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INONDATIONS, MOBILITÉ, ENVIRONNEMENT :
Vers Des Super Agents
Partager un conseiller en aménagement du territoire entre plusieurs communes est plutôt rare en Brabant wallon. David Aerts s’y est bien essayé quelques années, divisant son temps entre Incourt et Jodoigne. Ce qui n’était pas une mince affaire. « En urbanisme ou en aménagement du territoire, il faudrait plutôt renforcer les effectifs que se partager les compétences entre communes, explique Cédric Harmant, fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Par contre, dans les petites communes, il pourrait être opportun que deux conseillers en aménagement du territoire travaillent ensemble, par exemple dans un bureau commun. De un, cela peut permettre de s’échanger des connaissances et donc s’améliorer. De deux, quand un conseiller est en congé, toutes les procédures sont à l’arrêt car il n’y a personne pour assurer le relais. Ce qui pose problème dans un contexte où les délais de rigueur prennent manière à réduire les couts. Cela peut aller de la création d’une communauté de communes au partage d’infrastructures sportives ou culturelles. « Je pense vraiment que nous allons y réfléchir de plus en plus, précise Jean-Luc Meurice. Les communes deviennent extrêmement sollicitées, il faut donc trouver des solutions. Il n’est plus possible d’avoir une expertise dans tous les services et d’offrir tous les équipements à ses habitants. Que ce soit un centre sportif, une piscine, un centre culturel ou d’autres choses encore. Nous discutons par exemple déjà avec d’autres communes, comme Orp-Jauche, pour mutualiser certains services. Il y a des avancées. Je rappelle que nous avons engagé un coordinateur pour lutter contre les inondations qui travaillera pour les sept communes de l’est du Brabant wallon. En tout cas, si nous ne fusionnons pas, cela va devenir compliqué de maintenir la même qualité de services aux cityoyens. Il faut donc y réfléchir d’ici 2030, de manière à le faire sur base volontaire, et surtout éviter qu’on nous l’impose. » une grande place. Cela pourrait donc être intéressant pour tout le monde de travailler de cette manière. »
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Pour se partager les compétences d’un collaborateur ou d’une collaboratrice entre plusieurs communes, il faudrait donc plutôt se tourner dans d’autres domaines d’actions, comme l’environnement, la mobilité ou les inondations. Des domaines qui demandent une grande expertise mais dont les communes n’ont pas nécessairement besoin au quotidien.
« Je pense que cela pourrait vraiment avoir du sens, poursuit Cédric Harmant. Les demandes sont de plus en plus techniques et se renforcer en recrutant du personnel est une très bonne chose. » En matière d’inondations, se partager les compétences d’un expert qui agirait au niveau supra communal semble en tout cas être une piste particulièrement demandée par les acteurs de terrain et les communes.
Difficultés pour recruter du personnel
Jean Hindriks relève de son côté que ces fusions semblent des évidences : « Il est important d’informer le citoyen sur les marges budgétaires qui potentiellement peuvent être libérées avec ces fusions. Cette question est particulièrement pertinente compte tenu de la situation budgétaire difficile que connaissent aujourd’hui nos communes. L’inflation en particulier va peser lourdement sur les salaires et on estime que les charges de pension au niveau communal vont doubler durant les 5 prochaines années sous l’effet de la cotisation de responsabilisation (ndlr : complément de pension). D’autres aspects importants qui sous-tendent le besoin de fusionner sont les difficultés des petites communes à recruter du personnel qualifié face aux plus grosses communes ainsi que les difficultés techniques à gérer seul des dossiers plus complexes comme les marchés publics, l’énergie, la gestion des voiries et des infrastructures. La transition énergétique demande des vraies compétences. Ce sont des aspects à ne pas négliger. »
Tanguy Stuckens, président du Collège provincial du Brabant wallon
Propos recueillis par X. A.
Pensez-vous que le scénario de fusions multiples entre communes du Brabant wallon est possible ?
Ce ne sera en tout cas pas simple. Tout le monde est bien conscient des difficultés et de l’augmentation des charges qui pèsent sur les épaules des communes. Alors que, dans le même temps, on leur demande de plus en plus de missions. L’équation semble donc bien compliquée à résoudre. Une fusion est un long processus, d’autant qu’il faut également prendre en compte les aspirations des habitants. J’entends que des contacts existent entre responsables communaux mais ce n’est pas à moi d’en parler.
Comment solutionner cette équation qui mêle charges qui augmentent et maintien de services de qualité ?
La mutualisation des services et des compétences semble être un premier pas. Plusieurs communes du Brabant wallon travaillent déjà en ce sens. Que ce soit lors de la création d’un centre culturel, d’un pôle sportif, d’une piscine ou autre. Il est évident que chaque entité ne peut plus avoir une multitude d’équipements. Il faut faire des choix.
L’expertise à avoir dans certains domaines tels que l’urbanisme, les inondations ou l’environnement va obliger le partage de compétences...
Je pense bien. D’autant que pour se partager du personnel, il n’y a pas besoin d’avoir une structure particulière. Cela peut en tout cas être opportun dans le cadre de la lutte contre les inondations, les enjeux de mobilité et d’environnement ou en matière d’urbanisme. Les communes peuvent également collaborer dans l’achat de matériel. Bref, les pistes sont nombreuses, existent et vont se renforcer à l’avenir.
Quel rôle la Province peut-elle jouer dans un tel scénario ?
Un rôle majeur ! La supracommunalité est son premier métier. Nous allons devoir aller encore plus loin dans l’accompagnement. J’estime que la supracommunalité peut soit fonctionner avec trois ou quatre communes, soit à l’échelle de toute une province. Mais pas entre les deux.