendre pas les mêmes implications financières ou en termes de risque. »
PEU D’AIDES Troisième « key learning »: Augustin Wigny caractérise souvent le bâtiment éco-construit comme « une prouesse de bon sens ». « Nous n’avons pas utilisé de technologie révolutionnaire », explique-t-il. L’orientation de la construction a été étudiée pour optimiser son exposition au soleil, l’éclairage naturel a été privilégié, etc. « Ces vieilles recettes d’architecture ont prouvé leur efficacité au fil des siècles. Néanmoins, soutenir le bon sens tout au long d’un projet de cette dimension n’est pas chose aisée. Il faut faire preuve de vigilance pour casser les points de repère et les paramètres fixés par le secteur de la construction. Malgré notre démarche environnementale permanente, le bâtiment présente un surplus de 30% en puissance électrique. L’ensemble des ingénieurs et des électriciens ont, en effet, tous pris leur marge de sécurité. Je n’ose imaginer le surplus pour un bâtiment standard… C’est un véritable gâ-
bâtiment sera certainement bien vite liée à des obligations
chis énergétique! »
énergétiques. Nous avons anticipé ces normes. Enfin, l’argu-
Cameleon a reçu plusieurs distinctions pour son travail. No-
ment marketing n’est pas négligeable. Le public et les médias
tamment le Prix Fedis de l’Espace commercial le plus réussi
y sont réceptifs. »
de Belgique et la récompense bruxelloise du Bâtiment exem-
Néanmoins, les aides sur lesquelles Augustin Wigny a pu
plaire en énergie et éco-construction. Mais l’écologie appor-
compter sont plutôt maigres. La Région de Bruxelles-Capitale
te-t-elle de la valeur à un bâtiment? C’est-à-dire, en termes
a participé à hauteur de 200.000 € pour le bâtiment exem-
immobilier, est-ce qu’un locataire potentiel serait prêt à
plaire et l’investissement écologique. Pour l’installation pho-
payer un loyer plus élevé? « Nous pensons que oui. Car, très
tovoltaïque, Cameleon a également pu compter sur un chè-
clairement, la consommation énergétique sera bien plus basse.
que de la Région. Soit 40.000 € sur un coût total de 100.000 €.
En outre, les normes de revente et de cession des bâtiments
« Et c’est tout… Les autres aides concernent l’emploi. Donc, sur
vont certainement se renforcer. Actuellement les audits éner-
un total de 15 millions d’euros, le soutien s’avère plutôt limité.
gétiques sont purement informatifs. Mais la transmission du
Mais nous nous félicitons de notre investissement. » FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°36 - AVRIL 2010